Genre : science-fiction, action, horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 1995
Durée : 1h25
Synopsis : Un brillant scientifique expérimente la régénération des tissus humains. Il est alors approché par une étrange organisation pour transformer des morts-vivants en machines de guerre. Le savant est alors exécuté par le gang qui l'accuse de félonie. Mais le fils du scientifique, épris de vindicte, se regimbe et envoie des cyborgs massacrer l'organisation criminelle. Hélas, les androïdes se retournent et s'insurgent à leur tour contre leurs propres démiurges.
La critique :
Pour ceux et celles qui suivent quotidiennement l'actualité de Cinéma Choc, ils ont probablement déjà ouïe le nom de Matt Jaissle dans nos colonnes. Pour souvenance, le metteur en scène est issu du circuit underground et peut s'enhardir d'avoir ratifié plusieurs longs-métrages désinvoltes et inconvenants. Mieux, Matt Jaissle fait même partie des chantres de la série B (voire de la série Z...) sévèrement désargentée pour l'occasion, et délestée de toute tentation pour la pécune et/ou pour une quelconque aventure hollywoodienne. Chez Matt Jaissle, on prise et on affectionne tout particulièrement le gore, le trash, les épigrammes et les discourtoisies de circonstance.
En tant que technicien et opérateur des maquillages et des effets spéciaux, Matt Jaissle a sévi derrière certains death movies et shockumentaries, notamment la trilogie consacrée àFaces of Gore et amorcée par Todd Tjersland en 1999.
A ce jour, Matt Jaissle peut s'enorgueillir d'être l'auteur, presque thaumaturgique, de la franchise The Necro Files (Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2017/08/03/35012996.html), qu'il entame dès 1997. Contre toute attente, cette série Z gore et impécunieuse influence et génère quelques émules, puisqu'une suite, The Necro Files 2 - Lust Never Dies (Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2019/03/27/37143165.html) débarque en 2003, sous l'égide d'un certain Ron Carlo, par ailleurs inconnu au bataillon.
En l'occurrence, Matt Jaissle prédilectionne les rites sataniques avec néanmoins une certaine hâblerie et goguenardise. Il suffit de regarder sa filmographie pour s'en rendre compte. Des titres tels que Revolution 666 (2014) et Back From Hell (1992) laissent peu de place pour le doute et la circonspection.
Corrélativement, le metteur en scène n'a jamais caché son effervescence pour le cinéma d'action et de science-fiction. Parallèlement à la réalisation de films gore et déviants (Necro Files 3000 en 2017), Matt Jaissle officie derrière des longs-métrages un peu plus présomptueux. Les thuriféraires du cinéaste n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que 300 Killers (2010), Anti-Hero (1999) et Legion of the Night (1995) parmi les efforts louables mais souvent infructueux. Aujourd'hui, c'est donc Legion of the Night qui fait l'objet d'une chronique dans nos colonnes.
Pour la faribole superfétatoire, cette série B accessoire est également connue sous le cryptonyme de Dead City. En raison de son budget que l'on devine famélique, Legion of the Night n'a pas eu l'heur de sortir dans les salles obscures.
Pour cette bisserie adventive, il faudra donc se contenter du support vidéo. Toutefois, le long-métrage est disponible intégralement et en version originale sur YouTube. Pour ceux qui s'attendent à un déluge de barbaques et de tripailles, merci de quitter prestement votre siège et de retourner gentiment dans vos pénates ! Via Legion of the Night, Matt Jaissle n'a pas de telles velléités et aspire à varier les animosités. Le film n'a donc pas pour aspérité de baguenauder dans le sillage et le continuum de Necro Files et de ses illustres consortiums.
En l'occurrence, Legion of the Night ne peut pas être recensé parmi les métrages horrifiques, même s'il est question ici de zombies, transmutés en androïdes vengeurs et guerroyeurs. A travers Legion of the Night, Matt Jaissle explore davantage l'action et la science-fiction, mais n'a pas pour appétence de réitérer les outrances de la franchise Necro Files... Et c'est bien dommage !
De surcroît, la distribution de Legion of the Night - Dead City risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Tim Lovelace, Jeff Rector, Ron Asheton, Heather Fine, S. William Hinzeman, Shannon Hart Cleary et Steve Dixon ; mais j'en doute... Attention, SPOILERS ! Le docteur Bloom est un brillant scientifique qui expérimente la régénération des tissus humains. Il est alors approché par une étrange organisation pour transformer des morts-vivants en machines de guerre. Le savant est alors exécuté sans sommation par le gang qui l'accuse de félonie.
Mais Taylor Bloom, le fils du scientifique, épris de vindicte, se regimbe contre ses oppresseurs et envoie des cyborgs massacrer l'organisation criminelle. Hélas, les androïdes se retournent et s'insurgent à leur tour contre leurs propres démiurges.
Suite à une rixe, Taylor est assassiné et se retrouve lui aussi métamorphoser en mort-vivant cybernétique ! Vous l'avez donc compris. Legion of the Night ne brille guère par sa trame narrative. En outre, cette bisserie nécessiteuse bouffe un peu...beaucoup...énormémentà tous les râteliers ! Le script de Legion of the Night louvoie continûment entre les zombies décrépits, une technologie cybernétique et une sorte de curieux maelström entre Universal Soldier (Roland Emmerich, 1992) et RoboCop (Paul Verhoeven, 1987), la pécune et l'érudition en moins !
Peu ou prou de surprise au programme de ce Legion of the Night qui rappelle, par certaines contiguïtés, le scénario déjà famélique de Cyborg Cop (Sam Firstenberg, 1993). Autant l'annoncer sans ambages. Via Legion of the Night, Matt Jaissle confirme son goût immodéré pour la série Z.
Hélas, on instiguera et on exhortera le cinéaste à tangenter davantage vers l'horreur, le persifflage et la putréfaction, tant Legion of the Night suinte l'inanité et la caducité. Par pure miséricorde, on éludera de qualifier cette bisserie fauchée comme les blés de nanar ou de "naveton avarié". Dans Necro Files (toujours la même antienne...), on se gaussait et on s'esclaffait devant les tribulations de ce zombie carnassier qui assaillait et écharpait des jeunes femmes érotomanes via son pénis ithyphallique. C'est sans doute la principale carence de Legion of the Night, à savoir cette absence totale d'ironie et de causticité qui l'envoie, manu militari, dans les affres des oubliettes et de la désuétude.
Certes, cette série Z suinte à plein nez la référence et l'allégeance à un cinéma bourrin et d'action, un peu à l'instar d'un Quentin Tarantino via Reservoir Dogs (1992).
Malencontreusement, la métaphore s'arrête bien là. Dans le rôle principal, Tim Lovelace impressionne essentiellement par son mutisme et son dilettantisme. A sa décharge, les autres interprètes ne font pas beaucoup mieux. Que dire alors de la mise en scène atone et curieusement soporifique ? Si Matt Jaissle s'en tire plutôt honorablement dans les saynètes de "gun fight", son film pâtit de la parabole avec une concurrence apoplectique et surtout beaucoup plus clinquante et tonitruante en termes de déflagrations. Surtout, Legion of the Night se montre plutôt pingre et lapidaire en matière d'effusions sanguinolentes, un comble pour un metteur en scène qui nous avait habituéà davantage d'irrévérence et d'effervescence ! En résumé, on s'est fait avoir !
Espérons seulement que Matt Jaissle conviendra de la vacuité de ce long-métrage et qu'il retournera dare-dare vers des entrailles beaucoup plus rougeoyantes. Mais, manifestement, le metteur en scène semble avoir discerné cette requête via un Necro Files 3000 en apothéose, une pellicule underground qui réactive derechef les fulgurances de naguère.
Note : 06/20
Alice In Oliver