Genre : policier, action,
Année : 1988
Durée : 1h48
Synopsis : Ivan Danko, un policier russe, est envoyéà Chicago pour ramener Rostavili, le trafiquant de drogue responsable de la mort de son coéquipier. Le criminel, tombé aux mains de la police américaine dès son arrivée, attend d'être extradé. Mais, durant le transfert, il s'échappe et Danko doit, par la force des choses, s'associer à la police locale pour retrouver le fugitif. Il fait équipe avec Art Ridzik, un policier bougon qui connaît Chicago sur le bout des doigts. Malgré toutes leurs différences, les deux hommes vont devoir se serrer les coudes pour récupérer le criminel et empêcher une transaction de drogue faramineuse.
La critique :
Selon le site Wikipédia (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Buddy_movie), le buddy movie (ou "film de copains") se définit comme un genre cinématographique qui réunit deux personnages antagonistes, mais appelés à se coaliser pour résoudre une affaire et/ou une problématique. Les genres policiers, comiques, fantastiques et science-fictionnels se sont délectés de ce style cinématographique le plus souvent pittoresque, en particulier les Etats-Unis qui affectionnent ce genre de duo iconoclaste. Durant les décennies 1980 et 1990, Hollywood réunit plusieurs duos de prestige au service de productions souvent lucratives, entre autres 48 Heures (Walter Hill, 1982), L'Arme Fatale (Richard Donner, 1987), Un ticket pour deux (John Hughes, 1987), Midnight Run (Martin Brest, 1988), La Relève (Clint Eastwood, 1990), Le Dernier Samaritain (Tony Scott, 1991), Bad Boys (Michael Bay, 1995), ou encore Men In Black (Barry Sonnenfeld, 1997).
Vient également s'agréger Double Détente, réalisé par les soins de Walter Hill en 1987. Comme déjà mentionné, le cinéaste n'en est pas à son premier coup d'essai puisque le cinéaste a déjà signé le diptyque 48 Heures et 48 Heures de Plus (1990), deux buddy movies qui conglomérait et érigeait le duo Nick Nolte/Eddy Murphy sur le haut des oriflammes. La carrière cinématographique de Walter Hill débute dès la fin des années 1960 via deux classiques incontournables du noble Septième Art. Il officie alors, en tant qu'assistant-réalisateur, aux tournages de L'Affaire Thomas Crown (Norman Jewison, 1968) et de Bullitt (Peter Yates, 1968).
Il enchaîne avec Le Bagarreur (1975) et Driver (1978), deux films honorables qui lui permettent d'asseoir sa notoriété.
Mais c'est avec The Warriors (en français, Les Guerriers de la Nuit) que Walter Hill déchaîne à la fois les passions et les quolibets. En outre, Les Guerriers de la Nuitévoque un sujet tabou, à savoir les affrontements et les pugilats meurtriers entre plusieurs bandes de voyous et de renégats dans les quartiers du Bronx, ce qui ne manque pas de déclencher les foudres et les anathèmes de la censure. A contrario, Walter Hill jubile. Le cinéaste tient enfin son tout premier film culte et peut s'enhardir d'une filmographie plutôt éloquente avec des longs-métrages tels que Sans Retour (1981), Les rues de feu (1984), Extrême préjudice (1987) et Wild Bill (1995).
En revanche, ses dernières pellicules, notamment Supernova (2000), Un seul deviendra invincible (2002) et Du plomb dans la Tête (2012), sont beaucoup moins probantes.
Durant les années 1980, Walter Hill et Arnold Schwarzenegger palabrent depuis longtemps sur un projet cinématographique. Les deux hommes rêvent de travailler ensemble, mais Walter Hill ne souhaite pas dériver vers un long-métrage de science-fiction, un genre qu'il ne maîtrise guère. Le metteur en scène dénote l'accent autrichien d'Arnold Schwarzenegger et souhaite voir le comédien sous les oripeaux d'un policier soviétique. Contre toute attente, l'acteur apprécie cette idée saugrenue, d'autant plus que les Etats-Unis et la Russie sont toujours sous l'égide de la Guerre Froide.
C'est ainsi que naît le script de Double Détente, un film policier et d'action qui se propose de coaliser un flic new-yorkais et un flic soviétique. A fortiori, ces deux héros antagonistes ne sont pas appelés à lutiner et encore moins à s'acoquiner.
Paradoxalement, le métrage flagorne le public américain et se solde par un succès commercial lors de sa sortie dans les salles. Hormis Arnold Schwarzenegger, la distribution de Double Détente se compose de James Belushi, Ed O'Ross, Laurence Fishburne, Peter Boyle, Gina Gershon et Richard Bright. Attention, SPOILERS ! (1) Moscou fin des années 1980, le commissaire Ivan Danko et son second Yuri Ogarkov débarquent dans une sorte de bar dans lequel le trafiquant Viktor Rostavili et ses lieutenants sont réunis. Mais l’arrestation tourne mal et Rostavili s’échappe.
Les deux policiers le pourchassent dans les rues moscovites. Mais Yuri Ogarkov se fait abattre par le truand. De plus, il parvient àéchapper à la police. Ivan Danko finit par apprendre que Viktor Rostavili est allé se mettre au vert à Chicago, et alliant l’utile à l’agréable va négocier auprès de ses fournisseurs américains ses futures importations de drogue pour Moscou.
Ivan Danko arrive lui aussi à Chicago. On soumet la sécurité du commissaire Danko au sergent Art Ridzik malchanceux dans ses dernières arrestations et un peu mis au rencart… (1) A l'aune de cette exégèse, difficile à fortiori de s'enthousiasmer pour Double Détente, qui ânonne un sujet mille fois rebattu au cinéma, à savoir une enquête diligentée par deux policiers littéralement opposés. Comme nous l'avons déjà indiqué, Walter Hill s'était déjà délecté de cette xénophobie latente avec le diptyque 48 Heures et 48 Heures de Plus en confédérant le policier "blanc" (Nick Nolte) à un "black" goguenard (Eddie Murphy). Toutefois, l'intérêt de Double Détente se situe justement dans cet oxymore improbable via ce duo qui réunit un policier moscovite et un flic de Chicago.
Inutile de rappeler les belligérances ni les inimitiés entre les deux Nations vindicatives qui se sont disputées la couronne de la conquête spatiale, puis la course à l'armement nucléaire.
Mais nous sommes en 1988, soit un an avant la chute du Rideau de Fer. Sous l'impulsion de Mikhaïl Gorbatchev, la Russie aspire déjàà s'ouvrir sur le monde occidental et donc à baguenauder avec son pire ennemi, les Etats-Unis. Et c'est exactement ce que traduit Double Détente. Ce n'est pas un hasard si Walter Hill choisit le colosse "Schwarzy" pour incarner un policier droit comme un piquet et appliquant des méthodes rigoristes pour venger son collègue abattu par Viktor Rosta, un trafiquant de drogue. En dépit de ses habiles subterfuges, Double Détente assène, bon gré mal gré, un nouveau discours politique, celui de deux nations appelées à discutailler sur la scène internationale.
Curieusement, Walter Hill élude promptement cette dichotomie entre deux flics pugnaces et impitoyables. Dès lors, Double Détente fonctionne comme un buddy movie de facture conventionnelle, s'appuyant sur une enquête basique et des personnages tout aussi prosaïques. On se consolera sur quelques saynètes d'action élusives et par le duo formé par Schwarzy et James Belushi qui fonctionne plutôt bien sur la durée. Rien de sensationnel nonobstant puisque les deux comédiens semblent étrangement en retrait. Seul l'épilogue final, en forme d'amicalité internationale, sommera les deux acteurs de se serrer la pince, en arborant néanmoins un petit rictus de façade.
Note :12.5/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : http://www.rueducine.com/double-detente-1988/