Genre : Fantastique, horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 1982
Durée : 1h34
Synopsis :
Kay passe des vacances dans le sud-est asiatique avec une amie et se fait attaquer par une horde de 1000 pattes. Elle meurt peu après à l'hôpital dans d'atroces souffrances. Son frère, accompagné de sa fiancée, retournent sur les lieux de l'attaque et tentent d'éclaircir ce qui semble être l'oeuvre d'un puissant maléfice.
La critique :
Une fois n'est pas coutume, Cinéma Choc a dévoilé et prouvé son appétence toute particulière pour le cinéma asiatique, et notamment hong-kongais. Car c'est dans cet Etat semi-autonome (il me semble) et en proie actuellement à de gros troubles sociétaux, via un pouvoir tout puissant, qu'a émergé la controversée et jubilatoire Catégorie 3 (ou Cat III pour les intimes). Pour faire clair, net et concis, et pour ceux qui ne seraient pas tombés auparavant sur des films du genre, la Cat III se distingue par une interdiction aux moins de 18 ans, correspondant à une interdiction aux moins de 16 ans chez nous. Cela serait faire une grossière erreur que de résumer ce style aux films d'horreurs jugés extrêmes, offensants, gores, érotiques ou les 4 à la fois puisque la Cat III réunissait des oeuvres aux horizons très variés. C'est ainsi que Full Contact est considéré comme partie intégrante du genre pour ne citer que lui alors qu'il ne partage aucune accointance avec les grands classiques horrifiques nous venant directement en tête. Bien sûr, on pense avant tout à Herman Yau et ses géniaux et profondément perturbants The Untold Story et Ebola Syndrome, mais aussi àBilly Tang avec Red To Kill, ou àIvan Lai avec son Daughter Of Darkness. Procéder à l'exégèse de ce genre n'aurait pas de sens car si j'en suis venu à ce petit laïus, c'est essentiellement car nous allons, une fois de plus, obliquer sur la Vague pré-Cat III regroupant des réalisations polémiques et diverses qui ne rechignaient pas à aller au-delà des règles de bienséance et ce, malgré la présence omniprésente de la censure chinoise.
Nanties d'un label spécial et catégorisés par la suite Cat III rétroactivement, les pellicules sont nombreuses. Par le passé, la pré-Cat III a déjàété investiguée avec le surréaliste et très éthiquement discutable Calamity Of Snakes ou l'impensable Lost Souls. A nouveau, pour votre plus grand bonheur, ce courant revient à nouveau avec Centipede Horror qui aura l'honneur d'être le premier d'une rétrospective à venir du cinéma HK dégénéré. A l'instar du prestigieux cycle du death movie/shockumentary présenté avec toute l'érudition habituelle d'Alice In Oliver, c'est à mon tour d'en faire un, nettement plus abordable pour le commun des mortels ceci dit (et bien plus court).
Je ne promets pas que toutes les futures chroniques à venir porteront exclusivement là-dessus (trois projets de billets aux antipodes de ceci sont en cours), mais vous serez à n'en point douter plus qu'abreuvés. Mais retournons à nos moutons avec le titre d'aujourd'hui signéKeith Li Bak-ling. Un nom qui ne résonnera pas comme un incontournable et ni comme synonyme de réalisateur prolifique. En effet, Bak-ling ne peut se targuer que de deux réalisations qui sont justement le film d'aujourd'hui et The Supreme Swordsman sorti deux ans plus tard. En 1991, il arbore le nom de Lee Pak-ling pour une seule et unique oeuvre Jiang shi fu xing zi. Les dyslexiques adoreront le prononcer. Pour le reste, il officiera essentiellement en tant que superviseur du scénario et planificateur du bon déroulement des films. Rien qui ne vaille le détour. Au cours de mes pérégrinations en vue de récolter plusieurs anecdotes sur Centipede Horror, je fus surpris du manque d'informations et de l'absence totale de critiques en français. Même pour l'Internet anglophone, tout était réduit à peau de chagrin. Avant-gardiste dans l'âme, il me fallait combler cette potentielle injustice.
ATTENTION SPOILERS : Kay passe des vacances dans le sud-est asiatique avec une amie et se fait attaquer par une horde de 1000 pattes. Elle meurt peu après à l'hôpital dans d'atroces souffrances. Son frère, accompagné de sa fiancée, retournent sur les lieux de l'attaque et tentent d'éclaircir ce qui semble être l'oeuvre d'un puissant maléfice.
Cependant, et je me vois bien désolé de cela, mener une rétrospective de ce genre ne mettra pas à l'honneur l'intellectualisme, des analyses approfondies, des seconds niveaux de lecture fascinants à décortiquer. Par conséquent, la longueur des chroniques s'en fera ressentir pour moi qui adore analyser et quelques fois ratiociner. En parallèle, la rédaction sera plus facile pour mon emploi du temps commençant à devenir de plus en plus surchargé. Un mal pour un bien en quelque sorte pour mon blog préféré ! Mais démarrer cet objectif, c'est aussi savoir faire fi de ses exigences de cinéphile et s'attendre à ne pas se délecter de grands crus. Cet état de fait assimilable à un frisson parcourant l'échine des plus exigeants n'aura pas tarder à se manifester avec Centipede Horror.
On a connu mieux comme démarrage mais qu'est-ce que cette histoire tente de nous raconter ? Je n'irai pas davantage dans les détails car il serait mal venu de ma part de vous spoiler en long et en large mais sachez que les amoureux d'horreur animale et d'entomologie ne verront pas d'un très bon oeil la présence lointaine des mille-pattes, qui se contenteront de montrer leurs antennes juste au début et à la fin du métrage. Comme ça, on met déjà les points sur les i, à mon grand dam et au vôtre aussi ! Un défaut qui mine déjà le visionnage car la menace du centipède semble très évanescente dans l'essentiel d'un récit qui aura bien du mal à enjouer le spectateur.
En soi, l'idée de ce bien curieux arthropode, vecteur de dégoût chez les entomophobes, est plaisant mais on soupire devant une tournure bancale des ambitions de Bak-ling qui se polariseront sur un collier magique, une malédiction ancestrale, la possession démoniaque de la petite amie du frère et un combat occulte de vieux mages, sans oublier les pérégrinations de notre personnage principal. De quoi décontenancer les thuriféraires d'horreur pure qui resteront à n'en point douter sur leur faim. Si Calamity Of Snakes exhibait déjà ce problème de milieu de film plutôt mou, la présence des serpents restait palpable. Dans le cas présent, nommer un titre nous faisant croire que les centipèdes seront présents tout au long de la partie alors que ce n'est pas le cas semble s'apparenter à de la tromperie sur la marchandise. Bak-ling a du mal à laisser une horreur constante, redescendant fréquemment en intensitéà défaut de nous gratifier de suffisamment de séquences outrecuidantes.
Il y en a quelques-unes d'intérêt dont Kay sauvagement agressée par ces charmantes bestioles mais ça reste bien peu.
Concernant la qualité de l'image, le tout sera à prendre avec des pincettes. Les étudiants fauchés dans mon genre opteront très certainement pour la version gratuite. Vous n'aurez alors aucun mal à le visionner dans son intégralité sur YouTube ou le télécharger sur Wipfilms qui seront vos seules alternatives. Le problème est que l'image n'est pas belle. Non pas qu'elle soit foncièrement affreuse car le tout tient plus ou moins la route et que les cadrages sont corrects mais on a déjà vu mieux. Mais la véritable problématique concernera un tout autre domaine qui sont les sous-titres car les traducteurs, au QI n'excédant pas celui d'une moule en phase terminale, ont eu la bonne idée de mettre des sous-titres blancs alors que le film est assez éclairé dans ses couleurs.
Je vous laisse alors imaginer la difficulté de lecture. En revanche, je n'ai aucune idée de la qualité DVD de cette oeuvre, rappelons-le, inédite de par chez nous. Les sous-titres, semblant être incrustés dans l'image, ne mettent pas en confiance, mais je n'ai aucunement l'envie de m'en assurer. Concernant le son, ça reste très série B avec des mélodies tantôt plus lourdes, tantôt plus chaleureuses, limite niaises. Ce qui aura de quoi faire décocher un sourire involontaire devant ce genre sans nul autre pareil. Enfin, les acteurs resteront dans l'esprit de la pré-Cat III en surjouant avec la maëstria qui leur est propre. On se permettra de mentionner Tien Lang Li, Kiu Wai Miu, Hussein Abu Hassan, Chok Chow Cheung, Szu-Ying Chien ou encore Ching-Mei Lee et Bo Tam.
En conclusion, je me répète encore et encore mais s'aventurer dans le monde peu attractif de l'underground HK, d'un point de vue cinéphilique élitiste, comporte son lot de risques démarrant par un résultat pas toujours probant et n'ayant souvent pas pour velléité l'exigence. Il faut savoir alors prendre ces métrages pour ce qu'ils sont et qui sont avant tout le témoignage d'une époque révolue d'une Chine qui cherchait à défier l'autoritarisme régalien. En cela, les Shaw Brothers seront les pères fondateurs d'un style qui aura plus d'une fois créé de sérieuses sueurs froides chez les instances publiques. Pour ce qui est de Centipede Horror, la déception est de la partie car toute la dimension scénaristique nous laisse sur notre faim et consiste, en prime, à de mauvais choix de script.
Quand on conjugue, mais je précise que ce n'est pas la faute du cinéaste, la totale incompétence des traducteurs transformant le visionnage en chemin de croix du Christ pour comprendre tous les dialogues car de nombreux sous-titres sont illisibles ou défilent en 1 seconde (véridique !), alors il ne faut pas être Einstein pour conclure que Centipede Horror ne sera pas une sinécure à visionner. Allez, par pure magnanimité, nous accorderons la petite moyenne à ce film pétri de bonnes intentions mais qui a souffert du manque de professionnalisme de son géniteur et de nos petites bebêtes à 22 pattes que nous aurions aimées voir un peu plus.
Note : 10/20