Genre : horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
Année : 2007
Durée : 1h26
Synopsis : Les membres de la famille Hamilton se sont récemment adaptés à la mort inopportune de leurs parents. L'aîné, David, tente de jouer le rôle de père malgré le comportement incestueux et de plus en plus violent des jumeaux, Wendell et Darlene. Le plus jeune, Francis, filme sa famille avec la caméra de ses parents. Les images tournées révèlent l'univers de cette famille, à priori paisible, dont certains voisins ne sortent pas indemnes...
La critique :
The Butcher Brothers, ça vous dit quelque chose ? Non... pas plus que ça ? En l'espace d'une petite dizaine d'années, Mitchell Altieri et Phil Flores (soit The Butcher Brothers) sont devenus les deux nouveaux parangons du cinéma horrifique américain indépendant, une gloriole qu'ils partagent avec The Vicious Brothers et leur Grave Encounters (2011). Pour Mitchell Altieri et Phil Flores, l'aventure cinématographique débute dès l'année 2006 avec le méconnu Lurking in Suburbia.
Dès ce premier long-métrage, les deux comparses imposent immédiatement leur style. The Butcher Brothers affectionnent tout particulièrement les productions impécunieuses et indépendantes. Pas besoin de faire appel à la munificence de la planète Hollywood et des vils producteurs pour réaliser des pellicules érubescentes et condescendantes.
Ensuite, The Butcher Brothers refusent tout compromis avec la grosse machine hollywoodienne. Pas question de se laisser soudoyer par le lucre, le marketing et le merchandising. Impression corroborée avec leurs films suivants : The Hamiltons (2006), April Fool's Day (2008), The Violent Kind (2010), The Thompsons (2012) et A Beginner's Guide To Snuff (2016). Certes, toutes ces productions désargentées n'ont pas forcément bénéficié d'une exploitation dans les salles obscures. En l'occurrence, c'est par l'intermédiaire de la vidéo, du streaming, de la Toile et de divers festivals que The Butcher Brothers vont parvenir à affirmer leur notoriété.
Une popularité qu'ils doivent, en grande partie, à leur second long-métrage, à savoir The Hamiltons. D'ailleurs, le film connaîtra un second chapitre, The Thompsons (déjà précité).
A fortiori, The Hamiltons se présente comme un nouveau torture porn. Pour mémoire, ce registre cinématographique a connu une nouvelle vague de DTV (direct-to-video) et de gloires éphémères. Pourtant, The Hamiltons n'est pas vraiment un torture porn dans la grande tradition du genre. Narquois, The Butcher Brothers cherchent à brouiller les pistes en réalisant une sorte de documentaire fictif sur une famille à priori sans histoire. Cette famille, ce sont les Hamilton.
La distribution de ce thriller horrifique se compose de Cory Knauf, Samuel Child, Joseph McKelheer, MacKenzie Firgens, Rebekah Hoyle et Brittany Daniel. Le speech du film est donc le suivant. Attention, SPOILERS ! Les membres de la famille Hamilton se sont récemment adaptés à la mort inopportune de leurs parents.
L'aîné, David, tente de jouer le rôle de père malgré le comportement incestueux et de plus en plus violent des jumeaux, Wendell et Darlene. Le plus jeune, Francis, filme sa famille avec la caméra de ses parents. Les images tournées révèlent l'univers de cette famille, à priori paisible, dont certains voisins ne sortent pas indemnes... Ce n'est pas la première fois que le cinéma gore et horrifique se polarise sur une famille de dégénérés et de sociopathes.
Evidemment, les adulateurs citeront aisément la saga Massacre à la Tronçonneuse ou encore la trilogie August Underground. En dépit de certaines accointances, The Hamiltons ne partage presque aucune analogie avec les franchises amorcées par Tobe Hooper et Fred Vogel. Sur la forme comme sur le fond, The Hamiltons s'apparente à une curieuse juxtaposition entre différents classiques du genre.
On pense parfois à Family Portraits (Douglas Buck, 2004) et même à American Beauty (Sam Mendes, 2000), le désespoir en moins. Seule différence et pas des moindres, Mitchell Atieri et Phil Flores n'ont pas pour vocation de procéder à une analyse sociologique d'une middle class en pleine crise sociologique et identitaire. Malicieux, les deux cinéastes se focalisent sur les activités criminelles et sanguinolentes de la famille Hamilton. Ainsi, le film insiste lourdement sur la mort du père. Les adultes et toute référence patriarcale sont les grands absents de cette pellicule.
Les Hamilton apparaissent alors comme des voisins charmants, courtois et avenants. Un habile subterfuge pour appâter des jeunes femmes dans leur vaste demeure. Le frère aîné tente d'euphémiser ses ardeurs via une activité professionnelle.
Mais le frère cadet et la soeur s'adonnent à d'étranges rituels sadiques et sexuels dans leur cave. Dans les tréfonds d'un sous-sol ensanglanté, ce sont plusieurs tas de cadavres qui gisent, se putréfient et se morcellent. Inexorablement. Quant à Francis, le dernier gosse de la famille, le jeune éphèbe est le seul à montrer une once d'humanité et de bienséance. En outre, ce dernier est atteint par le complexe du voyeurisme. Caméra à la main, il réalise une sorte de documentaire sur l'agonie des victimes. A contrario, le jouvenceau souffre de pulsions carnassières et criminelles inextinguibles. Francis cherche donc à comprendre la genèse de ses troubles infrangibles.
"Qu'est-ce que le bonheur ?", une question qui taraude inlassablement l'adolescent. La réponse à cette félicité viendra lors de la conclusion finale, elle aussi en apothéose.
Dès lors, The Hamiltons fonctionne à la fois comme un torture porn, un found footage et un documentaire qui se veut être le plus réaliste possible. The Butcher Brothers renâcle un peu... beaucoup... énormément à tous les râteliers. Dommage que les deux acolytes n'aient pas encore poussé plus loin le vice et la décrépitude laissant, in fine, un sentiment d'amertume lors du générique final. Les thuriféraires du cinéma gore subodoreront aisément le subterfuge.
Indubitablement, le film des Butcher Brothers possède de sérieux arguments dans sa besace, sans néanmoins posséder la tonitruance ni les fulgurances macabres d'un August Underground. Les néophytes devraient logiquement apprécier cette petite pépite indépendante. Les autres pousseront un petit soupir poli tout en appréciant les qualités inhérentes de cette production horrifique. En quelques mots : tout à fait recommandable, donc !
Note : 13.5/20