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Green Room (Partie de paintball)

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green room

Genre : horreur, thriller (interdit aux - 16 ans)
Année : 2015
Durée : 1h35

Synopsis : Au terme d’une tournée désastreuse, le groupe de punk rock The Ain’t Rights accepte au pied levé de donner un dernier concert au fin fond de l’Oregon… pour finalement se retrouver à la merci d’un gang de skinheads particulièrement violents. Alors qu’ils retournent en backstage après leur set, les membres du groupe tombent sur un cadavre encore chaud et deviennent alors la cible du patron du club et de ses sbires, plus que jamais déterminés àéliminer tout témoin gênant… 

La critique :

Réalisateur, scénariste et directeur de la photographie américain, Jeremy Saulnier débute sa carrière cinématographique via deux courts-métrages, Goldfard (1998) et Crabwalk (2004). Il enchaîne ensuite avec un tout premier long-métrage, sobrement intituléMurder Party. Certains cinéphiles repèrent déjà les qualités intrinsèques du cinéaste. Qualités corroborées par son film suivant, Blue Ruin (2013). Présenté au festival de Cannes, dans la catégorie "Quinzaine des réalisateurs", le métrage s'octroie le Prix FIPRESCI. Pour Jeremy Saulnier, cette gloriole constitue une véritable aubaine.
Enfin, le talent du cinéaste est érigé sur la Croisette. L'horreur et le thriller sont, à fortiori, ses styles de prédilection. Jeremy Saulnier oeuvre et milite également pour le cinéma indépendant. Pour le moment, le metteur en scène n'aspire pas à s'acoquiner avec les productions dispendieuses d'Hollywood, ni à se fourvoyer dans les blockbusters infatués.

Impression accréditée par Green Room, sorti en 2015, et dernier film en date du réalisateur. Derechef, Green Room est présenté au festival de Cannes la même année et toujours dans la section "Quinzaine des réalisateurs". Hélas, cette fois-ci, le film repartira bredouille sans néanmoins susciter quelques controverses. Aux Etats-Unis, Green Roomécope d'une classification "Rated R" pour son apologie de la drogue, de la vindicte et de la violence, ce qui équivaut chez nous à une interdiction aux moins de 18 ans. En France, la commission de censure se montre un peu plus pondérée.
Tout d'abord interdit aux moins de 12 ans avec avertissement, le film se voit attribué d'une interdiction aux moins de 16 ans, tout du moins pour sa version non censurée. Toutefois, tous ces petits tintamarres n'empêchent pas Green Room de s'arroger plusieurs récompenses lors du Festival international du film fantastique de Neufchâtel : le prix H. R. Giger Narcisse du meilleur film, le prix RTS du public et le prix de la Jeunesse Denis-de-Rougemont (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Green_Room_(film).

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Reste à savoir si Green Room mérite de tels dithyrambes. Réponse à venir dans cette chronique... En l'occurrence, le long-métrage de Jeremy Saulnier s'est taillé une solide réputation sur la Toile et les réseaux sociaux. Promis à une carrière de simple DTV (direct-to-dvd), Green Room semblait condamnéà croupir au fin fond des oubliettes. A contrario, le film a bénéficié d'une petite exploitation dans les salles françaises et obtient le score maigrelet de 50 200 entrées environ (50 285 entrée pour être précis, merci Wikipédia !). La distribution de ce thriller horrifique se compose d'Anton Yelchin, Imogen Poots, Patrick Stewart, Alia Shawkat, Callum Turner, Joe Cole, Macon Blair et Mark Webber.
Dans ce casting, on ne relève pas vraiment d'acteurs proverbiaux. Seuls Anton Yelchin et Patrick Stewart font figure d'exception.

Par le passé, les deux comédiens n'ont jamais officié dans le registre horrifique. En ce sens, Green Room constitue, donc pour eux, une expérience à part entière. Mais ne nous égarons pas et revenons à l'exégèse du film. Attention, SPOILERS ! Au terme d’une tournée désastreuse, le groupe de punk rock The Ain’t Rights accepte au pied levé de donner un dernier concert au fin fond de l’Oregon… pour finalement se retrouver à la merci d’un gang de skinheads particulièrement violents.
Alors qu’ils retournent en backstage après leur set, les membres du groupe tombent sur un cadavre encore chaud et deviennent alors la cible du patron du club et de ses sbires, plus que jamais déterminés àéliminer tout témoin gênant… Après A History Of Violence (David Cronenberg, 2005), Les Chiens de Paille (Sam Peckinpah, 1971) en son temps, ou encore Reservoir Dogs (Quentin Tarantino, 1992), Green Room propose encore un autre regard, ainsi qu'une autre réflexion sur la violence.

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A l'instar de tous ces classiques indémodables, le film de Jeremy Saulnier part du postulat que la violence est inhérente à chaque être humain. Jusque-là, rien de neuf sous l'horizon (si j'ose dire...). La seule différence, c'est qu'une fois mise en exergue, cette brutalitééchappe à tout contrôle et qu'aucun des protagonistes en place ne sera en mesure d'endiguer les belligérances ni de réfréner les ardeurs virulentes de chacun. Impression fortifiée par la musique à la fois rock, punk, bestiale et stridulante qui se chargera, à sa façon, d'accentuer davantage les animosités.
D'ailleurs, à ce sujet, l'un des protagonistes du film clame péremptoire : "Le rock, c'est l'agression !". Il ne croit pas si bien dire ! En l'occurrence, le concert de rock va promptement se transmuter en partie de paintball.

Mais cette fois-ci, les balles sont bien réelles. De surcroît, les âpretés opposent une bande d'adulescents insouciants à un groupe de skinheads sévèrement échauffés. La drogue vient également cristalliser les véhémences. Vous l'avez donc compris. Sous ses faux airs de thriller horrifique, Green Room revêt avant tout les oripeaux d'une pellicule retorse et alambiquée. Si l'univers "nazillard" des skinheads est largement mis en exergue, le long-métrage n'a pas de velléités dénonciatrices, idéologiques et/ou politiques. Pour échapper au courroux de ces tortionnaires diligentés par un Patrick Stewart totalement méconnaissable, Pat (Anton Yelchin) et ses acolytes devront adopter les mêmes comportements sociopathiques. L'incongruité est de mise et provient d'un blondinette (Amber) survoltée.
En outre, c'est bien la jeune femme punk et psychopathique qui décide de prendre les armes et de conduire les hostilités.

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Dès lors, Green Room ne cessera d'obliquer vers une direction rédhibitoire. Indubitablement, le film de Jeremy Saulnier possède de sérieux arguments dans sa besace et ne manquera pas de diviser. Toutefois, les contempteurs pesteront et clabauderont, à raison, contre une première partie un brin longuette et fastidieuse. Ensuite, il faudra faire preuve de longanimité et patienter un petit moment avant que ne s'ouvrent les inimitiés. Mais on aurait tort de faire la fine bouche et de ne pas priser Green Room pour ce qu'il est. Comme si le film, par intervalle, retrouvait cette fougue de naguère et la fulgurance du cinéma de Sam Peckinpah. A l'instar du cinéaste, Jeremy Saulnier ne cherche pas vraiment à comprendre les tenants ni les aboutissants de cette violence, mais plutôt à analyser ses écueils et ses corollaires. Le réalisateur étaye son propos en confinant ses divers protagonistes dans un huis clos anxiogène et par l'utilisation de couleurs oppressantes. Le choix du vert n'a rien d'aléatoire.
Pour vaincre et survivre, les personnages devront se peinturlurer le visage et revenir à leurs pulsions archaïques et primitives de jadis. Bref, à défaut de devenir un incontournable, Green Room justifie entièrement son visionnage. En quelques mots : une très bonne surprise !

Note : 14.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver


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