Genre : thriller, horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 2017
Durée : 1h44
Synopsis : Couple mixte, Chris et sa petite amie Rose filent le parfait amour. Le moment est donc venu de rencontrer la belle famille, Missy et Dean lors d’un week-end sur leur domaine dans le nord de l’État. Chris commence par penser que l’atmosphère tendue est liée à leur différence de couleur de peau, mais très vite une série d’incidents de plus en plus inquiétants lui permet de découvrir l’inimaginable.
La critique :
Le nom de Jordan Peele ne doit pas vous évoquer grand-chose. Pourtant, l'acteur, scénariste, réalisateur et humoriste fait partie de ces artistes et trublions notoires sur le sol américain. Aux Etats-Unis, Jordan Peele s'est essentiellement illustré dans la série télévisée à sketches Key § Peele. On n'attendait pas forcément le bonhomme égrillard et ventripotent derrière la caméra de Get Out, sorti en 2017 et actuellement dans les salles. En l'occurrence, Get Out n'a absolument rien à voir avec une comédie goguenarde, registre dans lequel Jordan Peele excelle.
Get Out boxe davantage dans les registres du thriller et de l'horreur et s'inspire, en grande partie, d'un spectacle de stand-up d'Eddie Murphy (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Get_Out_(film).
Le scénario de Get Out s'inspire également de La Nuit des Morts-Vivants (George A. Romero, 1968), le tout premier film d'épouvante et de zombies à mettre en scène un Afro-Américain confrontéà une armée de macchabées putrescents. Certes, Get Out ne dispose pas d'un budget dispendieux, à peine 4.5 millions de dollars. Pourtant, le long-métrage de Jordan Peele a cartonné au box-office. Mieux, en l'espace de quelques semaines, Get Out est devenu la nouvelle égérie des médias, des réseaux sociaux et de la presse cinéma. A son tour, le public s'acoquine et s'énamoure de cette production quasi-indépendante.
Reste à savoir si le film mérite un tel panégyrisme. Réponse dans les lignes à venir. La distribution de ce thriller horrifique réunit Daniel Kaluuya, Allison Williams, Catherine Keener, Erika Alexander, Bradley Whitford et Caleb Landry Jones.
Attention, SPOILERS ! Couple mixte, Chris Washington et sa petite amie Rose Armitage filent le parfait amour. Le moment est donc venu de rencontrer la belle famille, Missy et Dean lors d’un week-end sur leur domaine dans le nord de l’État. Chris commence par penser que l’atmosphère tendue est liée à leur différence de couleur de peau, mais très vite une série d’incidents de plus en plus inquiétants lui permet de découvrir l’inimaginable. A priori, rien ne prédestinait Get Outà rencontrer un tel plébiscite. Mais l'Amérique contemporaine reste intrinsèquement reliée à ses vieilles cicatrices indélébiles.
Indubitablement, l'élection de Donald Trump comme Président des Etats-Unis réactive une Amérique que l'on croyait atone depuis belle lurette. Il n'en est rien. Cette élection a marqué le retour d'un populisme maronnant depuis plusieurs décennies.
L'Amérique du Texas (entre autres...), de la peine capitale et du racisme version Klu Klux Kan retrouve - hélas - ses lettres de naguère. Tel est le propos acerbe et cinglant de Jordan Peele à travers cette comédie dramatique déguisée en thriller horrifique. Certes, cette xénophobie latente, en mode veille depuis plusieurs décennies, s'est grimée des oripeaux de la tolérance et de la bienséance. Un simulacre dont s'ébaudit Jordan Peele à travers l'histoire de Chris Washington, un jeune Afro-Américain énamouré de sa nouvelle fiancée, Rose. En l'occurrence, Jordan Peele prend son temps pour planter le décor et ses divers protagonistes. Mais une fois Chris débarqué chez les parents de sa dulcinée, le ton implacable et comminatoire est posé. Certes, à priori, l'ambiance chez les Armitage est plutôt avenante et goguenarde.
Mais ce climat courtois cache d'habiles finasseries, celles de l'esclavagisme et de la soumission via des fourberies hypnotiques.
C'est probablement la séquence centrale de Get Out... Lorsque Chris se confie malgré lui à sa belle-mère, Missy Armitage, la quinquagénaire menant la séance à coup de tasse et de cuillère. Fallacieuse, la thérapeute évoque une suggestivité améliorée. Une façon comme une autre de manipuler son convive et d'obtenir son obédience. Le reste ? Jordan Peele pose plusieurs questions passionnantes, notamment celles de l'assimilation et de la colonisation.
Face à ce climat suspicieux et délétère, le jeune Chris Washington croit trouver un semblant de réconfort auprès de ses congénères. Une chimère. Eux aussi se sont métamorphosés en serviteurs dociles et à la démarche quasi robotique. Jordan Peele tance et vitupère également un monde d'apparence. Les sourires angéliques masquent une réalité beaucoup plus effroyable, celle de la turpitude et de la servitude.
Le constat de Jordan Peele sur notre société, à priori affable et convenante, est amer. Très amer. Il n'est donc pas très étonnant que Get Out ait rencontré un tel enthousiasme. L'air de rien, ce thriller horrifique ravive les réminiscences de jadis, celle d'une société morbide vouée à l'opprobre et aux gémonies. De surcroît, Jordan Peele fait preuve d'une étonnante sagacité pour un tout premier long-métrage. Cependant, Get Out n'est pas exempt de tout reproche.
En dépit de ses bonnes intentions et de sa critique au vitriol d'un microcosme américain, l'intrigue reste assez prévisible. Après 45 petites minutes de bobine, le spectateur avisé aura aisément deviné les subterfuges de cette étrange communauté. In fine, la conclusion finale laisse un sentiment mitigé et de désappointement. Toutefois, rien de grave. En l'état, Get Out délivre un message habilement dissimulé et s'adresse évidemment à cette Amérique exsangue et sous l'égide de Trump et de ses technocrates. Le film soulève de nombreuses interrogations et mériterait, sans doute, un meilleur niveau d'analyse.
Note : 14/20
Alice In Oliver
