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Channel: Cinéma Choc
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The Wizard Of Gore - 1970 (The show must go on)

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wizard of gore 1970

Genre : horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans) 
Année : 1970
Durée : 1h25

Synopsis : Montag le magnifique exécute devant les spectateurs des tours de magie en choisissant des jeunes femmes dans le public et en les mutilant sur scène. Mais ce que l'on pense être une illusion devient réalitéà la suite des représentations. La journaliste Sherry Carson tente de faire venir le magicien sur son plateau dans le but de l'interviewer. Son compagnon, lui se méfie et tente d'éclaircir ce mystère. 

 

La critique :

Indubitablement, la sortie de Blood Feast - Orgie Sanglante (Herschell Gordon Lewis, 1963) marque une rupture fatidique et rédhibitoire dans le noble Septième Art en général et dans le cinéma d'horreur en particulier. Depuis les années 1950, le cinéma d'épouvante est au faîte de sa gloire et s'accointe avec des créatures fantasmagoriques et comminatoires. Ainsi, la firme britannique la Hammer exhume la momie, Dracula, Frankenstein et le loup-garou de leurs sépulcres via des productions vétilleuses, raffinées mais, in fine, de facture conventionnelle.
Mais, entre la fin des années 1960 et la lisière des années 1970, le public commence à se lasser de tous ces films peu ou prou analogiques. La requête est ouïe par Herschell Gordon Lewis. Via Blood Feast, le metteur en scène, pourtant issu du circuit indépendant et érotique, s'inspire des exactions commises durant la Seconde Guerre mondiale par des médicastres échevelés et atteints par le Complexe d'Icare.

Le monde entier n'a pas oublié les fêlures et les meurtrissures infligées par cette guerre technologique et sanguinolente. Pis, les images du Procès de Nuremberg montrent sans fard les abominations proférées sur les Juifs, les résistants, les tziganes et les personnes handicapées dans les camps de concentration allemands. L'âme humaine est fallacieuse, spécieuse, obséquieuse et perfide et peut se laisser dévoyer par le barbarisme. Avec Blood Feast, Herschell Gordon Lewis réitère ces vilenies et ces turpitudes. Le metteur en scène invoque même tous les travers et les tabous séculaires dont est capable l'âme humaine, notamment ce tropisme archaïque pour l'anthropophagie.
Contre toute attente, Blood Feast, pourtant nanti d'un budget famélique, propulse son auteur démiurgique au firmament de sa gloire.

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Le réalisateur écope nûment de la couronne sérénissime du pape du cinéma gore. A l'époque, Herschell Gordon Lewis l'ignore encore. Mais Blood Feast va influencer et générer tout une pléthore d'épigones. Aujourd'hui encore, Orgie Sanglante reste le film majeur, voire un véritable bréviaire pour plusieurs générations de cinéastes. James Wan et Eli Roth n'ont jamais caché leur engouement, ni leur effervescence pour cette référence proéminente. Saw (James Wan, 2004) et Hostel (Eli Roth, 2006) ne sont, in fine, que des palimpsestes de Blood Feast.
Nonobstant ce succès impromptu, Herschell Gordon Lewis n'a cure des objurgations de la censure et de ses contempteurs. Blood Feastécope de l'ultime réprobation, soit d'une interdiction aux moins de 18 ans. Grisé par ce succès pharaonique, Herschell Gordon Lewis devient l'un des nouveaux chantres de la série B gore et horrifique.

C'est ainsi que ce premier chapitre se transmute en trilogie mercantiliste via 2000 Maniaques (1964) et Color Me Blood Red (1965). Herschell Gordon Lewis enchaîne alors avec A taste of blood (1967), Something Weird (1967), How to make a doll (1968), The Gore Gore Girls (1972), ou encore Blood Feast 2 : All U Can Eat (2002), autant de pellicules indécentes qui corroborent son penchant, voire sa dilection pour l'extrême et le cinéma underground. Vient également s'additionner The Wizard of Gore, sorti en 1970. A l'instar de Blood Feast premier du nom et de 2000 Maniaques, The Wizard of Gore reste sans doute le long-métrage le plus proverbial de l'auteur thaumaturgique. Au fil des années, cette bisserie désargentée va rapidement s'octroyer le statut de film culte. 
Cette fois-ci, le gore et les diverses érubescences sont diligentés à travers le spectacle et plusieurs numéros de prestidigitation savamment fomentés.

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Il n'en faut pas davantage pour estourbir, révulser et imprimer les persistances rétiniennes des thuriféraires du cinéma trash. Par ailleurs, quelques années plus tard, le film Blood Sucking Freaks (Joel M. Reed, 1976) rééditera - peu ou prou - le même syllogisme mortuaire, tout en renâclant du côté de Salo ou les 120 Journées de Sodome (Pier Paolo Pasolini, 1975), l'érudition et le raffinement stylistique en moins. The Wizard of Gore fera même l'objet d'un remake éponyme en 2007 sous l'aval de Jeremy Kasten. A contrario, en dépit de son statut de film culte, The Wizard of Gore est souvent décrié comme une oeuvre obsolescente qui a bien souffert du poids des années.
En raison de son budget anémique, les maquillages et les effets spéciaux du film sont essentiellement conçus à partir de mannequins et de préservatifs remplis d'hémoglobine, une duperie matoise qui n'échappera pas à l'oeil avisé du spectateur éberlué.

La distribution de cette bisserie nécessiteuse risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Ray Sager, Judy Cler, Wayne Ratay, Phil Laurenson, Jim Rau, Don Alexander et John Elliot ; mais j'en doute... Attention, SPOILERS ! Montag le magnifique exécute devant les spectateurs des tours de magie en choisissant des jeunes femmes dans le public et en les mutilant sur scène. Mais ce que l'on pense être une illusion devient réalitéà la suite des représentations. La journaliste Sherry Carson tente de faire venir le magicien sur son plateau dans le but de l'interviewer. Son compagnon, lui se méfie et tente d'éclaircir ce mystère.
Indubitablement, Herschell Gordon Lewis doit sa réputation sulfureuse grâce àBlood Feast et 2000 Maniaques.

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A postériori, le metteur en scène n'itérera plus jamais (ou presque...) les mêmes prouesses ni les mêmes outrecuidances. Herschell Gordon Lewis a toutes les peines du monde à récidiver les fulgurations de naguère. Pis, sa mise en scène, souvent soporifique voire calamiteuse, se montre toujours aussi atone et sporadique. The Wizard of Gore s'approxime alors à une sorte d'orgie théâtrale dans laquelle un prestidigitateur s'adonne aux pires insanités devant les yeux ulcérés de spectateurs. Sur ces entrefaites, le long-métrage louvoie entre l'enquête soporative, une interprétation aux mieux indigente et un certain dilettantisme. Même les saynètes de tripaille ne se montrent guère éloquentes.
Certes, en termes de barbaque, de mutilations et d'équarrissages pratiqués sur des êtres humains curieusement affables, The Wizard of Gore se montre particulièrement magnanime.

Au menu des tristes réjouissances, on relève plusieurs énucléations, divers organes prélevés, ainsi qu'une cervelle extraite par les mains rougeoyantes de Montag ; de quoi ravir les laudateurs du cinéma underground... Et à condition de faire fi de la caducité des maquillages et des effets spéciaux. Hilare, Herschell Gordon Lewis ne cherche même pas à dissimuler ses mannequins ni ses apparats en carton, hélas ostensibles lors des séquences de carnage. Certes, The Wizard of Gore n'a pas usurpé son interdiction aux moins de 18 ans, tout du moins dans une époque encore peu coutumière de ce type d'abjections. Mais autant l'annoncer sans ambages.
The Wizard of Gore reste un long-métrage joliment désuet qui flagornera avant tout les amateurs patentés de ce genre de pellicule joyeusement frelatée. Vous l'avez donc compris. A l'aune de cette chronique, c'est la pondération qui est de mise. A nos yeux, The Wizard of Gore ne mérite sans doute pas de figurer au panthéon du cinéma gore. Dans le même genre, on lui préférera amplement le même Blood Sucking Freaks (déjà susdénommé dans ces lignes), ou encore I Drink Your Blood (David E. Durston, 1970). La note finale fera donc preuve de miséricorde car cette bisserie prosaïque mérite moins, beaucoup moins...

 

Note : 10/20

sparklehorse2 Alice In Oliver


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