Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2018
Durée : 1h40
Synopsis : Un simple jeu innocent d’Action ou Vérité entre amis se transforme en cauchemar sanglant quand quelqu’un – ou quelque chose – commence à punir ceux qui mentent – ou refusent de jouer.
La critique :
Depuis 2003 et la sortie du remake éponyme de Massacre à la Tronçonneuse au cinéma, agencé par les soins de Michael Bay et de Marcus Nispel, le cinéma horrifique tergiverse entre l'hommage appuyé, les séquelles exhumant les vieilles figures comminatoires de jadis (Jason Voorhees, Freddy Krueger, Michael Myers et Leatherface, entre autres), le retour inopiné du paranormal (le succès emblématique et usurpé de la saga Paranormal Activity), le home invasion (le diptyque formé par The Collector et The Collection par les soins de Marcus Dunstan), les zombies claudicants et décrépits (Shaun of The Dead, Edgar Wright, 2005), le torture porn (Saw et Hostel... toujours la même antienne...) et même quelques relents de found footage, le tout corseté par les mentions "histoire vraie" ou "inspiré de faits réels, en dépit de la caducité de concepts usés, rongés et phagocytés jusqu'à la moëlle.
Durant les années 2000, certains producteurs avisés tenteront ingénument d'inventer de nouveaux scénarii, un peu à la manière de la saga Destination Finale. Mais à force de réitérer des formules éculées à coup de multiples supplices et de slashers aseptisés, le public désarçonné finira par s'étioler sur ce même chemin escarpé. Certes, dans le cinéma d'horreur actuel, on relève encore quelques exceptions notables et notoires. Récemment, des films tels que It Follows (Robert David Mitchell, 2014) et Grave (Julia Ducournau, 2017) ont permis à l'épouvante de raviver cette flamme de naguère.
Encore plus récemment, c'est le film Sans Un Bruit (John Krasinski, 2018), A Quiet Place dans la langue de Shakespeare, qui a rappelé au genre horrifique ses lettres de noblesse, celles qui ont vu poindre cette menace indicible et inextricable provenant du vide et d'un néant indicible, un peu à la manière d'un John Carpenter avec The Thing en son temps (en 1982, pour être précis).
De facto, on était légitimement en droit de se questionner sur le concept péroré par le film Action ou Vérité, réalisé par les soins de Jeff Wadlow en 2018. L'intitulé du long-métrage ne laisse aucun doute sur les aspérités de cette nouvelle production horrifique qui s'adresse, de prime abord, aux jeunes jouvenceaux en manque de sensations anxiogènes. Quant à Jeff Wadlow, le cinéaste et scénariste américain a débuté sa carrière cinématographique vers l'orée des années 2000 et via plusieurs courts-métrages, notamment The Tower of Babble (2002), Manual Labor (2002) et Catching Kringle (2004), par ailleurs inconnus au bataillon et inédits dans nos contrées hexagonales.
Vers le milieu des années 2000, Jeff Wadlow signe son tout premier long-métrage avec Cry Wolf (2005), un film d'épouvante qui n'a pas spécialement laissé un souvenir impérissable.
Le metteur en scène enchaîne alors avec Never Back Down (2008) et Kick-Ass 2 (2013), une suite qui reste le métrage le plus proverbial du cinéaste. Au mieux, Jeff Wadlow fait donc figure de petit tâcheron noyé et fourvoyé dans le carcan du cinéma hollywoodien. Dire que l'on n'attendait rien ou presque d'Action ou Vérité relève du doux euphémisme. A l'origine, Jeff Wadlow convoque et coalise plusieurs grimauds et scénaristes (Jillian Jacobs, Chris Roach et Michael Reisz) pour griffonner le script d'Action ou Vérité. A fortiori, la trame narrative de Truth or Dare (titre anglicisé du film) part sous les meilleurs auspices puisqu'il serait question d'un démon qui se délecterait de la candeur et de l'ingénuité de nos jeunes adulescents en déveine. Pas question d'abandonner la partie en cours sous peine d'être meurtri ou de subir une mort atroce et certaine.
Ca ne vous rappelle pas une célèbre franchise ? Si vous avez répondu Destination Finale, alors vous avez cerné la genèse d'Action ou Vérité. Mais le film s'inspire d'autres longs-métrages référentiels et s'apparente aussi à une nouvelle variante de It Follows (précédemment mentionné dans ces colonnes). Reste à savoir si Action ou Vérité va réussir (ou non) à se démarquer d'une concurrence apoplectique en la matière et qui met en exergue la mort comme une menace prééminente.
Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Toujours est-il qu'Action ou Vérité a plutôt recueilli le scepticisme de la presse et des critiques spécialisées. A fortiori, Truth or Dare serait au mieux une pellicule inoffensive et souffrant de la comparaison avec ses augustes homologues. La distribution du film se compose de Lucy Hale, Tyler Posey, Violett Beane, Hayden Szeto, Landon Liboiron et Nolan Gerard Funk.
Attention, SPOILERS ! (1) Un groupe d'étudiants, en vacances au Mexique, se retrouve à jouer à"Action ou Vérité ?" suite à la demande de Carter, la conquête d'Olivia. Mais lorsqu'on lui demande ses intentions envers la jeune femme, Carter dévoile qu'il ne s'intéressait à elle uniquement pour la faire jouer, elle et ses amis, dans le but de survivre. Le jeu est réel et même surnaturel, une malédiction va donc poursuivre le groupe, une malédiction qui semble vouloir punir les menteurs ou ceux qui refusent de jouer (1). Certes, à priori, Action ou Vérité possède de solides arguties dans sa besace en se nimbant d'un concept plutôt perspicace. Un jeu inoffensif se transmute subrepticement en jeu machiavélique et sous l'égide d'un démon séditieux et acrimonieux. Hélas, Jeff Wadlow réalise un énième teen movie horrifique qui manque terriblement de fond et de forme.
Passons sur la mise en scène peu inspirée et hideuse qui réédite les élucubrations des slashers des années 1990 et 2000 (Scream, Souviens-toi... L'été dernier et consorts), ainsi que les principaux leitmotivs de la saga Destination Finale, la finasserie et la sagacité en moins. Exempt de tout enjeu philosophique, le film n'exploite même pas le concept souvent subjectif, informel et fuligineux de la vérité. En résumé, Action ou Vérité repose peu ou prou sur la même recette surannée qu'il réitère à satiété, à savoir un ou une adolescente qui doit opter pour un choix aux enjeux mortifères, puis doit se colleter ou s'expliquer tel un félon avec son ou sa camarade de classe courroucé(e).
Cette formule révèle rapidement ses lacunes et ses fêlures en raison d'un scénario sporadique. Certes, par d'habiles stratagèmes, Jeff Wadlow dissémine, çà et là, quelques introspections élusives sur la sexualité juvénile transie de non-dits, de cachotteries et de désirs, mais guère plus.
Visiblement, le réalisateur ne possède pas cette omniscience ni cette componction pour se glisser sur ce chemin anfractueux. Certes, la franchise Destination Finale ne brillait pas toujours pas ses subtilités. Mais au moins, les producteurs, les scénaristes et les réalisateurs se décortiquaient les méninges pour apporter une once d'ingéniositéà la mécanique du meurtre et d'une mort d'ores et déjà annoncée. Dans Action ou Vérité, même les mises à mort sont prosaïques et suintent l'inanité.
On préférerait s'esclaffer devant les longues facondes de Lucy Hale et de ses jeunes comparses un peu trop téméraires. Mais la jeune gourgandine a beau se hâter et se démener, la comédienne doit se rendre à l'évidence. Action ou Vérité n'est qu'un énième "naveton" avarié et condamnéàécumer les bacs à dvd et/ou à disparaître dans les affres des oubliettes. Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout...
Côte :Navet
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film : https://fr.wikipedia.org/wiki/Action_ou_Vérité_(film,_2018)