Genre : science-fiction, anticipation
Année : 2006
Durée : 2h10
Synopsis : Londres, au 21ème siècle... Evey Hammond ne veut rien oublier de l'homme qui lui sauva la vie et lui permit de dominer ses peurs les plus lointaines. Mais il fut un temps où elle n'aspirait qu'à l'anonymat pour échapper à une police secrète omnipotente. Comme tous ses concitoyens, trop vite soumis, elle acceptait que son pays ait perdu son âme et se soit donné en masse au tyran Sutler et à ses partisans. Une nuit, alors que deux "gardiens de l'ordre" s'apprêtaient à la violer dans une rue déserte, Evey vit surgir son libérateur. Et rien ne fut plus comme avant. Son apprentissage commença quelques semaines plus tard sous la tutelle du mystérieux "V".
La critique :
C'est surtout en tant qu'assistant-réalisateur que James McTeigue va officier pour le compte du cinéma hollywoodien. Ainsi, le metteur en scène australien se fait connaître en travaillant aux côtés des frères Wachowski pour la trilogie Matrix, auprès d'Alex Proyas pour Dark City, la cité des ténèbres, ou encore auprès de George Lucas pour Star Wars, épisode II : L'Attaque des Clones. En 2006, les producteurs décident donc de lui confier sa toute première réalisation, avec V pour Vendetta. Si le scénario du film est écrit par Andy et Larry Wachowski, le script est aussi l'adaptation d'une bande dessinée conçue par les soins d'Alan Moore et de David Lloyd.
En outre, les frères Wachowski n'ont jamais tari d'éloges et n'ont jamais caché leur fascination pour le matériel originel.
De surcroît, les deux frangins ressortent à la fois harassés et dépités de la trilogie Matrix. Si le triptyque triomphe au box-office et en support vidéo, il divise à l'inverse les critiques et la presse cinéma en raison de ses interminables logorrhées philosophiques. En l'occurrence, ce sont surtout les chapitres II (Matrix Reloaded) et III (Matrix Revolutions) qui désappointent les fans du premier film. Les frères Wachowsky souhaitent alors concevoir un blockbuster assez éloigné des grosses productions habituelles, tout en fédérant le grand public vers des réflexions plus intellectuelles.
Les deux frangins font appel alors aux services et à l'érudition d'Alan Moore pour griffonner le scénario de V pour Vendetta. Mais le créateur de la bande dessinée n'en a cure et aspire à d'autres projets.
En sus, le célèbre démiurge des aventures de V - le héros principal de la B.D. - craint une adaptation infatuée et très éloignée du matériel de base. V pour Vendetta réalise plutôt de bons scores aux Etats-Unis mais ne parvient pas vraiment à s'imposer au-delà de ses frontières hollywoodiennes. Par exemple, en France, le long-métrage dépasse péniblement les six cents mille entrées. A contrario, les critiques et la presse cinéma se montrent beaucoup plus dithyrambiques même si certains contempteurs relèvent de nombreuses distorsions entre le film et la bande dessinée d'origine.
La distribution du long-métrage réunit Hugo Weaving, Natalie Portman, Stephen Rea, Stephen Fry, John Hurt, Tim Piggot-Smith, Rupert Graves, Roger Allam et Sinéad Cusack. Attention, SPOILERS ! Londres, au 21ème siècle...
Evey Hammond ne veut rien oublier de l'homme qui lui sauva la vie et lui permit de dominer ses peurs les plus lointaines. Mais il fut un temps où elle n'aspirait qu'à l'anonymat pour échapper à une police secrète omnipotente. Comme tous ses concitoyens, trop vite soumis, elle acceptait que son pays ait perdu son âme et se soit donné en masse au tyran Sutler et à ses partisans. Une nuit, alors que deux "gardiens de l'ordre" s'apprêtaient à la violer dans une rue déserte, Evey vit surgir son libérateur.
Et rien ne fut plus comme avant. Son apprentissage commença quelques semaines plus tard sous la tutelle du mystérieux "V". Indubitablement, V pour Vendetta est un blockbuster ambitieux qui a pour vocation de sortir des conventions habituelles et des recettes éculées anônnées par Hollywood depuis plusieurs années.
En outre, V pour Vendetta s'inscrit dans le sillage et le continuum de Dark City et de la trilogie Matrix. Il n'est donc pas surprenant de retrouver les frères Wachowsky derrière cette production un brin grandiloquente. Hélas, dans Matrix, les deux frangins peinaient à humaniser leur récit ainsi que leurs différents protagonistes. Ce n'est pas un hasard si le script de V pour Vendetta se centre sur deux personnages en déliquescence, un certain "V" par ailleurs victime des vicissitudes du gouvernement britannique et la belle Evey Hammond qui croit en un monde utopique, surtout après la disparition tragique de ses parents. Pour les amateurs de films d'action et de science-fiction débridés et aux effusions extravagantes, prière de quitter gentiment leur siège et d'aller faire un petit tour.
V pour Vendetta n'a pas pour vocation de verser dans les saynètes outrancières et spectaculaires.
Mieux, le long-métrage de James McTeigue emprunte à la philosophie "Orwellienne" et donc à1984, un roman anticipationnel terrifiant qui décrit une société stalinienne ultra moderne et régentée par la surveillance militaire. V pour Vendetta s'approprie ce dogme orwellien, ainsi que cette diatribe acerbe du nazisme et de ces corollaires. Il est donc amusant de voir John Hurt arborer la barbichette d'un leader despotique et autocratique, lui qui, jadis, avait interprété l'infortuné Winston Smith dans l'adaptation de 1984 (Michael Radford, 1984) au cinéma.
Voici désormais le comédien du côté de Big Brother et de ses apparatchiks. Mais V pour vendetta possède d'autres solides références, notamment Le Comte de Monte Christo et Le Fantôme de l'Opéra.
Ainsi, "V" apparaît à la fois comme un être mystérieux, taciturne, solitaire et énigmatique qui représente le dernier espoir symbolique de la révolte et de la populace. Par ailleurs, James McTeigue élude de donner trop d'informations sur ce super-héros en pleine insubordination contre cette nouvelle forme de dictature, qui hésite entre le fascisme triomphant et les goulags de Staline. De surcroît, le terrorisme apparaît ici comme le pur produit d'une société totalitaire.
La vindicte menée par "V" n'est que le substrat d'expériences biologiques et médicales ourdies par le gouvernement britannique. "V" compte bien faire payer ceux et celles qui l'ont torturé, rudoyé et carbonisé par le passé. James McTeigue se garde bien de dévoiler la véritable identité de ce saltimbanque d'infortune.
Nanti d'un chapeau noir et d'un masque d'albâtre, le terroriste ne montrera jamais son vrai visage, que l'on imagine tuméfié. Mais ce dernier est loin d'être un forcené. Ainsi, sa nouvelle prisonnière, Evey Hammond, découvre un être sensible qui prise la musique d'opéra et les pièces de théâtre de Shakespeare. Pour James McTeigue et les frères Wachowski, c'est l'occasion ou jamais d'aborder des thématiques passionnantes, entre autres, la liberté, la désinformation, la propagande, la corruption de nos systèmes politiques, ou encore le totalitarisme sont autant de thèses déployées par le film.
A l'instar de la trilogie Matrix, les frères Wachowsky ne parviennent pas vraiment à transcender leur récit, à nouveau noyé par des thématiques éparses et pléthoriques. Ensuite, il manque tout de même à ce blockbuster une ou plusieurs séquences spectaculaires pour susciter réellement l'adhésion. De facto, V pour Vendetta s'apparente à un film hybride, qui tergiverse incessamment entre la production faussement indépendante et ce qu'il est intrinsèquement, à savoir un blockbuster corseté par les doxas dominantes du cinéma hollywoodien. En résulte un long-métrage hybride et curieusement inoffensif qui trouve néanmoins son point culminant lors de sa conclusion finale.
Mais pour une fois que l'on tient un blockbuster plus ou moins subversif et qui divise l'opinion, on ne va pas s'en plaindre !
Note : 14/20