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Spasmo (Encore un grand moment de cinéma avec Umberto Lenzi)

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Spasmo

Genre : Thriller, giallo (interdit aux - 12 ans)

Année : 1974

Durée : 1h34

 

Synopsis :

Christian tombe amoureux d'une mystérieuse jeune femme. Quand un homme fait irruption dans leur chambre d'hôtel et que Christian le tue accidentellement, les choses deviennent de plus en plus irrationnelles.

 

La critique :

Les esprits chagrins qui trouvaient le temps long depuis le dernier giallo chroniqué (soit un peu plus d'une semaine) peuvent faire éclater leur joie. Si tout du moins ils existent... L'un des genres très tendances de Cinéma Choc refait une autre irruption au grand bonheur ou à la plus grande répulsion de chacun qui doivent, peut-être, saturer de cette surabondance. Qu'ils se rassurent, ma liste ne s'est pas rallongée d'un iota. Certes, je pourrais éprouver un plaisir sadique à rajouter d'autres titres mais parler d'oeuvres moyennes, voire même de navets, n'est pas vraiment ce que je recherche. Vous pourrez aussi coupler la qualité visuelle dégueulasse de certains sur lesquels je suis tombé. Le futur nous le dira si d'autres gialli auront cette incroyable chance de faire partie de la belle et grande famille du blog. Mais qu'est-ce que cette chose qui a vu sa naissance en Italie durant les années 60 me direz-vous ?
Le giallo peut se qualifier comme le thriller policier à l'italienne, regroupant des genres variés comme... le policier, l'horreur et même l'érotisme pour les plus téméraires. Un mix intéressant (et je ne dis pas ça parce que je suis un mec) ayant du potentiel entre les mains de réalisateurs érudits. 
On attribue àMario Bava le statut d'inventeur du giallo avec son célébrissime La Fille qui en savait trop qui posait les bases du genre. Et l'année suivante Six Femmes pour l'Assassin introduisait le meurtrier masqué tenant une arme blanche dans sa main gantée de noir.

Ces deux oeuvres influenceront une pléthore de cinéastes qui chercheront chacun à apporter leur pierre à l'édifice, en bien comme en mal. C'est vraiment au début des années 70 que le giallo prendra toute son ampleur avec une cadence de réalisation quasiment industrielle. Certes, le style a du potentiel mais peut être limité dans ses marges de manoeuvres puisqu'il est relativement balisé. Sachant cela, nous n'en sommes qu'à moitiéétonné que certaines pellicules soient au mieux insipides, sans âme. Le genre de long-métrage que l'on oublie dès le générique de fin arrivé. Aussi étonnant que cela puisse paraître, nous sommes restés encore sur la couche des réalisateurs connus. Outre Mario Bava et Dario Argento, vous avez pu faire la connaissance de Sergio Martino et Massimo Dallamano qui ont amplement confirmé leur potentiel, surtout pour le dernier. Et vous avez pu découvrir Umberto Lenzi...
Enfin plutôt redécouvrir vu que le talentueux Alice In Oliver vous a rédigé en offrande les billets de Cannibal Ferox, Eaten Alive, Cannibalis et L'Avion de l'Apocalypse. Ce maître de la série B qui a officié un peu dans tout et n'importe quoi ne s'est pas gêné de se faire un petit trip dans le giallo. Hélas il semblerait qu'il fut seul dans son trip quand on regarde le résultat final de Le Tueur à l'Orchidée et Chats rouges dans un labyrinthe de verre. Toujours aussi courageux, je décidais de me frotter à lui une dernière fois avec Spasmo.

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ATTENTION SPOILERS : Christian tombe amoureux d'une mystérieuse jeune femme. Quand un homme fait irruption dans leur chambre d'hôtel et que Christian le tue accidentellement, les choses deviennent de plus en plus irrationnelles.

Si les deux crétineries que j'ai eu l'immense honneur de chroniquer reposaient sur une intrigue basique et peu surprenante, Spasmo a le mérite d'obliquer sur des sentiers un peu plus intéressants. Tout commence par la découverte sur une plage d'une jeune femme évanouie. Le couple, composé d'un Don Juan coureur de femmes et de sa copine (on suppose mais on n'en est pas sûr) tente de savoir ce qui s'est passé. Mais la blondasse s'enfuit et nos deux tourtereaux la retrouvent sur un yacht où ils participent à une petite fête. Christian tombe amoureux de cette Barbara mais une mésaventure de taille racontée dans le synopsis fait que leur couple nouvellement né sera mis à rude épreuve. Certains événements plongent Christian dans le doute, l'irruption de personnages tous aussi louches les uns que les autres se charge de malmener davantage sa santé mentale. Et si ce qu'il avait vu ce fameux soir au motel n'était qu'une hallucination ? Qu'on se le dise, c'est tentant et ça commence même plutôt bien. La découverte d'une poupée pendue dans les bois fait son effet car nous avons envie d'en savoir plus.
Allais-je pouvoir ENFIN découvrir un poil de professionnalisme chez Lenzi et ce, en plus, pour finir de parler de lui ? C'est amusant car les petites étoiles que j'avais dans les yeux et la confiance que j'ai réussi à installer quelque peu n'ont pas mis très longtemps pour voler en éclat plus les minutes avancaient.

Beaucoup l'ont défini comme étant un vrai faux giallo. En effet, il n'y a pas trace de serial-killer cherchant à se débarrasser d'eux. La menace ne provient que de la perception de Christian vis-à-vis de certains personnages. Une fois le crime commis et la disparition mystérieuse du corps, Lenzi ne pourra s'empêcher de verser dans de longues facondes insignifiantes sous fond d'une romance risible entre le blond et la blonde qui n'intéressent que lui. Arrivéà la première heure, on se demande toujours quand le métrage va véritablement démarrer pour nous proposer autre que les tribulations mentales du jeune play-boy. L'arrivée du frère de Christian va changer la donne pour, au final, faire verser le tout dans l'invraisemblance la plus totale où il sera question de schizophrénie paranoïaque, et certainement un arrivisme financier que l'on soupçonne être de la partie. Lenzi a voulu prendre le sentier du thriller psychologique mais, sans surprise, s'est véritablement rétamé la gueule avec toute la lourdeur de mise. Parce qu'en fait, on ne finit jamais par y croire ! Le cinéaste ne parvient pas à nous convaincre dans sa trame scénaristique bancale qui ne nous galvanise jamais vraiment, si ce n'est que l'ennui poli est de mise pour les plus résistants. Ca parle d'hérédité sans développer un poil la chose.
Les tourments de Christian nous laissent dans l'incompréhension, tant le tout est mal amené. Jamais la descente aux enfers ne se ressent. La dégradation mentale de la psyché du personnage principal n'est pas loin de l'anecdotique.

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Ce qui aurait pu donner naissance à un chef d'oeuvre du genre se noie dans toute la fainéantise de son réalisateur incapable de torcher quelque chose d'un minimum valable, au point que l'on se demande si un gosse de 12 ans n'aurait pas fait mieux. Spasmo n'est ni plus ni moins que de la poudre aux yeux auxquels les raccourcis faciles s'ajoutent, le ridicule de la mise en scène via des passages débiles qui sont légions, sans oublier les incohérences grosses comme des éléphants. Au final, on se demande un peu à quoi servent ces fameuses poupées qui semblent plus être partie intégrante du décor qu'ayant une réelle signification. On peut se poser la question dans la dernière scène mais on ne sait pas trop si Lenzi a réfléchi sur la chose (ou s'il a réfléchi tout court sur son film). Du coup, on reste là avec un mauvais goût en bouche, convaincu que le réalisateur a vite été dépassé par des ambitions beaucoup trop grandes pour son niveau général au ras des pâquerettes, dans le meilleur des cas.
Il s'est perdu dans un enchevêtrement de circonvolutions pour faire de son Spasmo un fiasco faussement intelligent qui n'exploite jamais son sujet. C'est informe, sans queue ni tête si on cherche à creuser le pourquoi du comment. Le final relèvera d'un chouïa le trop faible pedigree qui aura été le maître-mot de ce film. 

Le visuel compensera notre grosse déception en ayant la décence de dépasser la moyenne. Les décors sont beaux, variés qui plus est et bien mis en valeur par une caméra adroite qui filme bien tout ce qui se passe. On apprécie cette ambiance indescriptible qui y règne. A ce petit jeu, Spasmo est bien le seul des trois gialli que j'ai vu qui a eu ce mérite de créer sa propre identité. Bon, quand on voit un peu dans quoi ça verse, l'atmosphère se retrouve vite dénaturée par l'incompétence de son créateur. On aura la surprise de retrouver Ennio Moricone que nous sommes étonnés d'avoir accepté de s'empêtrer dans un tel bourbier narratif. Bien que sa partition n'ait pas été la meilleure qu'il ait produite, elle tient la route, faisant le taf sur la durée. Et pour finir, n'allons pas par quatre chemins sur la question du casting. La grosse majorité, à l'exception de Ivan Rassimov, est aussi charismatique qu'un pot de yaourt. Christian est lourdaud dans son jeu d'acteurs. Barbara a le QI d'une fougère.
Déjà là, ça part mal mais les autres ne bénéficieront d'aucun entrain, comme s'ils ne croyaient pas au projet. Ce que je comprends tout à fait car je n'aurais pas souhaité m'y impliquer. Dans mon infinie mansuétude, je citerai Adolfo Lastretti, Monica Monet, Guido Alberti, Mario Erpichini, Franco Silva, Maria Pia Conte, Luigi Antonio Guerra et Rosita Torosh.

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Spasmo est ce genre de travail qui peut décemment être qualifié de pétard mouillé. Un assemblage de bonnes idées de départ qui aurait dû se retrouver dans les mains d'un thaumaturge pour accoucher d'un très bon résultat. Miné par une flemmardise et un dilettantisme explicite, le film est, chaque minute, un peu plus calamiteux, oscillant entre le n'importe quoi et le soporifique. Comble de tout, les assassinats sont tout ce qu'il y a de plus sages. Etonnant quand on voit que Lenzi s'est montré compétent sur ce point dans ses précédentes oeuvres. Et pour ne rien arranger, à force de se croire malin à jouer jusqu'à satiété sur le tableau de la maladie mentale, la pellicule en devient d'une prétention record et pathétique de surcroît vu les énormes tares de l'ensemble.
Mais bon qu'attendre après tout d'un homme qui n'a jamais cru trouver bon de faire un film qui peut s'enorgueillir de dépasser un simple 10/20 ? Je ne vous cache pas mon bonheur d'en avoir fini avec cet énergumène qui aurait mieux fait, pour le bien-être de tous, de ne jamais s'immiscer dans l'univers du giallo qui se serait amplement passé de sa présence néfaste. En conclusion, bon débarras !

 

Note : 07/20

 

orange-mecanique   Taratata


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