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Open Water : En Eaux Profondes (Juste le mouvement des vagues...)

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Genre : horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 2003

Durée : 1h20

Synopsis : Susan et Daniel sont venus aux Bahamas pour se détendre, et ils en ont bien besoin. Adeptes de la plongée, ils s'inscrivent pour une sortie sur la barrière de corail. Parce que le bateau est trop plein, parce que l'équipage ne fait pas vraiment attention, ils se retrouvent seuls, perdus au large, dans des eaux infestées de requins.  

La critique :

Toujours la même ritournelle... C'est avec Les Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1975) que les squales affamés et aux incroyables rotondités vont connaître leur apogée dans le cinéma horrifique. A travers ce film, Steven Spielberg propose un cadre simple et rudimentaire (une station balnéaire) bientôt tarabustée par un monstre aquatique. Dès lors, le cinéaste développe une réflexion sur l'appétit insatiable des capitalistes mercantiles, prêts à sacrifier les touristes au nom du lucre et du merchandising. Le vrai requin, ce n'est pas forcément ce poisson gargantuesque qui semble sourdre de nulle part, mais ces édiles politiques à la solde d'un capitalisme cupide.
Dans sa seconde partie, le film se transmute en partie de chasse et n'est pas sans rappeler, par certaines accointances, l'histoire de Moby Dick, un opuscule griffonné par les soins d'Herman Melville. 

De facto, on comprend mieux pourquoi Les Dents de la Mer - Jaws de son titre original - reste le ou l'un des parangons du genre "agression animale". Bientôt, le film de "Spielby" engendre de nombreux épigones, notamment La Mort au Large (Enzo G. Castellari, 1981), souvent considéré comme le "Jaws transalpin", le talent, la pécune et l'érudition en moins. Depuis le début des années 2000, l'attaque de squale connaît une étonnante résurrection, cette fois-ci sous l'angle de la potacherie et de la dérision. Les sociétés de production Nu Image et Asylum se chargent de tourner les poissons titanesques en ridicule via plusieurs pellicules aux titres évocateurs, entre autres Sharktopus (Declan O'Brien, 2010), Shark Attack 3 : Megalodon (David Worth, 2002), Mega Shark Vs. Crocosaurus (Christopher Ray, 2010), ou encore Mega Shark Vs. Giant Octopus (Jack Perez, 2009). 

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Bref, l'ère de Les Dents de la Mer semble définitivement révolu. A l'exception de quelques pellicules notables, aucun long-métrage ne parvient à s'extirper et à réitérer le choc frontal du film de Steven Spielberg. Le genre "requins belliqueux" est-il capable de se renouveler sous l'égide d'un autre réalisateur ?Oui, argue un autre cinéaste du nom de Chris Kentis et réalisateur d'Open Water : En Eaux Profondes, sorti en 2003. Si le long-métrage n'est pas aussi notoire que le chef d'oeuvre horrifique de "Spielby", il est souvent cité comme une référence incontournable.
Reste à savoir si Open Water mérite de tels panégyrismes. Réponse dans les lignes à venir... A priori, rien ne prédestine Open Waterà marquer durablement les persistances rétiniennes. Contrairement àJaws, la pellicule de Chris Kentis n'est pas un blockbuster.

Pis, il s'agit d'une production impécunieuse financée par le metteur en scène et son épouse, Laura Lau, deux amateurs de plongée sous-marine. C'est en écumant les festivals, notamment celui de Sundance, qu'Open Water commence à susciter l'intérêt et l'enthousiasme de la société Lions Gate, qui rachète le film pour la modique somme de 2.5 millions d'euros (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Open_Water_:_En_eaux_profonde).
Si le long-métrage ne bénéficie par d'une distribution dans les salles obscures, il connaît néanmoins un succès phénoménal en vidéo, à tel point qu'une suite, Dérive Mortelle (Hans Horn, 2006), est réalisée dans la foulée. L'argument d'Open Water ? Le film s'inspire de l'histoire vraie de Tom et Eileen Lonergan, un couple de plongeurs abandonnés au milieu de l'océan sur la Grande Barrière de Corail de l'Australie. 

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A son tour, Open Water va influencer de nombreux avatars, eux aussi auréolés par la mention "histoire vraie", notamment Black Water (Andrew Traucki, 2007) et The Reef (Andrew Traucki, 2010). Donc, attention à ne pas euphémiser l'impact d'Open Water dans le registre horrifique ! Au moins, Chris Kentis n'aura pas eu besoin de réunir un casting pléthorique puisque la distribution d'Open Water se compte sur les deux doigts de la main. Pour la petite anecdote, les deux acteurs principaux, Blanchard Ryan et Daniel Travis, passeront plus de 120 heures dans l'eau pour les besoins du film.
Attention, SPOILERS ! (1) Susan Watkins et Daniel Kintner, écrasés par le travail, s'apprêtent à prendre un repos bien mérité dans un hôtel au bord d'une plage des Bahamas. Leur séjour démarre, prometteur, bien que la tension soit encore présente.

Adeptes de la plongée sous-marine, ils s'inscrivent pour une sortie à la barrière de corail. Tôt le matin du second jour, ils embarquent en compagnie d'autres vacanciers. Chacun part de son côté en binôme et se livre aux joies de l'observation du monde aquatique pendant les 35 minutes accordées. Tous enthousiastes, les plongeurs remontent à bord les uns après les autres, comptés par un des moniteurs. Une erreur de comptage des 20 participants fait conclure que tout le monde est remontéà bord et le bateau lève l'ancre.
Lorsque Susan et Daniel émergent avec à peine 5 minutes de retard, ils voient le bateau s'éloigner. 
Au bout de 2 heures d'attente, le couple finit par réaliser qu'ils ont été oubliés et vont devoir passer un long moment seuls dans les eaux profondes de l'océan, sans vivres, parmi les méduses et les requins... (1) A tort, certains contempteurs méjugent l'uppercut asséné par Open Water, qualifiant le film de "pétard mouillé".

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Pourtant, le long-métrage de Chris Kentis remplit largement son office. Mieux, il est la parfaite antithèse de Les Dents de la Mer et se démarque totalement du métrage de Steven Spielberg. Passionné par la plongée sous-marine, Chris Kentis réalise son film comme un documentaire via de nombreuses vues panoramiques. Certes, ces mêmes détracteurs pourront tancer et maronner après une pellicule en forme de carte postale. Ainsi, la première partie du film se centre sur les paysages mirifiques de l'Australie, un pays de l'hémisphère sud aux couleurs chatoyantes et nimbé par de nombreux animaux exotiques. Mais c'est aussi cela Open Water, ce retour à ce monde sauvage, primal et archaïque. 
Et c'est aussi la douloureuse expérience que vont vivre Susan et Daniel. C'est la seconde partie d'Open Water

En outre, la formule ânonnée par Chris Kentis est aussi basique que laconique. Les deux tourtereaux partent batifoler dans les tréfonds de l'océan. Hélas, lors de leur retour à la surface, ils constatent, avec effroi, qu'ils ont été oubliés (je renvoie au synopsis). Les secours mettront un certain temps (à priori, plus de 24 heures) avant de constater leur disparition. Pour lutter contre une nature hostile, ineffable et invisible, Susan et Daniel sont condamnés à flotter au beau milieu de l'océan avec leurs palmes et armés d'un vulgaire canif. Pas de quoi faire sourciller les méduses de passage !
Ainsi, le spectateur est conviéà imaginer le calvaire des deux plongeurs tétanisés. Ici, peu ou prou d'artifice, d'effets spectaculaires ni de requins à l'appétit insatiable. Juste le mouvement des vagues, comme si la menace provenait du vide et finalement d'un néant indicible. L'océan devient donc le troisième personnage du film, celui qui assaille sans prévenir. En l'occurrence, Open Water se veut être le plus réaliste possible. Cette fois-ci, personne ne triomphera du squale affamé. 
Personne ne viendra sauver Daniel et Susan. Pis, l'époux infortuné sera happé par un requin de passage et exhalera son dernier soupir dans les bras de son épouse, elle aussi condamnée. Seul petit bémol, la récursivité de certaines séquences qui pourra peut-être décontenancer les esprits les plus réfractaires. Mais ne soyons pas si sévère, avec Piranhas (Joe Dante, 1978), Open Water est un sérieux concurrent au trône détenu et assiégé par Les Dents de la Mer

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film : https://fr.wikipedia.org/wiki/Open_Water_:_En_eaux_profondes


Street Fighter : L'Ultime Combat ("Vaya con dios Raul Julia")

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Genre : action, arts martiaux
Année : 1994

Durée : 1h42

Synopsis : En Asie du Sud-Est, le Général Bison menace de faire éclater une Guerre Mondiale si on ne lui accorde pas 20 milliards de dollars, en échange de la vie de 63 membres des nations alliées qu'il a pris en otage. Pour le stopper ces plans, le colonel William Guile s'organise de son côté. 

La critique :

C'est essentiellement en tant que scénariste que Steven E. de Souza a officié pour le compte du cinéma. En outre, le Septième Art lui doit plusieurs scripts notables et notoires, entre autres 48 Heures (Walter Hill, 1982), Running Man (Paul Michael Glaser, 1982), Piège de Cristal (John McTiernan, 1988), 58 Minutes pour Vivre (Renny Harlin, 1990), ou encore Piège à Hong Kong (Tsui Hark, 1998). Steven E. de Souza a donc principalement oeuvré pour un cinéma d'action martial et burné.
De facto, il n'est pas très étonnant de le retrouver derrière Street Fighter : l'ultime combat, sorti en 1994, et qui constitue à la fois son troisième et dernier long-métrage. Est-il absolument nécessaire de préciser que le film est aussi l'adaptation d'une série de jeux vidéo édités par Capcom, et qui a connu une véritable effervescence en son temps ?

Jugé inadaptable au cinéma, Street Fighter : l'ultime combat fait fabuler les adulateurs du matériel originel. A contrario, certains contempteurs craignent un affreux nanar. Les scores au box-office leur donneront raison. Au moment de sa sortie, le film est victime du mépris goguenard des critiques et de la presse cinéma qui s'acharnent à le démolir. Les fans du jeu vidéo viennent bientôt s'ajouter aux inimitiés, fustigeant une pellicule amphigourique et peu respectueuse de l'univers déployé par Capcom. La principale diatribe concerne la transposition trop libre des personnages.
Premier grief, l'absence de Feilong, une sorte d'avatar de Bruce Lee. C'est justement pour cette raison et par respect pour l'artiste martial que Steven E. de Souza et ses scénaristes choisissent d'évincer ce protagoniste. Pour le reste, les autres combattants sont largement remaniés et même relookés pour l'occasion.

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Par exemple, Dhalsim est un scientifique à la solde de Bison. Honda n'est plus ce sumotori guerroyeur mais un vulgaire perchman arborant une chemise hawaïenne. Quant à T. Hawk, il ne partage plus aucune accointance avec l'indien vindicatif du jeu publié par Capcom. Même remarque concernant Blanka qui apparaît comme un nouveau clone de Hulk au visage verdâtre et atrocement peinturluré. Bref, la liste des aberrations et des divergences est foisonnante et exhaustive.
Autant de choix incongrus qui désappointeront les thuriféraires du matériel d'origine. Pis, Street Fighter : l'ultime combat s'inscrit bientôt dans la liste des pires films d'action de toute l'histoire du cinéma. Reste à savoir si le long-métrage mérites de telles opprobres et de telles gémonies. Réponses dans les lignes à venir...

La distribution du film réunit Jean-Claude Van Damme, Kylie Minogue, Raul Julia, Ming-Na, Damian Chapa, Roshan Seth, Wes Studi, Byron Mann et Grand L. Bush. Pour l'anecdote, le film connaîtra une suite, Street Fighter : Legend of Chun-Li (Andrzej Bartkowiak, 2009) qui, par ailleurs, ne fait absolument pas mention des événements du premier chapitre. A l'origine, Jean-Claude Van Damme devait reprendre le rôle de Guile, mais le comédien déclinera poliment l'invitation.
Un choix judicieux... Attention, SPOILERS ! (1) 1995
. Shadaloo, pays asiatique, est en proie à la guerre civile depuis 7 mois. La rébellion est menée par le général M. Bison. À la suite d'une nouvelle attaque, il prend 63 membres d'une organisation humanitaire en otages, ainsi que trois soldats, dont Carlos "Charlie" Blanka, un ami du colonel Guile.

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Dans un message télévisé, Bison impose un délai de 72 heures à l'Organisation des Nations Unies pour le versement d'une rançon de 20 milliards de dollars contre leur libération. De son côté, le colonel Guile monte une opération afin de mettre Bison hors d'état de nuire. Il doit préparer l'offensive alors que certaines personnes préfèreraient la négociation. De plus, Guile doit arrêter le clan Shadaloo mené par l'ancien champion de Muay thaï, Sagat. Ce dernier, devenu trafiquant, organise avec l'aide de son meilleur homme (Vega) des combats clandestins.
Ils sont tous deux arrêtés, tout comme Ryu et Ken, deux jeunes karatéka tout juste sortis du dojo. Les deux jeunes hommes souhaitent cependant négocier leur libération avec le colonel Guile. Celui-ci accepte à la condition qu'ils l'aident à s'infiltrer dans la base secrète de Bison.

Dans l'ombre, la journaliste Chun-Li Zhang tente elle aussi d'arrêter Bison ; celui-ci serait responsable de la mort de son père… (1). Selon le propre aveu de Steven E. de Souza, cette adaptation a pour vocation de proposer une étrange ripopée entre les univers de James Bond, Star Wars et de plusieurs grands classiques de films de guerre. Hélas, et vous vous en doutez, la comparaison s'arrête bien là ! Contre toute attente, les arts martiaux sont les grands absents de Street Fighter : l'ultime combat. Une rodomontade ! Avec une telle formule, pour le moins nébuleuse, Street Fighter : l'ultime combat avait peu de chance de séduire. Pourtant, en dépit des apparences, le long-métrage parvient à susciter un simulacre d'intérêt. La seule et unique raison de visionner Street Fighter se nomme Raul Julia, qui décédera d'une attaque cardiaque peu avant la fin du tournage.

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Le film lui est évidemment dédiée. Ainsi, le générique final se conclut de manière funeste et laconique via la mention suivante : "Vaya con dios Raul Julia". Non ce n'est pas Jean-Claude Van Damme, par ailleurs en mode pilotage automatique ni Kylie Minogue, d'une nullité sidérante, qui sauvent cette adaptation cinématographique de sa cancrerie abyssale ; mais derechef Raul Julia. Certes, le comédien cabotine. Néanmoins, il demeure le seul interprète à donner un peu de coeur à l'ouvrage ! Les spectateurs médusés pourront au moins apprécier son excellente partition sous les oripeaux rougeoyants de M. Bison. Sinon, pourquoi s'appesantir longuement sur le reste ?
Dès lors, inutile de préciser que le scénario est le grand absent de ce film d'action épars, grotesque et funambulesque. Les fans du jeu vidéo originel sont donc priés de phagocyter les boules de feu, les "hadouken"à satiété, les combats homériques, ainsi que la genèse des divers protagonistes au profit d'un spectacle - ou plutôt d'un jeu de massacre - d'une rare indigence. Sans la présence de Raul Julia, Street Fighter : l'ultime combat aurait pu aisément prétendre au titre peu glorieux de "naveton joliment périmé". Heureusement, par décence pour l'acteur, le film ne mérite même pas de figurer parmi les nanars insolites de ce blog. Parfaitement non notable, donc !

 

Note : ?

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Street_Fighter_(film)

Black Water - 2007 (Face au plus redoutable des prédateurs)

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Genre : horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 2007

Durée : 1h30

Synopsis : En ballade dans le nord de l'Australie, région tropicale sujette aux inondations, Grace, son petit ami Adam et sa jeune soeur Lee décident de partir pêcher en compagnie d'un guide local. Alors que leur bateau file tranquillement sur la rivière, ils sont attaqués par un crocodile. Le guide est tué et les trois vacanciers se retrouvent bloqués sur un arbre parmi les Mangroves inondées. Pour survivre, ils devront éviter le crocodile mangeur d'hommes et atteindre le bateau qui s'est retourné. 

La critique :

Comme une évidence. La sortie d'Open Water : En Eaux Profondes (Christ Kentis, 2003) marque une rupture rédhibitoire dans le cinéma horrifique, et plus particulièrement dans le registre de l'agression animale. De surcroît, le long-métrage de Chris Kentis est la parfaite antithèse de Les Dents de la Mer. Au lieu de proposer une attaque de squale(s) dans une station balnéaire, le cinéaste transforme sa pellicule en huis clos océanique, un couple de plongeurs ayant été malencontreusement abandonnés et donc condamnés à nager dans un vaste milieu aquatique, envahi par les méduses et des requins affamés. Surtout, Open Water s'inspire d'une histoire vraie et du calvaire de Tom et Eileen Lonergan, un couple de plongeurs abandonnés par mégarde sur la Grande Barrière de Corail de l'Australie.
Si Open Water ne bénéficie pas d'une distribution dans les salles obscures, il se démarque néanmoins dans divers festivals.

Opportunistes, les producteurs rachètent les droits du film et Open Water triomphe par l'intermédiaire de la vidéo. Une didactique qui n'échappe pas à Andrew Traucki et David Nerlich, qui réalisent en 2007, Black Water, soit la réponse version reptilienne àOpen Water. A l'instar du film de Chris Kentis, Black Water relate à son tour un fait réel, à savoir des touristes importunés par les attaques récurrentes d'un saurien. De surcroît, Black Water débarque lui aussi les terres australiennes.
Visiblement, ce pays de l'hémisphère sud est envahi par les crocodiles, une espèce qui a élu domicile dans les régions chaudes et plus précisément dans des marécages cloîtrés au beau milieu de nulle part. Vous l'avez donc compris. Hormis quelques menus détails, le speech de Black Water est quasiment identique à celui d'Open Water.

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La distribution du long-métrage réunit Diana Glenn, Maeve Dermody, Andy Roboreda, Ben Oxenbould et Fiona Press. Attention, SPOILERS ! (1) Après avoir passé Noël chez leur mère, deux sœurs, Grace et Lee, partent en voiture pour explorer les paysages australiens en compagnie d'Adam, le mari de l'une des deux. Il leur vient l’idée de partir pêcher en compagnie d’un guide sur une rivière où, normalement, il ne reste plus beaucoup de crocodiles. Mais la nature est imprévisible et un saurien affamé attaque le petit bateau, tue le guide et oblige les trois survivants à se réfugier dans un arbre.
Perdus au milieu de nulle part avec aucune chance d’atteindre la terre ferme, nos malheureux vacanciers vont devoir faire face à un tueur silencieux et brutal qui, lui, est dans son élément naturel (1)
. A l'aune de ce synopsis, difficile de ne pas songer à un nouvel avatar d'Open Water, tant les analogies sont évidentes.

Reste à savoir si Black Water parvient - ou non - à se démarquer de son auguste épigone. Réponse dans les lignes à venir... A l'instar d'Open Water, Black Water adopte lui aussi un ton quasi documentaire et se polarise à la fois sur les aventures et les pérégrinations d'un trio de touristes. Toutefois, contrairement au film de Chris Kentis, Black Water ne recherche pas à tout prix le réalisme brut de décoffrage. Il suffit de voir la complexion gargantuesque du crocodilien pour s'en rendre compte.
Narquois, Andrew Traucki et David Nerlich dévoilent assez tardivement les crocs affûtés du saurien. 
Dans un premier temps, l'animal apparaît comme une menace invisible, capable de renverser une barque contenant plusieurs passagers. Grace, Lee et Adam se retrouvent alors perchés en haut d'un arbre. Pour eux, impossible de regagner leur navire, le crocodile arpentant sournoisement les tréfonds de Mangroves inondées.

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Ainsi, la tension monte crescendo et repose sur un concept aussi basique que laconique. Black Water propose également un huis clos horrifique, les trois survivants étant condamnés à soliloquer. Les secours ? Ils ne viendront jamais puisque nos trois aventuriers sont cloîtrés dans une sorte de bayou situéà plusieurs dizaines de kilomètres de la terre ferme. La grande force de Black Water repose donc sur son saurien à l'appétit pantagruélique.
Difficile de dire si l'animal a été réalisé en images de synthèse. Visiblement, un grand soin a été apportéà la confection du reptile, particulièrement réaliste pour l'occasion. Ensuite, David Nerlich et Andrew Traucki n'oublient jamais leurs trois principaux protagonistes. Très vite, nos touristes infortunés prennent conscience de leur sort funeste.

Pour regagner la barque, il leur faudra affronter et occire le crocodile. Mais comment lutter contre ce crocodilien du haut d'un arbre et armés de vulgaires bouts de bois ? Hélas, le temps passe. Grace et ses comparses sont blessés, affamés et déshydratés. En l'espace de quelques heures, l'espèce humaine est redescendue tout en bas de l'échelle alimentaire. Andrew Traucki et David Nerlich s'ébaudissent de cet oxymore. Ainsi, les deux cinéastes nous livrent plusieurs séquences avec une réelle sagacité. Indubitablement, Black Water s'impose comme le ou l'un des meilleurs films de crocodile. Par ailleurs, Greg McLean reprendra peu ou prou le même concept avec Solitaire, sorti la même année, mais avec beaucoup moins d'efficacité. Néanmoins, il manque àBlack Water une ou plusieurs saynètes réellement spectaculaires pour se hisser dans le haut du panier.
En 2010, Andrew Traucki poursuivra les animosités, cette fois-ci avec un groupe de touristes assiégés par un squale aux incroyables rotondités, avec The Reef (2010).

Note : 14.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver 

(1) Synopsis : http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=1700&NamePage=black-water

It ! The Terror From Beyond Space (Le huitième passager)

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Genre : science-fiction
Année : 1958

Durée : 1h08

Synopsis : En janvier 1973. Une première expédition humaine, composée de dix cosmonautes, a rejoint la planète Mars et s'y est posée. Depuis, elle n'a plus donné signe de vie. Six mois plus tard, une nouvelle mission, commandée par le colonel Van Heusen, se rend à son tour sur la planète rouge. Elle y découvre le seul survivant du premier équipage, le colonel Edward Carruthers. Le chef de l'expédition semble bel et bien avoir assassiné tous ses coéquipiers...   

La critique :

Certes, le nom d'Edward L. Cahn ne doit pas vous évoquer grand-chose. Pourtant, le réalisateur, scénariste et producteur compte plus d'une centaine de films à son actif, la plupart étant des séries B impécunieuses et totalement méconnues dans nos contrées hexagonales. Si sa carrière cinématographique démarre à l'orée des années 1930 avec Homicide Squad (1931), Edward L. Cahn devra patienter jusqu'au milieu des années 1950 pour connaître enfin la consécration.
Enfin... Consécration... C'est un bien grand mot puisque le cinéaste est paradoxalement tancé, vitupéré et humilié pour avoir signéInvasion of the Saucer Men (1957), un film de science-fiction avec des extraterrestres bellicistes aux yeux globuleux et nantis de griffes acérées. Opportuniste, Edward L. Cahn profite de cette vague pessimiste et post-atomique soucieuse de la Guerre Froide et d'une éventuelle Troisième Guerre Mondiale.

Ainsi, Le Tueur au Cerveau Atomique (1955) et The She-Creature (1956) décrivent des personnages en déliquescence, entre autres, victimes de la radioactivité, un thème récurrent dans le cinéma d'horreur et de SF des années 1950. Considéré comme un honnête artisan du cinéma bis, Edward L. Cahn corrobore cet engouement pour des temps funestes et eschatologiques avec It ! The Terror From Beyond Space, sorti en 1958. L'air de rien, cette production fauchée comme les blés va influencer plusieurs générations de films et de cinéastes, et pas des moindres.
En effet, vingt et un an plus tard, Ridley Scott réalisera Alien : Le Huitième Passager, un long-métrage mélangeant savamment épouvante et science-fiction à travers l'odyssée spatiale du Nostromo, une sorte de cargo bientôt assailli par une créature xénomorphe.

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Ridley Scott n'a jamais caché sa fascination pour les vieux films de SF et d'horreur des années 1950. Pour le scénario et la conception d'Alien : Le Huitième Passager, Ridley Scott et Dan O'Bannon citeront deux influences prépondérantes. La première se nomme La Planète des Vampires (Mario Bava, 1965), la seconde It ! The Terror From Beyond Space. Bon, autant l'annoncer de suite. Même si le premier Alien partage de nombreuses analogies avec le film d'Edward L. Cahn, la comparaison s'arrête bien là ! Néanmoins, It ! The Terror From Beyond Space justifie largement son visionnage, ne serait-ce que pour ses effets spéciaux joliment désuets.
Au moment de sa sortie, It ! The Terror From Beyond Space est plutôt bien accueilli par les spectateurs. Exempt son statut de film indépendant, le métrage parvient à susciter quelques cris d'orfraie dans les salles obscures.

La distribution du film réunit Marshall Thompson, Shirley Patterson, Kim Spalding, Ann Doran, Dabbs Greer, Paul Langton, Robert Bice, Richard Benedict et Ray Corrigan. L'alien belliqueux et anthropomorphe de It ! The Terror From Beyond Space est donc interprété par un certain Ray "Crash" Corrigan, un acteur de seconde zone qui a connu une certaine gloriole dans plusieurs westerns des années 1950. Quant à la créature du film, elle aussi est conçue par les soins d'un autre trublion du cinéma bis. Son nom ? Paul Blaisdell ! Derechef, son nom ne doit pas vous évoquer grand-chose.
Pourtant, cet histrion va créer et confectionner plusieurs monstres dolichocéphales pour le compte du cinéma de SF des années 1950. Par ailleurs, Paul Blaisdell a déjà collaboré avec Edward L. Cahn dans Invasion of the Saucer Men en échafaudant des extraterrestres pour le moins atypiques et fantaisistes. 

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A son actif, Paul Blaisdell peut s'enorgueillir d'autres créatures conçues (en une seule nuit) dans le fin fond de son grenier. Les amateurs de nanardises azimutées citeront aisément sa participation àIt Conquered The World (Roger Corman, 1956), Teenagers From Outer Space (Tom Graeff, 1959), ou encore Day The World Ended (Roger Corman, 1955). Néanmoins entre deux créatures insolites, il lui arrivait parfois de réaliser des costumes et des accoutrements crédibles.
C'est par exemple le cas du monstre de It ! The Terror From Beyond Space. Attention, SPOILERS ! 
En janvier 1973. Une première expédition humaine, composée de dix cosmonautes, a rejoint la planète Mars et s'y est posée. Depuis, elle n'a plus donné signe de vie. Six mois plus tard, une nouvelle mission, commandée par le colonel Van Heusen, se rend à son tour sur la planète rouge.

Elle y découvre le seul survivant du premier équipage, le colonel Edward Carruthers. Le chef de l'expédition semble bel et bien avoir assassiné tous ses coéquipiers... La menace vient de Mars... Une thématique maintes et maintes fois pérorée par le cinéma de science-fiction des années 1950. Toutefois, le film d'Edward L. Cahn met en exergue une nouvelle thématique, celle de la peur de l'étranger capable de s'immiscer dans un aéropage de scientifiques, provoquant à la fois la mort et la désolation. Cette créature ne ressent ni la colère, ni la peur, ni la moindre once d'émotion.
Elle tue avant tout ceux qui ne lui sont pas semblables pour assurer sa propre survie. 
Il s'agit d'un organisme protéiforme, sagace et capable de se tapir dans les coursives d'un vaisseau spatial pour mieux appréhender ses proies. 

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Ca ne vous rappelle pas un classique de l'horreur et de la science-fiction ? Vous l'avez donc compris. Sur la forme comme sur le fond, Alien : le huitième passager s'apparente bel et bien à un remake de It ! The Terror From Beyond Space. Dan O'Bannon et Ridley Scott n'ont donc rien inventé et ne font que psalmodier la vieille recette du cinéma de SF des années 1950. Toutefois, en dépit de ses thématiques et de son extraterrestre difforme, le film d'Edward L. Cahn n'est pas exempt de tout reproche. Si le long-métrage fonctionne comme une sorte de huis clos anxiogène, il a bien souffert du poids des années et brille essentiellement par son obsolescence.
De surcroît, l'alien guerroyeur reste l'attraction principale de It ! The Terror From Beyond Space et chipe, sans barguigner, la vedette au reste du casting, assez famélique en l'occurrence. D'une durée approximative de 70 minutes, It ! The Terror From Beyond Space contient néanmoins quelques longueurs superflues. En l'occurrence, difficile de se passionner pour les conversations absconses et sibyllines entre les scientifiques. En revanche, cette série B se montre beaucoup plus à son avantage lorsque le monstre apparaît, proposant même quelques séquences en stop-motion savamment troussées.
En l'état, It ! The Terror From Beyond Space ne séduira que les fans irréductibles d'un cinéma bis joliment suranné. Une autre époque en somme...

Note : 12/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Nuit Noire - 2013 (Les damnées du bitume)

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Genre : drame, trash, thriller (interdit aux -16 ans)
Année : 2013
Durée : 29 minutes 


Synopsis : Roland et sa femme, un couple entre deux âges, se disputent dans leur appartement miteux pour une raison futile. Énervé, l'homme quitte les lieux pour aller chercher le réconfort auprès d'une prostituée. Il rencontre Illiana, une jeune russe qui tapine en compagnie d'une compatriote Eva, et de Samantha un transsexuel, dans un quartier louche. Après une brève passe, Illiana retrouve sa collègue Eva, désemparée sur le trottoir en manque de sa dose quotidienne et tabassé par son proxénète Ivan. La descente aux enfers peut commencer...

La critique :

Quarxx. Vous connaissez ? Non ? Alors, faisons rapidement les présentations. Ce réalisateur (et acteur à l'occasion) au pseudonyme aussi original qu'énigmatique est un artiste français multimédia et polyvalent. Outre le cinéma, il sévit également dans la photographie et la peinture; à ce sujet, il a déjà exposé nombre de ses oeuvres avec un certain succès. Cette fibre artistique touche à tout n'a rien d'étonnant pour ce quadragénaire dont le véritable patronyme reste inconnu, avec un père qui était un cinéphile averti et une mère qui a fait les beaux-arts.
C'est le côté cinéaste du personnage qui nous intéresse aujourd'hui. S'il n'est pas encore très connu du grand public, Quarxx s'est déjà taillé une belle réputation auprès des amateurs de cinéma indépendant loin du circuit commercial classique. Au bout de seulement six ans de carrière et après sa révélation par une "trilogie" comique déjantée "Rasta-Kamikaze Bang Bang, Dirty Maurice et Zéropolis", Quarxx connaît véritablement le succès avec Nuit Noire, réalisée en 2013.

Ce court-métrage violent sur les ravages de la drogue et les affres de la prostitution fut présenté dans de nombreux festivals et remporta un nombre impressionnant de récompenses. Et cela est amplement mérité tant cette oeuvre viscérale assène un très gros uppercut à la face du spectateur. Tournéà la manière d'un documentaire, le film nous plonge dans les entrailles de la nuit parisienne au coeur d'un monde glauque et sans pitié. Autant vous le dire de suite, cette oeuvre qui pue le crack et le sperme sous cellophane exhale un désespoir comme rarement on a vu dans le cinéma français.
Au niveau hexagonal, je ne vois que l'extraordinairement sordide Seul Contre Tous de Gaspar Noé pour "rivaliser" en matière de désespérance ; c'est dire. 
Et on ne peut pas taxer Quarxx de pathos ou de voyeurisme gratuit et complaisamment affiché ; il ne fait que s'attacher au plus près de faits véridiques qui se déroulent toutes les nuits, ou presque, dans les rues de la capitale et d'ailleurs. Façon brut de décoffrage, Nuit Noire suit le parcours erratique d'êtres à la dérive.

La descente aux enfers d'ombres pathétiques, d'accidentés de la vie rongés par la solitude, la misère et les addictions qui déambulent dans les rues tels des zombies, le vague à l'âme en bandoulière. Nuit Noire, c'est le récit au cordeau du terrible chaos qui accompagne l'existence des "sans dents" noctambules. Quarxx appuie là oùça fait mal. Le court-métrage est choquant, dérangeant et pourtant il ne relate que la triste banalité de l'enfer quotidien que subissent beaucoup de travailleuses du sexe. Traînant leur spleen et leurs guêtres sur les trottoirs à la recherche d'hypothétiques clients, menacées, maltraitées, ces femmes se réfugient dans le monde artificiel de la drogue.
De la drogue dure. Nuit Noire, c'est un reportage sur le vif ; un instantané dans la misérable existence de ces filles soumises à la géhenne de "protecteurs" sadiques qui les maintiennent sous leur emprise en leur fournissant ces substances illicites qui font d'elles des esclaves manipulables à souhait par ces souteneurs sans foi ni loi. Quarxx, retenez bien ce nom car le bonhomme peut sans aucun doute prétendre à jouer très prochainement dans la cour des grands réalisateurs français. Son dernier film, Un Ciel Bleu Presque Parfait, a de nouveau, rallié tous les suffrages auprès des critiques.

C'est un signe qui ne trompe pas. À n'en point douter, ce cinéaste à très gros potentiel est vouéà un succès quasi certain dans un futur proche s'il trouve les fonds nécessaires pour convertir ses courts-métrages percutants en films à part entière. Attention spoilers : Roland, un quinquagénaire bedonnant et passablement éméché, se coupe les ongles des pieds dans sa cuisine. Lui rapprochant son laisser aller, sa femme se met dans une colère noire. Pour éviter la dispute, Roland sort de l'appartement sous le prétexte d'aller promener son chien. En fait, il va se rendre dans un quartier malfaméà la recherche d'une prostituée. Là, il rencontre Illiana, une péripatéticienne russe avec qui il a un bref échange tarifé mais non consommé. Illiana retourne tapiner et retrouve son amie Eva, tombée sur le trottoir et en sérieux manque de drogue. Sévèrement battue par Ivan, le mac brutal des deux jeunes femmes qui vit dans une caravane insalubre, Eva supplie Illiana d'intercéder auprès de l'homme pour lui fournir une dose d'héroïne.
Illiana, également malmenée par le colosse, réussit à dépanner son amie malgré la désapprobation de Samantha, un transsexuel, compagnon de galère des deux prostituées. Eva se précipite dans les toilettes d'un bar encore ouvert pour se shooter dans les toilettes. Hélas, la malheureuse décède d'une overdose. Bouleversé, Samantha se rend chez Ivan pour venger son amie. La nuit se termine par un carnage...

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Criant de réalisme, Nuit Noire est vraiment ce que l'on peut appeler un film choc, un terme bien trop galvaudé de nos jours lorsque l'on parle d'une oeuvre sortant un peu de la platitude ordinaire. Ce court-métrage sent le vécu à plein nez et Quarxx semble très bien savoir de quoi il parle. Le réalisateur a visiblement fréquenté assidûment ces quartiers de Paris où la nuit venue, une faune aussi inquiétante que paumée déambule sans but précis sinon celui des aventures d'un soir ou d'une quête de dope. Aventures qui très souvent, tournent au tragique dans un univers nocturne où le sexe et la came sont le triste quotidien des désespérés et le pain béni pour les malfrats en tous genres qui font régner la terreur et la loi de la rue sur les plus faibles. Au niveau stylistique, Quarxx scinde son récit en deux parties en s'attachant principalement aux personnages de Roland et d'Illiana.
Les deux n'ont qu'une scène en commun mais leurs histoires font partie d'une même trame scénaristique à la fois séparée et indissociable qui aboutira à une fin tragique pour leurs proches.

La réalisation proche du documentaire nous rappelle les reportages que la regrettée Mireille Darc fit dans les années quatre-vingt-dix sur les travailleuses du sexe. Qu'elles soient françaises, roumaines, russes ou africaines, ces femmes sont soumises corps et âme au joug traumatisant de proxénètes pour qui elles ne représentent qu'un fonds de commerce, un produit de consommation sur lequel il faut engranger toujours plus de bénéfices. Un drame qui se déroule sous nos yeux qui souvent se détournent comme pour ne pas voir cette réalité en face. Quarxx, lui, ne prend pas de gants pour dénoncer cette terrible situation ; par une mise en scène énervée, le réalisateur dénonce la gravité sordide de la vie de ces femmes. Nuit Noire, c'est un coup de gueule, un cri dans l'obscurité pour réveiller nos consciences.
Sur le plan cinématographique, le film est cohérent, les images esthétiques et les acteurs (tous inconnus) vraiment très crédibles. Le réalisateur a peaufiné de façon remarquable la mise en abîme de son sujet et gratifie le spectateur de détails assez pointus sur ce thème quand même très casse gueule de la prostitution.

Au lieu de tomber dans le graveleux et d'imposer sciemment des situations malsaines, le film ne fait que relater des faits et uniquement des faits. Le sujet par lui-même est suffisamment dérangeant sans que Quarxx n'ait besoin d'en rajouter dans la surenchère du voyeurisme. Tout au plus, pourrait-on lui reprocher (et encore) un final frôlant le hardcore et l'extrême. Un final terrifiant de violence qui marque durablement l'esprit tant il affiche une désespérance sans issue. Je vous laisse l'opportunité de vous faire votre propre opinion puisque le film est disponible dans son intégralité sur YouTube.
Si le film flirte (d'assez loin tout de même) avec la pornographie, c'est bien parce que son propos l'impose mais il est à noter qu'aucun acte sexuel explicite n'est montréà l'écran. Ce qui est montréà l'écran par contre, c'est ce gouffre sans fond de désespoir dans lequel sont plongées ces filles perdues. L'esprit en lambeaux, détruit par des drogues dont elles sont devenues esclaves ; le corps souillé par les clients et malmené par les coups de leurs maquereaux, elles ne se vendent que satisfaire leur état de manque. Le cercle infernal est hélas sans fin.

Attention toutefois, le court-métrage ne fait pas non plus dans la dentelle et l'interdiction aux moins de seize ans est largement justifié notamment en raison de la thématique abordée et surtout de son final ultra violent. 
Quoiqu'il en soit, Nuit Noire est un film à  visionner d'urgence pour ceux qui aiment les oeuvres coup de poing et les sujets de société sensibles. Filmé avec un réel talent, Nuit Noire donne vraiment envie de découvrir l'ensemble de la filmographie de Quarxx. Avec ce nouveau venu sur la scène indépendante, le cinéma français tient un bon, un très bon metteur en scène.
Pour peu qu'il obtienne plus de financements pour mieux aboutir dans ses projets, l'avenir s'annonce très prometteur pour ce cinéaste qui n'a nullement à rougir de la comparaison avec un certain Gaspar Noé. Suintant la mort par tous ses orifices, Nuit Noire est un objet filmique capable de filer une dépression nerveuse à un croque mort mais c'est aussi une remarquable réussite cinématographique, un soleil de minuit signé Quarxx. Retenez bien ce nom...


Note :16.5/20

 

TumblingDollOfFlesh Inthemoodforgore

L'Inconnu du Nord-Express ("Laissez-moi vous exposer ma théorie")

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Genre : Policier, thriller

Année : 1951

Durée : 1h40

 

Synopsis :

Un champion de tennis est abordé dans un train par un inconnu qui lui propose un étrange marché : il supprime sa femme encombrante si celui-ci se charge d'éliminer son propre père. Croyant avoir à faire à un fou, le tennisman ne lui prête aucune attention. Peu de temps après, sa femme est assassinée.

 

La critique :

Le genre policier est un genre qui ne date pas d'hier et dont la création remonte déjà au cinéma muet avec Les Nuits de Chicago que j'ai chroniqué il y a quelques semaines. Plutôt timide, le policier va très vite se démocratiser dans les années 40 alors que le cinéma voit arriver l'un des mouvements les plus cultes et les plus vénérés des cinéphiles, à savoir le film noir. Un mouvement qui verra un nombre exorbitant de petits chefs d'oeuvre voir le jour, tels que Le Faucon Maltais ou encore Le Carrefour de la Mort. Si l'on devait citer l'un des réalisateurs les plus emblématiques du genre policier, nul doute que bon nombre répondront Alfred Hitchcock, surnommé"le maître du suspens" mais qui, contre toute attente, ne verra que deux de ses oeuvres cataloguées dans le genre du film noir.
Après, tout ceci reste sujet à débat mais on retrouvera Sueurs Froides, soit une oeuvre qui a été classée sur le podium des meilleurs films de tous les temps (opinion que je ne partage pas) et de l'autre côté, le film présenté aujourd'hui du nom de L'Inconnu du Nord-Express.

Ce film est inspiré en partie du roman éponyme de Patricia Highsmith et a une place chère à mes yeux puisqu'il s'agit du tout premier film du "maître", sans le savoir, que je voyais, du haut de mes 18 ans alors que je faisais du baby-sitting. Déjà là, une attraction inexpliquée (mais loin de la fascination d'aujourd'hui) pour le noir et blanc était ancrée en moi et nul doute que les souvenirs d'une telle oeuvre étaient présents vu que je me lançais quelques années plus tard, alors que la passion du cinéma n'en était qu'à ses premiers balbutiements, dans un périple afin de retrouver le nom de ce film que je ne connaissais pas au moment du visionnage. C'est ainsi que je découvris l'univers d'Hitchcock et que le cinéma en noir et blanc commença à titiller sérieusement ma curiosité.
Oui, mes louanges envers le vieux cinéma ne sont pas apparues tout de suite et c'est bel et bien L'Inconnu du Nord-Express qui y contribua de manière importante. Après cette parenthèse existentielle, nous pouvons passer à la critique.

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ATTENTION SPOILERS : Lors d'un voyage en train, Guy Haines, célèbre joueur de tennis, rencontre Bruno, un mystérieux personnage qui se fait d'abord passer pour un de ses fans. Particulièrement averti de la vie privée du tennisman, l'inconnu dévoile alors ses projets. Il propose à Haines un marché : il se charge d'éliminer son épouse Myriam, qui refuse obstinément le divorce, si Guy accepte de l'aider à se débarrasser de son père. Outré, celui-ci refuse. Il espère, pour pouvoir épouser Ann Morton, sa bien-aimée, finir par convaincre pacifiquement sa moitié de se rendre à la raison.
Fort mécontent, Bruno décide alors de lui forcer la main en prenant les devants : il assassine madame Haines puis menace Guy, qu'il poursuit désormais sans relâche, de lui en faire porter la responsabilité s'il n'exécute pas sa part du contrat.

Comme de coutume avec le "maître", nous tenons là un synopsis diablement intéressant, à même de susciter la curiosité de n'importe quel cinéphile qui accepterait le principe du noir et blanc. Je ne vais pas poser la question de savoir si le film est réussi sachant que l'introduction a plus que mis en évidence cet état de fait. De fait, Hitchcock ne fait pas éterniser son récit et démarre directement les hostilités dans une gare où deux hommes dont nous ne verrons que le bas des jambes marchent afin de prendre leur train. C'est après un petit coup de jambe dans un wagon que nous retrouvons les deux héros du récit. D'un côté, Guy Haines, célèbre joueur de tennis et dans une situation sentimentale plus que tendue et de l'autre, Bruno Anthony, mystérieux personnage bavard et observateur.
Après échanges divers, Bruno laisse exposer sa théorie, comme il aime si bien le dire, sur le crime parfait et ayant appris la situation sentimentale de Guy, décide de lui proposer un marché. Il n'aura fallu que d'une quinzaine de minutes pour que Hitchcock attrape son spectateur par la gorge et ne le relâche qu'au générique de fin.

Ici, pas de mystère sur l'identité du meurtrier, Hitchcock décide de jouer la carte du meurtrier connu et de reposer son suspens sur tout le déroulement scénaristique qui gravitera sur le harcèlement dont fera preuve Bruno sur Guy afin que celui-ci honore sa part d'un contrat qu'il n'a jamais confirmé. Il est d'ailleurs assez intéressant d'observer cet antagonisme comportemental entre Bruno et Guy. Si Guy est plutôt introverti et peu bavard, Bruno sera extraverti et très bavard. Si Guy a une histoire avec des femmes, Bruno semble séparé de tout amour et de toute relation avec la gente féminine malgré sa belle gueule et son élégance. Si Guy connaît une certaine célébrité, Bruno est confiné dans une sorte d'anonymat.
On pourrait continuer les comparaisons pendant longtemps mais il est plus que stimulant de suivre cette dichotomie. Autant le dire, Hitchcock confronte deux personnages au charisme certain avec Farley Granger dans le rôle de Guy Haines mais la palme reviendra sans surprise àRobert Walker tout simplement impeccable dans la peau de ce personnage psychopathique et sociopathique.

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De facto, autant dire que nous tenons là un méchant d'anthologie qui s'inscrit sans problème dans la liste des criminels les plus fous, les plus dangereux rencontrés dans le cinéma. Comme je l'ai dit auparavant, Hitchcock ne suit pas la voie du psychopathe laid et au regard acrimonieux mais bien celle de l'homme raffiné, expressif et qui sait se fondre dans la société en ayant recours à la manipulation psychologique. Pourtant, Bruno est dénué de toute empathie et de respect envers la vie humaine vu qu'il tue sans le moindre état d'âme et peut même malmener les enfants croisant sur son chemin. On a là un personnage d'une grande complexité et d'une imprévisibilité absolue.
Difficile de savoir ce qu'il pense, ce qu'il compte faire et ses intentions à un moment X. Hitchcock sait qu'il ne peut compter sur une révélation finale et s'amuse à jouer avec les nerfs du spectateur en repoussant à fond la complexité du grand méchant. C'est à ce niveau que nous pouvons observer tout le génie du "maître du suspens".

Le réalisateur multiplie les séquences cultes, à l'image du meurtre sur l'île du parc d'attraction, plusieurs fois imitée mais jamais égalée. Outre l'échange du début, citons la scène du tableau ou encore cette scène où Bruno observe de loin sur les marches d'un monument, Guy en compagnie d'un inspecteur chargé de le surveiller. Les exemples ne manquent pas et cela contribue à renforcer l'intensité du récit se suivant sans le moindre pet de temps morts. L'Inconnu du Nord-Express, c'est une plongée dans une spirale infernale et dans un jeu de chat et de la souris auquel nous faisons face.
On tient là, sans contestation possible, l'un des meilleurs policiers reposant sur ce principe. Il est d'ailleurs assez étonnant que ce film ne soit pas souvent cité en premier chez les fans quand ils parlent des films emblématiques du cinéaste alors qu'il a largement toutes les qualités pour se hisser au niveau de Psychose, Fenêtre sur Cour ou encore Les Oiseaux.

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Au niveau esthétique, il n'y a rien à rajouter. L'image est tout simplement somptueuse entre les passages dans la fête foraine ou encore dans le manoir de Bruno. Là aussi, les exemples ne manquent pas. Hitchcock filme de manière millimétrée son action et on sent que chaque plan, chaque scène, chaque cadrage a été longuement pensé afin de toujours bien mettre en évidence tout ce qui se déroule. On appréciera aussi l'audace de la mise en scène en ayant recours à l'une ou l'autre reprise à deux points de vue séparés. Je vais donner l'exemple de la séquence du championnat de tennis alors qu'en parallèle, il y aura aussi l'arrivée de Bruno au stade et ce, dans des transitions rapides mais toujours efficaces dans l'action de chaque personnage afin d'amplifier la tension.
La bande sonore jouera aussi beaucoup sur la tension et chaque sonorité est réfléchie. J'ai parlé plus haut de notre duo de choc mais n'oublions pas aussi la prestation des autres acteurs avec, au casting, Ruth Roman, Marion Lorne, Laura Elliott, Leo G. Carroll ou encore Patricia Hitchcock, la fille du "maître". Sans surprise, chaque acteur tire allègrement son épingle du jeu mais vous aurez deviné qu'ils restent éclipsés face au duo et surtout face àRobert Walker.

En conclusion, vous aurez compris que L'Inconnu du Nord-Express est un immense chef d'oeuvre du cinéma qui se suit sans quelconque déplaisir. Servi par une ambiance mystérieuse et sous tension, Hitchcock nous livre l'une des plus grandes confrontations avec un psychopathe mythique qui ne pourra que marquer à vie le spectateur. Puissant et féroce dans sa mise en scène, le film sait aussi assurer au niveau de sa plastique avec un noir et blanc de très grande qualité et un raffinement dans la bande sonore. Certes, le deuxième niveau de lecture n'est que peu présent mais il aurait été tout simplement inutile de partir dans des débats métaphysiques sur ce qui a poussé Bruno àêtre un psychopathe. Quoi qu'il en soit, laissez moi vous exposer ma théorie sur quel film faut il regarder si vous voulez visionner un classique du genre policier. Il vous suffit simplement de visionner L'Inconnu du Nord-Express.

 

Note :18/20

 

orange-mecanique   Taratata

 

 

Paradis Pour Tous (Tout pour être heureux...)

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Genre : drame, inclassable, fantastique
Année : 1982

Durée : 1h50

Synopsis : Alain devient le cobaye d'un médecin qui a inventé un traitement pour combattre les états dépressifs et rendre les gens parfaitement heureux. 

La critique :

A la fois cinéaste, romancier, scénariste et producteur, Alain Jessua démarre sa carrière cinématographique en 1956 via un court-métrage, Léon la Lune, immédiatement remarqué dans les festivals. A l'époque, certains critiques apprécient déjà son style sarcastique. Par la suite, le réalisateur enchaîne les longs-métrages, notamment La Vie à l'envers (1964), Jeu de massacre (1967), Traitement de choc (1973), Les Chiens (1979), ou encore Frankenstein 90 (1984).
Vient également s'ajouter Paradis pour Tous, sorti en 1982. Ce drame, qui oscille entre la tragédie, le fantastique et le registre anticipationnel, a un vrai parfum mortifère puisque Patrick Dewaere met fin à ses jours en juillet 1982, soit un mois avant la sortie du film. L'acteur a connu la gloire et la consécration avec Les Valseuses (Bertrand Blier, 1974), un film dans lequel Dewaere incarne Pierrot, un jeune paumé qui multiplie les déprédations avec Jean-Claude (Gérard Depardieu) et Marie-Ange (Miou-Miou).

Après Les Valseuses, Patrick Dewaere est abonnéà des rôles de personnages dépressifs. Une façon comme une autre de révéler ses propres fêlures. Impression corroborée par plusieurs films notables et notoires, entre autres La Meilleure façon de marcher (Claude Miller, 1976), F... comme Fairbanks (Maurice Dugowson, 1976), Coup de Tête (Jean-Jacques Annaud, 1979), Série Noire (Alain Corneau, 1979), ou encore Un Mauvais Fils (Claude Sautet, 1980).
Hélas, Paradis pour Tous n'échappe pas à cette dialectique puisque Patrick Dewaere interprète derechef un individu neurasthénique, Alain Durieux, qui échoue lors de sa tentative de suicide. Evidemment, les fans de Patrick Dewaere y voient un film tristement prémonitoire. En outre, Paradis pour Tous, au-delà de son aspect funeste, se soldera par un bide commercial, totalisant péniblement les 550 000 entrées dans les salles.

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Durant le tournage, l'ambiance est particulièrement austère. Alain Jessua déplore l'attitude désinvolte de Patrick Dewaere qui passe son temps à s'aviner avec Philippe Léotard. Bientôt, le reste du casting vilipende à son tour le comportement véhément du cinéaste. En l'occurrence, c'est surtout pour la pécune que Dewaere accepte de tourner dans Paradis pour Tous. Pourtant, cette condescendance n'est qu'un leurre, un simulacre. Ce rôle de psychasthénique, soudainement miraculé par un traitement médical et psychiatrique, le passionne. A travers ce nouveau personnage, Patrick Dewaere espère trouver sa propre thérapie et panser ses propres cicatrices, hélas indélébiles.
Parmi le reste du casting, on trouve également Fanny Cottençon, Jacques Dutronc, Stéphane Audran, François Dyrek, Anna Gaylor et Jean-Paul Muel.

Attention, SPOILERS ! (1) Alain Durieux est dépressif. Il consulte le docteur Valois qui lui prescrit une nouvelle thérapie née de ses recherches : le « flashage ». Il s'agit, pour tout résumer, de ' couper le nerf de l'émotion '. Durieux renaît à la vie, une vie toute rose dont il ne perçoit définitivement plus la moindre grisaille. Un monstre est né autour duquel le malheur fait la ronde. On apprend bientôt que les " flashés " sont assez pour former une communauté, leur bonheur radieux fait des envieux. Les postulants sont désormais innombrables. 
Valois mesure l'horreur de son invention. Lâchement, il choisit de se flasher aussi. L'épouse de Durieux devra y passer à son tour. Durieux, victime d'un accident, ne quittera plus son fauteuil roulant ultra perfectionné mais roulera mieux encore leur ménage à trois dans une félicité immuable, la tête vide de toute angoisse, de tout doute, de toute sensibilité (1).

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A travers le portrait d'Alain Durieux, Alain Jessua tance et admoneste une société lucrative, capitaliste et hédoniste qui façonne un individu moderne, mécanisé et émotionnellement régulé pour ne plus être sermonné par ses sentiments. Certes, le traitement médical et thaumaturgique fonctionne à merveille sur Alain Durieux, désormais méconnaissable pour son entourage. Pourtant, l'introduction du film, qui commence par la tentative de suicide de Patrick Dewaere (sic...), augure un long-métrage tragique et dépressif. En outre, Paradis pour Tous offre un rôle un peu différent au comédien.
Pour une fois, Dewaere incarne un type heureux de vivre. Mais cette béatitude a un prix. A travers le parcours et les pérégrinations d'Alain Durieux, Alain Jessua narre un processus de déshumanisation et de dépersonnalisation qui guette tous ces individus égotistes formatés par la société consumériste, bref tout le monde, quoi !

Ainsi, Alain Durieux se moque éperdument du sort de son collègue, de sa femme et encore plus de son proche entourage. De facto, Paradis pour Tous est la parfaite antithèse de Les Valseuses. Dès 1982, Alain Jessua a parfaitement cerné tous les effets délétères de cet eudémonisme ad nauseam. Patrick Dewaere aussi. Celui qui badinait avec Gérard Depardieu en insultant les flics et en crachant sur cette société de naguère (celle d'avant 1968) n'est plus cet histrion du passé, mais un homme en mal de vivre, probablement dépassé et traumatisé par ses rôles d'anxio-dépressif au cinéma.
C'est avec un sourire forcé et au coin des lèvres que le comédien, alors au faîte de sa gloire, passera l'arme à gauche... Paradis pour Tous possède donc de solides arguments pour justifier son visionnage. Tancé et répudié en son temps, le film n'est cependant pas exempt de tout reproche. 
Alain Dewaere semble lui-même parfois aspiré par ce personnage iconoclaste et indifférent au monde qui l'entoure. Même les protagonistes secondaires ne parviennent pas à transcender une mise en scène beaucoup trop théâtrale et famélique, à l'image de Fanny Cottençon et de Jacques Dutronc, assez soporifiques par ailleurs.
Seul Philippe Léotard, la tête encore engoncée dans le vin et l'abus de stupéfiants, sauve l'interprétation de l'indigence intégrale. Paradis pour Tous signe donc l'ultime révérence de Patrick Dewaere alors que l'acteur devait incarner le boxeur Marcel Cerdan dans Edith et Marcel.

Note : 12/20

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(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paradis_pour_tous

The Trip - 1967 (Qui veut un peu de LSD ?)

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Genre : Drame, thriller (interdit aux - 12 ans)

Année : 1967

Durée : 1h25

 

Synopsis :

Depuis son divorce, Paul déprime passablement. En désespoir de cause, il achète et prend pour la première fois du LSD. S'en suivent des hallucinations démentes et des visions horrifiques.

 

La critique :

Maintenant que ma période digne du film Grave est terminée pour cette année, je peux commencer à reprendre tout doucement un rythme un peu plus régulier. Une fois de plus, je vais vous proposer de faire un petit voyage dans le temps pour aboutir en l'an de grâce 1967, l'époque où la révolution sexuelle et la libération des moeurs commençaient à pointer tout doucement le bout de leur nez. Cette époque verra un grand nombre de films transgressifs être accouchés, de films anti-politiquement correct impossibles à faire aujourd'hui. Cette époque, c'était l'époque, également, de la liberté cinématographique. Essayez seulement d'imaginer la sortie de Pink Flamingos ou même Salo en 2017 et imaginez le scandale que cela pourrait engendrer. Bon, dans le dernier exemple, le scandale fut immense à l'époque mais je n'ose penser à ce qui se produirait s'il sortait à notre époque contemporaine.
Certes, je pars dans l'ultra transgressif et/ou l'underground mais l'idée est là. Si la libération sexuelle n'est plus à démontrer, on a pu aussi observer une libération un peu plus illégale, un peu plus dangereuse, un peu plus dépravée.

Je suppose que l'affiche du film vous a mis la puce à l'oreille vu qu'il s'agit de la drogue, surtout le cannabis et un psychotrope célèbre étant le LSD. C'est sur base de ce sujet que naquit un film méconnu du nom de The Trip, réalisé par Roger Corman. Un réalisateur peu populaire chez les cinéphiles et qui réalisa, entre autres, La Course à la Mort de l'an 2000, La Petite Boutique des Horreurs (chroniqué sur le blog pour les intéressés) ou encore Les Anges Sauvages. A sa sortie, The Trip choque profondément et sera purement et simplement interdit en Grande-Bretagne car la raison serait que le film fasse la promotion du LSD. En 2003, l'interdiction sera revue à la baisse et le film autorisé aux plus de 18 ans. Diverses anecdotes amusantes ponctuent le film, à commencer par le fait que Jack Nicholson s'inspira de sa propre expérience de drogué, tentant de traduire les effets que le LSD avait sur lui.
De plus, celui-ci, pour la préparation du film, ainsi que Peter Fonda et Dennis Hopper se réunirent pour prendre du LSD et vivre un tip en groupe. Même le réalisateur essaya, estimant qu'il ne pourrait pas réaliser un film sur le LSD sans en avoir pris lui-même. Selon lui, ce fut une bonne expérience. Bref, comprenez bien que nous tenons là une oeuvre qu'il serait strictement impossible de sortir aujourd'hui et maintenant passons à la critique.

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ATTENTION SPOILERS : Depuis son divorce, Paul déprime passablement. En désespoir de cause, il achète et prend pour la première fois du LSD. S'en suivent des hallucinations démentes et des visions horrifiques.

Autant l'avouer, ce n'est pas le genre de film fréquent dans le monde cinématographique vu que le sujet est à la fois délicat et casse-gueule. Pourtant, The Trip parvient à tirer son épingle du jeu en gardant une certaine forme d'attention. Il est d'ailleurs assez risible de savoir que certains vieux has-been s'imaginaient que le film ne se résumait qu'à une promotion outrancière de la consommation de drogue, sachant que nous sommes tout sauf dans ce cas de figure. Il faut croire que, déjàà l'époque, les hautes instances et le comité de censure étaient à la ramasse dans l'analyse cinématographique.
Sauf qu'ici, on peut comprendre le quiproquo mais j'en parlerai un peu plus tard. En effet, Corman nous livre une véritable analyse sociologique sur une société en pleine déliquescence et qui voit les prémisses de la culture du fric. Les individus en plein marasme existentiel et se retrouvant confrontés à une vie morne et sans saveur n'hésitent pas à s'évader de leur réalité futile par la prise de psychotropes. Loin du cliché du vieux hippie, ces personnes sont abandonnées d'une civilisation les rejettant. En ce qui concerne Paul, son divorce l'accable au plus haut point et il se décidera à fuir son malheur et sa déprime.

En ayant recours à une analyse plus rigoureuse, nous nous rendons vite compte que The Trip n'est pas une vulgaire promotion du LSD mais bel et bien une condamnation car il met en avant un aveu de faiblesse de vouloir se détruire la santé au lieu d'améliorer sa propre vie. C'est un état de fait qui peut déranger chez certains mais qui est pourtant vrai. On parle bien ici de marginaux et non pas des "self-made man" et autres personnes ayant réussi socialement et professionnellement leur vie. Ceci dit, il n'est pas étonnant d'apprendre que certains n'aient pas su saisir le propos vu que The Trip est d'une certaine légèreté et n'est pas aussi agressif que l'on pourrait s'y attendre.
On aurait aimé aussi avoir un aperçu plus poussif des conséquences psychopathologiques que peut induire l'usage du LSD. Si le second niveau de lecture est bel et bien là et remplit sa part du contrat, on aurait aimé que tout cela soit tourné de manière plus noire, désespérée et plus probante dans ses dénonciations, sachant toutes les horreurs médicales qu'il en résulte.

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Si notre ressenti sur ce paramètre est très positif, il manque ce petit truc. Ceci dit, on se plaît, globalement, à suivre le trajet mental de Paul dans les méandres de sa conscience et de ses questionnements divers à travers une mise en scène lorgnant du côté de l'expérimental. Ainsi, les transitions fréquentes entre réalité et hallucinations sont là mais c'est surtout cet univers psychédélique qui confirmera ce style narratif si particulier. A ce niveau, nous pouvons être servi car le côté"oldschool" type de fin des années 60 et des années 70 est aux abonnés présent. On assiste à un méli-mélo de couleurs se succédant, des couleurs qui ondulent, tourbillonnent avec parfois un halo sur les bords de l'image comme en atteste l'image juste au-dessus. Certes, on peut dire que The Trip, et le mot est faible, a une réelle identité visuelle mais c'est aussi son principal défaut vu que le film en prend un sérieux coup.
Autant le dire, l'oeuvre a mal vieilli et on a plus cette impression de se retrouver face à un témoignage du passé que face à un manifeste sociologique sur pourquoi les individus consomment du LSD et autres psychotropes.

L'esthétique est, n'ayons pas peur des mots, ringarde et je vous invite à voir d'autres images pour vous faire une idée de la chose. Par contre, nous n'avons pas encore parlé de l'objet de ces hallucinations. Quelque part, on a tous ce vieux poncif que le LSD nous fait gentiment planer mais pas du tout vu que Paul sera l'objet d'hallucinations violentes qui le malmèneront et le film n'hésitera pas à verser par moment dans la violence physique. On pourra observer divers jets de sang et visions d'horreur mais aucune crainte, nous sommes loin d'une boucherie qui nécessiterait une interdiction aux moins de 16 ans. Cependant, l'interdiction est assez floue sur ce film donc le - 12 n'est pas à prendre au pied de la lettre.
La mise en scène n'hésite pas, comme dit avant, à s'aventurer sur le terrain de l'expérimental mais, malheureusement, on est au regret d'avouer que The Trip n'a pas cette attraction qui fait que nous serons pris pleinement dans l'histoire. L'intensité du récit est passable, l'attraction assure le minimum syndical tout ceci mais ne vole pas spécialement haut. Un semi-défaut surprenant alors que l'on ne s'imaginait pas qu'il serait présent. Comme quoi, l'intuition n'est pas toujours infaillible.

Capture d’écran 2010-08-24 à 20

Au niveau physique, j'ai déjà abordé le sujet de l'esthétique trop vieillote mais Corman parvient à filmer de manière plus que correcte son histoire avec des plans et des cadrages de qualité. La bande sonore est aussi de qualité, bien qu'un peu timide dans des passages où elle aurait dûêtre présente. Pour ce qui est du casting, on a au programme Dennis Hopper, Peter Fonda, Bruce Dern, Susan Strasberg ou encore Luana Anders. Leur jeu d'acteur est plutôt crédible, passable chez certains mais tout cela est loin d'une quelconque forme de catastrophe. A l'exception de l'esthétique ringarde, tout l'aspect physique est correctement géré.

En conclusion, The Trip est une oeuvre décevante sur plusieurs points fâcheux. J'ai déjà parlé de l'identité visuelle du film qui prête à sourire avec un regard de, pile, un demi-siècle plus tard. Le propos bien pensé du film a été involontairement mis à mal par une tournure scénaristique qui fait que certains pourraient effectivement croire en une promotion de la consommation de LSD alors qu'il n'en est rien. Pourtant, il y a ce petit quelque chose qui parvient à capter notre attention malgré un rythme assez inégal. Heureusement, la caméra et la bande sonore sont bien maniées.
N'oublions pas non plus le casting qui se débrouille correctement, à défaut de nous attacher pleinement aux personnages. Il en résulte un film passable, sympathique, loin d'être indispensable qui doit être vu comme un témoignage d'une époque révolue. Déséquilibre psychique, paranoïa et perte de contact avec la réalité vous attendent si vous êtes un consommateur fréquent de LSD mais je doute fort qu'il y en ait sur le blog, du moins je pense...

 

Note :12/20

 

orange-mecanique  Taratata


Piranhas - 1978 (Dents de rasoir)

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piranhas 1978

Genre : horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 1978

Durée : 1h35

Synopsis : Une nouvelle espèce de piranhas créée par l'armée, capable de vivre en eau douce et en eau salée, est accidentellement relâchée dans un fleuve durant l'été. Le carnage commence..

La critique :

Toujours la même ritournelle... Le succès colossal de Les Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1975) place le squale et plus précisément la menace aquatique au centre des débats dans le cinéma horrifique. De surcroît, Steven Spielberg n'a jamais tari d'éloges pour certaines pellicules du cinéma bis, notamment L'Etrange Créature du lac noir (Jack Arnold, 1954), première source d'inspiration de Jaws. Sous ses faux airs d'agression animale (ce qu'il est intrinsèquement), Les Dents de la Mer se transmute en critique acerbe du capitalisme. Le vrai requin, ce n'est pas ce poisson vorace qui happe et dévore des nageurs dans une station balnéaire des Etats-Unis, mais ces vils promoteurs qui sacrifient des touristes au nom du lucre et de l'appât du gain. Ainsi, le requin de Jaws apparaît comme une sorte de machine implacable qui surgit des tréfonds de l'océan, d'un vide inextinguible et d'un néant finalement indicible.

Ce n'est pas un hasard si Les Dents de la Mer engendre de nombreux épigones, notamment La Mort Au Large (Enzo G. Castellari, 1981), Orca (Michael Anderson, 1977), Tintorera du sang dans la mer (René Cardona Jr., 1977), ou encore Apocalypse dans l'océan rouge (Lamberto Bava, 1985). Vient également s'ajouter Piranhas, réalisé par Joe Dante en 1978. Le succès phénoménal de Les Dents de la Mer n'a pas échappéà Roger Corman, le pape du cinéma bis.
Le cinéaste et producteur a déjà remarqué le talent et l'érudition de Joe Dante, forméà l'école "Corman". De facto, le scénario de Piranhas est conçu comme une gaudriole et même comme un pastiche de Jaws. L'agression aquatique devient donc un sujet d'autodérision. Contre toute attente, Steven Spielberg appréciera l'épigramme et jugera Piranhas comme le seul et digne successeur de Les Dents de la Mer.

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Reste à savoir si le long-métrage de Joe Dante mérite un tel panégyrisme. Réponse dans les lignes à venir... Premier constat, Piranhas se nourrit des mêmes influences. Lui aussi vient puiser ses accointances du côté de Jack Arnold (La Créature du Lac Noir, déjà précitée) et de cette fascination indéfectible pour le cinéma bis, celui qui voit des créatures, des insectes ou encore des êtres humains se métamorphoser en d'ignobles brachycères. A l'origine, le scénario de Gremlins devait échouer sous la caméra avisée de Steven Spielberg. Philanthrope, le metteur en scène confiera finalement le projet à Joe Dante qui, en 1984, sera couronné par son plus gros succès au cinéma.
A l'instar de Les Dents de la Mer, Piranhas va lui aussi influencer plusieurs générations de films et de cinéastes.

En 1981, James Cameron réalise l'inénarrable Piranha 2 : les tueurs volants. L'Invasion des Piranhas (Antonio Margheriti, 1979), Piranha 3D (Alexandre Aja, 2010) et Piranha 2 3D (John Gulager, 2012) sont autant d'hommages appuyés. Hélas, aucun de ces devanciers ne rivalise avec ce troisième essai de Joe Dante. La distribution du film réunit Bradford Dillman, Heather Menzies, Kevin McCarthy, Keenan Wynn, Dick Miller, Barbara Steele, Belinda Balasky, Melody Thomas Scott et Paul Bartel.
Attention, SPOILERS ! (1) Un couple de randonneurs pénètre par effraction dans un ancien domaine de l'armée qui semble abandonné. Ils découvrent une piscine, et la jeune femme convainc son compagnon de prendre un bain. Ils sont tous deux dévorés par des piranhas. Une jeune femme part à la recherche des deux disparus.

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Elle se fait aider par un homme qui vit dans la vallée en solitaire, séparé de sa femme et alcoolique. Ils découvrent rapidement l'ancienne bade militaire, et son laboratoire peuplé de créatures mutantes. Ils décident de vider le réservoir pour trouver les corps des randonneurs, dont ils ont découverts les sacs et les habits dans le laboratoire. Un savant qui vit seul dans le laboratoire tente en vain de leur interdire de vider le réservoir. Ils le ligotent, mais finissent par comprendre la vérité : une nuée de piranhas mutants conçus lors de la guerre du Vietnam a été accidentellement déversée dans une rivière fréquentée par de nombreux baigneurs... Une course poursuite s'engage pour sauver les usagers du lac artificiel (1). Piranhas reste avant tout une déclaration d'amour au cinéma bis.
Il suffit de regarder la production du film pour s'en rendre compte.

Joe Dante, Roger Corman, Phil Tippett, Rob Bottin, Mark Goldblatt... Autant de noms qui marqueront de leur empreinte tout un pan du cinéma, celui qui se démarque d'une certaine morosité et qui verse à la fois dans la nonchalance et le spectaculaire. Telle est la genèse de Piranhas. Ainsi, dès l'introduction du film, Joe Dante a le mérite de présenter les animosités via une première agression aquatique. Le metteur en scène ne montre pas directement la complexion énigmatique de ces poissons gloutons et transformés par la science moderne. Ainsi, sa caméra se polarise sur l'oeil rougeoyant et comminatoire de ces créatures surgissant de nulle part. Finalement, Piranhas, c'est aussi ce retour àTarantula ! (Jack Arnold, 1955), une autre série B désargentée dans laquelle un arachnide vient tarabuster la tranquillité d'une petite communauté. Le scénario de Piranhas, griffonné par les soins de John Sayles, s'achemine lui aussi sur cette dialectique.

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A l'instar des séries B horrifiques des années 1950, Piranhas se nimbe à son tour du complexe d'Icare, de ce traumatisme véhiculé par la Guerre Froide, par la peur de la radioactivité et de ses corollaires sur notre écologie en désuétude. Contre toute attente, le film de Joe Dante tient un vrai discours politique, sociologique et idéologique, celle d'une société humaine prête à sacrifier les siens au nom du progrès, de la pécune et de la science. En outre, le cinéaste fait preuve de la même désinvolture. Ainsi, cette bisserie impécunieuse et d'une étonnante condescendance n'échappe pas à quelques plans "nichons". Mais sur l'autel de la rouerie et de l'outrecuidance, ce sont aussi de jeunes enfants qui sont sacrifiés et offerts à des piranhas à l'appétit intarissable. Vous l'avez donc compris.
Dans le genre agression aquatique, Piranhas reste une référence incontournable et peut se targuer de contrarier le trône insaisissable de Les Dents de la Mer. En deux mots : une réussite.

Note : 16/20

sparklehorse2 Alice In Oliver 

(1) Synopsis du film : https://fr.wikipedia.org/wiki/Piranhas_(film)

Under The Shadow (Les fantômes de la guerre iranienne)

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Genre : horreur, épouvante
Année : 2016

Durée : 1h24

Synopsis : Téhéran, 1988. Shideh, mariée et mère d'une petite fille, va débuter une école de médecine. Son mari est appelé au front durant la Guerre entre l'Iran et l'Irak. Shideh se retrouve alors seule avec sa fille. Mais bien vite celle-ci commence à avoir un comportement troublant et semble malade. La mère se demande alors si sa fille n'est pas possédée par un esprit

La critique :

Depuis L'Exorciste (William Friedkin, 1973), le cinéma d'épouvante s'est largement polarisé sur des cas de possession, avec plus ou moins de perspicacité. En témoignent Amityville, la maison du Diable (Stuart Rosenberg, 1979), Le Dernier Exorcisme (Daniel Stamm, 2010), Poltergeist (Tobe Hooper, 1982) et son remake homonyme, Conjuring, les dossiers Warren (James Wan, 2013) et sa suite, ou encore L'Exorcisme d'Emily Rose (Scott Derrickson, 2005).
Tous ces films, anciens ou récents, marquent l'avènement d'une horreur focalisée sur notre société contemporaine. Ou lorsque les activités lucifériennes viennent tarabuster une famille, généralement en pleine décrépitude, comme si le mal s'incarnait dans nos propres failles, celle d'un monde à la fois égotiste et eudémoniste.

Et c'est ce qu'a parfaitement compris William Friedkin avec ce qui reste l'ultime référence du genre "possession démoniaque". Plus qu'un simple film d'exorcisme, Friedkin nous conviait à scruter le silence et la solitude de personnages en plein marasme, entre une mère célibataire, un prêtre qui doute de sa propre foi, ou encore d'une jeune éphèbe qui subit l'abandon et le glas du patriarcat. Nul doute que le chef d'oeuvre horrifique de William Friedkin a influencé Babak Anvari avec Under The Shadow, réalisé en 2016. Sauf que depuis L'Exorciste, nombreuses sont les pellicules anomiques ayant suscité, au mieux, une certaine amertume. Avec Under The Shadow, Babak Anvari sera-t-il capable de renouveler un genre en désuétude ?
Réponse dans les lignes à venir...
En outre, le scénario d'Under The Shadow se situe en pleine guerre entre l'Iran et l'Irak, deux pays attenants et farouchement opposés depuis belle lurette. 

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Tout l'intérêt d'Under the Shadow repose sur cette dichotomie belliciste. A la seule différence que le démon ne provient pas cette fois de mythes occidentaux mais de mythes orientaux. Ainsi, Pazuzu, la divinité démoniaque du film L'Exorciste, se transmute ici en une entité sémitique, surnaturelle et particulièrement belliqueuse : les Djinns. L'autre intérêt d'Under the Shadow est évidemment cultuel. Indubitablement, le film de Babak Anvari a au moins le mérite d'éveiller la curiosité.
La distribution du film réunit Narges Rashidi, Bobby Naderi, Avin Manshadi, Ray Haratian et Arash Marandi. Attention, SPOILERS ! Téhéran, 1988. Dans le conflit qui oppose l’Iran à l’Irak, voilà huit ans que la ville est la cible de bombardements. Après le départ de son mari au combat, Shideh doit élever seule leur fille Dorsa.

Quand le toit de leur immeuble est touché par un missile qui – miraculeusement – n’explose pas, Shideh semble progressivement perdre pied au fur et à mesure du comportement de plus en plus étrange de Dorsa. 
Essayant de trouver un sens à ces changements soudains chez sa fille, Shideh apprend par un voisin superstitieux que ce missile a dû transporter avec lui un djinn, une force surnaturelle qui voyage avec le vent et qui cherche depuis à posséder sa fille.
Shideh n’a alors d’autre choix que celui d’affronter l’esprit malveillant pour réussir à sauver Dorsa. Ainsi, la première partie d'
Under the Shadow s'apparente à une analyse sociologique d'une société iranienne en pleine déréliction. Pour Babak Anvari, c'est l'occasion ou jamais de tancer et de brocarder un régime autoritaire et phallocratique qui a toujours ostracisé les femmes, hélas condamnées à se réfugier dans le silence. 

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C'est la douloureuse expérience vécue par Shideh, promise à une carrière de médecin. Malheureusement, en raison d'anciennes activités politiques, la jeune femme doit renoncer à sa carrière et s'occuper, sans barguigner, de sa fille, Dorsa. Parallèlement, son mari est appeléà intervenir sur le front. Ainsi, nous assistons au quotidien de Shideh et de Dorsa, régulièrement inquiétées par des bombardements récurrents. Le décor et les protagonistes sont plantés.
Puis, peu à peu, l'horreur vient subrepticement s'immiscer dans ce récit sociologique. Derechef, le mal se nourrit de nos propres failles et des anfractuosités de notre société. Suite au tir d'un missile, un Djinn a élu domicile dans un immeuble et plus précisément dans l'appartement de Shideh et de sa petite famille. La mère et la fille doivent alors se colleter avec une force qui les dépasse.

En l'occurrence, cette entité méphistophélique va mettre leur lien maternel à rude épreuve via un support objectal : une poupée symbolique qui semble protéger Shideh et Dorsa d'assauts réguliers. A priori, Under the Shadow possède de solides arguments pour convaincre sur sa courte durée, à peine une heure et 25 minutes de bobine. Indiscutablement, Babak Anvari n'est pas un manchot derrière la caméra et nous gratifie de plusieurs séquences d'épouvante solidement troussées.
Toutefois, sur la partie horrifique, Under the Shadow ne parvient jamais - ou trop rarement - à se démarquer de la concurrence pléthorique pour se hisser dans le haut du panier. De facto, les séquences lucifériennes sont beaucoup trop élusives pour marquer durablement les persistances rétiniennes. En vérité, le film brille davantage quand il se centre sur ce drame à caractère politique, sociologique et idéologique, mais néanmoins transcender sa copie, certes de facture honnête.
N'est pas William Friedkin qui veut.

Note : 12/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

La Mutante (L'extraterrestre a des gros nichons)

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Genre : horreur, épouvante, science-fiction (interdit aux - 12 ans)
Année : 1995

Durée : 1h48

Synopsis : Apres avoir lancé un message à travers l'espace sur l'existence de notre espèce, une équipe scientifique reçoit la réponse vingt ans plus tard sous la forme d'un échantillon d'ADN extraterrestre. Sous la direction du docteur Xavier Fitch, les Américains tentent en secret une expérience de fécondation. 

La critique :

Producteur, scénariste et réalisateur, Roger Donaldson démarre sa carrière cinématographique dès 1977 avec Sleeping Dogs, un premier succès qui lui ouvre les portes du cinéma hollywoodien. Le metteur en scène d'origine australienne, exilé en Nouvelle Zélande depuis 1965, part donc s'expatrier chez l'Oncle Sam, pays dans lequel il connaît des fortunes diverses. En 1984, le film Le Bounty lui permet de conquérir le coeur du grand public. Viennent également s'ajouter Cocktail (1988), Cadillac Man (1990), Le Pic de Dante (1997), Burt Munro (2005), Braquage à l'anglaise (2008), ou encore November Man (2014). Les thuriféraires du cinéma bis citeront aussi La Mutante, sorti en 1995, une série B horrifique et science-fictionnelle qui marche dans le sillage et le continuum d'Alien : le huitième passager (Ridley Scott, 1979).

D'ailleurs, la créature polymorphique du film est le résultat de l'imagination fertile de H.R. Giger, qui avait déjà besogné sur le xénomorphe d'Alien : le huitième passager. Pourtant, en réalité, La Mutante n'est pas un nouvel avatar du chef d'oeuvre science-fictionnel de Ridley Scott, mais plutôt une nouvelle séquelle voire même un remake déguisé de La Féline (Jacques Tourneur, 1942) qui, par ailleurs, a aussi connu un remake éponyme en 1982.
A l'instar du film de Jacques Tourneur et de la version réalisée par Paul Shrader, la créature féminine de La Mutante obéit à des instincts pulsionnels et ressent donc la nécessité de copuler pour assurer sa survie et sa future progéniture, tel un animal à la recherche de proies éventuelles. Seule différence et pas des moindres, le monstre protéiforme de La Mutante est de nature belliciste, son but étant d'envahir la Terre et de détruire l'humanité toute entière.

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Il suffit de lire le synopsis du film pour s'en rendre compte. Attention, SPOILERS ! (1) Lorsque Sil, hybride humaine/extraterrestre d'une dizaine d'années s'échappe du lieu où elle était en observation dans les laboratoires du gouvernement américain à Dugway dans l'Utah, le scientifique Xavier Fitch engage un tueur du gouvernement, un médium, une biologiste et un anthropologue pour la trouver. Ils la retrouvent quelques jours plus tard, devenue une jeune femme d'une grande beautéà Los Angeles et mettent au jour avec horreur ses intentions : s'accoupler avec des hommes qui ne se doutent de rien et engendrer ainsi sa progéniture pour détruire l'humanité (1).
Certes, La Mutante fait office de série B onéreuse. Pourtant, le long-métrage de Roger Donaldson peut s'enorgueillir d'un casting de prestige puisqu'il réunit Ben Kingsley, Forest Whitaker, Michael Madsen, Marg Helgenberger, Alfred Molina, Michelle Williams et pour la première fois à l'écran la voluptueuse Natasha Henstridge.

Contre toute attente, cette série B lucrative se soldera par un succès commercial, surtout par l'intermédiaire de la vidéo, engendrant une inévitable tétralogie, avec La Mutante 2 (Peter Medak, 1998), La Mutante 3 (Brad Turner, 2004) et bien sûr, La Mutante 4 (Nick Lyon, 2007). Avant La Mutante premier du nom, Roger Donaldson a principalement officié dans l'action, l'aventure et le genre catastrophe. Le cinéaste n'est donc pas un grand coutumier du registre horrifique.
Par ailleurs, on se demande comment un scénario aussi prosaïque, sorte de maelström (encore une fois) entre La Féline et Alien : le huitième passager (deux longs-métrages déjà précités), a pu attirer un casting aussi pléthorique. En l'état, difficile de répondre tant le long-métrage possède peu d'arguments. 

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Contre toute attente, Ben Kingsley et ses collègues d'infortune sont en mode cabotinage et se contentent du minimum syndical. Pis, les comédiens se font chiper la vedette par Natasha Henstridge qui incarne la femelle extraterrestre débridée. Non pas que l'actrice soit particulièrement performante, loin de là ! En vérité, la formule ânonnée par La Mutante repose sur une recette stérile et anomique. Faute d'idées, Roger Donaldson se contente donc de dévêtir son extraterrestre aux formes généreuses. Par-là, comprenez que l'extraterrestre n'est pas un alien vorace et hideux, mais une splendide jeune femme aux tendances érotomanes. En gros, l'extraterrestre de service a vraiment, mais vraiment - et j'insiste sur le "vraiment" - des gros nichons ! Qu'à cela ne tienne.
Sous cette silhouette aguichante et vénéneuse, se tapit une créature carnassière et peu avenante.

Gare à ne pas se laisser appâter par la créature ! Un baiser chaste devient donc un baiser mortel, au grand dam de la gente masculine qui prend ici pour son grade. Dès lors, La Mutante adopte son rythme de croisière et se suit avec un ennui poli. Rien de spécialement honteux ni de forcément mémorable dans cette série B dispendieuse, condamnée àécumer durablement les bacs à dvd. En l'occurrence, Roger Donaldson ne parvient jamais (ou trop rarement) à transcender son sujet, il est vrai famélique. De surcroît, on relève ici et là plusieurs saynètes ubuesques et ridicules.
Le cinéaste ne possède pas le talent ni l'érudition d'un Ridley Scott ni d'un Jacques Tourneur. Parmi les rares points réellement positifs du film, on retiendra le design polymorphique et réussi de la créature qui, par ailleurs, n'est pas sans rappeler celui du xénomorphe de la saga Alien
Toujours la même antienne... Pour les fans de ce premier chapitre (mais enfin, qui sont-ils ???), ils retrouveront Natasha Henstridge dans La Mutante 2, toujours en mode nymphomaniaque.
A noter que la "belle" fera une apparition furtive mais néanmoins remarquée dans La Mutante 3. Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout...

Note : 10/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Mutante

Les Soucoupes Volantes Attaquent (Manifestations célestes)

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Genre : science-fiction
Année : 1956

Durée : 1h23

Synopsis : Tandis que les apparitions de soucoupes volantes se multiplient dans le ciel terrestre, Russell Marvin, éminent scientifique capte le message de l'une d'elles. Il indique l'invasion imminente de la Terre. Russell dispose alors de très peu de temps pour prévenir ses supérieurs et trouver une solution afin de percer l'apparente invulnérabilité des OVNI.    

La critique :

1951. Une date fatidique pour le cinéma de science-fiction avec la sortie de Le Jour où la Terre S'Arrêta, réalisé par Robert Wise. Le long-métrage sort quelques années après la fin de la Seconde Guerre Mondiale et en pleine guerre froide. Les Etats-Unis et la Russie menacent d'utiliser la bombe nucléaire et se disputent la couronne technologique et bientôt spatiale. Le capitalisme contre le communisme. La faucille contre l'Oncle Sam. Quel sera le vainqueur de ces nouvelles belligérances ?
Peu importe, argue un Robert Wise soucieux de ce monde qui s'alanguit dans la peur, la paranoïa et la terreur. Tel est l'avertissement emphatique d'un extraterrestre et d'un androïde gargantuesque venus avertir les populations humaines. Désormais, notre tendance à l'autodestruction ne menace plus seulement notre vaste planète, mais également notre système solaire et plus largement la paix universelle.

Cette résonance cosmologique ne va pas tarder à engendrer et à inspirer de nombreux épigones. D'autres films s'inquiètent eux aussi de l'arrivée massive et exponentielle de Martiens ou encore de Vénusiens, de l'ère atomique et d'une troisième guerre mondiale hypothétique. C'est par exemple le cas de La Guerre des Mondes (Byron Haskin, 1953), La Chose d'un autre monde (Howard Hawks et Christian Nyby, 1951), Le Choc des Mondes (Rudolph Maté, 1951), Les Survivants de l'Infini (Joseph M. Newman, 1955), ou encore de Les Envahisseurs de la planète rouge (William Cameron Menzies, 1953). Vient également s'ajouter Les Soucoupes Volantes Attaquent, réalisé par Fred F. Sears en 1956.
En l'occurrence, ce cinéaste s'est surtout illustré dans des comédies musicales, les plus connues se nommant Rock around the clock (1956) et Don't knock the rock (1956).

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En vérité, Fred F. Sears ne réalisera que deux films de science-fiction, l'inénarrable The Giant Claw (1957) que l'on tâchera rapidement d'oublier, et bien sûr Les Soucoupes Volantes Attaquent. En outre, ce long-métrage appartient à la catégorie de ces séries B impécunieuses et science-fictionnelles qui ont marqué plusieurs générations de cinéastes, à tel point que Tim Burton s'en inspirera largement pour griffonner le script de Mars Attacks ! (1996).
A priori, rien ne distingue vraiment Les Soucoupes Volantes Attaquent des autres films de science-fiction de son époque, si ce n'est qu'il bénéficie de l'érudition de Ray Harryhausen, un concepteur d'effets spéciaux qui a largement oeuvré pour le cinéma fantastique et de SF. La distribution de Earth Vs. The Flying Saucers (titre original du film) réunit Hugh Marlowe, Joan Taylor, Donald Curtis et Morris Ankrum.

Attention, SPOILERS ! (1) Pendant les années 1950, les apparitions d'objets volants non identifiés (OVNI) se multiplient à travers le monde. Un jour, alors qu'ils circulent en voiture pour se rendre à la base où ils travaillent sur un projet de lancement de fusées d'observation, le docteur Russell A. Marvin et sa jeune épouse Carol sont survolés à leur tour par une soucoupe volante qui finit par disparaître. Le docteur, alors affairéà enregistrer sur bande magnétique des informations portant sur le projet sur lequel il travaille, s'aperçoit qu'il a laissé l'appareil en marche, et qu'il a enregistré un bruit provenant de la soucoupe volante. De retour à leur base, ils tentent en vain de faire part à leurs supérieurs militaires de l'authenticité de leur observation, sans succès.
Cependant un engin spatial est signalé par les radars et arrive au-dessus de la base qu'il finit par détruire entièrement.

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Les protagonistes de l'histoire s'aperçoivent plus tard que le son enregistré par le docteur Marvin était en fait un message fixant un rendez-vous pour une rencontre entre humains et aliens. Dès lors, la guerre est déclarée aux quatre coins du globe (1). A l'aune de ce synopsis, difficile de ne pas songer à un remake, à une séquelle ou encore à un énième avatar de La Guerre des Mondes. Là aussi, de vils extraterrestres débarquent sur la Terre. Leur but ?
Assouvir l'espèce humaine et façonner leur propre univers. De facto, Les Soucoupes Volantes Attaquent s'inscrit dans la rhétorique de cette paranoïa ambiante qui croit apercevoir des OVNI un peu partout, paranoïa largement alimentée par l'existence d'une Zone 51. Fred F. Sears s'ébaudit de cette angoisse sous-jacente via une histoire aussi basique que laconique.

Heureusement, Earth Vs. The Flying Saucers se démarque par son incongruité et son ingénuité. Indubitablement, le design funambulesque et dégingandé des extraterrestres, qui se tapissent derrière des armures opaques et de haute technologie, confère à cette série B un charme aussi suranné qu'indicible ! Pour le reste, la seule originalité du film repose sur son étonnante condescendance. Face à la résistance humaine, les aliens belliqueux n'hésitent pas à néantiser les plus grands monuments terriens, quitte même à atomiser la ville de Washington dans ses grandes largeurs.
A l'époque, une telle outrecuidance ne manquera pas d'effaroucher la censure. Gare à ne pas contrarier l'omnipotence de l'Oncle Sam ! Fred F. Sears est donc prié de réviser sa copie, mais le cinéaste n'en a cure et réalise un film de SF souvent jubilatoire mais pas exempt de tout reproche. En l'occurrence, Les Soucoupes Volantes Attaquent ne séduira que les fans irréductibles de pellicules joliment obsolètes. De surcroît, l'interprétation se révèle au mieux indigente.
L'essentiel du casting se fait donc chiper la vedette par les extraterrestres de service. 
Ma note finale pourra donc paraître d'une étonnante mansuétude.

 

Note : 12.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_soucoupes_volantes_attaquent

We Are The Flesh - Tenemos la Carne (Métempsychose)

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Genre : inclassable, trash, expérimental (interdit aux - 16 ans)
Année : 2016

Durée : 1h19

Synopsis : Lucio et sa sœur Fauna déambulent dans un Mexique en ruine à la recherche de provisions. Dans un bâtiment abandonné et dévasté, ils rencontrent un homme qui va les entraîner dans un torrent de perversités, de violence et de folie. 

La critique :

En fait, cela fait déjà quelques années que le cinéma d'horreur mexicain parvient à s'exporter en dehors de ses frontières. Des films tels que Don't be afraid of the dark (Troy Nixey, 2010), Borderland (Zev Berman, 2007), Atrocious (Fernando Barreda Luna, 2010), ou encore plus récemment La Région Sauvage (Amat Escalante, 2016) ont connu une certaine gloriole par l'intermédiaire du DTV (direct-to-video) et même parfois via une sortie furtive dans les salles de cinéma.
Ainsi dernièrement, La Région Sauvage a bénéficié d'une distribution dans certaines salles indépendantes. A l'instar du cinéma asiatique et espagnol, le cinéma d'horreur mexicain verse lui aussi parfois dans le trash et l'érubescence. Impression corroborée par Atroz (Lex Ortega, 2015) et Mexico Barbaro (Isaac Eban, Jorge Michel Grau et Lex Ortega, 2015) qui ont déchaîné les passions sur la Toile.

A travers Atroz, le cinéaste, Lex Ortega, tançait et dénonçait l'état de déliquescence d'une Nation engoncée dans la prostitution, le trafic de stupéfiants, les kidnappings et des crimes d'une rare sauvagerie. Vient également s'ajouter We Are The Flesh, soit Tenemos la Carne dans sa version originale, et réalisé par les soins d'Emiliano Rocha Minter en 2016. Certes, le metteur en scène n'a pas pour vocation de fustiger un pays en pleine décrépitude et sous l'égide d'un Etat totalitaire et une police corrompue.
En vérité, We Are The Flesh oscille davantage vers le cinéma de David Lynch première période (comprenez "Eraserhead"), celui de Luis Bunuel (Un Chien Andalou) et de Fernando Arrabal (J'irai comme un cheval fou). Inutile alors de préciser que We Are The Flesh s'inscrit dans un style radical, irrévocable, ésotérique et expérimental.

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Pour les non-initiés, prière de quitter gentiment leur siège et d'aller faire un petit tour ! Il faut se rendre sur le site IMDb (http://www.imdb.com/name/nm5495378/) pour trouver quelques informations élusives sur Emiliano Rocha Minter. A priori, Tenemos la Carne constituerait déjà la troisième réalisation du jeune cinéaste. Auparavant, Emiliano Rocha Minter s'était illustré via deux courts-métrages, Dentro (2013) et Videohome (2014). En outre, We are the flesh sera présentéà l'étrange festival et suscitera la circonspection. De facto, les avis sont plutôt mitigés.
Si certaines critiques crient déjà au génie, d'autres se montrent beaucoup plus pondérées, admonestant une pellicule un peu trop éparse et alambiquée pour convaincre sur sa courte durée, soit à peine une heure et vingt minutes de bobine.

Alors, que vaut concrètement Tenemos la Carne ? Réponse à venir dans cette chronique... Inutile de mentionner la distribution du film, à moins que vous connaissiez les noms de Noé Hernandez, Maria Evoli, Diego Gamaliel, Maria Cid et Gabino Rodriguez. Attention, SPOILERS ! (1) Dans un monde en ruines, dans un décor désolé, nous faisons la connaissance d’un ermite au mode de vie pour le moins étrange. Lorsqu’un frère et sa sœur, à la recherche d’un abri et de nourriture, tombent sur ce dernier, il va accepter de les abriter à certaines conditions. 
Progressivement, ils vont voir leur raison vaciller et vont tomber dans un monde de débauche et d’immoralité (1). Certes, comme nous l'avons déjà mentionné, avec Tenemos la Carne, Emiliano Rocha Minter signe un vibrant hommage au cinéma de Luis Bunuel, David Lynch et Fernando Arrabal, mais pas seulement. 

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We Are the Flesh se démarque de ses augustes épigones par sa liberté de ton et son envie de côtoyer la philosophie expérimentale, ainsi que la psychiatrie de Jung. Par-là, comprenez que We are the Flesh décontenancera les esprits les plus aguerris. Le film s'adresse donc à un public averti et pour cause... We Are The Flesh n'a donc pas usurpé son interdiction aux moins de 16 ans, d'autant plus que les séquences coïtales ne semblent pas simulées.
Pourtant, point de classification "X" même si le long-métrage ne risque pas de bénéficier d'une distribution dans le circuit courant. Avec un scénario aussi alambiqué, difficile de faire l'unanimité. Il n'est donc pas surprenant que les avis soient aussi mitigés. En l'état, difficile aussi de se prononcer sur les réelles qualités de Tenemos la Carne

Par certaines accointances, cette oeuvre n'est pas sans rappeler le tout premier essai cinématographique d'Alejandro Jodorowsky, Fando et Lis (1970). A l'instar du réalisateur chilien, Emiliano Rocha Minter met lui aussi son casting à rude épreuve. En outre, ce sont deux jouvenceaux, à peine entrés dans l'âge adulte, qui doivent subir les concupiscences et les satyriasis d'un homme hideux et anonyme. Dans un premier temps affable mais néanmoins énigmatique dans son comportement parfois déviant, ce dernier révèle son vrai visage, celui du Diable qui règne en maître au sein d'une caverne obombrée. Vous l'avez donc compris. Tenemos la Carne s'apparente donc à une métaphore platonicienne sur l'Allégorie de la Caverne, à la seule différence qu'Emiliano Rocha Minter se contrefout des ombres et des événements extérieurs, préférant ainsi se focaliser sur l'intérieur. 

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Tenemos la Carne revêt alors les oripeaux d'une psychanalyse lacanienne, sondant et explorant une psyché humaine réduite à quia et à ses pulsions reptiliennes. De facto, la caverne se transmute prestement en une allégorie de la cavité uro-génitale, le cinéaste nous conviant à réflexionner sur nos instincts primitifs et archaïques, comme si la mort (Thanatos) était intimement liée au sexe et au désir (Eros). Toujours la même antienne... Ainsi, les séquences outrageantes s'accumulent de façon stratosphérique : fellation en gros plan, inceste, nécrophilie et cannibalisme font partie des tristes réjouissances.
Nul doute qu'Emiliano Rocha Minter possède une certaine érudition derrière la caméra, nous gratifiant de plusieurs saynètes à la fois rutilantes et cathartiques. Rien à redire non plus sur la qualité de l'interprétation, en particulier sur la performance magistrale mais terrifiante de l'excellent Noé Hernandez, qui compose une sorte de diablotin à la fois chamane et hystérique.

A travers We Are The Flesh, Emiliano Rocha Minter nous propose une introspection sur la nature humaine, ainsi qu'une réflexion sur la Création originelle. En résulte un long-métrage à la fois curieux, obscène et malsain qui s'apparente à un pamphlet allégorique sur la genèse de la civilisation humaine. Cette caverne déguisée en cavité uro-génitale symbolise à la fois la naissance, la vie et la mort, ainsi que cette métempsychose, chaque corps ayant la possibilité de se réincarner.
Impression corroborée par toutes ces séquences de transe dans lesquelles les corps épileptiques vacillent, se délitent et tremblent comme pour retrouver leur état initial. A moins que ce ne soit une nouvelle forme de mutation... En l'état, difficile d'en dire davantage... Toutefois, par sa désinvolture et sa volonté farouche de céder à tout compromis, Tenemos la Carne finit par susciter une certaine forme de circonspection. A contrario, le film opère une véritable fascination, ne serait-ce que par sa volonté d'effaroucher le spectateur et de toucher aussi impunément aux tabous et aux interdits. 
Difficile de savoir où et dans quelle direction le cinéaste mexicain souhaite nous aspirer. N'est pas "Jodo" ni Arrabal qui veut. En l'état, la conclusion finale, elle aussi nébuleuse, ne manquera pas à son tour de dérouter le spectateur estourbi, donnant parfois l'impression de marcher sur ses acquis, eux aussi erratiques. Bref, si Tenemos la Carne ne peut laisser totalement indifférent, le film uppercute et désarçonne en laissant le spectateur ébaubi et pantois. 
A voir pour ceux qui souhaitent tenter une telle expérience... Parfaitement non-notable, donc !

Note :?

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : http://www.critique-film.fr/critique-we-are-the-flesh/

Métal Hurlant (Craignez la puissance du Loc-Nar)

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Genre : Animation, fantastique, science-fiction (interdiction non mentionnée)

Année : 1981

Durée : 1h30

 

Synopsis :

Suite à l'arrivée d'un mystérieux engin tout venu de l'espace, une lueur verte nommée le Loc-Nar répand son pouvoir maléfique sur toute la surface de la Terre. Mais qui aura donc le courage de la stopper ?

 

La critique :

Lentement mais sûrement, Cinéma Choc commence à s'enorgueillir de films d'animation majeurs et transgressifs et aujourd'hui, on va enrichir ce petit catalogue avec une oeuvre d'animation peu connue à notre époque et qui porte le doux nom de Métal Hurlant, sorti en 1981 et mis en scène par la plume canadienne, à savoir Gerald Potterton, un nom qui ne vous dira probablement pas grand-chose. Faites-moi signe si vous avez déjà entendu parler de The Railrodder, My Financial Career ou encore Le Prince Heureux. Définitivement, le long-métrage chroniqué aujourd'hui reste son oeuvre la plus connue. Les plus anciens que moi et mes 23 jeunes années au compteur doivent sans doute se souvenir du magazine de bande dessinée éponyme, créé dans les années 70, par Dionnet, Moebius et Druillet, et de sa version américaine Heavy Metal.

Il existe un deuxième film de même inspiration, Heavy Metal 2000 mais dont le seul lien avec le premier est la reprise de l'épisode final. Il conviendra aussi de dire que Luc Besson s'inspira grandement du film chroniqué aujourd'hui pour le taxi de Bruce Willis, entretenant des rapports avec l'épisode Harry Canyon. De plus, l'intrigue est similaire : un chauffeur de taxi recueille une jeune femme et la soustrait à la fois à ses poursuivants directs et aux forces de police. Ceci étant dit, il convient de mettre en évidence la relative confidentialité de cette histoire à sketchs, dont je n'ai appris l'existence que par hasard dans la liste des derniers films proposés en téléchargement sur le regretté ancien Zone-Téléchargement. Mais j'ai marteléà de nombreuses reprises que confidentialité ne rime pas automatiquement avec mauvais film. Est-ce le cas ici ? Réponse dans la critique.

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ATTENTION SPOILERS : Métal Hurlant se compose d'une suite d'histoires reliées par un thème : toutes mettent en scène le pouvoir maléfique et les méfaits d'une immonde lueur verte, le Loc-Nar. Sur ce fil conducteur se greffent tout l'humour et la dérision des auteurs du Métal hurlant des années 1980.

Bref comme vous l'avez compris, Métal Hurlant n'est pas un unique film à proprement parler mais bien une succession d'histoires qui sont toutes reliées par un seul et unique thème, soit le Loc-Nar. Cette entité sphérique et verte fluorescente dont l'origine de sa création est inconnue est représentée comme l'ange de la mort semant le chaos et la désolation partout où elle passe. A ce niveau, on pourrait postuler le fait que le Loc-Nar n'est ni plus ni moins que la représentation imagée des bas instincts de l'homme qui ne peut se défaire de ses pulsions primitives reposant sur la violence et la domination. Car c'est bien en cela qu'est axé cette anthologie : sur la violence omniprésente et/ou banalisée, là où extraterrestres et êtres humains cohabitent de manière étroite et méfiante.
L'idée est plus qu'intéressante car un film d'animation pour adultes suscite toujours une curiosité et une attraction inexplicables. Peut-on adresser nos louanges à ce Métal Hurlant ? Malheureusement, on reste déçu par le traitement proposé. Sans doute la faute à ce que l'on en attendait trop mais aucune inquiétude, on est loin du mauvais film.

Au total, on retrouve 7 histoires fantastiques : Grimaldi, Harry Canyon, Den, Captain Sternn, B-17, So Beautiful and So Dangerous et enfin Taarna. Ces histoires sont radicalement différentes dans leur tonalité et leur contexte. Harry Canyon est une classique intrigue policière avec un taxi-driver venant au secours d'une belle en détresse, dans un New-York sale et futuriste où la violence est intégrante et pire, banalisée. D'obscurs personnages cherchent à récupérer le Loc-Nar. Den voit un petit garçon transmuté en une sorte de goliath et se retrouvant dans un monde fantastique où il devra faire face aux ambitions machiavéliques de plusieurs personnages pour obtenir ou conserver le Loc-Nar.
Dans Captain Sternn, on assiste au procès du...capitaine Sternn, personnage dont la ressemblance avec Superman est frappante et collectionnant tous les vices possibles. Au cours de ce procès, le Loc-Nar sèmera le désastre. B-17 est tiré d'une histoire du scénariste de Alien où les membres décédés d'un avion de guerre se transforment en zombie sous l'effet du Loc-Nar. Dans So Beautiful and So Dangerous, on suit l'expédition d'extraterrestres sniffeurs de coke sur Terre, où ils enlèvent deux humains dont une superbe secrétaire. Enfin, Taarna raconte l'aventure d'une guerrière, dernière de sa race, qui aspire à venger les siens. L'épisode Grimaldi sera sous forme de transition entre les différentes histoires et contera l'histoire d'un père ramenant le Loc-Nar chez lui pour la montrer à sa fille mais il se retrouvera volatilisé par celui-ci. La relique commencera alors à terrifier la fille tout en lui parlant.

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Si Métal Hurlant se suit sans que l'on ne se ronge trop les ongles, il possède un problème de taille résidant dans la qualité de ses histoires. Alors que certaines seront géniales, je pense àHarry Canyon, B-17 et Taarna, d'autres seront un cran en-dessous telles So Beautiful and So Dangerous (et encore, cette histoire est très plaisante à suivre mais pas du niveau des 3 histoires citées précédemment) ou Grimaldi. Mais le pire est que certaines procureront un sentiment total de désintérêt sur l'histoire. Den et Captain Sternn en sont les exemples. Comment cela a-t-il pu se produire ? Tout simplement car le film a été fait dans l'urgence et que la création des différentes histoires a été répartie entre plusieurs studios d'animation, ce qui explique aussi le dessin différent par moment.
Il n'en fallait pas plus pour gâcher le potentiel d'une anthologie qui aurait pu être superbe si elle ne s'était pas retrouvée entre les mains de producteurs incompétents. Du coup, on a cette impression d'un manque d'ambition qui clignote par moment à l'écran. Pire encore, une histoire a dûêtre coupée pour réduire la durée. Cette histoire, du nom de Neverwhere Land, devait se situer entre Captain Sternn et B-17 et voyait le Loc-Nar tomber sur la Terre pour la corrompre, de la préhistoire jusqu'à la seconde guerre mondiale. Une histoire vraiment intéressante qui passa à la trappe. Etrange quand on sait que Métal Hurlant ne dure qu'à peine 1h30. Difficile de comprendre l'excuse du raccourcissement de la durée.

Maintenant, si on devait se baser sur l'aspect technique du film, là nous pouvons être pleinement comblé. Métal Hurlant appartient à cette génération de dessins animés occidentaux (je précise !!) qui ne pourrait être produit aujourd'hui. Potterton met en scène un savant mélange de violence, de nudité, le tout sous fond de rock and roll qui ne peut que plaire au spectateur le plus récalcitrant. La transgression est mise en avant alors que les années 80 n'étaient pas encore suffisamment prêtes à ce type de délire. Nous sommes en 1981, dans une époque où le dessin animéétait vu pour les enfants.
Même Ken le Survivant, qui créa scandale à l'époque car la violence ne pouvait faire ménage avec le dessin animé, sortit plus tard chez nous. Dans Métal Hurlant, la violence est omniprésente, le sang est affichéà l'écran (sans effluves importantes) et les femmes se déshabillent à outrance alors que nous pouvons assister à certains rapports sexuels lorgnant plus vers un érotisme timide que vers de la pornographie. Ceci peut s'expliquer par le fait qu'il n'y ait aucune femme dans les concepteurs du film et on comprend tout de suite un peu mieux.

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Le dessin est beau, avec un côté borderline bien marqué et a très bien vieilli, au détriment de nombreuses oeuvres d'époque. Un grand travail a été effectué sur la conception des corps (hé hé hé...) et on appréciera plusieurs audaces graphiques. En effet, les concepteurs eurent recours à l'utilisation du Rotoscope, l'ancêtre des capteurs et consistant à dessiner par-dessus les images filmées d'une personne en mouvement. Ainsi, la guerrière Taarna a existé en la personne du top model Carole Desbiens.
Il y a une utilisation ingénieuse de multiples techniques précédant l'essor des possibilités de l'informatique et de l'infographie. Des objets grandeur nature (une Corvette), des modèles réduits (un avion B-17) ou des paysages désertiques ont été filmés et intégrés aux dessins. Une caméra multiplane de 5 mètres fut utilisée pour donner de la profondeur de champ à des scènes aériennes. Vous l'avez compris, Métal Hurlant est fascinant par son côté novateur dans sa production.

En conclusion, Métal Hurlant est une oeuvre bien difficile à noter en raison d'un panel de grandes qualités mais aussi de défauts gênants. Si tout l'aspect physique, sonore et esthétique fait des merveilles et qu'il y a de très bonnes histoires, on retrouvera à côté un sérieux manque de gnac par moment, une intensité pas toujours présente ainsi que des histoires basiques, voire même insipides. Cela porte un nom : le phénomène de dent-de-scie. Pourtant, malgré ces cruels défauts, Métal Hurlant mérite d'être vu, ne fut ce que pour ses révolutions techniques, son aspect borderline et sa tonalité transgressive. Un vestige d'un passé révolu de liberté cinématographique loin d'être indispensable qui plaira sans doute aux fans du magazine. 

 

Note :13/20

 

 

orange-mecanique  Taratata

 

Taeter City (Syndrome Alpha)

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Genre : horreur, gore, trash, science-fiction (interdit aux - 16 ans)
Année : 2013

Durée : 1h12

Synopsis : Taeter City. Une cité en paix. Les meurtriers, poussés par les des antennes Zeed à révéler leurs bas instincts et à se suicider, sont collectés comme source de nourriture et vendus dans les restaurants Taeter Burger. Toutefois, un meurtrier semble avoir muté au contact des ondes, décuplant ses forces et lui permettant lui aussi d’émettre des ondes Zeed transformant tout le monde à proximité en tueur assoiffé de sang. 

La critique :

Les thuriféraires du cinéma trash et extrême connaissent forcément le nom de Giulio De Santi, un cinéaste italien essentiellement spécialisé dans les pellicules outrancières et "craspecs", à la fois influencées par le cinéma d'horreur italien des années 1970 et 1980 (principalement Lucio Fulci et Dario Argento), la culture manga et l'univers déployé par les productions Troma (en particulier, la série des Toxic Avenger). Dès 2011, Giulio De Santi assène un véritable uppercut avec Adam Chaplin, une sorte de Ken le survivant version live, estourbissant le spectateur à coup de séquences gore, comme si Ricki-Ho : Story of Ricky (Ngai Choi Lam, 1991) rencontrait le cinéma gothique, baroque et eschatologique de Lucio Fulci. Giulio De Santi confirme cette fascination pour l'horreur outrancière avec ses pellicules suivantes, notamment Hotel Inferno (2013), Infidus (2015), The Mildew from Planet Xanader (2015) et Hotel Inferno 2 : The Cathedral of Pain (2017).

Vient également s'ajouter Taeter City, sorti en 2013, et qui constitue le second long-métrage de Giulio De Santi. Avec Adam Chaplin, Giulio De Santi a imprimé un style irrévocable et brut de décoffrage. Une recette que le cinéaste est bien décidéà réitérer avec Taeter City. Autant l'annoncer de suite. Même auprès des amateurs du cinéma trash, Taeter City ne fait pas vraiment l'unanimité. Nombreux sont les contempteurs à persifler après une mise en scène un brin redondante et grandiloquente.
A contrario, les fans encensent une pellicule couillue qui se démarque des longs-métrages habituels, rompant avec un cinéma d'horreur traditionnel à l'agonie depuis presque une décennie. Inutile alors de préciser que Taeter City n'a pas bénéficié d'une sortie dans les salles obscures. Néanmoins, le film est disponible en vidéo ou encore par l'intermédiaire du streaming.

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Inutile aussi de mentionner la distribution du film à moins que vous connaissiez les noms de Monica Munoz, Ricardo Valentini, Santago Ortaez, Wilmar Zimosa, Enrique Sorres et Pierluigi Nitas, mais j'en doute... Attention, SPOILERS ! Taeter City. Une cité en paix. Les meurtriers, poussés par les des antennes Zeed à révéler leurs bas instincts et à se suicider, sont collectés comme source de nourriture et vendus dans les restaurants Taeter Burger.
Toutefois, un meurtrier semble avoir muté au contact des ondes, décuplant ses forces et lui permettant lui aussi d’émettre des ondes Zeed transformant tout le monde à proximité en tueur assoiffé de sang. A l'aune de ce synopsis, force est de constater que Taeter City se nimbe de diverses influences. Par certaines accointances, le script de Taeter City n'est pas sans rappeler celui de Minority Report (Steven Spielberg, 2002).

Là aussi, il est question d'une société autocratique et totalitaire qui s'ingénie à débusquer les potentiels criminels. Mais depuis Minority Report, la société humaine a franchi un cap supplémentaire vers la déliquescence. Les futurs forfaitaires ne sont plus condamnés àêtre enfermés dans des containers cryogénisés. Désormais, leur chair putride doit servir de nourriture à une chaîne de hamburgers ! A travers ce synopsis, pour le moins atypique, Giulio De Santi pose la question de la moralité ou plutôt de son antithèse. Qui est le plus amoral ?
Celui qui est décrié comme un sadique ou un pervers ? Ou une société qui se nourrit de leurs impudicités pour les refourguer à la populace ? Que soit. Taeter City n'a pas de telles velléités philosophiques. De facto, hormis quelques analogies furtives, le long-métrage se situe à mille lieux de Minority Report.

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De surcroît, plutôt que la réflexion, Taeter City privilégie davantage les effusions sanguinolentes, les cervelles cisaillées, le gore qui tâche et qui pique les yeux, les plaies béantes, les énucléations rutilantes, ainsi que les démembrements ad nauseam ! La grande force du film repose donc sur ce mélange hétéroclite entre la science-fiction, une société décadente et avilie par le cannibalisme, et une violence trash et délicieusement érubescente. Les amateurs de tripailles et de barbaques seront donc en terrain connu et quasiment conquis.
Avec Taeter City, Giulio De Santi a le mérite de déployer un univers fantasmagorique souvent déviant mais un brin futile et pour le moins redondant. Par-là, comprenez que les nombreux atouts du film sont aussi ses défauts les plus embarrassants.

Désolé donc de corroborer la majorité des critiques à l'encontre du film en dépit de ses qualités inhérentes ! Si un grand soin a été apporté aux effets spéciaux et aux maquillages, pour le moins impressionnants, la mise en scène brille aussi par ses atermoiements et son amphigourisme. Curieusement, Taeter City ressemble, à s'y méprendre, à la diatribe du capitalisme qu'il admoneste et vilipende. A l'instar de cette machine lucrative et impitoyable, lui aussi se nourrit du voyeurisme et des pulsions primaires qui nous animent pour nous proposer un spectacle parfois indigeste et régulièrement entrecoupé de spots publicitaires. Un oxymore. 
In fine, difficile de s'attacher aux divers protagonistes du film tous condamnés, par ailleurs, à finir en bouillie ou en charpie (vous choisirez). Or justement, on aurait aimé que Giulio De Santi s'attarde un peu plus sur ce processus de déshumanisation transformant les individus en des créatures hybrides, protéiformes et formatées par un univers à la fois omnipotent et égotiste, nouvel apanage d'une globalisation exponentielle. Indubitablement, Taeter City possède un vrai potentiel. Hélas, c'est une certaine amertume qui point lors du générique final.

Note : 12/20

 

sparklehorse2 Alice In Oliver


Faim De Mort Trilogy (Attention, ça tâche !)

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faim de mort

Genre : comédie, trash, horreur, gore, extrême (interdit aux - 16 ans avec avertissement)
Année : 2009 - 2014
Durée : 34 minutes 


Synopsis : Un homme dont la femme se retrouve à l'état de zombie est pris d'hallucinations morbides qui le rendent affamé de chair humaine.


La critique :

Et un ovni de plus sur Cinéma Choc, un! Chers amis blogueurs, j'ai le plaisir de vous présenter aujourd'hui le film français le plus gore de l'histoire ; eh oui, rien que ça. Alors vous pouvez oublier les Haute Tension, À l'intérieur et même le très sanguinolent Making Off. Ils sont littéralement renvoyés à leurs chères études par cette trilogie outrancière réalisée par François Yagopian entre 2009 et 2014. Faim De Mort, c'est le gore cartoonesque d'Evil Deadà la puissance cinquante, tout en conservant cet humour (très) noir et en y rajoutant des déviances morales et sexuelles gratinées.
Pour trouver des équivalents aussi détraqués que cet objet filmique improbable, il nous faudra nous rendre outre-Rhin où sévit le maître de l'ultra gore européen, Olaf Ittenbach ou bien outre-Atlantique, avec les oeuvres marécageuses d'hémoglobine de Brian Paulin. En effet, avec cette trilogie de courts-métrages, François Yagopian surpasse de très loin tout ce qui a été fait en matière de films d'horreur hexagonaux. À la fois hyper sanglantes, malsaines et jubilatoires, les oeuvres déjantées de ce cinéaste loufoque et talentueux renouvellent en profondeur le genre horrifique dans un cinéma français toujours à la traîne dans ce domaine.

Ceci, même si le récent Grave a accumulé les louanges de la critique. Mais Grave, malgré toutes ses qualités, est lui aussi proprement pulvérisé par la folie furieuse de Faim De Mort Trilogy, laquelle il est vrai, ne joue pas du tout dans le même registre. Au sérieux de Grave, Faim De Mort répond par une orgie mémorable de gore excentrique où le réalisateur se lâche plein pot pour nous en mettre plein les mirettes. Oui, ces trois petits films représentent réellement une pure éclate pour les amateurs de films qui éclaboussent l'écran d'un beau rouge sang.
En fait, Faim De Mort Trilogy représente un cas d'école de tout ce qu'il faut faire pour rendre un film d'horreur jouissif. Un exercice de style à l'ancienne avec des tripes qui volent, des corps déchiquetés, des sexes découpés, j'en passe et des meilleures. Inévitablement, cette oeuvre décomplexée du hachoir nous fait penser de suite aux débuts frappadingues de Peter Jackson avec ses mythiques Bad Taste et Braindead ; ce dernier ayant détenu pendant longtemps le titre honorifique de "film le plus gore de tous les temps".

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En tant que cinéaste débutant et indépendant, Yagopian àété confronté au même problème que le réalisateur néo-zélandais à son époque: le manque flagrant de moyens financiers (400€ par épisode !). Et pour compenser cette carence à priori rédhibitoire, Yagopian ne manque vraiment pas d'imagination. Jouant à fond sur le délire visuel à outrance, le réalisateur s'autorise tous les excès : barbaques découpées, tête tranchée, yeux transpercés, sexe arraché, chair dégustée, tout y passe mais toujours sur un ton humoristique très noir et sur une bande musicale complètement décalée puisque toutes ces horreurs sont proposées au spectateur sur des grands airs d'opéra, des chansons populaires voire des grognements porcins ! L'originalité vient aussi et surtout, du synopsis en lui même : un homme vivant qui dévore des zombies, il fallait oser y penser et renverser le postulat qui depuis des décennies nous offrait la situation inverse. Les regrettés George Romero et Lucio Fulci doivent se retourner dans leur tombe ! Yagopian s'octroie le rôle principal et l'action se déroule, dans sa quasi-totalité, dans un appartement miteux.

Le film flirte donc avec un amateurisme pleinement assumé. Pourtant nous sommes à des années-lumière des séries Z germaniques honteuses et décérébrées signées Andreas Schnass (Violent Shit) ou Heiko Fipper (Das Komabrutale Duell) qui fleurissaient dans le cinéma underground teuton des années quatre-vingt-dix. Très loin aussi du nanar français culte (mais d'une nullité sans nom) Ogroff Mad Mutilator, à qui le réalisateur adresse un clin d'oeil lors d'une rapide scène, où l'on voit l'affiche de ce film allègrement aspergée de sang. Excellent derrière la caméra, Yagopian l'est tout autant devant et se révèle très drôle en hurluberlu cannibale et mal embouché, victime d'une démence qui ne va faire que s'empirer au fil des minutes. Comparéà ce qui lui arrive, les déboires de Ash dans Evil Dead ressemblent à de petits problèmes insignifiants ! Attention spoilers :  Opus n°1 : un homme se réveille devant sa télévision, une bouteille de whisky vide à la main. Sa femme zombifiée apparaît soudain.
Il la décapite, met sa tête dans une poubelle et s'allume tranquillement une cigarette. Survient aussitôt un autre mort vivant en état de décomposition avancée. Le cadavre ambulant mal en point, s'arrache le sexe sur un clou. Notre "héros" en proie à de sévères hallucinations, découpe alors le zombie et commence à le déguster avec de la ratatouille niçoise au son du Beau Danube Bleu de Johan Strauss.

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Opus n°2 : l'histoire monte d'un cran dans les déviances trash proposées: fellation de la femme zombie qui arrache le sexe du "héros", dégustation d'un foetus à la broche etc. Ici, les scènes sont accompagnées par des couinements de porc et des chansons populaires comme "Parlez moi d'amour" et "Tiens, voilà du boudin". Le court métrage s'achève avec l'homme qui déambulent dans un cimetière et qui crache sur sa propre tombe. 
Opus n°3 : véritable feu d'artifice final, cet opus met l'homme aux prises avec un démon féminin qu'il décapite mais le démon se régénère aussitôt.
Au programme: pénis tire-bouchonné (scène aussi horrible qu'hilarante), images religieuses éclaboussées d'hémoglobine, squelette qui urine du sang, visions subliminales, zombie crucifié avec posture christique et couronne d'épines sur la tête, etc. 
Ça va ? Vous tenez le coup ? Il est vrai qu'à la lecture de telles insanités, on pourrait croire à une oeuvre blasphématoire, pornographique ou que sais-je. Pas du tout, du tout ! S'il y a bien un film à prendre au millième degré, c'est bien Faim De Mort Trilogy.

Imaginez (une supposition) que Sam Raimi, Jimmy Screamerclauz et Tex Avery aient eu l'opportunité de se rencontrer et de faire un film ensemble ; cela aurait donné quelque chose de très proche de cet objet filmique. Difficile de faire plus barge dans le comique horrifique que ces trois courts-métrages qui alignent, sans discontinuer, du hardgore de la première à la dernière seconde. Quant aux scènes de comédie pure, elles sont pléthores, surtout dans le deuxième opus quand le héros a de sérieux problèmes avec un sexe (en latex) plutôt récalcitrant. La tête du malheureux lorsque son attribut masculin tombe dans les toilettes alors qu'il est en train d'uriner est indescriptible de drôlerie.
Jamais l'expression "à pisser de rire" n'aura aussi bien porter son nom ! Rarement, la comédie et l'horreur auront été aussi bien mises en scène formant une osmose totale dans le déroulement de l'action. Comment passer sous silence la prouesse de l'équipe du film pour la qualité des effets spéciaux au vu du budget incroyablement famélique dont disposait Yagopian pour réaliser chacun des épisodes : 400 euros ! Une telle indigence pécuniaire aurait dû se voir à l'écran comme le nez au milieu du visage. Que nenni.

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Comme quoi avec trois bouts de ficelle, beaucoup d'imagination et pas mal de talent, on peut réussir des merveilles. Évidemment, cette trilogie comico-trash restera destinée à végéter dans les tiroirs de l'art underground mais Dieu, que c'est dommage ! Ce film fait souffler un vent de folie sur le cinéma de genre à tel point que les commentateurs d'Amazon USA sont unanimement dithyrambiques à son sujet. Le film est d'ailleurs beaucoup plus connu aux États-Unis qu'en France et le dvd n'est disponible qu'en zone 1, c'est-à-dire approprié aux seuls lecteurs dvd américains, canadiens ou multizones. Un comble pour un film français... Quoiqu'il en soit, François Yagopian a su créer son propre univers avec un style inimitable. Aucun tabou, aucune limite ne semble arrêter l'iconoclaste réalisateur d'origine arménienne. Le troisième opus de la trilogie est sur ce point assez intéressant car Yagopian s'attaque frontalement aux symboliques religieuses et mystiques. Il le fait, bien sûr et comme toujours sur le ton de la dérision et de l'absurde, mais sous ces dehors d'irrévérence burlesques, on peut deviner la satyre clairement affichée du christianisme.

Au passage, il gratifie son final de quelques inévitables références àL'exorciste ou àAmityville La Maison Du Diable, lorsqu'il fait couler (à l'envers) du sang des murs. Icônes de vierges, crucifix et autres pictogrammes sont ainsi sévèrement malmenés lors du combat final avec un démon muni de plusieurs pénis qu'il utilise comme revolvers. Pour le bon goût, on repassera...Mais c'est justement en bousculant les codes du sacré de manière caricaturale que Faim De Mort Trilogy puise sa force de propos et sa puissance d'attraction cinématographique. Rien à voir cependant avec les succubes qui dévorent le Christ dans Subconscious Cruelty. Ici, le traitement est beaucoup plus léger et beaucoup moins blasphématoire graphiquement, mais la virulence de la critique est tout aussi appuyée. 
Pour conclure cette chronique élogieuse, je constate avec amusement que j'ai été plutôt généreux en termes de notation ces derniers temps. De deux choses l'une, soit je deviens plus indulgent avec l'âge, soit les films que j'ai proposés dernièrement sont de très bons films. J'ai la faiblesse de pencher pour la deuxième explication. Avec Faim De Mort Trilogy, les amateurs de gore et de déviances en tous genres vont se retrouver propulsés dans une dimension délirante et inconnue dans le cinéma français. Faim De Mort Trilogy, c'est 34 minutes de furie à l'écran comme vous n'en verrez pas souvent. Alors, un grand coup de chapeau à François Yagopian qui a réussi le tour de force de réaliser ce film qui va vous écoeurer en même temps qu'il vous fera hurler de rire.
Excellent visionnage à tous les cinéphiles curieux... et courageux !


Note :17,5/20

TumblingDollOfFlesh Inthemoodforgore

Commando (Peu importe où, quand et comment, quelqu'un doit payer)

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Genre : action (interdit aux - 12 ans)
Année : 1985
Durée : 1h28

Synopsis : Après avoir mené de nombreuses missions périlleuses, le colonel John Matrix, un ancien combattant d'élite, coule des jours heureux avec sa fille Jenny, âgée de 12 ans. Mais le général Arius, dictateur déchu, fait kidnapper celle-ci et charge Matrix d'assassiner l'actuel Président du Valverde. Ce qui n'est pas dans les plans de notre héros... 

La critique :

Si la carrière cinématographique de Mark L. Lester débute dès 1971 avec le méconnu Twilight of the Mayas, pour le cinéaste, scénariste et producteur, il lui faudra patienter jusqu'en 1982 pour connaître enfin son premier grand succès, avec Class 1984, un drame anticipationnel qui renâcle du côté de Stanley Kubrick avec le non moins sulfureux Orange Mécanique (1971). Par la suite, Mark L. Lester se spécialise essentiellement dans le cinéma bis et devient l'un des parangons de la série B, notamment avec Charlie - Firestarter (1984), Armé et dangereux (1986), Dans les griffes du dragon rouge (1991), Class of 1999 (1990) et Ptérodactyles (2005).
Vient également s'ajouter Commando, sorti en 1985, et qui reste probablement son film le plus proverbial. Commando, c'est avant tout un acteur, Arnold Schwarzenegger, en plein essor à l'époque.

En effet, le comédien musculeux et opiniâtre ressort des tournages successifs de Conan le barbare (John Milius, 1982) et de Terminator (James Cameron, 1984) qui l'ont propulsé sur les feux de la rampe. En dépit de l'immense succès du premier Terminator, Arnold Schwarzenegger reste encore confiné dans l'univers étriqué du cinéma bis. Par ailleurs, rappelons que Terminator est une série B. Abonné aux rôles de dur à cuire, Arnold Schwarzenegger accepte d'interpréter le personnage de John Matrix, un ancien soldat des commandos d'élite, et surtout un as de la gonflette.
Nanti d'un budget plutôt modeste (environ 10 millions de dollars), Commando devient l'un des films les plus rentables d'Arnold Schwarzenegger, confirmant l'hégémonie de l'acteur sur le cinéma d'action. Toutefois, Commando appartient à une autre catégorie, celle des nanars azimutés, celle qui a vu Charles Bronson triompher dans Le Justicier de New York (Michael Winner, 1985) à la même époque.

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Si par leurs thématiques (la vengeance expéditive pour le film avec Bronson et le sauvetage de sa fille pour celui avec Schwarzy), les deux longs-métrages divergent sur de nombreux points. A contrario, ils partagent de nombreuses accointances, ne serait-ce que par leur volonté farouche de présenter un héros invariablement impavide, stoïque, invulnérable, invincible et curieusement insensible aux balles. Qu'ils se nomment John Matrix ou Paul Kersey, ces justiciers au grand coeur exterminent la racaille, la pègre, les voyous, la mafia locale, les terroristes et même la planète entière si nécessaire, qui plus est, à eux tous seuls ! Hormis Arnold Schwarzenegger, la distribution de Commando réunit Alyssa Milano, Rae Dawn Chong, Dan Hedaya, Vernon Wells, James Olson, David Patrick Kelly et Bill Duke.
A noter aussi l'apparition furtive de Bill Paxton dans le rôle d'un intercepteur.

Commando tient aussi une place idoine et méritée sur le site Nanarland (source : http://www.nanarland.com/Chroniques/chronique-commando-commando.html) pour moult raisons. Car Commando, c'est aussi un méchant, ici incarné par Vernon Wells qui campe un certain Bennett, lui aussi un ancien soldat d'élite grimé en sosie de Freddie Mercury, et arborant une tenue à la limite du sadomasochiste pervers ! Viennent aussi s'ajouter des répliques ubuesques : "Crache ta vapeur, sale pourriture !", ou encore cet incroyable dialogue entre une Alyssa Milano rogue et son ravisseur :
Le ravisseur : Ton père semble se montrer coopératif, tu vas le retrouver très bientôt ! Ca sera chouette pour toi hein ? 
Alyssa Milano : Oui mais ça sera encore plus chouette de le voir buter votre sale gueule !

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Dès le générique d'introduction, Mark L. Lester a le mérite de présenter les inimitiés via un Arnold Schwarzenegger déguisé en bûcheron. Dans sa main droite, une tronçonneuse. Dans l'autre, un arbre tout entier ! Indubitablement, Commando joue sur la figure du Terminator, sur cet acteur invincible qui doit décimer tout sur son passage, et en particulier les portes du cinéma d'Hollywood. Certes, Schwarzy n'incarne pas ici un cyborg. Toutefois, sa prestesse et sa robustesse sont mises à rude épreuve. Flanqué d'une hôtesse de l'air, Cindy (Rae Dawn Chong), qui passe son temps à jacter et à pousser des cris d'orfraie, l'ancien militaire reste imperturbable et massacre ses assaillants avec une remarquable dextérité.
Au détour d'une conversation oiseuse, Schwarzy renverse une voiture à main nue, manie le lance-rocket sans barguigner et extermine toute une armée à lui tout seul.

Alors qu'il croupit au fond d'une cabane en bois, l'ex-soldat est bientôt menacé par une escouade de soldats. Pas de problème ! Muni d'un couteau, de quelques grenades et d'une hache acérée pour l'occasion, Matrix déglingue, assomme, étrille, flingue et explose tout un tas de bâtiments dans un camp en pleine effervescence. Toutefois, dans cette frénésie généralisée, l'omnipotence de Schwarzy est contrariée par la prestation stratosphérique de Vernon Wells.
Exempt sa tenue de militaire pour le moins funambulesque, l'acteur nous gratifie de mimiques forcées, surjouant son personnage de sociopathe jusqu'à la nausée ! Comprenez bien : Bennett veut la peau de Matrix. Il veut sa revanche et lui prouver qu'il est le meilleur ! Pourtant, l'ex-militaire a au moins dix occasions de buter Matrix sans coup férir.

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Faraud, Bennett fait parler la testostérone. Rien que pour le pugilat final entre les deux hommes, d'une cancrerie insondable, Commando justifie son visionnage. Pour conclure, comment ne pas évoquer la "performance" (c'est un bien grand mot...) de Rae Dawn Chong, une jeune femme claustrée dans un monde de brutes, de misogynes, de machistes et de barbares joyeusement guerroyeurs ? A chaque instant, la comédienne a l'air de se demander comment elle a pu se fourrer dans une telle galère ! L'actrice cabotine à merveille et campe la jeune femme hystérique toujours au bord de la crise de nerfs. Vous l'avez donc compris. Par ses excès, ses poncifs, sa goguenardise et ses saynètes de guerre débridées, Commando incarne outrageusement le film d'action des années 1980, avec tout ce que cela comporte en termes de "nawak" et de nanardise.
Un rôle sur mesure pour Arnold Schwarzenegger.

 

Côte :Nanar

sparklehorse2 Alice In Oliver

 

Only God Forgives (Règle numéro 1 : ne jamais se mesurer à Dieu)

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Genre : Drame, thriller (interdit aux - 12 ans avec avertissement)

Année : 2013

Durée : 1h30

 

Synopsis :

À Bangkok, Julian, qui a fui la justice américaine, dirige un club de boxe thaïlandaise servant de couverture à son trafic de drogue. Sa mère, chef d’une vaste organisation criminelle, débarque des États-Unis afin de rapatrier le corps de son fils préféré, Billy. Le frère de Julian vient en effet de se faire tuer pour avoir sauvagement massacré une jeune prostituée. Ivre de rage et de vengeance, elle exige de Julian la tête des meurtriers. Julian devra alors affronter Chang, un étrange policier à la retraite, adulé par les autres flics.

 

La critique :

C'est toujours quelque peu délicat de se décider à chroniquer un film avec, sur la pochette, le petit logo du festival de Cannes. On tient fréquemment un film sujet à la polémique alors quand, en plus, on a derrière un réalisateur tout autant polémique en la personne de Nicolas Winding Refn, la difficulté est d'autant amplifiée. Le créateur du très bon Drive, de l'étrange et parfaitement non notable Valhallah Rising, la trilogie Pusher ou dernièrement The Neon Demon défraie les festivals à chaque sortie d'une nouvelle oeuvre et le film d'aujourd'hui, du nom de Only God Forgives, n'y échappe pas.
De fait, la genèse du film commence lors d'une crise existentielle du réalisateur. Alors que sa femme et lui attendent leur second enfant, il a l'idée d'avoir un personnage qui veut se battre contre Dieu, sans savoir la raison. Au cours de la projection au festival de Cannes édition 2013, une partie du public s'en va et à la fin de la projection, sifflements et acclamations se mélangent.

Indubitablement, le film divise à sa sortie en raison d'un style très personnel dans lequel Only God Forgives s'est engouffré. Pire encore, le film écope carrément d'une interdiction aux moins de 16 ans qui sera par la suite révisée en interdiction aux moins de 12 ans avec avertissement. Malgré les habituels débats, l'oeuvre remporte un grand succès et permit encore àWinding Refn de s'imposer comme l'un des cinéastes majeurs de notre époque contemporaine dans un cinéma toujours plus conformiste et axé autour du fric facile. Fait amusant : la stupide Ségolène Royal s'emportera avec toute sa maëstria habituelle de femme bien-pensantes contre la ministre de la culture en l'accusant de laxisme envers les familles pour satisfaire les producteurs du film qu'elle qualifie d'ultra-violent.
Un jour, il faudrait penser à la mettre devant un film de Tohjiro juste pour observer sa réaction. Bon, je vois que je m'emporte donc passons sans plus attendre à la critique.

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ATTENTION SPOILERS : Julian vit en exil à Bangkok où il dirige un club de boxe thaïlandaise servant à des opérations de contrebande et au trafic de drogue. Quand son frère Billy est tué, leur mère Crystal arrive dans la ville pour rapatrier le corps. Elle veut venger son fils aîné et force le cadet à trouver l’assassin. Les contacts de Julian dans la criminalité le conduisent directement à Chang, un officier de police à la fois juge et bourreau. Crystal demande que Julian tue Chang, un acte qui va lui coûter cher.

Difficile d'analyser correctement un film comme Only God Forgives tant nous sommes déboussolés dès les premières minutes de visionnage. Refn nous invite à pénétrer dans un monde où la violence semble faire corps avec les personnages pour ne créer qu'une seule entité gouvernée par les pulsions meurtrières et répandant le mal autour d'elles. A ce niveau, Bangkok, réputé pour ses milieux criminels, est un choix de taille pour dérouler son récit car la ville même est déjà reflet de la violence. C'est dans ce contexte houleux et dangereux qu'évolue Julian, jeune homme ayant fui sa patrie pour d'obscures raisons et qui s'est reconverti en truand notoire. Julian, c'est aussi le reflet d'un homme excessivement torturé, détaché du concept même de la vie et renfermé sur lui-même.
Le cinéaste met en scène un personnage profond, qui ne s'ouvre pas aux autres et se replie dans sa bulle. On peut facilement compter son nombre de phrases au fur et à mesure du récit tant le mutisme est prépondérant chez lui. Un traitement qui en décontenancera plus d'un et qui aura son lot de détracteurs (et c'est compréhensible) mais le fait est que Julian ne laisse pas indifférent tant sa solitude est forte.

Rapidement, un événement grave va chambouler le destin de cette famille éclatée car Billy, le frère aîné, se fait tuer après avoir sauvagement violenté une prostituée. Retour de karma me direz vous mais la matriarche ne l'entend pas de cette façon et est bien décidée à venger son fils en recrutant Julian afin qu'il trouve et tue le meurtrier. De fait, si le personnage principal interpelle dans un premier temps, c'est tout l'environnement familial qui suscite notre curiosité et dérange. Absolument personne n'est à sauver dans l'histoire entre une mère désavouant, humiliant son propre fils tout en glorifiant son fils aîné et partie intégrante d'une organisation criminelle, un frère assassin et un truand des bas quartiers. On pourrait postuler l'hypothèse que Julian n'a pas su obtenir une forme d'épanouissement personnel dûà une mère détestable et un père dont nous n'entendrons jamais parler.
Il est donc aisé de deviner sans trop de problème le fait que Julian se soit renfermé sur lui-même. Mais tout reste dans le domaine de l'abstrait et c'est cela qui complexifie Only God Forgives.

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Donc, une enquête commencera à prendre forme et la piste débouchera sur un étrange policier du nom de Chang, bourreau et justicier et qui n'est pas sans rappeler Dieu punissant les infidèles et protégeant les victimes. Un combat tant physique que métaphysique va alors prendre forme entre un truand se mesurant à ce Dieu tout puissant qui, jamais, ne sera atteint dans son intégrité physique. Ce fait est parfaitement observable au cours de ce combat de boxe entre Julian et Chang où Julian sera tabassé sans qu'il n'ait pu, ne fut ce que, toucher son adversaire. Refn crée ici une vraie allégorie de l'homme se mesurant à Dieu mais qui ne rencontrera que la défaite, la souffrance et le malheur sur son chemin. Se mesurer à Dieu est vain mais n'est-ce pas là une forme de rédemption que Julian cherche ?
Le fait de pouvoir croire en quelque chose, en un Dieu qui puisse l'exorciser de tous ses péchés commis ? La question mérite d'être posée. On pourrait aussi aller un peu plus loin en analysant plus en profondeur les relations entre Julian et sa mère où il apparaît comme un foetus sans défense face à sa Mère toute puissante. Une variation du mythe d'Oedipe en quelque sorte.

De manière progressive, une attraction étrange s'amorce et nous finissons par éprouver un certain intérêt sur le devenir de chaque personnage. Cette attraction est, en grande partie, renforcée par l'esthétique clinquante dont se pare Only God Forgives. Les allergiques aux couleurs flashy sont donc priés de faire un petit tour car Refn n'y va pas de main morte et use à foison de toutes les couleurs possibles pour l'intégrer dans les décors. Il en résulte un film splendide visuellement mais qui ne plaira pas à tout le monde. Cet aspect esthétique crée une dichotomie subtile entre le trait beau et relaxant de cette myriade de couleurs et le climat baigné dans une violence amorale.
Je rappelle que Tarantino fut critiqué pour une représentation esthétique de la violence. Qu'en est-il ici ? Je pense que cette oeuvre peut parfaitement s'imbriquer dans la stylisation de la violence mais ce n'est que mon avis.

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Quelque part, ce trait très singulier parvient à conférer une véritable identitéàOnly God Forgives, finissant par s'enorgueillir d'un trait expérimental fort marqué. Difficile de rechigner devant ces plans qui nous font nous rincer les yeux. Ceux-ci sont bien pensés et les cadrages sont toujours bien montés. Vous allez me dire que l'oeuvre est à un rythme très posé mais il n'est pas rare que certains films évoluant dans ce registre ne savent pas mettre leurs décors bien en évidence. Pour ce qui est de la bande sonore, on évolue dans une tonalité zen, reposante mais agréable.
Encore une fois, il faut aimer. Au niveau du casting, on retrouve Ryan Gosling, un acteur que j'aime beaucoup car, malgré sa belle gueule qui pourrait lui ouvrir les portes de la célébrité via des blockbusters décérébrés, il officie dans du cinéma pointilleux et travaillé. La sortie de Lost River (chroniqué sur le blog pour les intéressés, l'une de mes premières chroniques d'ailleurs) qu'il réalisa, peut en témoigner. Kristin Scott Thomas est impeccable dans le rôle de cette marâtre rongée par la méchanceté. On appréciera beaucoup la prestation de Vitaya Pansringarm, dans le rôle de Chang, loin du psychopathe cliché. Son apparence est tout ce qu'il y a de plus quelconque et sans le moindre artifice. Un homme comme les autres en gros. Le reste du film se composera de Tom Burke, Ratha Pohngam ou encore Byron Gibson mais ceux-ci ne présentent que peu d'intérêt.

En conclusion, Only God Forgives est l'archétype même du film qui divisera les spectateurs entre ceux acclamant et ceux hurlant à l'imposture. Pourtant, on est interpellé par la destinée de cette famille en plein tourments et de cette violence perturbante qui en résulte. Le film pourra être taxé de prétentieux par certains mais il existe une vraie profondeur scénaristique, pas évidente à déceler, je vous l'accorde. Si l'on rajoute une esthétique ravissante et recherchée mais très clinquante, cela ne peut que plaire aux amoureux du visuel filmique. Un long-métrage difficile d'accès nécessitant une certaine ouverture d'esprit avant d'être visionné. Personnellement, le pari est amplement réussi à mes yeux mais quoi que l'on en dise, difficile de noter de manière viable ce qui est probablement le film le plus austère de la filmographie de Refn.

 

Note :???

 

 

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Daredevil - 2003 (L'homme sans peur)

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Genre : fantastique, action (interdit aux - 12 ans)
Année : 2003

Durée : 1h42

Synopsis : Avocat le jour, super-héros la nuit, Matt Murdoch possède une ouïe, un odorat, une force et une agilité incroyablement développés. Bien qu'il soit aveugle, son sens radar lui permet de se diriger et d'éviter le moindre obstacle. Inlassablement, cet être torturé arpente les rues de New York à la poursuite de criminels en tout genre qu'il ne peut punir au tribunal. Daredevil aura à affronter Kingpin, alias Le Caïd, qui dirige d'une main de fer la mafia new-yorkaise, ainsi que son homme de main Bullseye, alias Le Tireur. 

La critique :

Pour une raison difficile à comprendre, la plupart des films de super-héros des années 2000 se nimberont d'une bande originale influencée par le neo-metal, un genre très en vogue à l'époque et porté par des groupes tels System of a Down, Korn, Slipknot, Linkin Park, Limp Bizkit, Papa Roach, Deftones, ou encore Drowning Pool. Hormis quelques exceptions notables, le style neo-metal ne laissera pas un souvenir impérissable. Ainsi, les BO de Spider-Man (Sam Raimi, 2002) et de The Punisher (Jonathan Hensleigh, 2004) nous ont habitués à des musiques rageuses et destinées à flagorner les jeunes éphèbes en manque de sensations fortes. Une dialectique qui n'échappe pas à Mark Steven Johnson, réalisateur de Daredevil en 2003. A l'instar des autres films Marvel de l'époque, lui aussi vient renâcler du côté du neo métal via plusieurs groupes majeurs, notamment Nickelback, Fuel et Evanescence.

En outre, difficile de ressentir une certaine nostalgie pour ces productions et leurs bandes originales pour le moins dissonantes, la plupart du temps les films étant de qualitéégale à leurs musiques stridulantes. Parmi vous, qui se souvient encore de The Punisher (déjà précité) et d'Elektra (Rob S. Bowman, 2005) ? Il est d'ailleurs amusant de citer le cas presque pathologique d'Elektra puisque le film est justement un spin-off de Daredevil et produit justement par Mark Steven Johnson.
Le cinéaste réitérera deux ans plus tard avec Ghost Rider, une autre adaptation des Marvel Comics portée par un Nicolas Cage en mode cabotinage, un peu à la manière d'un Robert Downey Jr. avec la trilogie Iron Man. Certes, Daredevil constitue la toute première adaptation du héros amblyope au cinéma. Toutefois, les connaisseurs noteront une apparition furtive dans Le Procès de l'Incroyable Hulk, un téléfilm réalisé par Bill Bixby en 1989.

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A l'instar de The Punisher, Daredevil se soldera lui aussi par un échec au box-office. Pis, les critiques sont presque unanimement négatives, persiflant une adaptation chimérique, hideuse et outrancière. Reste à savoir si le long-métrage mérite une telle rebuffade. Réponse dans les lignes à venir... La distribution du film réunit Ben Affleck, Jennifer Garner, Colin Farrell, Michael Clarke Duncan, Jon Favreau (futur réalisateur d'IronMan et d'Iron Man 2), Joe Pantoliano, Ellen Pompeo et David Keith.
Pendant longtemps, Vin Diesel sera envisagé pour revêtir les oripeaux rougeoyants et vindicatifs de Daredevil, mais l'acteur est jugé trop ventripotent pour incarner un super-héros véloce et d'une étonnante célérité. Edward Norton, Matt Damon et Guy Pearce seront eux aussi approchés, mais le rôle échouera finalement à Ben Affleck.

Pendant longtemps, le comédien devait écoper des flèches affûtées du Tireur, un rôle attribué en dernière instance à Colin Farrell. Même remarque concernant le personnage d'Elektra, initialement prévu pour Eliza Dushku. Mais Ben Affleck, alors énamouré de la belle Jennifer Garner, insiste auprès de la production pour que le rôle soit adjugé en faveur de la blondinette. Attention, SPOILERS ! Avocat le jour, super-héros la nuit, Matt Murdoch possède une ouïe, un odorat, une force et une agilité incroyablement développés. Bien qu'il soit aveugle, son sens radar lui permet de se diriger et d'éviter le moindre obstacle. Inlassablement, cet être torturé arpente les rues de New York à la poursuite de criminels en tout genre qu'il ne peut punir au tribunal. Daredevil aura à affronter Kingpin, alias Le Caïd, qui dirige d'une main de fer la mafia new-yorkaise, ainsi que son homme de main Bullseye, alias Le Tireur.

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Certes, Daredevil peut s'enorgueillir d'un casting de prestige. Hélas, sur la forme, ce blockbuster s'apparente davantage à une série B lucrative qui a surtout le tort de passer après X-Men (Bryan Singer, 2000), X-Men 2 (Bryan Singer, 2003) et Spider-Man (déjà mentionné). Autant l'annoncer de suite. A aucun moment, Daredevil ne soutient la comparaison avec ses augustes devanciers. Clairement, Mark Steven Johnson ne possède par le talent, la fougue ni l'érudition d'un Bryan Singer ou d'un Sam Raimi. Par certaines accointances, l'univers de Daredevil est un curieux maelström entre l'univers de la trilogie Matrix, via ses nombreuses pirouettes insensées et surtout câblées, et celui de Batman (Tim Burton, 1989). Hélas, là aussi, la comparaison s'arrête bien là.
Pourtant, durant sa première demi-heure, cette adaptation fait vaguement illusion en explorant le passé traumatique de Matt Murdoch.

Ainsi, on suit cette distorsion qui va provoquer l'état de cécité du héros puis la mort de son patriarche. Un trauma qui poursuit inexorablement le garçon, devenu avocat, depuis plusieurs décennies. Mais Daredevil n'est pas un héros comme les autres. Certes, le super-héros glose haut et fort : "C'est pas moi le méchant !'. Certes, ses ennemis les plus opiniâtres le surnomment "l'homme sans peur". Certes, Matt Murdoch n'est pas aussi affable, courtois et magnanime qu'un Clark Kent, alias Superman.
Contrairement à l'homme de Krypton, Daredevil ne fait pas de prisonnier. Ainsi, les renégats peuvent parfois périr sous les rames d'un métro. Daredevil, c'est aussi ce héros issu de la plèbe, du prolétariat et en particulier du Bronx. Adulte, il est toujours claustré dans ce monde, menant une justice implacable contre les puissants et les édiles financiers.

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A priori, le film de Mark Steven Johnson peut se targuer de solides arguments. Indubitablement, Daredevil possède un potentiel. Hélas, cette série B onéreuse, déguisée en blockbuster (je sais, je me répète...) n'est pas exempte de tout reproche. Je ne reviens pas sur cette bande originale neo-metal qui ponctue régulièrement le film, et qui provoquera à coup sûr quelques céphalées. De surcroît, on relève ici et là plusieurs séquences ubuesques et ridicules, à l'image de cette longue saynète opposant Daredevil au Tireur dans une cathédrale.
Toutefois, la palme de la cancrerie revient à cette scène interminable dans laquelle Matt Murdoch batifole avec Elektra dans un square pour enfants. Pour le spectateur avisé, merci surtout de ne pas s'esclaffer ! In fine, comment ne pas tancer et vilipender une interprétation au mieux indigente ? A aucun moment, Ben Affleck, curieusement bedonnant, ne parvient à transcender un personnage en plein marasme. Ne parlons même pas des prestations, pour le moins insignifiantes, de Colin Farrell (sans doute l'une de ses pires prestations au cinéma), de Jennifer Garner et de Michael Clarke Duncan ?
Bref, à défaut de s'immiscer dans les catégories des nanars et des navets, Daredevil n'en demeure pas moins une adaptation obsolète et décevante. Une déconvenue que la série télévisée éponyme se chargera de phagocyter, cette fois-ci avec succès.

Note : 08/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

The Red Pill (A ma gauche, le féminisme ! A ma droite, le masculinisme !)

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Genre : Documentaire

Année : 2016

Durée : 1h57

 

Synopsis :

C'est l'histoire de Cassie Jay, jeune documentariste américaine et féministe, qui a décidé de plonger dans l'univers des associations de défense des droits et des voix des hommes aux Etats-Unis. Voulant confronter ses préjugés sur ces hommes qui prennent la défense des hommes et qui traînent la réputation d'être misogynes, elle sera invitée à connaître l'envers du décor et les tabous qui dérangent. Et si les hommes n'étaient pas aussi protégés que nous le pensions ?

 

La critique :

Aujourd'hui, j'ai décidé de mettre temporairement ma liste entre parenthèses pour chroniquer un documentaire. Vous devez sans doute vous demander pourquoi j'ai été jusqu'à faire une halte au lieu d'attendre la fin de ma liste ? La réponse tient en une phrase : Il était nécessaire que ce documentaire ait sa place sur Cinéma Choc. Pourtant, nous ne pouvons pas dire que ce genre est un terreau d'oeuvres polémiques. Certes, il y a eu des documentaires dérangeants, entre autres ceux qui nous faisaient connaître ce qui se passait réellement derrière la façade de la "belle" et "grande" colonisation. Afrique 50 en était le parfait exemple. Ici, nous pouvons nous éloigner de ce malheureux passé pour nous concentrer sur un sujet brûlant et qui n'hésite pas à faire parler de lui. Vous l'avez deviné, il s'agit du féminisme. Derrière ceci se cache Cassie Jay, ancienne actrice de films de série B qui a décidé de vouloir raconter ses propres histoires en devenant documentariste.
Féministe assidue, elle est partie en quête d'un sujet de choix : Entendre la voix des hommes, la voix du mouvement masculiniste MRA.

Si l'on regarde la genèse du projet The Red Pill, celui-ci a pu se faire grâce à une campagne de financement participatif car plusieurs des partenaires approchés par la cinéaste pour sponsoriser son travail se sont retirés du projet dans la crainte de polémiques. Et le moins que l'on puisse dire est que la controverse fut de taille. Des mouvements féministes ont fait pression à des exploitants de salle pour déprogrammer la séance. Ainsi, plusieurs projections furent annulées en Australie et au Canada en raison d'une pétition lancée par une certaine Susie Smith dénonçant une propagande misogyne.
Des protestations virulentes furent adressées à Cassie Jay, en même temps que les mouvements masculinistes applaudirent The Red Pill. Actuellement, le film se rabat, tant bien que mal, sur le streaming mais des censures sont encore à l'oeuvre vu que plusieurs vidéos du documentaire mises en ligne sur YouTube, ont été purement et simplement effacées. Le téléchargement est aussi une alternative intéressante et c'est ce dernier moyen qui m'a permis de visionner ceci. Autant être clair, visionner ce documentaire, c'est faire face à un chamboulement important.

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Inutile de placer une bannière "ATTENTION SPOILERS" car le documentaire parle de lui-même et compte s'attaquer à un thème rendu quasi intouchable en 2017, soit le féminisme. Le premier point derrière ce projet est que le documentaire a été réalisée par une fille MAIS qui est féministe. Et à partir de ce moment là, nous nous rendons vite compte qu'il n'y aura aucune forme de manichéisme, de gloire au sexe masculin et de crachats à la face du sexe féminin. En effet, je doute fort qu'une féministe crache sur son propre mouvement et sur son propre sexe mais visiblement, certain(e)s n'ont pas compris cela. Autant mettre rapidement les points sur les i : Il n'y a pas la moindre trace de quelconque forme de misogynie car Cassie Jay ne fait que relater des faits, des interviews sur des masculinistes ET également sur des féministes afin de faire la balance et éviter une trop grande orientation.
Orientation du coup nulle et sans quelconque revendication d'une idéologie bien précise. C'est ce genre de documentaire que nous aimerions voir plus souvent. Des documentaires neutres où la vérité et l'information sont seules données importantes.

The Red Pill démarre ainsi en beauté avec un congrès du mouvement masculiniste dans la rue, subissant les invectives et quolibets de féministes en tout genre. Ce court passage permet de nous rendre compte de la situation désastreuse dans laquelle nous nous trouvons à notre époque. Celle de deux mouvements ne parvenant pas à dialoguer et à s'entendre ou devrais je dire celle de deux mouvements qui ne parviennent pas à se comprendre parce que l'un des mouvements fait tout pour tuer dans l'oeuf ce mouvement qu'elle combat avec un acharnement risible. Le constat est alarmant et nous fait prendre conscience d'une fracture sociale de plus en plus marquée entre les deux sexes.
Alors que l'individu n'a jamais été aussi isolé depuis l'avènement du tout connecté et de l'apparition d'une vie virtuelle impactant de plus en plus la vie réelle, on assiste à une déstabilisation des rapports inter-sexes. La relation entre l'homme et la femme est en crise. Les scandales, protestations et débats mornes se succèdent à une cadence tachyonique. Des polémiques stériles apparaissent comme le manspreading ou la théorie hilarante du genre. Au lieu de vivre en harmonie et de perpétuer en quelque sorte la relation originelle d'Adam et Eve, on détruit ces liens précieux au nom d'un ersatz de combat dénaturant sur le concept même de civilisation.

A travers ces deux heures de bobine, Cassie Jay expose des faits vérifiés, prouvés sur le fait que le soit disant patriarcat n'est qu'un vacuum scandé par des névrosé(e)s en tout genre. Les choses sont ce qu'elles sont et la documentariste relate le fait que le taux de suicide est plus important chez les hommes, que les accidents du travail touchent majoritairement les hommes, que les peines de prison seront statistiquement plus lourdes pour les hommes que pour les femmes et ce pour un même délit, que les hommes vivent moins longtemps, que les hommes sont désavantagés au regard de la justice en ce qui concerne les cas de divorce et de garde parentale. Les faits sont là, exposés sans quelconque désinformation. Il était assez amusant de comparer ces disparités entre la population des mouvements féministes et des mouvements masculinistes. On pourra voir un lot d'injures à tout bout de champ, des cris houleux, une volonté de vouloir stopper tout débat au lieu d'argumenter, un trait plus hystérique et tout ça du côté des mouvements féministes. Du côté masculiniste, les partisans parleront en toute humilité, n'utiliseront jamais d'injures et essaieront de débattre. Pire encore, les masculinistes exposeront nombre de faits alors que les féministes ne se contenteront que de marteler leur vérité sans apporter d'éléments probants. Que faut-il en retenir ?

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Les faits d'injustice se multiplient de manière alarmante. Des pères finissent par apprendre que leur(s) gosse(s) ne sont pas les leurs et qu'ils doivent quand même payer une pension alimentaire. Que dire aussi des fraudes à la paternité ? Du cas d'un père s'étant suicidé car il avait tout perdu et venait de perdre le droit de voir son enfant ? N'oublions pas ce fait que la plupart des cellules de secours en cas de disputes de couples et de violences conjuguales ne concerneront systématiquement, à l'exception d'un seul centre sur les 2000, que les femmes. Pourtant, il a été prouvé que les violences envers les hommes existent bel et bien. Indubitablement, The Red Pill dérange et scandalise fortement tout en nous invitant à nous questionner sur cet apparat faussé que martèle la mouvance féministe radical sur les femmes oppressées. Ce n'est pas pour rien que ce nom fut choisi car il est directement liéàMatrix et son choix cornélien entre la pilule bleue et la pilule rouge. La pilule bleue représente une réalité alternative et faussée similaire au monde des Bisounours. La pilule rouge permet de prendre contact avec la vraie réalité.

On peut dire que Cassie Jay eut une grande inspiration car ce titre reflète parfaitement la réalité. Non contente d'exposée des faits, la documentariste ira faire la rencontre des Honey Badgers, soit des femmes avocates se battant pour les droits des hommes. Oui des femmes en chair et en os ! Des femmes affiliées directement aux MRA, soit le mouvement masculiniste et qui ne font que continuer d'exposer des faits dérangeants. Le documentaire gagne constamment en véracité, à mesure que Cassie Jay commence à se questionner sur sa propre idéologie, à remettre en cause les croyances profondément ancrées en elle. The Red Pill, c'est quelque part cette onde de choc à même de reformater la pensée complète d'un individu. C'est un miroir qui met le spectateur devant le fait accompli et lui prouve que la notion de patriarcat n'est que fumisterie. Dès le début, une comparaison très intelligente eut lieu. Les deux sexes sont inconsciemment mis dans des carcans bien spécifiques.
Alors que la femme aura toujours ce rôle liéà la reproduction, l'homme sera affiliéà la production. Il est le pilier qui maintient l'équilibre et la cohésion familiales en ramenant un salaire. Dès lors, pourquoi s'étonner que les postes à haute responsabilité, les postes de PDG soient essentiellement composés d'hommes ? La femme est naturellement axée à chérir et protéger son enfant, tandis que l'homme les protégera. Pourquoi vouloir changer cela alors qu'il s'agit d'un trait comportemental biologique ?

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The Red Pill brasse tout un tas de questionnements riches qui méritent d'être posés et offre un portrait bien peu reluisant du féminisme actuel. Les suffragettes et autres ont laissées la place à un féminisme radical vociférant sa haine profonde de l'homme qu'il n'osera jamais avouer. Un féminisme, aussi appelé féminazi, qui ne parvient pas à se contrôler et se laisse sauvagement guider par ses pulsions. Un féminisme préférant s'attarder sur des détails insignifiants comme vouloir mettre plus de rue portant le nom d'une femme ou faire campagne pour que les hommes urinent assis (ça s'est vu en Suède).
Au lieu de s'unir pour soutenir les filles pakistanaises vitriolées ou faire campagne contre les actes de viols en Inde, certaines ne combattent que par le biais du virtuel sans quoi que ce soit de concret. Aucune impartialité, argumentation tangible n'émanera malheureusement des féministes interviewées. Le documentaire, à lui seul, est trop riche pour ne se targuer que d'une seule chronique.

En conclusion, The Red Pill est le genre de documentaire qui manque au 21ème siècle. Un documentaire avec des burnes et qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Un documentaire qui enfonce des portes cloisonnées par une bien-pensance toxique et un politiquement correct nuisible. Alors que la population s'est indignée après les événements de Charlie Hebdo en scandant "Je suis Charlie", rien n'a réellement changé. La liberté d'expression est toujours mise à mal par des groupuscules qui se revendiquaient "être Charlie". La tolérance ne serait-elle que dans un seul sens ? Comment, en 2017, autant de violentes bagarres peuvent-elles encore exister pour imposer ses idéaux à toute la société ? N'est-ce pas là le fascisme, régime contre lequel beaucoup se battent mais en utilisent les armes ? Winston Churchill a dit : "Les antifascistes d'aujourd'hui seront les fascistes de demain" et honnêtement, on ne peut pas lui donner tort. Cette exposition des problèmes de compréhension entre les deux sexes peut s'extrapoler à une plus grande observation. La société est toujours autant immature, n'arrive pas à s'écouter et à se comprendre, chacun étant persuadé d'être dans le vrai sans chercher à débattre.
La liberté d'expression, tant érigée en fer de lance dans les années 70 et 80, régresse dangereusement.

Désormais, des protestations naissent pour un oui ou pour un non. Le simple fait de condamner une action X d'un groupuscule féministe suffit à se faire taxer de misogyne et recevoir des menaces. Je prendrais le cas du dessinateur Marsault qui passa sous le couperet de la gangrène féministe radicale. L'idéologie noble s'est transformée en un fanatisme exacerbé que rien ne semble pouvoir arrêter. Faudra t'il attendre qu'il y ait des cas de violence physique voire de morts pour que la société puisse prendre conscience que nous sommes différents, tant hommes que femmes, mais que chaque sexe se doit d'avoir les mêmes privilèges que l'autre ? Arrêtons de nous focaliser sur des idées préconçues selon lesquelles les femmes seraient oppressées et les hommes seraient oppresseurs. Avançons main dans la main en faisant changer ensemble les choses. Misogynie comme misandrie se doivent d'être condamnés.
Quelqu'un m'a dit un jour que "l'amour était plus fort que la haine", ce à quoi je lui répondis "Mon cul ! Il l'était dans les années 70 et 80 où tout était permis mais aujourd'hui, permets6moi d'en rire !". Suis-je néà la mauvaise époque ? J'espère me tromper mais chaque jour me rappelle que la société devient une parodie grossière où l'émotionnel prend le pas sur le rationnel.
The Red Pill, c'est ce documentaire qu'il manquait à notre époque. C'est un coup de pied dans la fourmillière qui affiche un aspect de la société qui était sous nos yeux sans que nous ne l'ayons pleinement remarqué. Que les féministes radicales et les misogynes aillent se faire foutre ! Jacques Brel a dit : "Ce qui compte, c'est l'intensité d'une vie, pas la durée d'une vie". La vie est trop courte pour perdre sempiternellement son temps à dire que les hommes sont tous des salauds et que les femmes sont toutes des putes. 

 

Note :19/20

 

 

orange-mecanique Taratata

 

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