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Blood Sucking Freaks - Incredible Torture Show (The theatre of macabre)

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Genre : horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans) 
Année : 1976
Durée : 1h31

Synopsis : (1) Maître Sardu a des activités peu orthodoxes. Il anime un petit théâtre marginal où, le soir, se tiennent des spectacles mettant en scène des violences et des tortures. Le public est convaincu que tout cela est truqué. Mais il n'en est rien. Sardu et son âme damnée, le nain Ralphus, enlèvent des jeunes femmes et leur font, en fait, subir de véritables sévices. Qui plus est, les deux larrons s'enrichissent en kidnappant de jeunes américaines, qu'ils monnayent ensuite sur le marché de la traite des blanches. Mais Sardu aspire à plus de reconnaissance. Lassé d'être un metteur en scène méprisé par les critiques, il décide de ravir un représentant de cette profession et d'en faire la "vedette" d'un de ses futurs shows. De plus, il veut agrémenter ce numéro par la présence d'une vraie danseuse. Il enlève donc Natasha, une ballerine célèbre. Mais celle-ci refuse de danser pour lui... (1)

 

La critique :

A maintes reprises, que ce soit à travers les commentaires ou certaines critiques frelatées, nous avons déjàévoqué le film Salo ou les 120 Journées de Sodome (Pier Paolo Pasolini, 1975, Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2015/06/04/31798508.html), une oeuvre charnière et qui fait désormais office de véritable bréviaire. Surtout, ce classique sérénissime sort dans un contexte de bouleversement sociologique, culturel, idéologique, politique et sociétal. A l'instar de Les Chiens de Paille (Sam Peckinpah, 1971), Délivrance (John Boorman, 1972), ou encore d'Orange Mécanique (Stanley Kubrick, 1971), Salo ou les 120 Journées de Sodome révulse et estourbit durablement les persistances rétiniennes. Le film est aussi une sorte de Testament et d'ultime épitaphe pour un cinéaste hors norme et unanimmeent conspué et rabroué"pour avoir fait ça" ; dixit les propres aveux de Gaspar Noé, le réalisateur d'Irréversible (2002).

Librement inspiré de l'oeuvre littéraire, Les Cent Vingt Jours de Sodome, du Marquis de Sade, Salo ou les 120 Journées de Sodome dénote avant tout par sa turpitude, son âpreté et sa cruauté. Des notables s'adonnent aux pires insanités en capturant de jeunes éphèbes (filles et garçons) soumis à un cycle infernal et subdivisé en plusieurs rituels impudiques : le sexe, les pestilences et les flatulences (en résumé, la coprophagie, voire la scatophilie) et la mort. En raison sa virulence et de son barbarisme, le long-métrage sera pendant longtemps vouéà l'opprobre et aux gémonies, écopant de prime abord d'une interdiction aux moins de 18 ans.
La réprobation sera minorée à postériori, pour passer à une simple (si j'ose dire...) interdiction aux moins de 16 ans.  

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Pier Paolo Pasolini sera assassiné peu après le tournage du film, victime à priori de sa pédérastie ostensible. Mais selon certaines galéjades, le crime serait dirigé contre le long-métrage lui-même. Pier Paolo Pasolini aurait donc été châtié pour son impudence et son irrévérence. Que soit. Le métrage sulfureux du cinéaste transalpin influence et génère toute une pléthore d'épigones. C'est dans ce contexte que naît la "Nazisploitation". Des filles pour le bourreau (Cesare Canevari, 1977), Les gardiennes du pénitencier (Jesùs Franco et Alain Deruelle, 1979), Helga, la louve de Stiltberg (Alain Payet, 1977), Ilsa, la louve des SS (Don Edmonds, 1975), Salon Kitty (Tinto Brass, 1978), Train spécial pour Hitler (Alain Payet, 1977), ou encore Les fantômes de Sodome (Lucio Fulci, 1988) ne sont, in fine, que des palimpsestes de Salo ou les 120 Journées de Sodome.

Pourtant, le film de Pasolini ne peut pas être affiliéà la mouvance de la "Nazisploitation" même si l'histoire se déroule durant la République de Salo. Blood Sucking Freaks, réalisé par la diligence de Joel M. Reed en 1976, n'est pas non plus reliéà ce registre lubrique et malencontreux. Toutefois, par ses salacités et ses impudicités, cette série B gore et adventice s'approxime à un curieux maelström entre la "Nazisploitation" (la saga Ilsa en tête de peloton) et la trame scénaristique de Salo ou les 120 Journées de Sodome. Pour l'anecdote superfétatoire, Blood Sucking Freaks est également sorti, en France, sous le cryptonyme d'Incredible Torture Show.
Cette bisserie impécunieuse s'avoisine davantage à une sorte de "splatter movie" et s'achemine sur le syllogisme mortuaire de The Wizard of Gore (Herschell Gordon Lewis, 1970), une autre référence proéminente auquel Blood Sucking Freaks fait voeu d'allégeance.

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A l'instar du film d'Herschell Gordon Lewis, Blood Sucking Freaks met en exergue le monde du spectacle à travers des supplices d'un rare primitivisme et rappelant par ailleurs la période de l'Inquisition. En l'occurrence, Blood Sucking Freaks reste évidemment le long-métrage le plus proverbial de Joel M. Reed, un metteur en scène issu du circuit indépendant, et à qui l'on doit également des oeuvres telles que Sex by advertisement (1968), Career Bed (1969), Wit's End (1971), Blood Bath (1976), ou encore Night of the Zombies (1981).
A l'instar de The Wizard Of Gore (déjà susdénommé dans cette chronique), Blood Sucking Freaks n'élude pas l'ultime animadversion, soit une interdiction aux moins de 18 ans. A la manière de I Drink Your Blood (David E. Durston, 1970) en son temps, Incredible Torture Showécope nûment d'un classement "X" et s'apparente, aux yeux de certains contempteurs, à une oeuvre gore, nihiliste et pornographique.

Lors de sa première projection dans les salles de cinéma, les producteurs convient des associations féministes. Evidemment, ces dernières, ulcérées, rabrouent, tancent et vitupèrent un film qu'elles jugent - à raison - misogyne. Blood Sucking Freaks n'échappe donc pas au couperet acéré de la censure. A contrario, cette admonition concourt àétayer la notoriété scabreuse du film. Puis, durant la décennie 1980, la firme Troma rachète les droits du long-métrage. A l'heure actuelle, Blood Sucking Freaks est donc toujours corréléà la société indépendante et elle aussi spécialisée dans le gore, les filouteries et les trivialités. La distribution du long-métrage ne risque pas de vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Seamus O'Brien, Viju Krem, Niles McMaster, Dan Fauci, Alphonso DeNoble, Ernie Pysher et Luis De Jesus ; mais j'en doute...  

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Attention, SPOILERS !  (1) Maître Sardu a des activités peu orthodoxes. Il anime un petit théâtre marginal où, le soir, se tiennent des spectacles mettant en scène des violences et des tortures. Le public est convaincu que tout cela est truqué. Mais il n'en est rien. Sardu et son âme damnée, le nain Ralphus, enlèvent des jeunes femmes et leur font, en fait, subir de véritables sévices. Qui plus est, les deux larrons s'enrichissent en kidnappant de jeunes américaines, qu'ils monnayent ensuite sur le marché de la traite des blanches. Mais Sardu aspire à plus de reconnaissance.
Lassé d'être un metteur en scène méprisé par les critiques, il décide de ravir un représentant de cette profession et d'en faire la "vedette" d'un de ses futurs shows. De plus, il veut agrémenter ce numéro par la présence d'une vraie danseuse.

Il enlève donc Natasha, une ballerine célèbre. Mais celle-ci refuse de danser pour lui... (1) A l'instar de I Drink Your Blood, Blood Sucking Freaks fait sans doute partie des "splatter movies" les plus probants des années 1970. Certes, le film ne brille guère par ses convenances, sa bienséance ni par son entregent. A la manière de la saga Ilsa (toujours la même antienne...), Blood Sucking Freaks affectionne tout particulièrement la torture, les supplications et le sadomasochisme. Le long-métrage réitère le didactisme de Salo ou les 120 journées de Sodome en séquestrant de pauvres jeunes femmes, subrepticement transmuées en gourgandines suite à un lavage de cerveau. 
Toutefois, contrairement au film de Pasolini, Blood Sucking Freaks ne contient aucun message politique, ni aucune doxa idéologique... Tout du moins en apparence... 

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En effet, en filigrane, le métrage de Joel M. Reed se veut être à la fois la réponse et la parfaite antithèse à ce féminisme qui gronde depuis l'orée de la décennie 1970. Autant l'annoncer sans fard. Incredible Torture Show est une oeuvre profondément misogyne. Les adeptes et les fidèles dévots de la doctrine féministe sont priés de quitter gentiment leur siège et de retourner prestement dans leurs pénates ! Dans Blood Sucking Freaks, la gente féminine est constamment malmenée, rabrouée, semoncée et ridiculisée. Sous le joug de Maître Sardu, les femmes subissent les pires mutilations et humiliations. Au détour d'un repas plantureux, le chef de l'organisation ripaille et se sustente de mets sapides qu'il dispose sur le dos d'une jolie blondinette. Aux sarcasmes et aux épigrammes, s'additionnent également de longues parties d'agapes et de priapées. 
Indubitablement, Blood Sucking Freaks s'auréole de connotations lascives, mais ne dérive pas vers l'oeuvre érotique, encore moins vers l'industrie pornographique.

Les turpitudes et les insanités dérivent expressément vers l'odontologie chirurgicale, notamment lorsqu'un médicastre pervers et chevronné procède à une opération à crâne ouvert. Au menu des tristes réjouissances, on relève également plusieurs énucléations, démembrements, décapitations et autres équarrissages. Vous l'avez donc compris. Blood Sucking Freaks ne badine pas avec la barbaque ni la tripaille. Les thuriféraires du cinéma trash et underground seront donc en terrain connu et quasiment conquis. Dès lors, on comprend mieux pourquoi cette oeuvre ordurière et viscérale fait désormais voeu d'obédience auprès plusieurs générations de cinéastes.
En outre, Eli Roth n'a jamais caché son engouement, ni son effervescence pour le film de Joel M. Reed pour le tournage, puis la réalisation d'Hostel (2006). Certes, on pourra légitimement tonner et maronner contre des maquillages et des effets spéciaux caduques. Cependant, en dépit de ses carences et de ses impondérables (entre autres, une interprétation un peu trop forcée, voire forcenée...), Incredible Torture Show reste un classique du genre, largement supérieur àThe Wizard of Gore.

 

Note : 14/20

(1) Synopsis du film sur : https://devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=808&NamePage=blooduscking-freaks (Critique d'Emmanuel Denis)

 

sparklehorse2 Alice In Oliver


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