Genre : horreur, gore, slasher (interdit aux - 16 ans)
Année : 1984
Durée : 1h25
Synopsis : Traumatisé par le meurtre de ses parents lors d'un réveillon de Noël, le jeune Billy est recueilli dans un orphelinat dirigé par des nonnes sadiques qui vont le brutaliser pendant des années. Devenu adolescent, Billy doit se déguiser en père Noël pour le magasin de jouets où il travaille. Cela va déclencher chez lui une fureur dévastatrice et sanglante.
La critique :
Dans la frénésie d'Halloween, la nuit des Masques (John Carpenter, 1978), Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980), Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), ou encore de Les Griffes de la Nuit (Wes Craven, 1984), ce sont toute une litanie de slashers et de séries B adventices qui ont tenté de baguenauder dans le sillage et le continuum de leurs glorieux aînés. Qu'ils se nomment Le Bal de l'Horreur (Paul Lynch, 1980), Scream (Wes Craven, 1996), Souviens-toi... L'été Dernier (Jim Gillespie, 1997), Urban Legend (Jamie Blanks, 1999), ou encore Meurtres à la Saint-Valentin (George Mihalka, 1981), toutes ces productions horrifiques ne sont, in fine, que des palimpsestes de Black Christmas (Bob Clarke, 1974), soit le film prodrome et majeur en matière de slasher.
Pour son Halloween, John Carpenter, le maître de l'épouvante, n'a jamais caché son effervescence pour le long-métrage de Bob Clarke.
En l'occurrence, le slasher repose - peu ou prou - sur la même antienne. D'une façon générale, le schéma narratif est plutôt élusif et lapidaire via un croquemitaine qui vient semer la zizanie parmi de jeunes éphèbes estudiantins, que ce soit le soir d'Halloween, à la lisière de Crystal Lake ou encore par l'entremise de la nécrophilie et du cannibalisme. Parmi ces serial killers écervelés et adeptes de l'opinel, il était logique, voire presque bienséant, que le Père Noël bilieux vienne s'agréger aux inimitiés. En l'occurrence, il faut se rendre sur le site SensCritique et en particulier sur le lien suivant : https://www.senscritique.com/liste/Noel_c_est_l_horreur/161678 pour glaner et déceler les slashers en inhérence et en immanence avec le Père Noël.
Les thuriféraires de ce registre cinématographique n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Christmas Evil (Lewis Jackson, 1980), Don't open till' Christmas (Edmund Purdom, 1984), Santa Claws (John A. Russo, 1996), ou encore Very Bad Santa (2005) parmi les métrages notables et éventuellement notoires.
Vient aussi s'additionner Douce Nuit, Sanglante Nuit, soit Deadly Night Silently Night de son titre originel, et réalisé par la diligence de Charles E. Sellier Jr. en 1984. En l'occurrence, le metteur en scène américain est issu du circuit indépendant et a essentiellement officié dans les séries télévisées. En tant que directeur de films, on lui doit notamment le documentaire Encounter with disaster (1979), Snowballing (1984) et Les Insoumis (1985). Douce nuit, sanglante Nuit reste donc à ce jour son long-métrage le plus proverbial et pour cause... Puisque ce slasher sort dans la foulée de Les Griffes de la Nuit. Mieux, le film de Charles E. Sellier Jr. effectue un meilleur démarrage lors de sa première semaine d'exploitation dans les salles obscures.
Pourtant, c'est bien le slasher de Wes Craven qui s'arrogera, à postériori, la couronne sérénissime de film culte.
Que soit. Si Douce nuit, sanglante nuit apparaît comme une série B désinvolte et impécunieuse, le long-métrage remporte suffisamment de pécunes et de bénéfices pour se transmuter en une franchise fastidieuse et tautologique. Ainsi, Douce nuit, sanglante nuit 2 (Lee Harry, 1987), Douce nuit, sanglante nuit 3 : Coma Dépassé (Monte Hellman, 1989), Douce nuit, sanglante nuit 4 - L'initiation (Brian Yuzna, 1990) et Douce nuit, sanglante nuit 5 : Les jouets de la mort (Martin Kitrosser, 1991) seront produits presque concomitamment. Autant l'annoncer sans fard.
Vous pouvez aisément vous arrêter au premier volet tant cette franchise erratique suinte le dilettantisme et le mercantilisme à plein nez ! Pis, le second chapitre fera même l'objet d'une chronique sardonique dans les colonnes diffuses du site Nanarland (Source : http://www.nanarland.com/Chroniques/chronique-doucenuitsanglantenuit2-douce-nuit-sanglante-nuit-2.html).
Pour la faribole superfétatoire, Douce nuit, sanglante nuit premier du nom sera l'objet de divers anathèmes lors de sa sortie en salles. Certaines associations parentales n'apprécient guère de voir un Père Noël étriller et décimer hommes, femmes, vieillards, nonnes et enfants. Il n'en faudra pas davantage pour que le film soit interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie en France. Aux yeux des laudateurs du cinéma d'horreur, Douce Nuit, Sanglante Nuit est souvent répertoriée parmi les slashers référentiels. Reste à savoir si le métrage de Charles E. Sellier Jr. mérite (ou non...) de telles courtisaneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique...
La distribution de cette série B horrifique se compose de Robert Brian Wilson, Gilmer McCormick, Lilyan Chauvin, Britt Leach, Toni Nero, Randy Stumpf, Linnea Quigley (une comédienne que l'on retrouvera l'année suivante dans Le Retour des Morts-Vivants de Dan O'Bannon...) et Nancy Borgenicht.
Attention, SPOILERS ! (1) Un jeune enfant, Billy, accompagne ses parents et son petit frère Ricky, alors bébé, pour rendre visite à leur grand-père à la maison de retraite durant la période de Noël. Le grand-père, légèrement dérangé, terrifie Billy en le mettant en garde contre le Père Noël qui punit les vilains enfants. Sur la route du retour, la famille rencontre un individu en costume de Père Noël, dont la voiture est en panne. L'homme - en fait un criminel qui vient d'utiliser ce déguisement pour commettre un hold-up - assassine les deux parents pour voler leur véhicule, violant également la mère avant de la tuer. Billy et Ricky grandissent ensuite dans un orphelinat menéà la baguette par la mère supérieure.
Si Ricky devient le chouchou de la mère supérieure, par contre, Billy en devient le souffre-douleur. Déjà traumatisé par la mort de ses parents, il est en outre régulièrement sanctionné.
La punition ultime tombe lorsqu'il frappe un homme déguisé en Père Noël venu rendre visite aux enfants de l'orphelinat. Devenu adulte, Billy travaille dans un magasin de jouets et tout se passe bien, jusqu'à ce qu'il doive mettre un costume de Père Noël. Le cauchemar commence alors. Billy, dont le traumatisme ressurgit progressivement, se déguise en Père Noël pour tuer les personnes qu'il juge "vilaines" : il projette d'assassiner la mère supérieure qui l'a maltraité durant ses années passées à l'orphelinat (1). Autant l'annoncer sans ambages.
Douce nuit, sanglante nuit est un pur produit d'exploitation du cinéma bis. Pourtant, force est de constater que cet ixième slasher remplit doctement son office. Inutile ici de rechercher le moindre aspect novateur. Clairement, ce n'est pas Douce nuit, sanglantenuit qui fera ciller l'hégémonie rogue d'Halloween, la nuit des masques, ainsi que son armada de succédanés.
Dès le préambule, le ton est donné, craché et éructé par un Charles E. Sellier Jr. très en forme pour l'occasion. Le 24 décembre 1974, un jeune garçon, Billy, voit un forcené, grimé en Père Noël, massacrer son père, puis violer sa propre mère. Le bambin conservera de cette nuit ensanglantée des séquelles et des excoriations indélébiles. Hélas, son calvaire n'est pas terminé, loin de là. Recueilli dans un orphelinat, Billy subit le courroux et le martinet d'une nonne sévèrement effarouchée. Devenu adulte et robuste, Billy fait pourtant montre d'entregent et d'amicalité envers ses congénères. Toutefois, nous sommes à la veille des fêtes de Noël. L'adulescent doit revêtir les oripeaux rougeauds du père Noël sous les injonctions de son nouveau patron.
Il n'en faut pas davantage pour transformer le garçonnet en abominable croquemitaine. Muni d'une hache, Billy étripe et écharpe l'ensemble du personnel.
Il peut alors débuter son périple criminel. Atrabilaire, Billy aspire à assouvir sa terrible vengeance. Il se rend alors à l'orphelinat pour supplicier celle qui l'a autrefois rudoyé. Vous l'avez donc compris. Douce nuit, sanglante nuit s'achemine sur un scénario exsangue et conventionnel. Jadis affable et jovial, le Père Noël replet se transmue subrepticement en une sorte de déséquilibréà la vindicte insatiable. Pour le reste, le rythme de ce slasher est suffisamment soutenu pour maintenir notre appétence sur la durée. De surcroît, Douce nuit, sanglante nuit n'a pas usurpé son intitulé effervescent. Par certaines accointances, ce slasher n'est pas sans réitérer les fulgurances entrevues dans Maniac (William Lustig, 1980). Plutôt philanthrope en termes de gore et de diverses érubescences, Douce nuit, sanglante nuit ravira sans doute les amateurs patentés de slashers.
Toutefois, cette bisserie désargentée n'est pas exempte de tout grief. Dans le rôle du sociopathe échevelé, Robert Brian Wilson fait le job, guère davantage. Sa prestation ne restera pas dans les annales du cinéma d'épouvante. Manifestement, le jeune homme ne possède pas le talent ni l'érudition d'un Joe Spinell dans le même Maniac. In fine, la mise en scène reste un peu trop académique pour susciter totalement nos congratulations de circonstance. En l'état, Douce nuit, sanglante nuit reste un slasher probe et recommandable, assez symptomatique des films d'horreur sortis durant la décennie 1980. Désormais, le film de Charles E. Sellier Jr. suinte surtout la caducité et l'obsolescence.
Note : 12/20
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Douce_nuit,_sanglante_nuit
Alice In Oliver