Genre : fantastique, aventure
Année : 1976
Durée : 2h14
Synopsis : 1976. Un paquebot d'une société pétrolière navigue à la recherche de la mystérieuse "île du crâne". A la tête de l'expédition, Fred Wilson, un employé de la compagnie, chargé de trouver des gisements de pétrole. A ses côtés, le professeur Prescott est en quête de tout autre chose : une créature préhistorique gigantesque. L'équipage sauve une jeune femme naufragée, Dwan. Bientôt, ils se retrouvent sur l'île, au contact de sauvages, qui vénèrent une créature nommée "Kong"...
La critique :
Certes, John Guillermin ne fait pas forcément partie des grands pontes hégémoniques du noble Septième Art, mais son nom reste indissociable du cinéma bis. Sa carrière cinématographique débute vers l'orée des années 1950 via le méconnu Torment (1950), par ailleurs inédit dans nos contrées hexagonales, mais c'est en 1957 qu'il connaît son premier succès commercial avec Traqué par Scotland Yard. Il enchaîne alors avec quelques productions et bisseries notoires, entre autres Contre-espionnage à Gibraltar (1958), La plus grande aventure de Tarzan (1959), Tarzan aux Indes (1962), Le Crépuscule des Aigles (1966), ou encore Le Pont de Remagen (1969).
Pour John Guillermin, il faudra donc faire preuve de longanimité et patienter jusqu'aux années 1970 pour asseoir sa suprématie sur le cinéma d'Hollywood avec La Tour Infernale (1974), un film spectaculaire qui érige le genre catastrophe comme la nouvelle égérie du box-office américain.
John Guillermin jubile et peut désormais s'atteler à des productions dantesques, grandiloquentes et pharaoniques. C'est dans cette didactique que le cinéaste et scénariste britannique souhaite donc réaliser le remake éponyme de King Kong, une autre production faramineuse qui a toisé le haut des oriflammes en 1933 sous la férule d'Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper. Un tel projet n'est pas forcément si aisé d'autant plus que le remake de 1976 risque de souffrir de la comparaison avec son auguste épigone. Que soit. Opportuniste, John Guillermin évince la technique de la stop-motion pour l'animation de son primate gargantuesque et préfère les bonnes vieilles méthodes à l'ancienne.
En outre, le gorille de taille cyclopéenne sera interprété par son propre démiurge, un certain Rick Baker, un technicien et un maquilleur qui conçoit lui-même le costume de King Kong.
Pour l'anecdote, ce postulat de départ ne date pas d'hier et remonte aux années 1940 avec L'Île Inconnue (Jack Bernhard, 1948) et sera réitéré quelques années plus tard avec Godzilla (Ishiro Honda, 1954). Pour les besoins du King Kong de John Guillermin, Rick Baker invente et crée une créature en animatronique de plusieurs mètres de haut. Suite au tournage de King Kong en 1976, le technicien émérite va même revêtir les oripeaux d'un éminent spécialiste des effets spéciaux puisqu'on retrouvera son style inimitable et iconoclaste dans Greystoke, la légende de Tarzan (Hugh Hudson, 1984), Le Loup-Garou de Londres (John Landis, 1981), Mon Ami Joe (Ron Underwood, 1998), ou encore dans La Planète des Singes (Tim Burton, 2001) - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/King_Kong_(film,_1976).
A l'origine, ce nouveau remake devait être une version fidèle et aseptisée du chef d'oeuvre de 1933, mais cette idée saugrenue sera finalement abandonnée.
Certes, King Kong (1976) remportera un succès considérable lors de sa sortie en salles, s'octroyant l'Oscar des meilleurs effets visuels en 1977. A contrario, les critiques et la presse spécialisée gourmandent et étrillent un remake qu'elles jugent absconse et surtout bien inférieur à son illustre homologue. La distribution du film se compose de Jessica Lange, Jeff Bridges, Charles Grodin, John Randolph, Rene Auberjonois, Julius W. Harris, Jack O'Halloran et John Agar.
Attention, SPOILERS ! (1) Dans les années 1970, la société Petrox envoie Fred Wilson à la recherche de la mystérieuse « île du Crâne » (Skull Island), qui contiendrait un gisement de pétrole important. Le professeur Jack Prescott, persuadé que l'île renferme un monstre préhistorique, s'infiltre à bord du navire mais est rapidement démasqué.
Wilson décide néanmoins de le garder comme photographe de l’expédition. Durant le voyage, l'équipage sauve une naufragée, Dwan, qui tombe bientôt amoureuse de Jack. Le navire arrive en vue de l'île, cachée dans un épais brouillard. Après un premier contact tendu avec les indigènes, notamment après avoir interrompu une cérémonie, l’expédition regagne le navire mais les autochtones enlèvent Dwan pour la donner en sacrifice à leur Dieu Kong, un gorille gigantesque qui l'emmène dans son repaire. Prescott se lance aussitôt sur ses traces.
Profitant du combat entre le gorille et un serpent géant, Jack réussit à délivrer Dwan. Fred Wilson décide alors de capturer le monstre à des fins promotionnelles pour la compagnie. Ils capturent Kong et le ramènent vers la civilisation (1).
D'un film profondément lyrique, poétique, tourmenté et à la limite de l'eschatologisme, symbolisant la crise financière de 1929 et annonçant surtout l'apogée du nazisme en Europe en 1933, John Guillermin et Dino de Laurentiis (producteur de ce remake) ne retiendront que le côté lucratif de la version des années 1930 pour la transmuter en un remake probe et efficace, mais indigne du chef d'oeuvre réalisé par le duo Ernest B. Schoedsack/Merian C. Cooper.
Certes, par d'habiles variations, on relève çà et là quelques petites dissimilitudes avec le film originel. Cette fois-ci, il n'est plus vraiment question d'une expédition au sein d'une île perdue et dans des contrées éculées et méconnues de l'homme, mais d'une vague histoire de pétrole. En l'occurrence, l'or noir sera supplanté par un autre trésor, lui aussi de couleur noirâtre mais au tempérament bien trempé et surtout protégé par des indigènes anthropophages.
Dès lors, le King Kong de John Guillermin s'achemine sur un scénario des plus conventionnels. Derechef, le cinéaste nous affuble de saynètes certes impressionnantes, mais préfère ne pas se polariser sur l'épopée de nos héros sur l'île de Skull Island. Un choix pour le moins surprenant tant cette section paraît prépondérante. Qu'importe, King Kong retrouvera une once de fulgurance dans sa dernière demi-heure lorsque le primate aux incroyables rotondités dévastera la ville de New York, à la recherche de sa dulcinée. Toutefois, pas de quoi pavoiser ni s'extasier devant ce blockbuster au sommet qui cherche avant tout l'opulence et à flagorner un public peu exigeant en matière de qualité cinématographique.
Les thuriféraires de la version de 1933 maronneront et clabauderont à raison contre la vacuité et l'inanité de ce remake. Pis, John Guillermin corrobore cette impression de nonchalance et presque d'incompétence. A aucun moment, les dilections amoureuses entre le gorille et sa fiancée d'infortune ne parviennent àémouvoir le spectateur incrédule. Sur la forme comme sur le fond, King Kong (1976) s'apparente à une série B luxuriante qui paraît désormais bien obsolescente sans forcément démériter. Indiscutablement, le colosse de Skull Island aurait mérité un remake bien plus éloquent et charitable, une requête qui sera finalement ouïe par Peter Jackson trois décennies plus tard, avec une nouvelle version éponyme en 2005. Que les adulateurs du film de 1933 se rassérènent. John Guillermin commettra l'irréparable dix ans plus tard en réalisant King Kong 2 (1986).
Note : 11/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/King_Kong_(film,_1976)