Genre : péplum, historique
Année : 1960
Durée : 3h18
Synopsis : Italie, 73 av. J.C. Esclave devenu gladiateur, Spartacus est épargné par un de ses compagnons d'infortune dans un combat à mort. Ce répit soulève en lui plus que jamais le souffle de la révolte, et après avoir brisé ses chaînes, il enjoint les autres esclaves à faire de même. Rapidement à la tête d'une colossale armée, Spartacus entend rejoindre le port de Brides au sud du pays pour prendre la mer à bord des navires ciliciens. Mais l'Empire romain ne l'entend pas de cette oreille et lance ses légions à la poursuite des esclaves révoltés...
La critique :
Est-il absolument opportun de procéder à l'exégèse de la carrière de Stanley Kubrick ? Oui, un peu (beaucoup...) tout de même... Pour son treizième anniversaire, son patriarche lui offre un appareil photo. Le jeune Stanley oublie sa passion première (le jazz) et commence à vendre quelques clichés pour un journal. Il est alors embauché comme photographe indépendant. C'est durant cette période que Stanley Kubrick se découvre une véritable dilection pour le noble Septième Art, en particulier pour les films d'auteur, entre autres Ingmar Bergman, Michelangelo Antonioni et Federico Fellini.
Stanley Kubrick commence alors à bricoler quelques courts-métrages dont il est à la fois l'auteur, le cinéaste, le scénariste et le producteur. Des titres tels que Day of the Fight (1950), Flying Padre (1951) et The Seafarers (1953) lui permettent déjà d'affiner son style, ainsi que ses premières thématiques de prédilection.
Pour son tout premier long-métrage, Fear and Desire (1953), Stanley Kubrick doit requérir les clémences et les prodigalités de sa famille pour financer ce projet cinématographique, budgétéà neuf mille dollars. Certes, ce tout premier essai se solde par un fiasco commercial, mais le film reçoit des critiques plutôt honorables. La presse spécialisée décèle déjà chez Stanley Kubrick un immense potentiel. Avec son film suivant, Le Baiser du Tueur (1954), le metteur en scène obtient ses toutes premières ferveurs puisque le métrage reçoit le léopard d'or lors du festival international du film de Locarno. Ce succès impromptu attise l'oeil d'un producteur avisé.
Ce dernier s'accointe et s'acoquine avec Stanley Kubrick. Pour son troisième film, L'Ultime Razzia (1956), le réalisateur échoit - pour la première fois - d'un budget opulent.
Cette fois-ci, sa carrière cinématographique est définitivement lancée, d'autant plus que L'Ultime Razzia est reçue sous les vivats et les acclamations des critiques spécialisées. Même le public, lui aussi extatique, s'amoncelle dans les salles de cinéma. A postériori, Stanley Kubrick enchaînera avec Les Sentiers de la Gloire (1957), Docteur Folamour (1964), 2001, l'odyssée de l'espace (1968), Orange Mécanique (1971), Barry Lyndon (1975), Shining (1980), Full Metal Jacket (1987) et Eyes Wide Shut (1999). Vient également s'ajouter Spartacus, sorti en 1960.
A l'origine, ce péplum est l'adaptation d'un opuscule éponyme d'Howard Fast. Ce long-métrage est produit, réalisé et ratiociné pour concurrencer un autre péplum pharaonique, Ben-Hur (William Wyler, 1959), une sorte de blockbuster avant l'heure et qui fait désormais voeu d'allégeance.
Le scénario de Spartacus est cornaqué par Dalton Trumbo. Or, le cacographe vient d'être sanctionné et châtié par la commission des activité anti-américaines. A l'époque, le maccarthysme punit sévèrement toute insubordination et surtout toute accointance avec la doxa communiste. En l'occurrence, le scénario de Spartacus devra justement s'acheminer sur cette lutte infrangible entre la plèbe et les puissants. Plusieurs cinéastes seront approchés pour le tournage du film, notamment David Lean et Anthony Mann, mais les deux auteurs vaquent déjà sur d'autres projets cinéphiliques.
Laurence Olivier doit alors à la fois revêtir les oripeaux d'acteur et de cinéaste, mais l'artiste refuse d'assumer de telles prérogatives. Que soit. La production oblique alors vers Stanley Kubrick. Aux yeux du metteur en scène, Spartacus fait office de production dispendieuse, plantureuse et aventureuse.
Stanley Kubrick n'a cure de ce péplum faramineux, d'autant plus qu'il ne participe même pas à l'élaboration de la trame narrative. Ce n'est pas aléatoire si, quelques temps plus tard, l'auteur démiurgique reniera ce film. Pourtant, le réalisateur retrouvera une vieille connaissance en la personne de Kirk Douglas. Le comédien ne tient pas seulement le rôle principal, il officie également en tant que producteur délégué du film. Spartacus est conçu pour rafler plusieurs Oscars, dont ceux de la meilleure photographie, de la meilleure création de costumes et de la meilleure direction artistique (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Spartacus_(film,_1960).
Reste à savoir si ce péplum sérénissime mérite - ou non - de tels dithyrambes. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique...
Hormis Kirk Douglas, la distribution du film se compose de Laurence Olivier, Peter Ustinov, Jean Simmons, Charles Laughton, John Gavin, Tony Curtis, Nina Foch, John Ireland, Herbert Lom, John Dall, Woody Strode et Peter Brocco. Attention, SPOILERS ! Italie, 73 av. J.C. Esclave devenu gladiateur, Spartacus est épargné par un de ses compagnons d'infortune dans un combat à mort. Ce répit soulève en lui plus que jamais le souffle de la révolte, et après avoir brisé ses chaînes, il enjoint les autres esclaves à faire de même. Rapidement à la tête d'une colossale armée, Spartacus entend rejoindre le port de Brides au sud du pays pour prendre la mer à bord des navires ciliciens.
Mais l'Empire romain ne l'entend pas de cette oreille et lance ses légions à la poursuite des esclaves révoltés...
Indubitablement, Spartacus est un péplum pour le moins singulier. En outre, il est difficile de discerner le style apprêté de Stanley Kubrick tant le cinéaste semble se gausser des pérégrinations et des tribulations de son gladiateur. Néanmoins, la mise en scène reste habilement affûtée et toujours aux aguets de ce rebellocrate qui se regimbe contre un impérium irréfragable. Spartacus s'approxime davantage à une production diligentée par Kirk Douglas. En conflit à l'époque avec Michael Mann qui doit superviser les opérations, Kirk Douglas requiert l'omniscience de Dalton Trumbo pour affiner la structure narrative. Un choix plutôt judicieux tant Spartacus s'apparente à un péplum politique.
Ainsi, le long-métrage se fragmente en deux parties bien distinctes. La première s'appesantit allègrement sur la vie de son personnage primordial, condamnéà ferrailler sur l'arène et promis - un jour ou l'autre - à un sort funeste.
" Ceux qui vont mourir vous saluent" s'écrient et se récrient les gladiateurs. Mais intérieurement, la révolte gronde. Les esclaves se mutinent contre leurs oppresseurs sous la férule du fameux Spartacus. C'est la seconde partie du film. L'ancien gladiateur devient cette figure messianique et investie des prérogatives de futur thaumaturge. Spartacus parvient même àébranler l'impérium romain. Ce gladiateur a pour dessein d'intervertir la dialectique entre les maîtres et leurs esclaves. Une chimère... Comment cet homme, issu de la populace, peut-il s'insurger contre le pouvoir en place ? A travers ce scénario simplissime, c'est toute la plume de Dalton Trumbo qui transparaît et qui crie haro contre l'argyrocratie hollywoodienne. Impossible de ne pas y voir une métaphore sur le maccarthysme et les pressions exercées par un gouvernement obnubilé par l'irruption d'un envahisseur (en particulier les communistes).
Mais cette bataille idéologique ne sied guère à Stanley Kubrick, un auteur qui affectionne davantage les personnages asociaux, voire sociopathiques. Paradoxalement, Spartacus peut escompter sur l'implication et l'érudition de Kirk Douglas, totalement investi dans son personnage et dans la production de ce péplum homérique. Dommage encore une fois que le film soit presque totalement délesté du sceau de son auteur métronome...
Note : 15/20
Alice In Oliver