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The Deadly Spawn (La chose venue d'un autre monde)

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Genre : horreur, science-fiction, gore (interdit aux - 12 ans)
Année : 1983
Durée : 1h18

Synopsis : Une météorite s’écrase sur Terre, lâchant dans la nature une créature extra-terrestre affamée. Après s’être fait les dents sur deux campeurs, cette dernière va investir la cave d’une maison dans une banlieue résidentielle pour y dévorer tous ceux qui passeront y faire un tour. Mais quelle gourmande celle-là ! 

La critique :

Dans les années 1950, le cinéma fantastique, horrifique et de science-fiction est influencé par un contexte international houleux désormais sous l'égide de la Guerre Froide. Les belligérances opposent principalement les Etats-Unis à l'U.R.S.S. Ou lorsque le capitalisme patriarcal se regimbe contre la doxa communiste et un drapeau rouge qui arbore une faucille et un marteau. C'est dans ce contexte de tension et de paranoïa ambiante que se constitue peu à peu une xénophobie latente.
Certains Américains éberlués croient voir des espions partout. Cette peur se traduit par d'autres effets délétères et anxiogènes. Une peur alimentée par l'existence d'une Zone 51 et par l'arrivée (chimérique) d'extraterrestres aux intentions bellicistes. Certains films alimentent cette angoisse intrinsèque. C'est par exemple le cas de La Chose Venue d'un autre Monde (Christian Niby et Howard Hawks, 1951).

Un extraterrestre d'origine végétale s'introduit dans une base américaine claustrée au milieu de nulle part en Alaska. Mais cette créature dolichocéphale ne menace pas seulement la pérennité de quelques scientifiques et militaires dans une base en déshérence. Si le monstre parvient à se reproduire et à s'escarper, c'est aussi la paix du monde qui est menacée. Bien des décennies plus tard, John Carpenter exploitera à nouveau cette idée à travers un remake, The Thing (1982).
Dans cette nouvelle version, le cinéaste américain accentue les inimitiés, toujours avec ce sentiment d'oppressement, d'isolement et de paranoïa. Ainsi, la "Chose" se transmute en un virus imitant et dupliquant à la perfection les personnes qu'elle assaille. Certains thuriféraires de ce chef d'oeuvre horrifique y voient une allégorie sur le Sida.

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D'autres le considèrent comme un film apocalyptique et eschatologique. Toujours est-il que The Thing influence et engendre de nombreux épigones. C'est par exemple le cas de The Deadly Spawn, réalisé par Douglas McKeown en 1983. Nanti d'un budget impécunieux, le film n'a pas les mêmes ambitions ni les mêmes velléités narratives. A contrario, le long-métrage est considéré, à l'époque, comme la suite logique de The Thing. De surcroît, The Deadly Spawn sort sous plusieurs intitulés, notamment Return of the Aliens : The Deadly Spawn et surtout La Chose.
En outre, l'oeuvre de Douglas McKeown fait surtout office de série B. Le film ne bénéficiera pas d'une sortie dans les salles obscures mais sera distribué dans les vidéos clubs. C'est même par l'intermédiaire de la vidéo que The Deadly Spawn va s'octroyer le statut de film culte.

Mieux, par sa violence et son érubescence, la pellicule marque durablement les persistances rétiniennes, ainsi que plusieurs générations de fans du cinéma bis. Succès commercial oblige, The Deadly Spawn connaîtra une suite, à savoir Metamorphosis : The Alien Factor (Glenn Takakjian, 1990), qui s'enlisera dans les méandres de l'immondice et de la "nanardise". En l'occurrence, la distribution de The Deadly Spawn risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Charles George Hildebrandt, Tom DeFranco, Richard Lee Porter, Jean Tafler, Karen Tighe, James Brewster et Elissa Neil ; mais j'en doute... Attention, SPOILERS !
(1) Une météorite s’écrase sur Terre, lâchant dans la nature une créature extra-terrestre affamée. Après s’être fait les dents sur deux campeurs, cette dernière va investir la cave d’une maison dans une banlieue résidentielle pour y dévorer tous ceux qui passeront y faire un tour (1). 

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La créature protéiforme s'attaque alors à la famille de Charles, un jeune éphèbe qui passe son temps à se grimer en monstre afin d'effrayer sa matriarche. En manque de sensations fortes, le jouvenceau va bientôt connaître l'expérience la plus effroyable de son adolescence... En vérité, The Deadly Spawn n'est pas la suite avariée de The Thing, mais plutôt une relecture - pour le moins très personnelle - de La Chose d'un Autre Monde. Sur la forme, The Deadly Spawn est donc un remake officieux du film de Christian Niby et Howard Hawks. Toutefois, la comparaison entre les deux films s'arrête bien là. 
Pour Douglas McKeown, pas question de nimber son long-métrage du contexte politique, idéologique ni international de l'époque. Par ailleurs, dans les années 1980, l'Amérique vit encore sous le courroux de la peur et d'une hypothétique Troisième Guerre Mondiale.

Pour l'anecdote, The Deadly Spawn constitue également le seul et unique long-métrage de Douglas McKeown. Qu'est devenu ce réalisateur par la suite ? Difficile de répondre... En l'état, The Deadly Spawn s'apparente surtout à un hommage vibrant au cinéma bis et à ces vieilles pellicules désuètes des années 1950. Impossible de ne pas songer, par certaines accointances, au style iconoclaste de Jack Arnold, et en particulier àTarantula ! (1955).
A l'instar du film de Jack Arnold, The Deadly Spawn met en exergue une menace inconnue qui provient du ciel et plus précisément de nulle part. C'est la théorie du tout ou rien. La menace de The Deadly Spawn n'obéit à aucune logique ni explication rationnelle. La créature provient du vide et, in fine, d'un néant indicible.

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Pourtant, The Deadly Spawn cherche clairement à se démarquer de The Thing et d'Alien : le huitième passager (Ridley Scott, 1979). Dans le film de Ridley Scott, l'extraterrestre xénomorphe symbolise cette xénophobie prégnante qui se transmue prestement en huis clos spatial. Dans The Thing, la créature polymorphe est un virus d'origine inconnue qui se nourrit de nos pulsions archaïques et reptiliennes. Or, dans The Deadly Spawn, le monstre échappe à toutes ces complexités narratives. L'Alien du film signe donc le grand retour à cette sobriété de jadis, celle encensée et adoubée par Paul Blaisdell (le célèbre démiurge de l'extraterrestre de It Conquered The World) en son temps.
La créature de The Deadly Spawn se démarque donc par son incongruité, ses déplacements presque archaïques, ses crocs acérés et cette façon presque unique de se dégingander.

Certes, les contempteurs fustigeront et gourmanderont, à raison, une pellicule délicieusement kitsch et ringarde. 
Paradoxalement, c'est cette même obsolescence qui concourt au charme de cette bisserie désargentée. The Deadly Spawn justifie presque intégralement son visionnage pour l'ingénuité de sa créature. Ensuite, le film peut s'enhardir de saynètes gore et outrancières qui ne manqueront pas de susciter quelques cris d'orfraie. A l'inverse, le long-métrage de Douglas McKeown n'est pas exempt de tout reproche. En outre, les déflations budgétaires du film se font furieusement sentir.
Ainsi, de nombreuses séquences se déroulent dans le noir absolu et sont difficilement perceptibles. D'un point de vue technique, la mise en scène pâtit de choix approximatifs et de mouvements de caméra souvent hasardeux. Vous l'avez donc compris. Sur la forme, The Deadly Spawn est une pellicule amateur qu'il conviendra de visionner au second degré. Nonobstant toutes ces carences, hélas préjudiciables à la qualité du film, The Deadly Spawn possède un charme ineffable. 
Ma note finale fera donc preuve d'une infinie mansuétude.

Note : 12/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : http://devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=1248


L'Affaire Dreyfus - 1899 (Une oeuvre dreyfusarde)

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Genre : Historique

Année : 1899

Durée : 13 minutes

Synopsis : L’histoire vraie de l’affaire Dreyfus, autour d’un capitaine de l’armée française de confession juive, accusé de trahison. Cette affaire polémique divise la France en deux camps, les Dreyfusards et les Antidreyfusards.

La critique :

La France de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle a été marquée par L’affaire Dreyfus. Il s’agissait d’un procès contre Alfred Dreyfus, un capitaine français originaire d’Alsace et de confession judaïque. Ce dernier était accusé d’avoir fourni à l’empire allemand des documents secrets. L’affaire fait polémique et la France sera alors divisée en deux camps : Les Dreyfusards qui soutiennent l’innocence de Dreyfus, et les Antidreyfusards qui sont partisans de la culpabilité du capitaine.  
Dans ce contexte tendu, Georges Méliès apparaît là où on ne l’attend pas. En effet, le réalisateur s’est, jusqu’à présent, surtout contenté de filmer des œuvres fantastiques au ton souvent comique. Pourtant, il change totalement de style en choisissant de réaliser un film sur l’affaire Dreyfus. Attention SPOILERS !

Le film de Méliès reprend les faits de l’affaire qui, en 1899, n’est pas encore terminée. Alfred Dreyfus, un capitaine français juif et d’origine alsacienne, est accusé d’avoir livré des documents secrets à l’empire allemand. Il est alors condamnéàêtre envoyé au bagne à perpétuité. Pour beaucoup, ce procès est porté par l’antisémitisme, d’autres sont en revanche persuadés de la culpabilité de Dreyfus. La France se divise en deux clans : Les Dreyfusards  et les Antidreyfusards. 
A la suite de ce jugement militaire, Dreyfus se retrouve au bagne attachéà son lit de prisonnier.  Cependant, le colonel Hubert Henry avouera avoir falsifié les preuves accusant Dreyfus. Amené en prison, on le voit se suicider dans sa cellule. A Rennes, Dreyfus prépare sa défense pour le procès. Il est alors reconnu coupable avec circonstances atténuantes.

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Voilà donc pour le scénario qui reprend les faits de l’affaire Dreyfus. Cependant, en 1899, elle n’avait pas encore connu de fin, et Méliès tentera d’anticiper la décision des juges qui, dans le film, déclarent donc Dreyfus coupable avec circonstances atténuantes. En réalité, Dreyfus sera innocenté par la suite. Il faut savoir que les médias ont joué un grand rôle dans cette affaire, c’est sans doute dans cette optique que Méliès a choisi de réaliser ce film. 
Le réalisateur brise donc tous les liens avec son style habituel pour proposer un film proche du documentaire, la réalisation se veut donc plus sobre qu'à l'accoutumée. Méliès, pour sa part, joue également dans le film et incarne maître Fernand Labori, l’un des deux avocats de Dreyfus. Ce rôle a-t-il une symbolique ? Sans doute puisque le film se revendique clairement Dreyfusard.

En ce sens, L'Affaire Dreyfus est donc bel et bien une oeuvre de propagande. L’avenir sembla lui donner raison car même si cette affaire reste encore assez obscure de nos jours, les historiens s’accordent à dire que Dreyfus était innocent. Méliès expose donc son opinion et veut aborder, avec ce film, une décision judiciaire partiale et injuste. Mais au-delà de sa portée politique, le film a pour but de donner un aperçu du contexte de l’époque et des tensions engendrées par l’affaire.
Au final, Méliès semble pointer du doigt les idéologies nationalistes et antisémites qui se développaient en France à l’époque. L'Affaire Dreyfus est probablement le premier film politique et idéologique de l'histoire du cinéma. Tous ces éléments font de L’Affaire Dreyfus l’une des œuvres les plus importantes du cinéma français, Georges Méliès reniant ici son style habituel pour livrer un portrait de la société française de l’époque. Bref, un chef d’œuvre de plus à l’actif de ce maître du cinéma et un film à découvrir absolument.        

Note : 18,5/20 

vince Vince

Mister Babadook ("Et quand mon masque tombera, plus douce la mort te semblera")

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Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2014
Durée : 1h34

Synopsis : Depuis la mort brutale de son mari, Amelia lutte pour ramener à la raison son fils de 6 ans, Samuel, devenu complètement incontrôlable et qu'elle n'arrive pas à aimer. Quand un livre de contes intitulé"Mister Babadook" se retrouve mystérieusement dans leur maison, Samuel est convaincu que le 'Babadook' est la créature qui hante ses cauchemars. Ses visions prennent alors une tournure démesurée, il devient de plus en plus imprévisible et violent. Amelia commence peu à peu à sentir une présence malveillante autour d’elle et réalise que les avertissements de Samuel ne sont peut-être pas que des hallucinations... 

La critique :

En l'espace d'une dizaine d'années, le paranormal et les activités démonologiques ont signé leur grand retour au cinéma et surtout au box-office américain. Que ce soit le diptyque (en attendant une probable trilogie...) Conjuring, la saga ParanormalActivity amorcée par Oren Peli, la résurrection de certains classiques horrifiques (entre autres, Amytiville et Poltergeist), ou encore la trilogie Insidious, tous ces films et toutes ces franchises ont signé la recrudescence des rites méphistophéliques dans notre société contemporaine. Finalement, rien n'a changé depuis Rosemary's Baby (Roman Polanski,  1968) et L'Exorciste (William Friedkin, 1973).
Le Diable et ses fidèles succubes se nourrissent de nos tares et de nos fêlures, ainsi que des carences de notre société hédoniste et consumériste.

Ainsi, le démon s'attaque toujours sournoisement à une famille en déliquescence et assaillie par des sentiments tels que l'oppressement, la résipiscence et la solitude. 
Toutefois, les succès commerciaux de Conjuring et de ses nombreux épigones ont aussi influencé toute une myriade de "navetons" avariés. Par exemple, qui se souvient encore de Dans le noir (Daniel F. Sandberg, 2016), Le Rite (Mikael Hafström, 2011), ou encore de LesChroniques de Tchernobyl (Bradley Parker, 2012) ? Personne... A moins d'éprouver beaucoup d'empathie pour ce genre de productions anomiques.
A juste titre, c'est un sentiment de circonspection qui point devant un titre tel que Mister Babadook, réalisé par Jennifer Kent en 2014, et qui marque également le tout premier long-métrage de la jeune cinéaste. A l'origine, cette oeuvre horrifique est l'adaptation d'un court-métrage, sobrement intituléMonster

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Si Mister Babadook ne connaît pas les ferveurs d'une exploitation dans les salles de cinéma, le film est présenté en compétition dans divers festivals. C'est ainsi qu'il s'arroge plusieurs récompenses éminentes, notamment le Prix du jury lors du festival international du film fantastique de Gérardmer, celui du meilleur film d'épouvante lors du Kansas City Film Critics Circle Awards, ou encore du meilleur premier film lors du New York Film Critics Circle Awards (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mister_Babadook). De surcroît, Mister Babadook obtient des avis unanimement dithyrambiques et sort sous les vivats de la presse cinéma. Reste à savoir si le long-métrage de Jennifer Kent mérite de tels panégyrismes. Réponse dans les lignes à venir... La distribution de Mister Babadook se compose d'Essie Davis, Noah Wiseman, Daniel Henshall, Hayley McElhinney et Craig Behenna.

Bref, on ne relève aucun acteur notable dans ce casting famélique. Seule Essie Davis fait figure d'exception. En outre, la comédienne est surtout apparue dans des rôles subsidiaires. On a notamment pu l'apercevoir dans Matrix Reloaded et Matrix Revolutions (Andy et Larry Wahowski, 2003), Code 46 (Michael Winterbottom, 2003), Isolation (Billy O'Brien, 2005), ou encore Australia (Baz Lurhman, 2008). Mais ne nous égarons pas et revenons à l'exégèse de Mister Babadook !
Le speech est dont le suivant. Attention, SPOILERS ! Depuis la mort brutale de son mari, Amelia lutte pour ramener à la raison son fils de 6 ans, Samuel, devenu complètement incontrôlable et qu'elle n'arrive pas à aimer. Quand un livre de contes intitulé"Mister Babadook" se retrouve mystérieusement dans leur maison, Samuel est convaincu que le "Babadook" est la créature qui hante ses cauchemars. 

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Ses visions prennent alors une tournure démesurée, il devient de plus en plus imprévisible et violent. Amelia commence peu à peu à sentir une présence malveillante autour d’elle et réalise que les avertissements de Samuel ne sont peut-être pas que des hallucinations... Il faut bien l'admettre et faire preuve de probité. On n'attendait pas spécialement de grandes étincelles de ce Mister Babadook en raison essentiellement de son titre ubuesque et de son affiche peu éloquente.
Gravissime erreur ! D'autant plus que le film de Jennifer Kent s'est largement illustréà travers les festivals, de quoi attiser la curiosité. A fortiori, rien ne distingue réellement Mister Babadook de la litanie de remakes, de spin-off et de séquelles qui sortent à profusion dans les bacs à dvd. Pourtant, Mister Babadook se singularise par la justesse du portrait de ses protagonistes, en particulier une mère (Amelia) à la dérive et son fils (Samuel) turbulent et hyperactif.

Dès lors, Jennifer Kent joue habilement de cette dissonance entre divers sentiments antagonistes. Dans Mister Babadook, il est à la fois question d'amour maternel mais aussi de sa parfaite antithèse, à savoir cette pulsion irrépressible et cette envie inextinguible d'assassiner sa mère, ou d'occire sa propre progéniture. Le film aborde donc les thèmes, toujours spinescents, du parenticide et de l'infanticide. A partir de là, Jennifer Kent ne cesse de bousculer ses deux principaux protagonistes, conviant aussi le spectateur à décrypter une famille en désuétude.
En l'occurrence, l'absence de toute référence patriarcale se fait furieusement sentir. Les thématiques de la mort et du deuil sont également décryptés avec beaucoup de pudibonderie et de sagacité. C'est la seconde partie de Mister Babadook.

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Sur la forme, le film s'apparente presque à une séance de systémique familiale analysant les sentiments de haine et d'amour d'une mère et d'un fils tourmentés par une présence méphistophélique. A moins que ce spectre ne soit qu'un leurre et la rémanence d'une inconscience profondément archaïque. C'est d'ailleurs ce que suggère cette phrase laconique : "Et quand mon masque tombera, plus douce la mort te semblera". Vous l'avez donc compris. Sous ses faux airs de production indépendante et désargentée, Mister Babadook est une oeuvre beaucoup plus tortueuse et alambiquée qu'il n'y paraît.
Mieux, le long-métrage vient carrément contrarier l'omnipotence de Conjuring et autres Paranormal Activity. Malicieuse, Jennifer Kent transmute sa pellicule horrifique en huis clos minimaliste et anxiogène. Pour se débarrasser de cette entité factieuse et obséquieuse, Amelia et son fils ne pourront pas escompter sur le voisinage ni sur la prodigalité d'un exorciste. Corrélativement, Jennifer Kent exploite ingénieusement son décor. Cependant, le film n'est pas exempt de tout reproche. En raison de son budget anémique, la réalisatrice doit composer avec des moyens étriqués.
Par exemple, on aurait apprécié que Jennifer pousse le vice vers d'autres anfractuosités. In fine, la conclusion finale, un tantinet décevante, ne manquera pas de faire grincer des dents. Toutefois, ne soyons pas si vachard. Jennifer Kent n'a rien à envier à James Wan et signe un long-métrage probe, souvent effrayant et tout à fait recommandable. C'est déjà pas mal !

Note : 14.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

NF713 (Le Torture Porn occidental le plus violent jamais réalisé ?)

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NF713

Genre : horreur, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)
Durée : 1h18 (version cut)
             1h31 (Extended version)

Année : 2009


Synopsis : Un huis clos épouvantable. Un face à face impitoyable et suffocant oppose un docteur sadique qui perpétue réellement et sans aucun répit, des actes de barbarie sur une femme dans le but de lui faire avouer d'hypothétiques crimes à l'encontre d'un État imaginaire. Il s'agit en fait pour le bourreau, d'un prétexte pour la détruire autant psychologiquement, physiquement et sexuellement. Pour effacer chez elle toute trace d'humanité et de la réduire à un simple numéro : le NF713, sigle d'un composant électrique avec lequel la victime est torturée.

La critique :

En octobre, lorsque par mail privé j'avais informé le vénéré taulier du blog, Alice in Oliver, de mes découvertes et prochaines acquisitions, je lui avais signalé l'arrivée imminente (sous réserve des délais postaux internationaux) dans ma vidéothèque d'un film monstrueux. Une oeuvre bannie dans près de 180 pays en plus de son pays d'origine, la Grande Bretagne. Cela supposait que ce film battrait le triste record de Most Disturbed Person On Planet Earth, premier du nom, qui fut interdit dans 146 pays. La raison de cette mise à l'index aussi radicale que rarissime ?
Une violence graphique et psychologique absolument insoutenable qui serait susceptible de perturber et même d'altérer de façon importante, la santé mentale des spectateurs. Voilà pour un pitch qui a de quoi refroidir tout de suite les ardeurs les plus velléitaires. NF713 n'a évidemment pas bénéficié d'une sortie en salles, la BBFC (British Board of Films Classification), c'est-à-dire les autorités britanniques habilitées à la censure, ayant considéré ce film comme dépassant le cadre strict d'un spectacle cinématographique et de fiction. Trop réel, trop brutal, trop scandaleux, trop tout en fait. Allez hop, banni, répudié ; circulez il n'y a rien à voir !

Donc pour le réalisateur Michaël Stamp, prière donc de prendre ses bobines maudites sous le bras et d'aller les exporter dans des contrées lointaines, voir si où on voudrait bien de lui et de son objet filmique à l'incommensurable sauvagerie. Comme un certain Maléfices Pornos en son temps (voir fiche Wikipédia), le film poserait une question morale hors du commun et se retrouve donc purement et simplement, interdit. Pas interdit à un certain public ; interdit tout court.
Et pratiquement dans le monde entier. En effet, des rumeurs circuleraient sur le fait que les tortures n'auraient pas été simulées mais réellement effectuées et surtout, que l'actrice soumise aux divers actes de barbarie qu'impliquait le scénario du film, n'aurait pas jouéà la victime mais aurait été en réalité, obligée de subir pour de bon et contre sa volonté, les actes de tortures. S'il s'avérait que cela soit vrai, NF713 serait donc le premier "torture porn snuff" de l'histoire. En ce cas, il serait impossible de comparer les supplices infligés à cette actrice aux sévices (pourtant inouïs) imposés aux performeuses asiatiques dans des oeuvres ultra underground telles que les Pain Gate ou les GSKD qui, elles, sont tout à fait consentantes face aux heurts et humiliations qu'elles subissent.

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Évidemment, un film précédé d'une telle réputation a de quoi susciter les fantasmes et les convoitises les plus exacerbés des amateurs de cinéma extrême. Mais attention, combien de fois a-t-on été déçus par tel ou tel film prétendu "insoutenable" ? Et au final, nous n'avions eu droit qu'à un pétard mouillé. Le cas le plus connu des connaisseurs reste sûrement celui de Perseveration (2012) et de sa fameuse interdiction aux moins de 21 ans qui alimenta les interrogations les plus folles. Or, ceux qui ont eu l'opportunité de le visionner sont quasiment tous unanimes : le film d'Adam Sotelo est sinon un flop, du moins une très grande déception. Reste à savoir maintenant si NF713 est la bombe nucléaire annoncée ou un ballon de baudruche gonfléà l'intox du correspondant qui m'a vendu le dvd via EBay.
Cependant, connaissant la fiabilité et l'érudition du bonhomme en matière d'oeuvres ignobles (je lui dois notamment les Genki Genki 19, 20 et 21 ou encore Hypertrophy Genitals Girl), je ne mis nullement sa parole en doute au moment de l'acquisition. Un autre élément plaidait en "faveur" de la véracité sur l'extrémisme supposé du film de Michaël Stamp : l'absence totale d'information à son sujet sur Internet. Aucun article consacré au film, aucune image disponible, aucun extrait visible sur YouTube. Seul le site IMDB mentionne son existence par quelques lignes laconiques.

Sans cela, il n'y aurait aucune trace de ce très mystérieux NF713. Cette situation rappelle beaucoup le cas du quasi introuvable Juvenile Crime qui, sans être un snuff movie au sens littéral du terme, s'en rapprochait tout de même fortement par son ambiance glauque et son format visuel très approximatif. Le dvd dont je dispose est proposé avec deux versions : la "special edition" et la "Extented version". La première d'une durée de 78 minutes est amputée des scènes hardcore mais est déjà suffisamment barbare pour envoyer un torture porn "grand public" comme Saw III au tapis dès le premier round. L'Extended version présentée dans cette chronique, ajoute à ce spectacle déjà très corsé, les treize minutes supplémentaires de scènes coupées et interdites.
Autrement dit un bon conseil, accrochez-vous au siège, ça va dépoter... 
Attention spoilers : L'action, si on peut employer ce terme, ne met en scène que deux protagonistes. C'est donc un huis clos infernal qui nous est proposé : d'un côté, un tortionnaire tout puissant qui fait preuve d'une violence sans limite ; de l'autre, une victime sans défense assujettie aux pires turpitudes de la part de son geôlier. Un lieu unique : une pièce plongée dans la plus totale obscurité dès les premières images et jusqu'à la fin du film. Seuls les deux protagonistes sont exposés à la lumière.

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Eleanar Wilson est soupçonnée de fomenter un complot contre un état dont on ne saura jamais le nom. Capturée, elle est soumise à un interrogatoire pour le moins musclé par le docteur Mueller chargé de la faire parler. Malgré les dénégations de sa prisonnière, le scientifique bedonnant s'acharne à la torturer. Il n'a en fait pour mission que d'enlever à la femme toute identité propre en tant qu'être humain et la transformer en un simple numéro, le NF713. Pour cela, il va employer tous les moyens dont il dispose. Jusqu'aux plus extrêmes... Autant mettre les choses au clair de suite : NF713 n'est pas un snuff movie. Deux raisons à cela ; la première est qu'un vrai snuff (et cela existe réellement) montrerait un véritable meurtre à l'écran. Cela n'est pas le cas puisque l'actrice ne meurt pas ni fictivement ni (heureusement) en réalité sous les coups de son tortionnaire. La deuxième est que cette même actrice dénommée Niki Flynn, malgré ses hurlements effroyables et continus, malgré les actes de tortures non simulés qu'elle endure, semble être "maitresse" de la situation vis-à-vis de son partenaire.
Là où le réalisateur est très futé, c'est qu'il couvre certaines paroles du personnage d'Eleanar Wilson par des "biiips" pour nous donner l'impression qu'il cache le message que l'actrice supposée non consentante, adresserait directement aux spectateurs, leur témoignant face caméra  des atrocités qu'elle subirait contre son gré. Cela est très finement joué de la part de Michaël Stamp et de son assistant, Chine Hamilton (qui interprète le docteur Mueller).

Autre détail troublant, la version uncut présente une image beaucoup moins nette que la version édulcorée. L'image est granuleuse, sautillante, parfois raccordée ; le son est beaucoup plus sourd et les fameux "biiips" recouvrant les paroles hurlées de l'actrice interviennent régulièrement aux moments des sévices explicites. Bref, l'effet snuff est totalement maîtrisé et rendrait presque crédible l'hypothèse d'un tournage illégal. Là aussi, la ressemblance avec Juvenile Crime s'impose. Si NF713 n'est pas le snuff que certaines rumeurs annonçaient, le film n'en est pas moins d'une violence inouïe.
Je vous laisse "apprécier" le programme des réjouissances : distorsion de tétons, ingurgitation forcée d'eau bouillante, piqûre clitoridienne, écrasement de langue, coups de cravache sur la poitrine, flagellations féroces du dos et du fessier, gavage buccal d'un mouchoir humidifié par des sécrétions intimes, humiliations urophiles, sodomie à l'aide d'un martinet et surtout, introductions vaginales de fils électriques par lesquels un haut (?) voltage est envoyé. Ainsi, peut-on apercevoir les parties génitales de l'actrice soumise à de violents soubresauts, se tuméfier à vue d'oeil. Impressionnant... Alors que les tortures à l'encontre de la malheureuse victime sont insoutenables, le réalisateur réussit pourtant le tour de force de ne pas faire verser une goutte de sang au cours des 91 minutes que dure le métrage. En cela, le film se démarque totalement des torture porn actuels qui s'adonnent sans vergogne à une surenchère effrénée aux étalages de boyaux. 

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Mais résumer NF713à une litanie ininterrompue d'actes de barbarie serait une lourde erreur. On pourrait certes se demander comment Michaël Stamp va faire pour maintenir l'intérêt du spectateur durant une heure trente en ne présentant qu'un face à face étouffant plongé dans une obscurité caverneuse. La réponse est très simple : nous assistons à un long et méthodique processus de déshumanisation envers la pauvre Eleanar Wilson ; à une destruction totale de son identité ; à la négation progressive de sa propre existence. Un jeu du chat et la souris où le docteur Mueller ne se contente pas de soumettre le corps de sa victime à de terribles souffrances, mais où il s'applique aussi à la broyer psychologiquement, la rabaissant sans cesse par des propos injurieux et avilissants. "Say I'm a whore !" ("Dis je suis une pute !) répétés cinq fois de suite, "Nobody has ever loved you !" (Personne ne t'a jamais aimé !), "Your parents didn't conceive you in love !" (Tes parents ne t'ont pas conçu dans l'amour), "Your birth is only an error of God !" (Ta naissance n'est qu'une erreur de Dieu !)... Voilà quelques-unes des amabilités proférées par le terrifiant et pourtant impassible docteur Mueller (véritable sosie d'un Donald Pleasence qui aurait pris trente kilos...), et martelées à l'envi comme des coups de pilon dans l'inconscient de la jeune femme.

Aussi, celle-ci devient peu à peu un pantin démantibulé, une marionnette n'opposant plus aucune résistance à ces brimades réitérées. Peu à peu, la victime ne se débat plus et cède toute entière à la merci de son bourreau. Un bourreau dont le travail de sape est d'autant plus pervers qu'il est fréquemment interrompu par des moments de répit où le docteur détache Eleanar pour discuter plus posément, aimablement parfois, allant même jusqu'à lui prodiguer quelques gestes de tendresse. Bien évidemment, il ne s'agit pour le démoniaque scientifique que d'amadouer son "jouet psychologique" par des simagrées de douceur avant de repartir de plus belle dans ses tortures cruelles.
Le déroulement du film dans sa première heure, se découpe ainsi entre scènes violentes et séquences de dialogues ; monologue pourrait-on dire puisqu'il s'agit d'un interrogatoire auquel la victime se contente de répondre le plus souvent par des pleurs et des gémissements. 
L'interprétation de Chine Hamilton est à souligner dans ce rôle de scientifique, tortionnaire à sang froid qui semble prendre un réel plaisir à tourmenter sa proie. Le jeu de Niki Flynn ne pourra pas être appréciéà sa juste valeur puisqu'il s'agit plus pour l'actrice d'effectuer des performances hardcore que de développer son rôle au maximum de ses possibilités. Au niveau formel, comme je l'ai précisé plus avant, autant la version édulcorée présente des images en DV de qualité correcte, autant la version uncut se complet dans une pellicule nébuleuse au teintes délavées et au rythme saccadé, jouant à fond sur l'effet faux snuff. On a presque l'impression qu'il s'agit de deux films différents.

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Pour la clarté de l'article et aussi pour ne pas enfreindre les limites de la bienséance, les captures d'écran illustrant cette chronique sont donc extraites de la version cut du film. Franchement, j'ignore si NF713 est comme l'a prétendu mon correspondant, interdit dans 180 pays. En fait, peu importe que ce film détienne le "titre" très anodin d'oeuvre cinématographique la plus censurée au monde. La seule vérité est celle du visionnage. Et celle qui saute aux yeux du spectateur est très brutale. Tel un 38 tonnes lancéà pleine vitesse, le film de Michaël Stamp défonce tout sur son passage et met sérieusement à l'épreuve les nerfs des spectateurs, même ceux des plus endurcis.
Le réalisateur a vraiment frappé très fort avec cette pellicule autant extrême graphiquement que psychologiquement. Aucun doute là-dessus : NF713 est à ce jour (à ma connaissance) le torture porn occidental le plus violent jamais réalisé. Sa rareté et le mystère qui entoure sa conception lui confère, en plus, une aura sulfureuse qui contribuera à lui valoir certainement dans un futur proche, un culte auprès des amateurs de films "maudits". 
Depuis Michaël Stamp semble avoir disparu de la scène cinématographique sans laisser d'adresse, sinon comme dernier témoignage, un téléfilm au titre étrange d'Halbblut, réalisé en 2010 d'après le site IMDB, toujours lui.
Quoiqu'il en soit, NF713 est de ces films que l'on n'oublie pas de sitôt. Rarissime, ultra violent, terriblement perturbant, ce coup de tonnerre filmique possède tous les ingrédients pour accéder au panthéon des oeuvre les plus traumatisantes de l'histoire du cinéma.


Note :???

TumblingDollOfFlesh Inthemoodforgore

Berberian Sound Studio (L'horreur fait partie de la condition humaine)

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Genre : giallo, inclassable, thriller, épouvante 
Année : 2012
Durée : 1h32

Synopsis : 1976 : Berberian Sound Studio est l'un des studios de postproduction les moins chers et les plus miteux d'Italie. Seuls les films d'horreur les plus sordides y font appel pour le montage et le mixage de leur bande sonore. Gilderoy, un ingénieur du son naïf et introverti tout droit débarqué d'Angleterre, est chargé d'orchestrer le mixage du dernier film de Santini, le maestro de l'horreur. Laissant derrière lui l'atmosphère bon enfant du documentaire britannique, Gilderoy se retrouve plongé dans l'univers inconnu des films d'exploitation, pris dans un milieu hostile, entre actrices grinçantes, techniciens capricieux et bureaucrates récalcitrants. À mesure que les actrices se succèdent pour enregistrer une litanie de hurlements stridents, et que d'innocents légumes périssent sous les coups répétés de couteaux et de machettes destinés aux bruitages, Gilderoy doit affronter ses propres démons afin de ne pas sombrer… 

La critique :

Qui aurait gagé sur le retour inopiné du giallo en vidéo ? Pour ceux qui ne connaissent pas ce registre cinématographique, aujourd'hui désuet, le giallo se définit comme un genre qui combine, avec plus ou moins de méticulosité, le policier, l'érotique, le thriller et l'épouvante. C'est à la lisière des années 1960 que le giallo connaît ses toutes premières lettres de noblesse avec La Femme qui en savait trop (Mario Bava, 1963). Ainsi, plusieurs cinéastes transalpins font du giallo leur principal leitmotiv.
Bien sûr, les thuriféraires citeront aisément le nom de Mario Bava (Le Corps et le fouet, L'île de l'épouvante, Une Hache pour la lune de miel...), Dario Argento (L'oiseau au plumage de cristal, Quatre mouches de velours gris, Les frissons de l'angoisse...), ou encore Umberto Lenzi (Si douces, si perverses, Le tueur à l'orchidée, L'emmurée vivante...).

Mais vers le milieu des années 1980, le giallo s'étiole, se délite et se désagrège jusqu'à disparaître subrepticement des écrans radars. Seule exception notable, en 2009, Hélène Cattet et Bruno Forzani signent un vibrant hommage à ce registre si particulier avec le méconnu Amer. Depuis, le giallo semble condamnéà croupir dans les affres des oubliettes. C'est sans compter sur la sortie de Berberian Sound Studio, réalisé par Peter Strickland en 2012.
La carrière cinématographique de ce metteur en scène britannique démarre en 1997 avec un premier court-métrage, sobrement intituléBubblegum. Puis, en 2004, Peter Strickland enchaîne avec un second court-métrage, A Metaphysical Education. Par ailleurs, Berberian Sound Studio n'est autre que l'adaptation cinématographique de cette dernière pellicule.

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Si le long-métrage n'a pas bénéficié d'une exploitation dans les salles de cinéma, il se solde, à l'inverse, par toute une pléthore de récompenses dans divers festivals. C'est ainsi qu'il s'octroie la mention spéciale du jury lors du festival international du film de Catalogne, le prix de la meilleure production lors du British Independent Film Awards, ou encore le prix de la critique lors du festival international du film fantastique de Gérardmer. Inutile alors de préciser que ce déluge de récompenses a de quoi attiser la curiosité. Reste à savoir si Berberian Sound Studio mérite un tel panégyrisme.
Réponse dans les lignes à venir... La distribution du film se compose de Toby Jones, Tonia Sotiropoulou, Susanna Cappellaro, Cosimo Fusco, Chiara D'Anna et Eugenia Caruso. Dans ce casting, on ne relève donc aucun acteur vraiment notable ni notoire.

Seul Toby Jones, dans le rôle principal (Gilderoy), fait figure d'exception. En l'occurrence, le comédien a surtout accumulé les personnages subsidiaires au cinéma. On a notamment pu l'apercevoir dans Jeanne d'Arc (Luc Besson, 1999), Neverland (Marc Foster, 2004), Scoop (Woody Allen, 2006), The Mist (Frank Darabont, 2007), ou encore dans La Taupe (Tomas Alfredson, 2011). Berberian Sound Studio permet donc à l'acteur de tenir enfin le haut de l'affiche.
Mais ne nous égarons pas et revenons à l'exégèse du film. Attention, SPOILERS ! 1976 : Berberian Sound Studio est l'un des studios de postproduction les moins chers et les plus miteux d'Italie. Seuls les films d'horreur les plus sordides y font appel pour le montage et le mixage de leur bande sonore. Gilderoy, un ingénieur du son naïf et introverti tout droit débarqué d'Angleterre, est chargé d'orchestrer le mixage du dernier film de Santini, le maestro de l'horreur.

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Laissant derrière lui l'atmosphère bon enfant du documentaire britannique, Gilderoy se retrouve plongé dans l'univers inconnu des films d'exploitation, pris dans un milieu hostile, entre actrices grinçantes, techniciens capricieux et bureaucrates récalcitrants. À mesure que les actrices se succèdent pour enregistrer une litanie de hurlements stridents, et que d'innocents légumes périssent sous les coups répétés de couteaux et de machettes destinés aux bruitages, Gilderoy doit affronter ses propres démons afin de ne pas sombrer… Autant l'annoncer de suite.
Par son schéma narratif, son scénario retors et alambiqué et ses directions spinescentes, Berberian Sound Studio risque de décontenancer le grand public, peu accoutuméà ce genre de pellicule. En l'occurrence, le métrage de Peter Strickland mélange savamment plusieurs styles cinématographiques.

Si le film s'apparente bel et bien à un hommage aux giallos de jadis, il peut aussi se voir comme un thriller, un drame profondément humain et surtout comme un long-métrage totalement inclassable. 
La principale qualité de Berberian Sound Studio, c'est cette polarisation, quasi lymphatique, sur son protagoniste principal, un certain Gilderoy. Dépêché sur le tournage d'un film d'horreur, l'ingénieur du son arrive dans un milieu hostile. Enfermé dans un studio étroit et lugubre, le cinquantenaire doit subir les sarcasmes et l'humeur labile de techniciens rigoristes.
L'homme peut toujours réclamer continûment le remboursement de son billet d'avion. Sa requête ne sera jamais ouïe par ses propres hiérarques. Isolé dans sa pièce de travail, Gilderoy doit également supporter les bruits inconvenants fomentés par un film qu'il ne verra jamais.

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Peu à peu, Peter Strickland plante le décor, pour le moins minimaliste, pour mieux se focaliser sur les bruits perpétrés par le hachage sourcilleux de fruits et de légumes. Tous ces sons malencontreux doivent servir les effets horrifiques d'un long-métrage outrancier : étranglement, écrasement de crâne et de nombreuses stridulations inopportunes font partie des tristes réjouissances. Que les esprits les plus poltrons et les plus pusillanimes se ravisent. Vous ne verrez pas la moindre goutte de sang à l'écran. A l'instar de Gilderoy, le spectateur hagard est prié d'imaginer les saynètes érubescentes d'un film fictif. De facto, nous sommes également conviés à pénétrer dans la psyché en déliquescence d'un technicien troublé. Dès lors, Berberian Sound Studio propose plusieurs niveaux de lecture en décryptant la psychasthénie mentale de son personnage principal.

Le film fonctionne alors comme un exercice complexe d'autoscopie mentale. Pour Peter Strickland, les images véhiculées par les films ont forcément un impact sur notre capacitéà conscientiser la violence et l'idéologie sous-jacente qui en découle. De surcroît, Berberian Sound Studio nous interroge sur notre propre rapport à l'épouvante. "L'horreur fait partie de la condition humaine" s'écrie Francesco, un réalisateur éminent. A partir de là, bienvenue en enfer !
Berberian Sound Studio adopte un ton rédhibitoire via une immersion dans la folie. Les bruitages des fruits et des légumes découpés se transmutent en une cacophonie étourdissante. D'un homme pudibond et timoré, Gilderoy se transmue en un être pernicieux, factieux et obséquieux qui hurle son amertume à la face du monde. Vous l'avez donc compris. Berberian Sound Studio est un film éminemment complexe qui exigerait sans doute une analyse beaucoup plus vétilleuse.
En outre, cette oeuvre cinématographique questionne également notre propre rapport entre la fiction et la réalité. 
Or, la frontière entre ces deux notions est souvent imperceptible. Et c'est la douloureuse expérience que va vivre Gilderoy à travers ce tournage aventureux. Evidemment, une telle pellicule s'adresse à des spectateurs chevronnés et exige une certaine clairvoyance pour apprécier les sinuosités d'un tel périple à l'intérieur du psychisme. Parfaitement non notable, donc !

Note :?

sparklehorse2 Alice In Oliver

Missouri Breaks (Nouveau chef d’œuvre pour Arthur Penn)

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Genre : Western (interdit aux moins de 12 ans)

Année : 1976

Durée : 2H01

 

Synopsis : Dans le Montana, David Braxton, un riche propriétaire terrien, est la cible de Tom Logan et de sa bande de voleurs de bétails. Il décide alors de faire appel à un « régulateur » du nom de Robert Lee Clayton pour mettre hors d’état de nuire Logan et sa bande.

 

La critique : 

Arthur Penn est un artiste réputé pour ses westerns véritablement atypiques. On citera par exemple Le Gaucher ou encore Little Big Man. Pourtant, Penn n’a pas toujours fait l’unanimité parmi les fans de westerns. Cela notamment en raison du fait que le réalisateur s’acharne à démystifier le genre et à réinventer ses codes. Penn nous propose une vision à la fois décalée (déjantée même) et sombre des mythes de l’Ouest américain. Missouri Breaks, réalisé en 1976, (alors que le western se meurt) ne fait pas exception à la règle. Attention SPOILERS !
Dans une région du Montana, David Braxton, un grand propriétaire, est devenu la cible favorite d’une bande d’audacieux voleurs de bétails, dirigée par le fanfaron Tom Logan. Braxton fait alors pendre publiquement un des membres de la bande.

Mais cela ne semble pas arrêter les voleurs qui se vengent en lynchant le contremaître du ranch Braxton. Pendant ce temps, Logan se remplit les poches en attaquant un train et décide d’utiliser l’argent pour acheter un petit bout de terrain voisin du ranch Braxton afin d’y bâtir sa ferme. Il commence également à tomber amoureux de la fille de Braxton. Ce dernier, de son côté, a décidé de faire appel à un « régulateur » fantasque du nom de Robert Lee Clayton pour éliminer les voleurs de bétail. Clayton va se montrer de plus en plus envahissant. Il soupçonne rapidement Logan d’être le chef de la bande des voleurs de bétails et il a bien l’intention de le piéger par n’importe quel moyen.
Le scénario nous place donc dans le contexte des guerres entre voleurs de bétails et propriétaires terriens. Ce sujet fut abordé par de nombreux westerns américains.

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Cependant, là ou Penn fait la différence, c’est dans le traitement de cette thématique. Les méchants ne sont pas ici les voleurs de bétails mais des propriétaires toujours plus gourmands, prêts à s’enrichir sur le dos des petits éleveurs et également prêts à tout pour éliminer les « gêneurs ». Le personnage de Logan semble non seulement être visé en tant que voleur, mais également en tant qu’amant de la fille de Braxton. Au final, Penn met en scène les stéréotypes du western classique de façon cynique et parodique pour brosser le portrait de personnages finalement pathétiques.
Le réalisateur enterre en quelque sorte le western. La réalisation est vraiment somptueuse. Penn choisit pour décor la prairie et joue magnifiquement avec les couleurs diaprées de son paysage. Pour un western, le film n’est pas très riche en action pure.

Penn choisit de mettre en place de rares scènes d’action sans effet spectaculaire au sens propre du terme.  On est bien loin des grandes fusillades et des duels au soleil, mais plus proche des meurtres crapuleux en embuscade, des balles tirées dans le dos, des noyades, des incendies meurtriers et des assassinats de victime endormie. Sanglant sur les scènes de meurtres, Missouri Breaks se révèle surtout assez violent par son fond (d’où l’interdiction aux moins de 12 ans).
Cependant, si le film est sombre, il est également teinté d’humour (parfois noir), comme toujours chez Arthur Penn. Mais outre la grande réalisation de Penn, le film repose énormément sur ses acteurs. Jack Nicholson, plus sobre qu’à son habitude (un peu comme dans Chinatown) mais toujours aussi fanfaron, est véritablement excellent dans le rôle de Tom Logan, un voleur de bétail qui perd ses illusions tout au long du film.

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Logan est le héros légitime du film, celui qui éliminera les bad guys (sans véritable panache), mais qui ne repartira pas avec la fille. Une fois encore, Nicholson livre une remarquable prestation même s'il a tendance à se faire éclipser par son partenaire de second rôle, Marlon Brando. En effet, ce dernier se révèle magistral en jouant sur un ton parodique et déjanté un tueur à gages fantasque et sadique. Comme à son habitude, l’acteur n’en fera qu’à sa tête sur le tournage et une grande part de son interprétation tient de l’improvisation. Force est de reconnaître que le résultat est à la hauteur. L’acteur se révèle une fois de plus sensationnel. Au hasard, on citera la scène où, déguisé en bonne femme il fait un carnage en incendiant une maison. Cependant, outre Nicholson et Brando, les acteurs subalternes tirent leur épingle du jeu. Je pense notamment à John McLiam dans le rôle de Braxton.
L’un des autres points forts du film, c’est bien évidemment la superbe partition musicale signée John Williams. Pour le reste le film regorge de quelques détails insolites visant à donner un ton décalé. Missouri Breaks s’impose clairement comme l’un des westerns les plus atypiques du genre au côté d’El Topo, Little Big Man, Le Shérif est en prison, Tire encore si tu peux ou Le Gaucher, entre autres. Le film sera salué par la critique et son débat inspirera quatre ans plus tard Michael Cimino pour La Porte du Paradis. Bref, encore un chef d’œuvre d’Arthur Penn, qui ne plaira pas forcément à tout le monde (notamment les puristes de westerns).             

 

Note : 18/20

vince Vince

Détour Mortel 6 - Last Resort (Juste pour se rincer l'oeil)

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Genre : horreur, gore, érotique (interdit aux - 16 ans)
Année : 2015
Durée : 1h30

Synopsis : Un héritage soudain et mystérieux conduit Danny et ses amis à Hobb Springs, une station oubliée dans les collines de la Virginie-Occidentale. Hobb Springs est sous la surveillance de Jackson et Sally, un couple socialement inadapté qui présente Danny à la famille qu'il n'a jamais connue. Bientôt, Danny est forcé de choisir entre ses amis et sa lignée. 

La critique :

Parmi les franchises horrifiques qui ont marqué les années 2000, la saga Détour Mortel est un concurrent sérieux et hégémonique qui vient carrément contrarier l'omnipotence de Saw et de Hostel, d'autres licences proverbiales. Dès le premier chapitre, réalisé par les soins de Rob Schmidt en 2003, la recette était benoîtement ânonnée. Malicieux, le film jouait habilement avec le gore, le survival et une once de cannibalisme, retrouvant par instant l'érubescence de ces pellicules de jadis.
Par certaines accointances, le concept famélique de Détour Mortel n'était pas sans rappeler la fougue et la virulence de La Colline A Des Yeux (Wes Craven, 1977). Mais le film de Rob Schmidt possède d'autres cordes à son arc. Sur la forme, Détour Mortel s'apparente à un curieux maelström entre Délivrance (John Boorman, 1972) et Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974).

Toutefois, à contrario de ces productions rougeoyantes, Détour Mortel n'a pas pour vocation de se polariser sur la psyché de ses protagonistes ni d'élaborer la moindre diatribe sur notre société hédoniste et consumériste. Le film n'a pas de telles velléités politiques ni idéologiques. Que soit. Le premier film se solde par un succès colossal, surtout par le biais de la vidéo. Hormis le chapitre 2 (Détour Mortel 2 de Joe Lynch en 2007), tous les autres volets de la franchise (Détour Mortel 3, Détour Mortel 4 : Origines Sanglantes et Détour Mortel 5 : les liens du sang) seront réalisés par les soins de Declan O'Brien. Par ailleurs, le cinéaste s'est largement chargé de dévoyer la saga vers d'étranges sinuosités, transformant la franchise en une série anémique.
Impression corroborée par Détour Mortel 3, un épisode d'une rare médiocrité. 

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Avec Détour Mortel 4 : Origines Sanglantes, la franchise oblique encore dans une nouvelle direction. Il n'est plus seulement question de se focaliser sur les activités meurtrières et anthropophagiques d'une bande de dégénérés mentaux, mais aussi de se centrer sur des personnages concupiscents. Une rhétorique adoubée et approuvée par la sortie de Détour Mortel 4. Ce quatrième opus affiche complaisamment des nichons, des filles largement dépoitraillées ainsi que des séquences érotiques. Une façon comme une autre d'appâter un public pré-pubère et en manque de sensations fortes.
Mais après un cinquième chapitre en mode léthargique, Declan O'Brien décide de tirer sa révérence et préfère vaquer à d'autres projets cinématographiques. Que le cinéaste se rassure. Pour Détour Mortel 6 : Last Resort (2015), il est supplanté par une certaine Valeri Milev, par ailleurs inconnue au bataillon.

A l'aune de ce sixième volet, on se demande pourquoi la franchise ne s'est pas transformée en série télévisée, tant le concept, pour le moins obsolète, semble se réitérer à satiété... Inexorablement. 
En l'occurrence, Valeri Milev (mais enfin, qui es-tu ???) n'a pas pour vocation de bousculer les codes de la franchise ni de changer une formule gagnante (?). A l'instar des chapitres 4 et 5, Détour Mortel 6 : Last Resort sera bel et bien un torture porn à consonance érotique.
Reste à savoir si le long-métrage est bel et bien le "naveton" décrié. Réponse dans les lignes à venir... La distribution du film se compose toujours autant de bellâtres et de "never been" condamnés à palabrer dans une production d'une nullité abyssale. En outre, les noms de Sadie Katz, Anthony Llott, Aqueela Zoll, Rollo Skinner, Billy Ashworth, Harry Belcher, Roxanne Pallett et Chris Jarvis risquent de ne pas vous évoquer grand-chose et tant mieux ! 

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Attention, SPOILERS ! Un héritage soudain et mystérieux conduit Danny et ses amis à Hobb Springs, une station oubliée dans les collines de la Virginie-Occidentale. Hobb Spings est sous la surveillance de Jackson et Sally, un couple socialement inadapté qui présente Danny à la famille qu'il n'a jamais connue. Bientôt, Danny est forcé de choisir entre ses amis et sa lignée. A l'aune de ce synopsis, difficile d'être emballé par cet énième chapitre, celui de trop.
Une diatribe que l'on pouvait déjà attribuée aux cinq précédents devanciers. Si Détour Mortel 6 revêt un intérêt particulier, c'est dans le scandale (mais si !) qu'il a suscité, non pas pour ses saynètes anthropophagiques ni pour ses séquences de déshabillage ad nauseam, mais pour une bourde qui a été commise par la production. 

(1) "Il semblerait que le film soit au coeur d'une polémique inédite en Irlande, lorsque la famille de Stacia Purcell, une femme de 66 ans qui avait disparu l'année dernière avant que son corps ne soit retrouvé, a découvert avec effarement une photo de famille de la victime dans le film. Au sein du métrage, elle est présentée comme une disparue de 81 ans, mais évidemment tout cela s'est fait sans la moindre autorisation de ses proches. Du coup, procès pour violation de la vie privée et passage devant le juge" (1). C'est dans ce contexte que Détour Mortel 6 est prestement évincé de toute vente en dvd et de toute diffusion via le streaming. Mais que les thuriféraires de nanardises se rassurent.
Le film est tout de même disponible sur la Toile. Hormis ce coup d'éclat, pas grand-chose à signaler. Cette fois-ci, c'est un jeune homme, Danny, qui hérite d'un château et de son étonnant bestiaire. 

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Dépêché sur place, Danny retrouve promptement les réflexes de ses glorieux ancêtres et se découvre une véritable dextérité pour la chasse. Dès lors, Danny se fourvoie dans l'inceste et la copulation avec sa propre famille et sous les yeux ulcérés de son ex-fiancée. Jamais, un torture porn ne sera autant apparentéà un thriller gore et libidineux. D'ailleurs, l'introduction du film débute sur une séquence "nichons", puis sur une série de batifolages amoureux dans les bois.
Finalement, Détour Mortel 6 pourrait presque être programmé en troisième partie de soirée sur une chaîne quelconque de la TNT parmi les téléfilms nauséeux et érotiques. 
Seule petite digression à signaler. Une fois dans le château, les animosités s'accélèrent... Furibonds, les sociopathes hideux assaillent une jeune femme qu'ils écartèlent minutieusement. Puis c'est un jeune homme barbu et lunetté qui subit les ignominies de notre bande de forcenés, la séquence se concluant par un gigantesque lavement anal, et avec une lance à incendie s'il vous plaît !
Rien que pour ces deux saynètes, Détour Mortel 6 n'a pas usurpé son statut de nanar azimuté ! 
Pour le reste, je préfère ne pas m'exprimer tant cette production suinte l'inanité, la cancrerie et la vacuité. Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout !

Côte :Nanar

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Source : https://www.ecranlarge.com/films/news/933138-scandale-detour-mortel-6-definitivement-retire-de-la-vente

Histoire de la Boxe (Les légendes du noble art)

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histoire de la boxe

Genre : Documentaire

Année : 2005

Durée : 1H24

Synopsis : L’histoire de la boxe poids lourd racontée à travers les plus grands champions et les plus grandes légendes du noble art. De Jack Dempsey à Mike Tyson, en passant par Joe Louis, Rocky Marciano et Mohammed Ali.  

La critique :

L’histoire de la boxe est une histoire véritablement passionnante. Pourquoi ? Parce qu’à bien des moments, elle a dépassé le cadre du sport. Des légendes comme Joe Louis et Mohammed Ali ont réussi à façonner l’histoire et a laissé une empreinte indélébile dans la culture. Attention SPOILERS ! Ce documentaire, intitulé L’Histoire de la Boxe, est également connu sous le nom de Les Légendes de la Boxe. En réalité, le titre peut laisser présager un documentaire très complet. 
Le documentaire débute alors dans les années 20 avec le boxeur Jack Dempsey, souvent considéré comme la première grande star de la boxe. Celui-ci s’empare du titre en 1919 face à Jess Willard dans un combat qui ressemble plus à un massacre puisque Dempsey met son adversaire K.O. au troisième round après l’avoir envoyé 7 fois au tapis.

Face à cette victoire spectaculaire, certains accuseront Dempsey d’avoir dissimulé du plâtre dans ses gants. Dempsey défend son titre face au français Georges Carpentier en 1921. Dempsey semble invincible. Pourtant, il perd son titre en 1926 face à Gene Tunney, le premier boxeur à avoir utilisé un mode d’entraînement scientifique. La revanche a lieu en 1927. L’ancien champion est mis en difficulté par la nouvelle règle qui oblige à retourner dans le coin après que l’adversaire soit allé au tapis. Dempsey parvient à mettre Tunney Knockdown. 
Mais ce dernier se relève et est vainqueur par décision unanime. Par la suite, une nouvelle génération de boxeurs arrivera. Entre autres, le géant Primo Carnera qui sera surtout exploité comme une bête de foire destinée à se faire massacrer par Max Baer, un redoutable puncheur, dans un combat diffusé en accéléré dans les salles de cinéma comme un film comique, tant ce match ressemblait à une rixe de bar et tant la victoire de Baer était écrasante. 

Ce dernier ne tiendra pas son titre de champion du monde et négligera sa carrière. Le documentaire se focalise alors sur Joe Louis, un noir américain qui se confronte à l’ex champion du monde Max Schmeling, l’icône de l’Allemagne Nazie. Le combat a lieu en 1936 en Allemagne. Ce match, c’est aussi l’opposition entre l’Allemagne Nazie et l’Amérique. Louis subit une défaite sévère, il est envoyé au tapis au quatrième round pour être mis K.O. à la douzième reprise.
Louis parvient cependant à devenir champion du monde face à James Braddock en 1937 par K.O. à la huitième reprise. Mais il refuse ce titre tant qu’il n’a pas battu Schmeling. La revanche avec l’allemand a lieu en 1938 et cette fois, Louis détruit Schmeling au premier round. Il entame alors un long règne et devient ami avec Schmeling qui est loin d’être le nazi que la presse voulait décrier. Louis partira  à la guerre au début des années 40.

En 1948, il bat Joe Walcott. Ensuite, il est détrôné en 1949 par Ezzard Charles après presque douze ans de règne (le règne le plus long de l’histoire de la boxe). Charles est à son tour battu par Walcott. Mais ce dernier sera détrôné en 1952 par la nouvelle star, Rocky Marciano. Ce dernier devient très populaire, surtout auprès des blancs américains. Héros de toute une génération, il est réputé pour son grand cœur et son bon vivant mais aussi pour son punch dévastateur. 
Il se retire en 1956 invaincu en 49 combats, dont 43 victoires par K.O. C’est dans les années 60 que la boxe poids Lourds fait à nouveau parler d’elle grâce à l’apparition du légendaire Cassius Clay. Celui-ci s’empare du titre de champion du monde à la surprise générale face à Sonny Liston, qui abandonne au septième round. Il deviendra par la suite Mohammed Ali. Sa revanche gagnée par K.O. au premier round face à Liston sera controversée et accusée d’être truquée.

Ali se fait retirer son titre en 1967 après avoir refusé son incorporation pour la guerre du Vietnam. Il fait son retour en 1970 mais de nouvelles légendes sont apparues. Il échoue pour la première fois face à Joe Frazier, le nouveau champion et un puncheur gaucher acharné. Ce dernier est à son tour détrôné par George Foreman, un redoutable puncheur qui le détruit en 2 rounds, et en l’envoyant 6 fois au tapis. Ali parvient à prendre sa revanche sur Frazier. Ensuite, il récupère son titre en 1974 dans un combat légendaire, par K.O. au huitième round face à George Foreman que l’on disait invincible.
Après Ali, la boxe poids lourd n’intéresse guère le public. C’est alors qu’apparaît Mike Tyson, qui devient à 20 ans et 5 mois, le plus jeune champion du monde de l’histoire des lourds. Il s’empare du titre en 1986 face à Trevor Berbick dans un K.O. spectaculaire au second round.

Tyson n’est certainement pas une légende au même titre que Louis, Marciano ou Ali, mais il devient aussi populaire (voire plus). Il redonne vie à la catégorie des lourds et passionne les foules en s’emparant des ceintures des principales fédérations et en gagnant par des K.O. rapides et particulièrement spectaculaires. 
Cependant, sa carrière est détruite par sa vie privée, ses problèmes de vie conjugale et ses délits. Il touche le fond lorsqu’il est accusé de viol. Après Tyson, la boxe poids lourds ne retrouvera plus la même faveur auprès du public. C’est donc toute cette histoire que raconte en détail ce documentaire passionnant qui n’est cependant pas exempt de défauts.
Par exemple, dans l’histoire des lourds, comment ne pas citer Jack Johnson ou encore Larry Holmes ? Boxeurs auxquels le documentaire ne fait jamais référence. On peut également reprocher des commentaires surprenants, certains visant à entretenir la mauvaise réputation de Mike Tyson, Sonny Liston ou Georges Foreman en se basant sur des anecdotes douteuses ou des rumeurs. De même qu’à un moment donné, Joe Frazier est décrit comme « un fanfaron sur le ring », soit tout le contraire du personnage, justement réputé pour sa modestie. Cependant, dans l’ensemble, Histoire de la boxe reste un bon documentaire assez complet et vraiment passionnant, que soit pour les initiés ou les néophytes.

Note : 15/20

vince Vince


X-Men 2 (Tous les mutants doivent mourir)

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Genre : fantastique, action
Année : 2003
Durée : 2h05

Synopsis : Toujours considérés comme des monstres par une société qui les rejette, les mutants sont une nouvelle fois au centre des débats alors qu'un crime effroyable commis par l'un d'eux relance la polémique autour de l'Acte d'Enregistrement des Mutants et le mouvement anti-mutants, dirigé par l'ancien militaire William Stryker. Quand ce dernier lance une attaque contre l'école de mutants du Professeur Charles Xavier, les X-Men se préparent à une guerre sans merci pour leur survie, aidés de Magnéto, récemment évadé de sa cellule de plastique. Parallèlement, Wolverine enquête sur son mystérieux passé, auquel Stryker, dont on dit qu'il a mené de nombreuses expériences sur les mutants, ne serait pas étranger... 

La critique :

Comme une évidence. Le succès faramineux de X-Men (Bryan Singer, 2000) premier du nom inaugurait une nouvelle didactique dans le cinéma fantastique et d'action, à savoir l'avènement des super-héros au cinéma, que ce soit sous l'égide de Marvel ou de DC Comics. Ces deux firmes omnipotentes sont donc condamnées à se colleter et à se disputer la couronne du box-office américain. Pourtant, après les échecs cuisants de Batman Forever (Joel Schumacher, 1995) et de Batman et Robin (Joel Schumacher, 1997), l'industrie hollywoodienne est en pleine déliquescence.
Les producteurs avides et mercantiles savent qu'ils ne peuvent plus miser inopinément sur des pellicules ineptes et absconses. En ce sens, X-Men constitue un pari périlleux qui doit être à la fois diligenté par un orfèvre de la caméra et un adulateur de comics.

Ce thuriféraire se nomme justement Bryan Singer. Le cinéaste et producteur américain n'a jamais caché sa fascination pour les mutants créés par Stan Lee et Jack Kirby. Par le passé, Bryan Singer s'est déjà illustré avec Ennemi Public (1993), Usual Suspects (1995) et Un Elève Doué (1998). Pour le réalisateur, le premier X-Men constitue une sacrée gageure. Mais le succès colossal du film lui ouvre les portes luminescentes d'Hollywood.
Par la suite, le metteur en scène se verra confier de nombreuses adaptations cinématographiques. Il n'est donc pas surprenant de retrouver Bryan Singer derrière la réalisation de X-Men 2, sorti en 2003. 
Plusieurs scripts sont envisagés. Dans un premier temps, Bryan Singer et ses fidèles prosélytes (David Hayter, Michael Dougherty et Dan Harris en tête) griffonnent un scénario dans lequel il serait question d'un virus capable d'humaniser les mutants. 

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Or, cette première ébauche est prestement évincée mais elle sera néanmoins l'apanage de X-Men 3 : l'affrontement final (Brett Ratner, 2006). Puis, après de longues tergiversations, Bryan Singer et ses ouailles optent pour un méchant humain en la personne de William Stryker. Le scénario de X-Men 2 s'inspire donc librement d'un comic book, X-Men: God Loves, Man Kills (1982) de Chris Claremont. Par la suite, plusieurs mutants notoires de la bande dessinée sont sérieusement envisagés, notamment Angel et Le Fauve. Mais les deux super-héros sont finalement phagocytés en raison du nombre déjà pléthorique de mutants. A l'instar du premier chapitre, X-Men 2 se solde par un immense succès commercial. Les critiques et la presse cinéma se montrent derechef extatiques.
A fortiori, X-Men 2 serait même supérieur à son auguste devancier. Reste à savoir si cette suite mérite de tels dithyrambes.

Réponse à venir dans la chronique...La distribution du film se compose de Hugh Jackman, Patrick Stewart, Ian McKellen, Famke Janssen, Halle Berry, Anna Paquin, James Marsden, Rebecca Romijn, Brian Cox et Alan Cumming. Attention, SPOILERS ! Toujours considérés comme des monstres par une société qui les rejette, les mutants sont une nouvelle fois au centre des débats alors qu'un crime effroyable commis par l'un d'eux relance la polémique autour de l'Acte d'Enregistrement des Mutants et le mouvement anti-mutants, dirigé par l'ancien militaire William Stryker. 
Quand ce dernier lance une attaque contre l'école de mutants du Professeur Charles Xavier, les X-Men se préparent à une guerre sans merci pour leur survie, aidés de Magnéto, récemment évadé de sa cellule de plastique. 

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Parallèlement, Wolverine enquête sur son mystérieux passé, auquel Stryker, dont on dit qu'il a mené de nombreuses expériences sur les mutants, ne serait pas étranger... Indubitablement, Bryan Singer a de grandes ambitions pour ce deuxième volet. Jusqu'ici cantonné dans la présentation et l'exégèse des divers protagonistes, le cinéaste souhaite étayer ses mutants à travers de nouvelles pérégrinations. En l'occurrence, la grande force de X-Men 2 repose sur ses thèses politiques et conspirationnistes, tout en s'inspirant des tares et des carences de notre société contemporaine.
Les mutants ne symbolisent pas seulement cette doxa darwinienne, soit la suite logique de l'évolution humaine. Les créatures représentent également une menace pour le regard malveillant d'une populace xénophobe.

Pour s'entendre, parlementer et se comprendre, mutants et humains doivent se coaliser. Hélas, ce n'est pas l'avis de William Stryker, un militaire chenu qui fait également partie du passé troublé et amnésique de Wolverine. Dès lors, Bryan Singer peut déployer un script un tantinet alambiqué sur plus de deux heures de bobine (deux heures et cinq minutes pour être précis). Ainsi, X-Men 2 démarre en fanfare sous les volées endiablées (c'est le cas de le dire...) de Diablo.
Mais le mutant, en pleine expiation de ses péchés, n'est pas ce renégat qui cherche à occire le Président des Etats-Unis. Ce dernier est l'idiot et l'instrument utile de Stryker, un homme séditieux et prêt à tout pour accomplir sa vengeance. Tel est l'avertissement emphatique du militaire : "Tous les mutants doivent mourir ! Tous !". Corrélativement, Magneto fomente lui aussi un complot depuis sa cellule.

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Le mutant malicieux a bien l'intention de manipuler Stryker et d'intervertir ses vils desseins. Seul le Professeur Xavier peut se servir du Cerebro, une sorte de machine complexe en liaison inhérente avec la conscience et le reste du monde. Prière de bien maîtriser vos pouvoirs psychiques et télékinésiques sous peine d'ébranler la paix mondiale ! Bientôt, ce sont les humains qui sont directement menacés par cette invention technologique. Nonobstant cette histoire un brin nébuleuse, Bryan Singer se polarise également sur ses divers protagonistes.
Ainsi, chaque mutant est ingénieusement exploité. Même les mutants subalternes ne sont pas oubliés. Mention spéciale à Diablo qui vient carrément chiper la vedette à d'autres super-héros moins en verve. C'est par exemple le cas de Malicia et d'Iceberg. Mais un autre personnage va affirmer la quintessence de ses pouvoirs. La magnifique Jean Grey semble appelée à revêtir un autre masque ainsi qu'un autre costume... En l'état, difficile d'en dire davantage, en sachant que la suite des animosités se déroulera dans le troisième volet. Vous l'avez donc compris.
Avec X-Men 2, Bryan Singer franchit une étape supplémentaire, érigeant ses mutants vers de nouvelles tortuosités. Avec un tel réalisateur derrière la caméra, la trilogie est censée se conclure en apothéose. Malencontreusement, Bryan Singer délaissera le professeur Xavier et ses fidèles disciples pour vaquer vers d'autres projets cinématographiques, laissant le soin à Brett Ratner d'entacher durablement la franchise.

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Butch Cassidy et le Kid (La horde sauvage)

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Genre : western

Année : 1969

Durée : 1H46

Synopsis : A l’Ouest au début du vingtième siècle, deux hors-la-loi vont de pillage en pillage et d’exploit en exploit. Ils se font appeler Butch Cassidy et le Kid. Cependant, à force d’attaquer les trains de l’Union Pacific, ils finissent par se mettre à dos Harold Harriman, le directeur de la compagnie. Ce dernier engage alors les traqueurs les plus chevronnés de l’ouest avec pour but de trouver et de tuer les deux bandits.

La critique :

Attention Western Culte, Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill, réalisé en 1969 ! Il faut dire que Roy Hill est un cinéaste à part puisque qu’il fait la jonction entre le vieil et le nouvel Hollywood. Butch Cassidy et le Kid est l’un des westerns qui tire le genre vers sa fin. En réalité, le film est inspiré de l’histoire réelle de Robert Leroy Parker, alias Butch Cassidy et de Harry Longabaugh, alias Sundance Kid. Les deux hors-la-loi sont devenus de véritables légendes de l’ouest américain au même titre que Jesse James ou Buffallo Bill. Attention SPOILERS !
Le film s’ouvre sur un générique qui met en scène un vieux film d’époque reconstituant l’attaque d’un train par Butch Cassidy et le Kid. Butch Cassidy et Sundance Kid forment un duo d’enfer et d’experts en pillage. Butch est le cerveau du duo et ne manque pas d’imagination pour monter des attaques de train ou de banque.

Le Kid, moins bavard, est le bras armé, c’est un as de la gâchette qui fait mouche à chaque coup (il est meilleur en dégainant). Les deux hommes rejoignent leur gang dans la nature. Très vite, Butch expédie une querelle avec un des membres trop gourmand. Par la suite, il accepte l’idée d’attaquer des trains de l’Union Pacific. Les truands, qui évitent les effusions de sang, raflent tous les dollars en passant par le chemin de fer. Tout paraît paradisiaque : de l’argent, de la camaraderie, des filles et surtout l’institutrice du coin (Etta). Pourtant, le bonheur ne dure pas. 
Monsieur Harold Harriman, le chef de l’Union Pacific, las de voir ses trains être les cibles favorites des deux bandits, a décidé d’engager une bande de mercenaires pour éliminer le gang. Certains membres de la bande de hors-la-loi sont abattus, Butch Cassidy et le Kid parviennent à prendre la fuite. 

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Ils traversent les forêts, le désert, les montagnes sans jamais parvenir à semer leurs poursuivants qui sont en fait les plus fins limiers et les plus redoutables shérifs de l’ouest américain. Les deux hommes sont contraints de fuir à New York puis de là, ils vont vers la Bolivie. Ils recommencent leur série de méfaits, mais ils réalisent que leurs poursuivants n’ont pas encore lâché l’affaire. Voilà donc pour le scénario qui reprend les grandes lignes de l’histoire des deux bandits, le tout étant bien évidemment romancé. La réalisation de George Roy Hill est superbe et la mise en scène remarquable. A ce titre, de nombreuses scènes sont devenues cultes. La plus célèbre étant bien sur la balade en bicyclette accompagnée par Raindrops Keep Fallin’ on My Head de Burt Bacharach et Hal David (oscar de la meilleure chanson), et par la réplique de Paul Newman : « Vous êtes sur mon vélo, dans certains pays arabes, c’est comme si nous étions mariés ».

Cependant, on peut également citer la scène des cavaliers sortant du train, les torches des poursuivants luisantes dans la nuit, le saut de la falaise, le voyage à New York et la fusillade finale. Et que dire du générique du départ accompagné par les images d’un vieux film sur les deux hors-la-loi ? Pour information, dans cette introduction, le gang est nommé« La Horde Des Planqués ». En réalité, le nom de la bande de Cassidy était « La Horde Sauvage », mais il a été modifié en raison de la sortie du film éponyme de Sam Peckimpah, prévue trois mois avant.
Hill se dira déçu, estimant qu’il n’a pas pu donner le meilleur de lui-même. En effet, le réalisateur dirigea une grosse partie du film allongé en raison d’une blessure au dos. Cela ne l’empêchera pourtant pas de toucher l’oscar du meilleur réalisateur.

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Si la réalisation est grandiose il faut reconnaître que le film tient surtout et beaucoup sur les épaules de ses deux acteurs principaux. Clairement, Paul Newman et Robert Redford forment un des meilleurs tandems de l’histoire du cinéma. Impossible de ne pas s’attacher à nos deux hors-la-loi rayonnants de sympathie. L’humour du film tient à la prestation des deux interprètes véritablement charismatiques (les dialogues sont irrésistibles). Vous l’aurez compris : le duo fonctionne à merveille. Pour information, des acteurs comme Marlon Brando, Steve McQueen, Dustin Hoffman et Jack Lemmon furent approchés pour les rôles. On peut donc dire que Butch Cassidy et le Kid, tout comme La Horde Sauvage cette année-là, mais dans un genre différent, annonce la fin du western. 
Le film s’assombrit peu à peu, l’humour disparaît au fur et à mesure que le film avance. Ainsi, la fusillade qui voit nos héros suivre un destin similaire à celui de Zapata prend à contrepied la scène de la balade en bicyclette. Pour autant, le film renoue également avec les mythes du genre et fait preuve de nostalgie. La bonne humeur domine les trois quarts de Butch Cassidy et le Kid, sauf le final. Titulaire de quatre oscars, le film sera un grand succès et deviendra culte. Il aura même droit à une préquelle de moindre qualité. Au final, le film s’est imposé comme l’un des meilleurs westerns jamais réalisés. Sorte de révision de Bonnie And Clyde version western, le film a lancé la mode des buddy movies (films ayant pour héros deux copains). Butch Cassidy et le Kid est un chef d’œuvre dramatique bourré d’action, d’humour et de nostalgie. Un des sommets du genre et donc une oeuvre à visionner de toute urgence !

           

Note : 18/20

vince Vince

Crocodile Fury (Mais qu'est-ce que c'est que ça ???)

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Genre : horreur, inclassable
Année : 1988
Durée : 1h25

Synopsis : Dans un petit village de Thaïlande, un monstrueux crocodile dévore un à un les habitants...  

La critique :

Il faut se rendre sur le site Wikipédia (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_films_consid%C3%A9r%C3%A9s_comme_les_pires) pour accéder aux pires films de toute l'histoire du cinéma. Une gloriole attribuée à plusieurs films aux titres souvent évocateurs, et parmi lesquels on trouve Glen or Glenda (Ed Wood, 1953), Robot Monster (Phil Tucker, 1953), Plan 9 From Outer Space (Ed Wood, 1959), The Creeping Terror (Vic Savage, 1964), Turkish Star Wars (Cetin Inanç, 1982), ou encore Le Père Noël contre les Martiens (Nicholas Webster, 1964). En l'occurrence, la première place est souvent attribuée àPlan 9 From Outer Space, àégalité avec Turkish Star Wars (deux nanars azimutés précédemment mentionnés).
Dans le cas éhonté de Plan 9 From Outer Space, cette série Z de science-fiction doit sa réputation de "naveton" avarié en raison de l'utilisation de stock-shots et d'un amateurisme (mise en scène et comédiens inclus) goguenard.

Une première dans le cinéma de science-fiction en particulier et dans le Septième Art d'une façon générale ! Quant àTurkish Star Wars, difficile d'évoquer brièvement une telle fumisterie, le long-métrage pompant allègrement saynètes et musiques de Star Wars, Indiana Jones et même Midnight Express, le tout couronné par l'apparition de momies dégingandées, de cascades effectuées sur des trampolines (hélas visibles à l'écran), ainsi que des gros plans acérés sur le visage ahuri des comédiens. A priori, rien ni personne ne semble en mesure de contrarier l'omnipotence de Turkish Star Wars. Tout sauf quelques nanars sévèrement décérébrés.
Parmi ces rares pellicules à pouvoir prétendre ébranler l'hégémonie de Turkish Star Wars, les thuriféraires de nanardises citeront aisément Dinosaur From The Deep (Norbert Moutier, 1994), Eaux Sauvages (Paul W. Kener, 1979), Clash Commando (Godfrey Ho, 1987), Virus Cannibale (Bruno Mattei, 1980), Ultime Combat (David A. Prior, 1987), ou encore Robo Vampire (Joe Livingstone, 1988).

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Vient également s'ajouter Crocodile Fury, réalisé par Ted Kingsbrook en 1988. En l'occurrence, le film est auréolé par un tournage pour le moins nébuleux. Dans un premier temps et comme le titre l'indique, le métrage est conçu comme un film de crocodile et d'agression animale. Puis, suite à de nombreux atermoiements, une autre pellicule est tournée en parallèle avec des vampires et des zombies. Dans les deux cas, les deux films manquent d'être parachevés. Mais peu importe.
Il faut trouver un réalisateur suffisamment calamiteux pour coaliser les deux longs-métrages sur une seule bobine. Ted Kingsbrook répond doctement à l'appel. Que soit. Selon certaines galéjades, Godfrey Ho aurait lui aussi officié derrière la caméra de Crocodile Fury. Vous l'avez donc compris. Nous sommes bel et bien présence d'une série Z joliment foutraque.

Tel est par ailleurs l'apanage de la firme hongkongaise Filmark, à savoir produire des films "deux en un". La distribution du film obéit elle aussi à la même rhétorique en combinant de façon incompréhensible des acteurs asiatiques et occidentaux, ainsi que de nombreux noms falsifiés. Ainsi, les noms de Kent Wills, Sorapong Chatree, Ernest Mauser, Trudy Calder et Lucas Byrne sont mentionnés par le générique de Crocodile Fury. Le scénario du film brille essentiellement par son amphigourisme. Donc, merci de bien suivre l'exégèse qui va suivre ! Attention, SPOILERS !
(1) Plusieurs petits villages de Thaïlande subissent les assauts répétés de crocodiles envoyés par un Maître aux intentions visiblement obscures. Ce Maître et une sorcière ont pour projet de conquérir le monde en créant une race de vampires (1).

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Un villageois, Jack, comprend que sa femme a été réincarnée en crocodile. Pour rompre le charme, il doit tout d'abord se colleter avec plusieurs reptiles et déjouer les vils desseins de la sorcière. Corrélativement, un mercenaire tente à son tour d'affronter le maître thaïlandais. Pour y parvenir, il devra affronter une armée de zombies et de vampires. Vous n'avez absolument rien pigéà ce synopsis ? Rassurez-vous, c'est normal ! Bienvenue dans Crocodile Fury !
Dans un premier temps, comment ne pas s'attarder, quelque peu, sur l'affiche délicieusement outrageante du film ? Sur cette oriflamme, apparaît en premier plan un énorme saurien tortorant une nageuse savamment dépoitraillée. Au second plan, c'est un homme musculeux et robuste qui arbore une mitrailleuse. Voilà pour les inimitiés !

Même les adulateurs de nanars et de pellicules écervelées risquent d'être sérieusement décontenancés par le prosaïsme de Crocodile Fury ! Pour les néophytes, merci de quitter leur siège ou alors, merci de prendre plusieurs Efferalgans au risque d'être victimes de céphalées ! Car Crocodile Fury ne se refuse aucune excentricité. Chaque saynète, aussi funambulesque soit-elle, est immédiatement suivie par une autre séquence encore plus absurde !
Il ne serait donc pas étonnant que Godfrey Ho, réputé pour sa cancrerie légendaire, se soit invité parmi les inimitiés ! Rien que pour ses 45 premières minutes en fanfare (et le mot est faible...), Crocodile Fury justifie son visionnage. Pour les amateurs des productions Asylum et leurs requins gargantuesques réalisés en images de synthèse, merci de phagocyter vos références !

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Car Crocodile Fury estourbit la concurrence avec une étonnante désinvolture ! Ainsi, les 45 premières minutes s'apparentent à un carnage perpétuel dans lequel un crocodile en plastique et à l'appétit pantagruélique massacre et dévore les habitants d'une petite communauté. Première question : pourquoi les villageois restent-ils, sans sourciller, au bord de l'eau, à admirer les prouesses carnassières du saurien ? Pourquoi diable ces mêmes villageois ne prennent-ils pas la poudre d'escampette ? A ces questions, peu ou prou de réponse. Et pas la peine de chercher la moindre logique ni cohérence àCrocodile Fury ! Excentrique, le film met en exergue un reptile qui vole, saute dans les airs à plusieurs mètres de hauteur et manque de se casser en deux à chaque fois qu'il attrape une pauvre victime d'infortune. Visiblement, la créature est malhabilement activée par des techniciens avinés. 

Sur ce dernier point, le long-métrage accumule toutes les extravagances, "le réalisateur" poussant le vice jusqu'à faire plonger un jeune nageur directement dans la gueule du crocodilien ! A contrario, cette série Z perd peu à peu de sa fougue et de son irrévérence dans sa dernière partie. En réalité, il s'agit du deuxième film... Ou lorsque Crocodile Fury se transmute promptement en film de vampires et de zombies... La pellicule devient alors beaucoup plus prolixe et fastidieuse. 
Pour le reste, Crocodile Fury possède suffisamment d'arguties dans sa besace pour contrarier la suprématie arrogante de Turkish Star Wars. Avec quelques stock-shots supplémentaires et une musique cacophonique et assourdissante, Crocodile Fury aurait pu prétendre à revêtir durablement la couronne détenue par le Star Wars à la sauce kebab. Mais que Ted Kingsbrook et Godfrey Ho se rassérènent. Parmi les séries Z azimutées, Crocodile Fury tient une place prééminente et fait désormais partie des classiques incontournables.

Côte :Nanar

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(1) Synopsis du film sur : http://salerepugant.canalblog.com/archives/2014/06/18/30100762.html

Prochainement sur Cinéma Choc

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Comme l'indique le titre de ce nouvel article, voici sans plus attendre les films à venir dans les prochains jours, prochaines semaines et prochains mois sur Cinéma Choc. Pour chaque film, j'ai précisé quel serait l'intitulé de la chronique entre parenthèses.

 

Aliens Vs. Predator : Requiem (Alien et Predator chez les ploucs)
L'Aventure du Poséidon
(Insubmersible qu'ils disaient...)

The Babysitter (La fiancée du Diable)

Castle Freak ("Il n'y a rien de pire que de perdre un enfant")

Daddy's Little Girl - 2012 (Les 6 jours du Talion)
Délivrance
(Et au milieu coule une rivière)
La Dernière Maison sur la Gauche
- 1972 (Un petit détour dans les bois)

L'Eventreur de New York (Un désaxé se promène dans les rues de New York)

Faces of Death 4 (Diaporama sur la mort)
Fortress
- 1993 (Maintenir l'équilibre démographique)
Fou A Tuer - En Pleine Possession de ses Moyens ("Tuer, c'est ma drogue, mon opium, mon idée fixe !")
La Fureur de Vivre
(Les dégonflés du volant)

Ghost Dog - La Voie du Samouraï ("La fin est importante en toute chose")
Les Granges Brûlées (Simone Signoret, la matriarche)

Haute Tension ("Je ne laisserai plus jamais personne se mettre en nous !")
Highlander - 1986 (A la fin, il ne peut en rester qu'un)
L'Honneur du Dragon (Mais rendez-lui ses éléphants !)
The Horseman - 2008 (J'irai cracher sur vos tombes !)

I'll Never Die Alone (I Spit On Your Grave version ibérique)

Jeepers Creepers 3 (Tous les 23 ans et durant 23 jours, "il" mange...)

King Kong - 2005 (Le colosse de Skull Island)

Live Feed (L'abattoir humain)

La maison au fond du parc ("The last house on the left")
Million Dollar Baby
(Partir dans la pénombre)
Mondwest
(Les machines au service de l'homme)
Le Monstre des Temps Perdus (Retour à l'ère paléontologique)

Phénomènes - 2008 (Tu le veux ton film de merde ?)
La Planète des Singes
- 2001 (Les origines de la planète des singes)

Red Inc (Thomas Reddmann, chasseur de têtes)
Rencontres du Troisième Type
(Ufologie et métaphysique)

Secteur 7 (Entre Abyss et Alien, comme c'est original n'est-ce pas ?)
The Strangers - 2016 (Un vrai moment de terreur)

The Untold Story - 1993 (Vous reprendrez bien un peu de barbaque ?)

Violent Shit - 1989 (Non, ce film n'est pas un snuff movie)

The Walking Dead - Saison 3 (Le chaos règne sur le monde)
The Walking Dead - Saison 7 (Perdre son humanité ou mourir)
We Are What We Are ("Tout est pardonnable aux yeux de Dieu")

Zombie Ass : Toilet of the Dead (Des parasites et d'autres flatulences)

 

La Dernière Maison sur la Gauche - 1972 (Un petit détour dans les bois)

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Genre : horreur, gore, slasher, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 1972
Durée : 1h21

Synopsis : Les Collingwood possèdent une maison isolée, sur les berges d'un paisible lac. Leur fille, Mari, et sa copine Paige ne vont pas tarder à se faire enlever par un psychopathe évadé, Krug, sa compagne Sadie, son frère Francis et son fils, Justin. Laissée pour morte, Mari tentera de rejoindre à la nage la demeure familiale, sa dernière chance de survie. 

La critique :

A tort, La Dernière Maison sur la Gauche, réalisée par Wes Craven en 1972, est considérée comme le tout premier rape and revenge. Pourtant, à l'origine, le long-métrage est le remake de La Source (1960) d'Ingmar Bergman. Nébuleux, le film originel propose un voyage aux contrées des ténèbres. Or, ce crépuscule ne vient pas se nimber de décors ombrageux et n'a pas d'aspérités ténébreuses. A contrario, le "mal" se produit au coeur d'une forêt et au sein d'une nature primordiale. Ou lorsque les pulsions satyriasiques d'une bande de tortionnaires retrouvent leur archaïsme bestial et primaire lors d'une agression sur une adulescente. Or, le viol et les diverses impudicités se déroulent à la lisière d'une rivière. Cette source constitue l'autre personnage prééminent du film.
Dès lors, La Source s'auréole de symboliques mortifères criant haro et vengeance sur ces agresseurs haillonneux.

De surcroît, le film se veut éminemment complexe, la forêt devenant à son tour un protagoniste mystique et métaphysique à part entière. Wes Craven admire et encense cette pellicule inconvenante. La Source devient alors l'ancêtre du rape and revenge puisque le cinéaste souhaite adapter cette histoire via un remake. Ce sera La Dernière Maison sur la Gauche. Ironie du sort. A l'orée des années 1970, le métrage de Wes Craven se transmute en une production impudente et iconoclaste qui vient sonner le tocsin de la révolution sexuelle, culturelle et sociologique dans le monde occidental.
La guerre du Vietnam et le scandale du Watergate, entre autres, deviennent les nouvelles cibles d'une jeunesse à la fois insoumise, dissidente, pacifiste et hédoniste en pleine rémission contre le système protectionniste et patriarcal de jadis.

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En l'occurrence, La Dernière Maison sur la Gauche constitue aussi le tout premier long-métrage de Wes Craven, encore étudiant à l'époque. Matois, le jeune cinéaste requiert la dextérité et l'érudition de Sean S. Cunningham à la production. Ce dernier l'ignore encore. Mais dix ans plus tard, il revêtira les oripeaux de Vendredi 13 (1980) et proposera un slasher délicieusement érubescent, dans la lignée et la foulée d'Halloween, la nuit des masques (John Carpenter, 1978).
Par la suite et à l'instar de John Carpenter, Wes Craven s'arrogera la couronne du maître de l'épouvante via plusieurs pellicules notoires, notamment La Colline A Des Yeux (1977), Les Griffes de la Nuit (1984) et la saga Scream. Quant àLa Dernière Maison sur la Gauche, le film ouvre la boîte de Pandore et inspire de nombreux succédanés.

Que ce soit Crime à Froid (Bo Arne Vibenius, 1974), Le dernier train de la nuit (Aldo Lado, 1975), La Louve Sanguinaire (Rino Di Silvestro, 1976), Oeil pour Oeil (Meir Zarchi, 1978), ou encore L'Ange de la Vengeance (Abel Ferrara, 1981), toutes ces productions marqueront durablement les persistances rétiniennes et s'octroieront le statut de film culte. Evidemment, La Dernière Maison sur la Gauche n'échappe pas à une telle rhétorique. D'autant plus que le long-métrage de Wes Craven suscite la polémique, les invectives et les controverses.
Souvent considéré comme l'un des films les plus violents de toute l'histoire du cinéma, La Dernière Maison sur la Gauche devient la production à abattre. Le métrage écope d'une interdiction d'exploitation au Royaume-Uni. 

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Wes Craven doit également supporter les invectives et les anathèmes. Il lui faudra cinq longues années avant de rebondir. Mais le cinéaste n'en a cure. Toutes ces saillies ne l'empêcheront pas de réaliser une autre pellicule âpre, violente et condescendante : La Colline A Des Yeux. Ironie du sort, La Dernière Maison sur la Gauche connaîtra à son tour un remake éponyme en 2009, réalisé par Dennis Iliadis et produit par les soins de Wes Craven qui souhaite superviser les opérations.
La distribution de cette première version se compose de Sandra Cassel, Lucy Grantham, David Hess, Fred J. Lincoln, Jeramie Rain et Marc Sheffler. A noter aussi l'apparition furtive de Steve Miner, le futur réalisateur de Warlock (1989), dans le rôle d'un hippie. Attention, SPOILERS ! Les Collingwood possèdent une maison isolée, sur les berges d'un paisible lac.

Leur fille, Mari, et sa copine Paige ne vont pas tarder à se faire enlever par un psychopathe évadé, Krug, sa compagne Sadie, son frère Francis et son fils, Justin. Laissée pour morte, Mari tentera de rejoindre à la nage la demeure familiale, sa dernière chance de survie. Pour ceux et celles qui ont eu l'heur de visionner le film d'Ingmar Bergman, ils ne seront pas surpris par cette exégèse. En outre, le synopsis de La Dernière Maison sur la Gauche est peu ou prou analogue.
Seule différence et pas des moindres. L'histoire qui nous est contée serait inspirée de faits réels. Une information à minorer et à mettre au conditionnel. A l'époque, le public ulcéré n'a pas encore assisté aux élucubrations de Tobe Hooper et de son Massacre à la Tronçonneuse (1974). Les spectateurs sont donc priés de scruter au plus près une violence sournoise et irrévocable.

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Paradoxalement, La Dernière Maison sur la Gauche adopte, en concomitance, un ton truculent et bucolique. Cette goguenardise s'affiche complaisamment lorsque le film se hasarde à montrer les péripéties de deux flics en déveine. Corrélativement, le long-métrage prend des allures pastorales lorsque les animosités se déroulent au coeur d'une forêt. Deux jeunes femmes, Mari et Phyllis, deviennent les victimes atrocement torturées, violées et suppliciées par une bande de tortionnaires.
En insurrection, Wes Craven s'attarde longuement sur les inimitiés et sur une suite d'agapes et de priapées. La première partie du film se veut résolument âpre et rédhibitoire. Hélas, Mari et Phyllis n'échapperont pas à un sort funeste. L'eau et la nature environnante deviennent aussi des éléments centraux et prédominants dans cette série de sadismes et d'ignominies.

Puis, dans la seconde partie, Wes Craven varie les belligérances. Cette fois-ci, la didactique tend à s'inverser. Le hasard vient se mêler aux hostilités. Contre toute attente, notre bande de forcenés atterrit dare-dare dans la demeure opulente des parents de Mari. Le couple de bourgeois comprend rapidement le subterfuge et applique une justice expéditive. A leur tour, les parents cossus adoptent des comportements sociopathiques. Ingénieux, Wes Craven invite le spectateur à prendre parti pour cette justice inique et impartiale qui se terminera dans la mort, la putréfaction et le sang. 
Si La Dernière Maison sur la Gauche a bien souffert du poids des années, le film reste néanmoins d'une étonnante impertinence. Pour triompher de ses convives psychopathiques, la mère de Mari s'agenouille et lèche langoureusement le sexe ithyphallique de sa future victime. Une séquence qui se parachèvera par une émasculation... In fine, La Dernière Maison sur la Gauche, c'est cette confrontation entre une jeunesse violente et eudémoniste et cette société patriarcale appelée à péricliter. A l'image de ce père pleutre et débonnaire qui aura toutes les peines du monde à se débarrasser du chef de la bande. Sous ses faux airs de slasher désargenté, le film tient bien un message radical, idéologique et sociétal. Cependant, difficile de ne pas pester ni clabauder après cette mise en scène prosaïque et rudimentaire qui ne manquera pas d'effaroucher les cinéphiles plus avisés.
Pour une fois, le remake est arrivéà point nommé...

Note : 14/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

The Horseman - 2008 (J'irai cracher sur vos tombes !)

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Genre : action, thriller (interdit aux - 16 ans)
Année : 2008
Durée : 1h36

Synopsis : Traumatisé par la mort de sa fille victime d'une overdose, Christian découvre une vidéo pornographique dans laquelle cette dernière est présente tout en étant droguée. Il cherche alors à se venger en tuant tous ceux qui se rattachent à cette vidéo. En même temps, il rencontre une adolescente qu'il prend en stop. 

La critique :

Les thèmes de la vengeance et de la loi du Talion ont toujours inspiré le noble Septième Art. Que soit sous l'égide de Sam Peckinpah (Les Chiens de Paille, 1971) qui abhorre cette pulsion virulente et inhérente à la condition humaine, sous la férule de Park Chan-Wook (Old Boy, 2003 et Lady Vengeance, 2005), ou encore sous le regard avisé de James Wan (Death Sentence, 2007), la vengeance constitue, la plupart du temps, l'apanage du cinéma d'action.
De temps à autre, cette thématique se pare de velléités science-fictionnelles (V pour Vendetta, James McTeigue, 2005) et même d'aspérités horrifiques (Phantom of the Paradise, Brian de Palma, 1974). Bref, la vengeance reste une thématique oecuménique et intemporelle qui continue d'alimenter la controverse. On pouvait donc légitimement se demander de quelle manière The Horseman, réalisé par les soins de Steven Kastrissios en 2008, allait agrémenter cette même thématique.

D'autant plus que le long-métrage n'a pas bénéficié d'une exploitation dans les salles obscures et a dû se contenter d'une sortie furtive dans les bacs à dvd. Visiblement, The Horseman semblait condamnéà croupir dans les méandres de la fastidiosité. Sauf que... le film a eu l'occasion de s'illustrer dans divers festivals. S'il n'a obtenu aucune récompense, il a laissé, à l'inverse, un souvenir indélébile auprès du public et de critiques unanimement panégyriques.
Reste à savoir si cette oeuvre vindicative mérite de telles flagorneries. Réponse à venir dans la chronique... De surcroît, Steven Kastrissios est lui aussi inconnu au bataillon. Il faut se rendre sur le site IMDb (source : http://www.imdb.com/name/nm2704895/) pour obtenir quelques informations élusives sur ce metteur en scène.

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A priori, The Horseman constitue sa toute première réalisation. Depuis, Steven Kastrissios s'est montré plutôt discret. Le cinéaste a effectué un retour impromptu récemment avec la sortie de Badlands en 2017. A fortiori, Steven Kastrissios n'est donc pas un auteur prolifique. Mais ne nous égarons pas et revenons à la distribution de The Horseman. Cette dernière se compose essentiellement d'acteurs méconnus du grand public. Donc, si quelqu'un connaît les noms de Peter Marshall, Caroline Marohasy, Brad McMurray, Jack Henry, Evert McQueen, Christopher Sommers, Bryan Probets, Steve Tandy et Chris Betts ; merci de me téléphoner de toute urgence !
Mais trêve de plaisanterie et place à l'exégèse du film. En outre, le synopsis du long-métrage est plutôt laconique et tient sur trois petites lignes.

Attention, SPOILERS ! Alice rencontre Christian qui la prends en stop et ils décident de faire un bout de chemin ensemble. Ce qu'Alice ignore, c'est que Christian est à la recherche des membres d'une équipe de tournage de film X, à la suite duquel sa fille décéda d'une overdose. Ils se retrouvent alors pris dans une spirale de violence que personne ne pourra arrêter. A l'aune de cette exégèse, rien ne distingue The Horseman de la litanie de vigilante movies qui sortent à profusion dans les bacs à DTV (direct-to-video). A fortiori, la pellicule de Steven Kastrissios n'est qu'un nouveau succédané d'Un Justicier dans la Ville (Michael Winner, 1974) et d'A Vif (Neil Jordan, 2007).
La question consiste donc à se demander comment The Horseman va parvenir (ou non)  à renouveler un sujet à la fois spinescent et rébarbatif. Sur le fond, aucunement. 

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Pourtant, en dépit d'évidentes apparences, The Horseman renvoie, avec une aisance déconcertante, toute cette concurrence pléthorique dans ses pénates. Prière de phagocyter toute idéologie politique et idéologique, comme c'était parfois le cas dans A Vif et Un Justicier dans la Ville, au profit d'une production qui se veut être le plus réaliste possible. Par certaines accointances, The Horseman n'est pas sans rappeler la brutalité, l'impartialité et l'âpreté de Dead Man's Shoes (Shane Meadows, 2004). Toutefois, le film de Steven Kastrissios n'a pas vraiment pour vocation de présenter longuement ses divers protagonistes via une introduction cérémonieuse.
Ainsi, les premières minutes du film placent immédiatement les belligérances au coeur de l'intrigue. Un quinquagénaire et père de famille, Christian, est sur la piste de ceux qui ont participé de près ou de loin au meurtre de sa fille.

Aux dernières nouvelles, cette dernière officiait sur le tournage d'un film pornographique. Sous l'effet de substances illicites et après avoir subi de nombreuses impudicités, la jeune femme succombe. Son corps tuméfié git quelque part dans la pénombre. Bien triste oraison funèbre. Contrairement aux héros invincibles habituels, Christian est un homme simple et avant tout un père éploré par la mort de sa fille. Pour lui, ses actions spectaculaires sont censées corroborer sa soif inextinguible de vengeance. Or, à chaque nouvel endroit, à chaque nouvelle victime (par ailleurs atrocement suppliciée), la réponse est toujours analogue. Personne n'a forcé la fille de Christian à se droguer et à participer au tournage d'un film pornographique. Corrélativement à cette débauche de violence, se posent donc les questions de la responsabilité et de la culpabilité.

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Comment Christian a-t-il pu laisser sa fille s'escarper du domicile familial et tomber entre les mains de vils proxénètes ? De facto, n'est-il pas lui aussi responsable de sa mort et de cette lente déréliction ? Autant d'interrogations qui se posent en filigrane. En dépit de ce cheminent inextricable et à vocation meurtrière, Christian arbore un visage humain. De facto, le spectateur est priéà prendre fait et cause pour ce patriarche contristé. A contrario, Christian remet parfois en cause ce parcours escarpé, surtout lorsqu'il entraîne - malgré lui - une certaine Alicia, une jeune femme du même âge que sa fille. Voilà pour l'ensemble des inimitiés ! Vous l'avez donc compris.
Personne ou presque n'attendait The Horseman. Et pourtant le film de Kastrissios remplit doctement son office et n'a pas à rougir de la comparaison avec les grands classiques du vigilante movie. Brutal, sanglant et viscéral, le film de Steven Kastrissios ne fait pas vraiment dans la demi-mesure et s'adresse, par conséquent, à un public averti. Surtout dans sa dernière partie en mode apocalyptique. Même les acteurs, en particulier Peter Marshall (dans le rôle de Christian), resplendissent devant la caméra rougeoyante de Steven Kastrissios. Malicieux, le cinéaste adopte un ton quasi documentaire et agrémente sa pellicule de teintes vespérales. Seul petit bémol, The Horseman reste d'une étonnante frugalité narrative. Le film n'ébranlera donc pas l'hégémonie imposée par Shane Meadows et son Dead Man's Shoes, mais c'est vraiment histoire de ratiociner...

 

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Live Feed (L'abattoir humain)

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Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 2006
Durée : 1h17

Synopsis : Un groupe de cinq amis (trois filles et deux gars) connaissent quelques péripéties lors d'un voyage en Asie. Alors qu'ils sont à l'intérieur d'un bar de danseuses, l'un d'entre eux passe près de se faire tirer par un chef de gang. Quelque peu ébranlé, le groupe se dirige ensuite vers un cinéma pour adultes. La cocaïne est alors au rendez-vous et le désir sexuel de certains d'entre eux atteint des sommets. Cependant, l'endroit est crasseux et n'est pas ce qu'il y a de plus invitant pour s'envoyer en l'air. Un couple du groupe se loue une chambre spécifiquement pour la chose. Lorsqu'ils se rendent enfin compte de la véritable nature de l'endroit, il est déjà trop tard.  

La critique :

Réalisateur, scénariste et producteur, Ryan Nicholson n'a jamais caché sa fascination pour le cinéma trash, gore et extrême. En outre, le cinéaste américain affectionne tout particulièrement le cinéma indépendant et ses pellicules impécunieuses. Sa carrière cinématographique débute vers le milieu des années 2000 avec Torched (2004), un premier film qui signe immédiatement de réelles dispositions pour l'horreur et ses fantaisies érubescentes.
Impression corroborée par ses longs-métrages suivants, notamment Gutterballs (2008) qui reste son oeuvre la plus proverbiale, mais aussi Necrophagia : Nightmare Scenarios (2004), La Petite Mort (2009), Hanger (2009), Star Vehicle (2010), Famine (2012), Blood Valley : Seed's Revenge (2012) et Collar (2014). Vient également s'ajouter Live Feed, sorti en 2006.

A l'époque, ce troisième long-métrage profite du succès pharaonique de Saw (James Wan, 2004) et Hostel (Eli Roth, 2006). 
Les deux pellicules initiées par James Wan et Eli Roth signent le grand retour du torture porn, un registre pornographique qui avait déjà connu son apogée durant les années 1970, avec plusieurs cinéastes notoires, entre autres Tobe Hooper (Massacre à la Tronçonneuse, 1974) et Wes Craven (La Dernière Maison sur la Gauche en 1972 et La Colline A Des Yeux en 1977). A travers Live Feed, Ryan Nicholson réalise son "Hostel"à lui puisque le film renâcle, sans ambages, du côté de ce torture porn produit par Quentin Tarantino.
Mais que Ryan Nicholson se rassérène. 
D'autres réalisateurs opportunistes tenteront de réitérer les mêmes fulgurances rougeoyantes. 

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Que ces films se nomment Wolf Creek (Greg McLean, 2006), Hoboken Hollow (Glen Stephens, 2006), ou encore Borderland (Zev Berman, 2008), tous tenteront de marcher dans le sillage et le continuum d'Hostel premier du nom. De facto, Live Feed doit donc se colleter avec une concurrence pléthorique. A travers cette nouvelle production fauchée comme les blés, Ryan Nicholson va-t-il parvenir à impacter durablement les persistances rétiniennes ? Réponse à venir dans la chronique.
En l'occurrence, le cinéaste n'a jamais été réputé pour sa bienséance ni pour faire dans la dentelle. A l'instar de Torched, son tout premier film, Live Feed n'a pas pour vocation de verser dans la pudibonderie ni dans les règles de convenance. Tel 
est par ailleurs l'apanage de Ryan Nicholson. En outre, la distribution du long-métrage risque de ne pas vous grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Kevan Ohtsji, Taayla Markell, Stephen Chang, Colin Foo, Greg Chan et Rob Scattergood ; mais j'en doute...

Attention, SPOILERS ! (1) Un groupe de cinq amis (trois filles et deux gars) connaissent quelques péripéties lors d'un voyage en Asie. Alors qu'ils sont à l'intérieur d'un bar de danseuses, l'un d'entre eux passe près de se faire tirer par un chef de gang. Quelque peu ébranlé, le groupe se dirige ensuite vers un cinéma pour adultes. La cocaïne est alors au rendez-vous et le désir sexuel de certains d'entre eux atteint des sommets. Cependant, l'endroit est crasseux et n'est pas ce qu'il y a de plus invitant pour s'envoyer en l'air. Un couple du groupe se loue une chambre spécifiquement pour la chose. 
Lorsqu'ils se rendent enfin compte de la véritable nature de l'endroit, il est déjà trop tard (1). A l'aune de cette exégèse, difficile - encore une fois - de ne pas songer àHostel. Seul menu détail, les animosités ne se déroulent plus dans une ville fictive de l'Europe de l'Est, mais quelque part en Asie. 

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Pour le reste, Live Feed suit le même didactisme rédhibitoire. Suite à une rixe dans un bar, plusieurs étudiants tentent d'oublier ce petit incident en allant copuler dans un cinéma pornographique (je renvoie au synopsis). Mais l'endroit est diligenté par la mafia locale. Des clients opulents et peu scrupuleux sont prêts à débourser leur pécune pour assister béatement à des séances de mutilations, de tortures, d'agapes et de priapées. Hagards, Miles, son énamouré et le reste de la bande ne sont pas au bout de leurs surprises. Une fois sur place, ils doivent se démancher avec une sorte de bibendum de plus de deux mètres sévèrement cagoulé. Après avoir subi tout un tas d'ignominies et d'impudicités, leurs corps et leur chair sont précautionneusement découpées pour être ensuite revendus par un boucher peu amène. Tel est le sort mortifère et peu enviable qui les attend.

Vous avez baillé durant cette longue exégèse ? Rassurez-vous, c'est normal ! Bienvenue dans Live Feed ! A aucun moment, le film de Ryan Nicholson ne parvient à faire sourciller la concurrence. Eli Roth et ses fidèles prosélytes peuvent dormir tranquillement sur leurs deux oreilles tant Live Feed brille par sa vacuité, son amateurisme et son inanité. Pour le spectateur avisé, il faudra faire preuve de longanimité et patienter un long moment avant de voir une première séquence de débauche.
Ainsi, la première partie du film s'apparente à une longue exhibition des divers protagonistes. Hélas, et vous vous en doutez, ces derniers ne présentent aucun intérêt. En outre, il faudra donc se contenter de protagonistes libidineux qui ne pensent qu'à coïter. 
A contrario, Live Feed retrouve un peu de fougue et de virulence lorsque Ryan Nicholson décide enfin à passer aux inimitiés.

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Côté boucherie et autres réjouissances, Live Feed n'a rien à envier àHostel et à ses nombreux succédanés. Au détour d'une saynète élusive, c'est un ophidien qui est dissimulé, via un tube transparent et opaque, dans la cavité buccale d'une pauvre mijaurée. D'emblée, on reconnaît le style atypique (et amateur) de Ryan Nicholson. On relève donc de nombreuses digressions et ellipses au niveau scénaristique. Même remarque concernant la mise en scène, d'une frugalitéétonnante.
Concernant les effets spéciaux, là aussi, il faudra faire preuve de tolérance et de circonspection. Si un certain effort a été déployé au niveau des maquillages et des effets spéciaux, certaines tortures laissent sacrément à désirer. A l'image de toutes ces têtes en plastique savamment sectionnées. Faute de budget, Ryan Nicholson utilise essentiellement des prothèses. Difficile de ne pas percevoir la plasticité ainsi que la sobriété des turpitudes perpétrées. Finalement, Ryan Nicholson est égal à lui-même et verse arrogamment dans la série B écervelée. C'est tout ce qu'il y a à retenir de Live Feed.
Sans sa deuxième partie, par ailleurs en apothéose, le film aurait sans doute sombré dans les méandres de la fastidiosité et échappe de justesse à la mention "naveton" avarié.

 

Note : 06.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : http://www.horreur-web.com/livefeed.html

 

 


Haute Tension ("Je ne laisserai plus jamais personne se mettre en nous !")

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Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 2003
Durée : 1h31

Synopsis : Marie, une étudiante de vingt ans, révise ses examens dans la ferme isolée des parents de sa meilleure amie. En l'espace d'une nuit, un tueur, qui ignore son existence, assassine à tour de rôle les membres de cette famille... 

La critique :

Le cinéma français n'a jamais montré de réelles aspérités pour le registre horrifique. Seuls George Franju (le magnifique et onirique Les Yeux Sans Visage en 1960) et Jean Rollin (La Vampire Nue, Le frisson des vampires, Lèvres de sang, Les raisins de la mort, La Nuit des traquées...) ont attesté de réelles dispositions pour le genre épouvante. Par la suite, il faudra faire preuve de longanimité et patienter jusqu'à la fin des années 1990 pour voir poindre, de nouveau, le registre horrifique dans nos contrées hexagonales. Ainsi, des productions putassières telles que Promenons-nous dans les bois (Lionel Delplanque, 1999) et Brocéliande (Doug Headline, 2002) marchent directement dans le sillage et le continuum de Scream (Wes Craven, 1996) et Le Projet Blair Witch (Daniel Myrick et Eduardo Sanchez, 1999). Hélas, la comparaison avec ces grands classiques de l'épouvante s'arrête bien là.

Verdict : le cinéma d'horreur français ne convainc pas et n'ameute pas spécialement les foules dans les salles. Le chef d'oeuvre putride et méphitique de George Franju (donc Les Yeux Sans Visage... Bis repetita...) fait figure d'exception. Exception qui confirme la règle. Matois, Alexandre Aja, le fils d'Alexandre Arcady, aspire à intervertir cette didactique. Dans les années 1980, Alexandre Aja épouse une carrière d'acteur éphémère via des rôles subsidiaires dans les films de son paternel, notamment dans Le Grand Pardon (1982), Le Grand Carnaval (1983), L'Union Sacrée (1989) et Le Grand Pardon 2 (1992). Puis, Aja se tourne vers le court-métrage et signe sa toute première réalisation, Over the Rainbow (1997), avec la collaboration de Grégory Levasseur.
Présenté dans divers festivals, cette comédie dramatique teintée d'épouvante et d'érubescences attise immédiatement la curiosité et même un certain enthousiasme. 

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Alexandre Aja et Grégory Levasseur n'ont jamais caché leur fascination pour l'horreur à l'ancienne. C'est dans ce contexte qu'ils imaginent, ratiocinent et griffonnent un script assez laconique sur deux jeunes femmes claustrées dans une maison, puis assaillies par un tueur sanguinaire. Ce sera Haute Tension, sortie en 2003. Le long-métrage est conçu comme une sorte d'hommage et de bréviaire à toutes ces productions rougeoyantes des années 1970, entre autres Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), Délivrance (John Boorman, 1972) et La Colline A Des Yeux (Wes Craven, 1977).
Le film a également pour vocation de réveiller un cinéma d'horreur français apathique, voire même d'ébranler le diktat imposé par l'industrie hollywoodienne et sa panoplie et de slashers, de torture porn, de préquelles et de remakes.

Hélas, Haute Tension se soldera par un bide commercial en France. Que soit. Le métrage se distingue dans divers festivals. Il remporte le Grand Prix du film fantastique européen, ainsi que les prix du meilleur réalisateur et des meilleurs maquillages (pour Giannetto De Rossi) lors du Festival international de Catalogne en 2003 (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Haute_Tension_(film,_2003). De surcroît, le film d'Alexandre Aja n'est pas sans raviver l'intérêt de certains producteurs américains. Par la suite, le cinéaste s'expatriera chez l'Oncle Sam pour réaliser des projets beaucoup ambitieux et dispendieux, notamment le remake éponyme de La Colline A Des Yeux en 2006 et Piranha 3-D (2010). Pour Alexandre Aja, Haute Tension constitue et restera une étape prééminente dans sa carrière prolifique. Conjointement, cette oeuvre gore et horrifique inspire à son tour d'autres longs-métrages d'épouvante. 

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Ils (Xavier Palud et David Moreau, 2005), La Meute (Franck Richard, 2009), Frontière(s) (Xavier Gens, 2007), ou encore Martyrs (Pascal Laugier, 2009) sont autant de tentatives, plus ou moins éloquentes, d'exhumer l'horreur à la française de son sépulcre. Le réveil sera néanmoins de courte durée. En l'occurrence, le tournage de Haute Tension sera loin d'être une sinécure pour les acteurs. Plusieurs accidents et de nombreuses intempéries ponctuent régulièrement le tournage. La distribution du film se compose par ailleurs de Cécile de France, Maïwenn, Philippe Nahon, Franck Khalfoun, Andreï Finti, Oana Pellea et Jean-Claude De Goros.
Attention, SPOILERS ! Marie, une étudiante de vingt ans, révise ses examens dans la ferme isolée des parents de sa meilleure amie, Alex, dont elle est secrètement amoureuse.

En l'espace d'une nuit, un tueur, qui ignore son existence, assassine à tour de rôle les membres de cette famille... A l'aune de cette exégèse, difficile réellement de s'extasier devant un synopsis aussi rudimentaire. Par ailleurs, Haute Tension sera même accusé de plagiat. 
Le film d'Alexandre Aja s'inspire d'un autre téléfilm horrifique, sobrement intituléIntensity (Stephen Tolkin, 1997). Une réprobation qu'Aja a toujours récusée... En outre, Haute Tension renoue arrogamment avec le slasher des années 1970 dans cette volonté farouche de verser complaisamment dans l'horreur et les séquences de carnage brutes de décoffrage. En France, personne - ou presque... - n'avait montré une telle outrecuidance. Malicieux, Alexandre Aja et Grégory Levasseur vont directement à l'essentiel via un scénario basique, un lieu conventionnel (une demeure parentale) et des personnages eux aussi prosaïques (deux étudiantes en pleine séance de révision...).

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Une fois le décor et les personnages plantés, place désormais aux inimitiés ! Là où la plupart des films d'horreur se polarisent à la fois sur les victimes et les bourreaux, Haute Tension se focalise avant tout sur un seul et unique personnage, Marie, une jeune femme à priori avenante et courtoise, interprétée par l'excellente Cécile de France. A partir de là, Alexandre Aja peut s'ébaudir de son principal protagoniste, jouer avec ses propres fantasmes et confronter Marie à ses pulsions les plus reptiliennes (la peur, la colère et l'incompréhension entre autres...), le tout corseté par une pointe d'érotisme (Cécile de France en pleine séance d'onanisme...).
La grande force de Haute Tension repose indubitablement sur sa mise en scène, réalisée avec maestria et un grand savoir-faire.

Qu'Alexandre Aja se rassérène... Il est le digne épigone de son patriarche. Si Haute Tension s'achemine sur la même trajectoire mortifère que Massacre à la Tronçonneuse et consorts, il ne possède pas, à l'inverse, leurs arguties politiques et/ou idéologiques. Le film d'Aja ne cherche pas à distiller un message ou un quelconque ressort sociologique. De facto, difficile de ranger Haute Tension parmi ces chocs cinéphiliques qui marquent durablement les persistances rétiniennes. In fine, le scénario, en mode alambiqué, ne manquera pas de désarçonner dans sa révélation finale.
Non Haute Tension ne délivre pas l'uppercut annoncé et ne mérite sans doute pas autant de dithyrambes. Cependant, le film a au moins le mérite de réveiller une horreur à la française jusqu'ici moribonde et de prouver, au monde entier, que notre cinéma hexagonal peut visiter d'autres tortuosités. C'est déjà pas mal.

Note : 13/20

 

sparklehorse2 Alice In Oliver

Squirmfest (Un dernier ver pour la route ?)

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Squirmfest

Genre : pornographique, trash, extrême, scat-movie (interdit aux - 18 ans)
Année : 1989
Durée : 1h20

Synopsis : Une jeune femme se livre à des expériences urophiles et scatophiles extrêmes tout en dégustant des insectes grouillants sous les caméras d'une équipe de tournage underground. 

La critique :

Amis de l'art et de la délicatesse, je vous salue bien bas. Alors, ces fêtes se sont bien passées ? Pas trop ballonnés, pas trop vaseux ? Au niveau digestif, tout va bien ? Bon, tant mieux parce qu'aujourd'hui, vous allez avoir besoin d'un estomac en béton armé pour parcourir (ou subir plutôt) cette nouvelle chronique malodorante. Après NF713 et sa violence terrassante, poursuivons donc notre ascension sur l'échelle de l'ignominie cinématographique pour arriver aux sommets vertigineux où trône l'invraisemblable Squirmfest. Cet objet filmique infamant est considéré par certains comme l'oeuvre la plus extrême (comprenez écoeurante) jamais réalisée. L'est-elle encore aujourd'hui ?
Certainement plus, mais à l'époque où il fut conçu, ce "film" se positionnait sans aucun doute à la place peu glorieuse de numéro un au top de l'abjection projetée sur pellicule. Incontestablement, nous tenons là un énorme poids lourd du cinéma trash dans ce qu'il a de plus infect et de repoussant. 
Squirmfest est un film absolument dantesque de par le spectacle décadent qu'il propose. Lointain ancêtre des Vomit Enema Ecstasy et autres Gusomilk, cette monstruosité filmique a été réalisée en 1989 par Susumu Saegosa, un illustre inconnu dont la "renommée" n'aura pas dépassé la (très relative) notoriété de Squirmfest.

Cinéma Chocétant par définition l'endroit propice pour présenter ce genre de... chose, je n'avais d'autre choix que de vous imposer la présence fortement incommodante du susdit Squirmfest. Ma foi, cette chronique aura peut-être le mérite de faciliter votre transit intestinal ou de soulager vos nausées stomacales au sortir de ces fêtes de fin d'année en vous faisant vous précipiter directement aux toilettes ! Plus puissant qu'un Dulcolax (le soir Dulcolax, le matin relax), plus efficace qu'une biture d'un samedi soir, plus infaillible qu'un parfum de fosse septique, Squirmfest est la solution qu'il vous faut pour soulager vos encombrements passagers. Un peu d'humour pipi caca pour vous mettre dans l'ambiance... Mais trêve de plaisanterie, passons aux choses sérieuses.
Peut-on réellement qualifier cette pellicule de film ? Difficile à dire. Nous avancerons un timide "oui", dans la mesure où le réalisateur a tenté d'instaurer un (petit) semblant d'histoire ; nous affirmerons un très gros "non" car cette histoire ne contient aucun scénario, aucune trame digne d'intérêt sinon d'aligner un maximum de scène outrageantes. Et on ne pourra pas compter sur de quelconques efforts artistiques dans la mise en scène comme un Tohjiro ou un Amano savent le faire.

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Ici, nous sommes en plein dans un tournage amateur ultra underground, brut de décoffrage, sans fioritures. L'ignoble est montré en détail et en gros plans sous l'oeil complaisant d'une caméra voyeuriste qui semble se délecter du spectacle vomitif qu'elle propose. Tourné en vidéo, le film possède pour tout décor une pièce minimaliste où les exactions se déroulent à un rythme effréné. La victime de ces exactions ? Une seule et unique jeune femme soumise corps et âme aux affres des humiliations. Humiliations qu'elle a l'air de prendre plutôt sereinement puisqu'elle s'y soumet avec un plaisir non dissimulé et une évidente lubricité. Attention spoilers : Dans une grande pièce où trône un piano, une jeune femme est assise à une table. D'entrée et pour se mettre en condition, elle déguste goulument une assiette de spaghettis assaisonnée d'asticots gluants. Pour faire passer le tout, elle boit un grand verre de lait où baignent des vers de terre. Puis, un domestique vêtu d'un smoking lui amène une partition et elle commence à jouer au piano. Prise de convulsions et d'hallucinations, la jeune femme commence à uriner tout en se représentant le maître d'hôtel avec la tête de Groucho Marx (!).
Aussitôt, elle se retrouve accroupie obligée d'uriner et de déféquer sur le plancher. L'homme la force à ingurgiter ses excréments puis à les manger comme un animal, à même le sol. La scène est filmée sous toutes les coutures par une l'équipe technique où l'on voit clairement le cameraman, le preneur de son et d'autres techniciens s'agiter autour de l'actrice.

Par la suite, la femme se retrouve allongée alors qu'un participant lui défèque un énorme étron dans la bouche tout en l'étalant sur son visage. Arrivent les scènes de sexe (obligatoires) où fellation, pénétration et sodomie se déroulent au milieu des déjections laissées préalablement par la demoiselle. Après ces ébats vomitifs, la performeuse pisse dans une cuvette afin de boire son urine. On la replace au piano sur un coussinet recouvert d'aiguilles qui lui perforent le fessier, ce qui ne l'empêche toutefois pas de jouer malgré la douleur procurée. Le film est alors interrompu pour présenter une sorte de making of où l'on voit acteurs et membres de l'équipe technique s'adonner à de la dégustation d'excréments, ou au tournage d'autres scènes qui ont dûêtre coupées par la suite.
J'avoue ne pas avoir saisi le but de cette coupure dans le déroulement du métrage, mais Saegosa n'est pas du genre à se préoccuper de ce genre de détail. Pour la scène finale, nous retrouvons les deux protagonistes en tenue de soirée, à nouveau attablés. Si l'homme se contente d'un repas normal, la jeune femme, elle, devra déguster de gros cafards vivants qu'elle fera craquer sous ses dents face à une caméra qui s'approche au plus près de l'orifice buccal.

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Le final sera tout autant ubuesque que le métrage lui-même puisqu'un acteur, sortant de nulle part et habillé en chef cuisinier, concoctera le désert : un mélange d'urine, d'asticots et de cafards passés au robot mixeur. En ressortira une texture blanchâtre que l'actrice avalera sans rechigner jusqu'à la dernière goutte. Au fait, si vous vous apprêtez à passer à table, je vous souhaite un bon appétit ! Ah, le bon goût des oeuvres nippones ; j'étais sûr que ça vous manquait... Avec Squirmfest, Cinéma Choc confirme un peu plus encore sa réputation et son patronyme. Le fait que ce film n'ait absolument aucun intérêt est moins important que le témoignage édifiant qu'il apporte.
Nous avons ici la preuve vivante (et puante) que "l'art" du cinéma extrême ne date pas d'aujourd'hui. Cette immondice filmique affiche bientôt trente ans au compteur et pulvérise en matière d'indécence, la quasi-totalité de la production underground actuelle. Je devine que vos poils doivent se hérisser en lisant le mot "art" employé dans cette chronique. Contre-art devrait être le terme plus approprié. Un objet visuel aussi répugnant et underground ferait passer sans problème les films de John Waters pour des blockbusters hollywoodiens lisses et aseptisés.

Que peut-on dire qui ne soit pas à charge ou à l'encontre de cet objet tout entier dédiéà l'apologie de la souillure ? Pas grand-chose. Stylistiquement, le métrage se déroule dans les brumes incertaines produites par les images d'un caméscope des années 80, rendant encore plus obscur le résultat à l'écran. Susumu Saegosa n'a pas non plus pris la peine d'écrire une ligne de scénario, ou était-il sous l'emprise de substances illicites ? Que représentent les visions hallucinogènes de la jeune femme lorsqu'elle joue du piano ? Qu'est-ce que Groucho Marx vient faire dans ce délire ? Nous n'en saurons rien. Le reste, ce n'est que du trash, encore du trash, toujours du trash.
Surpuissant certes mais sans aucune intention de développer le début du commencement d'une histoire. L'actrice-performeuse a l'air d'être là en touriste, faisant là où on lui dit de faire, sans transmettre une once d'émotion ou d'empathie au spectateur. Quant à ses partenaires (sans doute des potes du réalisateur qui étaient au chômage), ils font office de faire valoir et de bouche-trous, cela dit sans jeu de mot mal placé. Reste pour le "metteur en scène", le plaisir jouissif et dégénéré d'étaler de la merde à l'écran.

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Au sens propre comme au figuré. s'en suivent donc, et de manière ininterrompue, des scènes paroxystiques de débauche, d'humiliation, d'avilissement et d'atteintes à la dignité humaine. Car le métrage repousse loin, très très loin les limites de l'abjection puisqu'à la déjà insoutenable coprophagie, il accable le spectateur par des détails ignominieux en ajoutant l'absorption de vers et de cafards aux dimensions impressionnantes. Confinant au néant artistique, dénué de toute velléité (même un tant soit peu) de création, pourquoi donc j'ai du mal à qualifier de film, a-t-il les faveurs d'un article ici et aujourd'hui ? Deux raisons à cela : tout d'abord son extrême rareté qui fait, qu'à ma connaissance, aucun blog français n'en a jamais parlé. Une fois de plus, Cinéma Choc est et restera le premier à avoir publié la chronique d'un film rarissime et inconnu de l'immense majorité des cinéphiles.
Et puis, il y a ce niveau démentiel de dépravation qui fait de Squirmfest l'une des oeuvres les plus dégradantes jamais réalisées. Rien qu'à ce titre, cet infâme objet filmique mérite sa présence dans nos colonnes... sans pourtant que nous n'en méritions une médaille ! 
Voilà, j'espère que avez passé un bon moment de lecture relaxante et laxatif en compagnie de Squirmfest, l'ultime cauchemar en date (mais certainement pas le dernier) de Cinéma Choc.

Note : ?

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Mondwest (Les machines au service de l'homme)

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Genre : science-fiction, western (interdit aux - 12 ans)
Année : 1973
Durée : 1h28

Synopsis : Un parc d'attractions peuplé de robots propose aux visiteurs de se replonger dans plusieurs époques. Lancés dans l'ouest sauvage, deux amis se retrouvent plongés en plein cauchemar quand l'un des androïdes se détraque et les prend en chasse...  

La critique :

Le nom de Michael Crichton n'est pas seulement associéà l'univers de la littérature, mais aussi à celui du noble Septième Art et pour cause... puisque certains opuscules du célèbre cacographe ont connu une adaptation cinématographique. C'est par exemple le cas de Le Mystère Andromède (Robert Wise, 1971), L'homme terminal (Mike Hodges, 1972), Soleil Levant (Philip Kaufman, 1993), Jurassic Park (Steven Spielberg, 1993), Le Monde Perdu : Jurassic Park (Steven Spielberg, 1997), ou encore de Prisonniers du Temps (Richard Donner, 2003).
Mais Michael Crichton, c'est aussi un réalisateur, un producteur et un scénariste pour le cinéma. Ainsi, sa carrière cinématographique débute à la lisière des années 1970 via un téléfilm, Pursuit (1972), par ailleurs inédit en France.

Michael Crichton enchaîne alors avec plusieurs longs-métrages notables et notoires, entre autres Morts Suspectes (1978), La Grande Attaque du Train d'Or (1979), Looker (1981) et Runaway - L'Evadé du Futur (1983). Parmi ses thèmes de prédilection, on retrouve cette ferveur pour la technologie de masse, le consumérisme ad nauseam, une société alanguie par les progrès scientifiques, ainsi que ce complexe d'Icare. A travers de nouvelles découvertes, l'homme cherche à atteindre le divin et à jouer au Supérieur hiératique via les thèmes du clonage et de la robotisation.
Evidemment, Mondwest, réalisé en 1973, ne fait pas exception. L'air de rien, cette pellicule science-fictionnelle va influencer plusieurs générations de films et de cinéastes, notamment Terminator (James Cameron, 1984) et Robocop (Paul Verhoeven, 1987).

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En l'occurrence, les androïdes de Mondwest sont les dignes épigones de Maria, la femme robotique et dégingandée de Metropolis (Fritz Lang, 1927). Thématique sur laquelle nous reviendrons ultérieurement. Si Mondwest s'est octroyé le statut de film culte avec les années, il reste néanmoins confiné dans un certain anonymat. Objectivement, le long-métrage ne soutient pas la comparaison avec des productions beaucoup plus modernes et dispendieuses. En outre, cette oeuvre science-fictionnelle, par ailleurs teintée de western, est surtout connue des cinéphiles avisés.
Présenté en compétition dans divers festivals, Mondwest essuie un camouflet mais obtient un certain succès aux Etats-Unis. Sans doute trop iconoclaste, le film préfigure, plusieurs décennies à l'avance, un monde humain bientôt régenté par le diktat de l'intelligence artificielle.

Une thématique que reprendra, bien des années plus tard, Steven Spielberg avec le bien nomméA.I. Intelligence Artificielle (2001). Ensuite, comment ne pas citer Blade Runner (Ridley Scott, 1982), un autre parangon de la science-fiction ? Le même Steven Spielberg s'inspirera à son tour du scénario de Mondwest pour le permuter en Jurassic Park, à la seule différence que ce seront des dinosaures qui viennent tarabuster des touristes dans un parc d'attractions.
Mondwest s'inscrit également dans une époque culturelle, politique, sociologique et sexuelle en plein chambardement. Le film se présente donc comme une parabole, voire même une hyperbole, de ce que l'Amérique hédoniste tendrait à devenir sous le poids de l'eudémonisme, à savoir cette curieuse juxtaposition entre l'être humain et la machine.

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En l'occurrence, difficile de différencier les deux, surtout lorsque l'androïde revêt à la fois la peau, le caractère, l'intelligence et la conscience humaine. Autrement dit, pendant que la machine s'humanise, l'homme s'abêtit et se déshumanise. C'était déjà la thématique prédominante de Metropolis. Toujours la même antienne... La distribution de Mondwest se compose de Yul Brynner, James Brolin, Richard Benjamin, Dick Van Patten, Anne Randall, Majel Barrett et Terry Wilson.
Attention, SPOILERS ! (1) 
En l'an 1983, le parc d'attractions Delos permet à ses visiteurs de se retrouver à l'époque de leur choix (romaine, médiévale ou conquête de l'Ouest), au milieu de robots presque humains. Deux hommes d'affaires, Peter Martin et John Blane, ont choisi de passer quelques jours dans le vieux Far West. 

Malgré toutes les précautions et sécurités prises dans ce parc d'attractions hyperréalistes, leur séjour ne va pas se dérouler exactement comme ils l'espéraient : peu à peu, le centre de contrôle perd tout pouvoir sur les machines (1). Bis repetita. Les robots de Mondwest ne sont, in fine, que les reliquats de Maria, l'androïde féminin de Metropolis. Ou lorsque l'intelligence artificielle se pare des attributs humains, même dans les menus détails. Indubitablement, Michael Crichton s'ébaudit de cette contiguïté, à la seule différence que ce sont les machines qui sont au service de l'homme, et non l'inverse. Mais que se passerait-il si cette intelligence artificielle prenait conscience de sa condition de servitude s'emparant, de facto, de la psyché humaine et de ses pulsions primitives ?
C'est l'essence même de Mondwest via cette polarisation sur ces instincts archaïques.

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Finalement, le parc Delos s'apparente à un immense défouloir dans lequel les participants humains peuvent massacrer et satisfaire leur soif de pouvoir en toute impunité. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si le western et les époques gréco-romaines sont privilégiés. Ces deux époques, à priori antagonistes, marquent aussi la quintessence de cette primauté antédiluvienne. Le temps d'un séjour, Peter Martin et John Blane peuvent jouer à la fois les shérifs, les criminels et les renégats sans jamais sourciller.
Mais la dialectique, pourtant sous l'égide de scientifiques aguerris, tend à s'inverser. Dans un premier temps, c'est un ophidien, pourtant sous contrôle électronique, qui vient se regimber et mordre l'un de nos vacanciers. Puis, c'est Yul Brynner, grimé en robot cowboy, qui s'insurge à son tour contre nos deux comparses d'infortune. Malgré ses quarante-cinq années au compteur, le propos de Mondwest reste d'une étonnante actualité. A force de sombrer dans l'hédonisme et le consumérisme, l'humanité finira par s'avilir jusqu'à s'atrophier. Inexorablement.
Pour l'anecdote, Mondwest se transmutera en diptyque avec Les Rescapés du Futur (Richard T. Heffron, 1976), une suite hélas beaucoup moins éloquente.

 

Note : 16/20

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(1) Synopsis du film : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mondwest

The Strangers - 2016 (Un vrai moment de terreur)

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Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans avec avertissement)
Année : 2016
Durée : 2h36

Synopsis : La vie d’un village de montagne est bouleversée par une série de meurtres, aussi sauvages qu’inexpliqués. L’enquête de police piétine alors qu’une épidémie de fièvre se propage et mène à la folie meurtrière les habitants de la petite communauté. Sans explication rationnelle à ce phénomène, les soupçons se portent sur un vieil étranger qui vit en ermite dans les bois attisant rumeurs et superstitions. 

La critique :

L'exorcisme au cinéma... Ou un genre qui va connaître son apogée avec le bien nomméL'Exorciste (William Friedkin, 1973). Au moment de sa sortie, cette oeuvre horrifique marque une rupture fatidique et rédhibitoire dans le cinéma d'épouvante. Pendant presque deux décennies, ce sont les productions de la Hammer qui caracolent en tête du cinéma d'horreur. Mais le public commence sérieusement à se lasser de toutes ses malédictions provenant d'outre-tombe. Dracula, Frankenstein, le loup-garou et la momie sont priés de retourner gentiment dans leurs sépulcres.
Que soit. Via L'Exorciste, William Friedkin réinvente et s'approprie le registre horrifique en visitant des contrées beaucoup plus nébuleuses. En outre, le mal et ses succubes se nourrissent de nos fêlures et des excoriations d'une société hédoniste et consumériste.

Et c'est ce qu'a parfaitement compris William Friedkin. A travers L'Exorciste, le cinéaste nous convie à plonger dans la solitude et la neurasthénie mentale de plusieurs personnages. Ainsi, la petite Regan, bientôt possédée par le démon, souffre de l'absence de son patriarche. Sa mère doit pourvoir ce rôle de paternel et déplore les errances récurrentes de son époux. Même remarque concernant le père Damien Karras, éploré depuis le décès brutal de sa mère.
Mais L'Exorciste, c'est aussi cette dissonance entre la science et la foi religieuse. Pour vaincre le mal, la famille de Regan optera pour les incantations divines. Le film de William Friedkin engendre et influence de nombreux avatars. Qu'ils se nomment Conjuring : les dossiers Warren (James Wan, 2013), Devil Inside (William Brent Bell, 2012), Le Dernier Exorcisme (Daniel Stamm, 2010), Le Dernier Rite (Peter Cornwell, 2009), ou encore L'Exorcisme d'Emily Rose (Scott Derrickson, 2005), toutes ces productions tenteront de reproduire, avec plus ou moins de méticulosité, l'uppercut asséné par le film de William Friedkin.

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En l'occurrence, le metteur en scène peut dormir tranquillement sur ses deux oreilles. 45 ans après la sortie de L'Exorciste, personne n'a pu contrarier l'hégémonie de cette pellicule horrifique. Personne ou presque... Car The Strangers, réalisé par Na Hong-jin en 2016, a bien l'intention d'intervertir cette dialectique. Scénariste et réalisateur sud-coréen, Na Hong-jin s'est déjà illustré par le passé via The Chaser (2008) et The Murderer (2010), deux thrillers qui ont eu l'heur de traverser leurs frontières asiatiques, et même de connaître une exploitation dans les salles occidentales.
Les deux longs-métrages se distinguent lors de divers festivals. Na Hong-jin devient alors la nouvelle égérie des festivals. Son style iconoclaste et brut de décoffrage ne tarde pas àéveiller la curiosité des cinéphiles avisés.

Evidemment, son troisième long-métrage, The Strangers, est attendu impatiemment par les thuriféraires. Le film est même sélectionné hors compétition lors du festival de Cannes en 2016. La majorité des spectateurs ressortent ébaubis de la séance. A fortiori, The Strangers serait le digne épigone de L'Exorciste, en réitérant les mêmes fulgurances visuelles, fantasmatiques et outrancières. Reste à savoir si cette oeuvre horrifique mérite de telles flagorneries.
Réponse à venir dans la chronique... La genèse de The Strangers remonte à 2010 juste après la sortie de The Murderer. A l'époque, Na Hong-jin aspire à visiter d'autres tortuosités du noble Septième Art. Plus question, pour le moment, de réaliser un thriller érubescent et/ou à consonance vindicative. Le cinéaste souhaite se tourner vers le genre horrifique.

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Qu'à cela ne tienne. Na Hong-jin est victime de cauchemars récurrents dans lesquels il serait question de "victimes et de leurs morts" (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Strangers_(film,_2016). Un sujet pour le moins spinescent. Opiniâtre, Na Hong-jin griffonne et ratiocine pendant plus de deux ans sur une ébauche de scénario. The Strangers doit se nimber d'une ambiance putride et mortifère. Le film a donc une vraie connotation douloureuse et personnelle puisque la vie de Na Hong-jin est émaillée par de nombreux décès... Corrélativement, le cinéaste souhaite aussi réfréner ses ardeurs.
The Strangers n'a donc pas pour vocation de réitérer les turpitudes et le machiavélisme de The Murderer. Lors de sa sortie, le film a "seulement"écopé d'une interdiction aux moins de 12 ans avec avertissement. La distribution de The Strangers se compose de Kwak Do-won, Hwang Jeong-min, Cheon Woo-hee, Kim Hwan-hee et Jun Kunimura.

Attention, SPOILERS ! La vie d’un village de montagne est bouleversée par une série de meurtres, aussi sauvages qu’inexpliqués. L’enquête de police piétine alors qu’une épidémie de fièvre se propage et mène à la folie meurtrière les habitants de la petite communauté. Sans explication rationnelle à ce phénomène, les soupçons se portent sur un vieil étranger qui vit en ermite dans les bois attisant rumeurs et superstitions. L'inspecteur Jong-goo mène son enquête.
Mais bientôt, c'est sa propre fille, Hyo-jin âgée de 10 ans, qui est menacée... Premier constat, The Strangers rompt littéralement avec le didactisme ânonné par L'Exorciste et sa litanie de succédanés. Contrairement à la concurrence, The Strangers ne cloître pas une seule et unique famille dans une demeure hantée ou aux prises avec un démon particulièrement virulent.

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Cette fois-ci, l'esprit luciférien assaille et mutile toute une communauté. Pour le vaincre, les villageois devront se coaliser et s'unir. Une chimère. Bientôt, les cadavres s'entassent et c'est l'incompréhension qui domine. Dubitatif, l'inspecteur Jong-goo suspecte une sorte de troglodyte, curieusement aphonique, qui erre en solo dans sa cabane. Cet étranger semble s'adonner à des rituels méphistophéliques et serait donc le coupable tout désigné. Finalement, The Strangers, c'est un peu comme si L'Exorciste s'acoquinait avec The Wicker Man (Robin Hardy, 1973).
Bientôt, la studiosité de l'enquête est supplantée par les rumeurs, les superstitions et les galéjades. Le démon, beaucoup plus malicieux que ses hôtes d'infortune, s'ébaudit de leur ingénuité. Pis, ce dernier se joue de nos pulsions archaïques et ourdit de savants complots.

Ainsi, Na Hong-jin revisite à sa manière cette xénophobie ambiante et inhérente à chaque communauté humaine. En filigrane, c'est bien cette peur de l'étranger qui est étayée par cette pellicule terrifiante. Pour Na Hong-jin, pas question de faire monter la pression crescendo. Dès le second meurtre, le piège est posé. L'absoute est prononcée à travers un scénario malicieux et retors. Derrière des sourires angéliques et bienveillants, se tapissent sournoisement nos pulsions les plus archaïques. Le vrai mal, ce n'est pas forcément cet esprit qui frappe, sans crier gare, toute une communauté. 
Le vrai mal, c'est notre propre sournoiserie, notre propre pleutrerie et notre propre pusillanimité. Na Hong-jin opacifie son propos via plusieurs plans panoramiques via une nature primordiale. C'est d'ailleurs au coeur de cette forêt que Jong-goo et ses acolytes, le temps d'une poursuite effrénée, retrouvent leurs réflexes barbares et ancestraux. A l'instar de William Friedkin en son temps, Na Hong-jin a parfaitement cerné la quintessence du mal. Cela faisait plusieurs décennies que l'on attendait, que l'on n'osait plus y croire... Pourtant, Na Hong-jin l'a fait. 
Il a réalisé le digne épigone de L'Exorciste. Ou un vrai moment de terreur...

Note : 17/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Rencontres du Troisième Type (Ufologie et métaphysique)

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Genre : science-fiction
Année : 1977
Durée : 2h15

Synopsis : Des faits étranges se produisent un peu partout dans le monde : des avions qui avaient disparu durant la Seconde Guerre mondiale sont retrouvés au Mexique en parfait état de marche, un cargo est découvert échoué au beau milieu du désert de Gobi. Dans l'Indiana, pendant qu'une coupure d'électricité paralyse la banlieue, Roy Neary, un réparateur de câbles, voit une "soucoupe volante" passer au-dessus de sa voiture. D'autres personnes sont également témoins de ce type de phénomène : Barry Guiler, un petit garçon de quatre ans, est réveillé par le bruit de ses jouets qui se mettent en route. Cherchant à savoir d'où proviennent ces ovnis, Roy Neary se heurte aux rigoureuses consignes de silence imposées par le gouvernement fédéral. Obsédé par ce qu'il a vu et hanté par une image de montagne qu'il essaie désespérément de reconstituer, il est abandonné par sa femme Ronnie et ses enfants. Il n'y a que Jillian, la mère de Barry, qui le comprenne. Parallèlement à ces événements, une commission internationale conduite par le savant français Claude Lacombe s'efforce d'en percer le mystère. Une évidence s'impose bientôt à eux : une forme d'intelligence extraterrestre tente d'établir un contact avec les Terriens.  

La critique :

Après le succès pharaonique de Les Dents de la Mer (1975) au box-office américain, Steven Spielberg peut désormais toiser arrogamment les producteurs hollywoodiens. A travers cette oeuvre aquatique et horrifique, le cinéaste réinvente le cinéma de terreur via un nouveau type d'agression animale. Dans Jaws - titre original du film, c'est un squale à l'appétit pantagruélique qui happe et tortore des nageurs dans une station balnéaire. Derrière ce scénario laconique, se tapit une diatribe au vitriol du capitalisme. Le vrai requin, ce n'est pas ce poisson gargantuesque qui se délecte des touristes en déveine, mais ces technocrates et ces édiles politiques appâtés par le lucre.
Après Les Dents de la Mer, Steven Spielberg aspire à visiter d'autres sinuosités du Septième Art. En outre, le metteur en scène souhaite réaliser une pellicule à la fois "tout public" et teintée de réflexions métaphysiques.

Ce sera Rencontres du Troisième Type, sorti en 1977. Le film est réalisé dans la foulée de Star Wars - Episode IV : Un Nouvel Espoir (George Lucas, 1977). A l'époque, le public encense et idolâtre toutes ces pellicules se déroulant dans un monde lointain et dans un univers exponentiel, néanmoins corseté par des batailles intergalactiques. A sa façon, George Lucas revisite et s'approprie le film de samouraï en s'inspirant à la fois des mythes gréco-romains et de ces chevaliers (les Jedi) qui luttent farouchement contre l'oppresseur (l'Empire). En l'occurrence, Steven Spielberg n'a pas pour vocation de marcher dans le sillage et le continuum d'Un Nouvel Espoir.
Le réalisateur n'a jamais caché sa fascination pour 2001, l'Odyssée de l'Espace (Stanley Kubrick, 1968). De facto, Rencontres du Troisième Type va à son tour s'auréoler d'introspections cosmologiques et philosophiques.

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A l'époque, notre vaste univers est donc perçu comme un catalyseur et un révélateur de notre propre conscience. Impression corroborée par la sortie de Solaris (Andreï Tarkovski, 1972). A l'époque, Steven Spielberg l'ignore encore. Mais Rencontres du Troisième Type va influencer plusieurs générations de cinéastes via cette polarisation sur la communication et le langage. Des thématiques qui seront également l'apanage, bien des années plus tard, de Premier Contact (Denis Villeneuve, 2016), soit le digne épigone de Rencontres du Troisième Type.
Dans les années 1970, le cinéma de Steven Spielberg réverbère parfaitement cet espoir, voire cette foi inextinguible, en un monde meilleur, et donc en une humanité qui se bonifierait au contact de l'étranger... Une hérésie.

Presque trente ans après la sortie de Rencontres du Troisième Type, Steven Spielberg changera de vision pour se nimber d'un regard beaucoup plus pessimiste avec le remake de La Guerre des Mondes en 2005. Dans un premier temps, Steven Spielberg et son scénariste, Paul Shrader, griffonnent un premier script dans lequel il serait question d'un contact entre un ancien militaire et une civilisation extraterrestre. Mais Spielberg, mécontent de cette première ébauche, souhaite un personnage central beaucoup plus rudimentaire. De surcroît, "Spielby" aspire à rompre cette dialectique nihiliste ânonnée par la grande majorité des productions de SF depuis le début des années 1950.
Pas question de réaliser une pellicule à caractère inique et propagandiste contre les conséquences de la Guerre Froide, ou encore un pamphlet contre le bloc soviétique.

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A contrario, Rencontres du Troisième Type adopte une rhétorique à caractère pacifiste. Un choix judicieux de la part de Steven Spielberg puisque le long-métrage se solde par un succès colossal. Avec les années, Close Encounters of the Third Kind (titre original de cette pellicule) va s'arroger le statut de film culte et même de classique de la SF. Le métrage s'octroie plusieurs récompenses et notamment deux Oscars (meilleure photographie et meilleur montage pour les effets sonores).
La distribution du film se compose de Richard Dreyfuss, François Truffaut, Teri Garr, Melinda Dillon, Bob Balaban, Warren Kemmerling, Roberts Blosson, Lance Henriksen et Carl Weathers. Attention, SPOILERS ! Des faits étranges se produisent un peu partout dans le monde : des avions qui avaient disparu durant la Seconde Guerre mondiale sont retrouvés au Mexique en parfait état de marche, un cargo est découvert échoué au beau milieu du désert de Gobi. 

Dans l'Indiana, pendant qu'une coupure d'électricité paralyse la banlieue, Roy Neary, un réparateur de câbles, voit une "soucoupe volante" passer au-dessus de sa voiture. D'autres personnes sont également témoins de ce type de phénomène : Barry Guiler, un petit garçon de quatre ans, est réveillé par le bruit de ses jouets qui se mettent en route. Cherchant à savoir d'où proviennent ces ovnis, Roy Neary se heurte aux rigoureuses consignes de silence imposées par le gouvernement fédéral. Obsédé par ce qu'il a vu et hanté par une image de montagne qu'il essaie désespérément de reconstituer, il est abandonné par sa femme Ronnie et ses enfants.
Il n'y a que Jillian, la mère de Barry, qui le comprenne. 
Parallèlement à ces événements, une commission internationale conduite par le savant français Claude Lacombe s'efforce d'en percer le mystère.

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Une évidence s'impose bientôt à eux : une forme d'intelligence extraterrestre tente d'établir un contact avec les Terriens. Indubitablement, Steven Spielberg reste probablement le cinéaste le plus talentueux de sa génération, engoncé entre George Lucas, Francis Ford Coppola et Brian de Palma. Tout au long de sa filmographie, le metteur en scène coalisera à la fois l'intelligence et le divertissement au service d'un cinéma fédérateur. Un didactisme qui n'échappe évidemment pas àRencontres du Troisième Type. Ainsi, la première partie du film s'apparente à une sorte de fantasmagorie sur le phénomène ufologique. L'arrivée de nos chers visiteurs réactive à la fois toutes les superstitions, les peurs ancestrales, les galéjades mais aussi l'espoir de rencontrer une nouvelle civilisation.
Pour le héros principal du film, Roy Neary (Richard Dreyfuss), cette rencontre inopinée avec un vaisseau alien va bouleverser son existence.

D'un père lambda et visiblement aux abonnés absents, ce dernier se transmute en être égotiste poursuivi par cette obsession ufologique, comme si cette rencontre devait être le catalyseur de sa propre conscience. Dépitée, sa femme le quitte. Ses enfants lui échappent. Inexorablement. Mais peu importe, cette homme - redevenu un adolescent, se rend dans une vallée transformée en théâtre musical. Dès lors, Rencontres du Troisième Type se nimbe d'aspérités linguistiques et cosmologiques.
Pour amorcer le contact avec ces aliens, l'armée et le gouvernement se dotent d'un orchestre philharmonique. Magnanimes, les extraterrestres entonnent les mêmes sons syntones et ravivent cette mémoire de jadis, celle qui a vu disparaître des militaires quelque part dans le triangle des Bermudes. Vous l'avez donc compris. On tient là une oeuvre éminemment complexe qui mériterait sans doute une analyse beaucoup plus précautionneuse.
En l'état, j'espère que vous me pardonnerez pour la frugalité de cette chronique.

Note : 17.5/20

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