Genre : horreur, slasher, épouvante (interdit aux - 16 ans)
Année : 1984
Durée : 1h28
Synopsis : Un jeune garçon entraîne tous les enfants de son village à massacrer les adultes. Un couple de journalistes débarque alors en ville, et se retrouve pris en chasse par les bambins.
La critique :
L'univers putride, terrifiant et anxiogène de Stephen King rime invariablement avec le cinéma horrifique. Il suffit de regarder le nombre pléthorique d'adaptations cinématographiques scandant le nom du célèbre cacographe américain. Ainsi, des films tels que Creepshow (George A. Romero, 198), Le Bazar de l'épouvante (Fraser Clarke Heston, 1993), Carrie au bal du Diable (Brian de Palma, 1976), Christine (John Carpenter, 1983), Cujo (Lewis Teague, 1983), Dead Zone (David Cronenberg, 1983), Les Evadés (Frank Darabont, 1994), La Ligne Verte (Frank Darabont, 1999), The Mist (Frank Darabont, 2007), Ca (Andrés Muschietti, 2017), ou encore Misery (Rob Reiner, 1990), pour ne citer que ce modeste bréviaire, sont autant de longs-métrages qui se sont imposés dans la culture américaine suscitant, par ailleurs, quelques cris d'orfraie.
Récemment, c'est Andrés Muschietti qui a ressuscité le clown méphistophélique et sociopathique de Stephen King avec le diptyque consacré aux abominations de Ca, un long-métrage qui avait déjà connu les honneurs d'une adaptation télévisuelle avec Ca - Il est revenu (Tommy Lee Wallace, 1990). Vient également s'agréger Les Démons du Maïs, réalisé par les soins de Fritz Kiersch en 1984. Pour l'anecdote, ce slasher est sorti sous plusieurs titres alternatifs, notamment Children of Corn et surtout Horror Kid. Stephen King n'a jamais caché son extatisme ni son effervescence pour deux longs-métrages horrifiques majeurs. Leur nom ? Le Village des Damnés, un classique de l'épouvante signé Wolf Rilla en 1960 et Les Révoltés de l'An 2000 (Narciso Ibanez Serrador, 1977).
Le premier film mentionné marque la quintessence d'un nouveau genre dans le cinéma d'épouvante : les enfants tueurs et parricides qui se regimbent contre notre société patriarcale.
Bien avant l'avènement de la révolution sociétale, sexuelle et culturelle, Wolf Rilla avait déjà subodoré l'arrivée d'une nouvelle génération dissidente, tout en réalisant une allégorie sur le retour du nazisme via ses enfants blondinets et aux yeux luminescents qui sèment le chaos et la terreur dans une petite communautééculée. En outre, Les Révoltés de l'An 2000 suit la même rhétorique eschatologique. A peine débarqué sur une île, un couple découvre un lieu étrangement désertique. Tous les adultes semblent avoir mystérieusement disparus.
Ils sont alors pris en chasse par de jeunes marmots psychopathiques. Bientôt, cette péninsule insulaire va devenir leur tombeau. Les Démons du Maïs est évidemment l'adaptation d'une nouvelle éponyme de Stephen King.
Quant à Fritz Kiersch, le cinéaste américain sévit parfois sous le pseudonyme d'Alan Smithee (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fritz_Kiersch). Hormis Les Démons du Maïs, sa filmographie demeure plutôt erratique même si les laudateurs du metteur en scène (mais enfin, qui sont-ils ???) citeront peut-être Quartier Chaud (1985), Gor (1988), Into The Sun (1992), ou encore The Stranger (1995) parmi les oeuvres notables et notoires... Cependant, Les Démons du Maïs reste, de loin, le long-métrage le plus proverbial de Fritz Kiersch.
En l'occurrence, le réalisateur ne réitérera pas une telle performance commerciale. Pourtant, cette série B impécunieuse n'était pas spécialement promise à un succès pharaonique. Corrélativement, Horror Kid s'octroie plusieurs récompenses dans plusieurs festivals, notamment le prix du meilleur film fantastique lors du festival international du film fantastique de Bruxelles (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Démons_du_maïs).
Les Démons du Maïs se nimbe aussi d'un parfum de souffre et de scandale puisque le métrage est carrément banni en Finlande et en Islande pour son exposition gratuite de la violence. En France, Children of Cornécope seulement (si j'ose dire...) d'une interdiction aux moins de 16 ans. Autant l'annoncer de suite. Une telle réprobation est largement exagérée pour l'occasion. Toujours est-il que ce premier chapitre s'est promptement imposé dans la culture populaire américaine, se transmutant en une décalogie (soit dix films pour le moment).
Paradoxalement, le phénomène "Horror Kid" reste plutôt pondéré dans nos contrées hexagonales même si les suites apoplectiques continuent de sortir directement en dvd. La distribution du premier volet se compose de Linda Hamilton, Peter Horton, Robby Kiger, Anne Marie McEvoy, John Franklin, Courtney Gains et R.G. Armstrong.
Attention, SPOILERS ! Burton et Vicky Stanton viennent à peine de se marier. Le jeune couple est seulement de passage dans le Nebraska. Mais lors de ce voyage, leur véhicule percute accidentellement un jeune homme. Toutefois, (1) il semble qu'on l'ait poignardé avant la collision. Lorsqu'ils rejoignent une zone habitée, c'est un village fantôme qui les accueille. Les seuls habitants de Gatlin sont une bande déterminée d'enfants psychotiques. Leur obsession : exercer leur pouvoir terrifiant sur les adultes, en les exterminant (1). Le cauchemar de ne fait que commencer...
Autant l'annoncer de suite. Sur la forme comme sur le fond, Les Démons du Maïs s'apparente à un curieux maelström entre Le Village des Damnés et Les Révoltés de l'An 2000, deux oeuvres proverbiales déjà précitées.
Opportuniste, Fritz Kiersch emprunte le même didactisme, à savoir une communauté régentée par des enfants écervelés et assujettis par une sorte de bambin absolutiste et doté (à fortiori) de pouvoirs spirituels. Les Démons du Maïs signent aussi la toute première réalisation de Fritz Kiersch au cinéma. Le réalisateur novice s'empare du phénomène des slashers, très en vogue durant les années 1980. Dès lors, prière de fermer les mirettes sur l'inanité du scénario qui renâcle un peu... beaucoup... énormément chez la concurrence pétulante, qu'ils se nomment Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980), Halloween, la nuit des masques (John Carpenter, 1978) et bien évidemment Le Village des Damnés et Les Révoltés de l'An 2000. Toujours la même ritournelle...
Les Démons du Maïs n'est donc pas cet uppercut décrié et rabroué par certaines critiques ulcérées, loin de là.
Le film a sans doute suscité les anathèmes et les quolibets puisqu'il met en exergue des jeunes bambins, et plus particulièrement des jouvenceaux en pleine insubordination contre le moindre simulacre d'autorité. Point de clémence ni de pitié pour les adultes sommés d'expier leurs péchés et de périr dans d'atroces souffrances... A partir de là, Les Démons du Maïs se transmue en une critique acerbe du puritanisme et des dérives sectaires. C'est probablement la thématique la plus passionnante de cette modeste série B. Pour le reste, les contempteurs clabauderont et grommelleront à raison contre le prosaïsme de la réalisation. Le film a tout de même bien souffert du poids des années et apparaît, de facto, comme une production joliment surannée. Néanmoins, les suites abondantes et excessives ne rééditeront pas les performances sanguinolentes de leur auguste épigone.
Vous l'avez donc compris. A ce jour, Les Démons du Maïs premier du nom reste de loin le meilleur chapitre de la franchise. Ma note finale fera donc preuve d'une étonnante miséricorde...
Note :13.5/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Démons_du_maïs