Genre : épouvante, horreur
Année : 2009
Durée : 1h26
Synopsis : Un jeune couple suspecte leur maison d'être hantée par un esprit démoniaque. Ils décident alors de mettre en place une surveillance vidéo durant leur sommeil afin d'enregistrer les évènements nocturnes dont ils sont les victimes. Les images récupérées de septembre à octobre 2006 ont été montées en un film de 86 minutes, "Paranormal Activity".
La critique :
2008. Une date fatidique dans l'histoire du cinéma de science-fiction avec la sortie de Cloverfield (Matt Reeves) au cinéma. Si le long-métrage s'approprie les codes et les préceptes du kaiju eiga, dans la grande tradition de Godzilla (Ishiro Honda, 1954), le film relance également la mode du found footage. En 1999, Le Projet Blair With (Eduardo Sanchez et Daniel Myrick), pourtant nanti d'un modeste budget, avait déjà ameuté les spectateurs dans les salles.
Un succès triomphal et inopiné qui n'échappe pas à Oren Peli, soucieux de reproduire le choc asséné par les plus grands classiques du cinéma horrifique, notamment Les Dents de La Mer (Steven Spielberg, 1975) et Psychose (Alfred Hitchcock, 1960).
A la seule différence que Paranormal Activity, sorti en 2009, ne se déroulera pas dans les eaux profondes ni dans un motel en déshérence, mais tout simplement dans la demeure d'un couple lamba. En vérité, Paranormal Activity est le digne épigone du Projet Blair Witch. A l'instar de son devancier, lui aussi fonctionne sur une formule basique et laconique.
Nanti d'un budget impécunieux, le film se déroulera dans un habitat et plus précisément dans une chambre martelée par le fracas d'une porte, de lumières qui s'allument ou s'éteignent sans explication rationnelle et par une présence fantômatique ou démoniaque à l'aura comminatoire. Ainsi, le long-métrage prend la forme d'un documentaire et serait le témoignage vidéo de Katie et Micah, témoins de phénomènes paranormaux.
Evidemment, Paranormal Activity n'est qu'un leurre et un simulacre. Mais peu importe, Oren Peli s'ébaudit de la situation et opte pour deux acteurs amateurs et inconnus au bataillon. Présenté dans différents festivals, Paranormal Activity obtient le prix du meilleur film indépendant. Même des réalisateurs de prestige, notamment Steven Spielberg, exaltent les qualités de ce long-métrage.
Mutin, le film se nimbe d'une réputation sulfureuse. Paranormal Activity serait même le film le plus effrayant de tous les temps ! Fort de son immense succès, le long-métrage va bientôt se décliner en immense saga mercantile, avec son lot de suites, de séquelles et de préquelles, censées nous raconter les origines, les fondements et même les atermoiements de ses divers protagonistes.
Mieux, Paranormal Activity signe l'avènement du found footage. Une recette juteuse qui va engendrer de nombreux succédanés (entre autres, Paranormal Entity produit par Asylum), dont le public, essentiellement pré-pubère, est friand. Pourtant, force est de constater que le film divise l'opinion. D'un côté, les fans érigent le long-métrage d'Oren Peli comme le nouveau parangon du cinéma d'épouvante. A l'inverse, certaines critiques parlent tout simplement d'une arnaque commerciale.
En l'état, difficile de ne pas adhérer à la seconde théorie. Attention, SPOILERS ! Un jeune couple suspecte leur maison d'être hantée par un esprit démoniaque. Ils décident alors de mettre en place une surveillance vidéo durant leur sommeil afin d'enregistrer les évènements nocturnes dont ils sont les victimes.
Les images récupérées de septembre à octobre 2006 ont été montées en un film de 86 minutes, "Paranormal Activity". Premier constat. Force est de constater que le scénario ne brille pas vraiment par sa sagacité. Finalement, Paranormal Activity, c'est Poltergeist (Tobe Hooper et Steven Spielberg, 1982) décliné en found footage. Contre toute attente, Paranormal Activity reflète parfaitement l'anomie du cinéma horrifique actuel. Inutile ici de rechercher la moindre idéologie sous-jacente.
Contrairement àPoltergeist (déjà précité) ou encore àL'Exorciste (William Friedkin, 1973), le film n'analyse pas le délitement familial ni sociétal. En vérité, Paranormal Activity ne fait que flatter nos tendances voyeuristes et consuméristes. D'une certaine façon, le film pourrait se concevoir comme une version horrifique de Loft Story.
Confinés dans une pièce et filmés par une caméra vidéo, les deux principaux protagonistes sont condamnés à ratiociner et à gloser sur les événements paranormaux dont ils sont victimes. Hélas, le phénomène n'est pas nouveau. Par le passé, Kathie a déjàété frappée par des activités démonologiques. Toutefois, Oren Peli élude volontairement les explications rationnelles. Même les professionnels affublés de dons télépathiques ou médiumniques sont priés de s'abstenir.
C'est peut-être la seule réelle nouveauté de Paranormal Activity. Face à ce démon invisible, Katie et son énamouré semblent totalement délaissés et esseulés. Personne ne viendra les secourir. Pourtant, Oren Peli n'exploite pas vraiment (ou pas assez) ce sentiment de confinement et de solitude, préférant s'attarder sur les images assénées par sa caméra subjective.
De facto, difficile de se passionner ou de s'attacher aux deux principaux protagonistes. A juste titre, les contempteurs pourront tonner et pester contre la pauvreté et la futilité des effets spéciaux : une porte qui claque, un souffle qui se fait sentir ou encore des traces de pas dans la maisonnée... Contre toute attente, la formule fonctionne par intermittence... Notamment lorsqu'Oren Peli se centre sur cette tension palpable et permanente. Narquois, le réalisateur reprend la même formule déployée par Eduardo Sanchez et Daniel Myrick dans Le Projet Blair Witch.
Bref, sans crier au génie, encore moins au film culte, Paranormal Activity n'est pas forcément le "naveton" décrié par ses nombreux détracteurs. Contrairement aux myriades d'avatars qui sortiront par la suite, force est de constater que Paranormal Activity se montre légèrement supérieur à la moyenne habituelle. Ma note finale pourra donc paraître clémente.
Note : 11/20