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The Wicker Man - 1973 (L'île des hérétiques)

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the wicker man 1973

 

Genre : horreur, épouvante, fantastique
Année : 1973

Durée : 1h39

Synopsis : Sur une île de la Manche où d'ordinaire rien ne se passe, des disparitions d'enfants finissent par alerter la police. L'enquête met au jour des évènements étranges. La population semble se livrer à des cérémonies d'un autre âge.

La critique :

Le début des années 1970 marque la fin de l'hégémonie de la Hammer, cette firme britannique principalement spécialisée dans les films d'épouvante. Dracula, la momie, Frankenstein et le loup-garou sont prestement évincés et sommés de retourner dans leurs sépulcres au profit d'une horreur beaucoup plus contemporaine. En ce sens, l'année 1973 en particulier sonne pratiquement la dernière absoute de la célèbre société de production. Cette année-là, William Friedkin réalise L'Exorciste.
Le cinéaste signe le nouveau parangon du genre horrifique à travers l'histoire d'une jeune éphèbe, Regan McNeil, possédée par une entité démonologique. Parallèlement, un autre long-métrage britannique va bientôt s'adjuger lui aussi le titre de film culte et de classique de l'épouvante.

Son nom ? The Wicker Man (en français, Le Dieu d'Osier), réalisé par Robin Hardy en 1973. Par la suite, le cinéaste se montrera curieusement pondéré, ne tournant plus un seul film ou presque... Bref, on le connaît seulement et uniquement pour The Wicker Man. Néanmoins, le métrage va rapidement s'installer parmi les cent meilleurs films de toute l'histoire du cinéma selon le British Film Institute.
Reste à savoir si The Wicker Man mérite un tel panégyrisme. Réponse dans les lignes à venir... Adapté d'un opuscule écrit par David Pinner, The Wicker Man connaîtra même un remake homonyme, réalisé par les soins de Neil LaBute et avec Nicolas Cage, en 2006. A ce sujet, ce "fameux" remake est précédé d'une réputation pour le moins désastreuse. Mais ce n'est pas le sujet de cette chronique.

Wicker 1

La distribution de cette première version réunit Edward Woodward, Christopher Lee, Diane Cilento, Ingrid Pitt, Britt Ekland et Lindsay Kemp. De nombreuses anecdotes auréolent le tournage du film. Certaines allégations prétendent que Rod Stewart tentera d'acheter toutes les copies de The Wicker Man. Furibond, le chansonnier ne souhaite pas que le public découvre Britt Ekland, sa fiancée de l'époque, à moitié dépoitraillée. Autre anecdote : Christopher Lee acceptera de tourner gratuitement pour compenser le budget famélique du long-métrage.
L'acteur british ne le regrettera pas, déclarant que The Wicker Man constitue le meilleur film de son immense carrière. Au moment de sa sortie, le film de Robin Hardy devient rapidement un objet de culte pour les fans de musique psychédélique. Mais pas seulement...

De surcroît, les cinéphiles le perçoivent comme un véritable OFNI (objet filmique non identifié) du cinéma. Attention, SPOILERS ! (1) Le sergent Neil Howie, de la police métropolitaine, reçoit une lettre lui signalant la disparition dans l'île de Summerisle d'une petite fille, Rowan Morrison. Il s'y rend et découvre une île livrée au néo-paganisme où dominent les cultes païens, et où le sacrifice rituel a encore apparemment cours. La population locale semble ignorer l'existence de Rowan, puis admet que la jeune fille est partie et que son corps a été enterré sans autopsie.
Howie exhume le cercueil, mais ne trouve à l'intérieur qu'un lièvre mort. 
Le sergent, chaste et puritain, réagit violemment à ces vices que le Lord local semble autoriser et même promouvoir. 

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Incapable de repartir de l'île pour chercher du renfort, il tente seul de sauver Rowan qu'il espère encore en vie. Et c'est en participant aux fêtes du premier mai qu'il la découvre avant qu'elle ne soit sacrifiée. Mais le piège élaboré par Lord Summerisle se referme (1). Que les choses soient claires, The Wicker Man n'a pas usurpé son statut d'OFNI ni de film culte. En vérité, difficile de parler de The Wicker Man tant le film est surréaliste, atypique et quasi expérimental.
Le long-métrage s'apparente à une curieuse ripopée entre le fantastique, l'épouvante, le thriller et l'enquête policière. Le film de Robin Hardy ne se contente pas seulement de briser la dialectique pérorée depuis plusieurs décennies par la Hammer. En outre, difficile de ne pas y voir une oeuvre visionnaire sur le devenir d'une société condamnée à péricliter sous le poids de l'eudémonisme.

Premier constat, The Wicker Man, c'est un voyage dans une contrée, plus précisément sur une île, qui a adopté des moeurs libertaires, au grand dam d'un sergent de police, Neil Howie. Ce dernier répudie et admoneste les comportements quasi sociopathiques des habitants de l'île. Par exemple, ces derniers révèrent et déifient le phallus comme une sorte de Dieu qu'il faut régulièrement adouber. Pour Neil Howie, pas de doute. Tous les habitants de l'île sont des hérétiques et des âmes pécheresses asservies par le joug de Lord Summerisle (Christopher Lee), le maître de l'île.
Chaste et pudibond, Neil Howie luttera farouchement contre les préceptes de cette nouvelle communauté. Son abnégation lui coûtera cher. De facto, The Wicker Man peut s'apparenter à une sorte d'allégorie sur cet esprit iconoclaste, dont le but est clairement d'éliminer cette oligarchie réfractaire, au nom de toujours plus de plénitude et de liberté.

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Contre toute attente, la tonalité est tout sauf morbide. En l'occurrence, Robin Hardy privilégie les couleurs vives. C'est d'ailleurs ce qui surprend lors du visionnage du film, à savoir cette dichotomie entre la noirceur du sujet et la façon quasi festive dont sont traitées les thématiques morbides. Ce n'est pas un hasard si The Wicker Man suscitera son lot d'invectives et de controverses car il est bien question ici d'un néo-paganisme qui doit supplanter la société consumériste et dite civilisée.
Sur ce dernier point, de nombreuses copies du film ont été brûlées. Selon certaines rumeurs, il existerait au moins trois versions différentes du film... Une allégation qui n'a jamais été corroborée par Robin Hardy, le cinéaste préférant taire sagement le secret... Certains fans de The Wicker Man considèrent également le long-métrage comme une métaphore sur le mouvement hippie et sa fausse mansuétude... En l'état, difficile de se prononcer.
Mais nul doute que The Wicker Man possède bien un discours à la fois idéologique, politique, théologique et radical sur l'échec voire la mort d'une civilisation.

Note : 18/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Dieu_d'osier


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