Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans selon Wikipédia, interdit aux - 18 ans selon AlloCiné)
Année : 2007
Durée : 1h36
Synopsis : Le journaliste Edmund Bigelow, excentrique et accoutré d'un costume rétro, croyait avoir tout vu dans les spectacles de prestidigitation de l'underground post-punk de Los Angeles. Mais le cabaret-spectacle de Montag le magnifique et son acolyte le Geek, qui repousse les frontières du gore en démembrant des assistants sur scène lui retourne l'estomac. Il devient vite obsédé par la performance et revient régulièrement y assister avec sa petite amie Maggie. Mais bientôt, il découvre que les assistants sont découverts assassinés dans la ville et qu'il devient bientôt la proie d'hallucinations sanglantes...
La critique :
Indubitablement, la sortie du remake éponyme de Massacre à la Tronçonneuse en 2003, sous l'égide de Marcus Nispel et Michael Bay, a marqué une rupture fatidique et rédhibitoire dans le cinéma d'épouvante. Les thuriféraires de longue patientaient depuis longtemps. En l'occurrence, cette nouvelle version fait évidemment voeu d'allégeance à son glorieux antécesseur, mais sans retrouver cette verve et cette outrecuidance de naguère. Mais peu importe, ce remake se solde par un succès mirobolant au box-office, de quoi attiser l'appétence des producteurs mercantilistes.
C'est dans ce contexte que tous les classiques du cinéma horrifique sont exhumés et ressortis de leurs sépulcres avec - peu ou prou - de finauderie et de sagacité. Qu'ils se nomment Poltergeist (Gil Kenan, 2015), La Colline A Des Yeux (Alexandre Aja, 2006), Freddy, les griffes de la nuit (Samuel Bayer, 2010), La Dernière Maison sur la Gauche (Wes Craven, 2009), ou encore The Crazies (Breck Eisner, 2010), toutes ces productions ne sont, in fine, que des palimpsestes de leurs augustes devanciers.
Conjointement à cet épiphénomène du remake galvaudé, c'est le torture porn qui est en rémanence et en réminiscence. Saw (James Wan, 2004) et Hostel (Eli Roth, 2006) réactivent les plaies encore béantes d'un certain Blood Feast - ou Orgie Sanglante (Herschell Gordon Lewis, 1963) dans la langue de Molière, un long-métrage prodrome qui signe l'avènement du cinéma trash et underground. Herschell Gordon Lewis s'octroie arrogamment la couronne du pape du cinéma gore. Blood Feast fait désormais référence et figure d'obédience auprès des laudateurs du cinéma horrifique et de toute une génération de cinéastes éberlués. Pourtant, à fortiori, rien ne prédestine cette série B impécunieuse et adventice à inscrire son monogramme parmi les classiques somptuaires.
Mais le long-métrage d'Herschell Gordon Lewis sort vers l'orée des années 1960, dans une époque encore imprimée et troublée par les exactions et les impudicités commises pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Surtout, Blood Feast préfigure déjà, à l'époque, notre tropisme pour le consumérisme et cette scopophilie obsessionnelle, voire maladive. Pour Herschell Gordon Lewis, Blood Feast fait office de manne providentielle, lui qui sévissait auparavant dans un cinéma érotique subalterne. L'auteur démiurgique va faire du cinéma gore et de ses morceaux de tripailles ses principaux leitmotivs. Il enchaîne alors avec plusieurs classiques notables et éventuellement notoires. Les louangeurs du metteur en scène n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que 2000 Maniaques (1964), Monster A Go-Go (1965), Color Me Blood Red (1965), Something Weird (1967), The Wizard of Gore (1970), The Gore-Gore Girls (1972) et Orgie Sanglante 2 (2002).
Pour souvenance, The Wizard of Gore se focalisait sur un prestidigitateur fantaisiste et iconoclaste.
Devant un public médusé, Montag, un sorcier féru de magie, s'adonnait à d'étonnantes parties d'agapes et de priapées, étrillant sans sourciller des jeunes femmes largement dépoitraillées pour l'occasion. Illusion ou réalité ? A l'époque, The Wizard of Gore apparaît comme l'un des pionniers de cette mouvance et accrédite cette dilection d'un large public pour le cinéma gore. Devant nos yeux ulcérés, Herschell Gordon Lewis s'échinait à démembrer, à mutiler et à anatomiser de la chair encore incandescente. Certes, aujourd'hui et à l'aune de toutes ces productions sulfureuses qui prolifèrent en dvd, le style du cinéaste peut paraître un tantinet obsolète.
Mais, à l'instar de Blood Feast et de 2000 Maniaques en leur temps, The Wizard of Gore estourbit durablement les persistances rétiniennes.
Il était donc logique que ce long-métrage impertinent soit, un jour ou l'autre, falsifié et régénéré par l'industrie hollywoodienne. En l'occurrence, c'est un certain Jeremy Kasten qui est chargé de réaliser la nouvelle version homonyme de The Wizard Of Gore en 2007. Pour la faribole superfétatoire, cet ixième remake est également sorti sous le cryptonyme de Le Sorcier Macabre. Ce long-métrage gore et horrifique n'a pas non plus connu l'heur d'une sortie dans les salles obscures, et devra donc se débattre avec une concurrence apoplectique via le support vidéo.
Quant à Jeremy Kasten, le metteur en scène appartient au circuit du cinéma indépendant. On lui doit notamment des films tels que The Thirst (2006), Attic Expeditions (2001), All Souls Day (2005), ainsi qu'une participation àThe Theatre Bizarre (2008).
A ce jour, c'est donc le remake de The Wizard of Gore qui reste son métrage le plus proverbial. A l'instar de titres tels que Train (Gideon Raff, 2008), Live Animals (Jeremy Benson, 2009), Saw 3 (Darren Lynn Bousman, 2006) et Saw 3D - Chapitre Final (Kevin Greutert, 2010), The Wizard of Gore version 2007 fait partie de ces torture porn auréolés par l'ultime réprobation, soit d'une interdiction aux moins de 18 ans. Tout du moins, c'est l'animadversion qui prévaut sur le site AlloCiné, là où sur Wikipédia, c'est l'interdiction aux moins de 16 ans qui prédomine.
Rappelons que le long-métrage originel n'avait pas éludé les anathèmes et les quolibets, ainsi que les acrimonies d'une censure sévèrement courroucée. En raison du nombre pléthorique de tortures porn qui prolifèrent depuis le milieu des années 2000, la sortie de The Wizard of Gore est plutôt restée confidentielle.
De surcroît, les critiques se montrent plutôt pondérées et fustigent un torture porn lénifiant et rudimentaire. La distribution de ce remake se compose de Crispin Glover, Kip Pardue, Bijou Phillips, Jeffrey Combs, Brad Dourif et Joshua Josh Miller. Attention, SPOILERS ! Le journaliste Edmund Bigelow, excentrique et accoutré d'un costume rétro, croyait avoir tout vu dans les spectacles de prestidigitation de l'underground post-punk de Los Angeles. Mais le cabaret-spectacle de Montag le magnifique et son acolyte le Geek, qui repousse les frontières du gore en démembrant des assistants sur scène lui retourne l'estomac. Il devient vite obsédé par la performance et revient régulièrement y assister avec sa petite amie Maggie. Mais bientôt, il découvre que les assistants sont découverts assassinés dans la ville et qu'il devient bientôt la proie d'hallucinations sanglantes...
Finalement, rien n'a changé depuis les élucubrations d'Herschell Gordon Lewis à son temps puisque The Wizard of Gore, sous l'aval de Jeremy Kasten, s'achemine sur le même didactisme mortuaire. Aux yeux de Montag, le magicien parapsychique, nous sommes tous de la viande... Du bétail ! Là aussi, il est question de prestidigitation et de numéros sanguinaires qui débouchent prestement vers les rutilances et toute une litanie d'abominations concentrées sur pellicule. Au moins, ce remake peut s'enorgueillir de coaliser quelques noms clinquants du cinéma bis, entre autres le trop méconnu Crispin Glover, Brad Dourif et surtout Jeffrey Combs. Certes, à l'aune de la relative modicité du long-métrage d'Herschell Gordon Lewis, on n'attendait pas forcément de réelles fulgurances de la part de ce remake accessoire.
Certes, le film de Jeremy Kasten se montre plutôt philanthrope en termes de barbaques et d'équarrissages épars.
Dans cet exercice, Crispin Glover revêt les oripeaux d'une sorte de thaumaturge qui dilapide, charcute et écharpe ses victimes féminines avec un rire sardonique. Il sied également de souligner la célérité et la promptitude de la mise en scène, bien plus vétilleuse que son modèle originel. Hélas, ce que cette nouvelle version gagne en méticulosité, elle le perd en se polarisant sur une enquête fastidieuse. Ce choix a pour conséquence d'atténuer considérablement le rythme et l'impact erratique de ce remake alambiqué. Pour le coup, on optera aisément pour le long-métrage d'Herschell Gordon Lewis. Sur la forme comme sur le fond, The Wizard Of Gore - Le Sorcier Macabre s'apparente à un avatar galvaudeux de Saw, Hostel et de leurs nombreux succédanés.
De facto, on phagocytera expressément ce remake falot, parfois à la lisière du "naveton avarié" et qui suinte le dilettantisme à plein nez. In fine, The Wizard of Gore (2007) s'adresse exclusivement aux amateurs patentés du cinéma gore... Et même ce public, probablement conquis à l'avance, sera probablement décontenancé par ce torture porn anémique et débilitant.
Note : 07/20
Alice In Oliver