Genre : science-fiction, action, catastrophe
Année : 1998
Durée : 2h25
Synopsis : Un astéroïde se dirige vers la Terre à la vitesse de 35.000 kilomètres à l'heure. Harry S. Stamper, grand spécialiste du forage pétrolier, est recruté par le directeur de la NASA pour tenter de le détruire. Lui et son équipe de têtes brûlées devront se poser sur l'astéroïde et placer en son coeur une charge nucléaire. Débute alors l'entraînement indispensable des astronautes et l'apprentissage des outils spatiaux...
La critique :
Certes, il existe un risque potentiel et bien réel d'une chute d'astéroïde de taille massive sur la Terre. Pour preuve, par le passé, notre planète a connu à maintes reprises cette catastrophe exponentielle, modifiant durablement sa structure géologique ainsi que ses schémas climatologiques. Il y a environ 75 millions d'années, un astéroïde de la taille de l'Etat du Texas a frappé la Terre, provoquant ainsi l'extinction des dinosaures. Depuis, notre planète n'a plus connu de désastre de type eschatologique. Pourtant, à l'heure actuelle, la NASA scrute tous les jours notre ciel à la recherche d'un astéroïde susceptible de frapper un jour ou l'autre notre vaste planète.
En ce sens, le scénario d'Armageddon, réalisé par Michael Bay en 1998, est hélas plausible. Un tel catastrophisme devient même l'apanage du cinéma hollywoodien.
Corrélativement, le long-métrage doit se colleter avec un autre adversaire, Deep Impact, sorti la même année, et qui évoque peu ou prou les mêmes scénarii. Aujourd'hui, les scientifiques savent qu'on peut ne peut impunément faire sauter un astéroïde à l'aide d'une bombe nucléaire, déjà parce que nous ne possédons pas une telle armada militaire, ensuite parce que cette panacée se révélerait, in fine, catastrophique pour l'humanité. Sous l'effet de l'explosion, l'astéroïde se subdiviserait en plusieurs agrégats d'astres meurtriers, capables d'impacter durablement notre planète. La solution proposée par Armageddon n'est donc pas envisageable.
En vérité, si ce genre de scénario se produisait, nous serions totalement désarmés face à l'arrivée imminente d'un astéroïde.
Exempt ce petit cours d'astronomie, passons désormais à la chronique d'Armageddon ! Avant cette production pharaonique et dispendieuse, Michael Bay a déjà fait ses preuves dans le cinéma d'action avec Bad Boys (1995) et Rock (1996). Le metteur en scène corroborera cette dilection pour ce cinéma qui tâche et qui pique sévèrement les mirettes via Pearl Harbor (2001) et la saga Transformers. Grâce au succès faramineux d'Armageddon, Michael Bay va pouvoir enfin imposer et ériger son style grandiloquent et indélébile à la face d'Hollywood, au plus grand désarroi du cinéphile en déveine. Le cinéaste requiert également l'érudition de J.J. Abrams et de Jonathan Heinsleigh derrière le scénario et la production du film. Si le long-métrage rapporte plus de 550 millions de recettes à travers le monde, il se solde à l'inverse par les anathèmes et les quolibets de la presse spécialisée.
Certaines critiques, pour le moins dubitatives, agonisent le film d'injures et admonestant une production inique et propagandiste qui glorifie et déifie allègrement la puissance militaire et spatiale des Etats-Unis. Armageddon est même nommé lors de la 19e cérémonie des Razzie Awards qui récompense les pires productions de l'année. Reste à savoir si le métrage mérite (ou non) de telles acrimonies. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Blockbuster oblige, cette pellicule dantesque se compose d'un casting pléthorique pour l'occasion.
Bruce Willis, Liv Taylor, Ben Affleck, Billy Bob Thornton, Will Patton, Steve Buscemi, William Fichtner, Michael Clarke Duncan, Owen Wilson, Peter Stormare, Jessica Steen, Jason Isaacs, Keith Davids et Udo Kier répondent doctement à l'appel.
On notifiera également la participation de Charlton Heston dans le rôle du narrateur. Attention, SPOILERS ! (1) Alors qu'elle se trouve en mission en orbite terrestre, la navette Atlantis est détruite par une pluie de météorites qui termine sa course sur New-York. Ceci est le prélude d'une catastrophe majeure : un astéroïde de la taille du Texas s'écrasera sur Terre dans exactement dix-huit jours. Dan Truman, directeur des opérations de vol à la NASA, envisage la mission de la dernière chance : envoyer des astronautes sur l'astéroïde pour qu'ils y creusent un puits dans lequel sera insérée une charge nucléaire. Pour ce faire, il fait appel à Harry Stamper, le plus grand spécialiste en forage pétrolier.
Mais ce dernier, ainsi que ses hommes, n'ont aucune notion d’astronautique, et devront bénéficier d'une formation accélérée (1).
A l'aune de cette exégèse, le spectateur hébété est légitimement en droit de s'attendre à une production pragmatique et perspicace dans le sillage et le continuum de Deep Impact. Or, Michael Bay n'en a cure et privilégie une production fantasque sous l'égide du pittoresque et de la truculence. La fin du monde ? Peu importe. Le réalisateur goguenard signe presque une parodie du cinéma catastrophe en se polarisant sur une bande de bambocheurs et foreurs à leurs heures perdues. Seul Bruce Willis vient apporter un simulacre de méticulositéà cette vaste opération fomentée par la NASA et les Etats-Unis en catimini et sous le nez et la barbe du reste du monde.
Pas question d'envoyer des joyeux drilles voyager dans les anfractuosités de notre système solaire ! Toutefois, pour stopper la course effrénée de cet astéroïde massif, Bruce Willis doit employer ses fidèles subordonnés, experts en la matière.
A contrario, Bruce Willis et ses prosélytes ne sont pas des cosmonautes aguerris et devront subir un entraînement prompt et spécialisé sur deux petites semaines. Vous l'avez donc compris. Pour le spectateur sidéré, prière de phagocyter tout scénario crédible et/ou plausible au profit d'une production partiale et galvaudée qui révère l'hégémonie de l'Amérique sur la scène internationale. Seuls les Etats-Unis sont en mesure de sauver la Terre d'une extinction totale. Un modeste foreur et son aréopage deviennent alors les héros de la nation et du monde, le tout sous la complicité béate d'autres pays à priori subsidiaires, l'URSS figurant en tête de liste.
On croit fabuler... Pantois, Bruce Willis évoque un cauchemar surréaliste. Le comédien ne croit pas si bien dire...
Retors, Michael Bay ne nous épargne aucune excentricité, poussant le vice jusqu'à nous proposer une carte postale de la France (des jeunes éphèbes festoyant dans une voiture 2CV) d'une bêtise accablante ! Indubitablement, la première partie d'Armageddon reste la section la plus éloquente du film, Michael Bay transformant - volontairement ou non, on ne le saura jamais - sa pellicule en parodie funambulesque. En revanche, la seconde partie, se déroulant dans le vide intersidéral puis sur l'astéroïde destructeur, est de facture beaucoup plus conventionnelle.
Là encore, Bruce Willis et sa bande de ripailleurs seront mis à rude épreuve. Sur ce dernier point, l'épilogue final accumule tous les archétypes habituels, entre le patriarche qui découvre, dans son futur gendre, le charisme d'un fils qu'il n'a jamais eu, les moments homériques qui sombrent ponctuellement dans les saynètes ubuesques, les parties de cabotinage (mention spéciale à Steve Buscemi qui nous gratifie de bonnes tranches de rigolade), les vedettes subalternes qui ne servent à rien (n'est-ce pas Owen Wilson...) et les messages de sacralisation de la puissance de l'Amérique toujours au service de la pérennité de notre vaste monde...
Présomptueux, Michael Bay n'est jamais à court d'habiles subterfuges et essaime son discours harangueur sur une durée astronomique (c'est le cas de le dire) de deux heures et 25 minutes de bobine. On comprend mieux pourquoi Armageddon a rencontré les ferveurs du site Nanarland (Source : http://www.nanarland.com/Chroniques/chronique-armageddon-armageddon.html) parmi ses chroniques picaresques.
Côte :Nanar
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Armageddon_(film,_1998)