Genre : action, policier (interdit aux - 12 ans)
Année : 2018
Durée : 1h47
Synopsis : Quand il ne sauve pas des vies, Paul Kersey, chirurgien urgentiste, mène une vie de rêve, en famille, dans les beaux quartiers de Chicago… Jusqu’au jour où tout bascule. Sa femme est sauvagement tuée lors d’un cambriolage qui tourne mal… Sa fille de 18 ans est plongée dans le coma. Face à la lenteur de l’enquête, il se lance dans une chasse à l’homme sans merci.
La critique :
En 1971, Don Siegel annonçait déjà les toutes premières prémisses du vigilante movie via L'Inspecteur Harry, un film policier à la violence âcre et rédhibitoire. A travers les tribulations de son célèbre inspecteur, Harry Callahan, Don Siegel explore aussi une Amérique exsangue et gangrénée par une criminalité qu'elle ne parvient plus à réfréner. Certes, Harry Callahan porte le sceau étoilé de la police, mais le lieutenant ne croit plus à la doxa de la justice, désormais diligentée par une oligarchie et des hiérarques très éloignés d'une réalité trop amère. Premier coup de semonce pour l'Oncle Sam.
Le cinéma hollywoodien n'appréciera guère les outrecuidances d'un Don Siegel impudent. A contrario, L'Inspecteur Harry triomphe lors de son exploitation dans les salles obscures et rapporte suffisamment de pécune pour se transmuter en pentalogie lucrative.
Mais le vigilante movie connaîtra son véritable essor quelques années plus tard avec la sortie d'Un Justicier dans la Ville (Michael Winner, 1974). Au moment de sa sortie, le long-métrage marque une rupture fatidique et estourbit durablement les persistances rétiniennes en narrant les pérégrinations vindicatives de Paul Kersey, un architecte inconsolable et atrabilaire suite au meurtre de sa femme et au viol de sa fille, atrocement torturées par trois maniaques de l'opinel.
La vengeance de Paul Kersey sera terrible. Cet ancien militaire de la guerre de Corée va alors revêtir ses frusques d'anciens soldats et reprendre les armes pour mener une guérilla urbaine. Bilieux, l'architecte arpente les rues sordides de New York la nuit et massacre les bandits un peu trop téméraires. Ce nouveau justicier devient la nouvelle égérie des médias populaires.
Qui peut se tapir derrière le visage de ce justicier partial et implacable ? Ensuite, le cas de Paul Kersey suscite le débat et la polémique au sein de la presse spécialisée qui s'interroge sur la justice et pointe une défaillance sécuritaire dans les rues sordides de nos cités en déshérence. Plus que l'incompétence policière, le film met en exergue la loi du Talion et cette volonté farouche d'appliquer une justice inique et personnelle. Encore une fois, le cas de Paul Kersey expose ostentatoirement les failles et les fêlures de notre démocratie moderne. Or, la démocratie des Etats-Unis légalise la vente des armes sur son immense territoire. Tel est l'oxymore qui surgit à la fin du film, laissant le spectateur pantois.
De son côté, Charles Bronson, qui interprète Paul Kersey, jubile. Le comédien trouve ici l'un des rôles proéminents de sa carrière.
Certes, Un Justicier dans la Ville n'échappe pas aux anathèmes et aux quolibets. Pour certains, le métrage soulève de nombreuses introspections. Pour d'autres, il s'agit d'une oeuvre fascisante prônant la vengeance comme un moyen légal d'exécution. A l'instar de L'Inspecteur Harry, Un Justicier dans la ville se transmue à son tour en pentalogie mercantile et de qualité erratique avec Un Justicier dans la Ville 2 (Michael Winner, 1982), Le Justicier de New York (Michael Winner, 1985), Le Justicier Braque les Dealers (J. Lee Thompson, 1987) et Le Justicier : L'ultime combat (Allan A. Goldstein, 1994). Succès oblige, le premier chapitre de Michael Winner inspire et engendre d'autres vigilante movies à caractère tendancieux. Les thuriféraires citeront aisément Death Sentence (James Wan, 2007), Légitime Violence (John Flynn, 1977), A Vif (Neil Jordan, 2007), L'Ange de la Vengeance (Abel Ferrara, 1981), ou encore Vigilante - Justice sans Sommation (William Lustig, 1983).
Le projet de réaliser un remake d'Un Justicier dans la Ville ne date pas d'hier remonte au milieu des années 2000. A l'époque, Sylvester Stallone aspire à réaliser une nouvelle version et à interpréter le rôle principal (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Death_Wish_(film,_2018), mais le projet est finalement prorogé pour des divergences artistiques. L'idée d'un remake éponyme réapparaît dès 2012 sous l'égide et la componction de Joe Carnahan. Le cinéaste tergiverse entre Liam Neeson et Russell Crowe pour incarner le personnage de Paul Kersey.
Derechef, le metteur en scène clabaude et maronne contre les choix artistiques de la firme Paramount Pictures et décide de quitter un projet en désuétude. Le script est alors corrigé, débattu et rectifiéà moult reprises.
Il échoit entre les mains avisées d'Eli Roth. Ce dernier devient alors le réalisateur de Death Wish, sorti en 2018. En outre, le réalisateur et producteur est surtout connu pour ses prédispositions pour le gore et l'horreur. Par le passé, Eli Roth s'est surtout illustré avec Cabin Fever (2002), Hostel (2006), Hostel, Chapitre 2 (2007), le remake de Cannibal Holocaust, The Green Inferno (2013) et Knock Knock (2015). Au moment de sa sortie, Death Wish reçoit un accueil assez mitigé. Si certaines critiques se montrent plutôt extatiques, saluant par ailleurs la mise en scène affûtée du cinéasts, d'autres diatribes arborent davantage de circonspection.
Sur la forme comme sur le fond, Death Wish n'insufflerait pas cette irrévérence de naguère. Surtout, ce remake s'apparenterait à n'importe quel vigilante movie et souffrirait de la comparaison avec une concurrence pléthorique en la matière.
Reste à savoir si cette nouvelle version mérite de telles acrimonies. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution de Death Wish se compose de Bruce Willis chargé de remplacé Charles Bronson, Elisabeth Shue, Vincent D'Onofrio, Dean Morris, Kimberly Elise et Mike Epps. Attention, SPOILERS ! (1) Le Docteur Paul Kersey est un chirurgien urgentiste, honnête et non violent, menant une vie de rêve dans les beaux quartiers de Chicago. Cependant, sa vie bascule après un cambriolage qui tourne mal : sa femme Lucy est sauvagement tuée et sa fille Jordan, âgée de 18 ans, est plongée dans un long coma. Impuissant face à la lenteur de la police à retrouver les coupables, Paul a soif de vengeance ; il souhaite s'acheter une arme dans une armurerie avant de s'y résoudre.
Mais le jour où un homme gravement blessé arrive dans son bloc opératoire et laisse tomber un pistolet sur le sol, Paul s'en empare... et quelques heures plus tard, s'en sert pour empêcher un vol de voiture en tuant de sang froid les deux voleurs...
Commence alors une quête de vengeance dans les rues de Chicago la nuit tombée, afin de retrouver les meurtriers de sa femme (1). Certes, presque 35 ans se sont écoulés depuis la sortie d'Un Justicier dans la Ville. Pourtant, rien ne semble avoir changé dans une Amérique toujours aussi décrépie et tarabustée par ses velléités sécuritaires. A l'heure où les débats continuent de s'interroger sur la question spinescente de la vente libre d'armes aux Etats-Unis, le vigilante movie a encore de beaux jours devant lui. Paul Kersey aussi. Et peu importe qu'il soit architecte ou chirurgien-dentiste.
La réthorique reste invariablement identique. Suite à l'assassinat de sa famille, c'est un Américain lambda, un vulgaire quidam en quelque sorte, qui se métamorphose subrepticement en pourfendeur de torts. Dès lors, on pouvait légitimement ergoter sur l'utilité d'un tel remake.
Sur ce dernier point, Death Wish suit un cheminement classique et rudimentaire. Eli Roth réitère les animosités via un cambriolage qui tourne au meurtre, cette fois-ci de nature accidentelle. La femme de Paul Kersey exhale son dernier soupir. Sa fille croupit dans un état léthargique à l'hôpital. Pour Paul Kersey, c'est un argument suffisant pour mener une justice expéditive et retrouver les assassins de sa famille. Contrairement à son auguste devancier, Death Wish se pare des atours d'une enquête policière pour mieux farder sa vacuité. Surtout, le film ne parvient pas à masquer son statut de série B dispendieuse, qui se confine promptement dans une production policée et prodiguée par les producteurs hollywoodiens. Petite piqûre de rappel.
Dans le Death Wish de 1974, l'épouse et la fille de Paul Kersey étaient atrocement suppliciées par trois tortionnaires azimutés.
Ici, ce sont finalement des Américains ordinaires et sans envergure. Surtout, dans la version de Michael Winner, Paul Kersey ne retrouvait jamais les assassins de sa famille, se noyant dans une spirale infernale de géhenne, de violence et de résipiscence. Malgré ses exactions et ses forfaitures, le Paul Kersey de 1974 ne parvenait pas à vaincre ses propres démons ni le traumatisme originel. Toute la subtilité de la version originale se trouvait dans cette dichotomie irréfragable.
Evidemment, avec de telles arguties, Death Wish version Eli Roth a peu de chance de convaincre et de rééditer une telle nonchalance. A contrario, on décèle, çà et là, quelques idées ingénieuses et évasives, hélas prestement dévoyées par un scénario conventionnel. Derechef, le film met en exergue cette vente légale des armes aux Etats-Unis. Ainsi, Paul Kersey ne soucillera pas le moins du monde pour transformer sa vaste demeure en bastion militaire.
Eli Roth effleure du bout des doigts son sujet principal qu'il préfère éluder au service d'un vigilante movie aseptisé et qui suinte surtout l'inanité. Ainsi, les questions sociologiques, politiques et idéologiques sont traitées en filigrane et commentées par un journaliste studieux de la radio. Encore une fois, dommage... car Eli Roth semble transi d'acerbités à l'égard des doctrines actuelles diligentées par Donald Trump et ses fidèles prosélytes. Hélas, cette critique en catimi reste beaucoup trop évasive pour susciter l'attention. C'est l'éternel problème de Death Wish, à savoir cet éternel tâtonnement entre cette revendication située à droite et ces saillies rédhibitoires contre un gouvernement retors et pusillanime.
In fine, si Bruce Willis remplit doctement son office, il ne parvient pas à oblitérer la figure emblématique de Charles Bronson. C'est donc un certain désenchantement qui point lors du générique final.
Note :10/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Death_Wish_(film,_2018)