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Casino (Ce qui se passe à Vegas reste à Vegas)

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Casino

Genre : Drame, thriller (interdit aux - 12 ans)

Année : 1995

Durée : 2h58

 

Synopsis :

En 1973, Sam "Ace" Rothstein est le grand manitou de la ville de toutes les folies, Las Vegas. Il achète et épouse une virtuose de l’arnaque, Ginger Mc Kenna, qui sombre bien vite dans l’alcool et la drogue. Mais un autre ennui guette Sam, son ami d’enfance Nicky Santoro, qui entreprend de mettre la ville en coupe réglée.

 

La critique :

Est-il encore nécessaire de parler de l'un des cinéastes contemporains les plus prodigieux en la personne de Martin Scorsese ? Acclamé au plus tôt de sa carrière avec Mean Streets, le cinéaste a su enchaîner avec succès classiques sur classiques qui lui ont valu d'être vénérés aujourd'hui par le monde cinéphile. Certes, comme tout réalisateur, il n'a pas pu échapper aux hauts et aux bas. En effet, il semblerait qu'il ait très mal vécu le cuisant échec commercial New York New York et cela sera une porte d'entrée pour lui dans la consommation de cocaïne. Je ne parle bien sûr pas d'un petit rail par-ci, par-là mais d'une prise excessive. Un passage à vide s'opère en termes de filmographie, en même temps que Scorsese est fatigué tant sur le plan intellectuel, physique et psychologique.
La raison se trouvant forcément dans cette forte dépendance à l'ester méthylique de la benzoylecgonine (ou simplement cocaïne si vous préférez). Raging Bull sera un second tremplin pour remonter au-devant de la scène et toute une flopée de chefs d'oeuvre suivront dans la foulée. Aucun doute, il est bien de retour parmi nous et va nous le faire, une fois de plus, savoir avec son Casino sorti en 1995.

Il s'agit de son seizième long-métrage et de la huitième collaboration avec le géant Robert De Niro, la dernière avant une interruption de 22 ans. L'histoire est basée sur un ouvrage de Nicholas Pileggi qui a cosigné le scénario avec le réalisateur. Une histoire réelle étant axée sur la vie de Frank Rosenthal qui dirigeait plusieurs casinos à Las Vegas pour le compte de la mafia de Chicago dans les années 1970 et au début des années 1980, ainsi que d'Anthony Spilotro, dit "Tony la fourmi" pour les intimes. Un gangster envoyé par le boss de cette mafia pour protéger Rosenthal. Mieux encore, certaines séquences clés seront tout à fait authentiques aux événements réels.
A sa sortie, Sharon Stone remporta le Golden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique. Si l'on excepte deux Rubans d'Argent, la suite sera une succession de nominations aux récompenses les plus prestigieuses. De leur côté, les critiques amateurs exaltent, de même que celles des cinéphiles. Cependant, une réputation un peu maudite collera à la peau de cette pellicule que certains verront comme une suite voire une copie de Les Affranchis.

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ATTENTION SPOILERS : Au début des années 1970, Sam « Ace » Rothsteinest envoyéà Las Vegas par la mafia de Chicago pour diriger l'hôtel-casino Tangiers financé en sous-main par le puissant syndicat des camionneurs et qui sert de paravent à la mafia. Il a un contrôle absolu de toutes les affaires courantes, et gère d'une main de fer cette « terre promise », tandis que l'argent coule à flots. Le Tangiers est l'un des casinos les plus prospères de la ville et Ace est devenu le grand manitou de Vegas, secondé par son ami d'enfance, Nicky Santoro. Mais celui-ci va peu à peu prendre ses distances pour s'engager dans un chemin plus sombre et criminel.
Impitoyable avec les tricheurs, et obsédé par la maîtrise de tous les événements, Rothstein se laisse pourtant séduire par une prostituée, Ginger McKenna, virtuose de l'arnaque et d'une insolente beauté. Fou amoureux, il lui ouvre les portes de son univers, l'épouse et lui fait un enfant. Mais leur relation se révèle être à l'image de Las Vegas, scintillante en apparence, mais en réalité rongée de l'intérieur.

Les premières minutes nous mettent déjà dans l'ambiance avec ce Sam Rothstein montant au volant de sa voiture, explosant soudainement. Dans un générique quelque peu psychédélique, on ne doutera pas une seconde que c'est un grand film qui va s'offrir à nous et nos impressions ne feront qu'être corroborées avec cette très longue séquence d'introduction. Scorsese a décidé de nous emmener faire un tour au sein de Las Vegas, cité artificielle du vice, du pognon, des putes et de la coke. Une décadence construite au beau milieu d'un désert aride et devenu, oh le grand cliché !, un coin paradisiaque d'enterrement de vie de garçon et de bad trip prévu d'avance avec des potes (petit clin d'oeil aux jouissifs, sauf le troisième, Very Bad Trip au passage). Oui, c'est beau et beaucoup, dont moi, rêvent d'y aller un jour à la vue de tous ces casinos clinquants et ces hôtels irréalistes. 
Cependant, Vegas est aussi le théâtre d'activités douteuses et ces casinos sont souvent loin de la pseudo innocence d'encaisser votre argent durement gagné, vu qu'ils sont en étroite relation avec des grandes pontes du milieu criminel. Scorsese va nous donner une fresque grandiloquente de 180 minutes de bobine sur la face cachée loin des délires alcoolisés et psychotropes. Un scénario d'apparence simple : Rothstein est un homme peu fréquentable envoyé par la mafia pour diriger un hôtel-casino. Celui-ci aspire à son petit empire paisible, sans quelconque fioriture mais implacable envers les arnaqueurs. Dans cette existence bien rangée et luxueuse, il partage une partie de sa vie avec un ami impulsif et psychopathique du nom de Ricky Santoro. Néanmoins, une mante religieuse délurée et vénale va bientôt aussi rentrer dans sa vie.

Tout roule pour le mieux : une vie paisible à la fortune considérable, une femme avec qui s'envoyer en l'air, des relations haut placées et un petit bambin tout fraîchement venu au monde. Tout irait pour le mieux si certains éléments n'allaient pas commencer à malmener ce fragile équilibre. Ginger ne peut oublier son ancien mari paumé, Nicky Santoro a des ambitions un peu trop dangereuses au sein de Vegas et certains arrangements avec des policiers peu scrupuleux commencent à s'effriter. Rien ne dure jamais comme un certain monsieur l'aurait dit ! Casino, à la manière de Les Affranchis, va narrer la fabuleuse ascension d'un héros et la chute qui en suivra. Telle une étoile filante traversant le ciel pour disparaître ensuite, tel sera le déclin d'un Sam qui ne demandait qu'à gérer tranquillement son business flamboyant. Pour autant, ne voyez pas en ce Rothstein le héros intègre. Tous les personnages principaux sont à l'image de Vegas : empreints de classe physiquement mais sales psychologiquement.
Ces individus se fondent parfaitement dans un environnement qui a fini par happer leur âme. Ginger n'aspire qu'à toucher des liasses de billets, Santoro veut, à peu de choses près, devenir le Jules César de Vegas. Les relations de Sam sont des pourris au courant du système malhonnête et amoral dont ils sont des rouages indispensables. Sous son raffinement sans égal, Casino est avant tout un thriller pointant l'obscurité de l'âme humaine.

 

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Scorsese met en scène des êtres dont l'humanité est pervertie par les maux du business show : le luxe, la vanité, le matérialisme, l'hédonisme décadent. Des êtres qui ont bafoués leur morale et leur éthique en échange de quelques billets et d'une éphémère gloire, quitte à recourir aux actes les plus bas et les plus vils. Certes, on peut dire que Sam n'est pas le pire cas du film. Sa santé mentale sera aux prises face à la tournure des événements mais jamais il ne commettra d'actes dangereux pour une réputation qu'il a à tenir. L'air de rien, sous son costume de serpent, se cache une indestructible vision de la vie : gagner, toujours atteindre le sommet et le défendre bec et ongles. Une pensée élitiste qui n'est pas mauvaise, très loin de là, mais encore faut-il voir dans quel domaine on veut se hisser sur le toit du monde. Le business show promet aussi de briser les liens d'amitié durables entre Sam et Nicky.
Encore une fois, la luxure et l'envie peuvent corrompre n'importe quoi et même les amitiés sacrées. Et oui, contrairement à ce que certains peuvent croire, l'argent n'est pas une source authentique de tranquillité ! Chaque classe a ses propres soucis. Ce qui est sûr est que chacun sombrera, que ça soit Nicky à la manière du mythe d'Icare, Ginger et son amour un peu trop prononcé pour la cocaïne. Seul Sam aura la moins pire chute, sans jamais retrouver la fougue de son ancienne vie.

En Casino réside une gigantesque tranche de vie pour le moins passionnante de ces différents destins entremêlés s'aimant pour se détester de plus en plus. Le style si particulier et professionnel du cinéaste laisse pantois et l'attraction est systématique. Sous ses dehors de film auquel il faut se réserver toute la soirée pour le visionner en entier, difficile de voir le temps passer. La mise en scène accroche et ne nous relâche jamais. Les trois heures passent comme une lettre à la poste au vu de l'intensité omniprésente. Aucun temps mort n'est à noter, ce qui est prodigieux pour une telle durée. On se plaira beaucoup à l'exercice de style d'intégrer une voix off omniprésente commentant l'action. Cela parvient, à mon goût bien sûr, à amplifier l'accroche.
A cela s'ajouteront des séquences impitoyables de meurtres et de bassesse. Chose qui ne peut que prouver encore la déshumanisation de ces personnages entrant dans cette métaphore du jardin d'Eden, serpent représentant la tentation de la mauvaise conduite et de la perte de toute humanité.

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Au niveau esthétique, Vegas n'a probablement jamais été aussi clinquante et pour cause, Scorsese choisit de tourner dans un casino plutôt que dans un studio, cherchant absolument le réalisme. Les prises de vue eurent lieu au Riviera pendant un mois de nuit entre 1 et 4 heures du matin. Le moins que l'on puisse dire est que ce fut payant tant l'univers est d'une crédibilitéà couper le souffle. Les plans, cadrages, luminosités, tout est aux petits oignons. Cette patte visuelle si "thriller années 80-90" colle parfaitement à la peau de Casino, encore une fois, pour notre plus grand bonheur. La bande son est tout autant dans le thème. Pour ce qui est de la prestation des acteurs, Robert de Niro crève, comme à son habitude, l'écran dans la peau de ce Sam Rothstein. Il est entièrement intégréà son personnage, atteignant des sommets inatteignables pour un grand nombre d'acteurs.
Incohérent le fait qu'il n'ait pas reçu, ne fut ce, qu'une seule nomination. Sharon Stone est, à la fois, repoussante, fascinante et resplendissante en incarnant cette vipère cocaïnomane de Ginger. Sans aller jusqu'à son célèbre jeu de jambes de Basic Instinct, elle a le chic pour ne pas détacher notre regard de ses... hum... hum... yeux. Enfin, l'interprétation de Nicky par Joe Pesci est admirable en tout point. Ce triptyque brille dans le ciel du Nevada.

En conclusion, Casino est sans nul doute une autre très grande réussite de Monsieur Martin Scorsese pouvant s'enorgueillir d'un casting prestigieux sous fond d'un récit houleux tournant autour de l'univers maffieux, de la fidélité et de la trahison. L'argent ne dort jamais, tel semble être l'un des credo de ce long-métrage passionnant en tout point. Il n'est pas évident de maintenir l'attention du spectateur durant près de 3 heures mais Scorsese y est arrivé avec brio et nous ne pouvons qu'applaudir à la fin devant ces destins sur l'ascendant sombrant, par la suite, dans une chute inéluctable.
Pensé, millimétré en tout point, Casino peut être considéréà juste titre comme un grand classique du cinéma contemporain. Il montre que des films à gros budget peuvent être intelligents et fascinants, sans verser dans la crétinerie à grand renfort d'explosions et de stéréotypes. Scorsese prouve toute son érudition et s'illustre indubitablement comme l'un des meilleurs de notre époque. Les thuriféraires de De Niro seront ravis d'apprendre que le projet The Irishman reverra cette collaboration légendaire entre lui et Scorsese. Sortie prévue bientôt pour 2018-2019. Quoi qu'il en soit, Vegas, sous ses travers de fantasme lumineux, se montre bien loin de l'extravagance innocente, des soirées arrosées et des parties endiablées de bridge. Qui sait... En vous baladant dans le désert de Mojave, vous trouverez peut-être, en regardant le sol, la tête d'un pauvre malheureux qui, autrefois, eut la mauvaise idée de ne pas dompter correctement Vegas.

 

Note :18/20

 

 

orange-mecanique   Taratata


Les Enfants Tueurs de Liverpool ("Boy A and Boy B")

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Genre : documentaire
Année : 2013
Durée : 49 minutes

Synopsis : L'affaire James Bulger est une affaire criminelle britannique qui a défrayé la chronique en 1993, à la suite de l'enlèvement et du meurtre le 12 février 1993 d'un enfant de deux ans, James Patrick Bulger (16 mars 1990 - 12 février 1993), par deux autres enfants de dix ans, Robert Thompson (23 août 1982) et Jon Venables (13 août 1982), dans un centre commercial de Bootle, près de Liverpool, au Royaume-Uni. Torturé et battu à mort, l'enfant est retrouvé près d'une ligne de chemin de fer à Walton deux jours plus tard. Confondus notamment par les vidéos des caméras de surveillance, les deux meurtriers sont inculpés puis condamnés dans un émoi particulier suscité par leur jeune âge. Libérés après leur peine, les enfants devenus adultes ont dû changer d'identité afin d'échapper au ressentiment encore très présent de la population et des médias nationaux.   

La critique :

Depuis le succès triomphal de l'émission Faites Entrer l'Accusé, d'autres émissions homologues et à caractère judiciaire retracent, à leur tour, des affaires criminelles qui ont défrayé la chronique en leur temps. C'est par exemple le cas de l'émission intitulée Les Faits Karl Zéro et diffusée sur la chaîne 13e Rue qui, comme son titre l'indique, est évidemment présentée par le journaliste Karl Zéro. Cette émission d'investigation se focalise presque essentiellement sur des affaires non résolues ou sur des meurtres méconnus dans nos contrées hexagonales.
Dans le cadre de l'épisode numéro 70, Les Faits Karl Zéro se polarisent sur les enfants tueurs de Liverpool. Si cette affaire est restée plutôt condidentielle chez nous, elle a suscité, à l'inverse, les polémiques, les scandales et les anathèmes sur le sol britannique.

Cette affaire criminelle est par ailleurs connue sous le nom de "L'affaire James Bulger", un enfant de deux ans kidnappé par deux autres mineurs de 10 ans dans un centre commercial, puis assassiné aux abords d'une ligne de chemin de fer. 
Aussi est-il nécessaire de rappeler les faits... Attention, SPOILERS ! L'affaire James Bulger est une affaire criminelle britannique qui a défrayé la chronique en 1993, à la suite de l'enlèvement et du meurtre le 12 février 1993 d'un enfant de deux ans, James Patrick Bulger (16 mars 1990 - 12 février 1993), par deux autres enfants de dix ans, Robert Thompson (23 août 1982) et Jon Venables (13 août 1982), dans un centre commercial de Bootle, près de Liverpool, au Royaume-Uni. Torturé et battu à mort, l'enfant est retrouvé près d'une ligne de chemin de fer à Walton deux jours plus tard. Confondus notamment par les vidéos des caméras de surveillance, les deux meurtriers sont inculpés puis condamnés dans un émoi particulier suscité par leur jeune âge.

Libérés après leur peine, les enfants devenus adultes ont dû changer d'identité afin d'échapper au ressentiment encore très présent de la population et des médias nationaux. D'une durée approximative de cinquante minutes (49 minutes pour être précis...), ce reportage se segmente en plusieurs parties bien distinctes. La première s'appesantit lourdement sur le rapt de James Bulger. Pendant quelques secondes, le petit garçon échappe à la vigilance de sa mère.
Il est alors approché par deux autres enfants. James est alors emmenéà l'extérieur du centre commercial. En vérité, le rapt ne va durer qu'une petite minute, tout au plus. C'est une caméra de surveillance qui relate les faits sous les yeux ébaubis de la police. Circonspects, les flics pensent tout d'abord à une vaste gaudriole perpétrée par deux adolescents arrogants et roublards.

Hélas, la dépouille sans vie et atrocement mutilée de James Bulger est retrouvée sur une voie de chemin de fer. La presse, la télévision et les médias s'emparent de l'affaire et crient haro sur les deux ravisseurs. Seul souci et pas des moindres, la police n'a aucune idée de l'identité des deux criminels. En effet, la caméra de surveillance ne permet pas de distinguer leur visage ni d'apporter le moindre indice. Toutefois, la caméra permet aux enquêteurs de percevoir des ravisseurs d'un âge très précoce, probablement de jeunes éphèbes de 13 ou 14 ans.
Corrélativement, les témoignages oculaires s'accumulent. La police songe alors à une mauvaise blague ou au pis, à un meurtre accidentel. Après 48 heures d'investigation, les deux meurtriers sont finalement confondus. 

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Ils se nomment Robert Thompson et Jon Venables et ils sont seulement âgés de dix ans. Une telle révélation secoue l'opinion britannique, ainsi que les édiles politiques. Comment deux individus aussi précoces peuvent-ils se livrer à de telles forfaitures ? D'autant plus que les analyses post-mortem révèlent des tortures et des supplices perpétrées sur la victime. De facto, plusieurs questions restent en suspens. La première concerne la psychologie de ses deux bourreaux.
Robert Thompson et Jon Venables ont-ils conscience des notions de bien et de mal ? Ont-ils également conscience des abominations auxquelles ils se sont livrés sur un garçonnet de deux ans ? En l'occurrence, les policiers et les psychiatres cooptent vers un portrait sociopathique. D'autres interrogations se posent elles aussi en filigrane, notamment la façon dont la justice britannique va traiter ces deux psychopathes en culotte courte.

En outre, la Justice traitera les deux bambins comme des meurtriers adultes et responsables de leurs actes. Robert Thompson et Jon Venables écopent d'une peine de huit ans d'emprisonnement. Durant leurs interrogatoires, les deux marmots s'accusent mutuellement. Pourtant, il semblerait que ce soit Robert Thompson le principal instigateur. Durant leurs tribulations au centre commercial, les deux jouvenceaux avaient déjà pour intention de kidnapper un enfant. A maintes reprises, ils tenteront de déjouer la vigilance de plusieurs parents, mais sans succès.
Puis, au cours de leurs pérégrinations, ils aperçoivent le petit James Bulger. La suite, hélas, vous la connaissez... A posteriori, Jon Venables exprimera des contritions, pas son acolyte qui clame haut et fort son innocence.

Voilà pour l'ensemble des inimitiés. Le documentaire décrit avec beaucoup de parcimonie les tenants et les aboutissants de l'affaire. Pour des raisons de confidentialité, les identités des deux jeunes criminels ne seront pas révélées au grand public. De nouvelles identités seront même attribuées pour éviter toute vindicte personnelle. Mais après leur libération en 2001, soit huit ans après ce meurtre horrible et incompréhensible, l'Angleterre n'a pas oublié, loin de là.
Certaines personnes atrabilaires réclament la tête des deux voyous, désormais majeurs, en particulier la mère de James Bulger qui juge la peine trop clémente. Durant leur procès, Jon Venables et Robert Thompson apparaîtront dans les articles de journaux sous les noms de "Boy A" et "Boy B". Par ailleurs, un long-métrage, justement intituléBoy A et réalisé par les soins de John Crowley en 2007, aborde le sujet, toujours spinescent de la rédemption, surtout après un acte aussi abominable.

Dans sa dernière section, le reportage s'appesantit sur les activités associatives de la mère de James Bulger. Cette dernière a évidemment saisi la justice pour son étonnante mansuétude. Si ce documentaire reste plutôt pointilleux sur le kidnapping, il n'est pas exempt de tout reproche. De prime abord, on ne sait toujours pas les raisons qui ont poussé ces deux bambins à se livrer à de telles exactions criminelles. De surcroît, le reportage élude toute description de leur portrait psychologique. Peut-on déjà parler de futurs psychopathes à l'âge de dix ans ?
Ensuite, le documentaire n'élude pas certains archétypes habituels. Derechef, ce sont les films d'horreur, la musique metal et les jeux vidéo qui sont pointés comme les principaux responsables de cette sociopathie naissante. 
Or, les raisons semblent plus complexes et surtout se trouver dans le délitement de la cellule familiale. C'est par ailleurs le principal écueil que l'on pourrait asséner à ce reportage. A aucun moment, le documentaire ne s'intéresse sur les structures familiales et parentales des deux marmots assassins. In fine, le reportage reste curieusement évasif sur le meurtre en lui-même.
On sait que la dépouille sans vie de James Bulger a été retrouvée sur une voie de chemin de fer mais guère plus... Bref, cette affaire interroge nécessairement sur les différentes stratosphères de notre appareil sociétal, ainsi que sur cette césure générationnelle qui s'est peu à peu immiscée entre la sphère parentale et familiale et le monde de l'enfance, par ailleurs symbole d'innocence. Un reportage choc qui n'échappe cependant pas à certains poncifs et moralines habituels... Pas de note, donc...

Note :?

sparklehorse2 Alice In Oliver

Live Animals (Hostel : Chapitre 25... au moins !)

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Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 2008
Durée : 1h24

Synopsis : Ce sont les vacances et cinq jeunes espèrent passer quelques jours tranquilles dans une maison au bord d'un lac. Mais nos vacanciers vont être confrontés à des trafiquants d'esclaves peu sympathiques et qui ont tendance à endommager la marchandise... 

La critique :

Certes, les thuriféraires du torture porn citeront d'emblée Saw (James Wan, 2004) et Hostel (Eli Roth, 2006) comme les deux principaux parangons d'un genre cinématographique qui a connu sa quintessence durant les années 2000. Pourtant, la genèse du torture porn remonte à l'orée des années 1960 avec Orgie Sanglante (Herschell Gordon Lewis, 1963), ou Blood Feast dans la langue de Shakespeare, et considéré comme le tout premier film gore de l'histoire du cinéma.
Cependant, le film virulent et putride de Gordon Lewis n'est pas vraiment un torture porn dans le sens littéral du terme. Ce sous-genre cinématographique correspond à une fange particulière du cinéma d'exploitation avec pour principales thématiques les déviances de notre société dite moderne qui renvoient à nos pulsions primitives et archaïques, la barbarie humaine, un érotisme hard à la limite de la pornographie et une bande d'individus confrontés à une situation extrême et plus particulièrement à un maniaque de l'opinel.

Les premiers reliquats du torture porn sont souvent pointés, par les adulateurs du genre, dans Salo ou les 120 Journées de Sodome (Pier Paolo Pasolini, 1975). Mais il serait bien réducteur de résumer le film de Pasolini à une oeuvre sanguinolente, eschatologique et mortifère. Dans les années 1970, les sorties quasi simultanées de La Dernière Maison sur la Gauche (Wes Craven, 1972) et de Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974) marquent durablement les persistances rétiniennes. Corrélativement, le torture porn dérive vers l'anthropophagie et autres exactions impudentes avec des titres tels que Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1980), Cannibal Ferox (Umberto Lenzi, 1981), ou encore La Secte des Cannibales (Umberto Lenzi, 1981).
Puis, peu à peu, le genre se désagrège et se délite jusqu'à disparaître peu ou prou des radars... Même si on relève ici et là quelques exceptions notables.

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Puis, vers l'orée des années 2000, le cinéma hollywoodien décide d'exhumer une vieille terreur de jadis en la personne de Leatherface et surtout avec le remake éponyme de Massacre à la Tronçonneuse. Conjointement, Saw et Hostel ameutent les foules dans les salles de cinéma et se transmutent en franchises cupides et mercantiles. En outre, les deux derniers films mentionnés vont inspirer et engendrer de nombreux succédanés, notamment Wolf Creek (Greg McLean, 2006), Hoboken Hollow (Glen Stephens, 2006), Gruesome (Jeff Crook, 2008), Captivity (Roland Joffé, 2007), ou encore A l'intérieur (Alexandre Bustillo et Julien Maury, 2007).
Vient également s'agréger Live Animals, réalisé par les soins de Jeremy Benson en 2008. En outre, le cinéaste américain est inconnu au bataillon.

Il faut se rendre sur le site IMDb (source : http://www.imdb.com/name/nm2021453/) pour obtenir quelques informations élusives sur sa filmographie laconique. En outre, le site mentionne les méconnus Shutter (2005) et The Smallest Oceans (2005) parmi ses précédentes réalisations. A fortiori, Live Animals serait donc le troisième long-métrage de Jeremy Benson, visiblement encore ulcéré par la vision de Hostel premier du nom, un peu trop peut-être...
Désormais, on ne compte même plus tous les direct-to-video (DTV) qui pullulent dans les bacs à dvd et qui tentent laborieusement de mimer leurs augustes devanciers. Avec Live Animals, Jeremy Benson va-t-il parvenir à renouveler un genre anomique ? Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Christian Walker, Jeanette Comans, Patrick Cox, John Still, Monica Summerfield et Learyn Wilde.

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Attention, SPOILERS ! Alors qu'ils sont en vacances au bord d'un lac, cinq amis sont brutalement kidnappés par un trafiquant d'esclaves. Là, ils se retrouvent prisonniers, prêts àêtre vendus aux enchères. Mais ils décident de risquer le tout pour le tout pour retrouver la liberté... A l'aune de cette exégèse, difficile de s'extasier sur le concept de Live Animals. En vérité, le scénario n'est qu'un avatar, assez tristounet, du schéma narratif d'Hostel, à la seule différence que les animosités ne se déroulent plus dans une ville éculée d'un pays de l'Europe de l'Est, mais dans une sorte de grange située "dans le trou du cul de l'Amérique" (si j'ose dire...). Nanti d'un budget impécunieux, Jeremy Benson transmute son torture porn famélique en huis clos méphitique et anxiogène.
Bref, rien de neuf sous le soleil, d'autant plus que Live Animals accumule tous les stéréotypes du genre : des bourreaux évidemment spécieux et fallacieux, un chef de bande turpide et cruel et des victimes peu charismatiques participent aux festivités.

Parmi les proies d'infortune, il faudra donc se contenter d'une demoiselle histrionique, d'un héros vaillant mais finalement peu téméraire et d'une autre mijaurée qui passe son temps à se lamenter et à pousser des cris d'orfraie. Certes, Jeremy Benson tente malhabilement de sauver le subterfuge via la mention "inspiré d'une histoire vraie". Tel est, par ailleurs, l'apanage habituel des torture porn modernes. Une chimère. Hélas, Eli Roth s'était enhardi de la même publicité calomnieuse avec Hostel.
Le public circonspect avait néanmoins gobé le stratagème à l'époque. Dans le cas de Live Animals, on a bien du mal à s'intéresser à cette vague histoire de trafics d'esclaves diligentés par les loqueteux du coin. Autre bémol et pas des moindres, la mise en scène de Jeremy Benson ne brille pas vraiment par son érudition ni par sa dextérité. 

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Si Jeremy Benson se montre plutôt magnanime en termes d'impudicités, la plupart des supplices et des saynètes érubescentes se déroulent dans une pénombre intégrale, si bien qu'il est difficile de percevoir la moindre gouttelette de sang à l'écran... à moins d'être affublé d'une vision nyctalope... De surcroît, l'interprétation, plutôt indigente par ailleurs, n'élude pas non plus les poncifs habituels. Alors que reste-t-il àLive Animals pour illusionner un public probablement aguerri ?
Autant l'annoncer de suite. Le long-métrage de Jeremy Benson possède peu d'arguties dans sa besace, surtout pour contrarier une concurrence pléthorique. Le film se sauve du néant abyssal grâce à son étonnante mansuétude en termes d'action et autres séquences rougeoyantes. Au menu des tristes réjouissances, Live Animals se montre (encore une fois) plutôt affable en termes de barbaque, de tripailles et autres organes lacérés par des tortionnaires sévèrement azimutés. Toutefois, pas de quoi pavoiser ni tressaillir de son siège.
En réalité, toutes ces tortures perpétrées ont déjàété maintes fois réitérées dans d'autres tortures porn ou DTV beaucoup mieux réalisés. Au-delà de son scénario archétypal, Live Animals souffre principalement d'une réalisation beaucoup trop rudimentaire pour susciter l'adhésion sur sa courte durée (à peine une heure et vingt minutes de bobine). Bref, si le film n'est pas pour autant un "naveton avarié", il s'en rapproche tout de même sérieusement.

Note : 07/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

X-Men : Days Of Future Past (Sombre avenir pour les mutants)

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Genre : science-fiction, super-héros
Année : 2014
Durée : 2h12

Synopsis : Les X-Men envoient Wolverine dans le passé pour changer un événement historique majeur, qui pourrait impacter mondialement humains et mutants.  

La critique :

La carrière cinématographique de Bryan Singer, réalisateur, scénariste et producteur américain, débute vers la fin des années 1980, via un court-métrage, Lion's Den (1988), par ailleurs inconnu au bataillon et surtout inédit dans nos contrées hexagonales. Cinq ans plus tard, le cinéaste signe son tout premier long-métrage, Ennemi Public (1993), qui lui permet de toiser le haut des oriflammes via plusieurs illustres récompenses, notamment le Grand Prix du Jury au festival de Sundance et le Prix de la Critique au festival de Deauville. La carrière de Bryan Singer est lancée et le jeune metteur en scène confirme tous les espoirs placés en lui avec ses deux films suivants : Usual Suspects (1995) et Un Elève Doué (1998). Rassérénés, les producteurs hollywoodiens lui confient alors la réalisation de X-Men (2000) premier du nom. Or, les mutants aux pouvoirs mystérieux et pharaoniques sont jugés inadaptables au cinéma.

Pas pour Bryan Singer qui supervise et diligente les opérations. Mieux, le cinéaste réalise un premier chapitre éloquent et tonitruant qui permet de mettre en exergue certains maux, ainsi que certaines tares de notre société hédoniste et consumériste, à savoir la xénophobie et l'intolérance dans un monde humain menacé de néantisation. En arborant des dons surnaturels, les mutants préfigurent la nouvelle évolution d'une civilisation. Bryan Singer opacifie sa copie et accélère encore les animosités avec X-Men 2 (2003). Puis, la franchise lui échappe pendant quelques temps.
La saga échoit alors entre les mains malséantes de vulgaires tâcherons. Brett Ratner (X-Men : l'affrontement final en 2006) et de Gavin Hood (X-Men Origins : Wolverine en 2009) se chargent d'inhumer durablement la franchise. 

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Le diagnostic est sans appel. Ces deux nouveaux épisodes déçoivent unanimement les critiques et les thuriféraires pour le moins dubitatifs. Que soit. A travers X-Men : le commencement (2011), Matthew Vaughn a enfin relancé une saga en désuétude en explorant les origines des belligérances entre un Professeur Charles Xavier résolument pacifiste et un Max Eisenhardt - alias Magnéto - aux intentions bellicistes. Magnanime, Matthew Vaugh cède sa place à Bryan Singer pour le sixième volet de la série, intituléX-Men : Days of Future Past, et sorti en 2014.
Pour le réalisateur, le but est de nimber la franchise de nouvelles aspérités cosmologiques via le voyage temporel. Parcimonieux, Bryan Singer requiert l'érudition de James Cameron en la matière, en particulier sur la théorie des cordes.

C'est dans cette dialectique qu'il étaye un scénario protéiforme, baladant le spectateur entre un passé révolu (les années 1970) et un sombre avenir pour les mutants (l'année 2023). La distribution du film se compose de Hugh Jackman, James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence, Patrick Stewart, Ian McKellen, Halle Berry, Nicholas Hoult, Anna Paquin, Ellen Page, Peter Dinklage, Shawn Ashmore et la présence d'un acteur "frenchy" : Omar Sy. Vient également s'agréger, via un caméo élusif mais néanmoins remarqué, Brian Cox. Attention, SPOILERS !
(1) 
En 2023, les mutants, les humains susceptibles d'engendrer des mutants, et des humains prêts à les défendre, ont été presque exterminés au cours d'une guerre contre les Sentinelles, des robots conçus pour trouver et éliminer les mutants.

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Dans un ultime effort pour changer le cours tragique des événements, le professeur Charles Xavier et Magnéto renvoient l'esprit de Wolverine dans son propre corps, en 1973, grâce aux talents de Kitty Pride. Ainsi conscient de l'avenir qui se prépare, il doit y retrouver les jeunes mutants écorchés qu’ils ont été. Logan y rencontre un Charles Xavier qui a renoncéà ses pouvoirs, et qui vit cloîtré avec Hank dans son manoir. Charles annonce à Logan que Magnéto est emprisonné au Pentagone pour l'assassinat de John F. Kennedy. Le but de Wolverine est de convaincre Xavier et Magnéto que la guerre va éclater à la suite d'un enchaînement d'événements provoqués par Mystique : elle cherche à abattre le docteur Bolivar Trask qui est en train de mettre au point les Sentinelles.
Une fois qu'elle aura tué Trask, elle sera immédiatement arrêtée, et l'utilisation de ses cellules de mutante permettra de faire des Sentinelles des armes absolues dans le futur : ses facultés de métamorphe seront synthétisées et administrées aux Sentinelles, leur permettant de s'adapter aux pouvoirs de leurs adversaires.

Comme ils ont besoin de Magnéto pour convaincre Mystique de renoncer à son projet, Xavier, Hank et Logan décident de le faire évader du Pentagone (1). Après avoir essuyéà son tour un camouflet artistique et commercial avec son Superman Returns en 2006, Bryan Singer retrouver sa franchise de prédilection. Evidemment, les adulateurs de la saga attendaient avec impatience le grand retour du célèbre démiurge derrière ce sixième chapitre.
C'est pourtant la déception qui point lors du générique final. Oui, X-Men : Days of Future Past est supérieur aux très médiocres X-Men : l'Affrontement Final et àX-Men Origins : Wolverine. Mais à aucun moment, le film ne renoue avec les fulgurances de X-Men premier du nom, ni avec X-Men : le commencement

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A tel point que l'on finirait presque par pester et par clabauder sur le départ inopiné de Matthew Vaughn. Pourtant, X-Men : Days of Future Past démarre sous les meilleurs auspices via un préambule en apothéose qui voit les mutants se faire trucider par des androïdes de haute technologie. Pour sauver ce qu'il reste des mutants et de l'espèce humaine, il faut donc faire un bond dans le passé et plus précisément un saut temporel dans une Amérique alanguie par ses fêlures, ses problématiques et sa révolution sociale et culturelle. Contre toute attente, ce nouveau chapitre a de réelles velléités politiques. Hélas, le sujet échappe totalement à un Bryan Singer lui-même circonspect et surtout noyé dans un scénario alambiqué. C'est donc avec un ennui poli que l'on suit les tribulations de Wolverine dans l'Amérique des années 1970. De facto, difficile d'adhérer, encore moins de se passionner pour cette nouvelle aventure qui ne décolle réellement jamais.

Pis, hormis l'excellente partition de Hugh Jackman, les autres personnages subsidiaires sont beaucoup trop timorés pour que l'on puisse avaler durablement le subterfuge. Il faudra donc se contenter d'un long paragraphe narrant les accoutumances d'un Professeur Xavier étrangement psychasthénique. Cette fois-ci, la formule ne prend pas. Pas plus que les amourettes peu glorieuses de Xavier et de Magnéto avec la vénéneuse Mystique. Ne parlons même pas des paradoxes temporels qui sont curieusement oblitérés durant les pérégrinations de Wolverine dans le passé... 
Il ne reste donc plus que quelques saynètes pyrotechniques et spectaculaires pour exhumer à la fois le film et le spectateur de leur léthargie inextinguible. En voulant réaliser un épisode aux intentions présomptueuses, Bryan Singer réalise, in fine, une copie en demi-teinte et étrangement digressive. Pas honteux mais vraiment décevant...

 

Note : 11/20

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(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/X-Men:_Days_of_Future_Past

Hard Candy (Petit Chaperon Rouge atrabilaire)

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Genre : thriller (interdit aux - 16 ans)
Année : 2006
Durée : 1h43

Synopsis : Hayley et Jeff se sont connus sur Internet. Elle est une très belle adolescente de 14 ans, et lui un séduisant photographe trentenaire. C'est elle qui a suggéré d'aller chez lui pour être plus tranquille, elle qui a voulu qu'il prenne quelques photos, elle qui leur a servi à boire et a commencéà retirer ses vêtements... Lorsqu'il se réveille, Jeff est ligoté et Hayley retourne tout chez lui. Elle a des questions à lui poser, et elle est décidée à obtenir des réponses. Elle sait qu'elle n'est pas la première adolescente à venir chez Jeff, elle veut découvrir ce qu'est devenue Donna Mauer.

La critique :

Avant d'officier pour le noble Septième Art, le cinéaste britannique, David Slade, a surtout réalisé des clips vidéo pour plusieurs groupes ou artistes notables et notoires, entre autres Aphex Twin, Rob Dougan, System of A Down, Stone Temple Pilots, Tori Amos et Muse (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/David_Slade). Puis, en 2006, il s'attelle à son tout premier long-métrage, Hard Candy, un film indépendant et américain tourné pour la modique somme de 950 000 dollars.
Mais une telle impécuniosité n'est pas forcément synonyme de médiocrité et pour preuve... Puisqu'à ce jour, Hard Candy reste de loin (de très loin...) le meilleur film de David Slade. En outre, le metteur en scène n'est pas vraiment un artiste prolifique, même si certains thuriféraires citeront évidemment Twilight - Chapitre III : Hésitation (2010) et 30 Jours de Nuit (2007).

Depuis la sortie de Twilight - Chapitre III, David Slade a peu ou prou disparu de la circulation, tout du moins des sorties cinématographiques. En l'occurrence, le cinéaste s'est surtout polarisé sur l'univers foisonnant et exhaustif des séries télévisées en réalisant un ou plusieurs épisodes de Black Mirror (2011), Hannibal (2013 - 2015), Awake (2012) et Breaking Bad (2008 - 2013). Pour la petite anecdote, le tournage de Hard Candy, d'une durée laconique de huit jours, sera nimbé par un parfum de souffre et de scandale. Une information néanmoins à minorer.
Certes, ce thriller anxiogène aborde le sujet, toujours douloureux et spinescent de la pédophilie. C'est aussi la raison pour laquelle les producteurs dubitatifs, en particulier Lions Gate, feront preuve de frilosité et même de pingrerie pour accorder un budget famélique ne dépassant pas le million de dollars.

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D'ailleurs, le long-métrage écopera d'une interdiction aux moins de 16 ans dans nos contrées hexagonales. Toutefois, rien de sensationnel non plus et, au final, peu d'arguties qui corroborent une telle réprobation, en dehors d'une violence psychologique sous-jacente. Que soit. Opiniâtre, David Slade s'ingénie à réaliser une pellicule outrecuidante, abordant sans sourciller une thématique emprunte d'invectives, de débats et de polémiques. La distribution de Hard Candy se compose de Patrick Wilson, Ellen Page, Sandra Oh, Jennifer Holmes et Gilbert John.
Attention, SPOILERS ! (1) Hayley et Jeff se sont connus sur Internet. Hayley est une très jolie adolescente de 14 ans et Jeff un séduisant photographe trentenaire. C'est elle qui a suggéré d'aller chez lui pour être plus tranquille, elle qui a voulu qu'il fasse quelques photos, elle qui leur a servi à boire et a commencéà se déshabiller...

Lorsqu'il se réveille, Jeff est ligoté et Hayley retourne tout chez lui. Elle a des questions à lui poser, et elle est décidée à obtenir des réponses. Elle sait qu'elle n'est pas la première adolescente à venir chez Jeff, elle veut découvrir ce qu'est devenue Donna Mauer. Sur le Net, elle a aussi appris comment on pouvait jouer avec un bistouri, et elle meurt d'envie d'essayer... (1). Jeff proteste et affirme son innocence tandis que Hayley tente de le faire avouer, et commence à lui infliger des sévices…
A l'aune de cette exégèse, difficile de dissimuler son enthousiasme pour une pellicule aussi ambitieuse et prometteuse, d'autant plus que Hard Candy a recueilli des avis et des critiques unanimement panégyriques. Reste à savoir si le film mérite de telles flagorneries. 
Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... A travers Hard Candy, David Slade sait qu'il va forcément susciter la controverse.

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Pour un tout premier long-métrage, le metteur en scène montre une certaine érudition dans la mise en scène. Paradoxalement, le film dénote justement par l'archaïsme et la frugalité de sa réalisation. Peu ou prou de séquences tournées en extérieur si ce n'est quelques saynètes élusives. L'essentiel du film se déroule dans une demeure cossue et esseulée au beau milieu de nulle part. De facto, Hard Candy repose avant tout sur le concept du huis clos et sur une confrontation entre une jeune femme (Hayley), à priori inoffensive, et un photographe (Jeff) au sourire angélique.
Mais la maison de Jeff va bientôt devenir son propre tombeau... 
Sans fard, David Slade intervertit la dialectique du maître et de l'esclave. La proie, à fortiori ingénue, se révèle finalement perspicace en masquant son vrai visage.

A contrario, le prédateur se transmute en une victime éplorée, criant son innocence et réclamant la gratitude de son étrange tortionnaire. Ce n'est pas un hasard si David Slade grime son héroïne principale, Hayley Stark, en une sorte de chaperon rouge. Seule différence et pas des moindres, le chaperon rouge n'est plus cette jouvencelle candide se jetant inopinément dans la gueule du loup, mais une adulescente atrabilaire et revancharde. La jeune femme punit les violeurs et les pédophiles en appliquant une justice inique et irrévocable. Pour punir ces prédateurs sexuels, rien de telle qu'une émasculation ! Jeff Kohlver se retrouve alors dare-dare ligoté sur une table, le visage hagard, le froc baissé et menacé par son nouveau bourreau. Vous l'avez donc compris.
Hard Candy n'a pas vraiment pour velléité de verser dans le gore ni dans les saynètes érubescentes. 

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La violence est avant tout psychologique, le but étant d'estourbir durablement les persistances rétiniennes. Une mission remplie avec une mention assez bien en l'occurrence. Si Hard Candy est bel et bien le meilleur film de David Slade depuis son éclosion dans la sphère cinématographique, le métrage n'est pas exempt de tout reproche. Certes, à raison, les adulateurs de cette pellicule mettront en exergue les excellentes partitions d'Ellen Page et de Patrick Wilson.
A elle seule, cette opposition inéquitable justifie le visionnage de Hard Candy. La tension est évidemment palpable dès le préambule. A priori, la toile de fond du film repose sur cette justice qui doit être appliquée sur les sociopathes pédophiles. En vérité, c'est un tout autre débat qui est diligenté, en filigrane, par ce huis clos âpre et tourmenté.

Nous ne sommes qu'en 2006... Pourtant, Hard Candy relate déjà cette obsession contemporaine des sociétés occidentales pour le viol, les crimes sexuels et les préjudices corporels perpétrés sur les femmes. En outre, cette vindicte expéditive doit être aussi jugée, débattue, délibérée, solennisée et supervisée par la gente féminine. Dans Hard Candy, Haley ne se contente pas seulement de punir et de menacer cet agresseur satyriasique, elle parle également au nom de toutes ces femmes séquestrées et violentées par le criminel et surtout, par les prédateurs en général.
C'est sûrement la raison pour laquelle le film s'appesantit autant sur les logorrhées pérorées par ses deux principaux personnages. In fine, on pourra tout de même s'étonner qu'une jeune femme aussi frêle et cachectique puisse tenir tête à un homme aussi robuste. Mais peu importe, encore une fois, c'est David qui triomphe de Goliath ; à la seule différence que David n'est plus un homme... mais une femme.

Note : 12.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : http://cinemafantastique.net/Hard-Candy.html

A.I. Intelligence Artificielle (Devenir un enfant bien réel)

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AI Intelligence artificielle

Genre : science-fiction
Année : 2001
Durée : 2h26

Synopsis : Dans un XXIe siècle, où la fonte des glaces a submergé la majorité des terres habitables et provoqué famines et exodes, les robots sont devenus une composante essentielle de la vie quotidienne et assurent désormais la plupart des tâches domestiques. Pourtant, le professeur Hobby veut aller encore plus loin en créant le premier androïde sensible : un enfant capable de développer un vaste répertoire d'émotions et de souvenirs. Peu après cette annonce, David, un robot de onze ans, fait son entrée chez Henry et Monica Swinton, un couple dont le jeune fils a été cryogénisé en attendant la découverte d'un remède pour guérir sa grave maladie. Bientôt abandonné par sa mère adoptive, David entame un périlleux voyage à la recherche de son identité et de sa part secrète d'humanité. 

La critique :

Steven Spielberg n'a jamais caché son extatisme au sujet de Stanley Kubrick, un photographe, scénariste, réalisateur et producteur américain qui a marqué, de façon indélébile, le noble Septième Art. Des longs-métrages tels que Spartacus (1960), Orange Mécanique (1971), 2001, l'Odyssée de l'Espace (1968), Docteur Folamour (1964), Barry Lindon (1975), Shining (1980), Full Metal Jacket (1987) et Eyes Wide Shut (1999) contribueront àériger sa notoriété.
A contrario, le cinéaste fustige et vilipende une presse qui le nargue et l'accuse de mettre en exergue certaines thèses conspirationnistes dans ses films. Indubitablement, le cas de Stanley Kubrick est sujet à de nombreuses controverses, que ce soit sur la Toile, les réseaux sociaux ou de la part de certains spectateurs dubitatifs ; même encore aujourd'hui.

De surcroît, Stanley Kubrick refusera obstinément de se fourvoyer au nom du lucre et du merchandising, ce qui ne manquera pas d'effaroucher certains producteurs mercantiles. Paradoxalement, cela n'empêche pas le cinéaste émérite de lutiner et de s'acoquiner avec d'autres réalisateurs chevronnés. C'est ainsi que naît une sincère amitié entre Stanley Kubrick et Steven Spielberg. Par ailleurs, ce dernier déclarera avec beaucoup de déférence : "Kubrick était terriblement incompris et perçu comme un reclus parce qu'il fuyait la presse. Mais il était capable de décrocher son téléphone et téléphoner à un parfait inconnu pour lui dire combien il avait été impressionné par son film. Pour ceux d'entre nous qui l'ont connu, c'était un ours en peluche, gentil et passionné" (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Stanley_Kubrick).
Avant d'exhaler son dernier soupir, Stanley Kubrick avait pour projet de réaliser l'adaptation d'une nouvelle de science-fiction, Les Supertoys durent tout l'été, de Brian Aldiss.

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Hélas, Kubrick meurt d'une crise cardiaque quelques temps après le tournage d'Eyes Wide Shut. Cela fait déjà plusieurs années que le metteur en scène songe à tourner A.I. Intelligence Artificielle, mais Kubrick ne souhaite pas vraiment le réaliser. Dès le départ, il pense que l'univers épars et féérique d'une telle pellicule sied davantage à un cinéaste tel que Steven Spielberg. Désarçonné par la mort de son comparse, "Spielby" accepte l'offrande de Kubrick et décide de lui rendre un vibrant hommage. A.I. Intelligence Artificielle sort finalement en 2001, soit deux ans après le décès de Kubrick. Sagace, Steven Spielberg n'a pas vraiment pour velléité de réaliser un film qui s'apparenterait à une oeuvre de Kubrick. Le cinéaste souhaite nimber sa pellicule de son empreinte indélébile.
A raison, A.I. Intelligence Artificielle est souvent considéré comme une sorte de Pinocchio des temps modernes.

A sa manière, ce film de science-fiction revisite les thématiques douloureuses, infantiles et spinescentes de ce conte à la fois émouvant et cruel. La distribution du long-métrage se compose de Haley Joel Osment, Jude Law, Frances O'Connor, Sam Robards, Jake Thomas, William Hurt et Brendan Gleeson. A noter aussi les participations vocales de Robin Williams (qui prête sa voix au Docteur Sais-Tout), Meryl Streep (la voix de la Fée Bleue) et de Ben Kingsley (la voix du Spécialiste). 
Attention, SPOILERS !  (1) 
Dans un monde futuriste ravagé par le réchauffement de la planète et où la procréation est strictement encadrée, les êtres humains vivent en parfaite harmonie avec les « méchas », des robots androïdes spécialement créés pour répondre à leurs besoins. Une famille, dont le fils est dans le coma, décide d'aller plus loin et d'adopter un enfant robot, David, programmé pour vouer un amour sans limites envers ses parents adoptifs.

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Entre temps, la science ramène à la vie leur enfant biologique, Martin. Martin et son père Henry ne sont pas des plus gentils avec David. La mère est davantage attachée au robot qu'à son propre fils, mais à la suite de différents problèmes générés par David, elle prend une décision. Au lieu de le retourner à la casse, elle décide de l'abandonner dans une forêt en lui donnant comme consignes de ne pas s'approcher de la ville ni des humains. Et l'enfant lui demande pourquoi elle l'abandonne… En somme, elle lui fait comprendre qu'il n'est pas réel, qu’il n’est pas « un vrai petit garçon ».
En compagnie d'un autre mécha appelé Gigolo Joe, David se lance alors dans une quête spectaculaire pour devenir un vrai garçon et ainsi, être de nouveau adopté par sa famille d'accueil et aimé comme un fils par sa mère adoptive.

Leurs aventures les mèneront à travers tous les États-Unis, dans une fête foraine célébrant la destruction des méchas, à Rouge City la ville de tous les plaisirs, à Manhattan engloutie par les eaux et même jusqu'aux profondeurs de l'intelligence artificielle… (1) A tort, on considère souvent Minority Report (2002) ou Rencontres du Troisième Type (1977) comme les meilleurs films de SF de Steven Spielberg. Attention à ne pas minorer A.I. Intelligence Artificielle qui n'a rien à envier à ses augustes devanciers. Souvent caricaturéà une oeuvre puérile, complaisante et doucereuse, A.I. Intelligence Artificielle est, à contrario, un film cruel qui met en exergue un monde humain sur le point de péricliter et surtout une société dévoyée par une technologie exponentielle.
De facto, David apparaît comme la quintessence de cette robotisation massive.

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Difficile désormais de dissocier l'humain de la machine. Le film interroge donc sur cette frontière ténue entre la réalité charnelle (ou organique) et la réalité scientifique. Contrairement aux autres méchas, David est capable d'exprimer et de ressentir des émotions. Il est aussi programmé pour arborer le visage angélique d'un petit garçon énamouré de sa maternelle. A.I. Intelligence Artificielle aborde donc le thème toujours délicat de l'enfance, mais aussi du Complexe Oedipien.
En ce sens, David apparaît aussi comme le tout premier mécha submergé par des conflits freudiens, à tel point que son cas apparaît comme un vrai sujet de psychanalyse. Ainsi, les deux heures et 26 minutes de bobine sont en permanence aiguillées par cette quête d'amour maternel. Hélas, pour David, la chute sera brutale puisque "Spielby" met en exergue le thème de l'abandon.

La séparation entre la mère factice et David est évidemment douloureuse. Dès lors, l'androïde se voue, corps et âme (si j'ose dire...), dans un périple chimérique : pour obtenir l'amour de sa mère, il doit devenir un enfant bien réel. Or, durant cette quête fantasmagorique, David va découvrir l'autre facette d'un nouveau monde. Malencontreusement, cet univers dégingandé n'est pas composé de fées ni de personnages courtois ou magnanimes. Pis, les méchas sont carrément sacrifiés dans de nouveaux spectacles du cirque. A.I. Intelligence Artificielleétonne sans cesse par son lyrisme et sa mélancolie. Le film franchit une étape supplémentaire vers cette résipiscence dans son dernier acte.
Alors que la Terre est désormais tuméfiée, vaporisée et surtout recouverte par les glaces, des extraterrestres découvrent béatement les derniers reliquats de notre civilisation. 

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C'est aussi la question posée en filigrane par Steven Spielberg. Durant notre court passage sur la Terre, quelle trace allons-nous laisser dans l'univers ? Se pose aussi la question de la Mémoire universelle... En ce sens, David symbolise ce monogramme inaltérable laissé par l'Humanité comme souvenir à nos futurs colons, à savoir des extraterrestres télépathes. In fine, David est aussi cet androïde anthropomorphe qui préfigure ce complexe d'Icare que certains scientifiques tentent de s'accaparer en jouant aux illustres démiurges et thaumaturges. De surcroît, la science est censée promouvoir la béatitude en nous transformant en super consommateurs. Or, cette technologie avilissante ne fait que réveiller nos pulsions ancestrales et archaïques, révélant surtout notre capacitéà nous anéantir.
Par certaines accointances, les pérégrinations de David ne sont pas sans évoquer les tribulations de Candide dans le pays de l'Eldorado. L'empirée terrestre n'existe pas dans un monde imprégné par le chaos et cette fascination pour le morbide. Vous l'avez donc compris. A.I. Intelligence Artificielle est une oeuvre à la fois déroutante, fascinante et complexe qui mériterait sans doute une analyse beaucoup plus précautionneuse. Steven Spielberg a de bonnes raisons de gloser et d'esquisser un sourire évasif. Avec A.I. Intelligence Artificielle, il a signé un vibrant hommage à la mémoire de Stanley Kubrick.

 

Note : 17.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/A.I._Intelligence_artificielle

The Seasoning House (La vengeance de Petit Ange)

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Genre : horreur, gore, thriller, drame (interdit aux - 16 ans)
Année : 2012
Durée : 1h33

Synopsis : Quelque part dans les Balkans, au coeur d'un pays en guerre se trouve The Seasoning House, un ancien bâtiment industriel, dans lequel des jeunes filles sont séquestrées, droguées et prostituées. L'une d'elle, Angel, a trouvé le moyen de quitter sa chambre et de se déplacer secrètement dans le bâtiment. Là, elle observe... Elle écoute... Elle met au point sa vengeance. 

La critique :

Pour les thuriféraires de Cinéma Choc (mais si, il y en a... Disons trois ou quatre personnes dans le monde... au mieux...), ils savent que le site chronique ponctuellement des rape and revenge. Par conséquent, ils savent aussi que ce registre cinématographique acte sa naissance à l'orée des années 1960 via La Source (Ingmar Bergman, 1960). A tort, c'est souvent La Dernière Maison sur la Gauche (Wes Craven, 1972) qui est considéré comme le tout premier rape and revenge de l'histoire du cinéma horrifique. Opportuniste, Wes Craven s'empare et s'approprie le script de La Source en reprenant, peu ou prou, le même scénario. Deux jeunes femmes sont kidnappées par quatre renégats loqueteux, puis emmenées dans une forêt pour subir de nombreuses impudicités.
Violentées, narguées, rudoyées et atrocement suppliciées, les deux adulescentes succomberont à leurs excoriations et exhaleront leur dernier soupir à la lisière d'une rivière.

L'élément de l'eau devient alors un personnage prééminent et à part entière. Au sein d'une nature primordiale, l'homme retrouve ses plus bas instincts et redevient à la fois ce chasseur et ce prédateur archaïque qui viole, torture et étripe sans jamais sourciller. Mais la torture n'est pas le seul apanage des criminels sociopathiques. Au nom d'une vindicte personnelle, les parents de l'une des malheureuses recourent à leur tour à des pratiques barbares et sauvages pour punir et violenter les tueurs d'infortune. C'est aussi la raison pour laquelle La Dernière Maison sur la Gauche choque autant ses nombreux contempteurs. Au moment de sa sortie, le long-métrage de Wes Craven estourbit durablement les persistances rétiniennes, d'autant plus que le film sort en plein contexte de révolution sociale, culturelle et sexuelle aux Etats-Unis.

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La Dernière Maison sur la Gauche influence et engendre également de nombreux épigones, notamment Thriller - A Cruel Picture (Bo Arne Vibenius, 1974), Le Dernier Train de la Nuit (Aldo Lado, 1975), La Louve Sanguinaire (Rino Di Silvestro, 1976), Week-End Sauvage (William Fruet, 1977), ou encore Oeil pour Oeil (Meir Zarchi, 1978). La vague du rape and revenge a récemment retrouvé une once de notoriété et surtout de réactivité avec la saga I Spit On Your Grave, agencée par les soins de Steven R. Monroe durant les années 2010.
En vérité, cette franchise cupide et mercantile reprend la dialectique morbide et comminatoire d'Oeil pour Oeil (précédemment mentionné). Depuis, d'autres films, estampillés "rape and revenge", ont tenté d'ébranler une concurrence pléthorique en la matière.

C'est par exemple le cas de Bound To Vengeance (José Manuel Cravioto, 2015) ou du trop méconnu The Horseman (Steven Kastrissios, 2008). Vient également s'agréger The Seasoning House, réalisé par les soins de Paul Hyett en 2012. En outre, The Seasoning House constitue aussi le tout premier long-métrage de ce cinéaste britannique. Si cette oeuvre n'a pas bénéficié d'une exploitation dans les salles obscures, il s'est illustréà travers les festivals.
Certes, point de prix ni de récompenses pour ce rape and revenge sorti de nulle part. A contrario, The Seasoning House s'est taillé une solide réputation sur la Toile à cause de son scénario en forme de parabole, voire d'hyperbole, sur les traitements infligés sur les femmes durant la guerre de Bosnie-Herzégovine.

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Pour l'anecdote, depuis la Seconde Guerre Mondiale, le conflit des Balkans est considéré comme la guerre la plus meurtrière du XXIe siècle avec presque 100 000 morts recensés en 2013 (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Seasoning_House). The Seasoning House se pare donc de velléités politiques et a le mérite d'éveiller notre curiosité. Reste à savoir si le film remplit ou non son office. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique...
La distribution de ce long-métrage se compose de Rosie Day, Sean Pertwee, Kevin Howarth, Anna Walton, Jemma Powell, Alec Utgoff et Laurence Saunders. 
Attention, SPOILERS ! (1) 1996, pendant le conflit des Balkans, au cœur d'un pays en guerre, se trouve The Seasoning House, ancien bâtiment industriel, dans lequel des jeunes filles arrachées à leur famille, sont séquestrées, droguées et livrées sexuellement à des criminels de guerre.

L'une d'elles, Angel, en séduisant involontairement le propriétaire de la maison de passe, gagne un peu de liberté. Elle réussit à quitter sa chambre par les conduits d'aération pour se déplacer secrètement dans le bâtiment. Là dans son monde de silence, elle observe... elle écoute... (1) Sur la forme, The Seasoning House est une oeuvre hétéroclite qui mélange allègrement l'horreur, les saynètes gore et érubescentes, le huis clos, le thriller, la guerre, la tragédie et surtout le rape and revenge au féminin. Par certaines accointances, le cas de The Seasoning House n'est pas sans rappeler celui de A Serbian Film (Srdjan Spasojevic, 2010), un autre métrage pour le moins polémique... 
Les deux films ont pour particularité de traiter de sujets graves et controversés pour mieux les exploiter et surtout les dévoyer vers des chemins scabreux et escarpés.

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Car la première question qui point lors du générique final de The Seasoning House est la suivante : que cherche à nous dire ou à nous sermonner Peter Hyett à travers cette pellicule chimérique ? A cette question, point de réponse si ce n'est encore plus d'interrogations. Car sur la forme, The Seasoning House n'est pas un film dénonciateur même s'il montre, de façon brutale et factuelle, les sévices perpétrés sur des jeunes femmes promises à satisfaire les pulsions sexuelles de clients satyriasiques. Hélas, la mise en scène, volontairement outrancière et putassière, verse sans cesse dans l'excès et la condescendance. Pis, bien conscient de la vacuité et de l'ineptie de sa pellicule, Peter Hyett se polarise sur les meurtres de son héroïne sourde et muette.
Par ailleurs, on se demande comment une jeune femme aussi frêle et cachectique peut tenir tête à un aéropage de soldats robustes et chevronnés au combat...

Mais passons... Dommage car le film possède un véritable potentiel, notamment dans cette volonté d'afficher ostentatoirement cette dichotomie entre la fébrilité apparente de l'héroïne et sa vengeance sanglante et expéditive. Hélas, encore une fois, Peter Hyett ne parvient pas à transcender cette didactique. Reste l'excellente composition de Rosie Day qui transfigure un personnage traumatisé par la mort de sa mère et la disparition impromptue de sa soeur.
Reste également une mise en scène cérémonieuse, ainsi que plusieurs séquences barbares et extrêmes qui devraient logiquement satisfaire les amateurs du genre. Malheureusement, The Seasoning House n'en reste pas moins décevant à cause, en partie, du traitement laconique d'un sujet pourtant prometteur. En résulte une oeuvre racoleuse et un brin présomptueuse qui repose presque exclusivement sur les épaules graciles de son actrice principale.

Note : 09/20

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(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Seasoning_House

The Cloverfield Paradox (Une déchirure dans le scénario... pardon... Une déchirure dans la membrane spatio-temporelle)

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Genre : science-fiction 
Année : 2018
Durée : 1h42

Synopsis : Après un accident avec un accélérateur à particules, une station spatiale américaine découvre que la Terre a disparu. Les résidents de la station vont alors être confrontés à l'étrange présence d'une autre station spatiale tout près de leur position

La critique :

Comme un mauvais présage... A vrai dire, on le pressentait, on le renâclait même à plein nez... Après un second chapitre, intitulé10 Cloverfield Lane (Dan Trachtenberg, 2016), la créature gargantuesque et dévastatrice devait se transmuter en une saga cupide et mercantile, via un inévitable troisième épisode, soit The Cloverfield Paradox, réalisé par les soins de Julius Onah en 2018. Petite piqûre de rappel. En 2008, sous les précieuses instigations de J.J. Abrams, le futur démiurge de Star Wars - Chapitre 7 : Le Réveil de la Force (2015), Matt Reeves se lance dans un projet ambitieux et pharaonique, sobrement intituléCloverfield. A l'origine, ce premier opus est un curieux maelström entre le found footage et le kaiju eiga, s'inspirant à la fois de Le Projet Blair Witch (Eduardo Sanchez et Daniel Myrick, 1999) et de Godzilla (Ishiro Honda, 1954).

A travers les pérégrinations d'une bande de bambocheurs dans un New York tuméfié et anéanti par d'étranges créatures, Matt Reeves réinvente le film de monstre. Pour le cinéaste et J.J. Abrams, la menace surgit du vide et d'un néant béant et indicible. A la base, cette idée ingénieuse provient justement d'ultras sons enregistrés dans l'Océan Pacifique dans les années 1990 et dont l'origine reste toujours énigmatique. Malicieux, les deux comparses réalisent plusieurs trailers élusifs.
Toutes ces bandes annonces mystérieuses concourent àériger la notoriété de Cloverfield sur les réseaux sociaux. A défaut d'estourbir durablement les persistances rétiniennes, Cloverfield premier du nom possède de solides arguties dans sa besace. Toutefois, sur le fond, Matt Reeves et J.J. Abrams n'ont rien inventé et se contentent d'ânonner la recette éculée des vieux films de science-fiction des années 1950, un peu à la manière de Jack Arnold avec Tarantula ! (1955).

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Impression corroborée par la sortie de 10 Cloverfield Lane huit ans plus tard. Cette fois-ci, point de found footage ni de cité anéantie par une sorte de pachyderme provenant de nulle part. Sur la forme, 10 Cloverfield Lane s'apparente à un épisode de la série télévisée La Quatrième Dimension (en outre, L'Abri, saison 3, épisode 37). Dubitatif, le spectateur avalait tout de même l'habile subterfuge. Néanmoins, on pouvait légitimement se demander ce qu'allait nous narrer The Cloverfield Paradox. Pour l'anecdote, le long-métrage n'a pas bénéficié d'une exploitation dans les salles de cinéma. A l'instar de nombreuses séries B impécunieuses, le film a été diffusé sur la chaîne Netflix.
Le projet échoit finalement entre les mains de Julius Onah. Le cinéaste n'est pas totalement inconnu au bataillon puisqu'on lui doit des films tels que Porcelain § Diamonds (2009), Big Man (2012) ou encore The Girl is in trouble (2015).

Quant à J.J. Abrams, le metteur en scène cérémonieux officie en tant que producteur de ce troisième chapitre. Lors d'une interview, J.J. Abrams annonce péremptoirement que The Cloverfield Paradox ne partagera presque aucune accointance avec ses deux illustres devanciers. Contrairement aux précédents épisodes, The Cloverfield Paradox ne bénéficie d'aucune promotion marketing, comme si J.J. Abrams avait conscience lui-même de l'inanité et de la vacuité d'une telle pellicule.
De surcroît, le métrage essuie un véritable camouflet lors de sa première diffusion. Les critiques circonspectes et sarcastiques agonisent le film d'injures. The Cloverfield Paradox s'apparenterait donc à une immense arnaque, profitant de la réputation et surtout du buzz orchestré par le premier volet. Reste à savoir si The Cloverfield Paradox mérite de telles acrimonies. 

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Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Daniel Brühl, Elizabeth Debicki, Aksel Hennie, Gugu Mbatha-Raw, Chris O'Dowd, John Ortiz et David Oyelowo. A noter aussi la participation vocale de Simon Pegg dans le rôle d'un homme à la radio... Attention, SPOILERS ! (1) 2028. La Terre souffre en raison d'une crise d'énergie majeure. Tous les regards et espoirs sont tournés vers une mission à bord d'une station spatiale internationale nommée Cloverfield. À son bord, l'accélérateur de particules Shepard est testé.
Après une tentative de lancement de la machine, une surcharge se produit. Suite à cet incident, les scientifiques de la mission découvrent que la Terre
 a disparu. D'autres événements étranges vont alors se produire au sein de la station, mettant en danger l'ensemble de l'équipage (1).

Bien que diffusé sur Netflix, The Cloverfield Paradox n'est pas cette production désargentée que ce film laisse inaugurer. Visiblement, la chaîne s'est emparée du phénomène Cloverfield pour un budget avoisinant tout de même les 45 millions de dollars, une somme plutôt conséquente pour une série B... Corrélativement, un quatrième chapitre est d'ores et déjà annoncé... pour le meilleur mais surtout pour le pire. On crie au supplice... Car autant l'annoncer de suite.
A ce jour, The Cloverfield Paradox est l'épisode le plus faible et aussi le plus médiocre de la franchise ; à tel point que l'on finirait presque par regretter les atermoiements et la superficialité de 10 Cloverfield Lane. Certes, sur la forme, The Cloverfield Paradox est censé expliquer la genèse de la créature cyclopéenne et protéiforme. 

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Pourtant, objectivement, le film ne raconte rien, si ce n'est un paradoxe temporel qui entraîne un aéropage d'astronautes dans une autre dimension parallèle. Dans ce multivers, la Terre a disparu du système solaire. Hébété, un des membres de l'équipage parle "d'une déchirure dans la membrane spatio-temporelle". En outre, l'écorchure concerne davantage le scénario, pour le moins fuligineux et amphigourique. Dès lors, The Cloverfield Paradox se transmue en un huis clos spatial, un peu à la manière d'un Gravity (Alfonso Cuaron, 2013), la sagacité et l'érudition en moins.
Pour ceux qui s'attendent à voir poindre ou surgir des créatures voraces, merci de quitter gentiment leur siège et de retourner dans leurs pénates. The Cloverfield Paradox s'apparente à un film de science-fiction intellectuel qui psalmodie ses interminables logorrhées afin de mieux farder sa bêtise abyssale. Voilà une diatribe qui résume parfaitement cet objet filmique non identifié. Certes, Julius Onah tente bien d'obliquer vers des thématiques spinescentes, comme le voyage dans le temps, les paradoxes temporels, les accélérateurs de particules capables de défier l'espace et le temps, ou encore la théorie quantique qui modifierait notre perception de la réalité.
Mais rien n'y fait... The Cloverfield Paradox brille avant tout par sa nonchalance, son oisiveté et sa fastidiosité. Cette fois-ci, plus de doute. La saga Cloverfield est définitivement inhumée et vient de prononcer sa dernière absoute, confinant au "naveton" avarié.

Côte :Navet

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Cloverfield_Paradox


Tantrum (Le punk gore, ça décoiffe la crête !)

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Genre : horreur, gore, trash, expérimental (interdit aux - 16 ans)
Année : 2015
Durée : 38 minutes 

Synopsis : Dans un monde de désolation où toute communication entre les êtres humains a disparu, un homme en proie à des délires psychotiques, s'inflige des sévices et des mutilations. Au cours de ses divagations psychiques, perdant tout contact avec une réalité devenue absconse, il s'adonne au crime et à la destruction.

La critique :

Évidemment, il faut s'intéresser au cinéma (ultra) underground. De près, de très près même. Sinon il y a de fortes chances que vous passiez à côté de James Bell (pas le basketteur) sans le voir. Nouvel arrivant, hé oui encore un, sur la scène du cinéma indépendant sous terrain, l'américain James Bell possède un style bien à lui. Glauques, outranciers, cradingues, fauchés, ses films (uniquement des courts-métrages jusqu'à présent), transpirent l'amateurisme à plein nez. Dès les premières images, le spectateur n'a aucun doute : c'est du Z de chez Z ! Toutefois, il se dégage de ces oeuvres réalisées avec trois bouts de ficelle et un trombone usagé, un indéfinissable côté sympathique qu'il est bien difficile d'expliquer tant le style du réalisateur approche le degré zéro de l'art cinématographique. James Bell, c'est le copain potache qu'on a tous eu ; celui qui rote et qui pète tout en se gondolant tout seul de ses grivoiseries ! Autrement dit, le bougre ne fait ni dans la dentelle ni dans la finesse. 
D'ailleurs, le début de sa filmographie annonce clairement la couleur avec Dog Dick (littéralement "Bite de chien"), réalisé en 2013. Cet étrange objet filmique, à mi-chemin entre Most Disturbed Person On Planet Earth (en beaucoup moins violent) et le Gummo d'Harmony Korine (en beaucoup moins intéressant), se contente d'aligner des snuff animaliers ou de présenter des personnages grotesques et peu ragoûtants.

Dénué de toute intention artistique, ce gloubi boulga visuel connut étonnamment un certain succès à l'époque sur Internet. En 2014, Bell réalisa Manuer, un court-métrage indirectement inspiré par Street Trash, le petit "classique" fun gore des années quatre-vingt. L'histoire décrit le parcours chaotique et sanglant d'un clochard paumé dans un environnement crasseux et vomitif. Avec ce film, James Bell plante le décor pour ses futurs méfaits filmiques. Puis, arrive Tantrum réalisé l'année suivante. Ici, Bell trouve définitivement son style : le punk gore ou le gore anar.
Un propos nihiliste assumé, une tonalité résolument blasphématoire, une totale absence d'espoir en l'être humain et dans son futur. Un futur qu'il dépeint quasiment et de manière systématique, comme un monde à l'abandon où tout n'est que haine et pourritures. L'univers du réalisateur est d'une désespérance infinie. Les protagonistes ne parlent pas et ne communiquent jamais entre eux ; toute trace de lien social est effacée pour laisser place à un univers post-apocalyptique où l'agression et le crime sont les seules solutions de survivance pour des êtres à la dérive.

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Tantrumétablit les bases de ce contexte. L'action se déroule dans un monde délabré où le protagoniste principal erre sans but dans un état crépusculaire. Ultra violent envers lui-même, il s'inflige des châtiments corporels qui vont du cisaillement des veines à l'auto castration. Ultra violent, il l'est aussi envers ceux qui ont le malheur de croiser sa route. Dans ce film, tout n'est que crasse, marasme et anarchie. James Bell est un anarchiste qui vilipende l'ordre établi, dénonce la décadence des moeurs et prévoit la chute imminente d'une société de consommation gangrénée par ses propres excès. James Bell préconise le chaos. On retrouve cette thématique dans la plupart de ses métrages où tout signe de convenance sociale a disparu. Tantrum est l'oeuvre la plus dépressive et la plus glauque du cinéaste.
La plus extrême aussi. 
Attention spoilers : Dans un monde post-apocalyptique, un individu vivant dans une maison insalubre, se tranche les veines. Est-ce vraiment la réalité ou la seule conséquence de ses délires obsessionnels ? Dans cet état hypnotique, l'homme continue à se martyriser en se découpant le pénis à l'aide de petits ciseaux. Puis, rétabli de façon inopinée, il déambule dans une banlieue délabrée où n'errent que quelques êtres paumés et d'étranges créatures à la tête de popcorn géant dont l'une se déplace sur un fauteuil roulant.

Dans cet univers de violence et d'incommunicabilité, le protagoniste va agresser une jeune femme qu'il va transporter chez lui afin de lui faire subir des tortures sexuelles les plus avilissantes. Tandis qu'au dehors, les créatures hybrides s'enflamment et que l'horizon s'obscurcit... Tourné en DV, Tantrum est un film qui revendique un amateurisme pur et dur et ne s'en cache pas. Le scénario tiendrait sur un confetti en écrivant gros, le jeu des acteurs frôle le surréalisme et les (rares) bagarres frisent la neurasthénie. Quant aux décors extérieurs, disons-le tout net, c'est carrément la zone. Au milieu de ce capharnaüm très vaguement artistique, le gore règne en maître absolu. Les effets spéciaux alternent le très bon et le pitoyable. Le très bon, lors de l'auto-émasculation aux ciseaux, vraiment hyper choquante et réaliste. Le très mauvais lors des shoots au revolver (de théâtre), qui font un bruit de pétard de 14 juillet et qui provoquent  sur les victimes, des effusions de sang "geyserisantes" de 6 mètres de hauteur (j'exagère à peine), façon Das Komabrutale Duell. Mais le spectateur peu regardant sur la qualité sera aux anges en se délectant des détails ignominieux du film qui n'en ait vraiment pas avare.
La preuve : en plus des exactions précédemment citées, nous aurons droit à une auto-sodomie à l'aide d'un crucifix, à un viol nécrophile et à du vomi et des tripailles délivrées en quantité industrielle. Le point d'orgue étant cette fellation "inversée" lorsque le protagoniste principal se livre à une introduction érectile par l'arrière du crâne perforé d'une femme avant que son sexe ne ressorte par la bouche de sa victime et n'éjacule sur ses organes éviscérés !

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Un grand moment de poésie... Tantrum, c'est trente-huit minutes de métrage, trente-huit minutes de violence. Ubuesque, le film ne cherche cependant pas à donner une once de crédibilitéà son récit. Il consiste essentiellement pour James Bell à déverser sa bile, à vomir les conventions en étalant de façon ostentatoire son aversion pour les bienséances et le politiquement correct. Foncièrement pessimiste, ce court-métrage, dont l'univers oscille entre le style des productions Troma et celui des débuts d'Olaf Ittenbach, dégage un parfum de fin du monde, de la fin d'un monde en tout cas. On pourrait presque classer ce court-métrage dans la catégorie des films post-apocalyptiques tant ce futur d'anticipation présentéà l'écran semble noir et terrifiant. Hélas, son côté terriblement amateur anéantit de facto tout sentiment d'angoisse et Tantrum, entre deux séquences gorissimes, nous fait plus sourire que frémir. À ce spectacle indéfinissable, certains spectateurs ne verront qu'un navet indigeste d'une vulgarité sans nom tandis que d'autres le considèreront comme un nanar éminemment sympathique.
Chacun son point de vue... 
Malgré ce, James Bell n'est pas dénué de talent. Du talent pour la provocation à défaut d'en avoir pour la mise en scène. Mais jusqu'à aujourd'hui, il s'est contenté du minimum syndical et cela a l'air de lui convenir.

En 2016, Tantrum 2 et surtout Nutsack (dans lequel le réalisateur s'amusait à faire défoncer des bébés moisis en plastique par ses acteurs), ont montré sinon un déclin, du moins un affaiblissement certain dans la progression artistique du réalisateur. Cela n'est guère encourageant. Pourtant, à l'instar de certains de ses nouveaux "collègues" du cinéma underground, il a su trouver son univers : la pauvreté, la décrépitude et l'outrance gore. Mais cela ne suffira pas pour réaliser des oeuvres qui resteront dans les mémoires. Il lui faudra, s'il en est capable, appuyer nettement plus sur le champignon de ses possibilités pour tenter de devenir le Sam Raimi ou le Peter Jackson des années 2010.
Autrement dit, un réalisateur sans le sou qui, par son inventivité et son impertinence, insufflerait au genre horrifique une nouvelle tonalité, un nouvel élan. Personnellement, j'en doute un peu, mais je souhaite me tromper. Le bonhomme est en tout cas très doué pour les effets spéciaux et s'est nettement amélioré depuis 2015 et le tournage de Tantrum. En effet, c'est à lui que James Quinn a fait appel pour assurer les horreurs mystiques du sensationnel Flesh Of The Void en 2017. Voilà de quoi rehausser le niveau de son curriculum vitae ! 
Tantrum ou le paradoxe sur pellicule.
Il y a un fond de contestation politique mais il est revendiqué de manière ridicule ; il y a des initiatives cinématographiques mais elles sont filmées avec les pieds. C'est curieux mais il m'est impossible de noter ce film sur lequel se serait abattu mon courroux impitoyable, il n'y a pas si longtemps. Peut-être est-ce l'âge qui me rend plus indulgent ? Ou alors est-ce James Bell qui a eu le don de rendre sympathique cet ovni trash, impécunieux et approximatif ? Les deux sans doute...

Note :?

TumblingDollOfFlesh Inthemoodforgore

La Maison de Cire (Poupées de cire... Poupées de sang)

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Genre : horreur, slasher, épouvante (interdit aux - 16 ans)
Année : 2005
Durée : 1h53

Synopsis : Un groupe d'amis se rendant au match de football de l'école devient la cible de deux assassins dans une ville abandonnée. Ils découvrent que ces hommes ont développé la plus grosse attraction du coin - la Maison de cire - en créant une bourgade peuplée de personnages de cire, confectionnés à l'aide des corps de visiteurs malchanceux. Les jeunes gens doivent maintenant trouver un moyen de s'enfuir avant de devenir eux-mêmes les acteurs de ce funeste théâtre...   

La critique :

Vers le début des années 2000, le cinéma d'épouvante américain se pare d'une véritable fascination pour les remakes horrifiques de naguère. En 2003, c'est Marcus Nispel qui lance les inimitiés avec Massacre à la Tronçonneuse, le remake éponyme d'un classique horrifique qui provoqua les acrimonies vers le milieu des années 1970 pour ses tonalités virulentes, âpres et rédhibitoires. C'est dans cette didactique que le cinéma hollywoodien exhume ses vieilles terreurs de jadis, qu'elles se nomment Michael Myers (Halloween de Rob Zombie en 2007), Jason Voorhees (Vendredi 13 de Marcus Nispel en 2009), ou encore Freddy Krueger (Freddy - Les Griffes de la Nuit de Samuel Bayer en 2010) ; tous ces figures emblématiques et comminatoires préfigurent également une Amérique tuméfiée et terrorisée par ses propres démons, ceux du Watergate, de la guerre du Vietnam et d'une jeunesse condamnée à péricliter après la mort du patriarcat.

Malicieux, les producteurs hollywoodiens ressuscitent d'autres classiques et figures mythiques du cinéma d'épouvante avec La Dernière Maison sur la Gauche (Denis Iliadis, 2009), La Colline A des Yeux (Alexandre Aja, 2006), L'Armée des Morts (Zack Snyder, 2004), ou encore Evil Dead (Fede Alvarez, 2013). En outre, La Maison de Cire, réalisé par Jaume Collet-Serra en 2005, est le remake de L'Homme au Masque de Cire (André de Toth, 1953), un long-métrage d'épouvante assez méconnu du grand public. Pour l'anecdote, le métrage original avait pour vedette Vincent Price dans le rôle du conservateur d'un musée de cire. Le remake de Jaume Collet-Serra n'a pas vraiment pour vocation de renouer avec les poltronneries archaïques de son auguste devancier.
En outre, La Maison de Cire version 2005 tergiverse entre le slasher à la mode pré-pubère (en gros, comprenez les sagas Scream, Urban Legend et Souviens-toi... L'été dernier) et le remake horrifique probe mais de facture conventionnelle (en gros, comprenez "Massacre à la Tronçonneuse de Marcus Nispel").

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La Maison de Cire marque également la toute première réalisation de Jaume Collet-Serra, un cinéaste espagnol qui s'illustrera à posteriori avec Esther (2009), Sans Identité (2011) et Instinct de Survie (2016). En outre, le metteur en scène fait figure d'honnête artisan du Septième Art, guère plus. Au moment de sa sortie, La Maison de Cire se solde par un succès commercial, à la fois aux Etats-Unis et dans nos contrées hexagonales. A contrario, le métrage est persiflé, gourmandé et vitupéré par les critiques unanimement sarcastiques.
Les principales diatribes concernent la performance de Paris Hilton, confinée dans ses rôles de midinette et d'esgourde habituelle. Par ailleurs, la comédienne s'arrogera, malgré elle, le Razzie Award du pire second rôle féminin.

Reste à savoir si La Maison de Cire est bel et bien le naveton avarié et décrié par la presse spécialisée. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Au moment de sa sortie, le métrage écope également d'une interdiction aux moins de 16 ans. Pourtant, sur le site Wikipédia (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Maison_de_cire), c'est l'interdiction aux moins de 18 ans qui est mentionnée. In fine, lors de la bande annonce, c'est encore une nouvelle interdiction (cette fois-ci aux moins de 12 ans) qui est arborée... Bon, autant l'annoncer de suite.
De telles réprobations (que ce soit l'interdiction aux moins de 16 ans ou aux moins de 18 ans) sont totalement usurpées. 
Mais nous sommes encore vers le milieu des années 2000. Gare à ne pas effaroucher un public encore trop fébrile et pudibond !

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Par la suite, ces mêmes spectateurs devront se colleter avec le torture porn et de nouvelles érubescences via les succès impromptus de Saw (James Wan, 2004) et Hostel (Eli Roth, 2006). Toujours la même antienne... Mais ne nous égarons pas et revenons au casting de La Maison de Cire. Hormis Paris Hilton (déjà précitée), la distribution du film se compose d'Elisha Cuthbert, Chad Michael Murray, Brian Van Holt, Jared Padalecki et Jon Abrahams. 
Attention, SPOILERS ! Un groupe d'amis se rendant au match de football de l'école devient la cible de deux assassins dans une ville abandonnée. Ils découvrent que ces hommes ont développé la plus grosse attraction du coin - la Maison de cire - en créant une bourgade peuplée de personnages de cire, confectionnés à l'aide des corps de visiteurs malchanceux.

Les jeunes gens doivent maintenant trouver un moyen de s'enfuir avant de devenir eux-mêmes les acteurs de ce funeste théâtre... A l'aune de cette exégèse, difficile de s'extasier devant ce slasher qui s'apparente davantage à un remake, à peine déguisé, de Scream et de ses nombreux succédanés. De facto, La Maison de Cire emprunte les mêmes recettes éculées en mettant en exergue une bande d'amis partis festoyer dans un coin reculé. Dès lors, Jaume Collet-Serra s'appesantit lourdement sur des personnages au mieux prosaïques. Nonobstant le cas de Paris Hilton qui réitère la mijaurée faussement libidineuse, il faudra se contenter principalement de bellâtres et de jeunes femmes aguicheuses sortis tout droit d'une agence de mannequinat. Après presque 45 minutes de présentation absconse, Jaume Collet-Serra se résout enfin à lancer les animosités. 

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Pour le spectateur ulcéré, il faudra donc faire preuve de longanimité avant de voir poindre une première saynète de débauche sanglante. Que les esprits les plus chastes et les plus impressionnables se rassérènent. A moins d'être totalement réfractaire à la moindre fulgurance un tant soit peu rougeoyante, difficile de tressaillir devant les ficelles narratives et ostentatoires de La Maison de Cire. Vous l'avez donc compris. Le scénario est au mieux prévisible. C'est à peine si on ne devine pas dans quel ordre les divers protagonistes vont être occis et assassinés par le croquemitaine de service. 
Mais rien que pour le meurtre et les cris d'orfraie de Paris Hilton en mode histrionique, La Maison de Cire justifie presque son visionnage. A l'instar de Scream (Wes Craven, 1997) premier du nom, La Maison de Cire fonctionne lui aussi sur une étrange duplicité.

Hélas, cette imposture n'a rien d'ingénieuse ni d'étonnante à cause de la caducité de ce slasher beaucoup trop conventionnel. Alors que reste-t-il à sauver de ce remake horrifique ? Exempte la première partie languissante et fastidieuse, le film accélère les hostilités lorsque les deux psychopathes jouent de l'opinel. Mieux, La Maison de Cire arbore quelques saynètes de facture éloquente lorsque le film se polarise sur son musée des horreurs. Les deux psychopathes ont métamorphosé une immense demeure, ainsi qu'une petite communauté, en poupées de cire. 
Dès lors, le long-métrage renâcle du côté de Massacre à la Tronçonneuse, le talent, la véhémence et l'érudition en moins. Bref, un slasher à réserver uniquement aux néophytes. Les thuriféraires du cinéma horrifique maronneront et clabauderont, à raison, contre une production inepte et souvent indigente. Certes, on a vu pire mais heureusement, on a vu aussi beaucoup mieux !

Note : 09/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Scrapbook - 1999 (August Underground)

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Genre : horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 1999
Durée : 1h30

Synopsis : (1) Léonard est un tueur en série cruel et pervers qui relate ses exploits meurtriers dans un journal intime illustré de trophées macabres. Ce dangereux tueur psychopathe oblige ses victimes àécrire dans son recueil afin qu'elles expriment leur souffrance et leur terreur avant de les massacrer sans la moindre pitié. Clara vient d'être kidnappée par Léonard et va subir comme les précédentes victimes de ce tueur sanguinaire un véritable calvaire. Elle sera battue, humiliée, violée, torturée et devra bien sûr décrire sa lente agonie dans le journal intime de Léonard. Aucune fuite ne semble possible pour Clara qui découvre peu à peu que la maison de son bourreau n'est qu'un horrible mausolée jonché de débris humains et de cadavres en putréfaction... (1)

La critique :

Eric Stanze est un réalisateur bien connu des thuriféraires du cinéma trash et extrême via plusieurs oeuvres polémiques, gore et déviantes. Ainsi, les adulateurs du cinéaste citeront aisément Savage Harvest (1994), Ice from the sun (1999), I spit on your corpse, I piss on your grave (2001), ou encore Deadwood Park (2007). Vient également s'ajouter Scrapbook, sorti en 1999, et qui reste sans aucun doute le long-métrage le plus proverbial d'Eric Stanze... et pour cause...
En effet, selon certains amateurs du cinéma trash, Scrapbook aurait fortement influencé le travail de Fred Vogel sur la trilogie August Underground. En vérité, Scrapbook se nourrit lui-même de tout un florilège de références du cinéma horrifique parmi lesquelles on nommera Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), Maniac (William Lustig, 1980), ou encore Henry, portrait d'un serial killer (John McNaughton, 1986).

Toutefois, à travers Scrapbook, Eric Stanze cherche à se démarquer de la concurrence pléthorique en nimbant sa pellicule d'une atmosphère lugubre et méphitique. C'est sûrement la raison pour laquelle le metteur en scène opte pour une réalisation quasi documentaire, comme s'il s'agissait d'un vrai snuff movie. Cependant, n'ayez crainte... Scrapbook n'est pas un snuff movie, mais s'inscrit néanmoins parmi ces chocs viscéraux et cinématographiques qui estourbissent durablement les persistances rétiniennes. Evidemment, un tel long-métrage se devait de figurer dans les colonnes de Cinéma Choc
Faute de budget, la distribution du film se compose seulement de cinq acteurs : Emily Haack, Tommy Biondo, Todd Tevlin Elizabeth Hammock et Sam Maiden Jr. En outre, Scrapbook repose presque uniquement sur la confrontation et les performances physiques du duo formé par Emily Haack et Tommy Biondo.

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Pour les esprits fébriles et pudibonds, merci de quitter gentiment leur siège et de retourner dans leurs pénates, car Scrapbook mélange habilement violence psychologique, saynètes sanguinolentes et plusieurs séquences à caractère érotique voire pornographique. Le film a donc écopé d'une interdiction aux moins de 18 ans, une réprobation par ailleurs totalement justifiée ! Mais ne nous égarons pas et revenons à l'exégèse du long-métrage. Attention, SPOILERS !
Léonard est un tueur en série cruel et pervers qui relate ses exploits meurtriers dans un journal intime illustré de trophées macabres. Ce dangereux tueur psychopathe oblige ses victimes àécrire dans son recueil afin qu'elles expriment leur souffrance et leur terreur avant de les massacrer sans la moindre pitié. Clara vient d'être kidnappée par Léonard et va subir comme les précédentes victimes de ce tueur sanguinaire un véritable calvaire.

Elle sera battue, humiliée, violée, torturée et devra bien sûr décrire sa lente agonie dans le journal intime de Léonard. Aucune fuite ne semble possible pour Clara qui découvre peu à peu que la maison de son bourreau n'est qu'un horrible mausolée jonché de débris humains et de cadavres en putréfaction... A fortiori et à l'aune de ce synopsis, rien ne semble distinguer Scrapbook de la concurrence habituelle, si ce n'est cette quête presque obsessionnelle pour ce réalisme irrévocable et cette volonté de plonger le spectateur en immersion avec l'héroïne principale (Clara).
Indubitablement, la grande force de Scrapbook repose sur le portrait, peu reluisant, de ses deux principaux protagonistes. Si le spectateur sera amenéà prendre fait et cause pour Clara, il s'interrogera sur la psyché neurasthénique du sociopathe.

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En l'état, Léonard coalise certaines tares et carences inhérentes au psychopathe lambda, à savoir cette affection pour la mort, la torture, le sadomasochisme et la putréfaction. Dans sa demeure délabrée et claustrée au beau milieu de nulle part, le forcené collectionne les cadavres putrescents. Clara découvre alors ébaubie des corps mutilés dans une cave, ainsi que plusieurs photographies de femmes kidnappées, suppliciées et séquestrées. Narguée, bâillonnée, violée puis rudoyée, Clara n'a pas d'autre choix que de subir les satyriasis du criminel azimuté.
En l'occurrence, Eric Stanze se polarise sur cet isolement social qui émaille le quotidien de ce dernier. Agoraphobe et taciturne, Léonard s'est peu à peu enfermé dans une psychasthénie mentale et irréfragable. Dans ses accès maniaques, l'homme devient totalement incontrôlable.

Pis, l'homme souffre d'impotence sexuelle et se venge sur sa proie féminine. Ainsi, Scrapbook contient de nombreuses saynètes particulièrement violentes, âpres et outrecuidantes. Au menu des tristes réjouissances, le spectateur ulcéré assistera béatement à des séances de fétichisme, de sadomasochisme, de démembrements, de viols à répétition, à une fellation élusive et à d'autres impudicités répétées à satiété. Mais l'autre personnage central, c'est évidemment Clara.
D'un statut de victime qui subit dans la douleur les exactions du psychopathe, la jeune femme se transmute subrepticement en une dévote et admiratrice de son tortionnaire. C'est ainsi qu'elle annote dans un journal son affection et son admiration pour son tortionnaire. En résumé, comprenez que la proie finit par apprivoiser le bourreau et même par minorer ses ardeurs libidineuses. 

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En outre, Eric Stanze s'immisce et s'aventure sur un chemin escarpé, qu'il maîtrise avec plus ou moins de sagacité. De facto, le spectateur médusé aura bien du mal à croire en cette dilection amoureuse. A travers Scrapbook, Eric Stanze nous propose une nouvelle variation du syndrome de Stockholm, à savoir que Clara, après avoir subi tout un tas d'ignominies, ressentirait de l'empathie et même de l'amour pour son tortionnaire. Toujours la même antienne... Heureusement, la conclusion finale, en apothéose, obliquera derechef vers une autre direction.
De surcroît, le jeu tout en finesse des deux principaux acteurs facilite l'habile subterfuge. Indiscutablement, Emily Haack et Tommy Biondo apportent beaucoup de crédibilité et de componction à leurs rôles respectifs. In fine, Scrapbook se montre aussi beaucoup plus probant que la trilogie August Underground, justement grâce à la performance de son duo principal. Paradoxalement, hormis deux ou trois saynètes à consonance rutilante, Scrapbook ne verse pas forcément dans le gore ni la surenchère. Le film mise avant tout sur la violence psychologique et cette ambiance mortifère.
En quelques mots : une excellente surprise mais un long-métrage à réserver à un public particulièrement averti.

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : http://www.ohmygore.com/critique-scrapbook-166.html

Le Parrain ("Un homme qui ne se consacre pas à sa famille ne sera jamais un homme")

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le parrain

Genre : polar, drame (interdit aux - 12 ans)
Année : 1972
Durée : 2h55

Synopsis : En 1945, à New York, les Corleone sont une des cinq familles de la mafia. Don Vito Corleone, "parrain" de cette famille, marie sa fille à un bookmaker. Sollozzo, " parrain " de la famille Tattaglia, propose à Don Vito une association dans le trafic de drogue, mais celui-ci refuse. Sonny, un de ses fils, y est quant à lui favorable. Afin de traiter avec Sonny, Sollozzo tente de faire tuer Don Vito, mais celui-ci en réchappe. Michael, le frère cadet de Sonny, recherche alors les commanditaires de l'attentat et tue Sollozzo et le chef de la police, en représailles. Michael part alors en Sicile, où il épouse Apollonia, mais celle-ci est assassinée à sa place. De retour à New York, Michael épouse Kay Adams et se prépare à devenir le successeur de son père...

La critique :

On aurait presque tendance à l'oublier et même à le phagocyter, mais Francis Ford Coppola, réalisateur, producteur et scénariste américain, a débuté sa carrière cinématographique sous l'égide et les précieuses instigations de Roger Corman, le pape du cinéma bis. Dans les années 1960, il officie en tant qu'assistant-réalisateur sur les tournages de L'Enterré Vivant (Roger Corman, 1962), L'Halluciné (Roger Corman, 1963), ou encore Dementia 13 (Roger Corman, 1963).
Toutes ces bisseries impécunieuses lui permettent de s'aguerrir derrière la caméra et la mise en scène. Cérémonieux, Roger Corman décèle déjà, chez Francis Ford Coppola, cette future érudition qui va culminer dès l'orée des années 1970. Entre le milieu et la fin des années 1960, Francis Ford Coppola décide de se lancer seul dans l'exercice difficile de la réalisation avec Big Boy (1966), La Vallée du Bonheur (1968) et Les Gens de la Pluie (1969).

En outre, le cinéaste souhaite signer des films confidentiels et expérimentaux. Il diligente alors le tournage de THX 1138 auprès de son ami George Lucas en 1969. Hélas, lors de sa sortie en 1971, le long-métrage se solde par un bide commercial. Devant cet échec pécuniaire, Coppola doit alors se résoudre à accepter un film de commande pour vivre de ses maigres subsides. Ce sera Le Parrain, sorti en 1972, un métrage qui est aussi l'adaptation éponyme d'un opuscule de Mario Puzo.
Par ailleurs, Francis Ford Coppola n'est même pas le premier choix de la société de production Paramount Pictures. La firme omnipotente sollicite donc le metteur en scène en dernier recours après avoir imploré plusieurs illustres réalisateurs, notamment Sergio Leone, Costa-Gavras, Peter Yates, ou encore Richard Brooks. 

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De facto, les relations entre Francis Ford Coppola et la Paramount Pictures iront de mal en pis et seront particulièrement véhémentes et houleuses. A maintes reprises, Coppola sera menacé de licenciement par la firme autocratique. Le cinéaste obstiné n'entend pas les requêtes de la Paramount concernant les dépassements récurrents de budget. Corrélativement, un étrange groupuscule, à savoir la Ligue de défense des droits civiques des Italo-Américains, "accuse le film de dénigrer tous les Italo-Américains et de les assimiler à des mafieux" (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Parrain_(film). Heureusement pour Coppola, Le Parrain se soldera par un succès pharaonique dans les salles obscures et devient même le film le plus rentable de l'année 1972.
Mieux, le métrage recueille les louanges et les vivats d'une presse et de critiques unanimement panégyriques.

Au fil des années et des décennies suivantes, Le Parrain va même s'inscrire dans la culture populaire, influençant et engendrant de nombreux épigones, entre autres Scarface (Brian de Palma, 1983), L'Impasse (Brian de Palma, 1994), la série télévisée Les Soprano (David Chase, 1999 - 2007), ou encore Gomorra (Matteo Garrone, 2008). Le film va même se transmuter en une trilogie familiale et systémique avec Le Parrain 2 (1974) et Le Parrain 3 (1994), toujours réalisés par les soins de Francis Ford Coppola. Le Parrain premier du nom s'octroie tout un florilège de récompenses, notamment plusieurs Oscars (meilleur film et meilleur scénario adapté, entre autres), ainsi que par plusieurs Golden Globe Award (meilleure musique de film, notamment).
Reste à savoir si ce premier chapitre mérite de telles flagorneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... 
 

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La distribution du film se compose d'Al Pacino, Marlon Brandon, Robert Duvall, James Caan, Richard S. Castellano, Diane Keaton, Talia Shire, Sterling Hayden, Richard Conte et John Cazale. Pour l'anecdote, Paramount Pictures s'opposera farouchement au choix de Marlon Brando pour interpréter Don Viteo Corleone. En effet, sur ses précédents tournages, le comédien a fait montre de caprice et d'extravagance. De surcroît, Paramount Pictures lui préfère l'acteur Laurence Olivier, mais ce dernier décline poliment l'invitation. A force d'opiniâtreté, Francis Ford Coppola obtient la présence de Marlon Brando dans le rôle principal. Même remarque concernant le personnage de Michael Corleone, finalement tenu par Al Pacino. Le rôle sera proposéà Ryan O'Neal et à Robert Redford, mais sans succès.
Toutefois, ne nous égarons pas et revenons à l'exégèse du film. 
Attention, SPOILERS ! 

En 1945, à New York, les Corleone sont une des cinq familles de la mafia. Don Vito Corleone, "parrain" de cette famille, marie sa fille à un bookmaker. Sollozzo, " parrain " de la famille Tattaglia, propose à Don Vito une association dans le trafic de drogue, mais celui-ci refuse. Sonny, un de ses fils, y est quant à lui favorable. Afin de traiter avec Sonny, Sollozzo tente de faire tuer Don Vito, mais celui-ci en réchappe. Michael, le frère cadet de Sonny, recherche alors les commanditaires de l'attentat et tue Sollozzo et le chef de la police, en représailles. 
Michael part alors en Sicile, où il épouse Apollonia, mais celle-ci est assassinée à sa place. De retour à New York, Michael épouse Kay Adams et se prépare à devenir le successeur de son père... 
Premier constat, malgré ses 46 années au compteur, Le Parrain reste une oeuvre indémodable et intemporelle à cause (ou grâce... vous choisirez) à ses thématiques profondément tourmentées. 

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Car autant l'annoncer de suite, Le Parrain est un film complexe qui interroge sur les notions de la corruption, de succession, de l'héritage et d'une dialectique familiale qui doit trouver sa place dans un capitalisme encore patriarcale. A contrario, le film a aussi une dimension historique puisqu'il se situe après la Seconde Guerre Mondiale. C'est aussi le début des Trente Glorieuses, une période faste qui va désormais régenter le quotidien et les activités criminelles de la famille Corleone. Dès lors, le long-métrage de Francis Ford Coppola se transmute en une fresque théâtrale et grandiloquente sondant et décryptant à la fois les rouages et les roueries de la pègre et de la mafia. 
Finalement, Le Parrain, c'est aussi la description d'un monde oligarchique, celui de criminels intouchables qui dirigent, supervisent et commandent la police, la justice, le milieu artistique, ainsi que les édiles politiques. 

Un autre monde en somme où les représailles se règlent à coup de matraque, de strangulation, de meurtres et d'exécutions sommaires. Oui, Le Parrain est un film âpre et violent qui a évidemment suscité la polémique et la controverse en son temps. Pourtant, à l'aune des productions plus récentes, notamment Gomorra (précédemment mentionné), difficile de ne pas trouver le long-métrage un brin obsolète, justement parce qu'il décrit un capitalisme joliment suranné. 
Par ailleurs, Francis Ford Coppola amène cette bifurcation rédhibitoire à la face et à la barbe (si j'ose dire..) d'un Don Vito Corleone décrépit. Bientôt, c'est la drogue qui va supplanter la loi du marché. Or, le patriarche ne souhaite pas se dévoyer sur ce chemin escarpé, au grand dam des familles impérieuses du grand banditisme.

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Dès lors, la guerre entre ces différentes factions est déclarée pour ériger ce nouveau marché, celui des substances illicites. Telle est la loi du lucre, du pouvoir et du capital, quitte à sacrifier la populace, ainsi que quelques commanditaires subalternes. A la manoeuvre, c'est un Don Vito Corleone qui tient les ficelles ou presque... Son état de santé l'oblige à péricliter et à céder sa place à son propre fils, Michael, pourtant peu enclin à s'adonner à toutes ces activités illicites.
Malicieux, Coppola se polarise sur ce rapprochement impromptu entre un père et son fils. 
Tout d'abord rétive, l'organisation de Don Vito Corleone se coalise, bon gré mal gré, autour de Michael, quitte à accepter quelques ristournes. Mais Le Parrain, c'est aussi cette mafia encore attachée à la tradition, qu'elle soit religieuse, honorifique et familiale. Parcimonieux, Don Vito Corleone adresse une maxime dogmatique à l'un de ses interlocuteurs : "Un homme qui ne se consacre pas à sa famille ne sera jamais un homme". 
Indiscutablement, ce monde souterrain ne parlerait sans doute plus à notre génération actuelle et désincarnée par l'anéantissement de la famille et du Patriarcat au profit d'une société eudémoniste. 
Don Vito Corleone est donc un homme du passé.
Reste à savoir si son fils saura s'acclimater à toutes ces crises sociologiques et conjoncturelles. Amer, Francis Ford Coppola a parfaitement saisi l'essence, ainsi que les enjeux de toutes ces permutations inopinées. 
C'est probablement pour cette raison qu'il nimbe sa pellicule d'une tonalité vespérale et d'une musique profondément mélancolique. En quelques mots : une oeuvre parfaitement incontournable !

Note : 18.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Un Prophète (Point de réinsertion)

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Genre : drame (interdit aux - 12 ans)
Année : 2009
Durée : 2h35

Synopsis : Condamnéà six ans de prison, Malik El Djebena ne sait ni lire, ni écrire. A son arrivée en Centrale, seul au monde, il paraît plus jeune, plus fragile que les autres détenus. Il a 19 ans. D'emblée, il tombe sous la coupe d'un groupe de prisonniers corses qui fait régner sa loi dans la prison. Le jeune homme apprend vite. Au fil des " missions ", il s'endurcit et gagne la confiance des Corses. Mais, très vite, Malik utilise toute son intelligence pour développer discrètement son propre réseau...   

La critique :

Réalisateur, scénariste et ancien monteur français, Jacques Audiard n'est autre que le fils de Michel Audiard. Un héritage lourd à porter. C'est sûrement la raison pour laquelle Jacques Audiard se prédestine, de prime abord, à des études de lettres pour épouser les métiers de l'enseignement. Mais son affection pour le noble Septième Art le rattrape, inexorablement. Il débute sa carrière cinématographique en tant que scénariste sur le film Bons baisers... A lundi (Michel Audiard, 1974), puis enchaîne en tant qu'assistant-réalisateur sur Le Locataire (Roman Polanski, 1976).
C'est donc en tant que cacographe qu'il s'aguerrit auprès des cinéastes français les plus chevronnés, notamment Georges Lautner (Le Professionnel en 1981), Claude Miller (Mortelle Randonnée en 1983), Jérôme Boivin (Baxter en 1989), ou encore Michel Blanc (Grosse Fatigue en 1994).

C'est vers le milieu des années 1990 que Jacques Audiard signe son tout premier film, Regarde les hommes tomber (1994). Ce premier essai se solde déjà par un florilège de récompenses en remportant trois Césars. Ses longs-métrages suivants vont également contribuer àériger sa notoriété. Ainsi, Un héros très discret (1996), Sur mes lèvres (2001) et DeBattre mon coeur s'est arrêté (2005) lui permettent d'asseoir sa réputation et sa popularité sur le cinéma hexagonal.
Jacques Audiard devient alors un visage récurrent de la Croisette et en particulier la nouvelle égérie du festival de Cannes. Impression corroborée par son cinquième long-métrage, Un Prophète, sorti en 2009. A l'instar des précédents essais du cinéaste, le film s'illustre derechef au festival cannois en s'arrogeant le Grand Prix du Jury.

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La Palme d'Or, qui préfigure la récompense suprême, échoit de justesse aux mains dépitées de Jacques Audiard. Corrélativement, Un Prophète s'octroie le Prix Louis-Delluc, le Prix Méliès ainsi que le Prix Lumière de la critique internationale. Reste à savoir si ce métrage, d'une durée astronomique de deux heures et vingt-neuf minutes de bobine, mérite de telles flagorneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique. A contrario, le film ne rencontre pas les faveurs ni les plébiscites du grand public, ameutant péniblement 1 300 000 spectateurs dans nos contrées hexagonales.
La distribution de ce drame carcéral se compose de Tahar Rahim, Niels Arestrup, Adel Bencherif, Hichem Yacoubi, Reda Kateb et Jean-Philippe Ricci. Attention, SPOILERS ! (1) 
Malik El Djebena, un jeune délinquant de 19 ans condamnéà six ans de prison, est dès son arrivée en maison centrale contraint par un clan mafieux corse d'assassiner Reyeb, qui s'apprête à témoigner contre eux.

Il devient dès lors le protégé et le larbin de César Luciani qui contrôle l'ensemble de la prison, les petits et gros trafics, avec l'aide de surveillants soudoyés. Petit à petit, il gagne la confiance de César qui décide de lui confier un certain nombre de missions de renseignements et de transmission d'informations avec l'extérieur. Malik organise en parallèle son propre réseau en prison avec l'aide des « barbus » (surnom donné aux détenus musulmans) et d'un gitant tout en continuant à prêter allégeance à Luciani, par crainte et intérêt. Après avoir exécuté la moitié de sa peine, Malik obtient avec l'aide de Luciani des permissions de sortie d'une journée que le vieux chef corse utilise pour organiser ses affaires mafieuses à l'extérieur. Malik devient ainsi indispensable à Luciani, qui, de plus, voit son influence s'amenuiser au sein de l'établissement pénitentiaire sous le double effet du transfert des autres prisonniers corses près de leur famille et de la montée en puissance des Maghrébins plus ou moins liés aux réseaux religieux musulmans (1).

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Nombreux sont les longs-métrages à avoir abordé le thème, toujours spinescent, de l'univers carcéral. Au hasard, les thuriféraires de ce registre cinématographique citeront des références telles que La Ligne Verte (Frank Darabont, 1999), Les Evadés (Frank Darabont, 1994), Midnight Express (Alan Parker, 1978), Papillon (Franklin J. Schaffner, 1974), Dog Pound (Kim Chapiron, 2010), ou encore La Grande Evasion (John Sturges, 1963). Mais tous ces films, quelles que soient leurs qualités, sont souvent romancés. Un Prophète a d'autres aspérités en sondant et en décryptant, de façon la plus factuelle possible, la réalité et le quotidien d'un pénitencier français.
C'est sûrement pour cette raison que Jacques Audiard adopte un ton documentaire pour s'approcher, au plus près, de son protagoniste principal, Malik El Djebena (Tahar Rahim).

Ce jeune truand, issu de l'immigration, préfigure à lui seul l'échec de l'assimilation. Ecroué pour des trafics et des petits larcins, ce voyou de petite envergure est pourtant destinéà embrasser une carrière dans le grand banditisme. Pour survivre et gagner le respect des tauliers de la prison, il faut lutiner, s'accointer et s'acoquiner avec une pègre qui diligente à la fois les matons et une mafia bien réelle se déroulant dans les périphéries des grandes cités urbaines.
En vérité, Malik n'est pas cet assassin ni ce psychopathe qui croupit dans sa cellule de prison en criant haro sur la justice et la populace. 
Le jeune homme devient donc un criminel presque par nécessité. Déjà, en 2009, Jacques Audiard pointe, de façon impartiale, les grands maux de notre société. La prison n'est plus, depuis belle lurette, ce lieu de claustration sociale qui doit permettre au prévenu de retrouver le chemin de la rédemption et de la réinsertion ; mais au contraire un lieu de belligérances, dans lequel se déroule une autre guerre. 

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A travers ces parois claquemurées, ce sont différentes mafias (corses et musulmanes entre autres) qui s'invectivent et s'affrontent. Dans ce jeu du chat et de la souris, Malik El Djebena est un jeune voyou qui a parfaitement cerné toute la complexité, ainsi que la perniciosité, de ce système factieux. Tout d'abord larbin pour le compte de César, un mafioso corse, Malik s'apparie avec un autre groupuscule. Ingénieux, Jacques Audiard, en scénariste émérite, étaye et opacifie son récit vers d'étonnantes rugosités. En l'état, difficile de ne pas reconnaître l'efficacité et la somptuosité de la mise en scène.
La réalisation se focalise sur les pérégrinations de Malik, inlassablement poursuivi par le spectre d'un détentionnaire qu'il a occis. De surcroît, on félicitera les différents comédiens, l'excellent Tahar Rahim en tête, pour la précellence de leur interprétation. 
A contrario, certaines thématiques sous-jacentes (notamment l'immigration et les doctrines salafistes qui s'immiscent à l'intérieur des prisons) risqueront de faire sérieusement tiquer, tout en interrogeant sur le devenir de ces pénitenciers destinés à péricliter sous le poids d'une nouvelle forme de criminalité.
Par certaines accointances, Un Prophète n'est pas sans rappeler le superbe Gomorra (Matteo Garrone, 2008), une autre pellicule âpre et véhémente qui questionne sur l'état de déliquescence de notre société. Vous l'avez donc compris. 
Un Prophète est une oeuvre éminemment complexe qui mériterait sans doute une analyse beaucoup plus vétilleuse. J'espère donc que vous me pardonnerez pour la frugalité de cette chronique...

 

Note : 17/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_proph%C3%A8te

The Calamari Wrestler (L'incarnation du chaos généralisé)

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the calamari wrestler

Genre : comédie, action, inclassable
Année : 2004
Durée : 1h35

Synopsis : Le nouveau champion de catch au Japon est un calamar. Il va risquer sa médaille contre de nouveaux combattants, tout en essayant de conquérir le coeur de celle qu'il aime...  

La critique :

Le nom de Minoru Kawasaki ne doit pas vous évoquer grand-chose... et pour cause... puisque le réalisateur nippon reste totalement inconnu dans nos contrées hexagonales. En revanche, au pays du soleil levant, Minoru Kawasaki fait partie de ces figures emblématiques qui vouent un véritable extatisme pour les comédies goguenardes, les parodies truculentes et les potacheries les plus extravagantes. Issu du cinéma indépendant, le metteur en scène débute par des longs-métrages qu'il finance lui-même. Parmi ses films les plus notables, les thuriféraires du cinéaste citeront aisément des titres tels que Iko the Earth Patrol Girl (pas de date de sortie mentionnée sur Google ni sur le site Wikipédia...), Ultraman Tiga (2000), Executive Koala (2005), Kabuto-O Beetle (2005), Everyone But Japan Sinks (2006), Crab Goalkeeper (2006), ou encore Guilala's Counter Attack (2009).

A fortiori, Minoru Kawasaki voue également une certaine fascination pour les créatures aquatiques et protéiformes, ainsi que pour les combats de catch. Impression corroborée par la sortie de The Calamari Wrestler en 2004 et qui reste sans aucun doute son métrage le plus proverbial ; en tout cas le film qui va permettre d'apprécier le style pittoresque du cinéaste à travers le Japon et même au-delà de ses frontières nippones. Par ailleurs, le metteur en scène réitérera deux ans plus tard avec Crab Goalkeeper (précédemment mentionné), soit l'histoire d'une étrille qui se retrouve affublée des gants de gardien de foot ; tout un programme !
Depuis la sortie de Godzilla en 1954, on connaît l'affection des productions asiatiques pour les monstres polymorphiques, ainsi que leur encensement pour les arts martiaux.

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Facétieux, Minoru Kawasaki a la (bonne ?) idée de mélanger carrément les deux. Qui n'a jamais rêvé de voir un calamar se coller avec un crabe ou une écrevisse sur un ring ? Personne ? Toujours circonspect ? C'est pourtant la gageure tenue par The Calamari Wrestler. Reste à savoir si cette idée, à priori ingénieuse, relève réellement de la sagacité ou alors de la supercherie. En outre, nous aurions plutôt tendance à pencher pour la seconde alternative. 
En résumé, on ne réalise pas impunément un nanar. Telle est la leçon emphatique que devrait retenir un Minoru Kawasaki hâbleur, mais nous y reviendrons ultérieurement. Pour l'anecdote, l'idée de mélanger des animaux et des sports de combat remonte quasiment à la naissance du cinéma. Pour information, William Kennedy et Laurie Dickson auront l'idée saugrenue de réaliser The Boxing Cats, soit Les Chats Boxeurs, en 1894.

Comme l'intitulé l'indique, ce court-métrage de 15 secondes met en exergue deux félins s'empoignant sur un ring. Les deux adversaires sont aussi munis de gants de boxe. Sur la forme, The Calamari Wrestler n'a donc rien inventé. Inutile de mentionner la distribution du film, à moins que vous connaissiez les noms de Kana Ishida, Osamu Nishimura, Akira Nogami, Hirohisa Nakata, Miho Shiraishi, Yoshihiro Takayama et Hariken Takayama ; mais j'en doute... 
Attention, SPOILERS ! Le nouveau champion de catch au Japon est un calamar ! Qui est-il ? D’où vient-il ? Héros des pauvres et des orphelins, il risque sa médaille contre de nouveaux combattants tout en essayant de conquérir le cœur de celle qu’il aime... Le lutteur calamar devra néanmoins se colleter avec une écrevisse, réputée invincible, et surtout affronter ses propres démons...  

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A l'aune de cette exégèse laconique, vous aurez aisément compris que le scénario n'est évidemment pas le point fort de The Calamari WrestlerD'ailleurs, lors du générique final, on se demande pourquoi Minoru Kawasaki n'a pas préféré opter pour un court-métrage. Dès le préambule, le cinéaste nippon a le mérite de présenter les inimitiés via l'arrivée impromptue d'un lutteur calamar sur le ring. Le poulpe égrillard bat à plate couture le champion du monde en personne qu'il estourbit à coup de tentacules. Le lutteur calamar devient alors la nouvelle égérie des médias.
Le public en ébullition se passionne derechef pour le catch via cette nouvelle figure énigmatique et emblématique. Les grands capitalistes qui diligentent les rouages de ce sport de combat jubilent. Enfin, après d'interminables atermoiements et logorrhées, Minoru Kawasaki tient son sujet.

Au-delà de cette étrange métamorphose, le lutteur calamar symbolise l'incarnation du chaos généralisé. Telle est l'allocution prophétique pérorée par un entrepreneur fallacieux. Sur la forme, le lutteur calamar n'est qu'un support publicitaire et objectal destinéà flagorner les ardeurs et les désidératas de la populace. Il en faut peu pour satisfaire la plèbe et pour minorer ses animosités. Puis, sans fard, Minoru Kawasaki abandonne ce sujet pourtant captivant pour se polariser sur les tribulations de son crustacé. Sur ce dernier point, difficile de se passionner pour les dilections amoureuses du lutteur calamar. Ce dernier lutine et s'énamoure avec une ancienne dulcinée.
La jolie demoiselle réveille évidemment certaines réminiscences du passé... 
Perspicace, le spectateur avisé aura facilement subodoré l'habile subterfuge, à savoir que le calamar est en réalité un être humain.

 

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On se surprend parfois à esquisser un vague sourire élusif, guère plus. C'est aussi ce qui resplendit à l'aune de The Calamari Wrestler, à savoir cette incapacitéà exploiter ce nouvel héros d'infortune. Evidemment, le film contient toutes les carences inhérentes et indigentes à ce genre de série Z désargentée, à savoir une interprétation au mieux rudimentaire, ainsi que certaines balourdises digressives. Par miséricorde, on classera gentiment The Calamari Wrestler parmi les nanars avariés. D'une durée académique d'une heure et 25 minutes de bobine, le long-métrage de Minoru Kawasaki commet l'exploit de s'engouffrer dans les méandres de la fastidiosité.
Cette bouffonnerie, de facture inoffensive, fonctionne au mieux sur vingt, voire vingt-cinq minutes, de pellicule. Chronique exagérément évasive aujourd'hui, mais sincèrement, je ne vois pas quoi dire de plus sur cette rodomontade.

Côte :Nanar

 

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The Signal - 2007 (TV Carnage)

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Genre : Horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)

Année : 2007

Durée : 1h43

 

Synopsis :

Un film d'horreur décomposé en trois partie, chacune d'elles adoptant un point de vue différent, dans lequel de mystérieuses ondes transmises par la télévision, les téléphones portables et la radio transforment les individus en meurtriers.

 

La critique :

Désormais, je pense que vous savez tous que le film d'horreur n'est plus ma tasse de thé, en raison d'un sérieux manque de qualité et d'innovation. Autrefois style transgressif, subversif, propice au choc, voire même contre-culture, le genre s'est transmuté en un fourre-tout facile pour nombre de réalisateurs sans talent quelconque et surfant sur les tendances actuelles. Screamers vaseux à outrance, scénario écrit en Arial 48 sur un confetti, surenchère maladive du gore. On a peu ou prou toujours la même antienne et ce n'est pas la vague du torture porn qui nous dira le contraire.
Néanmoins, il serait extrêmement malhonnête que de généraliser outrageusement tout un genre cinématographique à un étron issu tout droit d'un resto mexicain un peu trop corsé. Dans cette optique, je me permettrais de vous parler de The Signal sorti en 2007 et réalisé par un trio de joyeux inconnus : David Bruckner, Dan Bush et Jacob Gentry qui ne se sont guère illustrés cinématographiquement parlant.

A sa sortie, les critiques se montreront plutôt enthousiastes, voyant en ce film une oeuvre plus profonde que le bête film d'horreur, sans pour autant aller jusqu'à crier au chef d'oeuvre. Difficile que de trouver des infos pertinentes sur les conditions de tournage ou d'éventuelles récompenses, si ce n'est l'acclamation de Wes Craven que nous ne présentons plus ici. Dans un cinéma horrifique toujours de plus en plus aseptisé et adepte du non professionnalisme, la prudence est de rigueur et l'entrain n'est guère aux abonnés présents avant de lancer le visionnage.
Quelques fois, une force inexplicable vous dit de vous lancer car il résonne en vous comme un message de qualité qui vous sera offert. The Signal se situe précisément comme une aventure téméraire sans pour autant ne pas s'enorgueillir d'un synopsis pour le moins encourageant car propice à une maturité réelle. Peut-on dire que le pari est cependant réussi ? Réponse dans la chronique.

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ATTENTION SPOILERS : Mya vient de quitter son amant pour rentrer ni vu ni connu à la maison et leurrer comme elle peut son cher mari. Alors qu’elle s’apprête à prendre une douche histoire d’effacer toute trace des effluves de parfums destinées à calfeutrer l’odeur de mâle qui trône encore sur elle, son mari est pris d’une crise de violence incontrôlable et assassine l’un de ses invités qui aurait manqué de respect à sa chère épouse. Fuyant son époux et ses instincts dévastateurs, Mya se précipite dans le couloir de la résidence et se rend compte que des cadavres ornent le plancher. Les gens s’entretuent dans un monde devenu fou sans raison apparente.

Donc je disais que nous avons un synopsis très sympathique ayant le mérite de susciter un certain intérêt. De fait, nos trois compères ont de réelles ambitions car, sous fond d'horreur et d'épouvante, ils vont s'atteler à une critique sociologique qui peut parfaitement s'inscrire dans notre époque et dans les nombreuses années à venir. Dans une ville sans nom, un mal se répand comme une traînée de poudre et semble ne se retrouver face à aucune frontière. Sans un quelconque message d'alerte, d'interventions des forces de sécurité, le monde a basculé dans une folie inexplicable.
Pas de virus mutant, pas de zombies gluants mais une abomination originale : les appareils de télécommunication, dont la télévision, les GSM et les radios. Tout en enfonçant des portes ouvertes, à l'heure actuelle, et plus que jamais, l'humanité est de plus en plus noyée sous un flux toujours plus continu d'informations saturant la pensée globale. Les appels, les faits divers, les nouvelles se multiplient de manière exponentielle, entrant souvent en contradiction les unes et les autres. Ironie du sort, alors que l'avènement des médias est total, la manipulation médiatique n'a jamais été aussi forte. Désormais, l'information n'est plus vue comme une source de renseignement pour l'opinion publique mais comme un moyen de conditionner l'individu à des fins nébuleuses. L'omniprésence des médias est devenue l'un des fléaux de notre époque capitaliste moderne. Du buzz et du buzz pour toujours plus de ventes et/ou de "like" sur les réseaux sociaux. Telle est la sacro-sainte loi relayée par un insidieux voyeurisme sociétal.

Forcément de l'omniprésence induit indubitablement une influence non négligeable sur notre vie quotidienne mais aussi sur notre comportement. La banalisation de la violence n'est plus un fait à démontrer et cela ne peut que perturber mentalement une société dont la dégradation des relations humaines est imputable à l'isolement télévisuel de chaque individu. Ces appareils de télécommunication étaient censés nous faciliter la vie mais se sont mués en d'obscurs engins de mort semant le chaos là où ils passent. L'individu isolé est devenu un phénomène de plus en plus dangereux et de cet isolement ne peut que naître l'incompréhension. Et de l'incompréhension ne peut que surgir la violence.
Une société qui ne se comprend pas et ne cherche pas à se comprendre ne peut s'émanciper de relations archaïques et autodestructrices. Tel est l'amer constat des trois cinéastes qui ne voient guère d'optimisme en l'humanité future. Pensez-y : en arpentant la section des commentaires des pages Facebook traitant de sujets d'actualité, de politique et j'en passe, n'avez-vous jamais senti comme un climat de tension dans les rapports interindividuels ? A peu de choses près, voilà ce que nous offre The Signal : un univers de violence banalisé où la haine est telle qu'elle en arrive à développer des pulsions meurtrières envers certaines personnes qui pourraient, par exemple, ne pas être dans un certain schéma de pensée. Une métaphore extrapolée mais loin d'une parodie débile.

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La télévision, les GSM et les radios ont été transformés en une machine de mort inexpugnable bouleversant les consciences. Autant dire que le niveau de lecture est plus qu'intéressant et suscitera, à n'en point douter, de réels débats sur la tournure des événements de notre société. A cela les réalisateurs opteront pour la carte d'un film divisé en trois parties bien distinctes mais toutes mettant en scène les mêmes personnages avec des points de vue différents. Ce film découpé en trois "transmissions" voit chacune de ces parties dirigées par un réalisateur différent.
Une sorte de film à sketch à la construction scénaristique non-linéaire. Le problème de ce type de traitement est que chaque réalisateur n'est pas àégal niveau en termes de talent. C'est d'ailleurs là le défaut récurrent de tout type de film à sketch ou séries d'horreur. Contre toute attente, le pari sera admirablement bien réussi en dépit de tournures de genre différentes. La première partie privilégiera l'horreur pure, la deuxième partie s'enorgueillira d'un trait de comédie macabre sérieusement burné, tandis que la dernière optera pour une étrange romance. Trois choix en remarquable synergie sans que les changements de style ne perturbent quoi que ce soit.

Ainsi, The Signal peut se voir comme une oeuvre à mi-chemin entre le blockbuster et le film d'auteur pour un budget de 50 000$ avec quelques séquences pour le moins jubilatoires. On pensera surtout à cette pauvre femme suppliciée à l'insecticide droit dans ses orbites. Le grotesque de la situation se situera forcément dans la deuxième partie. Un climat étrange et indéfinissable nimbe le long-métrage avec ces longs râles crépitants sortant de ces appareils maudits. Des bruits maléfiques semblant tout droit sortis de l'antichambre de l'enfer. Le trio s'est bien rendu compte qu'un film d'horreur digne de ce nom se doit de reposer sur une véritable ambiance et cela est chose faite. Malheureusement, tout n'est pas parfait et certains défauts récurrents pourront gêner.
Outre une fin en queue de poisson, le trio ratiocine dans ses dénonciations, ce qui se montre parfois un peu trop lourd. Des images valent parfois plus que de longues tirades explicatives donnant plus l'impression que nous sommes pris pour des cons incapables d'interpréter correctement la pensée originelle du récit sans l'aide du pseudo-scientifique pompeux de l'histoire.

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Au niveau esthétique, l'image est remarquable pour un film de ce genre. L'image est colorée, agréable dans ses variations de teinte et sa luminosité marquée. Il y a comme un cachet artistique de qualité qui en découle, parfois un peu trop clinquant et tape-à-l'oeil mais, au moins, ça fait de The Signal un film travaillé dans ce sens-là. La bande sonore n'est pas le point fort du récit et s'oublie 15 secondes après le générique de fin. Pour l'interprétation des acteurs, celle-ci est volontairement tournée série B. On retrouvera Anessa Ramsey, Sahr Ngaujah, AJ Bowen, Matthew Stanton ou encore Suehyla El-Attar que je doute que vous connaissiez. Le jeu d'acteur est quelque peu en dent-de-scie et tendra même dans un grotesque un peu trop lourdaud mais sans que ça ne perturbe de trop le visionnage au point de voir germer en nous des pulsions meurtrières envers ces acteurs.

En conclusion, nous pouvons dire que The Signal est un métrage relativement surprenant et bien plus profond qu'il n'en a l'air. Partant d'un postulat de violence incontrôlable, Bruckner, Bush et Gentry sondent la problématique de l'omniprésence des médias à une époque de plus en plus déshumanisée et détachée de tout contact humain. La dangerosité de la télécommunication ne fait que s'accentuer avec la violence banalisée, les manipulations médiatiques, le culte du buzz, l'entretien d'un climat de terreur, le sensationnalisme. Avec les réseaux sociaux, la mécanique bien huilée a pris une nouvelle ampleur dans la fragilisation de ses engrenages susceptibles de dérailler à tout moment. Si la violence graphique est bel et bien présente, celle-ci se pare d'une plaisante subtilité et ne sombrera jamais dans l'auto-procès maladroit. Certes, tout n'est pas parfait mais on tient indiscutablement un métrage de qualité certaine. L'ironie quelque peu macabre de la situation est que deux personnes seront blessées à coup de couteau par un homme, le 23 février 2008, lors d'une projection du film à Fullerton en Californie. Peut-on y voir un avant-goût tragicomique d'un futur adepte de la théorie du chaos télévisuel ?

 

Note :14,5/20

 

 

orange-mecanique Taratata


Le Voyeur (Scopophilie maladive)

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Genre : thriller (interdit aux - 16 ans)
Année : 1960
Durée : 1h41

Synopsis : Mark Lewis est un jeune homme mystérieux, perturbé par une enfance difficile avec un père scientifique qui traquait ses moindres angoisses. Il est aujourd'hui caméraman et, une fois la nuit tombée, traque des jeunes femmes afin de capturer l'expression de la peur sur le visage alors qu'il s'apprête à les tuer. 

La critique :

A raison, on souligne les nombreuses accointances entre Michael Powell et Alfred Hitchcock et pour cause... Puisque vers la fin des années 1920, Michael Powell est embauché par le futur maître du suspense pour diligenter la photographie de Blackmail, sorti en 1929. Michael Powell oeuvre également en tant qu'assistant-réalisateur, ce qui lui permet de s'aguerrir derrière la caméra. C'est dans cette didactique qu'il signe plusieurs petits films jusqu'en 1937, une date fatidique pour le metteur en scène britannique. La même année, il réalise alors son tout premier long-métrage, A l'angle du monde. En l'espace de plusieurs décennies, Michael Powell va inscrire son nom parmi les cinéastes les plus chevronnés du Noble Septième Art. Les thuriféraires du metteur en scène citeront aisément plusieurs oeuvres notables et notoires, aujourd'hui considérées comme de véritables classiques, notamment Colonel Blimp (1943), Une Question de Vie ou de Mort (1946), Le Narcisse Noir (1947), Les Chaussons Rouges (1948), ou encore Les Contes d'Hoffmann (1951).

Vient également s'agréger Le Voyeur, soit Peeping Tom dans la langue de Shakespeare, et sorti en 1960. A ce jour, Le Voyeur reste le long-métrage le plus proverbial de Michael Powell. Pourtant, au moment de sa sortie, le film essuie une rebuffade commerciale, notamment pour ses tendances iconoclastes. Oeuvre incomprise en son temps, Le Voyeur devient la nouvelle pellicule à occire, à admonester et à abattre, d'autant plus que le film doit se colleter avec un autre concurrent hiératique, le bien nomméPsychose (Alfred Hitchcock, 1960).
Si le chef d'oeuvre du maître du suspense est perçu comme une oeuvre novatrice à l'époque, Le Voyeur, à l'inverse, subit les foudres, les anathèmes et les quolibets de la censure. La commission de réprobation autorise seulement la distribution du film dans quelques salles indépendantes.

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Cependant, le film est subrepticement retiré de l'affiche lors de sa sortie sur le sol britannique. Pendant longtemps, Le Voyeur sera un film méprisé, honni et abhorré par une certaine oligarchie intellectuelle. A contrario, le long-métrage va inspirer plusieurs générations de cinéastes émérites, le premier et pas des moindres, se nomme Alfred Hitchcock. En catimini, le maître du suspense admire sournoisement le travail de Michael Powell dans la mise en scène. Par ailleurs, il reprendra peu ou prou la même rhétorique rédhibitoire et sociopathique sur Frenzy en 1972.
Par ailleurs, Le Voyeur et Psychose partagent cette fascination morbide pour la scopophilie (ou scoptophilie) maladive, à savoir cette paraphilie obsessionnelle qui consiste àépier, à scruter et donc à regarder autrui à son insu.

Finalement, la scopophilie, c'est aussi le mythe de Narcisse qui tance et admoneste sa propre réverbération mentale, une thématique toujours aussi prégnante presque soixante ans après la sortie de Peeping TomDéjà, à l'époque, Michael Powell avait déjà discerné les tares et les carences de notre société hédoniste et consumériste. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si Le Voyeur contient déjà les rudiments du slasher (un genre qui triomphera presque quinze ans plus tard...) et surtout les premiers relents du snuff movie, un genre cinématographique pour le moins polémique.
Malgré ses 57 années au compteur, Peeping Tom reste d'une actualitéétonnante puisque cette oeuvre préfigure, avec beaucoup d'outrecuidance, notre cinéma contemporain, ainsi que cette dilection pour le cinéma controversé, underground et extrême.

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Le film interroge également sur notre propre rapport avec le Septième Art en particulier et l'image d'une façon générale. Vous l'avez donc compris. On tient là une oeuvre prééminente qui mérite sans aucun doute une analyse précautionneuse. La distribution du film se compose de Karlheinz Böhm (plus connu sous le nom de Carl Boehm), Anna Massey, Maxine Audley, Moira Shearer, Esmond Knight, Michael Goodliffe, Jack Watson et Brenda Bruce. Attention, SPOILERS !
(1) Mark Lewis est un jeune homme profondément perturbé. Armé d'une caméra, il arpente les ruelles de Soho à la recherche de prostituées ; et celles qui acceptent de monter avec lui malgré son évident penchant scoptophile, deviennent ses nouvelles victimes. En effet Mark continue à les filmer et enregistre leurs cris de détresse alors qu’il approche de leurs gorge l’un des pieds de l’appareil transformé en pointe acérée.

Il se projette ensuite en boucle les images de ces films, observant attentivement les regards effrayés de ses actrices d'infortune, leurs bouches béantes criant la peur et la souffrance lorsque la pointe de la caméra s'approche de leur chair (1). Indubitablement, Le Voyeur est une oeuvre psychanalytique qui a aussi pour but de sonder et de décrypter la psyché en déliquescence de Michael Powell lui-même. Le cinéaste britannique n'a jamais caché son enfance martyre et difficile.
Si dans Psychose, la sociopathie trouve sa genèse dans les carences maternelles ; dans Peeping Tom, la psychopathie sous-jacente acte sa quintessence dans cette omnipotence patriarcale. Les relents de cette résipiscence se nourrissent des fêlures systémiques et familiales, semble arguer un Michael Powell dogmatique.

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Mais à contrairement à Norman Bates (le criminel de Psychose), Mark Lewis ne souffre pas de dissociation mentale de type hébéphrénique. Le jeune photographe s'est parfaitement intégré dans son activité professionnelle, ainsi que dans la sphère sociétale. Toutefois, le jeune trentenaire apparaît comme un homme taciturne et esseulé. Déjà, à l'époque, Michael Powell met en exergue la problématique de l'isolement social comme l'une des nombreuses flétrissures de notre société.
De facto, le spectateur hébété est amenéà ressentir de l'empathie pour ce personnage profondément torturé. Lors de ses crises paroxystiques et criminelles, Mark Lewis est incapable de réfréner ses ardeurs psychopathiques. 
Mais au-delà de la folie inextinguible du personnage principal, ce qui dénote, dans Peeping Tom, c'est la somptuosité de la mise en scène, totalement novatrice pour l'époque, notamment dans cette capacitéà arborer un rythme endiablé et théâtral.

Sur la forme, Le Voyeur, c'est aussi une véritable déclaration d'amour envers le Septième Art. A contrario, Michael Powell souligne et démontre les écueils et les corollaires du cinéma, notamment dans cette tendance scopophile qui pourrait être dévoyée vers de scabreuses tortuosités. Ainsi, la césure entre la fiction et la réalité se nimbe de cette volonté farouche de reproduire, avec beaucoup de componction, cette sensation de peur et de terreur sur grand écran. Ainsi, le psychopathe achève réellement ses victimes afin de transposer leur frayeur et leurs cris d'orfraie sur pellicule.
De surcroît, Le Voyeur est évidemment nimbé par une grande tension érotique et sexuelle. 
Si Mark Lewis semble dénué de tout satyriasis, il trouve néanmoins sa jouissance dans la souffrance de l'autre, et plus particulièrement sur ce visage médusé juste avant de mourir. 

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L'objectif est donc d'immortaliser cette angoisse archaïque sur pellicule. Ce n'est pas un hasard si le film se retrouve auréolé de couleurs rougeaudes, ainsi que de nombreux flashbacks tournés en noir et blanc. L'organe visuel trouve également ici une place prédominante. Le Voyeur est donc une oeuvre éminemment violente et complexe, non pas pour ses érubescences par ailleurs absentes du long-métrage, mais pour l'âpreté que le film suggère en permanence.
Il n'est donc pas étonnant que Peeping Tom ait suscité de telles imprécations en son temps, notamment de la part des censeurs. Heureusement, le film acquerra enfin sa notoriété et sa reconnaissance avec le poids des années. 
A son tour, Brian de Palma réalisera un vibrant hommage avec Pulsions en 1980. Déjà, en 1960, Le Voyeur annonce la quintessence du cinéma moderne. Un vrai tour de force et un chef d'oeuvre à ne louper sous aucun prétexte.

Note : 19/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : http://www.dvdclassik.com/critique/le-voyeur-powell 

Men Behind The Sun 2 : Laboratory of the Devil (Suite des expérimentations bactériologiques)

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Genre : horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 1992
Durée : 1h31

Synopsis : Quelques-uns des bourreaux parmi les plus méchants du précédent volet se retrouvent dans une maison pour discuter de la possibilité de reconstruire le fameux camp 731 afin de renouveler leurs macabres expériences. Tardant à prendre une décision, ils se remémorent leurs méfaits passés.  

La critique :

Pour ceux et celles qui suivent ponctuellement l'actualité de Cinéma Choc, ils connaissent forcément le film Philosophy Of A Knife (Andrey Iskanov, 2008), une pellicule polémique et transgressive, considérée par certaines critiques dubitatives comme le long-métrage le plus barbare jamais réalisé. Mais le but de cette chronique n'est pas de débattre sur cette gloriole assez discutable et relative, mais d'exhumer un fait historique et hélas véridique : l'existence du Camp 731, ainsi que les abominations perpétrées dans cette unité militaire car il s'agit bien ici de crimes contre l'Humanité.
A travers sa pellicule trash et érubescente, le cinéaste soviétique, Andrey Iskanov, utilise des images et des séquences d'archives pour rappeler une sinistre mémoire, à savoir l'exécution et les tortures prodiguées (sic...) sur des prisonniers russes et chinois dans une unité militaire transformée en antre de l'horreur.

Selon certaines sources historiques, la genèse du Camp 731 remonte à l'orée des années 1930. Dans cette unité de recherches bactériologiques, à priori consacrée à la purification de l'eau (sic...), ce sont plusieurs milliers d'hommes, de femmes, de vieillards et d'enfants qui seront atrocement mutilés et suppliciés au nom du savoir scientifique. Par ailleurs, le Camp 731 lui-même s'inspire des méthodes sauvages et des atrocités pratiquées à la fois dans les camps nazis et dans les goulags.
Pourtant, Philosophy Of A Knife n'est pas le premier long-métrage à dénoncer l'existence et surtout le silence qui nimbe l'Unité 731. A notre connaissance, c'est le bien nomméCamp 731 - Men Behind The Sun (Mou Tun-fei, 1992) qui serait la toute première pellicule à clouer sur le pilori le gouvernement japonais. 
Men Behind The Sun est aussi un film estampillé"Catégorie III", à savoir un registre cinématographique du cinéma hongkongais qui réunit toutes les productions déviantes sur fond de psychopathie irrémissible, d'anthropophagie, d'exactions, d’érotisme hard à la limite de la pornographie et autres déviances sanguinolentes.

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A lui tout seul, Camp 731 - Men Behind The Sun est un véritable condensé des exactions et des infamies érigées par la catégorie III. Pour mémoire, le film de Mou Tun-fei ne faisait pas spécialement dans la dentelle ni dans la complaisance, écopant à juste titre d'une interdiction aux moins de 18 ans. Succès commercial oblige, le premier chapitre se décline en une tétralogie mercantile avec Men Behind The Sun 2 : Laboratory of the Devil (Godfrey Ho, 1992), Men Behind The Sun 3 : A Narrow Escape (Godfrey Ho, 1994) et Black Sun : The Nanking Massacre (Mou Tun-fei, 1995).
Aujourd'hui, c'est le cas du deuxième volet (donc Men Behind The Sun 2 : Laboratory of the Devil, au cas où vous n'auriez pas suivi...) qui fait l'objet d'une chronique dans nos colonnes. Premier constat, ce second opus est réalisé par Godfrey Ho, un nom bien connu des thuriféraires de nanars et du cinéma bis.

En outre, Godfrey Ho a érigé sa notoriété via plusieurs bisseries impécunieuses et en reprenant plusieurs stock-shots de films perdus et/ou oubliés de la mémoire collective. De surcroît, le metteur en scène hongkongais n'a jamais caché son extatisme pour le cinéma d'arts martiaux. Il suffit de prendre sa filmographie pour s'en rendre compte. Ainsi, des pellicules telles que L'exécuteur défie l'empire du kung-fu (1984), Le Tigre contre Ninja (1985), Ninja Terminator (1985), Les Enragés du Kung-Fu (1986), Flic ou Ninja (1986), Hitman le Cobra (1987), ou encore Kickboxers King (1991) sont autant de sévices funambulesques servis par ce "nanardeur" chevronné.
Vous l'avez donc compris. Godfrey Ho est un adulateur de kung-fu et en particulier des ninjas dégingandés. En l'occurrence, Men Behind The Sun 2 et Men Behind The Sun 3 constituent ses deux seuls essais horrifiques.

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La seule inscription du monogramme du cinéaste derrière la réalisation de Men Behind The Sun 2 a le mérite de faire tressaillir. Que les adulateurs du premier volet se rassérènent. Men Behind The Sun 2 fait partie des exceptions notables et n'est ni un nanar ni un mauvais film. Inutile de mentionner la distribution de ce second chapitre, à moins que vous connaissiez les noms de Yuen-Ching Leung, Wan Leung, Wan Ying Ying et Gong Chu ; mais j'en doute...
Attention, SPOILERS ! 
Bien des années se sont écoulées depuis les exactions perpétrées dans l'Unité 731, mais les souvenirs de toutes ces atrocités sont aussi l'occasion pour les anciens bourreaux de débattre et se réunir. Le but ? Tout d'abord se rappeler des expériences médicales, chimiques et bactériologiques diligentées sur des prisonniers et éventuellement ériger un nouveau camp de la mort...

A l'aune de cette exégèse, difficile de s'extasier devant le synopsis de Men Behind The Sun 2. Autant l'annoncer de suite. Le film de Godfrey Ho n'a pas pour vocation de renouveler son sujet et psalmodie benoîtement la formule éculée de son auguste devancier. Certes, les fans invétérés du premier volet seront ici en terrain connu et quasiment conquis. Les autres pesteront et maronneront à raison contre l'inanité et la vacuité de cette seconde livraison. De surcroît, Men Behind The Sun 2 souffre des mêmes tares et des mêmes carences que son homologue.
A l'instar de Mou Tun-fei (donc le réalisateur du premier volet...), Godfrey Ho ne fait pas spécialement dans la dentelle ni dans la complaisance. Pis, le cinéaste fait montre d'opportunisme en s'accaparant certaines saynètes trash et rougeoyantes du premier chapitre.

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C'est par exemple le cas lorsque certains prisonniers sont frigorifiés puis tuméfiés jusqu'à se transmuter en vulgaires cacochymes, leur peau étant ensuite arrachée sous le regard coi de certains tortionnaires impavides. Oui, Men Behind The Sun 2 est aussi un film profondément xénophobe qui tance et admoneste le peuple chinois. Aux yeux de Godfrey Ho, ces derniers seraient tous des sauvages et des barbares transis par la haine et les parties de barbaque.
Men Behind The Sun 2 est-il aussi médiocre qu'il en a l'air ? 
Heureusement, la réponse est plutôt négative à condition de faire fi de la mise en scène prosaïque mais un peu plus soignée qu’à l’accoutumée, d'une interprétation correcte mais parfois indigente voire grandiloquente. A contrario, le long-métrage émet, ici et là, quelques idées malicieuses, notamment lorsqu'il réveille cette peur inhérente de la bombe atomique qui a anéanti les villes d'Hiroshima et de Nagasaki en 1945.
Dommage que Godfrey Ho n'étaye pas davantage son récit... In fine, cette suite contient encore quelques saynètes d'un réalisme saisissant. 
C'est par exemple le cas lorsque nous assistons béatement à des extractions chirurgicales et à cœur ouvert (c'est le cas de le dire...) sur une table d'opération, le film étalant impunément intestins, organes et autres viscères sous nos yeux ébaubis. Bref, un second épisode à réserver aux adulateurs du cinéma trash. Ma note finale fera donc preuve d'une infinie mansuétude.

 

Note :10/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Lemming (Le rongeur le plus mignon du monde)

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Genre : Thriller, drame (interdit aux - 12 ans)

Année : 2005

Durée : 2h05

 

Synopsis :

Bénédicte et Alain Getty, jeune et brillant ingénieur en domotique, récemment installés dans une nouvelle ville, reçoivent à dîner le patron d'Alain, Richard Pollock, et son épouse Alice. Cette rencontre ne sera pas sans conséquences sur l'harmonie du jeune couple. La découverte du cadavre d'un mystérieux rongeur dans l'évacuation bouchée de leur évier n'arrange pas les choses et annonce l'irruption de l'irrationnel dans ce qui était jusqu'alors une vie bien rangée.

 

La critique :

Toujours la même antienne, le cinéma français se montre de plus en plus dénigréà notre époque, et même les cinéphiles commencent à se rendre d'un problème de plus en plus alarmant. Le cinéma français est en crise et c'est un fait qui n'est plus à démontrer. Trop de réticences face à l'audace et l'originalité, un ratio films financés/flop bien trop important, des acteurs surpayés pour une prestation au ras des pâquerettes. Nombre de projets intéressants ne voient pas le jour et pour les amateurs de films fantastique, de thrillers et même de films d'horreur (ne parlons même pas du cinéma trash), la France est une toundra sibérienne en terme d'offres valables.
Certains réalisateurs tentent de bouleverser les règles de bienséance mais se heurtent souvent à l'hostilité médiatique de critiques à la ramasse faites par des grosses têtes sur de tout petits corps. On passera outre la publicité inexistante sur ce type de métrage. Assurément, parmi ces cinéastes, on retrouve Dominik Moll qui n'est pas un inconnu des cinéphiles. Peu prolifique, il a surtout réussi à se faire connaître grâce au thriller, devenu culte, Harry, un ami qui vous veut du bien. Un métrage aux 4 Césars, au succès énorme tant en France qu'aux USA, mais qui parvint à diviser certains.

Cette pellicule lui permit de poser les bases de ce qui sera son prochain long-métrage. Prochain qui fera l'objet de cette chronique et portant le nom énigmatique de Lemming. Un film qui fut présenté en compétition à Cannes. Quésaco ? Petit cours de zoologie : le lemming est un nom désignant différents petits rongeurs vivant généralement dans les régions arctiques. L'espèce la plus connue en Europe est le lemming des toundras de Norvège qui, je le rappelle, se situe en Scandinavie. Au moment de sa sortie, comme Harry juste avant, Lemming divise les foules avec, d'un côté certaines critiques adulant et d'autres critiques plus virulentes. Inutile d'être de mauvaise foi car ce n'est pas parce qu'un film français est tout de suite un thriller qu'il en devient bon.
Le très moyen Dans Ma Peau et le navet Alléluia en sont de brillants exemples. Pourra-t-on dire que Lemming s'inscrit dans le droit sillage de Harry, un ami qui vous veut du bien ?

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ATTENTION SPOILERS : Alain Getty, brillant ingénieur en domotique, s'est récemment installé dans une nouvelle ville avec son épouse, Bénédicte. Ce soir, le jeune couple reçoit à dîner le nouveau patron d'Alain, Richard Pollock, et son épouse Alice. Les Pollock arrivent en retard et rapidement, la soirée tourne à l'aigre. Alice jette un verre de vin au visage de Richard, Alain et Bénédicte découvrent que leur évier est bouché. Au milieu de la nuit, Alain, pris d'une insomnie, décide de déboucher l'évier. De la canalisation, il remonte le cadavre d'un lemming, un petit rongeur scandinave.
Brusquement, à la faveur de cette étrange découverte, l'irrationnel fait irruption dans la vie bien rangée d'Alain et Bénédicte.

Un nom intriguant pour un synopsis tout aussi intriguant. Et pourtant ça marche ! Si l'on est un tant soit peu curieux, nul doute que le résumé va tout de suite attirer notre attention et déboucher sur un visionnage imminent. Le postulat de départ est simple. Alain Getty est un ingénieur intègre, brillant et apprécié de son patron dont il est un peu le protégé. Celui-ci est mariéà une charmante épouse, habite une jolie villa dans un petit lotissement du sud de la France. La vie conformiste rêvée par excellence ! Il ne manque plus que les deux chiards, le chien et le monospace Renault pour renforcer le cliché. Ce couple sans histoire et visiblement épanoui va avoir l'honneur d'inviter le patron du mari pour un petit dîner de courtoisie mais les choses tourneront mal.
Sa femme, Alice, vitupérera son mari à table en lui demandant si l'appel qu'il a reçu était l'une de ses putes. On a connu plus raffiné comme repas. Par la même occasion, Alain ne parvenant pas à trouver le sommeil durant la nuit, retourne à l'évier préalablement bouché peu avant le repas. Objectif débouchage réussi pour y extraire un rongeur insolite dont l'espèce n'est présente qu'en Scandinavie. Cet événement pour le moins insolite sera ce démarrage qui plongera ce couple banal dans l'irrationnel, le grotesque et même le surnaturel. Un peu à la manière de Sitcom de François Ozon, le rongeur va entraîner dans son sillage une déstructuration des liens sociaux.

De fait, la ténacité du couple va être mise à rude épreuve par les germes d'une histoire extraordinaire se mettant en place et dont Alice, la femme du patron, en sera un catalyseur essentiel. Moll oppose deux couples antagonistes, l'un plus obscur, pervers et déshumanisé, l'autre plus sage, conventionnel et respectueux. De manière cocasse, le couple plus âgé sera justement associéà la perte des valeurs du lien sacré du mariage, du respect du conjoint, tandis que le couple jeune inscrira ses règles morales dans un carcan rigide d'éthique du bien-être et du respect de l'autre. Plutôt marrant quand on voit, à l'heure actuelle, la destruction des rapports sentimentaux chez les nouvelles générations, loin du sérieux et de l'intégrité des anciennes générations (sans en faire une généralité absolue, bien sûr). Alice exècre son mari et va tenter de séduire Alain au travail qui parviendra à se ressaisir, nonobstant quelques innocents plaisirs buccaux. Peu après, Alice, prise d'une crise de démence après s'être ramené au domicile du couple pour y faire un somme, se suicide d'une balle dans la tête.
Parallèlement, le vétérinaire et son neveu mèneront une enquête pour connaître l'origine du lemming. Le récit prendra des proportions tout aussi grotesques, amplifiant cette situation insolite que Alain ne parvient pas à gérer. Alain qui est justement représenté comme un homme équilibré, rationnel et ayant le contrôle de son destin. Alain, c'est est ce Monsieur Tout le Monde perdant le contrôle de la situation et cherchant à retourner à sa situation de tranquillité d'avant. 

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Lemming n'est pas sans se parer d'une certaine dimension métaphorique marquant un certain parcours initiatique véhiculé par la reprise du contrôle du destin d'un homme dépassé par les événements. Il est aussi ce manifeste bouleversant le conformisme sentimental autodestructeur d'un petit couple à la vie millimétrée et sans saveur. Sauf qu'à la différence d'un traitement trop standardisé, Moll va s'amuser d'intégrer une dimension fantastique subtile qui ne marquera pas une réelle rupture de ton, tombant comme un cheveu dans la soupe.
Elle sera justement un astucieux prolongement du récit tout en s'éloignant des clichés un peu trop revus du cinéma fantastique tel que nous ne nous le représentons. Malin, elle coïncidera intelligemment avec la réalité dans une synergie sans quelconque contraste percutant. La situation semble réelle mais quelque chose d'inexplicable semble flotter dans ce monde grotesque. Qu'on le veuille ou non, Moll s'approprie de manière très personnelle le genre en lui offrant une identité propre plus axée sur la perte de contrôle de l'environnement de Alain. Un certain style inclassable en ressort et c'est à ce niveau que la pellicule divisera les foules.

Seulement, quand nous connaissons un peu le cinéaste, on se rend vite bien compte que le fantastique ne s'inscrira pas sous un aspect jubilatoire mais s'ancrera dans l'étrange et le glauque. Lemming privilégie la noirceur de l'âme et s'interdit toute seconde propre à faire sourire le spectateur. Une atmosphère oppressante, lugubre, limite maléfique parvient à malmener quelque peu le spectateur aux prises avec un malaise environnant bien perceptible. La scène du repas en est un brillant exemple mais elle est loin d'être la seule. L'apparition d'une Alice fantomatique jouera aussi pour beaucoup, de même que certaines séquences plongées dans les ténèbres les plus totales d'une maison que le Diable lui-même semble s'en être emparé. L'exercice de style pourra faire penser au seul et unique David Lynch. Seulement, voilà, autant vous dire que Dominik Moll n'est pas cette légende du surréalisme.
Si nous ne sommes pas réfractaire à la mise en scène à la française, dites vous bien que Lemming ne suscitera guère d'ennui, même si l'on pourra pester contre une durée un peu longue pour ce que le film a à raconter. Pour les autres, l'expérience pourra être plus laborieuse pour garder son attention en éveil constant. La mise en scène est très posée tout en maniant admirablement bien les moments de tension et de malaise assez nombreux au passage, sans atteindre le trait constant de Harry, un ami qui vous veut du bien. Certains la trouveront apathiques mais je ne partage pas cet avis. Le gros problème à mes yeux est que Moll a su bien gérer les 3/4 de son récit mais a fini par un peu se perdre dans la tournure du scénario en détruisant la sphère fantastique pour revenir sur du pur rationnel à la fin sur l'origine du rongeur. Le mystère est détruit. L'absurde n'est plus. C'est rageant de s'engouffrer dans la dernière partie sur du conventionnel. 

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De même, on pourra se montrer désappointé par quelques incohérences notables dans les réactions des personnages. Charlotte Gainsbourg est surtout ciblée par sa mollesse et sa soumission comme quand elle acceptera de servir le café et de laisser dormir Alice qui lui a pourtant dit qu'elle avait essayé de coucher avec son mari. Pas sûr que le commun des femmes lui laisserait leur maison comme hôtel. Quid du désintérêt total dans la confrontation finale entre Alain et son patron ? Et pourquoi le vétérinaire, ni même le zoologiste ne se demandent comment un lemming a pu survivre plusieurs heures dans une canalisation bouchée par l'eau ? Il y a des petits détails comme ça qui font tiquer et empêchent Lemming de convaincre définitivement le spectateur.
Pour ce qui est du restant du casting, les choses sont un peu mieux avec un Laurent Lucas toujours aussi attachant, un André Dussolier impeccable en salaud de service et une Charlotte Rampling que n'aurait pas renié Lynch dans son jeu d'acteur inquiétant. Au niveau esthétique, rien de particulier à dire. Le tout est tout à fait sommaire et sans surprise, sans que la caméra, les cadrages et les plans ne soient désagréables. La bande sonore est de qualité certaine avec David Sinclair Withaker derrière, ce qui n'est pas rien. Quelques apparitions de musique classique seront au rendez-vous.

En conclusion, Lemming est un thriller bien étrange, ne semblant guère posséder d'équivalent au niveau du cinéma français. Partant d'un postulat de base simple, Moll fait preuve d'une complète originalité en intégrant un rongeur inexistant en France qui sera ce signe avant-coureur de l'étrangeté qui s'annonce. Jugulant de manière adroite le réalisme et le surréalisme, le cinéaste brouille les repères de réalité, multiplie les clins d'oeil à l'épouvante par sa dimension oppressante et malsaine, nargue en jouant sur l'obscurité. Autant dire que Lemming navigue un petit peu sur la frontière de l'inclassable et de l'expérimental. Cependant, malgré toutes ses bonnes intentions, le long-métrage se pare de plusieurs défauts rébarbatifs : incohérences grotesques, tension souvent présente mais moindre que dans Harry, une Charlotte Gainsbourg que l'on a envie de gifler et une fin insipide.
Moll lui-même dira "L'important est de ne pas laisser le spectateur en plan à la fin, il doit pouvoir retomber sur ses pieds, et retrouver à des moments précis toute la logique de l'histoire". Certes, mais nous ne sommes pas dans le cas d'un film fantastique classique mais bien dans un film fantastique aux tendances expérimentales. Vouloir retourner à la logique la plus rationnelle possible est risible et particulièrement mal amenée, qui plus est ! Surtout quand la sphère fantastique a su être brillamment intégrée sans bousculer l'ordre établi. Désordonner à ce point la continuité du récit était une très grave erreur de jugement.

Mais quoi qu'il en soit, Lemming peut être recommandé comme un exemple de film français qui a au moins les couilles de tenter des trucs, d'apporter une touche de fraîcheur. Et tout cela est suffisamment trop rare que pour ne pas être mentionné. Loin de la qualité de Harry, restant définitivement le chef d'oeuvre absolu du réalisateur, on tient un cru au budget indécent de 5,33 millions d'euros qui mérite d'avoir un coup d'oeil jeté sur lui sans toutefois s'extasier devant. A l'orée d'un cinéma français en crise, il est nécessaire, à mes yeux, de mettre en valeur tout film un minimum en dehors des limites étroites et bétonnées d'un 7ème art français qui ne croit plus en ce qu'il fait. Il est indispensable d'offrir aux cinéphiles tout comme aux profanes un regard différent sur un cinéma différent qui ne suscite que peu de publicités. Il est aussi capital que le grand public change sa façon de percevoir le cinéma et parvienne à ouvrir son esprit, parvienne à laisser une chance à ce type de cinéma.
Le manque de curiosité est l'un des plus gros défauts de notre société actuelle et c'est un fait que je revendiquerai haut et fort, même enchaîné. Bref ! Adeptes de zoologie, je vous invite à vous renseigner sur cette petite bête à la réputation anciennement macabre.

 

Note :13/20

 

 

orange-mecanique   Taratata

 

The Gerber Syndrome (Symptomatologie grippale)

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Genre : horreur, épouvante, found footage, "documenteur" (interdit aux - 12 ans)
Année : 2011
Durée : 1h28

Synopsis : En 2008, un nouveau virus est répertorié comme extrêmement contagieux et mortel. Alors qu'une équipe de télévision effectue un reportage sur le sujet, une pandémie mondiale se déclare... 

La critique :

Depuis la sortie de La Nuit des Morts-Vivants (George A. Romero, 1968), le genre zombies décrépits a évolué vers de nombreuses stratosphères. Par exemple, pour Romero, les créatures claudicantes et anthropophages préfigurent la dernière absoute d'une civilisation occidentale condamnée, avec le temps, à péricliter. Inexorablement. C'est sûrement la raison pour laquelle le cinéaste américain nimbe ses pellicules suivantes (entre autres, Zombie en 1978, Le Jour des Morts-Vivants en 1985 ou encore Le Territoire des Morts en 2005) de consonances politiques et idéologiques.
Corrélativement, il faut aussi admettre que les zombies putrescents siéent à merveille à un contexte d'infection, de pandémie et de temps eschatologiques. Tel était par ailleurs l'apanage de la tétralogie consacrée àRec et agencée par les soins de Jaume Balaguero et Paco Plaza.

Malicieux, les deux réalisateurs ibériques sont parvenus à mélanger horreur, huis clos, contamination et found footage, tout en s'inspirant (voire même en s'emparant...) du concept et du scénario de Démons (Lamberto Bava, 1985), à la seule différence que les animosités ne se déroulent plus dans un cinéma, mais dans un immeuble assailli par des zombies et encerclé par la police. The Gerber Syndrome, réalisé par Maxi Dejoie en 2011, reprend peu ou prou la même rhétorique, à savoir que cette série B transalpine se polarise sur les effets délétères d'une inoculation exponentielle.
Ingénieux, Maxi Dejoie adopte à la fois un ton documentaire et celui du found footage en réalisant une sorte de reportage télévisé sur un virus qui échappe à toute logique scientifique et rationnelle. Quant au cinéaste lui-même, on ne trouve presque aucune information sur sa filmographie.

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A fortiori, The Gerber Syndrome constituerait son tout premier long-métrage. En outre, Maxi Dejoie serait un thuriféraire du cinéma horrifique italien, un registre cinématographique qui contient toute une pléthore de références, notamment Suspiria (Dario Argento, 1977), Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1980), L'Enfer des Zombies (Lucio Fulci, 1980), ou encore Le Corps et le Fouet (Mario Bava, 1966), pour ne citer que ces augustes références.
Inutile de le préciser, mais The Gerber Syndrome, Il Contagio de son titre original, n'a pas bénéficié d'une exploitation dans les salles obscures. Néanmoins, le film est facilement disponible en streaming ou via le support vidéo. Inutile aussi de mentionner la distribution de cette pellicule, à moins que connaissiez les noms de Valentina Bartolo, Ettore Nicoletti, Beppe Rosso, Pia Lanciotti, Sax Nicosia et Federico Tolardo ; mais j'en doute...

Attention, SPOILERS ! En 2008, un nouveau virus est répertorié comme extrêmement contagieux et mortel. Alors qu'une équipe de télévision effectue un reportage sur le sujet, une pandémie mondiale se déclare... Le reportage se déroule alors sur les terres transalpines pour comprendre la genèse ainsi que les corolaires de ce nouveau virus. En état d'alerte, les autorités médicales et policières ne cachent pas leur inquiétude. Le reportage suit à la fois les pérégrinations d'un agent de sécurité et chasseur de zombies à ses heures perdues, les témoignages d'un médicastre et une famille qui tente de sauver leur fille d'une contamination inextinguible. Premier constat, le réalisateur du film, Maxi Dejoie, aurait dû davantage s'enquérir et se méfier en abordant un sujet aussi spinescent.
Ce n'est pas la première fois qu'une série B horrifique lutine et s'acoquine avec le genre "contaminés". 

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Pourtant, durant sa première demi-heure, The Gerber Syndrome fait vaguement illusion. Sourcilleux, Maxi Dejoie décrit avec beaucoup de componction les écueils de cette nouvelle forme de contamination. Le cinéaste opte pour un réalisation en forme de reportage et/ou de documentaire et accumule les témoignages oculaires. Mais qu'ils soient médecins, scientifiques, édiles politiques ou de simples individus lambdas issus de la plèbe, tout le monde ignore les origines du virus.
Certes, le préambule de The Gerber Syndrome débute sur cet avertissement emphatique : "Il existe plus de 400 virus qui sont répertoriés et leur nombre augmente régulièrement. Plusieurs centaines de milliers de personnes meurent de contamination chaque année à travers le monde". A posteriori, ce sont des individus contaminés qui sont claustrés dans un centre d'internement, un bâtiment énigmatique dans lequel les infectés reçoivent des traitements médicaux. 

Hélas, à ce jour, il n'existe aucun remède contre ce virus particulièrement nocif. Les conditions d'enfermement, voire de détention, sont alors dénoncées par les médias et de puissants lobbyings humanistes. Une chimère, d'autant plus que Maxi Dejoie élude d'obliquer sur ce chemin escarpé. Paradoxalement, c'est sur cet aspect politique que le film s'avère le plus captivant. Seul souci, là aussi, le long-métrage fait montre de pudibonderie.
Certes, à priori, The Gerber Syndrome possède de solides arguties dans sa besace surtout lorsqu'il se centre sur cette symptomatologie grippale. Car c'est aussi cela The Gerber Syndrome, à savoir cette peur inhérente pour la grippe, ses écueils et ses effets secondaires. Pour Maxi Dejoie, notre civilisation occidentale est directement menacée par cette nocuité virale. 

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Les premières manifestations démarrent par une légère fébricule, des céphalées récurrentes puis par des signes inquiétants d'apoplexie cérébrale pour dériver vers un état d'agitation incontrôlable. A ce sujet, Maxi Dejoie réitère les chiffres sans appel de la grippe espagnole. Seul bémol et pas des moindres, The Gerber Syndrome est beaucoup trop prolixe et policé pour susciter l'intérêt sur la durée. En résumé, cette pellicule languissante se suit avec un ennui poli, guère plus. 
A force de se focaliser sur les interminables logorrhées de ses divers protagonistes, le long-métrage phagocyte et oblitère ses morts-vivants méphitiques. Exempt quelques attaques promptes et élusives, 
The Gerber Syndrome ne propose presque aucune saynète horrifique digne de nom. Il faudra se contenter de quelques éructations et expectorations évasives. 
Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout ! En voulant adopter le ton du documentaire et du réalisme irrévocable, Maxi Dejoie semble oublier qu'il réalise bien un film et non un vrai reportage. Et ce ne sont pas les tribulations de cet agent de sécurité dans une cité italienne, ni les mésaventures d'une famille agonisante qui permettent au long-métrage de sortir de sa léthargie ni de sa frilosité. En l'état, Maxi Dejoie se montre beaucoup trop pusillanime et avaricieux en termes de gore, d'action, de barbaque et de tripailles.
In fine, le cinéaste ne parvient même pas à transcender son sujet. 
Dommage car The Gerber Syndrome possède pourtant un réel potentiel. Ma note finale fera donc preuve d'une infinie mansuétude car objectivement, cette série B anémique mérite moins, beaucoup moins...

Note : 09.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Les films à venir sur Cinéma Choc

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Comme l'indique le titre de ce nouvel article, voici sans plus attendre les films à venir dans les prochains jours, prochaines semaines et prochains mois sur Cinéma Choc. Pour chaque film, j'ai précisé quel serait l'intitulé de la chronique entre parenthèses.

 

Agwau (Réveiller les vieux démons du passé)
Amadeus
(Requiem pour Wolfgang Amadeus Mozart)
Amazonia - L'Esclave Blonde (Inspiré d'une histoire authentique)

Barricade - 2007 (La colline a des yeux, 3e partie)
La Bataille de Tchernobyl
(Le plus grave accident nucléaire de l'histoire ou "Le mensonge 86")
Broken - 1992 ("Happiness in slavery")

Le Cheval de Turin (La philosophie du chaos ou le chaos de la philosophie)
Le Couvent de la Bête Sacrée
(Nonnes hérétiques)
Creep - 2004 (Dernier métro avant minuit)

Dead A Go! Go! (Yamanouchi, le retour... foireux !) : chronique d'Inthemoodforgore
Destination Finale 3
("Nous sommes tous égaux devant la mort")
Du Big Bang Au Vivant (L'univers, ce grand illusionniste)

Faces Of Gore (Dans le sillage de Faces Of Death...)

Gomorra - 2008 ("A qui croyez-vous faire la guerre ?")

Horrible - Rosso Sangue (Régénération cellulaire)

Ilsa, La Tigresse du Goulag (Ilsa au pays des soviets)
L'Invasion Martienne - Teenagers From Outer Space
(Emincé de homard extraterrestre)

Jack Le Tueur de Géants - 1962 (Dans les griffes du magicien Pendragon)
Jesus Camp
("Renaître" pour obtenir le Salut)
Jurassic Park (Le monde perdu selon Steven Spielberg)

King Kong - 1976 (Gorille dans la brume)

Leviathan - Razortooth (Gare aux anguiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiillllllllllllllllllllllllleeeeeeeeeeeesssssssssssss !!!!!!!!!!!!!!!)
Le Locataire - 1976 (Appartement maudit)

Mom and Dad - Parents Indignes (Infanticides de masse)
Le Monde Perdu : Jurassic Park
(Indiana Jones et le continent oublié)

Over The Top - Le Bras de Fer (Faire le vide et laisser parler la testostérone)

Razorback (La chose surgit du désert)
Rec 3 Génesis ("Les morts ont abandonné leur propre demeure")
Rec 4 : Apocalypse (En quarantaine préventive)
Red State
(Portrait d'une Amérique en apostasie)
The Ritual (Randonnée vers la peur)
The Room - 2003 (Le mystère Tommy Wiseau)

Shuttle (Convoi pour la mort)
S.O.S. Fantômes 2 (Esprits psycho-magnétiques)
South Park, le film ("Bigger, longer and uncut")

Vendredi 13 - Chapitre 9 : Jason Va En Enfer (Inoculation de la terreur)
Vertige
(The Descent rencontre Détour Mortel)
Le Voyage Fantastique
("L'homme est le vrai centre de l'univers")

Warm Bodies (Se sentir un peu moins mort)

X-Men (La mutation est la clé de l'évolution)

100 Tears (Il va y avoir du gore)

 

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