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Bubbles Galore (Innocente dévergondée)

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bubbles galore

Genre : érotique, expérimental (interdit aux - 16 ans)
Année : 1996
Durée : 1h34

Synopsis : Star du porno, Bubbles Galore, une bisexuelle, recherche l'amour et le désir sexuel durant le tournage d'un film pornographique.    

 

La critique :

Il faut se rendre sur le lien suivant : http://www.vodkaster.com/listes-de-films/les-plus-beaux-films-erotiques-top/876581 pour dénicher et déceler la liste foisonnante et exhaustive des films érotiques les plus proverbiaux. Evidemment, les thuriféraires de ce registre cinématographique et libidineux n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Belle de Jour (Luis Bunuel, 1967), La Bête (Walerian Borowczyk, 1975), Crash (David Cronenberg, 1996), Contes Immoraux (Walerian Borowczyk, 1974), Lunes de Fiel (Roman Polanski, 1992), ou encore L'Empire des Sens (Nagisa Oshima, 1976) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires.
Souvent, ces oeuvres sulfureuses et harangueuses sont synonymes de polémiques et de scandales puisqu'elles flattent, entre autres, nos péchés de scopophilie et de concupiscence.

On se souvient (ou pas...) de la franchise Emmanuelle, amorcée par les soins de Just Jaeckin en 1974. La saga dérivera même subrepticement vers la "Emmanuelle Exploitation" via des séries B érotiques, aguicheuses, gore voire pornographiques ; dont Laura Gemser devient la nouvelle égérie. Opportuniste, Joe d'Amato s'emparera de ce filon lucratif et mercantiliste via des productions indigentes et racoleuses ; convoquant à la fois la lascivité, le trash et l'anthropophagie. Impression corroborée par Emanuelle et les derniers cannibales (Joe d'Amato, 1977), également connu sous le cryptonyme de Viol sous les Tropiques. Joe d'Amato, quand tu nous tiens... 
Vers l'orée des années 2000, l'érotisme et la pornographie se transmuteront à leur tour en rape and revenge féministe via Baise-Moi (Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi, 2000), un long-métrage qui cogne, estomaque et tabasse là oùça fait mal.

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Depuis, l'érotisme et la pornographie se sont peu ou prou égarés dans les affres de la désuétude et de la fastidiosité. Preuve en est avec le succès mirobolant (et incompréhensible) de la saga 50 nuances de Grey. Mais ceci est encore un autre débat que Cinéma Choc se préférera d'éluder... Dès lors, on était légitimement en droit de gloser, de pérorer voire de s'interroger devant Bubbles Galore, un OFNI (objet filmique non identifié) diffusé en des temps immémoriaux sur la chaîne Arte. Ce film érotique, programmé lors d'un cycle trash, est réalisé par une figure de proue du genre pornographique, à savoir Cynthia Roberts. La réalisatrice n'a jamais caché son effervescence, son engouement ni son voeu d'obédience envers le mouvement féministe des années 1970.
Spécialisée dans le cinéma indépendant, Cynthia Roberts écume les séjours festivaliers.

A ce jour, c'est le film The Last Supper (1994) qui reste sa réalisation la plus "populaire", un terme néanmoins à euphémiser en raison de sa relative confidentialité. Inutile de le préciser, mais Bubbles Galore n'a évidemment pas bénéficié d'une sortie dans les salles obscures. Le film est donc condamnéà se promouvoir via le support vidéo et à collectionner, à son tour, les festivals pour s'ériger une once de reconnaissance et de notoriété. Au moins, le long-métrage peut s'enhardir de coaliser quelques figures proverbiales du cinéma érotique et pornographique, à savoir Nina Hartley, Tracy Wright, Daniel McIvor, Thea Gill, Shauny Sexton et Annie Sprinkle.
Nina Hartley reste sans doute la vedette la plus proéminente de cette production indépendante et désargentée.

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La comédienne compte à son actif plus de 300 films X et a toujours revendiqué son appétence pour le féminisme (Source : https://www.eddistribution.com/bubbles-galore/). Pour le reste du casting, les autres acteurs et actrices sont essentiellement des anciennes stars du monde pornographique. Attention, SPOILERS ! Superstar du porno, Bubbles Galore a seulement quatre semaines pour boucler son prochain film, intitulé"Innocente dévergondée". Elle opte alors pour Dory, une débutante à la recherche de la félicité sexuelle. Tandis qu'elle s'acoquine et s'amourache de la naïve et ingénue Dory, qu'elle verrait bien en vedette de son nouveau film, Godfrey, un gros bonnet du porno, ancien amant et patron de Bubbles, s'acharne à mettre des bâtons dans les roues de celle qui est devenue sa concurrente principale.
Vous l'avez donc compris. Le scénario n'est pas forcément l'apanage ni le principal leitmotiv de Bubbles Galore.

Si le film se distingue, c'est en partie grâce (ou à cause, vous choisirez...) de son caractère iconoclaste et de ses sempiternels louvoiements entre un érotisme hard et une pornographie soft. Certes, le film est interdit aux moins de 16 ans, mais flirte allègrement avec l'ultime animadversion, à savoir une réprobation aux moins de 18 ans. A moins d'être particulièrement chaste et pudibond, Bubbles Galore ne devrait pas spécialement effaroucher son audimat. Certes, certains esprits éberlués seront peut-être ulcérés par l'apparition inopinée de pénis ithyphalliques qui profitent et copulent joyeusement avec la gente féminine, et surtout avec de jolies gourgandines.
Le monde décrit et décrié par Cynthia Roberts correspond à une sorte de phallocratie inexpugnable dans laquelle les hommes rustres, sadiques et, in fine, pusillanimes se servent, profitent, violent et agonisent d'injures des femmes réduites à quia, ou au mieux à de vulgaires tapineuses.

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A contrario, la gente masculine en prend aussi pour son grade. Victimes des délires et des pulsions satyriasiques des hommes, les femmes appliquent à leur tour une vendetta expéditive pour faire valoir leurs droits et surtout un monde empli d'un peu plus de douceur, de sensiblerie et de bienséance. C'est probablement la raison pour laquelle Bubbles Galore s'apparente à un conte féérique via l'arrivée impromptue d'un ange impudique. Evidemment, à travers ce scénario alambiqué et aux sinuosités byzantines, les références de Cynthia Roberts sont évidentes, voire éloquentes. La réalisatrice révère, adoube, vénère et affectionne tout particulièrement le cinéma de Russ Myers via sa profusion de protubérances et de sexes turgescents.
Ici, pas question de lutiner ni de flagorner avec une once de courtoisie ni de convenance.

Hélas, nonobstant certains apparats matois, Bubbles Galore ne parvient pas - ou alors trop partiellement - à illusionner son audimat. En l'occurrence, Cynthia Roberts loupe en partie sa cible, à savoir édifier une gente féminine assouvie et asservie par le dogme, voire l'impérium masculin. On pourrait éventuellement se laisser aisément appâter et soudoyer si cette dialectique ne s'était pas intervertie entre les années 70 et la lisière des années 1980. Certes, Cynthia Roberts tente bien d'analyser et de sonder ce milieu pornographique décharné et tuméfié de sa substance primordiale avec sa pléthore de stars anciennes, désormais chenues et même privées de leur pouvoir orgasmique et de tumescence.
Mais rien n'y fait. Les saillies restent beaucoup trop élusives pour susciter une certaine appétence. Vient également s'apposer une mise en scène sporadique. Heureusement, la vénusté de Nina Hartley, ainsi que la bonhommie communicative permettent de sauver cette production avenante et sympathique d'une certaine indigence. Mais, dans un genre beaucoup plus viscéral, outrecuidant et brutal, on préférera indubitablement le même Baise-Moi. En l'état, Bubbles Galore ne reste qu'une production érotique et adventice, aussi fauchée qu'inoffensive.

Note : 10.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver


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