Genre : horreur, gore, trash, torture porn, extrême, shockumentary, death movie (interdit aux - 18 ans)
Année : 2008
Durée : 4h27
Synopsis : Mêlant images et film d'archives, ce film retrace l'histoire vraie de l'unité 731 (1932-1945), camp japonais destinéà faire des expériences sur des prisonniers de guerre. Le but était de fabriquer une arme bactériologique de destruction massive dans la guerre qui opposait les japonais aux russes, et également de rattraper leur retard dans le domaine spatial et scientifique.
La critique :
Comme une évidence, presque une pantalonnade. Lorsque l'on invoque le néologisme du "torture porn", on songe invariablement à Saw (James Wan, 2004) et Hostel (Eli Roth, 2006). Dans le cas du premier film susdénommé, James Wan adapte un court-métrage éponyme qu'il avait lui-même réalisé. Dixit les propres aveux de l'auteur démiurgique, Saw n'avait pas pour velléité de toiser les firmaments des oriflammes. A l'origine, il s'agit d'une série B impécunieuse qui amalgame sans fard huis clos, torture porn, thriller, horreur et une enquête policière conçue comme une sorte de puzzle démoniaque, avec ses pièges, ses supplices et ses multiples collatérales.
Pourtant, cette formule surannée flagorne les thuriféraires du cinéma gore. Paradoxalement, Saw n'a rien inventé et réitère les recettes éculées de naguère.
James Wan n'a jamais caché sa dilection pour Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), La Colline A Des Yeux (Wes Craven, 1977), ou encore La Dernière Maison sur la Gauche (Wes Craven, 1972). Toujours la même antienne... Saw défie tous les pronostics et caracole en tête de peloton lors de sa sortie en salles. Aux yeux des producteurs, Saw constitue la nouvelle manne providentielle. Ces derniers exhortent James Wan à signer de nouvelles suites consécutives. Mais le metteur en scène n'a cure des instigations, voire des objurgations de ses financeurs.
James Wan affectionne davantage l'épouvante de jadis. Impression corroborée par ses longs-métrages suivants, notamment Dead Silence (2007), Insidious (2011), Insidious - Chapitre 2 (2013), Conjuring - Les Dossiers Warren (2013) et Conjuring - Le Cas Endfield (2016).
Que soit. En raison de son succès pharaonique, Saw premier du nom va se transmuter en une franchise lucrative et opportuniste, hélas cornaquée par toute une série de tâcherons patentés. En l'occurrence, Hostel obliquera - peu ou prou - vers la même trajectoire. Dans le film d'Eli Roth, c'est une étrange organisation qui s'adonne à la capture, puis à la torture de touristes dans un pays d'Europe de l'Est. Hostel signe donc la résurgence des tortures de l'Inquisition, toutefois sous l'angle du capitalisme et du consumérisme à tous crins.
Si le premier chapitre s'approxime à un film d'horreur potache et égrillard, le second volet, sobrement intitulé Hostel - Chapitre 2 (2007), affine davantage son syllogisme morbide. La franchise échoit alors entre les mains de Scott Spiegel via un inévitable Hostel - Chapitre 3 (2011).
Ce sera l'opus de trop. Le long-métrage ne sortira même pas au cinéma et écumera les bacs via le support vidéo. Mais peu importe, Saw et Hostel relancent la mode galvaudeuse du torture porn. En résulte toute une panoplie de productions peu ou prou analogiques. Les thuriféraires de ce registre cinématographique n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que The Collector (Marcus Dunstan, 2009), Excision (Richard Bates Jr., 2012), Pernicious (James Cullen Bressack, 2015), Perseveration (Adam Sotelo, 2012), Hoboken Hollow (Glen Stephens, 2006), Living Death (Erin Berry, 2006), Captivity (Roland Joffé, 2007), Borderland (Zev Berman, 2008), The Torturer (Lamberto Bava, 2006), Seed (Uwe Boll, 2007), ou encore See No Evil (Gregory Dark, 2006) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires.
Vient également s'additionner Philosophy Of A Knife, réalisé par la diligence d'Andrey Iskanov en 2008. Oui, je sais ce que vous devez ergoter, chinoiser et ratiociner. Ce long-métrage érubescent, considéré comme l'un des films les plus brutaux de sa génération, a déjà fait l'objet d'une chronique dans les colonnes diffuses de Cinéma Choc... Sauf que... Le film a subrepticement disparu des coursives du blog, enjoignant l'auteur de ces lignes à reprendre sa plume avisée. Oui, par certains égards, Philosophy Of A Knifeépouse la mode du torture porn. Seul bémol et pas des moindres, les aficionados de ce sous-registre du cinéma d'exploitation sont priés de phagocyter les sagas Saw et Hostel au profit d'un torture porn beaucoup plus âpre, retors et éprouvant. En raison de ce qu'il montre et de ce qu'il dénonce (on y reviendra...), Philsophy Of A Knife n'a évidemment pas éludé le couperet acéré de la censure.
Le long-métrage d'Andrey Iskanov est donc relégué prestement dans les affres des oubliettes. Honni, vouéà l'opprobre et aux gémonies, Philosophy Of A Knifeécope carrément de l'ultime réprobation, à savoir d'une interdiction aux moins de 18 ans. Pour cette même raison, le film bénéficiera d'une sortie en dvd "zone 1". Corrélativement, ce shockumentary déviant doit également se colleter avec l'ire des autorités nippones et pour cause... Puisque Philosophy Of A Knife s'attaque à un dossier tabou, celui de l'Unité 731, une prison qui va bientôt revêtir les oripeaux d'un camp de la mort, destinéà la recherche bactériologique pour assouvir les vils desseins de l'armée impériale japonaise.
Il faudra plusieurs décennies pour que le Japon reconnaisse éhontément l'existence de l'Unité 731 et pour que les exactions pratiquées soient qualifiées de crimes contre l'Humanité.
A juste titre, les ignominies professées dans l'Unité 731 sont souvent considérées comme les points d'acmé des pires turpitudes dont est capable l'être humain. A ce sujet, le réalisateur russe, Andrey Iskanov, a consulté toute une pléthore d'archives et de photographies disparates. Pour les besoins du film, il requiert également les allocutions de divers témoins qui ont assisté - de près ou de loin - aux cochoncetés commises dans l'Unité 731. Pour l'anecdote superfétatoire, ce n'est pas la première fois que le cinéma underground se polarise sur ce camp de la mort. Par le passé, le bien nomméCamp 731 - Men Behind the Sun (Mou Tun-fei, 1988) s'était déjà entiché du même sujet.
Hélas, ce pur produit de la Catégorie III s'apparente à un métrage inique et propagandiste, dans lequel l'antagonie oppose de vils oppresseurs (les Japonais) à des victimes débonnaires et croquignolettes.
Quant à Andrey Iskanov, le cinéaste polymathique a déjà officié dans le cinéma expérimental via Nails (2003) et Visions of Suffering (2006). On le reverra à travers un segment de The Profane Exhibit (2013), mais depuis le metteur en scène semble avoir mystérieusement disparu des écrans-radars. Reste à savoir si Philosophy Of A Knife justifie - ou non - sa réputation sulfureuse. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... Le film peut également s'enhardir d'une bande annonce lancinante et tétanisante. Ce trailer s'amorce sur l'adage suivant : "Dieu a créé le paradis pour les hommes. Les hommes ont créé l'enfer sur Terre".
Mais trêve de palabres et de verbiages et passons à l'exégèse du film ! Attention, SPOILERS ! Mêlant images et film d'archives, Philosophy Of A Knife retrace l'histoire vraie de l'unité 731 (1932-1945), camp japonais destinéà faire des expériences sur des prisonniers de guerre.
Le but était de fabriquer une arme bactériologique de destruction massive dans la guerre qui opposait les japonais aux russes, et également de rattraper leur retard dans le domaine spatial et scientifique. Formellement, Philosophy Of A Knife se fragmente en deux parties bien distinctes. A ce sujet, il serait inconvenant de résumer le film à 4h30 (4h27...) ininterrompue de supplications et de tortures. La première segmentation amalgame sans fard témoignages, extraits de documentaires et lithographies mortuaires. Indubitablement, Philosophy Of A Knife peut s'enorgueillir d'un véritable discours historique. La seconde partie est l'antithèse de la première.
Les esprits les plus fébriles et pudibonds sont priés de quitter expressément leur siège et de retourner gentiment dans leurs pénates !
Oui, cette seconde fragmentation s'approxime à un torture porn pur et dur ! Mais, il ne s'agit pas - pour Andrey Iskanov - d'asséner un uppercut frontal. Sourcilleux, le réalisateur russe réitère sur pellicule les véritables concussions professées dans l'Unité 731. Au menu des tristes réjouissances, le spectateur hébété assistera à une édentation, à l'extraction des voies urinaires et à plusieurs opérations chirurgicales, sur fond de prévarications et d'équarrissages. Pour parfaire son sinistre édifice, Andrey Iskanov adopte un point de vue clinique et expérimental. C'est probablement pour cette raison que le cinéaste opte pour une image en noir et blanc, ce qui confère à son film une certaine authenticité historique. Hélas, nonobstant son syllogisme documenté et documentaire, Philosophy Of A Knife n'est pas exempt de tout grief. La relative impécuniosité d'un tel long-métrage se fait tout de même ressentir sur la durée.
A force de verser dans la torture et la barbarisme, Philosophy Of A Knife omet de s'appesantir sur ses divers protagonistes. De facto, difficile (impossible...) de s'enticher de ces protagonistes en pâmoison qui font office - au mieux - de barbaque, voire de menu fretin. Philosophy Of A Knife n'élude pas l'écueil de la redondance et souffre des mêmes carences que les shockumentaries habituels. Cependant, le film d'Andrey Iskanov se montre allègrement supérieur à la moyenne habituelle du genre. On comprend mieux les dithyrambes et les flagorneries des laudateurs du cinéma underground. Indiscutablement, par son nihilisme et son discours radical, Philosophy Of A Knife ne peut pas laisser de marbre. Le long-métrage d'Iskanov estourbit durablement les persistances rétiniennes.
Son principal attribut est d'amalgamer torture porn, truisme historique, shockumentary, death movie et diverses atrocités de circonstance.
Note : 14/20
Alice In Oliver