Genre : horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 2018
Durée : 1h38
Synopsis : Burt Gummer et son fils Travis Welker tombent sur des Graboïdes et des Ass-Blasters alors qu'ils se rendent au Canada pour enquêter sur la multiplication d'attaques mortelles de vers géants. Arrivés dans une usine reculée de la toundra, Burt soupçonne que les Graboïdes soient secrètement transformés en armes, mais avant qu'il puisse le prouver il est contaminé par du venin de Graboïde. Alors qu'il ne lui reste plus que 48 heures à vivre, son seul recours est de créer un antidote mais, pour cela, il faut que quelqu'un trouve comment on peut traire un Graboïde.
La critique :
Retour à l'agression animale. Que les thuriféraires de Cinéma Choc (mais enfin qui sont-ils ?) se rassérènent. A travers ces lignes diffuses, nous ne commettrons pas l'offense de réitérer l'historique ni la genèse de ce sous-registre du cinéma d'exploitation même s'il sied de rappeler ses rudiments et ses linéaments. Tout commence vers le milieu des années 1960. A l'époque, Alfred Hitchcock réalise Les Oiseaux (1963), un long-métrage eschatologique, à la lisière de l'épouvante et du fantastique. Pour le maître du suspense, la menace provient du vide et d'un néant indicible.
Le metteur en scène britannique ne fournit aucune explication rationnelle sur les assauts récurrents des volatiles atrabilaires. Une décennie plus tard, Steven Spielberg propose - peu ou prou - la même rhétorique via Les Dents de la Mer (1975).
Cette fois-ci, la menace est aquatique et se tapit dans les tréfonds de l'océan. Mais, pour Steven Spielberg, le véritable requin, ce n'est pas ce poisson plantureux et à l'appétit pantagruélique qui tortore des touristes en déveine, mais ces édiles politiques fallacieux qui sacrifient la populace au nom de la pécune et de la saison estivale. Les succès concomitants de Les Oiseaux et de Les Dents de la Mer influencent et génèrent toute une pléthore d'épigones. Ainsi, les squales et les crocodiliens deviennent les nouvelles égéries du cinéma horrifique. Des films tels que Piranhas (Joe Dante, 1978), Le Crocodile de la Mort (Tobe Hooper, 1977), Open Water, en eaux profondes (Chris Kentis, 2004), Black Water (Andrew Traucki et David Nerlich, 2007), Bait (Kimble Rendall, 2012), ou encore The Reef (Andrew Traucki, 2011) sont autant de références et d'illustres bréviaires ; tout du moins dans le registre de l'agression aquatique.
Les canidés effarouchés (Cujo en 1983 et Baxter en 1989), les sangliers bilieux (Razorback, Russell Mulcahy, 1984), les gros serpents venimeux (Anaconda, le prédateur Luis Llosa, 1997), ou encore les araignées gargantuesques (Arac Attack, les monstres à huit pattes, Ellory Elkayem, 2002) sont autant de comminations émanant d'une nature en dissidence contre l'espèce humaine. Parfois même, cette même nature se révèle pour le moins surprenante via l'apparition d'une nouvelle espèce animale. C'est par exemple le cas de Tremors (Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2018/03/23/36086649.html), réalisé par la diligence de Ron Underwood en 1990.
Ce premier chapitre évoque une menace ineffable qui se tapit quelque part dans le sol, happant quelques trublions ingénus dans les coins éculés de l'Amérique contemporaine.
Nonobstant son scénario lapidaire, son budget impécunieux et une mise en scène plutôt académique, cette série B adventice flagorne les énamourés du cinéma bis. Mieux, le film caracole en tête de peloton lors de son exploitation en vidéo. Il n'en fallait pas davantage pour sustenter l'appétit insatiable des producteurs avides et mercantiles. Ainsi, Tremors 2 - Les Dents de la Terre (S.S. Wilson, 1996), Tremors 3 - Back To Perfection (Brent Maddock, 2001), Tremors 4 - La légende commence (S.S. Wilson, 2004), Tremors 5 - Bloodlines (Don Michael Paul, 2015) et même un Tremors 6 - A Cold Day In Hell (Don Michael Paul, 2018) seront produits dans la foulée.
Si aux Etats-Unis, Tremors fait office de véritable phénomène, en France, la franchise reste beaucoup plus discrète, voire timorée.
Aujourd'hui, c'est le cas du sixième volet, Tremors 6 - A Cold Day In Hell, qui fait l'objet d'une chronique dans nos colonnes éparses. A la fois cacographe, cinéaste, producteur et scénariste, Don Michael Paul débute sa carrière de metteur en scène vers l'orée des années 2000 via Mission Alcatraz (2002). A postériori, il enchaînera avec Who's your caddy ? (2007), Company of heroes (2012), Sniper 5 - L'Héritage (2014) et Un flic à la maternelle 2 (2016). Pas besoin d'être un extralucide pour subodorer les accointances du réalisateur américain avec le cinéma bis.
Il n'est donc pas surprenant de retrouver Don Michael Paul derrière un sixième chapitre qui suinte tout de même la redondance à plein nez. Que soit. La franchise continue de flagorner le public américain et il faut s'attendre - un jour ou l'autre - à voir poindre un septième volet.
La distribution de Tremors 6 se compose de Michael Gross, Jamie Kennedy, Tanya van Graan, Jamie-Lee Money, Kiroshan Naidoo, Keeno Lee Hector et Rob van Vuuren. Indiscutablement, au fil des épisode, Michael Gross est devenu la figure emblématique de la saga. Mais trêve de palabres et de verbiages et passons à l'exégèse du film ! Attention, SPOILERS ! Burt Gummer et son fils Travis Welker tombent sur des Graboïdes et des Ass-Blasters alors qu'ils se rendent au Canada pour enquêter sur la multiplication d'attaques mortelles de vers géants. Arrivés dans une usine reculée de la toundra, Burt soupçonne que les Graboïdes soient secrètement transformés en armes, mais avant qu'il puisse le prouver il est contaminé par du venin de Graboïde. Alors qu'il ne lui reste plus que 48 heures à vivre, son seul recours est de créer un antidote mais, pour cela, il faut que quelqu'un trouve comment on peut traire un Graboïde.
En fait, rien n'a changé depuis Tremors premier du volet. Plus que jamais, la franchise, désormais fastueuse, ne jure plus que par les graboïdes, sans néanmoins phagocyter ses protagonistes humains. Seule dissimilitude et pas des moindres, entre le premier et le sixième chapitre, nos créatures carnassières et longiformes ont évolué. Mieux, ces dernières seraient l'ancienne espèce dominante en des temps antédiluviens. Il est donc temps d'éradiquer l'homme de la surface de la planète pour toiser derechef les firmaments de la chaîne alimentaire.
Jusqu'ici, la franchise nous avait claustré dans des contrées arides et désertiques. Désormais, nos graboïdes sont capables de s'adapter au froid sibérien. Sur ces entrefaites, Tremors 6 - A Cold Day In Hell s'approxime à une séquelle, voire un remake (officieux...) du premier volet.
Là aussi, le film s'apparente à une sorte de huis clos glacial et faussement anxiogène. Au moins, ce sixième opus ne pète jamais plus haut que son derrière et accumule les péripéties à une vitesse astronomique. Les laudateurs de la franchise seront donc en terrain connu et quasiment conquis. A contrario, les contempteurs tonneront et clabauderont - sans doute à raison - sur cet aspect tautologique. Force est de constater que la franchise peine réellement à se raviver et à se renouveler, finalement à l'instar d'un Michael Gross certes intarissable, mais désormais chenu. Hélas, son nouveau dignataire (Jamie Kennedy) peine réellement à convaincre... Encore une fois à l'image de ce sixième opus qui baguenaude placidement sur le même continuum depuis plus de trente ans maintenant.
Bref, il serait temps, grand temps, de cesser les belligérances plutôt que de jouer sempiternellement sur les mêmes acquis et impondérables. Reste qu'en dépit de ses carences et de ses approximations, Tremors 6 - A Cold Day In Hell s'approxime à une série B probe et honorable, à condition de visionner ce métrage pour ce qu'il est, à savoir une bisserie factice et inconséquente.
Note : 10/20
Alice In Oliver