Genre : horreur, gore, slasher, extrême (interdit aux - 18 ans au moment de sa sortie, interdit aux - 16 ans aujourd'hui)
Année : 1983
Durée : 1h22
Synopsis : Un groupe d'étudiants en archéologie part effectuer des recherches dans une partie reculée du désert Californien. Dès leur arrivée au milieu de l'immense décor aride, les jeunes gens vont se sentir observés par une présence mystérieuse. Involontairement, ils vont perturber le sommeil ancestral de démons indiens qui se vengeront de la plus sanglante manière de ceux qui ont osé profaner leur terre sacrée. Une longue nuit d'horreur commence au cours de laquelle les hurlements des suppliciés raisonneront jusqu'à l'aube...
La critique :
Le monde du slasher est pour le moins surprenant, voire déroutant. Que les laudateurs de Cinéma Choc (mais enfin, qui sont-ils ? Et où se tapissent-ils ?) se rassérènent. Au cours de cette chronique, nous ne commettrons pas l'offense d'itérer la genèse du slasher à travers nos lignes diffuses puisque nous l'avons déjà invoquée à moult reprises. Toutefois, il sied de notifier que le slasher acte et officialise sa naissance via le film Black Christmas (Bob Clark, 1974). Au grand dam de Bob Clark, Black Christmas passe relativement inaperçu lors de son exploitation dans les salles obscures.
Que soit. Ce film d'horreur connaîtra enfin une popularité naissante au fil des décennies. Le slasher comminatoire de Bob Clark n'échappe à l'oeil avisé de John Carpenter. Après avoir officié dans le cinéma d'action (Assaut en 1976), le metteur en scène s'arroge la couronne sérénissime du maître de l'épouvante.
Opportuniste, John Carpenter réitère le didactisme de Black Christmas avec Halloween, la nuit des masques (1978). La figure du croquemitaine devient le nouveau faciès du cinéma d'épouvante. En outre, ce sociopathe énigmatique se nomme Michael Myers. Le criminel abominable se tapit derrière un masque d'albâtre et étrille la caste estudiantine. Cette fois-ci, les belligérances se déroulent le soir de la fête d'Halloween. Le public extatique répond doctement à l'appel et se précipite dans les salles de cinéma. Le slasher est en pleine effervescence.
Evidemment, le succès pharaonique d'Halloween, la nuit des masques influence et génère toute une pléthore d'épigones durant la décennie 1980. Qu'ils se nomment Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980), Carnage (Tony Maylam, 1981), Dément (Jack Sholder, 1982), Maniac (Wiliam Lustig, 1980), Jeu d'Enfant (Tom Holland, 1988), Massacres dans le train fantôme (Tobe Hooper, 1981), ou encore Massacre au camp d'été (Robert Hiltzik, 1983), toutes ces pellicules licencieuses corroborent l'omnipotence du slasher sur le cinéma d'horreur.
Le slasher rime également avec la série B rougeoyante et impécunieuse. Ainsi, de nombreux tâcherons s'affairent à l'ouvrage. C'est par exemple le cas de Fred Olen Ray avec le bien nomméScalps, sorti en 1983, un long-métrage à ne pas confondre avec le western éponyme de Bruno Mattei, et par ailleurs le seul film honorable (ou presque...) du plus grand "nanar man" de l'histoire du noble Septième Art. Mais ce n'est pas le sujet de cette chronique évasive... Avant de sévir dans le cinéma bis, Fred Olen Ray a tout d'abord officié en tant que catcheur et acteur.
Il est souvent répertorié parmi les cancres les plus patentés de la série B (série Z...) adventice. Ainsi, Fred Olen Ray empruntera divers cryptonymes, notamment Bill Carson, Dr. S. Carver, Roger Collins, Peter Daniels, Nicholas Medina, Nick Medina, Sam Newfield, Fred Ray, Ed Raymond, Randy Rocket, Sherman Scott, Peter Stewart ou encore Freddie Valentine (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fred_Olen_Ray).
On relève au moins une cinquantaine de films à son actif. Les thuriféraires de Fred Olen Ray (mais enfin, qui êtes-vous ?) n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Biohazard (1985), Dead Space (1988), Hollywood Chainsaw Hookers (1988), Alienator (1990), Dinosaur Island (1994), Contre-offensive (1994), Face aux serpents (2002), Bikini Girls from the lost Planet (2006), ou encore The Girl from bikini (2007) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires. En outre, Scalps constitue la troisième réalisation de Fred Olen Ray juste après The Brain Leechees (1977) et Alien Dead (1980). A l'aune de cette filmographie peu luxuriante, on peut légitimement s'interroger sur les qualités et les arguties de Scalps, une série B accessoire et par ailleurs rarissime.
Preuve en est. Cette bisserie gore et virulente est seulement disponible sur le catalogue de l'éditeur Uncut Movies.
Contre toute attente, Scalps est souvent stipulé parmi les classiques du cinéma underground, non pas pour ses modestes qualités techniques et de mise en scène, mais pour son âpreté et son primitivisme. Par ailleurs, ce long-métrage gore et extrême n'éludera pas le couperet acéré de la censure via l'ultime réprobation de circonstance, à savoir une interdiction aux moins de 18 ans. Aujourd'hui, Scalps est "seulement" (si j'ose dire...) interdit aux moins de 16 ans. En outre, cette animadversion est totalement incompréhensible à l'aune des animosités ambiantes. Désormais, Scalps apparaît comme un slasher obsolescent et victime de ses carences immanentes.
La distribution du film se compose de Jo-Ann Robinson, Richard Hench, Roger Maycock, Frank McDonald, Carol Sue Flockhart, Barbara Magnusson, Kirk Alyn et Carroll Borland.
Attention, SPOILERS ! (1) La loi l’interdit, leur professeur en est empêché, un vieil indien les met en garde, l’une d’entre eux est soudain prise de scrupules et les esprits eux-mêmes leur livrent des avertissements sans conséquence… Bref, s’ils avaient été plus malins, ces quelques étudiants en archéologie ne se seraient pas aventurés au fin fond du désert pour y profaner quelques sépultures indiennes avec pour fâcheuse conséquence de réveiller l’esprit du sinistre « Black Claw », un indien naguère versé dans la magie noire et qui n’apprécie guère ce flagrant manque de respect (1).
Une longue nuit d'horreur commence au cours de laquelle les hurlements des suppliciés raisonneront jusqu'à l'aube... Autant l'annoncer sans ambages. Scalps ne risque pas de faire ciller l'hégémonie rogue d'Halloween - La nuit des masques et de sa litanie de consortiums.
A sa décharge, Scalps est délesté de toute présomption narrative. Premier bémol et pas des moindres, Fred Olen Ray a toutes les peines du monde à planter un décor pourtant famélique, une contrée désertique peuplée par des entités démoniaques et réactivées par des incantations indiennes. Ne parlons même pas des protagonistes humains, tous plus insipides les uns que les autres. Pour ce qui est des tristes réjouissances, le spectateur hébété devra faire preuve de longanimité et patienter plus d'une heure avant d'assister à une saynète de carnage. Certes, on assistera parfois à quelques séquences de décapitation, dans la grande tradition du slasher sanguinolent.
Les victimes infortunées sont invariablement charcutées et dilapidées, en passant par la gorge jusqu'à la cavité crânienne. Entre deux saynètes mollassonnes, on assiste, éberlué, à une scène de viol. Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout... Ou presque... Scalps impressionne surtout par sa pingrerie et échappe de peu à la mention "nanar avarié" via quelques rares séquences rutilantes et jubilatoires. Bref, ce slasher superfétatoire échappe de justesse à notre courroux rédhibitoire. Ma note finale fera donc preuve de munificence car ce long-métrage horrifique mérite sans doute moins, beaucoup moins...
Note : 07/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : http://tortillapolis.com/critique-film-scalps-fred-olen-ray-1983/