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Blue Holocaust (Rituels mortuaires)

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Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 18 ans au moment de sa sortie, interdit aux - 16 ans aujourd'hui)
Année : 1979

Durée : 1h34

Synopsis : Lorsque sa fiancée meurt des suites d'un rituel vaudou, le monde de Franck s'écroule. Refusant d'y croire, il se sert de sa passion pour la taxidermie pour embaumer le corps de son amie et la garder auprès de lui. Ayant définitivement perdu tout contact avec la réalité, et aidé par une inquiétante gouvernante, Franck va alors chercher une nouvelle amie. Une femme qui l'acceptera, lui et le cadavre de son ancienne compagne.  

La critique :

Réalisateur, cadreur, directeur de la photographie et scénariste, Joe d'Amato est souvent considéré comme le ou l'un des cinéastes les plus prolifiques du cinéma italien. Son nom rime, entre autres, avec le cinéma érotique et pornographique, puisqu'on lui doit de nombreuses pellicules aux titres évocateurs, notamment Emmanuelle's Revenge (1975), Viol sous les Tropiques (1977), Hard Sensation (1980), ou encore Porno Esoctic Love (1980).
Parallèlement, Joe d'Amato se passionne pour le cinéma trash et d'horreur avec des titres tels que Anthropophagous (1980) et Horrible (1981). Parfois, ces films mélangent carrément le gore et le registre pornographique. C'est par exemple le cas du bien nomméPorno Holocaust (1981). On tient donc là un véritable "bisseux" qui a néanmoins suscité la polémique sur ses terres ritales et même en dehors de ses frontières transalpines.

Joe d'Amato est, en l'occurrence, le premier réalisateur, à introduire des scènes hardcore et de cannibalisme déviant dans des films érotiques et/ou pornographiques. Dans le genre horrifique, son style se veut résolument âpre, outrancier et brut de décoffrage. Une didactique corroborée par la sortie de Blue Holocaust en 1979. Au moment de sa sortie, le long-métrage essuie un véritable camouflet, ainsi que les furibonderies de la censure.
Dans un premier temps, le film est interdit de diffusion en France et aux Pays-Bas, avant d'être réhabilité par la suite, via une interdiction aux moins de 18 ans à l'époque, puis aux moins de 16 ans aujourd'hui. En revanche, en Italie, en Allemagne et en Finlande, Blue Holocaust reste encore vouéà l'opprobre et aux gémonies. 

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Pour toutes les raisons invoquées, le métrage sortira sous divers intitulés, notamment Buio Omega, Beyond the Darkness, Buried Alive, Bio Omega, The Final Darkness, Folie sanglante, ou encore In quella casa... buio omegaVous l'avez donc compris. On tient donc là un vrai film scandaleux et polémique qui traite de plusieurs thématiques taboues et mortifères, entre autres, le cannibalisme, la taxidermie et surtout la nécrophilie. Bien avant la sortie du bien nommé Nekromantik (Jorg Buttgereit, 1987), Blue Holocaust est donc l'un de tous premiers films à s'engager et à s'aventurer sur ce chemin escarpé. La distribution du film réunit Kieran Canter, Cinzia Monreale, Franca Stoppi, Sam Modesto et Edmondo Vallini. Attention, SPOILERS ! (1) La fiancée de Frank, très malade, succombe aux maléfices d'une vieille sorcière à la solde de la gouvernante de l'inconsolable jeune homme.

Ne pouvant se résoudre à la voir disparaître à tout jamais, rongée par les vers à six pieds sous terre, il décide de voler son corps et de l'embaumer, afin de la garder auprès de lui pour toujours. La taxidermie étant sa marotte, il connaît les secrets de cette pratique peu ragoûtante, si l'on s'en tient à la vision de celle qu'il pratique sur feu sa bien-aimée. La gouvernante, avec qui il entretient une relation plus qu'équivoque, a désormais le champ libre pour s'approprier ce coeur brisé, et si possible la fortune dont il est l'héritier (1). A l'origine, le scénario de Blue Holocaust s'inspire d'un autre film, Il terzio occhio ou Third Eye (Mino Guerrini, 1966), un film italien totalement méconnu en France (source : http://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/1238-blue-holocaust).
A tel point que l'on pourrait évoquer un remake, néanmoins beaucoup plus choquant et érubescent que son auguste épigone.

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Joe d'Amato n'a jamais été réputé pour verser dans la dentelle ni dans la complaisance. Injustement caricaturéà une sorte de "zeddard" incompétent, la carrière du metteur en scène ne se résume pas seulement au genre pornographique. Dans sa filmographie, on relève tout de même plusieurs pellicules de renom qui méritent entièrement qu'on s'y attarde un peu. En outre, Blue Holocaust fait partie de ces exceptions notables. Ce titre fait partie des films de prédilection des amateurs du cinéma trash et extrême. Et pour cause... Puisqu'on assiste béatement à une longue de démembrement, d'énucléation et à la fois d'embaumement d'une fiancée accidentellement (ou presque...) décédée.
En l'occurrence, Joe d'Amato n'opte pas vraiment - pas du tout - pour la carte de la suggestion. Au contraire, le metteur en scène transalpin choisit de tout montrer et donc de flatter notre voyeurisme via plusieurs saynètes d'une violence inouïe.

Pas étonnant que Blue Holocaust ait écopé d'une interdiction aux moins de 18 ans en son temps et qu'il ait essuyé autant d'épigrammes et de quolibets. Hélas, le premier rituel mortuaire se transmute rapidement en une série de meurtres. Seul, le cadavre de la dulcinée ne suffit plus et ne parvient plus à contenter Frank et sa gouvernante. Amants, les deux tourtereaux s'adonnent et se livrent à des rituels mortuaires et anthropophagiques. En dépit des apparences, Frank est sincèrement énamouré de sa fiancée inhumée. Un amour ici exprimé par des rites cannibalesques.
En prenant et en consommant le corps, l'amour devient ici symbolique et éternel. 
Hélas, d'autres femmes de passage sont à leur tour victime de ces rituels sociopathiques et frénétiques. Dans un premier temps, c'est une auto-stoppeuse d'allure ventripotente qui subit les foudres de Frank et de sa gouvernante. 

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La scène se conclura par une décapitation et le déchirement des entrailles. Toutefois, attention à ne pas euphémiser l'uppercut asséné par Blue Holocaust ! Buio Omega ne se résume pas seulement à un film trash et obscène. Joe d'Amato transmue son scénario en huis clos étouffant et anxiogène et étaye cette impression d'isolement permanent dans lequel se sont cloîtrés Frank et sa gouvernante. Blue Holocaust, c'est donc avant tout une atmosphère pesante et comminatoire qui va subrepticement se transformer en folie inextinguible. Contre toute attente, la dépouille sans vie de la fiancée de Frank devient le troisième personnage du film. Bien que décédée et embaumée, la jeune femme joue un rôle central sur la psychasthénie du protagoniste principal. 
Que ce soit sur la forme comme sur le fond, Blue Holocaust est probablement le film le plus le plus scabreux de Joe d'Amato. Il est par ailleurs encore plus réussi et abouti que le fameux Nekromantik, souvent considéré comme le parangon sur le sujet toujours spinescent de la nécrophilie. Bref, un vrai classique du cinéma trash.

 

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=283


Spider-Man - 2002 (Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités)

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Genre : fantastique, action, super-héros

Année : 2002

Durée : 2H01

L’histoire : Orphelin, Peter Parker est élevé par sa tante May et son oncle Ben dans le quartier Queens de New York. Tout en poursuivant ses études à l'université, il trouve un emploi de photographe au journal Daily Bugle. Il partage son appartement avec Harry Osborn, son meilleur ami, et rêve de séduire la belle Mary Jane. Cependant, après avoir été mordu par une araignée génétiquement modifiée, Peter voit son agilité et sa force s'accroître et se découvre des pouvoirs surnaturels. Devenu Spider-Man, il décide d'utiliser ses nouvelles capacités au service du bien. Au même moment, le père de Harry, le richissime industriel Norman Osborn, est victime d'un accident chimique qui a démesurément augmenté ses facultés intellectuelles et sa force, mais l'a rendu fou. Il est devenu le Bouffon Vert, une créature démoniaque qui menace la ville. Entre lui et Spider-Man, une lutte sans merci s'engage.

La critique :

Avant de devenir l'un des parangons du blockbuster hollywoodien, Sam Raimi a signé ses lettres de noblesse dans le cinéma bis. Le cinéaste, producteur et scénariste n'a jamais tari d'éloges pour l'univers étriqué de la série B. Mort sur le Grill (1985), Darkman (1990) et surtout la trilogie Evil Dead sont autant de productions impécunieuses qui seront néanmoins couronnées de succès. Sam Raimi est alors envisagé pour une production beaucoup plus ambitieuse.
Le réalisateur n'a jamais caché son admiration pour les comics et en particulier, pour le super-héros Spider-Man. Pour information, ce n'est pas la première fois que le célèbre tisseur fait l'objet d'une adaptation pour le cinéma. Naguère, le bien nomméL'Homme-Araignée (E.W. Swackhamer, 1977) et La Riposte de l'Homme-Araignée (Ron Satlof, 1979) se confiront dans les affres de la nanardise, avant de sombrer dans les affres des oubliettes.

Que soit. Dès 1986, Marvel Comics envisage de produire une adaptation beaucoup plus onéreuse. Le projet échoue entre les mains de la société Cannon puis sous l'oeil affûté de Carolco. James Cameron est alors approché pour réaliser Spider-Man au cinéma. Le cinéaste s'attelle à la tâche et écrit un scénario ambitieux dans lequel l'homme-araignée s'empoignerait avec Electro et l'homme sable. Mais parallèlement, Carolco périclite. L'adaptation est donc plusieurs fois prorogée.
Circonspect, James Cameron abandonne le projet. Columbia s'empare néanmoins du script griffonné par le cinéaste érudit et souhaite confier la réalisation de Spider-Man, finalement sorti en 2002, à Sam Raimi. Ce dernier rectifie intégralement le scénario du film. Avec l'aide et la collaboration de David Koepp, Scott Rosenberg et Alvin Sargent, le metteur en scène souhaite se centrer sur la genèse du Tisseur.

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Peu avant la sortie du film, c'est une tragédie brutale qui frappe les Etats-Unis. Plusieurs avions s'écrasent sur les tours jumelles du World Trade Center. L'Amérique et le monde entier entrent dans une nouvelle ère : les attaques terroristes ourdies par des groupuscules islamiques. Sam Raimi est prié de réviser sa copie. En effet, le trailer de Spider-Man montre un hélicoptère arrêté en plein vol "par une toile d'araignée gigantesque tissée entre les tours jumelles du World Trade Center" (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Spider-Man_(film).
Cette fameuse séquence sera retirée du film. Paradoxalement, elle doit constituer l'une des saynètes majeures de cette production pharaonique. C'est donc à regret que Sam Raimi s'attelle à la tâche.

Qu'à cela ne tienne. Spider-Man premier du nom se solde par un succès colossal dans les salles obscures. Bientôt, le film se transmute en trilogie puis en deux séquelles. Bref, le Tisseur semble avoir de beaux jours devant lui. La distribution de ce premier chapitre réunit Tobey Maguire, Willem Dafoe, Kirsten Dunst, Jeff Franco, Cliff Robertson, Rosemary Harris, J.K. Simmons, Elizabeth Banks, Ron Perkins et Bruce Campbell. Attention, SPOILERS ! 
Orphelin, Peter Parker est élevé par sa tante May et son oncle Ben dans le quartier Queens de New York. Tout en poursuivant ses études à l'université, il trouve un emploi de photographe au journal Daily Bugle. Il partage son appartement avec Harry Osborn, son meilleur ami, et rêve de séduire la belle Mary Jane.  

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Cependant, après avoir été mordu par une araignée génétiquement modifiée, Peter voit son agilité et sa force s'accroître et se découvre des pouvoirs surnaturels. Devenu Spider-Man, il décide d'utiliser ses nouvelles capacités au service du bien. Au même moment, le père de Harry, le richissime industriel Norman Osborn, est victime d'un accident chimique qui a démesurément augmenté ses facultés intellectuelles et sa force, mais l'a rendu fou. Il est devenu le Bouffon Vert, une créature démoniaque qui menace la ville. Entre lui et Spider-Man, une lutte sans merci s'engage.
"Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités", une assertion qui semble obnubiler Peter Parker, alias Spider-Man, tout au long de cette première aventure. Dès ce premier chapitre, Sam Raimi a parfaitement cerné toute la complexité de cet étudiant timoré et répudié par ses camarades de lycée.

Extatique, le cinéaste n'hésite pas à tancer son personnage et à multiplier les caricatures. Peter Parker est donc un jeune homme poltron, empoté et pudibond. Premier de la classe, étudiant modèle, il est régulièrement sermonné par ses pairs. Toutefois, il peut compter sur l'amitié indéfectible d'Harry Osborn, son meilleur ami. Surtout, Peter Parker aime en secret Mary Jane. Mais la belle s'acoquine et s'énamoure du même Harry Osborn. Le décor est planté. Les protagonistes aussi.
Ainsi, Spider-Man se divise en plusieurs parties bien distinctes. Après une présentation rapide des divers personnages, le film se focalise sur les nouveaux pouvoirs de Peter Parker. 
D'un être faible et pusillanime, l'étudiant se transmute en bodybuilder capable de voler et de tisser à travers les buildings de New York. 

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Mais le super-héros invincible a aussi ses fêlures. La mort de son oncle (Oncle Ben) laisse une cicatrice indélébile. Parallèlement, une créature verdâtre fait son apparition. Spider-Man doit alors se colleter avec le Bouffon Vert. Ce dernier n'est autre que Norman Osborn, le père de Harry. Sam Raimi s'empare alors de la folie rédhibitoire de ce bad guy hébéphrénique. Contre toute attente, Spider-Man et le Bouffon Vert ne sont pas si différents. En perpétuelle introspection, Peter Parker doute en permanence du bien-fondé de sa cause. Le costume de l'homme-araignée est un lourd fardeau à porter.
Une didactique que Sam Raimi poursuivra dans Spider-Man 2 (2004). Quant à Norman Osborn, alias le bouffon vert, c'est l'éviction de sa société opulente qui révèle sa sociopathie sous-jacente. Il est le pendant négatif de Spider-Man.

Tantôt patriarche, tantôt psychopathe, Willem Dafoe incarne un méchant jubilatoire qui vole presque la vedette au reste du casting. Toutefois, attention à ne pas euphémiser l'excellente partition de Tobey Maguire qui incarne à merveille Peter Parker. Indubitablement, ce premier volet est une réussite. Cependant, le film n'est pas exempt de tout reproche. Le scénario reste malgré tout assez classique et prévisible pour susciter réellement l'adhésion. Difficile de ne pas songer, par certaines accointances, au premier Superman (Richard Donner, 1978), qui a probablement influencé Sam Raimi et ses producteurs. De surcroît, il manque encore à ce premier volet une certaine fulgurance pour nous transporter totalement.
Mais la franchise est encore à ses premiers balbutiements. Encore une fois, Sam Raimi étoffera davantage son personnage dans le chapitre suivant, soit Spider-Man 2.

Note : 15/20

 

sparklehorse2 Alice In Oliver

Wolf Creek ("Wolf Creek crater walking")

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wolf creek

Genre : horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
Année : 2005

Durée : 1h35

Synopsis : Trois jeunes randonneurs partent pour trois semaines de trekking dans le désert australien. Ils en profitent pour aller admirer Wolf Creek, un cratère causé par un météorite vieux de plusieurs milliers d'années. Cette nuit-là, ils retrouvent leur voiture en panne. Lorsque un autochtone leur propose de l'aide, ils se croient sauvés. Pourtant, le vrai cauchemar commence... 

La critique :

Toujours la même ritournelle. Les sorties quasi simultanées de Saw (James Wan, 2004) et de Hostel (Eli Roth, 2006) marquent une rupture rédhibitoire dans le cinéma gore et horrifique. Le premier film crée et invente un nouveau genre de sociopathe, celui qui s'ébaudit de ses victimes en les confrontant à leurs propres pulsions archaïques via des pièges habilement ratiocinés. Le second s'inspirerait de faits réels. Une didactique à minorer mais qui va devenir le nouvel apanage du torture porn.
Bientôt, Saw et Hostel inspirent et engendrent de nombreux épigones. Qu'ils se nomment Hoboken Hollow (Glen Stephens, 2006), See No Evil (Jen Soska, 2006), Broken (Simon Boyes, 2006), Captivity (Roland Joffé, 2007), ou encore Borderland (2008), tous marchent dans le sillage et le continuum des longs-métrages de James Wan et d'Eli Roth.

Vient également s'ajouter Wolf Creek, réalisé par Greg McLean en 2005. La carrière cinématographique du réalisateur australien démarre en 2001 avec le méconnu ICQ. Avec Wolf Creek, Greg McLean signe donc son deuxième long-métrage. Le film est présenté lors de la sélection de la Quinzaine des réalisateurs, section parallèle du Festival de Cannes en 2005. Parallèlement, le métrage concoure, en tant que premier film, à la Caméra d'or (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Wolf_Creek).
C'est ainsi que Wolf Creek se taille une solide réputation lors de sa présentation dans divers festivals, notamment celui de Sundance. Rapidement, le film acquiert une certaine notoriété et se démarque justement des tortures porn habituels. Pourtant, lui aussi se nimbe de la mention "inspiré d'un fait réel".

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En vérité, le scénario de Wolf Creek s'inspire du "rapt d'un couple de touristes, Peter Falconio et Joanne Lees, victimes d'un tueur qui avait proposé de dépanner leur véhicule, tombé en panne, alors qu'ils parcouraient le bush en touristes. Falconio a été abattu, tandis que Lees a réussi à s'échapper" (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Wolf_Creek). Le psychopathe se nomme Bradley John Murdoch, qui sera finalement arrêté par la police, puis condamnéà une lourde peine de prison.
Wolf Creek premier du nom s'arroge rapidement le statut de film culte. Il sera suivi par un second chapitre, Wolf Creek 2 (Greg McLean, 2013), puis par une série télévisée éponyme (Greg McLean, 2016). En Australie, le film de Greg McLean est donc devenu un véritable phénomène.

De surcroît, le long-métrage connaît un certain succès à l'étranger. Même les critiques et la presse cinéma se montrent unanimement panégyriques. Reste à savoir si Wolf Creek mérite de tels dithyrambes. Réponse dans les lignes à venir... La distribution du film réunit John Jarratt, Nathan Phillips, Cassandra Magrath et Kestie Morassi. Attention, SPOILERS ! (1) Broome, Australie, 1999. Ben, un surfeur de Sydney, et deux jeunes anglaises, Liz et Kristy, se rendent en voiture dans le désert d'Australie pour admirer l'immense cratère Wolfe Creek, causé par une énorme météorite tombé plusieurs milliers d'années auparavant. Au moment de repartir, ils retrouvent leur voiture en panne.
La nuit tombée, ils voient arriver un homme d'un certain âge au volant d'une dépanneuse, qui leur offre de remorquer leur automobile jusque chez lui, afin de remplacer la pièce en mauvais état.

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Mais une fois sur place, les trois jeunes se retrouvent prisonniers par cette inquiétante personne, qui est en réalité un meurtrier psychopathe et sadique. Liz et Kristy parviennent à prendre la fuite, mais cet étrange individu se lance tout de suite à leur recherche... (1) Indubitablement, l'originalité de Wolf Creek ne se situe pas dans son scénario, mais plutôt dans sa mise en scène à la fois éthérée et comminatoire. Greg McLean opacifie cette ambiance mortifère et anxiogène via de nombreux paysages panoramiques. Ce qui explique probablement la lenteur et la morosité de la première partie.
Le cinéaste australien prend son temps pour planter le décor et ses différents protagonistes. Au moins, le metteur en scène a le mérite de sortir des poncifs et des stéréotypes habituels.

Ben, Liz et Kristie sont donc de jeunes touristes qui viennent se ressourcer dans les territoires désertiques de l'Australie. Greg McLean présente des contrées sauvages et aux antipodes de notre société consumériste. Après 45 longues minutes de présentation et d'atermoiements, le réalisateur lance enfin les inimitiés. Evidemment, la rencontre avec Mick Taylor marque un tournant fatidique. C'est la seconde partie de Wolf Creek, cette fois-ci beaucoup plus oppressante.
Contre toute attente, Mick Taylor n'est pas un nouvel avatar de Jigsaw mais une sorte de cul-terreux qui, derrière un sourire angélique et des rodomontades, cache un comportement obscène et vicieux. Dans son antre, le tortionnaire collectionne les cadavres de touristes qu'il s'amuse à supplicier et à disséquer.

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Ainsi, Greg McLean opte pour une horreur frontale à la lisière du thriller et du fantastique. Par certaines accointances, le scénario de Wolf Creek n'est pas sans rappeler celui de Hitcher (Robert Harmon, 1986). A l'instar de Rutger Hauer qui campait un psychopathe effrayant, Mick Taylor semble lui aussi débarquer de nulle part. Dans un premier temps affable et avenant, le sociopathe ne tarde pas à afficher ses véritables velléités, celui d'un chasseur, d'un prédateur et d'un transgresseur.
Certes, Kristie et ses amis tenteront bien de lutter. Une chimère. Rien ni personne ne semble effaroucher Mick Taylor, interprété par l'excellent John Jarratt, plus terrifiant que jamais. La solitude des paysages désertiques et la réalisation en mode stratosphérique renforcent cette impression de malaise, habilement disséminée tout au long de cette pellicule. Néanmoins, Wolf Creek n'est pas exempt de tout reproche. Si le long-métrage a le mérite de se démarquer des tortures porn habituels, il reste, en dépit des apparences, de facture classique et conventionnelle.
In fine, la première partie du film pourra décontenancer ou ennuyer les plus aguerris.

Note : 13/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Bloodsport 2 (Trouver la force intérieure)

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bloodsport 2

Genre : arts martiaux, action
Année : 1996

Durée : 1h28

Synopsis : (1) Après que le voleur Alex Cardo est pris en flagrant délit en Asie orientale en train de voler un sabre sacré, il se retrouve emprisonné et battu. Un des gardes, Demon, un militaire particulièrement sadique, le torture à chaque fois qu'il en a l'opportunité car celui-ci semble avoir un problème personnel avec les personnalités américaines. Alex trouve un ami et un mentor dans la prison, Maître Sun, qui lui enseigne un style de combat supérieur appelé"Main de fer". Demon reçoit alors une invitation pour participer à un tournoi qui se nomme le Kumité. Maître Sun et Alex ont besoin de trouver un moyen de laisser Alex y prendre part également. Plus tard, Alex est libéré de prison et promet à Maître Sun, de participer au Kumité et d'empêcher que Demon n'en sorte vainqueur. Sur place à Hong Kong, Alex rencontre Jackson, un habitué du Kumité, qui l'aide à s'inscrire en récupérant une invitation d'un combattant qui ne semble pas suffisamment doué pour ce genre de combat. Mais tout reste à faire, car pendant le tournoi Alex apprend qu'un de ses anciens amis s'est retrouvé en prison et que Demon est prêt à tout pour l'y emmener de nouveau, voire en finir avec lui une bonne fois pour toutes (1).

La critique :

Pour Jean-Claude Van Damme (JCVD), le succès surprise et colossal de Bloodsport, tous les coups sont permis, réalisé par Newt Arnolt en 1988, constitue une étape éminente dans sa carrière cinématographique. Jusqu'ici cantonné dans des rôles subalternes (Karate Tiger, le tigre rouge en 1986 et Rue Barbare en 1984), le comédien d'origine belge campe enfin le haut de l'affiche au cinéma. Dans un premier temps, Bloodsport est exempt d'une sortie dans les salles obscures.
Cependant, le film est carrément encensé et adoubé lors de son exploitation en vidéo. Après plusieurs semaines d'exploitation, Bloodsport est enfin diffusé dans les salles de cinéma. Pour JCVD, c'est une véritable aubaine et surtout une opportunité de démontrer son incroyable prestesse à un public qui, désormais, vénère cet inconnu sorti de nulle part.

Selon le propre aveu de JCVD, l'acteur doit son ticket pour Hollywood grâce à sa célérité et à sa capacitéà effectuer le grand écart sur commande. Le producteur israélien Menahem Golan apprécie la gracilité du comédien et lui offre donc le premier rôle pour Bloodsport. Le scénario du film s'inspirerait (vraiment un verbe à guillemeter et à mettre au conditionnel) de la vie de Frank Dux, un champion d'arts martiaux, qui aurait triomphé du tournoi du kumité.
Immédiatement après la sortie du film, JCVD se voit couronné du statut de star. Les producteurs avides et mercantiles lui proposent logiquement de tenir à nouveau le premier rôle dans Bloodsport 2, mais l'acteur décline poliment l'invitation. Par respect pour les fans du premier film, le comédien ne souhaite pas rempiler ni se fourvoyer dans des suites fastidieuses et stériles.

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Que soit. C'est donc un certain Daniel Bernhardt qui a la lourde tâche de succéder à JCVD. Lui aussi est un spécialiste des arts martiaux qui a débuté sa carrière de comédien en 1994 dans Future War et dans le rôle mineur d'un esclave. On retrouvera Daniel Bernhardt dans Bloodsport 3 (Alan Mehrez, 1997), Bloodsport 4 : The Dark Kumite (Elvis Restaino, 1999), Matrix Reloaded (Andy et Larry Wachowsky, 2003), Hunger Games : l'embrasement (Francis Lawrence, 2013), Les Dossiers Secret du Vatican (Mark Neveldine, 2014), ou encore John Wick (David Leitch, 2014).
A l'origine, le scénario de Bloodsport 2 devait à nouveau se polariser sur la suite des aventures de Frank Dux, bien décidéà remettre sa couronne en jeu. Mais en raison du désistement de JCVD, le script est rectifiéà moult reprises.

Hormis Daniel Bernhardt, la distribution du film réunit Daniel Gibb (qui donnait déjà la réplique à JCVD dans le premier chapitre), Pat Morita, Ong Soo Han et James Hong. Cette fois-ci, l'histoire se centre sur un certain Alex Cardo, donc un personnage fictif. Mais ce nouvel expert en arts martiaux partage de nombreuses accointances avec Frank Dux. Lui aussi est déliquescence et en pleine rémission. Heureusement, le combattant aguerri retrouvera le chemin de la paix et de la sérénité sous l'égide d'un grand maître chinois et via un entraînement âpre et difficile.
Attention, SPOILERS ! Après que le voleur Alex Cardo est pris en flagrant délit en Asie orientale en train de voler un sabre sacré, il se retrouve emprisonné et battu. Un des gardes, Demon, un militaire particulièrement sadique, le torture à chaque fois qu'il en a l'opportunité car celui-ci semble avoir un problème personnel avec les personnalités américaines.

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Alex trouve un ami et un mentor dans la prison, Maître Sun, qui lui enseigne un style de combat supérieur appelé"Main de fer". Demon reçoit alors une invitation pour participer à un tournoi qui se nomme le Kumité. Maître Sun et Alex ont besoin de trouver un moyen de laisser Alex y prendre part également. Plus tard, Alex est libéré de prison et promet à Maître Sun, de participer au Kumité et d'empêcher que Demon n'en sorte vainqueur. Sur place à Hong Kong, Alex rencontre Jackson, un habitué du Kumité, qui l'aide à s'inscrire en récupérant une invitation d'un combattant qui ne semble pas suffisamment doué pour ce genre de combat. Mais tout reste à faire, car pendant le tournoi Alex apprend qu'un de ses anciens amis s'est retrouvé en prison et que Demon est prêt à tout pour l'y emmener de nouveau, voire en finir avec lui une bonne fois pour toutes.

Pour ce deuxième volet de la saga Bloodsport, changement de réalisateur en la personne d'Alan Mehrez, qui succède ainsi à Newt Arnold. Contrairement au premier opus, Bloodsport 2 ne bénéficiera pas d'une sortie dans les salles obscures et sortira donc directement en vidéo. Toutefois, à l'instar du premier chapitre, lui aussi est plébiscité par les fans du cinéma d'action dans les vidéos-clubs. L'affiche du film mérite par ailleurs qu'on s'y attarde quelque peu puisqu'elle joue de la confusion entre les physiques, visiblement assez similaires, entre JCVD et Daniel Bernhardt.
Pourtant, point de similitude entre les deux interprètes, si ce n'est leur allégeance et leur étonnante dextérité au combat. Certes, Daniel Bernhardt fait le job et campe un Alex Cardo en pleine rédemption. 

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Ainsi, la première partie de Bloodsport 2 se focalise sur son séjour en prison, sur ses rixes avec Demon, un chiourme aux méthodes rustres et soldatesques, puis sur sa rencontre avec Sun, un maître chinois qui connaît les secrets de la main de fer. Hélas, en dépit de sa bonne volonté, Daniel Bernhardt ne parvient pas à faire oublier la prestance et le charisme d'un JCVD. De surcroît, la réalisation, assez indigente et timorée, ne l'aide pas vraiment à se mettre en valeur.
De facto, difficile de se passionner pour les pérégrinations et les mésaventures d'Alex Cardo. En soi, ce nouveau protagoniste n'est qu'un vulgaire épigone de Frank Dux qui tente laborieusement de le mimer. Même le boss final, le fameux démon, se résume à une sorte d'haltérophile version asiatique, qui se contente d'arborer son imposante musculature lorsqu'il envoie ses adversaires au tapis.

Surtout, on ne retrouve jamais la violence ni la virulence du premier chapitre. Par exemple, que sont devenus ces combats fougueux, sanglants et frénétiques qui étaient l'apanage du premier volet ? Néanmoins, Bloodsport 2 n'a pas de telles velléités et doit se voir, avant tout, comme une série B modeste et impécunieuse. Le film justifie uniquement son visionnage pour sa seconde partie, cette fois-ci uniquement centrée sur le tournoi du kumité.
En revanche, un certain effort a été déployé pour les chorégraphies et les séquences de pugilat. En l'état, Daniel Bernhardt n'a pas à rougir de la comparaison avec JCVD même si son jeu d'acteur reste sérieusement limité. Visiblement, l'acteur ne connaît que deux expressions : les cris de rage et les cris de colère. Vous l'avez donc compris. Bloodsport 2 s'adresse donc aux irréductibles du premier opus. Encore une fois, l'absence de JCVD se fait furieusement sentir.

Note : 10/20

 

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bloodsport_2

Démons - 1985 (Les instruments du mal)

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demons 1985

Genre : horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
Année : 1985

Durée : 1h44

Synopsis : Invités à l'avant-première d'un film d'horreur, des spectateurs sont contaminés par des effluves maléfiques.  

La critique :

Réalisateur et scénariste italien, Lamberto Bava est évidemment le fils prodige de Mario Bava. C'est d'ailleurs avec son propre patriarche et tant qu'assistant-réalisateur que Lamberto Bava débute sa carrière cinématographique. Il contribue et participe ainsi aux tournages d'Opération Peur (1966), Danger : Diabolik ! (1968), Une Hache pour la Lune de Miel (1970), ou encore La Maison de l'Exorcisme (1975) avec son paternel. Parallèlement, le cinéaste transalpin collabore avec Dario Argento (Ténèbres en 1982 et Inferno en 1980) et officie également pour la télévision, notamment pour la série La Caverne de la Rose d'Or entre 1991 et 1996.
C'est à partir de 1980 que Lamberto Bava signe son tout premier long-métrage, Baiser Macabre, par ailleurs injustement méconnu.

Auréolé par l'influence et le style cinématographique de son patriarche, Lamberto Bava s'ingénie dans les registres horrifiques et fantastiques. 
On lui doit, entre autres, La Maison de la Terreur (1983), Le Monstre de l'Océan Rouge (1984), Midnight Horror (1985), ou encore Delirium (1987). Vient également s'ajouter Démons, sorti en 1985, et qui reste probablement le métrage le plus proverbial du cinéaste italien. Sur la forme comme sur le fond, le film est une sorte de juxtaposition entre La Nuit des Morts-Vivants (George A. Romero, 1968) pour son style âpre et brute de décoffrage et Evil Dead (Sam Raimi, 1981) pour son côté foutraque, pittoresque et volontairement outrancier.
Démons est aussi réalisé vers le milieu des années 1980, une époque qui voit le même George A. Romero en déliquescence. 

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Sa trilogie des Morts, justement amorcée par La Nuit des Morts-Vivants (déjà précitée) et poursuivie par Zombie (1978), se conclut de façon timorée avec Le Jour des Morts-Vivants (1985). Contre toute attente, le public tance et ostracise ce troisième chapitre qu'il juge beaucoup trop redondant. Parallèlement, Le Jour des Morts-Vivants souffre de la concurrence pléthorique et notamment de la sortie de Le Retour des Morts-Vivants (Dan O'Bannon, 1985), qui brille surtout par sa nonchalance, sa fougue et son irrévérence. Une didactique qui n'échappe pas à Lamberto Bava qui souhaite réaliser un grand film de zombie, tout en renouvelant un genre en pleine décrépitude.
Pour diligenter les opérations, le cinéaste s'adjoint les services et l'érudition de Dario Argento, de Dardano Sacchetti et de Franco Ferrini pour le scénario du film, de Michel Soavini en tant qu'assistant-réalisateur et enfin, de Sergio Stivaletti pour les maquillages et les effets spéciaux.

Démons se solde donc par un succès colossal lors de sa sortie sur le territoire italien. De surcroît, ce succès phénoménal s'exporte au-delà des frontières transalpines. Le long-métrage devient même le nouvel apanage du genre horrifique. Les critiques et la presse cinéma se montrent unanimement panégyriques et évoquent déjà un film culte en devenir. Reste à savoir si Démons mérite de tels dithyrambes. Réponse dans les lignes à venir... Opportuniste, Lamberto Bava réalisera un Démons 2 en 1986.
Cette suite sera suivie par un inévitable troisième chapitre, Demoni 3 (Umberto Lenzi, 1991) qui, par ailleurs, n'entretient plus aucune connivence avec ses deux augustes épigones. 
La distribution de ce premier volet réunit Urbano Barbareni, Natasha Hovey, Karl Zinny, Fiore Argento (la fille de Dario), Paola Cozzo et Fabiola Toledo. 

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Attention, SPOILERS ! (1) Un nouveau film d'horreur, Métropol, arrive en salles. Il s'agit d'un film surnaturel. Quelques amis se réunissent pour le regarder. Mais à peine les quinze premières minutes passées, qu'une jeune femme est attaquée dans les toilettes. Dès lors, une transformation la change violemment en démon - tout comme dans le film projeté - et l'infection se propage... tout comme le massacre. Et tout devient pire quand les spectateurs découvrent que les issues sont mystérieusement bloquées... (1) En l'occurrence, Démons rompt littéralement avec la logique ânonnée par Le Jour des Morts-Vivants. A l'inverse de George A. Romero, Lamberto Bava et ses fidèles prosélytes refusent de psalmodier le moindre discours emphatique, politique et idéologique à travers cette pellicule décérébrée. 

Pourtant, dans sa seconde partie en forme de huis clos anxiogène et oppressif, Démons n'est pas sans rappeler, par certaines accointances, La Nuit des Morts-VivantsLà aussi, les protagonistes sont cloîtrés et condamnés à lutter contre des forces méphistophéliques qui les dépassent. En outre, pas question ici de s'appesantir sur les divers protagonistes. En l'état, le héros principal du film, un certain George, n'est qu'un avatar d'Ash Williams dans la saga Evil Dead.
Lui aussi massacre et étrille des morts-vivants avec une étonnante dextérité. Même physiquement, les deux interprètes - Urbano Barberini et Bruce Campbell - se ressemblent. 
Toutefois, attention à ne pas résumer Démonsà un énième succédané du film de Sam Raimi. En l'occurrence, le long-métrage possède son propre style en proposant "un film dans le film", un procédé novateur qui a le mérite de plonger le spectateur en immersion et au coeur de la terreur. 

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Il est donc question ici d'une malédiction luciférienne qui s'empare peu à peu des spectateurs d'une salle de cinéma. La moindre morsure ou griffure engendre presque instantanément une sorte de métempsychose à caractère démoniaque. Dès lors, Lamberto Bava se permet toutes les excentricités et nous gratifie de saynètes outrageantes et érubescentes, n'hésitant pas à verser complaisamment dans le gore. Démons n'a donc pas usurpé son interdiction aux moins de 16 ans.
Ensuite, force est de constater que le long-métrage a plutôt bien traversé le poids des années. Les maquillages et les effets spéciaux, prodigués par les soins de Sergio Stivaletti, sont les principaux atouts du film. A l'instar d'Evil Dead et de The Return of the Living Dead, Démons opte lui aussi pour un humour truculent et une tension quasi permanente. La grande force du long-métrage repose essentiellement sur cette salle de cinéma transformée en antre de l'horreur.
Un procédé qui imprégnera largement Jaume Balaguero et Marco Plazza pour Rec (2007) premier du nom, à la seule différence que la salle de cinéma se transmutera en immeuble assiégée par des policiers. De leur propre aveu, le scénario de Démons reste la source principale d'inspiration pour cette nouvelle aventure cauchemardesque. Vous l'avez donc compris. Démons n'a pas à rougir de la comparaison avec les grands classiques "zombiesques". Bref, en deux mots, un indispensable !

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mons_(film,_1985)

Bloodsport 3 : L'Ultime Kumite ("L'homme qui se connaît lui-même est le guerrier le plus puissant qui soit")

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bloodsport 3 l'ultime kumite

Genre : arts martiaux, action
Année : 1997

Durée : 1h28

Synopsis : (1) Alex Cardo est actuellement le champion du Kumité et semble avoir remis son titre en jeu un nombre de fois dont il fut toujours vainqueur. Aujourd'hui il mènerait une vie paisible avec son fils Jason. Celui-ci a appris les arts martiaux grâce à son père et se retrouve renvoyé de l'école pendant une semaine après s'être battu avec trois de se camarades. Alex l'emmène à la montagne pour lui apprendre les valeurs des arts Martiaux (1).

La critique :

Petite piqûre de rappel. En 1988 et à la surprise générale, Bloodsport, tous les coups sont permis, réalisé par Newt Arnold, parvient à caracoler en tête au box-office américain. Mieux, le film s'octroie les ferveurs du public en dehors de ses frontières américaines. Ainsi, le public occidental découvre ébaubi l'étonnante prestesse de Jean-Claude Van Damme (JCVD) au combat. Ce qui n'est pas un mince exploit pour une pellicule condamnée, à la base, àécumer les bacs des vidéos-clubs.
Pour JCVD, ce plébiscite inattendu constitue une véritable aubaine. Le comédien, d'origine belge, croit encore ingénument au rêve américain. Son opiniâtreté va finir par payer puisque JCVD enchaîne avec Kickboxer (Mark DiSalle, 1989), Full Contact (Sheldon Lettich, 1990), Double Impact (Sheldon Lettich, 1991), Universal Soldier (Roland Emmerich, 1992), ou encore Street Fighter : l'ultime combat (Steven E. de Souza, 1994).

Toutes ces pellicules impécunieuses se solderont un succès colossal dans les salles obscures, puis JCVD sombrera peu à peu dans les affres des oubliettes à l'orée des années 2000. En outre, le comédien refusera de tourner dans les suites données àBloodsport et àKickboxer, qui se transmutent en sagas redondantes et interminables. Pourtant, les producteurs cupides et mercantiles tenteront bien de flagorner JCVD afin qu'il rempile, toujours dans le rôle de Frank Dux, dans Bloodsport 2.
Mais l'acteur s'ingénie et refuse obstinément de désappointer les fans de la première heure en tournant dans un second chapitre stérile. Si JCVD est promptement évincé du projet, un Bloodsport 2 est bel et bien tourné en 1996 sous l'égide d'Alan Mehrez et avec Daniel Bernhardt, qui a la lourde tâche de succéder à JCVD.

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Contre toute attente, cette série B d'arts martiaux remplit largement son office. A défaut de rivaliser avec son auguste épigone, Bloodsport 2 respecte néanmoins les codes et les préceptes du premier épisode. Cette fois-ci, le scénario se polarise sur un certain Alex Cardo en pleine rédemption. Initié par un maître chinois à la technique de la main de fer, le guerrier participe au kumite et se rachète une conduite remplie de sagesse. En vérité, le long-métrage justifie son visionnage pour ses séquences martiales, plutôt bien troussées par ailleurs. De surcroît, Daniel Bernhardt fait le job sans pourtant phagocyter le charisme et la prestance de son illustre devancier.
Bloodsport 2 se solde donc par un certain succès sur le marché de la vidéo, suffisamment pour justifier la mise en chantier de Bloodsport 3 : l'ultime kumite, toujours réalisé par Alan Mehrez en 1997.

Bientôt, la franchise se transmutera en tétralogie avec la sortie de Bloodsport 4 : The Dark Kumite (Elvis Raistaino, 1999). Mais aujourd'hui, c'est le troisième épisode qui fait l'objet d'une chronique dans nos colonnes. Hormis Daniel Bernhardt qui répond toujours doctement à l'appel, la distribution du film réunit John Rhys-Davies, Amber Van Lent, James Hong, David Shatz et Pat Morita. Le grand absent de ce troisième opus se nomme Daniel Gibb qui campait le personnage de Ray "Tiny" Jackson dans les deux premiers films. Visiblement, le comédien ne semble pas avoir apprécié les directions spinescentes de Bloodsport 3 et pour cause... Puisque le speech est le suivant.
Attention, SPOILERS ! Alex Cardo est actuellement le champion du Kumité et semble avoir remis son titre en jeu un nombre de fois dont il fut toujours vainqueur.

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Aujourd'hui il mène une vie paisible avec son fils Jason. Celui-ci a appris les arts martiaux grâce à son père et se retrouve renvoyé de l'école pendant une semaine après s'être battu avec trois de se camarades. Alex l'emmène à la montagne pour lui apprendre les valeurs des arts martiaux. Ainsi, la longue (interminable...) introduction de Bloodsport 3 se focalise sur le fils (Jason) d'Alex Cardo, puni par ses instituteurs, suite à une rixe avec ses camarades de classe.
Magnanime, le père désarçonné part avec son fiston en villégiature et décide de lui confier les arcanes secrets des arts martiaux, en outre la fameuse "main de fer", qui lui a été enseignée jadis par son maître. Emphatique, Alex Cardo déblatère sur son passé. Le fiston indocile doit comprendre qu'il ne doit plus se battre à l'école.

Entre deux séances de camping et plusieurs saucisses savamment dégustées, le patriarche narre son dernier exploit au tournoi du kumite. On croit fabuler... Avec un scénario pareil, probablement griffonné avec une main gauche atrophiée, Bloodsport 3 avait peu de chance de séduire. De surcroît, les maigres atouts du second chapitre, à savoir la présence de Daniel Gibb et celle de James Hong (justement dans le rôle du maître chinois), sont les grands absents de ce troisième volet, assez anémique dans sa première partie. Clairement, on se contrefout du passé et des réminiscences d'Alex Cardo.
Seule réelle surprise, la mort de James Hong. Furibond, Alex Cardo est bien décidéà venger le meurtre de son maître. Ainsi, il apprend les autres secrets de la main de fer. Désormais, l'artiste martial est capable d'allumer un feu par la seul pouvoir de la paume de sa main et même de saisir une flèche en plein vol ! Une acuité qui lui permettra de défier et de vaincre "La Bête", une sorte de militaire moustachu de plus de deux mètres, et qui s'apparente à un avatar de Démon, le boss de fin du second chapitre.
Bref, sans être foncièrement médiocre, ce troisième opus ne présente guère d'intérêt, si ce n'est dans sa deuxième partie, cette fois centrée sur les saynètes martiales, plutôt bien chorégraphiées par ailleurs. Toutefois, il serait temps que la saga s'arrête.

 

Note :08.5/20

 

sparklehorse2 Alice In Oliver

 

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bloodsport_3

 

The Punisher - 2004 ("Qui veut la paix prépare la guerre")

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Genre : action (interdit aux - 16 ans)
Année : 2004

Durée : 2h04

Synopsis : Ancien membre de la Delta Force, puis agent spécial au FBI, Frank Castle s'apprête à se retirer pour mener une existence paisible auprès de sa femme et de son jeune fils. Lors de son ultime mission, les choses tournent mal et le fils de Howard Saint, puissant businessman et magnat de la pègre, est tué. Ivre de vengeance, Saint organise le massacre de Frank et de toute sa famille. Mais ce dernier survit. Désormais, il n'a plus qu'un but : faire payer le coupable à hauteur de son crime. Il va mettre tous ses talents au service de sa mission la plus personnelle et la plus destructrice.

La critique :

Bis repetita. La sortie de X-Men, réalisé par Bryan Singer en 2000, relance l'engouement des producteurs et de la vulgate populaire pour les super-héros. Ainsi, les franchises Marvel et DC Comics nous affublent et nous assomment de toute une pléthore de super-héros vêtus de capes, d'armures ou de divers collants souvent extravagants. Batman connaît une étonnante métamorphose sous l'égide de Christopher Nolan avec Batman Begins (2005), The Dark Knight, le chevalier noir (2008) et The Dark Knight Rises (2012). Sam Raimi prodigue à son tour ses savoirs et ses lettres de noblesse à l'homme-araignée via sa trilogie Spider-Man. Captain America, Hulk, Iron Man, Thor, La Veuve Noire et Oeil de Faucon se coalisent le temps de combattre les forces extraterrestres et lucifériennes d'Avengers (Joss Whedon, 2012), puis d'Avengers : l'ère d'Ultron (Joss Whedon, 2015).

Mais l'univers Marvel ou DC Comics est un macrocosme aussi imaginatif qu'exhaustif qui se polarise parfois sur des justiciers totalement humains et qui n'appartiennent donc pas à cette catégorie de mutants ostracisés par la société. C'est par exemple le cas de Frank Castle, alias le Punisher. A l'origine, le film homonyme, réalisé par les soins de Jonathan Hensleigh en 2004, est l'adaptation d'une série de comics créée par Gerry Conway, Ross Andru et John Romita Sr.
Pour l'anecdote, The Punisher a déjà connu une première adaptation, sobrement intitulée Punisher (Mark Goldblatt (1989) et avec Dolph Lundgren, qui avait unanimement désappointé les adulateurs du matériel originel. Hélas, les fans seront à nouveau désarçonnés par cette seconde adaptation cinématographique, à son tour unanimement tancée et répudiée par les critiques et la presse cinéma.

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Même le site Nanarland a consacré une chronique dans ses colonnes. Au box-office, le long-métrage s'immiscera furtivement à la seconde place du box-office américain, puis réalisera des scores décevants par la suite, avant de s'enliser rapidement dans les affres des oubliettes. En France, le film réunit péniblement un peu plus de 150 000 spectateurs dans les salles. The Punisher version Jonathan Hensleigh est-il la déconvenue décriée par ses nombreux contempteurs ?
Réponse dans les lignes à venir... Le cas de Frank Castle n'est pas sans rappeler les vigilante movies qui ont pullulé entre le début des années 1970 (L'Inspecteur Harry en 1971 et Un Justicier dans la Ville en 1974) et le milieu des années 1980 (Exterminator - Le droit de tuer en 1980 et L'Ange de la Vengeance en 1981).

La distribution de The Punisher réunit Thomas Janes, John Travolta, Rebecca Romijn, Will Patton, Roy Scheider, Samantha Mathis, Eddie Jamison et Ben Foster. Plusieurs acteurs seront approchés pour interpréter le rôle de Frank Castle. Dans un premier temps, la producteur fait appel aux services et à l'érudition de Vin Diesel, mais Jonathan Heinsleigh préfère se diriger vers un acteur à la fois charismatique et plus émotionnel. Le cinéaste se tourne alors vers Thomas Jane, chargé de revêtir les oripeaux martiaux de ce justicier expéditif. Quant à Jonathan Heinsleigh, le réalisateur a surtout officié en tant que scénariste, participant à plusieurs oeuvres notables et notoires, entre autres Une Journée en Enfer (John McTiernan, 1995), Armageddon (Michael Bay, 1998), Le Saint (Phillip Noyce, 1997), ou encore Next (Lee Tamahori, 2007). Bref, hormis le troisième chapitre de la saga Die Hard, Jonathan Heinsleigh ne laissera pas dans le Septième Art une trace impérissable.

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Attention, SPOILERS ! Ancien membre de la Delta Force, puis agent spécial au FBI, Frank Castle s'apprête à se retirer pour mener une existence paisible auprès de sa femme et de son jeune fils. Lors de son ultime mission, les choses tournent mal et le fils de Howard Saint, puissant businessman et magnat de la pègre, est tué. Ivre de vengeance, Saint organise le massacre de Frank et de toute sa famille. Mais ce dernier survit. Désormais, il n'a plus qu'un but : faire payer le coupable à hauteur de son crime. Il va mettre tous ses talents au service de sa mission la plus personnelle et la plus destructrice.
En vérité, The Punisher se divise en plusieurs parties bien distinctes. La première se focalise sur les activités professionnelles de Frank Castle, un agent spécial du FBI qui, suite à une rixe, démantèle un trafic d'armes. Bien que grimé en blondinet et affublé d'un accent soviétique à coucher dehors, Frank Castle ne parvient pas à masquer son identité.

Howard Saint, un vil entrepreneur et banquier à ses heures perdues, a juré et crié haro sur la tête de Castle. Or, cette mission doit marquer la retraite définitive et méritée de l'agent pour le compte du FBI. Frank Castle aspire à des jours meilleurs et à des temps plus cléments avec sa femme et son fils. Alors qu'il sirote des cocktails avec sa famille à Acapulco, Castle est hélas retrouvé par les sbires d'Howard Saint. C'est la seconde partie du film. Certes, l'ancien militaire est rudoyé, molesté, criblé de balles, soufflé par une explosion puis noyé. Mais l'homme survit miraculeusement à ses blessures et est secouru par une sorte de rebouteux de passage. Ravagé par la perte de sa femme et de son enfant, Frank Castle peut enfin entreprendre sa terrible vengeance. C'est la troisième et dernière partie de The Punisher.
Voilà pour les velléités ! Sur la forme, le film de Jonathan Heinsleigh s'apparente à un énième vigilante movie, dans la pure tradition du genre. 

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Ainsi, The Punisher repose essentiellement sur la confrontation entre un Thomas Jane vindicatif et un John Travolta à la chevelure plus gominée que jamais. Hélas, cette étonnante capillarité ne parvient pas endiguer l'inanité et la vacuité de cette seconde adaptation des aventures de Frank Castle au cinéma. Ainsi, prière de fermer les esgourdes sur la cancrerie des dialogues ! En effet, difficile de ne pas pouffer devant un John Travolta endeuillé par le décès de son fils : "Vous savez que je l'ai habillé moi-même jusqu'à ses 13 ans ? Je lui attachais ses lacets, je le coiffais...".
Au grand dam du comédien, Thomas Jane ne fait pas beaucoup mieux. L'acteur campe donc un Frank Castle tourmenté, régulièrement aviné et pleurnichant sur la mort de sa femme et de son fils. A aucun moment, l'interprète ne parvient à insuffler la moindre once d'empathie et d'émotion à son personnage.

En soi, le scénario s'apparente à toute une série de conspirations savamment ourdies par Frank Castle. Le justicier se balade ainsi avec des bornes d'incendie factices, fait payer des contraventions cette fois-ci bien réelles à Howard Saint. Ce dernier croit ingénument aux roueries de son épouse infidèle et la précipite du haut d'un pont sous le regard hébété de Frank Castle. On croit fabuler... De surcroît, le film n'échappe pas aux poncifs et aux stéréotypes habituels. Quentin Glass, le meilleur ami d'Howard Saint, est décrit comme un sadique et donc comme un homosexuel refoulé !
Viennent également s'ajouter des Portoricains fumeurs de cigares, un bibendum cuisinier et chanteur d'opérette, un geek fan de jeux vidéos et une blondinette tarabustée par son ex-fiancée. Et comment ne pas citer cet histrion qui tente de fuir dans un voilier lors d'une fusillade ou encore ces mannequins en mousse projetés lors des nombreuses conflagrations du film ? Bref, je n'en finirais pas de citer des séquences complètement nazebroques de ce genre ! 

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Dès lors, inutile de préciser que les saynètes d'action sont au mieux élusives et de qualité erratique. Le film est fréquemment entrecoupé par des baisses de rythme, hélas préjudiciables à la maigre qualité de cette adaptation cinématographique. Seul le combat contre le Russe, une sorte d'haltérophile quasiment invulnérable et la conclusion finale, elle aussi en apothéose, justifient - c'est un bien grand mot - le visionnage de ce nanar, néanmoins sympathique. 
Les bonus du film méritent eux aussi qu'on s'y attarde quelque peu puisque Jonathan Heinsleigh et son équipe tentent sournoisement de dissimuler l'échec presque avéré de cette vaine entreprise. Ainsi, The Punisher, une production Lions Gate et Marvel Enterprises, serait une sorte de série B impécunieuse, qui se paie tout de même le luxe de réunir Thomas Jane et John Travolta sur le haut de l'affiche. Sous l'égide de Lexi Alexander, le justicier tentera un retour impromptu dans Punisher : Zone de Guerre en 2008. Nouvelle déconvenue pour Frank Castle !

Côte : Nanar

sparklehorse2 Alice In Oliver

Paris qui Dort (La Ville lumière narcoleptique)

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Genre : Fantastique, expérimental, inclassable

Année : 1923

Durée : 35 min

 

Synopsis :

Albert, le gardien de nuit de la Tour Eiffel s'aperçoit, à son réveil, que Paris est en état de catalepsie. Seules cinq personnes arrivées en avion ont échappéà l'endormissement et déambulent dans la ville déserte. Ils apprennent qu'un savant fou a inventé un rayon mystérieux qu'il expérimente sur Paris.

 

La critique :

J'ai ressorti à plusieurs reprises ce leitmotiv indéniable concernant le fait que plusieurs courants cinématographiques aient carrément sombré dans l'oubli à notre époque où le capitalisme à outrance s'est engouffré au sein du 7ème art. Souvenez-vous de la Nouvelle Vague japonaise constituée d'une myriade de chefs d'oeuvre en tout genre (La Bête Aveugle, Pandemonium, Les Funérailles des Roses entre autres, et chroniqués sur le blog). On pourra aussi aborder la méconnue Nouvelle Vague tchécoslovaque dont j'avoue n'avoir vu aucun film jusqu'à présent. On pourra aussi rajouter l'Avant Garde, natif de la patrie française et que j'ai déjà abordé il y a quelques temps sur le blog avec La Chute de la Maison Usher.

Si l'exemple dont j'ai parlé ici n'a pas démérité son statut de chef d'oeuvre, il y avait, cependant, une certaine forme de trame narrative, ce qui en faisait un film facile à suivre. Maintenant, il convient de préciser que ce n'est pas un exemple probant d'oeuvre issue de l'Avant Garde vu que ce mouvement se caractérise par un trait surréaliste très présent. On peut, à partir de cette information, établir un parallèle avec le dadaïsme, idéologie vantée par des réalisateurs dont le principal est Buñuel. Quoiqu'il en soit, le premier film à ouvrir (vraiment) le bal sur ce blog concernant ce mouvement est donc Paris Qui Dort (aussi connu sous le nom de Le Rayon de la Mort), réalisé par René Clair dont il s'agit du premier film. Aucune anecdote de tournage à mettre en introduction donc l'introduction sera très succincte. Peut-on dire que nous sommes déjà prêt à suivre les pas d'un géant ?

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ATTENTION SPOILERS : Un savant fou paralyse Paris à l'aide d'un rayon mystérieux. La ville s'endort. Seuls restent éveillés le gardien de la tour Eiffel, le pilote d'un avion et ses quatre passagers. Les voici qui déambulent dans une capitale livrée à leur fantaisie et à leur étonnement.

Un synopsis clair, concis et plutôt amusant au final. Qu'est ce que ce truc vient foutre sur Cinéma Choc me direz vous ? Eh bien tout simplement parce que nous sommes plongés en plein dans un surréalisme quelque peu naïf mais qui en devient presque touchant. René Clair ne s'embarrasse pas d'une quelconque complexification de son idée de départ et démarre son récit avec ce gardien de l'emblème de Paris qui découvre un beau matin une ville complètement silencieuse. Trouvant la chose un peu louche, il descend tout en bas et se retrouve confrontéà des décors sans âme qui vive, si l'on peut dire car les parisiens ont tout simplement été paralysés. Certes, on pourrait s'attendre à quelque chose de plombant et dont on pourrait vite faire le tour en 5 minutes sauf que la rencontre avec un pilote d'avion et quatres passagers feront naître toute une série de situations toutes plus azimutées les unes que les autres. C'est l'occasion pour René Clair de dériver son récit dans un propos quasi anarchiste.
Ces individus, livrés à leur totale liberté où police et justice sont hors d'état de nuire, vont pouvoir s'amuser comme ils en ont envie.

Que cela soit de détrousser les poches d'un paralysé ou de manger à leur faim dans un restaurant en laissant un maigre pourboir, Clair multiplie ses dénonciations du matérialisme inhérent à l'être humain. Et ce n'est pas la déclaration d'un des hommes promettant d'ouvrir les portes des magasins et de la banque de France qui dira le contraire. Dans Paris Qui Dort, la dénonciation de l'appât du gain, du matérialisme et de la cupidité sont mises en image et ce, en toute simplicité. Muet oblige, les intertitres se contenteront du minimum syndical pour laisser parler les images. Bien évidemment, cette dénonciation se fera dans la joie et la bonne humeur avec une légèreté planant tout au long du visionnage. Ne vous attendez pas à un film froid et amer. Nous naviguons dans une forme de poésie cinématographique atypique où toute forme de rationnalité et de logique sont absents.
On ne saura jamais le mécanisme précis paralysant la population. Détail amusant : sur le tableau du laboratoire, on observera de simples équations du second degréécrites et qui seraient apparentées au fonctionnement de ce "rayon de la mort". Avec un oeil de presque un siècle plus tard, on réalise à quel point les mathématiques ont fait un bond prodigieux.

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Au niveau de la mise en scène, nous sommes, bien sûr, loin de l'expressionnisme allemand. Ici les décors sont réalistes et sans jeux d'ombres exacerbés. On a affaire à un véritable travail de photographie avec des plans de toute beauté sur la Ville lumière et ses monuments. Difficile de ne pas être impressionné par les premiers plans du début du film du haut de la tour Eiffel ou encore de cet homme escaladant la tour Eiffel filmée de manière à la rendre quasi abstraite. Le tout a un aspect documentaire et on apprécie l'audace de faire évoluer l'esthétique et la plastique du film réalistes dans un halo surréaliste. De plus, Clair joue avec les nombreuses possibilités offertes par la caméra : arrêts sur image, ralentis accélérés. Tout ceci est mis au service d'un fantastique poétique durant une courte durée parfaitement choisie de 35 minutes.

En conclusion, Paris Qui Dort est un court-métrage intéressant car il est avant tout le témoignage d'une époque cinématographique révolue et d'une facette peu connue du cinéma français ayant l'habitude depuis plusieurs années de se faire cracher dessus. Clair nous livre une vision lyrique et poétique de Paris en état de catalepsie et où le surréalisme s'harmonise efficacement avec l'ensemble de l'oeuvre. Certes, ce n'est pas du tout une oeuvre facile d'accès à cause du combo noir et blanc + muet mais cela serait une erreur pour tout cinéphile que de ne pas découvrir l'Avant Garde et Paris Qui Dort est un exemple de choix pour s'y initier. Une création riche en idées diverses mais comme j'ai dit, il faut savoir adhérer au style. Du coup, pas de note finale.

 

Note :???

 

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Présumé Coupable - 2011 (Mon enfant d'Outreau)

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présumé coupable 2011

Genre : drame
Année : 2011

Durée : 1h41

Synopsis : Le film raconte le calvaire d'Alain Marécaux - "l'huissier" de l'affaire d'Outreau - arrêté en 2001 ainsi que sa femme et 12 autres personnes pour d'horribles actes de pédophilies qu'ils n'ont jamais commis. C'est l'histoire de la descente en enfer d'un homme innocent face à un système judiciaire incroyablement injuste et inhumain, l'histoire de sa vie et de celle de ses proches broyée par une des plus importantes erreurs judiciaires de notre époque.

La critique :

L'affaire d'Outreau reste encore très prégnante dans les esprits et pour cause... Puisqu'elle est souvent considérée comme la ou l'une des affaires criminelles françaises les plus scandaleuses du XXe siècle, les faits s'étant déroulés entre 1997 et 2000. Tout commence par une plainte déposée par une certaine Myriam Badaoui à la police contre les violences physiques et sexuelles de son mari sur leurs propres enfants. Or, ces impudicités sont également pratiquées par d'autres personnes du voisinage.
L'instruction est alors confiée au Juge Burgaud. Bientôt, ces viols sur mineurs se transmutent en véritable réseau pédophile, criminel et de prostitution. Plusieurs personnes, 13 au total, sont accusées d'avoir participé et/ou commandité ces lubricités, dont des notables de la ville d'Outreau, entre autres un huissier de justice.
La presse et les médias s'emparent de l'affaire.

Dans un premier temps, les 13 accusés sont taxés de "monstres pédophiles" par les journaux. Très vite, la sphère politique vient s'immiscer dans ce qui se transforme en un fiasco judiciaire. Certains enfants seraient manipulés par Myriam Badaoui, transformée en mythomane pathologique. Le Juge Burgaud se voit à son tour taxé de technicien et de technocrate appliquant la loi et le droit sans montrer la moindre once d'émotion. Un réseau de prostitution sévirait en Belgique via la vente prohibée de plusieurs vidéos.
Des corps d'enfants auraient même été ensevelis dans la terre. Studieux, le Juge d'Instruction ordonne la recherche de ces dépouilles. Hélas, les nombreuses investigations se révèlent obsolètes mais n'éveillent pas les suspicions du Juge sur les allégations de Myriam Badaoui. Après plusieurs procès et recours en appel, le couple Badaoui-Delay écope finalement d'une lourde peine de prison. 

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Après plusieurs années de batailles juridiques, les 13 accusés sont finalement acquittés. Hélas, cette affaire a laissé des traces indélébiles. Plusieurs vies, plusieurs destins et plusieurs familles ont été broyés, laminés, brisés délités, désagrégés... Voilà pour un résumé très succinct des grandes lignes de l'affaire ! Mais ce n'est pas l'objet de cette chronique, qui n'a pas pour vocation de jouer les juges, les bourreaux ni les avocats. Evidemment, ce fiasco judiciaire inspire le Septième Art avec Présumé Coupable, réalisé par Vincent Garenq en 2011.
A l'origine, le long-métrage est l'adaptation fidèle d'un opuscule, Chronique de mon erreur judiciaire, écrit par Alain Marécaux en 2005. L'huissier, transformé en cacographe pour l'occasion, retrace donc son calvaire.

La distribution du film réunit Philippe Torreton, Noémie Lvovsky, Raphaël Ferret, Wladimir Yordanoff et Michelle Goddet. Pour les besoins du scénario et surtout pour camper un personnage principal - Alain Marécaux - à l'agonie et en pleine grève de la faim, Philippe Torreton perdra plus de 27 kilos. Un vrai rôle de composition pour le comédien et qui remportera, par ailleurs, le prix Valois du meilleur acteur lors du festival du film francophone d'Angoulême en 2011.
Attention, SPOILERS ! (1) 
Le film raconte l'histoire d'Alain Marécaux, un des accusés de l'affaire d'Outreau. Arrêté en novembre 2001 avec 13 autres personnes, accuséà tort d'actes de pédophilie, il a passé 23 mois en prison. Il a été obligé de vendre son étude, sa femme l'a quitté et il a été séparé de ses enfants avant d'être finalement acquitté en décembre 2005. 

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Sa mère s'est laissé mourir de tristesse  et de faim pendant les premiers mois de son incarcération. Il a fait plusieurs tentatives de suicides et une grève de la faim et était presque mourant au moment de sa libération. Dix ans plus tard, il s'est reconstruit partiellement : une nouvelle compagne, une nouvelle étude... mais n'a jamais réussi à recréer de vrais liens avec ses enfants (1). En 2010, le cinéma français se découvre une véritable dilection pour les grands scandales judiciaires français. La même année, Roschdy Zem réalise Omar m'a tuer, qui prend fait et cause pour Omar Raddad, accusé d'avoir assassiné Ghislaine Marchal. Hélas, cette adaptation cinématographique avait laissé un sentiment mitigé en raison d'une réalisation beaucoup trop policée.
Une bévue que ne souhaite pas réitérer Vincent Garenq avec Présumé Coupable. Ainsi, le cinéaste opte pour une réalisation en forme de documentaire coup de poing.

Vincent Garenq élude le sentimentalisme et les sanglots à tous crins, tout en s'emparant de l'émotion et de la psyché en déliquescence de son personnage principal. Le cinéaste sait qu'il peut compter et s'appuyer sur l'érudition et l'extraordinaire performance de Philippe Torreton qui, bien des années après L'Equipier (Philippe Loiret, 2004), retrouve un vrai rôle de composition. Naguère, le comédien n'a pas toujours obtenu des rôles ni des personnages à la mesure de son immense talent.
Avec Présumé Coupable, l'acteur peut aussi conquérir le coeur du grand public, lui qui a si souvent composé pour la dramaturgie et le théâtre. 
A l'instar d'Omar m'a tuer, Présumé Coupable prend à son tour fait et cause pour le combat acharné d'Alain Marécaux. Rappelons que le film est l'adaptation de son erreur judiciaire. 

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C'est donc en tant qu'acquitté et donc en tant qu'innocent que le huissier de justice raconte son calvaire. Le thème de l'innocent injustement accusé et dévoyé par ces contempteurs reste l'un des apanages du cinéma dramatique à la française pointant, de facto, un système judiciaire inique et en pleine décrépitude. L'histoire d'Alain Marécaux, ce n'est pas seulement un homme que l'on enferme et que l'on séquestre. C'est aussi une épouse et des enfants que l'on sépare, que l'on débilite et que l'on alanguit. L'huissier de justice voit son étude, pourtant pérenne, s'envoler. Inexorablement.
Ses enfants lui sont confisqués et placés dans des familles d'accueil. Ce qui frappe, à la vision de ce Présumé Coupable, c'est la rugosité avec laquelle les policiers interviennent dans la demeure d'Alain Marécaux. 

Ainsi, les interrogatoires sont dictés et les allégations sont déjà griffonnées et pérorées par un Juge d'Instruction désespérément impavide. De facto, Philippe Torreton n'a plus qu'à répliquer et donc à appliquer la recette du comédien totalement investi dans son personnage. Difficile de ne pas être happé et saisi par ce qui reste un père déchiréà ses enfants, à son épouse et à sa famille. Le long supplice ne fait que débuter puis se transmute peu à peu en un interminable réquisitoire. 
Malicieux, Vincent Garenq respecte à la lettre et la virgule près le célèbre opuscule d'Alain Marécaux. Même les missives de l'huissier de justice sont ânonnées doctement lors de son séjour carcéral. L'emballement et l'acharnement médiatique n'échappent pas non plus au réalisateur, qui oublie néanmoins d'évoquer la sphère politique, ainsi que la réelle complexité de l'affaire. 
Si le cinéaste phagocyte altièrement les autres témoignages et les autres victimes de l'affaire, il oublie aussi de préciser que l'Affaire d'Outreau ne repose pas uniquement sur les affabulations de Myriam Badaoui. 
Une lumière qu'évoquera un film beaucoup plus polémique, Outreau : l'Autre Vérité (Serge Garde, 2013), un documentaire antithétique, interrogeant notamment sur la notion de vérité judiciaire.

 

Note :?

 

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A9sum%C3%A9_Coupable_(film,_2011)

La Pianiste (Perversion sous un air de Schubert)

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Genre : Drame, thriller (interdit aux - 16 ans)

Année : 2001

Durée : 2h10

 

Synopsis :

A 40 ans, Erika Kohut, femme glaciale et dure, mène une triste existence entre ses cours de piano et l'appartement qu'elle partage toujours avec son étouffante génitrice. Un rapport sado-masochiste unit les deux femmes, la plus âgée entretenant insidieusement les névroses de la plus jeune. Complètement inhibée, la vie sexuelle d'Erika se résume à d'étranges rituels solitaires mêlant voyeurisme et auto-mutilation. Au cours d'un concert donné dans un salon privé de la bonne société autrichienne, Erika fait la connaissance de Walter Klemmer, un fougueux et arrogant jeune homme, qui se met aussitôt en tête de devenir son élève.

 

La critique :

Je ne vais pas râtisser dans le vide mais nombre de cinéastes se sont déjà démarqués par leurs pellicules transgressives et ont su au fur et à mesure du temps se construire une véritable réputation. Sans rentrer dans le cheptel des réalisateurs inconnus du cinéma underground déviant et/ou expérimental, on a pu faire la connaissance de Gaspar Noé, Mel Gibson, Stanley KubrickPier Paolo Pasolini ou encore Koji Wakamatsu. Evidemment, dans cette liste, on retrouve Michael Haneke. Beaucoup le connaissent pour son fameux et scandaleux Funny Games qui choqua son audimat lors de sa présentation à Cannes au moment de sa sortie. Ce film mit surtout en avant le fait qu'une violence suggérée peut tout aussi bien choquer qu'une violence frontale, et parfois même choquer de manière plus importante. Ceci dit, si Funny Games est indiscutablement l'oeuvre la plus connue de la filmographie de Haneke, force est de constater que ses autres oeuvres seront moins connues du grand public, à l'inverse des cinéphiles.

L'un de ces films est La Pianiste, sorti en 2001 et présenté lui aussi à Cannes où il remporta un grand succès, le scandale en moins. Il s'agit de l'adaptation cinématographique du roman éponyme d'Elfriede Jelinek (prix Nobel de littérature en 2004). L'une des caractéristiques principales du film est qu'il remporta 3 prix à Cannes, ce qui était un fait assez rare à cette époque vu que seuls Barton Fink et L'Humanitéétaient dans ce même cas de figure. Suite à cela, la direction du festival de Cannes durcit à nouveau le règlement pour éviter qu'une même oeuvre n'obtienne trop de prix. Vous l'avez compris, le film obtint un véritable dithyrambe à Cannes, soit le festival qui déchaîne les passions, suscite le débat et crée la polémique parmi les cinéphiles (on se souvient de la Palme d'Or pour La Vie d'Adèle). Reste à voir si La Pianiste mérite sa réputation.

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ATTENTION SPOILERS : Erika Kohut, la quarantaine, est un honorable professeur de piano au Conservatoire de Vienne. Menant une vie de célibataire endurcie chez sa vieille mère possessive, cette musicienne laisse libre cours à sa sexualité débridée en épiant les autres. Fréquentant secrètement les peep-shows et les cinémas pornos, Erika Kohut plonge dans un voyeurisme morbide et s'inflige des mutilations par pur plaisir masochiste. Jusqu'au jour où Walter, un élève d'une vingtaine d'années, tombe amoureux d'elle. De cette affection naît une relation troublante, mouvementée et perverse entre le maître et son disciple.

Soyons honnête, ce n'est pas le genre de film que la bienséance serait à même de nous livrer. Ce n'est pas non plus le genre de film qui pourrait se regarder en famille. Pari réussi ? Oui, c'est évident mais je reste plus minoré par rapport à la réputation dont il jouit. Pourtant, dès le début, Haneke nous plonge direct en plein enfer familial. Cet environnement oppressant et destructeur sera à l'origine de la chute mentale de Erika. Celle-ci est étouffée par sa mère omniprésente et autoritaire la réduisant à l'état de fillette. Sa mère observe ses mouvements, fouille ses affaires et l'engueule quand elle rentre tard. Plongée dans une misère sentimentale, l'absence de toute vie sociale en dehors de son boulot, Erika a progressivement sombré dans une folie guidée par moult déviances sexuelles et un comportement des plus austères liéà sa frustration. Haneke met en avant cet état de fait d'une personne qui, abandonné des hommes et éloigné plus que jamais de l'amour, en vient à rechercher ses propres plaisirs, de plus en plus malsains. En effet, la musicienne va s'adonner au voyeurisme dans ce but de se délecter de l'acte sexuel inaccessible pour elle. Cela passera par l'espionnage d'un coït dans une voiture à la respiration abondante d'un mouchoir imbibé de sperme (bonjour la fraîcheur !). 

Mais on ne s'arrête pas seulement aux déviances vu que l'automutilation sera aussi de rigueur. On a vite remarqué que Erika, sous ses travers de femme aigrie et glaciale, a un sérieux manque de confiance en elle, qui fait qu'elle ne s'aime pas. Elle en vient à trancher sa chair et à mutiler ses parties intimes. Malgré tout, rien ne peut combler ce manque sexuel qui nous prouve que l'homme, tout comme la femme, ont cette dépendance au coït ancrée en eux et que l'absence de ceci ne peut qu'aboutir à la déréliction mentale. Qu'on se le dise, cette analyse psychologique brille à la fois par sa simplicité et son efficacité. Haneke va droit au but sans ratiociner la psyché de Erika.
L'arrivée d'un jeune garçon d'une vingtaine d'années dans sa vie au cours d'un récital va bouleverser son quotidien. Walter Klemmer va tout faire pour se rapprocher d'elle, en même temps que des sentiments naissent en lui pour que tout ceci explose dans une grande et très belle séquence retransmise sur la pochette du film.

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Le hic dans l'histoire est qu'il faudra attendre un petit peu plus de 1h avant de voir cette séquence arriver. On se doute bien que certains risqueront de trouver le temps long, d'autant plus qu'il ne restera plus que la moitié du film pour développer une relation entre ces deux personnages. Une relation étrange et complexe où Erika cherchera à tout prix à se faire dominer par Walter et à se faire, pour ainsi dire, humilier. Ceci confirmant bien la répulsion qu'a cette dame envers elle-même. Walter, qui, dans un premier temps, est amoureux de son professeur va être terrorisé par sa folie latente et son absence totale d'empathie et d'amour dûà de trop longues années de déception, de célibat et d'étouffement familial. Mais le problème ici renvoie à ce que j'ai dit avant.
Cette relation n'a pas su être suffisamment développée et riche en intensité pour agripper le spectateur par la gorge. Etrangement, cette relation perverse sera bien plus sage que ce que l'on en attendait. Je ne parle pas de se retrouver face à de la pornographie BDSM hardcore mais il n'y aura que peu de chose. Une dispute, une fellation et rien d'autre qui ne saute vraiment aux yeux. 

Les passages à vide sont présents dans La Pianiste alors qu'il n'aurait rien dû en être. Quitte à rallonger son récit, Haneke aurait dûêtre plus jusqu'au boutiste et bouleverser davantage le spectateur. On ressort de là avec un goût de trop peu. Si on se base sur la mise en scène, on a là quelque chose de terre-à-terre, posé et sans quelconque artifice. Les plans fixes sont légions, les gros plans sur le visage de Erika mettent en avant ses ressentis. Ce n'est en aucun cas une critique vu que, contre toute attente, on reste intéressé par le film. Malgré cette semi-déception, on parvient quand même à ne pas détourner les yeux. Je le dis et le répète pour ceux qui s'attendaient à ce que je sois hostile au film, La Pianiste est un bon cru de Haneke mais éterniser son récit sur plusieurs détails insignifiants fut une mauvaise idée.

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Au niveau de la plastique, il convient de dire que l'image est belle et toujours bien filmée. Les plans sont aérés en même temps qu'ils donnent sur des décors raffinés et bourgeois, en totale contradiction avec la personnalité dépravée de son actrice principale. Pour le coup, Isabelle Huppert, que l'on a pu voir dans le médiocre Ma Mère (chroniqué sur le blog pour les intéressés), est largement plus convaincante et beaucoup plus dans la peau de son personnage. On ressent cette folie et ce désespoir qui émane d'elle comme dans la séquence sur la glace. Elle en devient touchante et on a plus que tout envie de l'aider à sortir de cette spirale infernale dans laquelle elle ne parvient plus à en sortir.
Benoît Magimel est tout aussi intéressant dans la peau de cet adolescent à fleur de peau faisant face à la réalité de cette dame psychotique et perverse. On sera aussi charmé par Annie Girardot, tout aussi bien, dans la peau de cette vieille teigne de mère cloisonnant sa fille à la maison. Le reste du casting est tout aussi crédible et inspiré par leur personnage avec, au programme, Anna Sigalevitch, Eva Green, Susanne Lothar ou encore Udo Samel. Aucun faux pas n'est à noter et on sent bien le professionnalisme du réalisateur à diriger correctement ses acteurs. N'oublions pas la bande sonore de grande qualité où symphonies et autres sonates sont omniprésentes et font de La Pianiste un réel drame musical euphémisant le climat trop sombre qui aurait pu naître de cette relation. Une idée audacieuse qui s'avère plus que payante.

En conclusion, La Pianiste est un drame de bonne qualité où le désespoir fait corps avec Erika dont on a rarement pu voir à l'écran une aussi grande déliquescence mentale due au manque d'amour. On est charmé par la transgression, certes pas aussi présente que l'on aurait pu le penser, dont fait preuve le réalisateur via, par exemple, des vidéos pornographiques filmées en gros plan. Cependant, on ressort déçu de la projection à cause, sans doute, du fait que l'on en attendait trop. La première partie s'éternise trop, là où la deuxième, plus intéressante, va bien trop vite.
Le récit n'a pas su être jaugé comme il se devait et cela se répercute sur l'intensité du récit. Reste que l'analyse psychologique de cette femme en perdition est de grande qualité. Haneke décrit cette incompatibilité entre désirs et réalité, entre fantasmes et mises en oeuvre. Une dissonance qui se répercutera même sur la scène finale mais, d'un point de vue personnel, la fin fut assez décevante. Difficile à aborder dans son ensemble, La Pianiste s'avère être un bon choix pour ceux qui auraient envie de s'y essayer mais est loin de l'irrévérence dont on en attendait. Au final, une oeuvre loin d'être indispensable mais qui mérite le coup d'oeil. Ainsi, ma note risquera sans doute d'en faire grincer plus d'un.

 

Note :13/20

 

orange-mecanique Taratata

Themroc (Rrrrrr !!!)

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Genre : comédie dramatique, trash, inclassable (interdit aux -16 ans avec avertissement)
Année : 1973
Durée : 1h46


Synopsis : Themroc, un vieux garçon et peintre en bâtiment modèle, mène une existence monotone entre une mère castratrice et une soeur qu'il désire en secret. Un jour, son patron le licencie pour une raison futile. Tel une bête sauvage, il entre dans une rage folle, quitte son travail et se cloître chez lui. Dès lors, il transforme son logement en tanière et adopte le mode de vie d'un homme des cavernes. Son étrange comportement bouleverse immédiatement l'existence des habitants de son quartier qui commencent à adopter, eux aussi, son mode de vie primitif.


La critique :

Attention, arrivée imminente d'un très gros ovni sur Cinéma Choc ! Signé Claude Faraldo, Themroc est un film complètement frappadingue tout droit surgi des seventies, la décennie de tous les possibles. Interdit aux mineurs lors de sa sortie et encore fortement déconseillé aux moins de seize ans de nos jours, cette oeuvre outrancière est un pur régal de décadence morale. À l'heure d'un cinéma généraliste plombé par le politiquement correct et du formatage en règle des consciences, regarder Themroc fait l'effet d'un grand bol rafraîchissant de parfum anarchiste. Car plus anarchiste que ce film, tu meurs ! Claude Faraldo affiche avec un plaisir non dissimulé sa détestation de toute forme d'autorité, de la hiérarchie et de l'ordre établi. Dans un esprit post soixante huitard pleinement assumé, le réalisateur envoie valdinguer toutes les valeurs moralisatrices d'une société engoncée dans le carcan des conventions.
Le film tire à boulets rouges sur les représentants de l'Etat ou du patronnât tout en faisant l'éloge de la paresse et le panégyrique de la régression sous toutes ses formes.

Près de 45 ans au compteur et plus actuelle que jamais, cette oeuvre iconoclaste met l'accent sur l'injustice sociale et l'incommunicabilité entre les maillons de la chaîne sociétale. Faraldo nous entraîne dans une véritable ode ubuesque à la contestation prolétaire et au dépassement de toutes les limites de la bienséance avec une jouissive férocité. Et il les repousse loin les limites, ce film ! C'est dans l'allégresse et la bonne humeur que le réalisateur nous offre des scènes d'inceste, de nécrophagie ou de cannibalisme... Les tabous les plus intouchables sont démolis sans ménagement par le réalisateur qui s'en donne à coeur joie dans la dénonciation des codes sociaux en les pulvérisant de manière frontale et bien évidemment, très exagérée pour mieux en démontrer les dysfonctionnements.
La dénonciation par l'absurde a toujours été efficace au cinéma ; Themroc ne déroge pas à cette règle, bien au contraire. 
La distribution, dominée par un Michel Piccoli prodigieux et complètement habité par son personnage, réunit le gratin du cinéma français de l'époque avec notamment, l'équipe au complet du fameux Café de la Gare (les prédécesseurs du Splendid), c'est-à-dire Coluche, Patrick Deweare, Miou-Miou, Romain Bouteille et Henri Guybet ; chacun jouant plusieurs rôles.

Le reste du casting est composé de ces acteurs moins renommés dont on reconnait les visages pour les avoir souvent croisé dans beaucoup de films, mais sans jamais en savoir les noms. Quand au metteur en scène Claude Faraldo disparu en 2008, on ne peut pas dire que sa filmographie ait été inoubliable puisqu'il n'a réalisé que des films confidentiels, tombés pour la plupart, dans les oubliettes du cinéma français. Themroc reste donc la seule exception notable mais on peut dire que sur coup là, il a vraiment frappé un grand coup... Attention spoilers : Themroc est un vieux garçon taciturne qui mène une vie monotone dans un appartement miteux situé dans un quartier minable.
Soumis à une mère acariâtre, il lorgne sans honte sur les formes pulpeuses et désirables de sa jeune frangine qu'il convoite secrètement. Le quadragénaire ne s'épanouit pas non plus dans son métier de peintre dans une usine où il est confiné aux besognes les plus ingrates. Un jour, son chef le renvoie pour un motif insignifiant. Cet événement va agir sur lui comme un déclic irréversible et provoque une furie incontrôlable de la part du modeste quidam.

Après avoir hurlé sa rage sur le quai du métro, Themroc entame un processus de récession comportementale. Il s'enferme dans son appartement qu'il transforme en tanière. Au fil des jours, il abandonne toute considération sociale et entraîne sa soeur dans son lit. Passant le plus clair de son temps à forniquer et ne communiquant plus que pas des rugissement et des grognements, l'individu redevenu primitif commence à contaminer son entourage par son nouveau mode de vie. Themroc commence comme un documentaire quasi sociologique du monde ouvrier dans ce début des années 70. C'était  la fin des "Trente Glorieuses", cette période de croissance économique qui durait depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Claude Faraldo se fait donc un devoir de présenter à l'écran la décrépitude d'un pays frappé de plein fouet par la crise économique (déjà) et le premier choc pétrolier.
Et pour cela, il met le paquet dans les symboliques : quartiers de banlieue délabrés, masse salariale entassée dans les bus et les métros, mines déconfites du prolétariat se rendant sans enthousiasme à son travail, ouvriers qui pointent en tirant la tronche...

Un quotidien sinistre et oppressant que le réalisateur décrit avec une pointilleuse minutie dans le premier quart d'heure de son film. Faraldo dépeint un monde extérieur sale et nauséeux. Le monde intérieur de l'entreprise n'est pas non plus épargné. Le réalisateur nous présente des "gentils sous directeurs" occupés à tailler des crayons à longueur de journée et  assistés par des secrétaires à la cuisse légère. C'est un univers bien séparé entre les dominants (les patrons) et les dominés (les ouvriers). Un univers où le langage est supprimé au profit d'un sabir amphigourique, un charabia totalement incompréhensible entrecoupé de rares fois par quelques mots intelligibles. Métaphore claire et nette d'une évidente incommunicabilité entre les individus et d'un fossé infranchissable entre les classes sociales.
Après cette mise en bouche à la fois délirante et déprimante, Faraldo appuie sur le champignon du scabreux et fait bifurquer son film sur la fable satirique et radicale. Chaque minute qui passe pousse le curseur de la provocation toujours plus haut avec à la clé, son lot de scènes immorales : copulation frère/soeur, CRS dégusté en barbecue, orgasme collectif et la mémorable drague d'un Piccoli en rut envers un Patrick Deweare qui se laisse faire !

À l'inhumanité d'une société obsédée par le profit, le personnage de Themroc répond par un retour aux sources, aux instincts les plus primaires. Refusant ce monde contemporain qui a fait de lui un esclave déshumanisé et soumis au dictât de la production, Themroc mure les fenêtres de son appartement et abandonne toutes traces de civilité dans son comportement. Désormais, ses seules occupations se limitent à la paresse, aux orgies alimentaires et à la fornication permanente. Il rejoint ainsi le mode de vie des premiers hommes pour qui aucune barrière de moralité et aucune loi n'étaient en vigueur. Il finira par faire des émules et son quartier tout entier se transformera en habitations troglodytes d'où les habitants jettent des parpaings aux flics qui ripostent par des gaz lacrymogènes.
A l'époque du film, 1968 était encore bien présent dans les esprits et la "révolution" demeurait encore un espoir accessible. Faraldo accentue le trait de sa position par un propos véhément et jusqu'au boutiste à tel point que le film devient sérieusement secoué dans sa dernière partie.

On pourrait presque considérer que le réalisateur fait basculer son film dans le genre fantastique tant on a beaucoup de mal à imaginer une rétrogression de personnalité comme celle de Piccoli dans la vie réelle! 
Il est donc vivement recommandé de laisser toute logique aux vestiaires pour bien apprécier cette oeuvre démente qui déverse un torrent de furie comme on en a rarement vu dans le cinéma hexagonal. Manichéen à l'extrême, Themroc ne fait pas dans la demi mesure. Les ouvriers sont très pauvres et très gentils. Les patrons sont des fainéants et de parfaits salauds. Quant aux flics, ils sont méchants et racistes ; c'est pour cela qu'ils finissent embrochés en grillades!
Critique acerbe d'un monde moderne devenu inhumain, le film de Claude Faraldo prend acte de ce constat et réplique violemment en affichant au grand jour la révolte d'un homme qui a refusé de subir. Un retour à l'état sauvage où les laissés pour compte hurlent leur haine d'une société toujours plus injuste et se délivrent de toutes les contraintes qui étouffent leur existence. Et l'on se prend à vouloir tout laisser tomber pour rejoindre ce petit groupe d'hurluberlus qui ne pense plus qu'à se baffrer et à faire l'amour. Au fond, Themroc réveille un peu la bête qui sommeille en chacun de nous...

Décidément, 1973 fut pour Michel Piccoli, l'année de tous les dangers dans sa carrière prolifique puisqu'avant d'avoir tourné Themroc, il avait participéà un autre film à scandale, La Grande Bouffe de Marco Ferreri. Deux sérieuses prises de risque cette année là mais deux coups de maître, il faut bien l'avouer. Dans Themroc, il écrase la concurrence et les autres acteurs peinent à exister à ses côtés. Signalons tout de même et pour mémoire, qu'en 1973 les Coluche, Deweare ou Miou-Miou n'en étaient encore qu'au début de leur carrière. À part ce Piccoli de gala, seul le très déjanté Romain Bouteille (fondateur du Café de la Gare) tire son épingle du jeu dans cet univers absurde qui lui était cher et familier.

Quant à Faraldo, que justice lui soit rendu car rarement un cinéaste français évoluant dans le circuit classique aura poussé le bouchon aussi loin dans la provocation. Nul doute que Themroc aura influencé Bertrand Blier, autre cinéaste provocateur, pour réaliser Les Valseuses, l'année suivante. Ce n'est peut être pas un hasard s'il choisira Deweare et Miou-Miou pour accompagner Depardieu dans ce qui deviendra le film phénomène de toute une génération. En ce qui concerne Themroc, qui va encore plus loin dans la transgression, c'est un euphémisme de dire qu'un tel objet filmique ne fera pas l'unanimité dans les chaumières et que certains (beaucoup?) le trouveront  choquant ou même révoltant.
Mais si vous n'avez pas froid aux yeux et que vous souhaitez voir une peloche française qui sorte vraiment de l'ordinaire, jetez-vous sur ce film, vous ne le regretterez pas. 

Note :17/20

TumblingDollOfFlesh Inthemoodforgore

Kuroneko (Le démon peut-il aimer ?)

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Genre : Drame, épouvante, horreur (interdit aux - 12 ans)

Année : 1968

Durée : 1h39

 

Synopsis :

Une femme et sa belle fille sont violées et tuées par un groupe de samouraïs. Ivres de vengeance, elles renaissent sous la forme d'esprits chats et jurent de tuer tous les samouraïs. Jusqu'au jour où leur victime désignée est le fils de la femme, et donc mari de la jeune femme, revenu de la guerre.

 

 

La critique : 

Il y a quelques temps, j'amorçais la chronique des 5 Japanese Horror Classics avec Onibaba, un thriller glacial où une mère et sa belle-fille tentaient de survivre dans un monde en pleine guerre en se livrant à des meurtres sanguinaires. Il est donc l'heure de passer au deuxième opus de cette pentalogie initiée, si je ne m'abuse, par Criterion, en la personne de Kuroneko, sorti en 1968 et toujours réalisé par Kaneto Shindo, déjà réalisateur de Onibaba. Un réalisateur dont la grande majorité de son travail ne nous est pas accessible, faute de distributeurs à la ramasse en ce qui concerne le vieux cinéma japonais. Et je le martèlerai encore et encore !
Que soit, avec ses 56 ans au compteur, le bonhomme revient 4 ans plus tard après son oeuvre devenue culte au cours du temps et l'un des emblèmes du courant J-horror. 

Kuroneko sort ainsi en pleine période de révolution sexuelle en étant en sélection officielle à Cannes. Festival qui sera interrompu en 1968 avant son terme à cause des événements de mai 68. Aucun prix ne sera donc décerné. A cette époque, la sortie de cette oeuvre fut attendue avec impatience après l'engouement que fit Onibaba, novateur à sa sortie. Le prix de la meilleure actrice pour Nobuko Otowa et de la meilleure photographie lors du Mainichi Film Concours (soit le premier festival de cinéma du Japon) de 1969 a de quoi rassurer. Sauf que l'histoire nous a déjà démontrée que des oeuvres plébiscitées restaient de gros pétards mouillés. Est-ce le cas de cette oeuvre ? Question ridicule.

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ATTENTION SPOILERS : Une femme et sa belle fille sont violées et tuées par un groupe de samouraïs. Ivres de vengeance, elles renaissent sous la forme d'esprits chats et jurent de tuer tous les samouraïs. Jusqu'au jour où leur victime désignée est le fils de la femme, et donc mari de la jeune femme, revenu de la guerre.

Un synopsis bref mais efficace. Si il n'est plus à démontrer que Onibaba est un très grand film du cinéma japonais, on peut affirmer en toute logique que Kuroneko suit la voie en terme de qualité de son prédécesseur. De nombreux parallèles entre les deux oeuvres seront d'ailleurs au programme. Ainsi, Shindo met en scène, comme dans Onibaba, un monde en proie au chaos et à une guerre sans nom où les hommes retournent à leurs instincts les plus primitifs, rythmés par les meurtres et les viols. Indubitablement, les démons de la seconde guerre mondiale sont encore chauds et sont retransmis avec succès dans le récit, avec toujours cette référence à Kyoto en feu qui ne peut que nous rappeler Hiroshima où grandit le cinéaste. Ce retour aux pulsions les plus archaïques se répercute fatalement sur une population innocente et sans défense, ici en l'occurrence, une mère et sa belle fille (autre parallèle avec Onibaba) qui subiront moult viols par des soldats fous et seront laissées pour mortes.
Cependant, leur insatiable besoin de vengeance les feront renaître sous la forme d'esprits démoniaques qui se jureront de tuer tous les samouraïs. Cette porte entre la réalité et le fantastique est tenue par un chat noir qui, dans l'inconscient collectif, est vu comme source de malheur.

Ici, Shindo met en scène deux femmes surpuissantes et évoluant dans une dimension dépassant l'être humain. C'est une seconde occasion pour le cinéaste de matérialiser cette revanche du sexe féminin sur le patriarcat, vu comme tout puissant dans la société japonaise de jadis. De fait, la dimension féministe est toujours aux abonnés présents. Les hommes ne sont plus prédateurs mais sont devenus la proie de monstres féminins ne faisant aucune concession et s'étant, elles aussi, réfugiées dans la violence, la sauvagerie et la bestialité. De fait, aucun personnage n'est vraiment à sauver dans ce récit vu que tous incarnent une part sombre de l'être humain qui ne peut se défaire de ses pulsions d'animosité. Ceux qui auront donc su percer les nombreuses thématiques de Onibaba seront entièrement en terrain conquis avec Kuroneko. Pourtant, ce quotidien rythmé par le meurtre se fragilisera lors de l'entrée en jeu d'un samouraï s'avérant, après coup, être le fils de la mère et le mari de la femme. Tout basculera à ce moment précis.

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Ne pouvant faire face à ses sentiments n'ayant pas été absorbés par le Mal, la jeune femme finira par craquer et révéler ses pulsions, alors que la mère se montrera incapable de réprouver son propre fils. C'est ici que Shindo inverse diverses données par rapport àOnibaba. Outre le fait que c'est le fils qui revient de la guerre pour découvrir que sa famille a été massacrée, le fils, dans le film de 1964, ne revenait jamais. Dans Kuroneko, il n'y a pas de notion de survie en temps de guerre, seule compte la vengeance destructrice consumant l'âme des deux femmes.
Pourtant, la thématique de l'amour est ici bien moins pessimiste que dans la première oeuvre où la mère refusait que l'épouse de son fils aille dans les bras d'un autre. Là, ces amants séparés par la mort se rebellent contre la nature même de cette fatidique barrière. L'acte sexuel y est filmé en toute sincérité et avec beaucoup de beauté et de sensualité, en même temps que le corps nu est magnifié. On ne peut qu'affirmer le leitmotiv du besoin d'amour inhérent à chaque être humain. Déjà dans le court-métrage Christian B (chroniqué sur le blog pour les intéressés), on observait que l'amour pur pouvait traverser le concept même de la vie et perdurer au-delà, après la mort. Ici, nous sommes exactement dans cette même thématique. Il est d'ailleurs bien réducteur de qualifier Kuroneko de simple film d'épouvante et d'horreur.

L'horreur n'est pas la pièce centrale du récit. Shindo traite de manière très personnelle son récit, là où nombre de réalisateurs auraient pu se casser les dents. Il y a transmutation d'une intrigue mystérieuse nappée d'un climat d'étrangeté et de glauque en une histoire d'amour pour le moins atypique et surtout désespérée car rien ne dure pour toujours. Et c'est là que je finirai pour le scénario au risque de gâcher le visionnage chez ceux qui n'auraient pas encore vu cette oeuvre. S'il y a bien une chose face à laquelle nous sommes admiratifs (outre le récit et le second niveau de lecture), c'est au niveau de l'ambiance parfaitement dans la tonalité d'un épouvante particulier, loin de toute forme de screamer. Une tonalité d'épouvante qui n'a pas ce but de faire peur mais plutôt de mettre mal à l'aise, d'interpeller et d'absorber le spectateur grâce à une ambiance à la fois belle et morbide, étrange mais dont on perçoit un trait chaleureux. Une ambiance où une fumée mystérieuse se profile à plusieurs reprises.
Que l'on soit clair, si vous attendez de Kuroneko une oeuvre outrancière dont l'objectif est de faire peur, alors vous pourrez entièrement passer votre chemin. Un ressenti très particulier, difficilement descriptible émane de la projection, comme si on venait de découvrir une nouvelle facette du cinéma d'horreur. Une horreur tragique mêlant un amour impossible sous fond de combat entre le monde des vivants et le monde des démons. 

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Pour ce qui est de la mise en scène, Shindo n'a rien perdu de son talent et captive en permanence l'attention du spectateur s'étant évadé dans une autre dimension. Sans être énergétique, le rythme oscille entre le contemplatif et le dynamisme. Difficile de s'emmerder devant un film de ce calibre. Au niveau esthétique, Kuroneko est bien au-dessus de Onibaba dans la plastique de ses décors. Shindo abandonne son labyrinthe de roseaux pour évoluer dans un monde plus ouvert et nous délivre de nombreux plans somptueux de la forêt ou de l'architecture type de l'ère Edo.
On reste admiratif devant ce manoir perdu au beau milieu des bois et enveloppé de cette étrange fumée. On sera aussi impressionné par le blanc très criard de ces deux femmes dont la fille sautant dans les ténèbres, comme en atteste la deuxième photo. Shindo tente des choses et cela s'avère plus que payant. On se rince l'oeil devant ces plans bien pensés, cette image léchée et ces décors naturels omniprésents. La prestation des acteurs est tout aussi convaincante avec Nobuko Otowa et Kiwako Taichi impeccables, respectivement, dans le rôle de la mère et de la belle fille touchantes malgré leur cruauté. Nakamura Kichiemon est assez bon dans le rôle du fils mais soutient difficilement la comparaison face au sexe féminin. Inutile de parler des autres acteurs inconnus au bataillon.

En conclusion, Kuroneko est, pour changer, une autre très grande réussite du vieux cinéma japonais se hérissant comme l'un des meilleurs courants de l'histoire cinématographique. Shindo nous livre un récit où l'horreur est avant tout tragique et désespérée et où l'épouvante se marie brillamment avec cet amour impossible entre l'homme et le spectre vengeur. Comme dans Onibaba, le nihilisme est toujours aussi présent et si Kuroneko est peut-être moins profond et métaphysique, il se rattrape avec un climat fantastique présent de A à Z. On ne peut qu'être charmé par sa trame belle et bouleversante, son esthétique saisissante de beauté et deux actrices terriblement touchantes.
Injustement méconnu, pour changer, on tient là un film qu'il est nécessaire de ne pas faire tomber dans l'oubli et dont on sort combléà la fin du visionnage. Un classique underground d'une beauté cruelle où la fatalité est grande gagnante. Un joli coup de pied au cul de ceux qui pensent que l'épouvante est un genre sans réelle profondeur. A ne louper sous aucun prétexte.

 

Note :17,5/20

 

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Ces Garçons Qui Venaient du Brésil (Le Quatrième Reich est en marche !)

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Genre : thriller, fantastique, drame (interdit aux - 16 ans)
Année : 1978

Durée : 2h04

Synopsis : Ezra Lieberman, célèbre chasseur de nazis, reçoit un étrange appel en provenance du Paraguay. Son correspondant l'informe qu'un complot se prépare. A sa tête, le sinistre docteur Mengele, terrifiant médecin nazi recherché par toutes les polices. Son objectif : assassiner 94 hommes à travers le monde. Quel est le but de ce complot ? Quel point commun réunit les 94 victimes ? Lieberman se lance dans une enquête, dont la solution est au-delà de ses pires cauchemars.  

La critique :

La carrière cinématographique de Franklin J. Schaffner démarre dès 1963 avec Les Loups et l'Agneau. Pour le cinéaste et producteur, il faudra patienter jusqu'en 1968 pour connaître enfin la consécration avec La Planète des Singes, film dans lequel il retrouve Charlton Heston, un acteur avec qui il avait déjà collaboré dans Le Seigneur de la Guerre (1965). Viennent également s'ajouter d'autres classiques incontournables, notamment Patton (1970) et Papillon (1973).
Attention à ne pas euphémiser non plus l'impact de Ces Garçons qui Venaient du Brésil, sorti en 1978, et injustement méconnu du grand public et pour cause... Puisque ce long-métrage aux allures fantastiques et science-fictionnelles aborde un sujet à la fois tabou et spinescent : le retour de l'idéologie "nazillarde" et donc l'avènement d'un Quatrième Reich.

Voilà un sujet qui a le mérite d'attiser la curiosité ! A l'origine, le film est l'adaptation d'un opuscule éponyme d'Ira Levin. Le roman originel s'inspire par ailleurs de l'histoire de Josef Mengele, un ancien tortionnaire nazi exiléà Sao Paolo au Brésil, et poursuivi par les autorités internationales pour crimes contre l'Humanité. Pour mémoire, rappelons que le médicastre azimuté a exercé, testé et pratiqué des expériences chimiques et médicales dans son laboratoire secret dans le camp de concentration d'Auschwitz durant la Seconde Guerre Mondiale. Aidé par un réseau d'anciens SS, il parvient à s'expatrier à Buenos Aires et à mener une autre vie au Paraguay, puis au Brésil, pays dans lequel il exhalera finalement son dernier soupir.
Pour la petite anecdote, Josef Mengele décédera peu de temps après la sortie du film de Franklin J. Schaffner.

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Certes, au moment de sa distribution en salles, Ces Garçons qui Venaient du Brésil ne remportera qu'un succès d'estime. A contrario, le long-métrage est adoubé et encensé par les critiques et la presse cinéma. Il faudra donc plusieurs décennies pour que le film conquière enfin les cinéphiles et soit reconnu à sa juste valeur, celui d'un classique du thriller fantastique, un genre en pleine ascension à l'époque. Par ailleurs, le métrage sera nominé pour les Saturn Awards dans plusieurs catégories (meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario, entre autres), mais ne remportera aucune récompense.
La distribution de ce thriller fantastique réunit Laurence Olivier, Gregory Peck, James Mason, Lilli Palmer, Uta Hagen, Steve Guttenberg, Denholm Elliott, Rosemary Harris, John Rubinstein et Bruno Ganz. 

Dans Marathon Man (John Schlesinger, 1976), Laurence Olivier interprétait un ancien criminel de guerre nazi. Pour les besoins de ce nouveau film, il incarne un personnage aux antipodes, un certain Ezra Lieberman, dont la cause n'est pas sans rappeler celle des époux Klarsfeld, deux militants de la mémoire de la Shoah. Quant à James Mason, le comédien a déjà incarné les "nazillons" de service en la personne - tristement célèbre - d'Erwin Rommel dans Le Renard du Désert (Henry Hathaway, 1951) et Les Rats du Désert (Robert Wise, 1953).
Attention, SPOILERS ! Ezra Lieberman, célèbre chasseur de nazis, reçoit un étrange appel en provenance du Paraguay. Son correspondant l'informe qu'un complot se prépare. A sa tête, le sinistre docteur Mengele, terrifiant médecin nazi recherché par toutes les polices. 

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Son objectif : assassiner 94 hommes à travers le monde. Quel est le but de ce complot ? Quel point commun réunit les 94 victimes ? Lieberman se lance dans une enquête, dont la solution est au-delà de ses pires cauchemars. A l'époque, Ces Garçons qui Venaient du Brésil sort dans la foulée de Stars Wars - Chapitre 4 : Un Nouvel Espoir et subit le diktat imposé par George Lucas et sa société de production. De facto, le film de Franklin J. Schaffner sort peu ou prou dans l'indifférence générale. Pourtant, la grande force du long-métrage repose à la fois sur son concept hétéroclite puisqu'il mélange savamment thriller, fantastique, le drame et même l'anticipation.
De surcroît, le film peut également s'appuyer sur le scénario griffonné par les soins d'Heywood Gould qui s'inspire, encore une fois, du roman d'Ira Levin.

Surtout, Ces Garçons qui venaient du Brésil s'inscrit dans la dialectique et la rhétorique de tous ces films de science-fiction des années 1970, avec une tonalité eschatologique. Si, de prime abord, le scénario peut paraître un tantinet fantaisiste, il reste néanmoins plausible. Plus qu'une diatribe du nazisme et de ses corollaires, même plusieurs décennies après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le film reste avant tout une allégorie sur la perniciosité et la réminiscence des dictatures.
En Amérique du Sud, les anciens criminels nazis ne sont nullement inquiétés et peuvent donc sévir en toute impunité. Une didactique qui n'échappe pas à Josef Mengele, qui a prêté allégeance à l'idéologie d'Adolf Hitler. Pour faire renaître le Troisième Reich de ses cendres et ériger un Quatrième Reich, le médicastre fait appel à la technologie moderne.

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Ainsi, le film pose la question du clonage et surtout comment cette nouvelle science pourrait servir les vils desseins d'un régime autocratique et autoritaire. Franklin J. Schaffner réalise un film malicieux qui nous embarque sur plusieurs pays de la planète, du Paraguay à la Suède, en passant par l'Allemagne de l'Ouest. Le scénario du film fonctionne comme une enquête policière révélant peu à peu ses arcanes en fonction des recherches et des pérégrinations d'Erza Lieberman.
En outre, le cinéaste exploite à merveille la confrontation entre Gregory Peck, plus terrifiant et sournois que jamais, et Laurence Olivier. Vous l'avez donc compris. 
On tient là un thriller fantastique d'une étonnante sagacité et qui se démarque par ses innovations et son originalité. Seul petit bémol, on regrettera un script parfois un peu trop décousu et alambiqué s'adressant, de ce fait, à un public plutôt avisé. Toutefois, rien de grave et le film mérite largement les félicitations dans nos colonnes !

Note : 16/20

 

sparklehorse2 Alice In Oliver

The Belko Experiment ("Bringing the world together")

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Genre : horreur, gore, thriller (interdit aux - 16 ans)
Année : 2016

Durée : 1h28

Synopsis : Une entreprise américaine d'Amérique du Sud est mystérieusement scellée, et ses employés dévoilent leurs vraies natures lorsqu'il leur est ordonnés de s'entretuer sous peine de mort. 

La critique :

Scénariste, producteur et cinéaste australien, Greg McLean démarre sa carrière cinématographique à l'orée des années 2000 via deux courts-métrages, Plead (2000) et ICQ (2001), qui se distinguent dans divers festivals en remportant plusieurs récompenses, notamment celui du meilleur réalisateur au festival international du film indépendant de New York. En 2005, Greg McLean se lance dans son tout premier long-métrage horrifique, Wolf Creek, un torture porn qui se démarque de la concurrence habituelle. Certes, le film s'inspire d'une histoire bien réelle (jusque-là, rien de nouveau), mais la pellicule nous transporte dans les territoires éculés de l'Australie, à la rencontre d'un certain Mick Taylor, une sorte de chasseur et de cul-terreux qui arpente les déserts et les longues routes perdues à la recherche de nouvelles proies.

Pour les touristes infortunés, gare à ne pas croiser la route de ce prédateur effréné ! Avec Wolf Creek, Greg McLean parvient à créer un climat éthéré et mortifère, régulièrement émaillé par des paysages naturels et curieusement sinistrés. Par certaines accointances, le film n'est pas sans rappeler l'ambiance également moribonde de Massacre à la Tronçonneuse. Non seulement Wolf Creek s'impose rapidement sur ses terres australiennes, mais le long-métrage parvient aussi à s'expatrier à l'étranger.
Une suite, Wolf Creek 2, sort donc en 2013. 
Cette fois-ci, Greg McLean opte pour une ambiance beaucoup plus viscérale et comminatoire. Le spectateur est prié de visiter la cave putride et méphitique de Mick Taylor, qui continue de collectionner les cadavres. Toutefois, en dépit des apparences, Wolf Creek 2 se révèle inférieur à son auguste prédécesseur. 

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Même remarque concernant Solitaire, un film de crocodile qui marche directement dans le sillage et le continuum de Black Water (Andrew Traucki, 2007). Indubitablement, le metteur en scène australien possède un potentiel. Il sait qu'il est attendu par les fans pour son sixième long-métrage, intituléThe Belko Experiment, et sorti en 2016. Cette fois-ci, pas question de filmer ni de visiter les territoires claustrés et paumés de l'immense territoire australien !
Certes, Greg McLean n'a jamais tari d'éloges pour les grands classiques horrifiques. Mais depuis plusieurs années, le cinéaste rêve de réaliser un grand thriller horrifique qui s'apparenterait davantage à un huis clos anxiogène. Reste à savoir si The Belko Experiment remplit (ou non) son office. Réponse dans les lignes à venir...

La distribution du film réunit John Gallagher Jr., Tony Goldwyn, Adria Arjona, John C. McGinley, Melonie Diaz, Josh Brener, Sean Gunn et Michael Rooker. Attention, SPOILERS ! 
Dans un immeuble de bureaux à Bogota, en Colombie, 80 travailleurs américains sont horrifiés lorsqu'ils découvrent qu'ils sont les cobayes d'une expérience sociale qui les amènera à tuer leurs collègues ou à se faire tuer. Tout d'abord rétifs et dubitatifs, plusieurs d'entre eux sont assassinés par un curieux dispositif implanté dans leur nuque. Les employés n'ont donc pas d'autre choix que d'obéir docilement à cette mystérieuse expérience...
A l'aune de ce synopsis, difficile de ne pas songer au script de Battle Royale (Kinji Fukasaku, 2001) tant les analogies sont évidentes. 
A la seule différence que le film de Greg McLean ne se polarise pas sur cette dichotomie qui existe entre le monde juvénile et celui des adultes. 

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En vérité, The Belko Experiment s'apparente à une critique acerbe et jubilatoire du capitalisme actuel. Toutefois, depuis les travaux de Karl Marx, la dialectique de la globalisation et de ses corollaires a bien changé pour se transmuter en une compétition féroce, meurtrière et forcenée entre les employés. Jadis, ces derniers se regimbaient contre une hiérarchie jugée trop autocratique et omnipotente. Désormais, ce sont les salariés, devenus trop dociles, qui sont les fruits d'étranges expériences menées par une oligarchie composée de militaires, de financiers et de scientifiques.
Pourtant, ces derniers sont censés scander et glorifier l'idéologie séditieuse d'une entreprise américaine : "Bringing the world together" scande une oriflamme placardée sur un mur. La grande originalité de The Belko Experiment tient justement dans ce concept novateur.

Dès lors, le jeu de massacres peut enfin commencer ! Les employés se divisent alors en deux catégories bien distinctes. Si certains tentent de se regimber contre cette expérience criminelle, les autres se charcutent, se laminent, se cisaillent et se dilapident sous les cris d'orfraie. Greg McLean s'amuse comme un gosse derrière sa caméra ensanglantée et nous gratifie de plusieurs séquences délicieusement érubescentes. Après Wolf Creek et Solitaire, le cinéaste australien signe tout simplement son meilleur film. Néanmoins, en dépit des apparences, The Belko Experiment n'est pas exempt de tout reproche.
Certes, les amateurs de tripailles et de barbaque seront en terrain connu et quasiment conquis. Certes, The Belko Experiment a le mérite de se démarquer de la litanie actuelle et surtout de Battle Royale (déjà précité), un film asiatique auquel il fait directement référence. 
Mais comme tout huis clos anxiogène, certains protagonistes sont évidemment privilégiés pendant que d'autres ne constituent que de vulgaires quidams. Nul doute qu'un tel concept, aussi ingénieux que condescendant, peut être exploité sur plusieurs épisodes ou via une série télévisée.
En quelques mots : une très bonne surprise, surtout pour un direct-to-video (DTV) !

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Beneath - 2013 (L'étrange créature du lac noir)

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Genre : horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 2013

Durée : 1h30

Synopsis : Six camarades de lycée partent se balader sur une barque. Hélàs, ils ignorent que l'eau sur laquelle ils voguent est investée de poissons carnivores ! Trop lourds pour ce petit bateau, ils doivent prendre la terrible décision de qui va se sacrifier afin de pouvoir regagner les berges.  

La critique :

Certes, le nom de Larry Fessenden ne doit pas vous évoquer grand-chose. Pourtant, le cinéaste, producteur, scénariste et acteur affectionne tout particulièrement l'épouvante et l'horreur. C'est ainsi qu'il contribue et collabore à l'un des nombreux segments de ABC's Of Death 2 (Rodney Ascher, Julian Barratt, Vincenzo Natali, Aharon Keshales, E.L. Katz, Bill Plympton et Alexandre Bustillo, 2013). Viennent également s'ajouter The Last Winter (2006) et Wendigo (2001).
Le dernier long-métrage en date de Larry Fessenden se nomme donc Beneath, une série B famélique n'a pas bénéficié d'une distribution dans les salles osbcures. Le film a donc dû se contenter d'une sortie discrète et furtive en vidéo (DTV). Parallèlement, Beneath concourt dans divers festivals sans néanmoins laisser un souvenir indélébile.

Il faut dire que le film s'inscrit dans la catégorie, toujours spinescente et difficile, de ces poissons voraces et mangeurs d'hommes. Les thuriféraires du genre citeront évidemment les grands classiques indémodables, notamment Les Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1975), Piranhas (Joe Dante, 1978), Orca (Michael Anderson, 1977), The Reef (Andrew Traucki, 2009), ou encore Open Waters : En Eaux Pronfondes (Chris Kentis, 2005). Certes, à priori, Beneath ne risque pas de marquer durablement les persistances rétiniennes. Nanti d'un budget impécunieux, cette série B horrifique est-elle capable de renouveler avec un genre en désuétude depuis belle lurette ?
Réponse à venir dans cette chronique... La distribution du film réunit Daniel Zovatto, Bonnie Dennison, Chris Conroy, MacKenzie Rosman et Mark Margolis.

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Parmi ce casting famélique, les cinéphiles les plus avisés reconnaîtront peut-être le joli minois de Bonnie Dennison. De 2000 à 2005, la comédienne apparaît ponctuellement dans la série télévisée New York 911. En revanche, Mark Margolis possède une filmographie foisonnante et exhaustive, souvent dans des seconds rôles. Les amateurs ont notamment pu découvrir l'acteur dans Scarface (Brian de Palma, 1983), 1492 : Christophe Colomb (Ridley Scott, 1992), Ace Ventura : détective chiens et chats (Tom Shadyac, 1994), Les Pleins Pouvoirs (Clint Eastwood, 1997), Requiem For A Dream (Darren Aronofsky, 2000), Hannibal (Ridley Scott, 2001), ou encore Daredevil (Mark Steven Johnson 2003).
Mais ne nous égarons pas et revenons au synopsis de Beneath, pour le moins laconique. Le speech est donc le suivant.

Attention, SPOILERS ! Six camarades de lycée partent se balader sur une barque. Hélàs, ils ignorent que l'eau sur laquelle ils voguent est investée de poissons carnivores ! Trop lourds pour ce petit bateau, ils doivent prendre la terrible décision de qui va se sacrifier afin de pouvoir regagner les berges. Certes, à priori, le scénario de Beneath est de facture basique et conventionnelle. Pourtant, par certaines accointances, il n'est pas sans rappeler le script de L'Etrange Créature du Lac Noir (Jack Arnold, 1954). D'ailleurs, le poisson aux yeux globuleux de Beneath est appelé le monstre du lac noir par les habitants d'une petite communauté. Apparemment, la créature aquatique est précédée d'une légende maléfique et séculaire. En résumé, gare à ne pas effaroucher à l'animal ni à batifoler impunément dans le lac sous risque de susciter les furibonderies du poisson gargantuesque !

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Hélas, et vous vous en doutez, la comparaison avec le petit bijou de Jack Arnold s'arrête bien là. De surcroît, le film de Larry Fessenden n'a pas de telles velléités scénaristiques. En outre, le ton adopté par le cinéaste se veut résolument iconoclaste. Le film joue donc davantage sur un aspect huis clos et anxiogène. C'est tout l'intérêt de Beneath, à savoir proposer un cadre rudimentaire, un lac cloîtré au beau milieu de nulle part, six lycéens isolés dans une barque et un gros poisson vorace qui vient régulièrement les tarabuster. Le prétexte ? Les six étudiants ne peuvent plus rejoindre la terre ferme.
Assaillis par la créature, ils ont cassé les deux rames. Il faut donc occuper le monstre pour espérer regagner le rivage. Ainsi, plusieurs d'entre eux sont sacrifiés et jetés en pature - enfin dans le lac... - pour satisfaire l'appétit insatiable de l'animal aquatique.

A partir de ce concept anémique, Larry Fessenden tente, tant bien que mal, de nous divertir et de combler la courte durée de sa pellicule. Malheureusement, Beneath est victime de son propre concept. En l'occurrence, difficile de s'émouvoir pour ses six lycéens cupides et factieux, qui passent leur temps à s'injurier et à se gourmander. Le long-métrage se résume donc à toute une série de révélations et de facondes anônnées par des étudiants en déliquescence.
En l'état, leur amitié, à priori indéfectible, est mise à rude épreuve. Il faudra donc se contenter d'une pauvre mijaurée qui passe son temps à copuler avec le reste de la planète et de cinq autres protagonistes qui ne présentent pas la moindre once d'humanité. Tout un programme ! De surcroît, Larry Fessenden ne peut pas non plus s'appuyer sur son casting, qui frise souvent l'indigence.

Tous se font chiper la vedette par le poisson aux incroyables rotondités. Hélas, le design cartonneux et en plastique de la créature laisse lui aussi sacrément à désirer... Bref, il semblerait que Beneath soit condamnéà s'enliser parmi ces nanars désargentés et àécumer les bacs à dvd. Et pourtant...Contre toute attente, le film parvient parfois à divertir et se suit donc avec un ennui poli. Le seul véritable argument de Beneath, c'est de renouer avec toutes ces séries B horrifiques de jadis, celles qui pullulaient entre le milieu des années 1970 et le début des années 1980 avec une grande ingénuité.
Avec un scénario beaucoup mieux griffonné, de meilleurs acteurs et surtout une créature un peu plus terrifiante, Beneath aurait pu aisément s'inscrire dans le haut du panier. Nul doute que le film possède un réel potentiel. Ma note finale pourra donc paraître d'une étonnante mansuétude.

Note :10/20

sparklehorse2 Alice In Oliver


Frankenstein's Army (Le commando des morts-vivants)

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Genre : horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
Année : 2013

Durée : 1h24

Synopsis : Allemagne, 1945. La fin de la Guerre est proche… Partis en reconnaissance, des soldats russes découvrent un laboratoire secret nazi. A l’intérieur, un savant fou dénommé Viktor Frankenstein est parvenu à créer une armée invincible de soldats morts-vivants qui menace de déferler sur le monde. Dans ce repaire de l’horreur, le dernier stratagème d’Hitler doit être définitivement stoppé.  

La critique :

Paru en 1818, le célèbre opuscule de Mary Shelley a inscrit le docteur Frankenstein et sa créature putrescente dans la culture populaire. Le scientifique azimuté et le monstre en putréfaction vont évidemment inspirer le noble Septième Art avec le bien nomméFrankenstein (J. Searle Dowley, 1910), qui est donc la toute première adaptation cinématographique du matériel d'origine. Viennent également s'ajouter Il Mostro Di Frankenstein (Eugenio Testa, 1920), La Fiancée de Frankenstein (James Whale, 1935), Le Spectre de Frankenstein (Erle C. Kenton, 1942), Frankenstein S'est Echappé (Terence Fisher, 1957), L'Empreinte de Frankenstein (Freddie Francis, 1964), Les Horreurs de Frankenstein (Jimmy Sangster, 1970), ou encore Chair pour Frankenstein (Paul Morrissey, 1973).
Tous ces titres ne représentent qu'un petit panel des aventures du docteur et de sa créature au cinéma.

De surcroît, c'est surtout la firme britannique, la Hammer, qui prodiguera ses lettres de noblesse à ce monstre d'infortune via plusieurs titres majeurs et incontournables, entre autres La Revanche de Frankenstein (Terence Fisher, 1958), Frankenstein créa la femme (Terence Fisher, 1967), Le retour de Frankenstein (Terence Fisher, 1969), ou encore Frankenstein et le monstre de l'enfer (Terence Fisher, 1974). Un univers aussi foisonnant qu'exhaustif qui n'a pas échappéà l'oeil narquois et avisé de Richard Raaphorst avec Frankenstein's Army, sorti en 2013.
Il faut se rendre sur le site IMDb (source : http://www.imdb.com/name/nm0704675/) pour trouver des informations élusives sur ce cinéaste. En outre, Frankenstein's Army est le tout premier long-métrage de Richard Raaphorst.

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Au fil des années, ce dernier s'est surtout aguerri en participant aux effets visuels de plusieurs films notables, notamment Dagon (Stuart Gordon, 2001), Beyond Re-Animator (Brian Yuzna, 2003) et Slaughter Night (Frank van Geloven et Edwin Visser, 2008). Inutile alors de préciser que le bonhomme est un fan irréductible du cinéma bis. Il n'est donc pas surprenant de le retrouver derrière une série B impécunieuse. En l'occurrence, Frankenstein's Army ne bénéficiera pas d'une sortie dans les salles de cinéma. C'est par l'intermédiaire du marché vidéo - le DTV (direct-to-video) - que Frankenstein's Army va tenter de flagorner les amateurs du cinéma horrifique.
Une gageure que le long-métrage a essayé de tenir en concourant dans divers festivals, notamment celui de Sydney et celui de Tribeca, sans laisser néanmoins un souvenir indélébile.

La distribution du film réunit Karel Roden, Joshua Sasse, Robert Gwilym, Alexander Mercury, Luke Newberry et Hon Ping Tang. Attention, SPOILERS ! Allemagne, 1945. La fin de la Guerre est proche… Partis en reconnaissance, des soldats russes découvrent un laboratoire secret nazi. A l’intérieur, un savant fou dénommé Viktor Frankenstein est parvenu à créer une armée invincible de soldats morts-vivants qui menace de déferler sur le monde. Dans ce repaire de l’horreur, le dernier stratagème d’Hitler doit être définitivement stoppé. A travers Frankenstein's Army, Richard Raaphorst vient bouffer un peu... beaucoup... énormément à tous les râteliers. Si le film s'inspire évidemment du mythe du docteur Frankenstein, toujours aussi factieux par ailleurs, Frankenstein's Army renifle essentiellement du côté du cinéma horrifique moderne. Certes, on décèle ici et là une influence non dissimulée pour les séries B des années 1980.

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Nul doute que le cinéaste affectionne tout particulièrement les univers gothiques et érubescents de Stuart Gordon et de Brian Yuzna, deux parangons du cinéma bis avec qui il a déjà collaboré. Hélas, la comparaison avec ces augustes épigones s'arrête bien là. En outre, Richard Raaphorst vient également renifler du côté du found footage, un genre qui semble renaître de ses cendres depuis une dizaine d'années et surtout depuis le plébiscite de la saga Paranormal Activity.
Dès l'introduction, Frankenstein's Army montre d'emblée ses écueils, ses errances et ses faiblesses via une présentation des personnages longue, laborieuse et fastidieuse. Le caméraman, qui filme les belligérances, est un soviétique. Ses compagnons d'infortune aussi. Pourtant, pour une raison totalement inconnue, nos héros parlent anglais avec un accent russe à coucher dehors !

Ainsi, la première demi-heure du film se résume à toute une série d'homélies et d'emphases interminables, de quoi désarçonner un public averti. Puis, dans sa seconde partie, Frankenstein's Army accélère enfin les animosités ! Après toute une série de pérégrinations, les militaires débarquent enfin dans ce qui ressemble à un laboratoire scientifique. Sur place, ils découvrent les abominations et les aberrations médicales pratiquées par un certain Viktor Frankenstein, un médecin atteint par le Complexe d'Icare et nouvelle variation du Docteur Josef Mengele.
En vérité, le long-métrage justifie uniquement son visionnage pour sa galerie impressionnante de créatures, à savoir des soldats "nazillards" métamorphosés en zombies robotiques. Certaines saynètes de chirurgie cérébrale méritent elles aussi qu'on s'y attarde quelque peu. Toutefois, pas de quoi pavoiser ni se relever la nuit ! En l'état, Frankenstein's Army séduira peut-être les aficionados du cinéma gore, à condition de fermer les yeux sur l'inanité et la vacuité de la première partie du film, ainsi que sur les conversations absconses et sibyllines. Indubitablement, Frankenstein's Army possède un sérieux potentiel. Hélas, Richard Raaphorst n'est pas le cinéaste de la situation.

Note : 07/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Day Of The Animals (Les animaux sont redevenus les maîtres du monde)

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Genre : horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 1977

Durée : 1h30

Synopsis : (1) Un groupe de randonneur dirigé par le ranger Steve Buckner est héliporté dans la montagne. Dans le même temps des flashs d'information inquiétants signalent que le trou dans la couche d'ozone pourrait troubler le comportement des animaux qui vivent en altitude. Le groupe commence sa randonnée, ils seront bientôt confrontés aux comportements inhabituels des animaux (1).  

La critique :

La sortie de Les Oiseaux (Alfred Hitchcock, 1963) marque une rupture rédhibitoire dans le cinéma horrifique. A travers ce film d'épouvante aux allures eschatologiques, le maître du suspense crée et invente une nouvelle forme de terreur dans le Septième Art, ces volatiles qui assaillent sans raison une petite communauté humaine. Plus que de vulgaires oisillons, les créatures semblent sourdre de nulle part, du vide et plus précisément d'un néant indicible.
Une didactique qui va inspirer de nombreux longs-métrages horrifiques, eux aussi centrés sur des agressions animales. Au hasard, comment ne pas citer Les Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1975) qui reprend peu ou prou la même thématique, même si le cinéaste étaye davantage son sujet ? Viennent également s'ajouter Piranhas (Joe, Dante, 1978), The Breed (Nicholas Mastandrea, 2006), ou encore Open Water : En Eaux Profondes (Chris Kentis, 2003).

Toutes ces pellicules, parfois de qualité erratique, confrontent des individus à leurs propres pulsions reptiliennes et archaïques. Face à une menace imminente, ineffable et invisible, l'homme doit revenir à ses réflexes de jadis, ceux qui le conditionnent à sa propre survie. A l'instar de la faune, l'homme est aussi un animal, certes doué d'une psychologie complexe, sociale et civilisationnelle. C'est ce que tente de d'affirmer William Girdler à travers Day of the Animals, réalisé en 1977.
Lui aussi va largement marquer les persistances rétiniennes en son temps. Si le long-métrage reste hélas trop méconnu dans nos contrées hexagonales, il reste une référence d'effroi et de terreur pour toute une pléthore de cinéastes américains. Pour preuve, le film influencera un remake officieux, l'inénarrable Les Bêtes Féroces Attaquent (Franco Prosperi, 1984).

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Surtout, Day of the Animals s'inscrit dans la dialectique et la rhétorique de tous ces films anticipationnels des années 1970. A l'instar de films tels que Soleil Vert (Richard Fleischer, 1974), L'Âge de Cristal (Michael Anderson, 1976), THX 1138 (George Lucas, 1971), ou encore Mad Max (George Miller, 1979), le métrage de William Girdler décrit une société humaine en pleine décrépitude. Pourtant ici, point de guerre nucléaire ni de société post-atomique, mais un monde menacé de néantisation par sa faune et sa flore, en pleine dissidence contre la folie des hommes.
Une thématique sur laquelle nous reviendrons ultérieurement. La distribution du film réunit Leslie Nielsen, Christopher George, Lynda Day George, Richard Jaeckel, Michael Ansara, Ruth Roman, Paul Mantee et Andrew Stevens.

Certes, les adulateurs de l'acteur Leslie Nielsen seront peut-être surpris de retrouver le comédien dans u, registre horrifique. C'est vite oublié la carrière pléthorique de l'interprète. Pour mémoire, Leslie Nielsen a déjà oeuvré dans la science-fiction (Planète Interdite, Fred McLeod Wilcox, 1956), dans le genre catastrophe (L'Aventure du Poséidon, Ronald Neame, 1972) et même à plusieurs reprises dans le registre de l'épouvante (La Créature des Ténèbres, Harvey Hart, 1965).
Donc, gare à ne pas caricaturer l'acteur aux comédies goguenardes et parfois un peu triviales ! Mais revenons au synopsis de Day of the Animals ! Le speech est donc le suivant. Attention, SPOILERS ! Un groupe de randonneur dirigé par le ranger Steve Buckner est héliporté dans la montagne. Dans le même temps des flashs d'information inquiétants signalent que le trou dans la couche d'ozone pourrait troubler le comportement des animaux qui vivent en altitude.

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Le groupe commence sa randonnée, ils seront bientôt confrontés aux comportements inhabituels des animaux. Dès l'introduction, William Girdler a le mérite de présenter les inimitiés. Un groupe de randonneur sillonnent les anfractuosités d'une montagne. L'aéropage est scruté et épié par un rapace qui ne tarde pas à alerter ceux de son espèce. Bientôt, ce sont d'autres animaux - entre autres un ours, des léopards, des chiens, des loups, des serpents et mêmes des rats - qui arborent un comportement agressif et même meurtrier. Sans raison apparente, la faune se regimbe contre une communauté humaine. L'explication, à priori irrationnelle, semble se situer dans une couche d'ozone en voie de raréfaction, cette curiosité scientifique ayant des conséquences délétères sur ces mêmes comportements sauvages et criminels. Plusieurs messages transmis à la radio alertent la population locale sur cet étrange phénomène.

Premier constat, Day of the Animals reste sans doute l'un des films d'horreur les plus impressionnants en termes d'agressions animales. En général, le registre se polarise souvent sur une espèce en particulier (le requin, le crocodile ou encore le canidé), mais pas sur l'ensemble de la faune et de la flore. Dès lors, difficile d'imaginer le nombre de prises qui ont été effectuées, tournées et réitérées, ainsi que le nombre d'heures de dressage que le film a pu exiger.
D'autant plus que le long-métrage ne bénéficie pas encore, à l'époque, de la technologie actuelle et ne fait pas appel à la technique de la stop-motion. Ce sont donc de véritables animaux qui apparaissent toujours subrepticement à l'écran, ces derniers ayant les crocs affûtés. Ainsi, Day of the Animals peut s'enorgueillir de saynètes d'agressions particulièrement impressionnantes : un homme assailli par des rongeurs qui lui sautent sur le faciès, une femme précipitée par des rapaces, ou encore une mère et son fils tarabustés par une meute de loups dans un hélicoptère.

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Indubitablement, Day of the Animals est un film choc qu'il conviendra de réserver à un public averti. Curieux par ailleurs que le long-métrage soit "seulement" interdit aux moins de 12 ans. En outre, une interdiction aux moins de 16 ans n'aurait pas été usurpée. Toutefois, malgré ses qualités inhérentes, Day of the Animals n'est pas exempt de tout reproche. Si l'interprétation reste plutôt correcte, certains personnages ne présentent que peu d'intérêt et n'échappent pas aux poncifs ainsi qu'aux stéréotypes habituels. Il faudra donc se contenter d'une matriarche en difficulté avec son jeune éphèbe indocile, d'une jeune femme qui subit les satyriasis d'un Leslie Nielsen xénophobe et concupiscent, et d'un chef de groupe qui tente de lutter contre ces animaux acrimonieux.
Vous l'avez donc compris. Le casting humain se fait chiper la vedette par la faune locale. C'est souvent une habitude dans ce genre de film. Toutefois, ne soyons pas si sévère. Dans le genre agression animale, Day of the Animals reste indiscutablement un bon film. C'est déjà pas mal.

Note :14/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : http://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/236-day-of-the-animals

Viral - 2016 (Mesures de quarantaine)

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Genre : horreur, épouvante
Année : 2016

Durée : 1h25

Synopsis : Frappée par une tragédie familiale, Emma Drakeford, une jeune adolescente, commence à documenter sa vie sur vidéo pour un projet d’école. Sa vie est totalement chamboulée lorsqu’un terrible virus sévit dans sa petite ville, transformant ses amis et ses voisins en monstres vicieux. Prise au piège d’une ville en quarantaine, Emma et sa famille pensent être à l’abri du danger, mais lorsque le virus se fraye un chemin dans leur maison, ils doivent prendre une décision impossible – si une personne que vous aimez devient une menace, est-ce-que vous la tuez de sang froid ou est-ce-que vous mettez votre propre vie en danger ? 

La critique :

Depuis l'immense succès de la saga Paranormal Activity, le cinéma horrifique américain semble désormais s'orienter vers nos chers éphèbes indociles. Telle est la cible privilégiée du cinéma d'épouvante actuel. Une didactique que ne risque pas de démentir Viral, réalisé par Ariel Schulman et Henry Joost en 2016. Pour information, le long-métrage n'a pas bénéficié d'une distribution dans les salles obscures. Le film est donc sorti directement en vidéo.
Derrière Viral, on retrouve par ailleurs deux cinéastes bien connus du public juvénile puisque les deux comparses ont déjà signéParanormal Activity 3 (2011), Paranormal Activity 4 (2013) et Nerve (2016), autant de productions qui ne laisseront pas un souvenir impérissable. Autant dire que l'on ne frémissait pas d'impatience à l'annonce de la sortie de Viral.

De surcroît, le métrage a été présenté en compétition lors du festival de Gérardmer en 2017, laissant les spectateurs hagards. Reste à savoir si Viral mérite une telle rebuffade. Réponse dans les lignes à venir... De facto, ce n'est pas la première fois qu'un film d'épouvante, à tendance eschatologique, aborde le thème, toujours spinescent, d'une contamination exponentielle et irréfragable. Les adulateurs du cinéma d'horreur citeront aisément Rec (Jaume Balaguero et Paco Plaza, 2007), Dernier Train pour Busan (Yeon Sang-Ho, 2016), L'Enfer des Zombies (Lucio Fulci, 1979), La Nuit des Morts-Vivants (George A. Romero, 1968), ou encore The Thing (John Carpenter, 1982).
Pour le cinéma d'épouvante, l'infection rime souvent avec une humanité vouée à sa perte et condamnée à se transformer en créatures cannibales.

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Point d'anthropophagie dans Viral ni de saynètes particulièrement érubescentes puisque le film n'a pas bénéficié de la moindre interdiction. Dans la lignée d'un World War Z (Marc Forster, 2013), néanmoins avec un budget beaucoup moins dispendieux, Viral se veut résolument tout public. La distribution du film réunit Analeigh Tipton, Sophia Black D'Elia, Michael Kelly et Travis Tope. Attention, SPOILERS ! Frappée par une tragédie familiale, Emma Drakeford, une jeune adolescente, commence à documenter sa vie sur vidéo pour un projet d’école. Sa vie est totalement chamboulée lorsqu’un terrible virus sévit dans sa petite ville, transformant ses amis et ses voisins en monstres vicieux.
Prise au piège d’une ville en quarantaine, Emma et sa famille pensent être à l’abri du danger, mais lorsque le virus se fraye un chemin dans leur maison, ils doivent prendre une décision impossible – si une personne que vous aimez devient une menace, est-ce-que vous la tuez de sang froid ou est-ce-que vous mettez votre propre vie en danger ? 

A l'aune de ce synopsis, difficile de ne pas songer à une sorte de nouvel avatar de La Nuit des Fous Vivants (George A. Romero, 1973). Hélas, la comparaison s'arrête bien là. Contrairement au film de George A. Romero, Viral n'a aucune velléité politique, idéologique ni sociologique. Iconoclastes, Ariel Schulman et Henry Joost tancent et vitupèrent le cinéma horrifique de jadis pour une pellicule résolument moderne, centrée sur deux jouvencelles hédonistes.
En outre, difficile de ne pas tiquer devant ce scénario de facture basique et conventionnelle. Premier constat, Ariel Schulman et Henry Joost éludent prestement la profusion d'informations sur cette nouvelle forme de contamination, claustrant rapidement ses principaux protagonistes. D'ailleurs, ces derniers se comptent sur les doigts d'une main atrophiée puisque le film se polarise presque exclusivement sur deux soeurs aux personnalités antagonistes, Stacey et Emma. 

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Si la première se montre peu farouche, la seconde est beaucoup plus pudibonde. Certes, Emma s'acoquine et s'énamoure de son voisin mais n'ose pas réellement franchir le rubicond. Parallèlement, une de ses camarades de lycée tombe en pamoison dans la cour de récréation avant d'éructer sur le faciès d'un autre lycéen. C'est sans doute l'une des rares digressions de Viral, un peu trop timoré pour convaincre sur sa courte durée, à peine une heure et 25 minutes de bobine.
Dans Viral, les adultes sont rapidement évincés au profit d'une pellicule clairement orientée vers et pour le public juvénile en manque de sensations fortes. Hélas, le suspense et la tension sont les grands absents de cette pellicule fauchée comme les blés. Il faudra donc s'armer de patience avant d'assister à une première saynète d'action et/ou d'épouvante.

Plutôt pingres, Ariel Schulman et Henry Joost nous servent une vieille séquence de belligérance en pleine fête estudiantine, avant de transformer leur pellicule en huis clos horrifique. Toutefois, pas de quoi pavoiser ! Ne vous attendez donc pas à tressaillir sur votre siège, à moins d'être totalement réfractaire à la vision de parasites, par ailleurs réalisés en images de synthèse. Une question reste toujours au suspend. Viral est-il aussi laborieux que le laisse envisager cette chronique ?
Exempt de tous ces défauts, hélas préjudiciables à la qualité du film, Viral possède quelques atouts dans sa besace. En l'occurrence, les deux comédiennes principales, Sophia Black D'Elia et Analeigh Tipton en tête, tirent leur épingle du jeu.
Mieux, les actrices sauvent carrément le long-métrage de l'anémie généralisée. Beaucoup trop timoré dans ces saynètes horrifiques, le film s'extirpe avec difficulté de la médiocrité uniquement lorsqu'il se focalise sur cet amour indéfectible entre deux soeurs que tout oppose. Chronique courte aujourd'hui mais sincèrement, je ne vois pas quoi dire de plus sur ce film.

Note : 08/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Robot Monster (Envoyez les rayons calcinateurs !)

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Genre : science-fiction
Année : 1953

Durée : 1h06

Synopsis : Un Monstre-Robot est envoyé sur Terre avant une invasion qui doit avoir lieu incessamment sous peu. Son objectif: capturer des humains afin de les ramener à son chef. Mais plus le robot passe de temps auprès d'eux, plus il s'attache, rendant sa mission de plus en plus difficile...  

La critique :

Certes, le nom de Phil Tucker ne doit pas vous évoquer grand-chose et pour cause... Puisque le cinéaste, producteur, monteur et scénariste américain a essentiellement officié pour le compte d'un cinéma obscur, via des films de strip-tease, et donc confinés dans les affres des oubliettes. En gros, si quelqu'un a déjà entendu parler de Dance Hall Racket (1953), Dream Follies (1954), Strips Around the World (1955), ou encore de Broadway Jungle (1955), qu'il me téléphone de toute urgence !
En outre, le nom de Phil Tucker est intrinsèquement reliéà un nanar science-fictionnel, mais pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit de Robot Monster, sorti en 1953, et qui reste le long-métrage le plus notoire du cinéaste. Pendant plusieurs décennies, cette série Z impécunieuse disputera la couronne du plus mauvais film de science-fiction de toute l'histoire du cinéma, une gloriole finalement chipée par Plan 9 From Outer Space (Ed Wood, 1959), et bien des années plus tard par Turkish Star Wars (Cetin Inanç, 1982).

La raison d'une telle rebuffade ? La réponse tient, entre autres, dans le costume fantaisiste et ubuesque de l'extraterrestre de service, un certain Ro-Man. Au moment du tournage du film, Phil Tucker n'a pas les moyens d'investir dans des effets spéciaux et des costumes onéreux. Il fait alors appel aux soins et à l'érudition (sic...) d'un ami, George Barrows, qui interprète souvent des rôles de gorille pour le cinéma. Au fin fond de son grenier, celui-ci possède encore un vieil accoutrement simien.
Circonspect, Phil Tucker décide de rajouter un scaphandrier, nanti de deux longues antennes, pour conférer à son alien un aspect plus comminatoire et science-fictionnel. Un choix grotesque qui suscite évidemment les acrimonies et les billevesées lors de la sortie du film dans les salles obscures, d'autant plus que Robot Monster est affublé de la mention 3D.

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Pour une raison encore méconnue et pour le moins saugrenue, le film débute et se conclut par des stock-shots de pugilat entre des dinosaures azimutés, saynètes qui proviennent à la fois de Tumak, fils de la jungle (Hal Roach, 1940), de Lost Continent (Sam Newfield, 1951) et de Flight To Mars (Lesley Selander, 1951). Tancé, vitupéré, vouéà l'opprobre et aux gémonies, Robot Monster se solde évidemment par un échec commercial. Dépité, Phil Tucker défendra néanmoins son film et son gorille aliéné jusqu'à sa mort en 1985. Pour l'anecdote, le cinéaste fera même une tentative de suicide peu après la sortie du film. Pour le réalisateur infortuné, il faudra patienter plusieurs décennies avant de voir Robot Monster ériger au statut des plus grands nanars science-fictionnels.
Les adulateurs exaltent une pellicule décérébrée et s'amusent à notifier les nombreuses aberrations du film.

Parmi ces louangeurs, on trouve un certain Joe Dante, qui rendra hommage àRobot Monsterà travers les espiègleries de Les Looney Tunes passent à l'action (1993), le terrible Ro-Man effectuant une apparition impromptue. Sur le site Nanarland, Robot Monster a trouvé une place privilégiée et est logiquement considéré comme l'un des parangons du nanar, en l'occurrence involontaire. Car l'air de rien, le film a de réelles velléités. La distribution de cette série Z science-fictionnelle réunit George Nader, Claudia Barrett, Selena Royle, John Mylong, Pamela Paulson et évidemment George Barrows dans le rôle du fameux Ro-Man. Le synopsis de Robot Monster est pour le moins amphigourique et incompréhensible. Donc merci d'attacher vos ceintures !
Attention, SPOILERS ! (1) Dans un coin de Californie, la famille d'un archéologue scientifique se réunit pour un pique-nique.

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Un des enfants s'égarant près d'une grotte, il fait face à un extraterrestre robotique au corps de gorille. Se faisant appeler « Ro-Man », il vient de dévaster la population humaine de la planète et a ramenéà la vie des dinosaures grâce à un puissant rayon destructeur pour le compte de son maître, le Guide Suprême. La famille ayant miraculeusement survécu grâce à un médicament pris au préalable, ils devront échapper à Ro-Man (1). Pour l'anecdote, Robot Monster sera tourné seulement en l'espace de quatre petites journées, avec sept acteurs au total, et pour un budget alloué et estiméà 15 000 malheureux dollars (source : http://gotomars.free.fr/forestier.html).
Dès l'introduction, Phil Tucker a le mérite de présenter les inimitiés via un combat incongru entre deux vrais lézards filmés en gros plans pour l'occasion, puis par un autre pugilat entre deux dinosaures, cette fois-ci filmés en stop-motion.

Toute l'ingénuité de Robot Monster se trouve dans ces deux saynètes laconiques, d'une cancrerie affligeante. Ainsi, Robot Monster pourrait se résumer de façon très schématique : des dinosaures qui s'empoignent sans raison apparente, un extraterrestre protéiforme qui batifole dans de verts pâturages alors que la Terre vient d'être atomisée, et une poignée de survivants humains condamnés à soliloquer. Le film est régulièrement ponctué par des crépitements d'images censés représenter des rayons calcinateurs envoyés par Ro-Man et son maître, appelé le Grand Guide.
Evidemment, Robot Monster s'inscrit dans le sillage et le continuum de toutes ces productions science-fictionnelles soucieuses de la Guerre Froide et de l'ère atomique, un peu à la manière de Le Jour où la Terre S'Arrêta (Robert Wise, 1951), La Guerre des Mondes (Byron Haskin, 1953), ou encore L'Homme Qui Rétrécit (Jack Arnold, 1957).

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Hélas, et vous vous en doutez, la comparaison s'arrête bien là. Robot Monster se démarque surtout par ses aberrations scénaristiques. Un seul extraterrestre parvient à détruire la planète entière, soit deux milliards d'êtres humains à l'époque. Même les scientifiques les plus aguerris ne parviennent pas à juguler les vils desseins du primate avec une tête de scaphandrier. Seuls quelques quidams, une famille de pecnos en l'occurrence, parvient à déjouer les roueries de cet extraterrestre simiesque.
En dépit des objurgations de son maître, Ro-Man s'acoquine et s'énamoure avec une jeune femme de passage, une certaine Alice, qui passe son temps à pousser des cris d'orfraie. C'est ainsi qu'il s'ouvre aux émotions et aux sentiments humains. Pusillanime, Phil Tucker élude de s'immiscer sur ce chemin escarpé et conclut sa série Z en toute hâte, par un inévitable - je vous donne dans le mille - combat entre deux dinosaures. Le décor, pour le moins prosaïque, se limite à une seule et unique grotte. L'armada de l'extraterrestre ? Il faudra se contenter d'un vieux poste-radio de l'époque qui émet des bulles ! Bref, vous l'avez compris. Robot Monster est d'une nullité abyssale !
Pourtant, par ses facéties, sa ringardise et sa goguenardise, ce nanar se révèle tellement loufoque et absurde qu'il en devient étrangement sympathique.

Côte :Nanar

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Robot_Monster

Cold Prey (Slasher norvégien)

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Genre : horreur, épouvante, slasher (interdit aux - 16 ans)
Année : 2006

Durée : 1h37

Synopsis : Jannicke, Morten, Eirik, Mikael et Ingunn, sont 5 jeunes Norvégiens qui décident de partir en vacances dans les montagnes de Jotunheimen, afin de pouvoir faire du snowboard.
Alors qu'il sont isolés de tout Morten se casse la jambe. Les 5 amis vont alors se réfugier dans un hôtel abandonné, mais se rendent rapidement compte que l'endroit n'est pas aussi désert qu'il n'y paraît.  

La critique :

Toujours la même ritournelle. Vers le milieu des années 1990, la sortie de Scream (Wes Craven, 1996) relance l'engouement du grand public pour les slashers et les croquemitaines décérébrés ! Dans la foulée de son succès, le long-métrage de Wes Craven se transmute en une franchise lucrative, engendrant de nombreux épigones, notamment Souviens-Toi... L'Eté Dernier (Jim Gillespie et Kevin Williamson, 1997), Mortelle Saint-Valentin (Jamie Blanks, 2001), ou encore Urban Legend (Jamie Blanks, 1999). Toutes ces pellicules horrifiques pré-pubères s'inspiraient déjà de grands classiques de l'épouvante.
Pour griffonner le scénario de Scream, Wes Craven et Kevin Williamson n'ont jamais caché leur admiration pour Halloween, la nuit des Masques (John Carpenter, 1978), lui-même un avatar de Black Christmas (Bob Clark, 1974).

Le cinéma d'horreur, et plus précisément le slasher, est donc un cinéma du passé. Et ce n'est pas Cold Prey, Fritt Vilt de son titre original, et réalisé par Roar Uthaugh en 2006, qui risque d'inverser ni de contrarier cette didactique. A la seule différence que Cold Prey n'est pas un produit hollywoodien et provient des terres norvégiennes. Si le film n'a pas bénéficié d'une distribution à l'époque dans les salles françaises, il a néanmoins obtenu un véritable plébiscite dans son pays, se hissant parmi les premières places. A tel point que le film se transformera en une trilogie.
Par ailleurs, les chapitres suivants, Cold Prey 2 (Mats Stenberg, 2008) et Cold Prey 3 (Mikkel Sandemose, 2010), sortiront directement, eux aussi, en vidéo dans nos contrées hexagonales. Quant à Roar Uthaugh, le metteur en scène a débuté sa carrière cinématographique vers le milieu des années 1990, principalement dans l'industrie musicale et publicitaire.

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Il refusera de réaliser Cold Prey 2 tout en participant à la production du film. Ses métrages suivants ne risquent pas de vous évoquer grand-chose même si Le Secret de la Montagne Bleue (2009), Dagmar : l'âme des vikings (2012) et The Wave (2012) connaîtront une sortie (très) discrète en France, toujours par l'intermédiaire du DTV (direct-to-video). Actuellement, Roar Uthaugh officie sur le tournage de Tomb Raider, prévu en 2018, soit le reboot de la célèbre franchise amorcée en 2001 par l'intermédiaire de Simon West avec Lara Croft : Tom Raider.
Mais revenons àCold Prey premier du nom ! Hormis son succès surprise sur ses terres norvégiennes, le long-métrage sera présenté en compétition dans divers festivals. C'est ainsi que Cold Prey octroie de nombreuses récompenses, notamment lors du festival international de cinéma de Trondheim.

Même les critiques et la presse cinéma se montrent unanimement panégyriques. Cold Prey signerait donc le renouveau du slasher, un genre anomique depuis plusieurs décennies et l'avènement des sagas Vendredi 13, Scream et Halloween dans les salles obscures. Reste à savoir si ce premier épisode mérite de tels dithyrambes. Réponse dans les lignes à venir... La distribution du film réunit Ingrid Bolso Berdal, Rolf Kristian Larsen, Tomas Alf Larsen, Endre Midtstigen et Viktoria Winge.
Bref, si vous connaissez un acteur dans ce casting, merci de me téléphoner de toute urgence ! Attention, SPOILERS ! Jannicke, Morten, Eirik, Mikael et Ingunn, sont 5 jeunes Norvégiens qui décident de partir en vacances dans les montagnes de Jotunheimen, afin de pouvoir faire du snowboard. Alors qu'ils sont isolés de tout Morten se casse la jambe.

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Les 5 amis vont alors se réfugier dans un hôtel abandonné, mais se rendent rapidement compte que l'endroit n'est pas aussi désert qu'il n'y paraît. Premier constat, Cold Prey ne brille pas vraiment pas son scénario, beaucoup trop atone et conventionnel pour susciter réellement l'adhésion. A l'instar des autres slashers déjà précités, Cold Prey déploie des personnages sans véritable envergure. Finalement, les héros de Cold Prey sont des étudiants fêtards et hédonistes qui partent batifoler dans la neige et dans un endroit éculé. De facto, la force de Cold Prey ne situe pas non plus (du tout...) dans ses protagonistes, assez faméliques par ailleurs. Le croquemitaine en lui-même n'est qu'un énième succédané de Michael Myers, à la seule différence que le sociopathe ne se tapit pas derrière un masque d'albâtre, mais sous les oripeaux d'un esquimau azimuté.

Nul doute que cette petite historiette horrifique a pu désarçonner et effrayer les Norvégiens, visiblement très impressionnables. Car objectivement, Cold Prey ne se démarque pas vraiment de la litanie habituelle. Seule petite consolation, la qualité de la mise en scène et la superbe photographie agencée par les soins de Roar Uthaugh, tout sauf un manchot derrière la caméra ! Pour le reste, Cold Prey accumule et collectionne tous les poncifs et les stéréotypes du slasher anémique.
Pourtant, Roar Uthaugh prend son temps pour planter le décor et ses personnages. Ainsi, la tension montre crescendo. Cependant, il faudra s'armer de patience et attendre pas moins de quarante minutes avant d'assister à la première saynète d'épouvante. Sur la forme comme sur le fond, Cold Prey ne justifie aucunement son interdiction aux moins de 16 ans. Si on relève ici et là quelques séquences anxiogènes, le film ne se démarque jamais de la concurrence, laissant un sentiment plutôt mitigé lors de son générique final. Seul le visuel glacial et austère de cette pellicule lui permet réellement de dénoter face à ses augustes devanciers. Pourtant, sur la forme, Cold Prey s'apparente à un nouvel avatar d'Halloween ou de Vendredi 13 - vous choisirez - se déroulant dans la neige et dans le blizzard norvégien.

Note : 10/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

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