Genre : horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
Année : 2016
Durée : 1h48
Synopsis : Vétérinaire au zoo d'Amsterdam, Lizzy est appelée par la police : on vient de découvrir les cadavres atrocement mutilés d'une famille. La jeune femme comprend rapidement que ces morts ont été causées par un fauve d'une taille et d'une férocité exceptionnelles. Alors que d'autres victimes sont découvertes, Lizzie fait appel à l'un de ses vieux amis, un ancien chasseur de lions. Mais le prédateur reste insaisissable et continue de semer la terreur.
La critique :
Aussi curieux et incroyable que cela puisse paraître, Cinéma Choc n'avait pas encore abordé le cas de Dick Maas dans ses lignes et ses colonnes éparses. A la fois scénariste, producteur, réalisateur et même compositeur, Dick Maas est parvenu, au cours de sa filmographie, à expatrier son cryptonyme au-delà de ses frontières néerlandaises ; ce qui n'est pas un mince exploit à l'aune de la confidentialité qui règne dans ce même cinéma hollandais. Pour souvenance, seul Paul Verhoeven, le futur réalisateur de RoboCop (1987), Basic Instinct (1992) et de Starship Troopers (1998), était parvenu àériger et àédifier son omniscience sur le territoire américain et sur la scène internationale.
La carrière cinématographique de Dick Maas démarre vers le milieu des années 1970 via plusieurs courts-métrages, entre autres Norma (1977), Adelbert (1977), Picknick (1977) et Rigor Morti (1981), par ailleurs inconnus au bataillon et inédits dans nos contrées hexagonales.
Le metteur en scène signe son tout premier long-métrage, L'Ascenseur, en 1983. Ce film, à la lisière du fantastique et de l'épouvante, se solde par un succès phénoménal lors de son exploitation aux Pays-Bas ; à tel point que L'Ascenseur connaît, de prime abord, une exploitation dans les vidéoclubs. Le public s'arrache la VHS et le film finit par être diffusé dans les salles obscures. Pourtant, la trame scénaristique est aussi simplissime que lapidaire. En l'espace de quelques jours, plusieurs personnes sont décédées de façon mystérieuse dans un ascenseur !
Un réparateur enquête et doit se colleter avec un appareil démoniaque et sévèrement courroucé pour l'occasion. Toujours est-il que le métrage propose plusieurs saynètes qui estourbissent durablement les persistances rétiniennes, entre têtes décapitées, divers équarrissages et un humour grivois.
Au fil des années, L'Ascenseur avalise sa réputation de film culte. Les producteurs américains enjoignent Dick Maas à réaliser une séquelle, voire un remake. Ce sera L'Ascenseur : niveau 2 (2001). Cette fois-ci, le métrage se nantit d'un budget beaucoup plus dispendieux pour l'occasion et coalise un casting notoire et faramineux via les présences concomitantes de James Marshall, Naomi Watts, Michael Ironside et Ron Perlman. Certes, cette nouvelle version n'est, in fine, qu'un palimpseste de son auguste devancier. Pourtant, Dick Maas peaufine et affine davantage les martialités via un remake truculent et jubilatoire. Corrélativement, le cinéaste a érigé son monogramme sur la scène internationale. Les thuriféraires de Dick Maas n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles qu'Amsterdamned (1988) et Issue de Secours (1999) parmi les long-métrages notables et éventuellement sérénissimes.
En outre, le metteur en scène néerlandais affectionne tout particulièrement le cinéma bis, une dilection qu'il corrobore avec son tout dernier long-métrage en date, Prédateur, ou Prey, et sorti en 2016. En raison de son budget que l'on devine famélique, Prédateur n'a pas connu les faveurs ni les ferveurs d'une exploitation dans les salles obscures, tout du moins dans nos contrées hexagonales, mais le film est aisément disponible en vidéo ou par l'entremise du streaming. Le film vient donc baguenauder dans le sillage et le continuum du registre "agression animale".
Par décence et par déférence, nous ne commettrons pas l'offense de procéder à l'exégèse de ce registre rutilant. Indubitablement, Prédateur n'a pas vraiment pour aspérité d'ébranler l'hégémonie rogue de classiques et de chefs d'oeuvre tels que Les Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1974), Piranhas (Joe Dante, 1978), ou encore Les Oiseaux (Alfred Hitchcock, 1963).
Autant l'annoncer sans fard. Prédateur n'a pas spécialement recueilli les foules lors de son exploitation élusive aux Pays-Bas. Même les critiques se montrent plutôt pondérées et admonestent un metteur en scène anomique et en perte de vitesse depuis au moins une bonne dizaine d'années. L'antépénultième long-métrage de Dick Maas se nomme Saint (2010) et s'est soldé par un fiasco commercial, plombant et plongeant durablement le cinéaste dans le désarroi et en plein marasme. Reste à savoir si Prédateur mérite ou non de sombrer, à son tour, dans les affres de la désuétude et de l'anonymat.
Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution de cette série B horrifique se compose de Sophie van Winden, Julian Looman, Mark Frost, Rienus Krul, Victor Löw, Rutger de Bekker, Mattijn Hartemink et Pieter Derks.
Attention, SPOILERS ! (1) Vétérinaire au zoo d'Amsterdam, Lizzy est un jour contactée par un policier, Olaf, qui sollicite son aide pour enquêter sur le massacre d'une famille d'agriculteurs. Selon elle, les victimes ont été attaquées par un lion mangeur d'hommes. Plus tard, un golfeur est retrouvé mutiléà son tour, également tué par l'animal sauvage. Alors que les morts s'accumulent et que la rumeur circule dans la ville, le chef de la police refuse de croire qu'un gigantesque lion est responsable de cette hécatombe et choisit de ne pas communiquer sur l'affaire.
Malgré elle, Lizzy se retrouve à la tête d'une gigantesque battue organisée à travers la capitale néerlandaise afin de capturer ou anéantir à tout prix la bête surdimensionnée et sanguinaire. La vétérinaire contacte son ancien compagnon, un Britannique chasseur de fauves, pour mettre fin à ses agissements (1).
Vous l'avez donc compris. L'exégèse de Prédateur pourrait se résumer ainsi : un lion mangeur d'hommes est en liberté dans les rues d'Amsterdam. Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout... Ou presque... Le félidé effarouché ne fait pas de distinction entre ses victimes et assaille sans sourciller hommes, femmes, vieillards et enfants. Indiscutablement, Dick Maas s'amuse comme un gosse derrière sa caméra. De facto, le fauve est incontestablement le personnage central du film et chipe la vedette aux autres protagonistes du film. Du côté humain, il faudra donc se contenter d'une jolie blondinette et vétérinaire à ses heures perdues, d'un journaliste qui s'énamoure de la belle et d'un spécialiste de la vie animale pour contrarier l'appétit pantagruélique du lion atrabilaire.
Certes, Prédateur peut au moins s'enhardir d'un rythme frénétique et haletant.
C’est d’ailleurs ce que scande dogmatiquement l’oriflamme hargneuse du film : « 300 kg de folie meurtrière ». Plutôt magnanime, Dick Maas nous gratifie d'une litanie de cadavres tuméfiés et en partie tortorés dans les rues d'Amsterdam. En termes de gore et de tripailles effervescentes, Prédateur remplit doctement son office et devrait logiquement ravir les laudateurs du cinéma horrifique. Toutefois, ce long-métrage désargenté n'est pas exempt de tout grief. En 2016, il est difficile, voire impossible de proposer une créature aussi hideuse et à la complexion aussi approximative. Faute de budget, l'animal est confectionnéà base d'images de synthèse disgracieuses et hélas ostensibles dès que le lion pointe le bout de son museau. Les effets spéciaux obsolètes atténuent considérablement l'impact viscéral du film. Bien conscient de l'inanité et de la vacuité de sa pellicule, Dick Maas tente d'euphémiser toutes ces carences via un humour corrosif et pittoresque. Malencontreusement, Prédateur souffre aussi de longueurs superflues. Le long-métrage aurait gagnéàêtre écourté d'une bonne quinzaine de minutes de bobine.
Vous l'avez donc compris. Ce n'est pas Prédateur qui risque de faire ciller la prévalence et la prédominance de Les Dents de la Mer et de Les Oiseaux dans l'horreur en général, et dans le registre de l'agression animale en particulier. Le film flagornera au mieux les laudateurs invétérés de ce registre cinématographique, mais guère davantage. Par miséricorde, nous accorderons donc la moyenne à cette bisserie inoffensive et adventice, mais le film mérite sans doute moins, beaucoup moins...
Note : 10/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=2914&NamePage=predateur--prooi-