Genre : arts martiaux
Année : 2013
Durée : 1h40
Synopsis : Dans le Hong Kong d'après-guerre, le légendaire grand maître de Wing Chun Ip Man met une fois de plus son talent au service de la justice. Mais alors qu’il tente de mettre un terme à des défis entre écoles de kung-fu rivales, son combat le propulse dans le monde dangereux des triades. Pour défendre sa vie et l'honneur de son école, il n'a d’autres choix que de se battre avec l’aide de ses nouveaux disciples...
La critique :
En l'espace d'une petite dizaine d'années, Ip Man est devenu la nouvelle figure de proue du cinéma d'arts martiaux. Tout commence avec un premier chapitre homonyme réalisé par les soins de Wilson Yip en 2008. Ce premier opus permet surtout à Donnie Yen, jusque-là cantonné aux rôles secondaires, de s'illustrer dans la discipline. L'argument de vente ? Vivez les aventures, les pérégrinations et les nombreux combats du maître de Bruce Lee en personne.
Une rhétorique qui va s'avérer probante puisque Ip Man premier du nom remporte un succès colossal dans le continent asiatique et s'impose sur le marché de la vidéo en Occident. Toujours sous l'égide de Wilson Yip, les péripéties du maître chinois se déclinent en une trilogie mercantile et lucrative avec Ip Man 2 (2010) et Ip Man 3 (2015).
Une façon comme une autre pour Donnie Yen de se débarrasser de l'ombre, un peu trop prégnante, de Jet Li, désormais à la retraite. Parallèlement, d'autres épisodes sont signés dans la foulée. En 2010, Herman Yau réalise un long-métrage, Ip Man 3 : la légende est née, sur la jeunesse intrépide de l'artiste martial. C'est donc un certain Yu-Hang To, inconnu au bataillon, qui revêt les oripeaux d'un jeune garçon toujours prêt à ferrailler et à se perfectionner dans sa discipline, le wing chun (ou la boxe chinoise). Puis, en 2013, toujours sous la férule d'Herman Yau, un nouveau chapitre est réalisé.
Ce sera Ip Man : le combat final. Cette fois-ci, c'est un certain Anthony Wong qui incarne le rôle principal. Viennent également s'ajouter Gillian Chung, Jordan Chan, Eric Tsang, Marvel Chow, Timmy Hung et Luxia Jung.
En l'occurrence, Anthony Wong est loin d'être un illustre inconnu dans le cinéma hong-kongais. Le comédien s'est notamment distingué dans The Untold Story (Herman Yau, 1992), A toute épreuve (John Woo, 1992), Mad Monk (Johnnie To, 1993), Full Contact (Ringo Lam, 1993), Ebola Syndrome (Herman Yau, 1996), Infernal Affairs (Andrew Law et Alan Mak, 2002), ou encore The Twins Effect (Dante Lam et Donnie Yen, 2003). Quant à Herman Yau, le réalisateur prolifique se démarque surtout pour son éclectisme. On le connaît surtout pour ses oeuvres trash, extrêmes et estampillées "catégorie 3", mais aussi comme un éminent directeur de la photographie.
Il n'est donc pas très surprenant de le retrouver derrière un film d'arts martiaux. Le speech de Ip Man : le combat final est donc le suivant.
Dans le Hong Kong d'après-guerre, le légendaire grand maître de Wing Chun, Ip Man, met une fois de plus son talent au service de la justice. Mais alors qu’il tente de mettre un terme à des défis entre écoles de kung-fu rivales, son combat le propulse dans le monde dangereux des triades. Pour défendre sa vie et l'honneur de son école, il n'a d’autres choix que de se battre avec l’aide de ses nouveaux disciples... Indubitablement, la vie mouvementée de Yip Man, un maître chinois spécialisé dans le wing chun, continue de passionner le noble Septième Art. Un peu trop peut-être.
Après avoir revisité sa jeunesse homérique et son combat farouche contre les assaillants japonais puis britanniques, le cinéma hong-kongais propose de décortiquer les dix dernières années du combattant aguerri.
Contre toute attente, Ip Man : le combat final n'est pas vraiment un film d'arts martiaux. Sur la forme, le long-métrage s'apparente surtout à une comédie dramatique. Désormais, l'homme chenu vit à l'écart de la populace. Malgré tout, ses anciens amis et ses élèves continuent de lui prodiguer quelques subsides. Toutefois, Ip Man se refuse à diffuser et à enseigner son art martial via une école spécialisée. Sa philosophie déroge donc aux préceptes qui seront anônnés par Bruce Lee entre le milieu des années 1960 et le début des années 1970. Il faudra également s'armer de patience avant de voir le vieux maître se colleter avec la mafia locale. Le prétexte ?
Des combats et des paris illégaux sont organisés pour satisfaire une foule en ébullition. Hélas, un élève d'Ip Man commence sérieusement à agacer certains édiles du grand banditisme.
Qu'à cela ne tienne, le jeune insouciant peut compter sur le soutien indéfectible de son mentor, toujours prêt à défendre les intérêts du prolétariat. Rien à redire sur la qualité de la photographie et des paysages, toujours aussi sublimes et mirifiques. Malheureusement, Ip Man : le combat final désappointe par son erratisme. On passe ainsi de longues conversations sibyllines à de grandes scènes d'action sans qu'il y ait forcément une grande cohérence scénaristique.
On relève donc quelques ellipses, hélas préjudiciables à la qualité du film. Contrairement à Wilson Yip, Herman Yau élude toute connotation historique, politique et idéologique. D'où l'impression d'assister à une pellicule relativement chimérique. Ip Man : le combat final constitue, sans aucun doute, le chapitre - ou plutôt le combat - de trop dans une franchise parfois un brin complaisante et racoleuse. In fine, Anthony Wong ne parvient pas à faire oublier la performance et le charisme de Donnie Yen. Un nouvel opus assez décevant et fastidieux, donc.
Note : 09/20