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Channel: Cinéma Choc
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Hated : GG Allin And The Murder Junkies (I hate everybody and everybody can be fucked !)

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Hated

Genre : Documentaire, trash (interdit aux - 16 ans)

Année : 1993

Durée : 53 min

 

Synopsis :

Hated est un documentaire sur la vie du célèbre rocker punk GG Allin, notoirement connu pour son comportement excessif et ses shows sur scène surréalistes l'ayant érigé comme une icône de la scène underground, là où le politiquement correct est noyé sous un torrent de merde.

 

La critique : 

Enfilez votre veste à clous, mettez vos New Rock et exhibez vos chaînes ! Aujourd'hui, je me permets un petit interlude en vous amenant ailleurs dans le monde extrêmement riche et vaste du Septième Art avec un documentaire. Bon, au vu de toutes les chroniques pondues par mes soins et loin de moi l'idée de partir en prospection jusqu'aux premiers jours de l'avènement de Cinéma Choc pour voir si j'ai déjà chroniqué ce genre par le passé, on va dire que c'est un premier essai que je tâcherai de réaliser avec un minimum de professionnalisme agrémenté d'une sérieuse dose d'irrévérence car faites-moi confiance, il y en aura. Indubitablement, le documentaire est vu dans l'inconscient collectif comme un moyen de culture destinéà enrichir le spectateur. Thalassa, Des Racines et des Ailes, Rendez-Vous en Terre Inconnue sont des grands classiques que toute génération doit avoir connus.
C'est aussi une plateforme où la violence ne semble pas être permise car l'éducation passe avant tout par l'information et non par le choc et l'obscène. La réalité du monde du documentaire ne se résume pas à Arte (aussi géniale soit cette chaîne) car de nombreux érudits ont vu ce genre comme un moyen de sensibiliser une population face à ce qui n'est pas montré en temps normal, face à des faits graves, sujets à polémique. Qu'ils soient Super Size Me et sa réputation sulfureuse, Le Cauchemar de Darwin ou encore les imbuvables documentaires portant sur le colonialisme (Afrique 50, Les Statues Meurent Aussi), ils ont en commun de détruire les barrières de bienséance et ses traits timorés en affichant la réalité de façon frontale. 

En parallèle, d'autres cinéastes ont mis à l'honneur certaines personnalités plus ou moins éminentes, allant de Barack Obama à Valéry Giscard d'Estaing mais aussi des individus un peu plus... atypiques, à l'instar de la légendaire Divine. Pas de ça aujourd'hui car l'heure est à l'underground, la scène rock contre-culture bien loin de ce que l'on s'imaginait de cette époque. Avec Todd Phillips, l'heure est à GG Allin. Un bonhomme sans foi ni loi peu connu dans sa carrière mais pourtant représenté comme une institution dans son milieu, idolâtré par des centaines et des centaines de fans fascinés par ce désaxé hors norme mélangeant allègrement le punk rock et les performances de scène.
Oui, vous ne rêvez pas, celui qui mit en lumière ce personnage est le réalisateur de la version de 2004 de Starsky et Hutch et de la très célèbre trilogie Very Bad Trip (véritable plaisir coupable à l'exception du troisième, très mauvais à mon goût). Ceci étant dit qu'il démarra sa carrière à la télévision avant de se diriger vers le cinéma en tant que tel. Hated : GG Allin And The Murder Junkies représente sa toute première réalisation avant de poursuivre un travail dans le documentaire moins connu avec Frat House et Bittersweet Motel. Acclamé par les critiques subjuguées par la crudité, il s'est progressivement taillé une solide réputation dans le milieu du documentaire underground, alors que, ironie de la chose, ses productions musicales furent tancées par les critiques.

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Car il est un fait que les amateurs de ce curieux être se déplacent plus pour son show sur-dimensionnel que pour sa musique somme toute assez sommaire et riche en bons sentiments. Bite It Your Scum, Fuck Authority, Cunt Sucking Cannibal, Suck My Ass It Smells, autant de titres charmants qui ne verront pas leur passage aux heures de grande écoute. Personnalité dérangée ? Mentor éclairé ? Le fait que GG Allin soit ce qu'il est aujourd'hui résulte-t-il d'un traumatisme de jeunesse ? Il ne s'est jamais revendiqué des blessures liées à sa jeunesse loin d'être épanouissante. Néà Lancaster, il eut la malchance de tomber sur un père complètement détraqué, dont la frontière entre la religion et la folie pure en est bien floue. Pratiquant fou à lier, il annonça à sa femme qu'un ange lui était apparu que son nouveau fils serait un grand homme, dans la même veine que le Messie. Rien que ça !
Catégorisé comme mentalement instable et maltraitant, il interdisait quiconque de converser à la maison une fois la nuit tombée. Difficile de croire GG quand il dit que ça n'a jamais joué sur son caractère. Elève turbulent, il se plaisait à dealer, voler et cambrioler. Une sorte de pulsion d'adrénaline qui lui permet d'apporter du piment à sa vie. GG Allin est le témoignage de toute une génération de jeunes à problème dont l'environnement familial ne permet pas de les garder dans le droit chemin. 

Conjointement, face aux frasques d'un GG Allin s'étant défini comme projet de vie une espérance borderline, une troupe de badauds transformés en fans invétérés admire et jubile devant ses spectacles. Ils sont pour beaucoup le reflet d'une population fascinée par la transgression. N'oublions pas que GG évoluait alors dans l'époque d'après 68 où la libération des moeurs fut déterminante pour l'avenir d'une société bouillonnante et défiant la morale rigoriste de jadis. En cela, sortit un cri de rage qui s'immisça dans le coeur d'une foule se cherchant dans un monde en pleine mutation. GG Allin est ce porte-étendard d'une génération révoltée qui ne peut que se reconnaître dans un style de musique agressif, porteur de messages forts, polémiques, grossiers, défiant l'ordre établi.
Ce crachat au politiquement correct et à la bien-pensance semble bien loin aujourd'hui où les rôles semblent s'être inversés. Il leur faut des figures à admirer, qui peuvent les réconforter, les faire réfléchir et potentiellement infléchir sur le sens de leur vie. Les personnalités du monde musical sont un moyen de prédilection pour façonner des générations, avides de changement. Le rock étant par extension un milieu férocement contestataire, il n'est dès lors pas surprenant de se retrouver plongé durant 53 minutes dans cette société en marge de toute forme de conformisme. Mais, justement, pourquoi cet homme a-t-il tant fait parler de lui, défrayant la chronique et la justice ? 

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Je l'ai dit, ses fans et les curieux avaient plus tendance à le voir pour ses shows que pour sa musique. Et en cela, GG n'avait que très peu de limites. Outre le fait d'avoir développé, sans surprise, une addiction à la drogue et à l'alcool, ses comportements violents sur scène par le biais d'agressions sur le public pouvaient mener à de vrais pugilats. Se produisant fréquemment nu sur scène, il n'hésitait pas à s'auto-mutiler avec des objets coupants, à déféquer en plein concert en lâchant des propos obscènes. Reconnu pour saccager les endroits où il se produisait, ainsi que l'équipement sonore, la police et les propriétaires de la salle arrêtaient régulièrement ses performances scéniques après quelques chansons. Ses menaces de suicide, les effractions et agressions lui vaudront de moult séjours en prison quand il ne se retrouvait pas à l'hôpital pour des traumatismes et septicémies.
Sa fascination pour les serial killers n'arrangera en rien son statut dans l'inconscient collectif, d'autant plus qu'il rendra plusieurs visites au très célèbre John Wayne Gacy, plus connu sous le surnom du clown tueur.  
Dans les dernières années de sa vie, les stigmates de ses penchants quelque peu sadomasochistes apparaîtront au grand jour. 

Alors qu'il eut annoncé qu'il se suiciderait sur scène, le suicide étant un acte quasiment christique dans sa vision des choses, il sera retrouvé inerte, mort d'une overdose d'héroïne dans l'appartement d'une amie à New York. Avec ça, les fascinations d'une jeunesse borderline s'en allaient après un enterrement mémorable où les souhaits de GG fut de ne pas être lavé (sachant qu'il sentait les excréments à la suite de son dernier concert), de se retrouver avec une bouteille de Jim Beam à ses côtés. Un enterrement devenu une fête acharnée. Les jeunes mirent de la drogue et du whisky dans sa bouche, s'amusèrent à enlever son slip de sparadraps pour prendre son pénis en photo et son frère lui mettra des écouteurs reliés à un lecteur portable sur lequel se trouve une copie de The Suicide Sessions. Par la suite, sa tombe sera plus d'une fois vandalisée avec des mégots de cigarette, des bouteilles d'alcool et des matières fécales par des fans. Un hommage comme un autre envers leur idole.
Phillips s'attarde à décrire la vie passée de GG en interrogeant ses amis et connaissances, qu'ils soient homme souriant à lunettes, son professeur, des junkies par excellence ou un homme louche nu semblant s'être shooté avant l'interview. Définitivement, le personnage aura touché toutes les strates sociales. Cependant, il est vrai que Phillips a un peu trop tendance à privilégier les interviews aux images explicites que nous pensions plus nombreuses. Bien sûr, cela n'enlevant en rien l'étourdissement de notre âme bien malmenée par ce qui ressemble à un être humain. Avant tout, un être humain très attachant dont nous aurions adoré discuter avec lui l'espace d'une heure.

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Le documentaire nous offrira plusieurs séquences d'anthologie à l'image de cette scène tournée à l'Université de New York où il se déshabille devant l'audience pour s'insérer une banane dans l'anus et lancer les morceaux sur le public, tout en les provoquant. Du grand art terriblement jouissif ! Plusieurs vidéos de ses concerts seront disponibles sur le moyen-métrage. Les violences filmées s'accordent à une belle défécation explicite pour le voir se tartiner le corps avec. Une autre scène le verra demander à une femme de lui uriner dans la bouche. Evidemment, elle s'y attèlera pour nos plus grands yeux ébahis. Pour finir, invité sur un plateau de talk-show, il tiendra un langage ordurier malgré les règles très strictes en vigueur aux USA. La plus grande partie de son discours sera censuré par les traditionnels BIIIIIP. Seulement voilà, arrivé au générique de fin, on ne peut s'empêcher d'avoir un goût de trop peu en bouche. Les 53 minutes ne permettent pas un développement suffisant de GG qui aurait mérité d'être mieux mis en valeur sur une plus longue durée. 

Pourtant, on ne pourra s'empêcher de rêver à un temps passé où aucune limite dans l'opinion publique ne semblait être de mise. Une époque où le discours était libéré, clair, frontal et sans quelconque fioriture. Alors que les générations avaient voulu détruire les barrières morales trop étroites de jadis, notre société actuelle en revient dangereusement au régime passé où la liberté de parole est de plus en plus cloisonnée. L'ironie veut que les pourfendeurs de cette idéologie pas démunie de certaines accointances avec le fascisme des idées soient les fameux progressistes qui se sont insurgés contre leurs ennemis dont ils ont paradoxalement revêtu les oripeaux pour imposer à tous leur vision devant être universelle. L'air de rien, Hated pose de nombreuses questions sociétales sur notre environnement sombrant de plus en plus dans la bien-pensance réductrice, toxique et aseptisée.
Cela sera probablement ce qui explique pourquoi le fameux GG Allin est quelque part une partie gueularde de toute personne dont la conscience n'aura pas été aliénée aux dogmes de la pensée unique. Une partie qui résonne en chacun de nous, prêts à se battre pour ne pas se soumettre au politiquement correct. Que dirait-il s'il se retrouvait à notre époque ? Probablement rien, sinon quelques lancers d'étrons entre les deux orbites des bien-pensants sous un tonnerre d'applaudissements de notre part. 

 

Note :13/20

 

 

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