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American Guinea Pig : Bloodshock ("Welcome to Hell !")

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american guinea pig bloodshock

Genre : horreur, gore, trash, extrême, expérimental (interdit aux - 18 ans)
Année : 2016
Durée : 1h31

Synopsis : Un homme anonyme se réveille dans une cellule et prend conscience qu'il a été kidnappé pour subir des expériences médicales par une bande de tortionnaires et de forcenés. Il reçoit alors un mot d'une autre prisonnière, victime elle aussi de nombreuses impudicités. L'infortuné comprend alors que son calvaire ne fait que commencer. 

La critique :

Pour mémoire, la franchise Guinea Pig correspond à une série de six films d'horreur japonais pour le moins controversés. Le premier de la série, The Devil's Experiment (Satoru Ogura, 1985), s'apparentait à un snuff-movie relatant le long supplice d'une jeune femme nipponne suppliant ses bourreaux - une bande de yakuzas azimutés - de cesser leurs lubricités. Hélas, les hostilités ne font que commencer. En effet, la même année, sort dans la foulée Flowers of Flesh and Blood, réalisé par Hideshi Hino, qui s'inscrit dans la même didactique. Cette fois-ci, c'est un samouraï décérébré qui torture, dilapide et étrille une autre femme japonaise. D'un réalisme cru et irrévocable, Flowers of Flesh and Blood traverse rapidement ses frontières asiatiques. L'acteur américain Charlie Sheen reçoit une copie du film chez lui.
Le comédien, ébaubi et ulcéré par tant de violence et d'impudicités outrageusement affichées, crie haro sur le long-métrage qu'il dénonce carrément au FBI.

Une enquête est alors diligentée pour savoir d'où proviennent les copies. Pusillanime, Hideshi Hino prétend avoir reçu une cassette d'un expéditeur anonyme revendiquant le crime et les abominations perpétrées. Hélas, les investigations se révèlent infructueuses et essuient un camouflet, laissant songer à une vaste supercherie. Guinea Pig devient alors une saga populaire. Toutefois, les réalisateurs de la franchise sont sommés d'euphémiser leurs ardeurs.
Une requête entendue par Satoru Ogura avec He Never Dies (1986), troisième méfait de la saga Guinea Pig. Cette fois-ci, plus question de réaliser une pellicule qui ressemblerait, de près ni de loin, à un snuff-movie. En outre, He Never Dies revêt les oripeaux d'un film gore, trash et sanguinolent à base de prothèses à peine dissimulées par son metteur en scène.

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Le but étant d'éviter un nouveau scandale, les autres métrages (Devil Doctor Woman, Android of Notre Dame et Mermaid in a Manhole) s'acheminent sur la même dialectique, n'hésitant pas à parodier la saga. Après avoir suscité les acrimonies et la polémique, la franchise semblait condamnée à croupir dans les affres des oubliettes... Ou presque. En 2014, le réalisateur américain Stephen Biro relance les inimitiés avec American Guinea Pig : Bouquet of Guts and Gore.
Le long-métrage est annoncé comme le remake de Flowers of Flesh and Blood. Malicieux, Stephen Biro signe une pellicule à des années-lumière de celui d'Hideshi Hino. Cette fois-ci, ce sont deux pauvres jeunes femmes qui subissent les crapuleries de trois tortionnaires en manque de chair fraîche et de barbaque. Contre toute attente, Flowers of Flesh and Blood est littéralement pulvérisé, écrabouillé, égrugé, atomisé, vaporisé et évaporé par le remake officieux (officiel ?) de Stephen Biro.

Non seulement, American Guinea Pig : Bouquet of Guts and Gore se révèle largement supérieur à son homologue, mais il marche directement dans le sillage et le continuum d'Un Chien Andalou (Luis Bunuel, 1929), un court-métrage auquel il fait directement référence. C'était sans compter sur la sortie d'American Guinea Pig : Bloodshock, cette fois-ci réalisé par les soins de Marcus Koch en 2016. Difficile de trouver des informations, même élusives, sur ce cinéaste.
Pour ce second chapitre qui devrait bientôt se transmuter en trilogie, le metteur en scène s'entoure de noms bien connus de la profession, et en particulier du cinéma trash et extrême. Stephen Biro officie en tant que producteur et scénariste pendant que Jimmy ScreamerClauz, auteur de l'inénarrable Where the Dead Go To Die en 2012, vient prêter son savoir et son érudition pour les bruitages et la musique stridulante du film.

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Evidemment, avec un tel aéropage de forcenés derrière le tournage d'American Guinea Pig : Bloodshock, on était en droit d'attendre un grand film extrême, dans la tonalité de son auguste épigone. La distribution du film se compose d'Andy Winton, Lillian McKinney et Gene Palubicki. Marcus Koch et ses acolytes ont d'ores et déjà annoncé qu'American Guinea Pig : Bloodshock serait un remake de The Devil's Experiment. Là aussi, une chimère même si le film reprend peu ou prou la même trame scénaristique. Derechef, le long-métrage n'est qu'une nouvelle variation d'Un Chien Andalou, mais pas seulement. Attention, SPOILERS ! 
Un homme anonyme se réveille éploré dans une cellule et prend conscience qu'il a été kidnappé pour subir des expériences médicales par une bande de tortionnaires. Il reçoit alors un mot d'une autre prisonnière, victime elle aussi de nombreuses impudicités.

Le mot contient la mention suivante : "Welcome to Hell !". L'infortuné comprend alors que son calvaire ne fait que commencer. Maigre consolation, le patient masculin peut communiquer du fin fond de sa cellule avec son homologue féminin, rasée pour l'occasion. Dans un premier temps, le ton se veut plutôt pondéré puisque l'individu en question reçoit une série de coups de poing. Ensuite, il est à nouveau rudoyé par plusieurs séries de coups de marteau judicieusement pointés vers les membres inférieurs.
L'agonie de l'infortuné est alors filmée avec minutie et parcimonie. Marcus Koch prend son temps pour planter son décor, assez rudimentaire (deux cellules de prison et une table d'opération), ainsi que les tristes réjouissances. Ne cherchez pas, nous n'aurez aucune information sur les bourreaux, si ce n'est que les opérations chirurgicales, évidemment sans anesthésie locale, sont prodiguées par une sorte de médicastre, et nouvel avatar du Docteur Josef Mengele.

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Dès lors, la caméra ensanglantée de Stephen Biro se polarise sur la psyché de son personnage principal. Alangui, hagard et désespéré, l'homme halète, croupit, trépasse, agonise... Inexorablement. Ses séances de torture sont inlassablement ponctuées par des bruitages alambiqués ainsi que par une musique crépitante, reflétant justement la neurasthénie de la victime. Puis, la tension monte crescendo et se précise avec une âpreté clinique et chirurgicale.
Rarement, un film d'horreur ne se sera autant apparentéà une sorte de documentaire putrescent conviant le spectateur à sonder les nombreuses anfractuosités du corps humain. A travers ces opérations à coeur ouvert (c'est le cas de le dire...), le long-métrage réverbère aussi cette fascination pour la mort (Thanatos), intrinsèquement reliée au désir primal et sexuel (Eros).

Une rhétorique corroborée par le dernier quart d'heure du film. Indubitablement, Marcus Koch n'est pas un manchot derrière la caméra et nimbe sa pellicule d'une tonalité morbide et vespérale. C'est sûrement pour cette raison que le métrage est auréolé d'un noir et blanc mortifère. Satoru Ogura et son film, The Devil's Experiment, sont priés de quitter leur siège et de retourner gentiment dans leurs pénates, tant American Guinea Pig : Bloodshock révulse et uppercute son audimat.
Toutefois, le film de Marcus Koch n'est pas exempt de tout reproche. Le premier et pas des moindres, c'est probablement la redondance et la récursivité de certaines situations, certainement pour mieux estourbir un public conquis à l'avance, arguerait le cinéaste péremptoire. In fine, American Guinea Pig : Bloodshock prend la forme d'une pellicule expérimentale qui ne manquera pas de désarçonner les âmes les plus aguerries, rappelant parfois l'univers ésotérique et cauchemardesque d'Andrey Iskanov avec Philosophy Of A Knife (2008).

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver


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