Genre : thriller, policier (interdit aux - 16 ans)
Année : 1991
Durée : 1h58
Synopsis : Un psychopathe connu sous le nom de Buffalo Bill sème la terreur dans le Middle West en kidnappant et en assassinant de jeunes femmes. Clarice Starling, une jeune agent du FBI, est chargée d'interroger l'ex-psychiatre Hannibal Lecter. Psychopathe redoutablement intelligent et porté sur le cannibalisme, Lecter est capable de lui fournir des informations concernant Buffalo Bill ainsi que son portrait psychologique. Mais il n'accepte de l'aider qu'en échange d'informations sur la vie privée de la jeune femme. Entre eux s'établit un lien de fascination et de répulsion.
La critique :
Jonathan Demme effectue ses tous premiers pas dans le cinéma sous le regar avisé et la férule de Roger Corman. C'est donc sous les précieuses instigations du pape du cinéma bis qu'il s'aguerrit derrière la caméra. Puis en 1974, il réalise son tout premier long-métrage, 5 femmes à abattre. Il enchaîne par la suite avec quelques productions notoires, Meurtres en cascade (1979), Dangereuse sous tous rapports (1986) et Veuve mais pas trop (1988).
Toutefois, ce n'est qu'à partir du début des années 1990 que la carrière cinématographique de Jonathan Demme connaît un tournant rédhibitoire. En effet, en 1991, le réalisateur s'attelle à l'adaptation du second tome d'une tétralogie griffonnée par les soins de Thomas Harris. Ce sera Le Silence des Agneaux.
On oublie trop souvent de le dire et de le préciser, mais d'un point de vue chronologique, le film est la suite du Sixième Sens (ou Manhunter de son titre original), réalisé par Michael Mann en 1986. En vérité, Le Silence des Agneaux ouvre une nouvelle ère dans le cinéma : le thriller matiné de psychologie et sous l'égide et les perfidies d'un serial killer plus perspicace que jamais.
Immense succès oblige, le long-métrage sera suivi par de nombreux épisodes, séquelles, spin-off et autres préquels par ailleurs de qualité erratique. Ainsi, Le Silence des Agneaux succède àManhunter (hélas méconnu du grand public) et précède Hannibal (Ridley Scott, 2001), Dragon Rouge (Brett Ratner, 2002) qui est en réalité le remake du Sixième Sens ; et Hannibal Lecter : les origines du mal (Peter Webber et Pietro Scalia, 2007).
Non seulement, Le Silence des Agneaux s'octroie les ferveurs de la critique et de la presse cinéma, mais le métrage remporte également cinq Oscars (dont ceux du meilleur réalisateur, du meilleur film et du meilleur scénario adapté). A l'origine, c'est l'acteur Gene Hackman qui détenait les droits du film. L'interprète doit non seulement adapter l'opuscule de Thomas Harris, mais aussi incarner le personnage d'Hannibal Lecter. Mais Gene Hackman juge le scénario trop violent et se désiste à la dernière minute.
La distribution du film réunit Jodie Foster, Anthony Hopkins, Scott Glenn, Ted Levine, Kasi Lemmons, Anthony Heald, Brooke Smith et Chris Isaak. Attention, SPOILERS ! Un psychopathe connu sous le nom de Buffalo Bill sème la terreur dans le Middle West en kidnappant et en assassinant de jeunes femmes. Clarice Starling, une jeune agent du FBI, est chargée d'interroger l'ex-psychiatre Hannibal Lecter.
Psychopathe redoutablement intelligent et porté sur le cannibalisme, Lecter est capable de lui fournir des informations concernant Buffalo Bill ainsi que son portrait psychologique. Mais il n'accepte de l'aider qu'en échange d'informations sur la vie privée de la jeune femme. Entre eux s'établit un lien de fascination et de répulsion. Pour le roman originel, Thomas Harris prétend s'être inspiré de trois tueurs en série tristement célèbres : Ted Bundy, Ed Gein et Gary Heidnick.
En outre, difficile de ne pas percevoir l'ombre de Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974) derrière cette nouvelle histoire de psychopathe azimuté, et qui cherche à changer de peau en collectionnant les cadavres de femmes ventripotentes. Si Le Silence des Agneaux est bien la suite du Sixième Sens, le film se démarque radicalement de son auguste épigone.
Notamment dans la relation assez malsaine et énigmatique qui se noue entre Clarice Starling (Jodie Foster) chargée de l'enquête et Hannibal Lecter, un psychiatre aussi intelligent que turpide. Toute l'essence du film repose sur une seule et unique figure sociopathique, celle d'Hannibal Lecter. En outre, le psychiatre cannibale est la parfaite antithèse d'Ed Gein, le boucher de Plainfield. Contrairement à la grande majorité des psychopathes, Hannibal Lecter brille avant tout par son cynisme, ses répliques outrancières et brutes de décoffrage, sa cupidité et sa capacitéà déchiffrer le passé de Clarice Starling.
La grande force de Le Silence des Agneaux tient essentiellement dans ce scénario labyrinthique et psychanalytique, sondant l'enfance, la psyché et les réminiscences de l'agent du FBI.
Dès lors, c'est un jeu machiavélique qui s'engage pour retrouver la piste de Buffalo Bill. En l'occurrence, la personnalité sociopathique de ce dernier ne présente guère d'intérêt, même s'il est bien question ici de métamorphose et plus précisément d'une métempsychose. A travers cette transsexualité sous-jacente, Buffalo Bill cherche davantage à se réincarner. Cette transformation corporelle et sexuelle n'est pas sans évoquer la mutation de la larve à la chrysalide.
Tel est le diagnostic lapidaire de Jack Crawford, le chef de Clarice. En outre, ce dernier joue à la fois les séducteurs, les protecteurs et les patriarches avisés. Néanmoins, Jonathan Demme ne s'aventure pas davantage sur ce chemin escarpé, probablement par peur de perdre son fil conducteur et par la même occasion, ses protagonistes.
Vous l'avez donc compris : Le Silence des Agneaux est donc un thriller éminemment complexe qui nécessie une analyse précautionneuse. Si le psychopathe collectionne hélas les cadavres, il n'en demeure pas moins une sorte d'histrion qui s'ébaudit des nombreux échecs de la police pour retrouver sa piste. Ensuite, Jonathan Demme opte tout d'abord pour une réalisation de facture conventionnelle. Ainsi, le film s'ouvre sur les pas empressés et le jogging de Clarice Starling.
Puis, peu à peu, le cinéaste opacifie son récit et sa trame narrative pour nous transporter dans une prison de haute sécurité. Dès lors, Le Silence des Agneaux se voit auréoler d'une forte tension sexuelle. Contre toute attente, c'est bel et bien une romance amoureuse qui se noue entre l'agent du FBI et le criminel cannibal. Oui, ce prédateur et ce transgresseur, qui affectionne la musique classique, fascine la jeune stagiaire, probablement parce qu'il parvient à cerner les fêlures psychologiques de Starling. La confrontation entre Jodie Foster et Anthony Hopkins justifie à elle seule le visionnage de ce thriller horrifique. Bref, et vous l'avez compris, on tient là un vrai film culte.
Nul doute qu'un tel thriller mériterait sans doute un meilleur niveau d'analyse.
Note : 18/20