Quantcast
Channel: Cinéma Choc
Viewing all articles
Browse latest Browse all 2562

Le Tombeau des Lucioles (Le 21 septembre 1945, je suis mort)

$
0
0

tombeau des lucioles

Genre : drame, guerre  
Année : 1988
Durée : 1h30

Synopsis : Japon, été 1945. Après le bombardement de Kobé, Seita, un adolescent de quatorze ans et sa petite soeur de quatre ans, Setsuko, orphelins, vont s'installer chez leur tante à quelques dizaines de kilomètres de chez eux. Celle-ci leur fait comprendre qu'ils sont une gêne pour la famille et doivent mériter leur riz quotidien. Seita décide de partir avec sa petite soeur. Ils se réfugient dans un bunker désaffecté en pleine campagne et vivent des jours heureux illuminés par la présence de milliers de lucioles. Mais bientôt la nourriture commence cruellement à manquer. 

 

La critique :

Il faut se rendre sur le site SensCritique et en particulier sur le lien suivant (Source : https://www.senscritique.com/top/resultats/Les_meilleurs_films_d_animation_japonais/282252) pour dénicher et déceler le Top 100 des meilleurs films d'animation japonais. Prière de phagocyter le petit monde de Walt Disney au profit d'un univers épars à la fois transi par l'ésotérisme, l'amphigourie, la dystopie et une humanité intrinsèquement reliée à ses propres pulsions archaïques et primitives. Les thuriféraires du cinéma d'animation nippon n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Princesse Mononoké (Hayao Miyazaki, 1997), Ghost in the Shell (1995), Paprika (Satoshi Kon, 2006), Le voyage de Chihiro (Hayao Miyazaki, 2001), Le château ambulant (Hayao Miyazaki, 2004), Mon voisin Totoro (Hayao Miyazaki, 1988), Millenium Actress (Satoshi Kon, 2002), ou encore Tokyo Godfathers (Satoshi Kon et Shôgo Furuya, 2003) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires.

En revanche, peu de dessins animés se sont attelés au sujet spinescent de la Seconde Guerre mondiale. Pour en trouver les tous premiers balbutiements, il faut sans doute remonter aux années 1940 avec Education For Death, réalisé par la diligence de Clyde Geronimi en 1943. Bien que produit par les studios Walt Disney, ce long-métrage d'animation est explicitement une oeuvre partiale et propagandiste qui louange l'effort de guerre entrepris par les Etats-Unis. Cette oeuvre inique et sectatrice vilipende et vitupère le régime fasciste d'Adolf Hitler. Par ailleurs, le tyran moustachu et autocratique est même vulgariséà travers des traits grossiers et outranciers dans ce dessin animé.
Un tel ouvrage mériterait sans doute les ferveurs de Cinéma Choc... Mais ce n'est pas le sujet de cette chronique...

Le-tombeau-des-lucioles

 

Pour le reste, le nombre de longs-métrages d'animation en corrélation avec la Seconde Guerre mondiale se comptent sur les doigts atrophiés de la main. On pourrait notamment notifier Dans un recoin de ce monde (Sunao Katabuchi, 2016) et Le vent se lève (Hayao Miyazaki, 2014)... Et c'est tout... Tout ou presque... Puisque vient aussi s'agréger Le Tombeau des Lucioles, réalisé par l'érudition d'Isao Takata en 1988. Décédé en 2018, le réalisateur japonais devra faire preuve de longanimité et patienter un bon moment avant de gravir les échelons de l'univers cinématographique. Dès 1959, il rejoint les studios Toei Animation et effectue la dure besogne.
Il officie carrément en tant que balayeur et homme à tout faire. Corrélativement, il s'accointe et s'acoquine avec Hayao Miyazaki.

Ensemble, les deux comparses s'engagent dans le mouvement syndical. 
Horus, prince du soleil (1968) constitue son tout premier long-métrage. Le metteur en scène s'affaire également à des séries télévisées d'animation populaires, entre autres Heidi (1974) et Marco (1976). Isao Takata enchaîne alors avec Kié la peste (1981), Goshu le violoncelliste (1982), L'histoire du canal de Yanagawa (1988), Souvenirs goutte à goutte (1991), Pompoko (1994), Mes Voisins les Yamada (1999) et Le conte de la princesse Kaguya (2013), son dernier ouvrage en date. Depuis, Isao Takata s'est montré plutôt timoré, même s'il produira La tortue rouge (Michael Dudok de Wit, 2016) à postériori.
Mais c'est Le Tombeau des Lucioles qui reste son métrage le plus proverbial et lui permettra d'accéder à une popularité exponentielle. 

téléchargement

Mieux, le succès pharaonique de ce film d'animation traverse les frontières nippones et s'exporte dans nos contrées hexagonales. Produit par les studios Ghibli, Le Tombeau des Lucioles est l'adaptation d'une nouvelle semi-autobiographique d'Akiyuki Nosaka. Pour le reste, la trame narrative de Le Tombeau des Lucioles s'inspire partiellement du film Jeux Interdits (René Clément, 1952), un classique du cinéma français qu'Isao Takata révère, sacralise et divinise. Le metteur en scène n'a jamais caché cette filiation ostensible entre le personnage incarné par Brigitte Fossey, alors âgée de quatre ans à l'époque, et Setsuko, une fillette qui vient elle aussi de fêter ses quatre printemps.
A notre surprise générale, Le Tombeau des Lucioles n'est soumis à aucune réprobation. C'est donc l'admonition "tout public" qui prévaut, ce qui est plutôt surprenant à l'aune de ce drame austère et quasi incendiaire... Et pour cause...

Puisqu'à l'époque, le Japon subit les assauts et les bombardements incessants des Américains. Au moment de sa sortie, Le Tombeau des Lucioles sera reçu sous les vivats et les acclamations d'une presse unanimement panégyriste. Le long-métrage est souvent recensé dans le top 10 des meilleurs films d'animation japonais. Reste à savoir si Le Tombeau des Lucioles mérite de telles courtisaneries... Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... Mais trêve de palabres et de verbiages et revenons à l'exégèse de ce film d'animation. Attention, SPOILERS ! Japon, été 1945. Après le bombardement de Kobé, Seita, un adolescent de quatorze ans et sa petite soeur de quatre ans, Setsuko, orphelins, vont s'installer chez leur tante à quelques dizaines de kilomètres de chez eux.
Celle-ci leur fait comprendre qu'ils sont une gêne pour la famille et doivent mériter leur riz quotidien. 

TV-ce-soir-on-vibre-devant-Le-Tombeau-des-lucioles-d-Isao-Takahata

Seita décide de partir avec sa petite soeur.  Ils se réfugient dans un bunker désaffecté en pleine campagne et vivent des jours heureux illuminés par la présence de milliers de lucioles. Mais bientôt la nourriture commence cruellement à manquer. Pour ceux qui adoubent et déifient les productions Walt Disney pour leur côté doucereux et guilleret, merci de quitter prestement leur siège et de retourner gentiment dans leurs pénates ! Merci également d'oblitérer cet univers enchanteur au profit d'un contexte historique ultra réaliste et sous les feux de la dramaturgie et des bombardements.
Contre toute attente, rien ne distingue vraiment la culture nippone de la culture nippone, surtout en des temps funestes et de belligérances. Alors que Seita et Setsuko agonisent, ils ne rencontrent que l'indifférence et l'hostilité de leurs concitoyens. 

Les denrées s'amenuisent et la moindre pelure de pomme de terre devient presque une friandise. Dans un monde en lambeaux et décharné de sa substance primordiale, c'est le chaos qui règne et prédomine. A fortiori, tous les éléments sont coalisés pour condamner Seita et Setsuko à dépérir dans les plus brefs délais. La mort de leurs parents, la dénutrition et les bombardements récurrents essaiment un quotidien morose et dans lequel il faut piller, duper et escroquer pour survivre et se sustenter de maigres subsides. Où se trouve cette lueur d'espoir dans un monde aussi tumultueux ? La réponse est aussi simplissime que lapidaire. Les lucioles préfigurent cette lumière emblématique qui vient redorer un Japon à l'agonie. Hélas, ces rares instants de béatitude seront contrariés par la mort d'un personnage éminent... En l'état, difficile d'en révéler davantage...
Mais dès le préambule, Isao Takata a le mérite de présenter les animosités ambiantes. "Le 21 septembre 1945, je suis mort", songe un Seita encore contristé par la mort de ses proches. Précautionneux, Isao Takata élude l'écueil du drame mortifère et pleurnichard. 
Mieux, le réalisateur prodigue une véritable leçon de cinéma en proposant une oeuvre à la fois mélancolique, désenchantée et romantique. 

Note : 16.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver


Viewing all articles
Browse latest Browse all 2562

Latest Images

Trending Articles