Genre : horreur, gore, trash, slasher (interdit aux - 16 ans)
Année : 2009
Durée : 1h30
Synopsis : Un groupe d'amis vont dans une usine désaffectée pour faire la fête. La boucherie peut commencer…
La critique :
Il faut se rendre sur le site IMDb (http://www.imdb.com/name/nm1924108/) pour trouver quelques informations élusives sur Stacy Davidson, dont la carrière cinématographique débute en 2007 avec Domain of The Damned. Viennent également s'ajouter Sweatshop (2009) et Jacob (2011). Parallèlement, Stacy Davidson participe et officie, en tant que directrice des effets visuels, à la conception de 100 Tears (Marcus Koch, 2007), The Theatre Bizarre (Richard Stanley et al., 2011), Closet Space (Mel House, 2008) et Psychic Experiment (Mel House, 2010).
Vous l'avez donc compris. Le nom de Stacy Davidson rime invariablement avec le cinéma gore et horrifique. Aujourd'hui, c'est le cas de Sweatshop, seconde réalisation de Stacy Davidson, qui fait l'objet d'une chronique dans nos colonnes.
Sweatshop marque également le grand retour du slasher décérébréà l'ancienne, celui qui a vu poindre les succès inopinés de Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980), Halloween, la nuit des masques (John Carpenter, 1978), ou encore de Les Griffes de la Nuit (Wes Craven, 1984). Sweatshop est-il susceptible de connaître la même gloriole ? La réponse négative est hélas négative. Nanti d'un budget impécunieux, le long-métrage est rapidement relégué dans la case des DTV (direct-to-video), ne bénéficiant même d'une distribution dans quelques salles de cinéma.
De facto, inutile de mentionner le casting du film, à moins que vous connaissiez les noms d'Ashley Kay, Peyton Wetzel, Brent Himes, Melanie Donihoo et Krystal Freeman, mais j'en doute... Pour le reste, le scénario est pour le moins laconique puisqu'il se résume en deux petites lignes.
Attention, SPOILERS ! Des étudiants festoyeurs se donnent rendez-vous dans une usine désaffectée afin d'organiser une immense rave party. Alcool, substances illicites et danses lascives sur fond de musique électro font partie des réjouissances. Mais une entité maléfique, particulièrement meurtrière, ne tarde pas à se manifester et à tarabuster notre petite bande de festoyeurs. Le carnage peut enfin commencer ! Sur la forme, Sweatshop ressemble à un énième avatar de Hatchet : la légende de Victor Crowley (Adam Green, 2007) et de 100 Tears, déjà précité.
En résumé, pas question de s'atermoyer sur un script fastidieux et longuet. Stacy Davidson n'en a cure et préfère se polariser sur les belligérances, le tout corseté sur une petite heure et demi de bobine. La cinéaste vise avant tout l'efficacité en proposant tout un panel de prothèses, d'excisions, de coups de scalpels et même d'imposantes protubérances, dans la grande tradition du slasher débridé.
Stacy Davidson fait donc abstraction de toute psychologie et brosse le portrait d'une jeunesse roublarde et concupiscente. On se demande d'ailleurs un peu pourquoi la réalisatrice s'échine à décrire des personnages aussi faméliques. Il faudra donc se contenter d'une blondinette qui se trémousse sur la piste de danse, d'une gothique aguicheuse et savamment dépoitraillée, d'un punk euphorique et goguenard, ou encore du faux sosie de John Goodman qui passe à temps à pester et à clabauder.
Voilà pour les velléités ! Hélas, toutes ces présentations s'étalent sur 45 longues minutes de bobine. Il faudra donc s'armer de patience avant de voir débarquer la créature de boucherie massive. Visiblement, une grande partie... l'essentiel... Tout le budget a été relégué dans les maquillages et les effets visuels. Un gros effort a été déployé pour la conception des prothèses.
Rien à redire non plus sur la qualité des tortures perpétrées. Stacy Davidson connaît parfaitement sa copie et délivre plusieurs saynètes outrageantes dans une ambiance étrangement ripailleuse. Après avoir copieusement forniqué, c'est une gothique qui est subrepticement assaillie par un tueur armé d'une massue. En termes de boyaux, de viscères et de tripailles, Sweatshop remplit largement son office. Au programme des égaiements, nous aurons le droit à des énucléations, des intestins lacérés, des visages broyés et des corps littéralement pulvérisés.
Hélas, toutes ces érubescences tombent invariablement dans le vide, la faute à l'absence totale d'humour. Indubitablement, Sweatshop ne possède pas la fougue ni la virulence d'un 100 Tears et d'un Hatchet, deux slashers déjà loin d'être inoubliables.
Mais au moins, les deux films pouvaient s'enorgueillir de saynètes jouissives et jubilatoires. En l'état, Sweatshop se révèle curieusement obsolète. De surcroît, l'interprétation, hautement indigente, renforce cette impression d'amateurisme et de série Z filmée avec les pieds. Pis, c'est lors de sa conclusion finale que le long-métrage exploite enfin son décor et son croquemitaine azimuté dans une grande partie de débauche et de massacre. Encore un film qui aurait dû débuter là où il s'est terminé... Entre deux conversations oiseuses, les "comédiens" (c'est un bien grand mot...) nous gratifient de leur prestesse et de leur vélocité via plusieurs séquences sportives.
Vous l'avez donc compris. Avec Sweatshop, Stacy Davidson a peu d'arguments à revendre et côtoie souvent les affres de l'immondice. Que dire de plus ?
Note : 06/20