Braindead - 1992 (Présentation et critique du film)
Des Serpents Dans L'Avion (Débranchez les neurones, débranchez le cerveau !)
Genre : action (interdit aux - 12 ans à sa sortie, simple avertissement aujourd'hui)
Année : 2006
Durée : 1h41
Synopsis :La mission de l'agent spécial Neville Flynn est simple : il doit escorter un témoin essentiel sur un avion de ligne de Hawaïà Los Angeles. L'homme va permettre de faire tomber l'un des piliers de la mafia, après qui Flynn court depuis longtemps. Toutes les précautions ont été prises, mais ce n'est pas assez... Décidéà ce que le témoin n'arrive jamais au tribunal, le criminel met au point un lâcher de serpents venimeux à bord de l'avion. Ils sont partout, silencieux et mortels. Entre un équipage et des passagers paniqués et un témoin qu'il faut protéger à tout prix, Flynn va devoir se battre pour que l'avion ait une chance d'arriver...
La critique :
Le genre agression animale coalise à lui tout seul plusieurs registres du cinéma d'exploitation horrifique. Ainsi, la faune animalière est parfois convoquée pour mettre l'homme à rude épreuve et à retourner, au moins le temps d'un film, tout en bas de la chaîne alimentaire. Requins et crocodiles sont régulièrement érigés en haut des oriflammes des productions horrifiques. Il ne manquait donc plus que les serpents pour festoyer dignement parmi les convives et les inimitiés.
En l'occurrence, il faut se rendre sur le site SensCritique et en particulier sur le lien suivant : https://www.senscritique.com/liste/Les_serpents_au_cinema/138473 pour déceler la liste foisonnante et exhaustive des films qui mettent en exergue des Ophidiens à l'appétit pantagruélique.
Les thuriféraires du genre citeront aisément la saga Anaconda, Snake Island (Wayne Crawford, 2002), Mega Snake (Tibor Takacs, 2007), Boa Vs Python (David Flores, 2004), ou encore SSSSnake (Bernard L. Kowalski, 1973) parmi les séries B notables et éventuellement notoires.
Vient également s'agréger Des Serpents dans l'Avion, réalisé par les soins de David R. Ellis en 2006. Le cinéaste est un véritable spécialiste de la série B goguenarde. Sa carrière cinématographique démarre vers le milieu des années 1970. De prime abord, David Richard Ellis s'oriente vers une carrière de comédien, en particulier de cascadeur. Il apparaît notamment comme figurant dans Rocky 3 (Sylvester Stallone, 1983), Scarface (Brian de Palma, 1983) et L'Arme Fatale (Richard Donner, 1987). Hélas, le futur metteur en scène ne parvient pas vraiment à imposer sa stature dans un cinéma hollywoodien étriqué et corseté. C'est dans ce contexte et notamment sous les précieuses instigations de Richard Donner que David R. Ellis embrasse une carrière de réalisateur.
Les laudateurs du cinéaste ne manqueront de notifier des pellicules telles que L'Incroyable Voyage 2 : à San Francisco (1996), Destination Finale 2 (2003), Cellular (2004), Destination Finale 4 (2009), ou encore Shark 3D (2011) dans une filmographie erratique et assez soporifique dans l'ensemble.
En 2013, David R. Ellis décède dans des circonstances qui restent énigmatiques. Inutile de préciser que ce n'est pas Des Serpents dans l'Avion qui laissera de lui un souvenir indélébile. En outre, le métrage fait office de série B dispendieuse et nantie d'un budget plutôt confortable (35 millions de dollars tout de même !). Paradoxalement, le film peut s'enorgueillir de coaliser un casting de prestige via les présences concomitantes de Samuel L. Jackson, Julianna Margulies, Nathan Phillips, Rachel Blanchard, Flex Alexander, Kenan Thompson, Lin Shaye et Elsa Pataky.
Le film devait initialement échoir entre les mains avisées de Ronny Yu, un autre parangon de la série B, mais le réalisateur émérite vaque déjà sur d'autres projets cinématographiques. Même remarque concernant Shia Labeouf qui devait s'immiscer dans le casting.
Le comédien peu enthousiaste déclinera poliment l'invitation. Au moment de sa sortie en France, Des Serpents dans l'Avionécopera d'une interdiction aux moins de 12 ans. Mais la réprobation sera euphémisée par la suite pour passer à un simple avertissement. A contrario, aux Etats-Unis, le film de David R. Ellis échappe de peu à une classification "R", ce qui équivaut à une interdiction aux moins de 18 ans dans nos contrées hexagonales. On croit fabuler...
Car le métrage ne contient aucune saynète un tant soit peu repoussante, à moins d'être totalement réfractaire aux reptiles ou d'être atteint d'ophiophobie sévère. Par ailleurs, Samuel L. Jackson avouera avoir accepté le rôle principal sans avoir lu le scénario du film. Hâbleur, le comédien a juste apprécié l'intitulé iconoclaste du long-métrage, soit Snakes on a plane dans la langue de Shakespeare.
Mais ne nous égarons pas et revenons à l'exégèse du film. Attention, SPOILERS ! (1) À Hawaï, le jeune Sean Jones a assisté au meurtre d'un homme, assassiné par le gangster Edward Kim. Poursuivi par les hommes de Kim, Sean est placé sous la protection de l'agent Neville Flynn du FBI. Il doit retourner sur le continent américain pour témoigner contre Kim, et ils prennent l'avion en première classe. Mais Kim, voulant se débarrasser de Jones, fait embarquer dans la soute à bagages une caisse remplie de serpents venimeux dont la rage sera stimulée par les phéromones contenues dans les colliers de fleurs hawaiiens distribués aux passagers. Après l'ouverture programmée de la caisse en plein vol, les serpents vont semer la mort et la terreur dans l'avion survolant l'océan… (1)
A l'aune de cette exégèse, difficile, à fortiori, de s'enthousiasmer et encore de s'égayer devant cette série B d'action famélique.
Pourtant, au moment de sa sortie, Des Serpents dans l'Avion s'arroge subrepticement la couronne hiératique de film culte. Les geeks s'acharnent à décortiquer la moindre séquence, ainsi que la moindre réplique susceptible de faire "mouche" (si j'ose dire...). Et c'est exactement ce à quoi ressemble Snakes on a plane, à savoir un pur produit marketing censé flagorner un public geek en manque de sensations fortes et peu exigeant en termes de qualités cinéphiliques. Certes, ces derniers argueront et retorqueront sans doute à raison qu'une telle production requiert l'extinction totale du cerveau humain. Mais tout de même... Etait-il nécessaire de verser dans la gaudriole outrancière ?
Pis, sur la durée, Des Serpents dans l'Avionéchoue lamentablement dans sa requête originelle, à savoir faire tressaillir le spectateur de son siège.
Difficile, en effet, de ne pas songer à un film crétin qui prend à son tour son propre audimat pour de vulgaires histrions. Certes, on ne s'attendait pas forcément à un script particulièrement éloquent ni à une production révolutionnaire. Mais rarement, un film d'action n'aura paru aussi conventionnel. Un comble pour une production qui érige une certaine impudence dans sa bande annonce et se révèle, in fine, policée, standardisée et stéréotypée. David R. Ellis ne nous épargne aucune excentricité et accumule tous les archétypes habituels.
Il faudra donc se contenter d'un couple de bellâtres qui copulent libidineusement dans la cabine de l'appareil, d'un passager peu amène, d'un chanteur apollon, d'un champion de surf, d'un garde du corps qui se découvre subrepticement des velléités de pilote d'avion et d'un Samuel L. Jackson en mode cabotinage. Les concepteurs auront beau arguer leurs illustres compétences et avoir utilisé, le temps de quelques séquences, de véritables serpents ; le subterfuge passe mal à l'écran en raison d'effets visuels en CGI sérieusement surannés. A force de mélanger tous les styles (le huis clos, l'action, le thriller, la comédie, le policier et même l'horreur), David R. Ellis finit par perdre ses passagers, et finalement son spectateur ulcéré, en cours de route. Un voyage aérien inepte, galvaudé et d'une rare fastidiosité.
Certes, on aimerait se gausser et répertorier Des Serpents dans l'Avion parmi les nanars avariés. Au mieux, le métrage suscite une indifférence polie. Bref, beaucoup d'esbrouffe pour pas grand-chose.
Note :06.5/20
(1) Synopsis du film : https://fr.wikipedia.org/wiki/Des_serpents_dans_l%27avion
Alice In Oliver
Poltergeist 3 (Voyage dans le monde des esprits, 3e et dernière partie)
Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 16 ans)
Année : 1988
Durée : 1h38
Synopsis :Carol Anne s'est enfui chez sa tante et son oncle afin de se cacher du terrible révérend Kane, mais celui-ci la retrouve et la poursuit dans un immeuble de verre. Sera-t-elle à nouveau capable de déjouer les plans du Révérend ?
La critique :
Les phénomènes paranormaux restent l'un des principaux leitmotivs du cinéma fantastique et horrifique. Entre la fin des années 1950 et l'orée des années 1960, Rod Serling se polarisait déjà sur ces phénomènes amphigouriques et inexplicables qui parsèment, çà et là, notre quotidien à travers une série télévisée proverbiale, The Twilight Zone (La Quatrième Dimension dans nos contrées hexagonales). La série peut s'enhardir de posséder de sérieuses arguties dans sa besace, ainsi que toute une pléthore d'épisodes narrant les pérégrinations de personnages confrontés à un événement irréel et défiant les lois de la physique, voire de la science quantique.
Déjà en 1962, Rod Serling réalise, avec la collaboration de Richard Matheson (le futur démiurge du roman L'homme qui rétrécit), La Petite Fille Perdue (La Quatrième Dimension, saison 3, épisode 26).
Le concept de cet épisode, qui oscille entre l'épouvante, les phénomènes paranormaux et le fantastique, est aussi limpide que lapidaire. (1) En pleine nuit, Chris et Ruth Miller sont réveillés par les pleurs de leur petite fille Tina, 6 ans. Bien qu'il cherche sa fille, Chris ne la trouve pas, mais il continue de l'entendre, et la voix vient de sous le lit de l'enfant. Le chien court sous le lit et disparaît lui aussi brusquement. Aidés par Bill, un ami professeur de physique, le couple cherche leur enfant et le chien. Bill comprend qu'une porte s'est brusquement ouverte sur la quatrième dimension, et que la fille et l'animal y sont entrés. Grâce à ses connaissances mathématiques, Bill dessine la porte sur le mur derrière le lit.
Ils n'ont que quelques minutes pour faire venir l'enfant jusqu'à la porte avant que celle-ci ne se referme pour toujours (1).
Pour la première fois à la télévision et même au cinéma, l'existence d'une quatrième dimension, à savoir une zone secrète et irrationnelle, est évoquée par un expert de la physique. A l'aide d'une craie, ce dernier griffonne une porte fictive sur le mur d'une chambre. Cette porte relie la réalité de notre monde à un univers parallèle nimbé par le vide, des fantômes putatifs, la brume et une pénombre malaisante. Bref, bienvenue dans un univers de cauchemars ! A l'époque, Rod Serling et Richard Matheson évoquent déjà l'existence d'imbrications inter dimensionnelles qui joncheraient ponctuellement notre quotidien, défiant par ailleurs les lois de la raison et donc de la conscience.
La Petite Fille Perdue va estourbir durablement les persistances rétiniennes via ce scénario alambiqué et aux étonnantes tortuosités.
Cet épisode de La Quatrième Dimension va marquer plusieurs générations de réalisateurs, dont Steven Spielberg et Tobe Hooper. Opportunistes, les deux cinéastes s'approprient l'exégèse de La Petite Fille Perdue pour le transmuter en Poltergeist, sorti en 1982. Certes, Poltergeist premier du nom porte le monogramme de Tobe Hooper, l'ex-réalisateur du rutilant Massacre à la Tronçonneuse (1974), mais le film reste avant tout l'apanage et le sceau de Steven Spielberg. En outre, difficile de reconnaître le style âpre et rédhibitoire de Tobe Hooper, curieusement policé.
Que soit. Poltergeist se solde par un succès mirobolant lors de sa sortie en salles et s'inscrit prestement dans la culture populaire américaine. L'audimat s'identifie aisément à la famille Freeling, soudainement tarabustée par des phénomènes paranormaux à caractère électrique.
La petite fille de la famille, Carol-Anne, se retrouve même, le temps de quelques jours, à travers les ténèbres et communique via le poste de télévision. Pour se sortir de cette situation périlleuse et inextricable, les Freeling devront faire appel à l'expertise et à l'érudition de Tangina Barrons, une nécromancienne. Succès pharaonique oblige, Poltergeist premier du nom se transmue en diptyque, puis en trilogie. Poltergeist 2 (Brian Gibson, 1986) suit toujours les mésaventures de la famille Freeling, inlassablement poursuivie par des spectres luminescents et comminatoires, en particulier par le révérend Kane qui a juré la perte de Carol-Anne. Hélas, en dépit de son succès relatif au box-office, Poltergeist 2 peine réellement à convaincre et ne réitère aucunement les prouesses de son auguste épigone.
Néanmoins, ce second épisode rapporte suffisamment de pécune et de prébendes pour justifier le tournage d'un Poltergeist 3, réalisé par les soins de Gary Sherman en 1988.
Le triptyque formé par Poltergeist semble être inlassablement frappé par le sceau d'une malédiction hélas intarissable. Entre la sortie du premier volet et du troisième chapitre, plusieurs acteurs sont décédés, parfois dans des circonstances énigmatiques. Julian Beck et Will Sampson sont morts de graves problèmes de santé. L'actrice Dominique Dunne a carrément été assassinée (par étranglement) par son petit ami de l'époque. Hélas, la trajectoire funeste va derechef obliquer dans une direction mortifère via la disparition tragique d'Heather O'Rourke, qui incarne la jeune Carol-Anne à l'écran.
Déjà en 1987, lors du tournage de Poltergeist 3, les médecins lui diagnostiquent la maladie de Crohn. Lors de la post-production du film, l'état de la comédienne montre de sérieux signes de fébrilité. La jeune actrice, alors à peine âgée de 12 ans, n'y survivra pas et exhalera son dernier soupir (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Poltergeist_3).
En dépit de tous ces impondérables qui contribuent, bon gré mal gré, à façonner la malédiction de la trilogie, Poltergeist 3 se soldera par un bide commercial. En sus, la trilogie perd malencontreusement sa figure de proue (si j'ose dire...) en la personne d'Heather O'Rourke. Hormis la comédienne, la distribution de Poltergeist 3 se compose de Nancy Allen, Tom Skerritt, Zelda Rubinstein, Lara Flynn Boyle et Nathan Davis. Attention, SPOILERS ! (2) Carol-Anne vit désormais avec sa tante, son oncle et sa cousine dans un building huppé de Chicago. Mais le prêcheur Kane n’a pas oublié celle qui doit l’amener « vers la lumière » dans le monde des esprits.
Profitant autant des erreurs d’un médecin convaincu à démontrer que Carol-Anne ment sur ses expériences que de l’omniprésence de miroirs dans cet immeuble résolument design, Kane va une nouvelle fois tenter de s’emparer de Carol-Anne (2).
Pour mémoire, Poltergeist 2 avait déjà montré de sérieux signes d'apathie généralisée. De facto, on était légitimement en droit de s'interroger sur l'utilité de poursuivre les inimitiés parapsychologiques via un troisième volet. Steven Spielberg et Tobe Hooper ont quitté le navire précipitamment depuis le premier chapitre. Les producteurs avides et mercantiles ont confié la trilogie aux mains frileuses de réalisateurs peu chevronnés et surtout peu exigeants en termes de qualités cinéphiliques. Et ce n'est pas Gary Sherman qui risque d'ériger la trilogie vers cette quintessence de naguère.
Avec Poltergeist 3, changement de programme. Plus question de confiner une famille dans une maison hantée. Cette fois-ci, les animosités se déroulent dans un gratte-ciel et donc dans notre technologie exsangue et contemporaine.
En raison du départ précipité de la quasi-totalité de son casting, l'héroïne Carol-Anne est privée de ses propres géniteurs. Toutefois, la jeune gamine mène une vie paisible et heureuse avec son oncle et sa tante... Pas pour longtemps ! En raison des événements précédemment mentionnés, Carol-Anne doit essuyer les sarcasmes et les quolibets de ses camarades de classe. Pis, la jeune éphèbe attise bientôt les suspicions de sa propre tante. Le révérend Kane est de retour, pour le plus grand désarroi de Carol-Anne et de sa nouvelle famille... et nous avec !
Pour le spectateur avisé, prière de ne pas céder à la tentation du sommeil ! Sur la forme, Poltergeist 3 s'apparente à un hypnotique sévère et il conviendra, pour notre audimat courroucé, d'oublier les performances visuelles du premier film.
A l'instar de Poltergeist 2, les absences concomitantes de "Spielby" et de Tobe Hooper se font furieusement sentir au profit d'une production atone et aseptisée. A défaut de recourir à l'avalanche d'effets spéciaux et visuels joliment surannés, Gary Sherman opte pour cette dynamique de réverbération mentale. Ainsi, le Révérend Kane agit toujours sournoisement par le biais de miroirs habilement disposés à travers les murs et les coursives d'un gratte-ciel. On se demande encore comment Nancy Allen et Tom Skerritt ont pu accepter de se fourvoyer dans une telle galère.
Cette fois-ci, personne ne fait illusion, pas même Zelda Rubinstein, pourtant toujours affublée de ses pouvoirs médiumniques. Quant à l'interdiction aux moins de 16 ans, difficile de comprendre une telle réprobation... tant ce troisième chapitre, en mode "neurasthénie sévère, suinte la vacuité abyssale. Pas un navet, mais on s'en rapproche tout de même allègrement. Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout...
Note :06.5/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis de l'épisode La Petite Fille Perdue (La Quatrième Dimension, saison 3, épisode 26) sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Saison_3_de_La_Quatri%C3%A8me_Dimension#.C3.89pisode_26_:_La_Petite_Fille_perdue
(2) Synopsis de Poltergeist 3 sur : http://tortillapolis.com/critique-film-poltergeist-3-gary-sherman-1988/
PLANÈTE INTERDITE - les OVNI du cinéma (Présentation du film)
La Planète des Vampires (Confrontation avec la peur)
Genre : horreur, épouvante, science-fiction (interdit aux - 16 ans au moment de sa sortie, film classé tout public aujourd'hui)
Année : 1965
Durée : 1h26
Synopsis :Les vaisseaux spatiaux Argos et Galliot s’approchent d’une planète inconnue dont provient un mystérieux signal. Soudain, l’Argos est pris dans une force d’attraction magnétique faisant perdre connaissance à tous les membres de l’équipage, à l’exception du commandant Mark qui parvient à effectuer les manœuvres nécessaires à l’atterrissage. Après que le vaisseau ait touché le sol, Mark a cependant la surprise de voir ses compagnons saisis par une rage homicide, dont ils n’ont plus aucun souvenir une fois qu’ils sont revenus à leurs esprits. L’atmosphère extérieure s’avérant respirable, les astronautes se mettent en route pour rejoindre le Galliot qui s’est posé non loin, mais en arrivant, ils constatent que tous les membres de l’équipage se sont entretués. Les deux vaisseaux étant hors d’usage, les survivants se retrouvent donc coincés sur cette étrange planète, désormais convaincus qu’il s’y tapit une force invisible vouée à les mener à leur perte…
La critique :
A la fois réalisateur, directeur de la photographie et scénariste émérite, le nom de Mario Bava rime invariablement avec le cinéma d'épouvante. Il est souvent considéré comme le maître du fantastique transalpin et comme l'un des pionniers du giallo, un genre en vogue entre les décennies 1970 et 1980. La carrière cinématographique de Mario Bava démarre vers le milieu des années 1940, mais pour le cinéaste italien, il faudra faire preuve de longanimité et patienter jusqu'au milieu des années 1950 pour connaître son tout premier succès commercial sur ses propres terres, avec Les Vampires, un long-métrage qu'il coréalise avec Riccardo Freda en 1956.
Mario Bava connaît peu ou prou la même mésaventure avec le film suivant, Caltiki - Le Monstre Immortel, toujours signé et produit avec la componction de Riccardo Freda en 1959.
C'est vraiment à partir de l'orée des années 1960 que Mario Bava va affiner et affirmer son affection pour les ambiances putrides avec Le Masque du Démon (1960). Le metteur en scène transalpin enchaîne alors avec plusieurs classiques notables et notoires qui vont même parvenir à s'expatrier à l'étranger. Les thuriféraires de Mario Bava citeront aisément des films tels que Les Mille et une Nuits (1961), Hercule contre les Vampires (1961), Les trois visages de la peur (1963), Le Corps et le Fouet (1963), Six femmes pour l'assassin (1964), Opération Peur (1966), L'île de l'épouvante (1970), Une hache pour la lune de miel (1970), La Baie Sanglante (1971), Baron Vampire (1972), La maison de l'exorcisme (1973), ou encore Les Démons de la Nuit (1977).
A tort, on caricature souvent Mario Bava à un honnête artisan du cinéma bis. Or, le cinéaste peut s'enhardir d'une filmographie de prestige.
En outre, le metteur en scène est non seulement prolifique, mais également éclectique. Le giallo, le fantastique et l'horreur ne sont pas seulement ses principaux leitmotivs puisque Mario Bava lutinera et s'acoquinera aussi avec le péplum et le genre policier. En l'occurrence, La Planète des Vampires, réalisé en 1965, apparaît donc comme une oeuvre mineure dans les travaux de Mario Bava... Tout du moins, en apparence. Selon le propre aveu de Ridley Scott, deux longs-métrages vont largement influencer le scénario d'Alien : le huitième passager en 1979.
Ces deux films se nomment It ! The Terror From Beyond Space (Edward L. Cahn, 1958) et bien sûr La Planète des Vampires, soit Terrore nello spazio dans la langue ritale ! Petite piqûre de rappel pour les néophytes.
Le film d'Edward L. Cahn narrait les pérégrinations d'un groupe de cosmonautes dépêchés sur la planète Mars. Alors qu'ils repartent en direction de la Terre, ils doivent affronter une menace indicible qui se tapit sournoisement dans les coursives de leur vaisseau spatial. Si ce synopsis particulièrement succinct vous rappelle l'exégèse d'Alien : le huitième passager, c'est tout à fait normal puisque Ridley Scott s'appropriera, en partie, le scénario de It ! The Terror From Beyond Space. En revanche, pour l'ambiance méphitique et anxiogène, le cinéaste américain s'inspirera davantage du climat mortifère généré par La Planète des Vampires.
A l'instar de It ! The Terror From Beyond Space, il fait partie de ces tous premiers films de genre à imbriquer l'horreur à la science-fiction, et vice versa.
Si encore aujourd'hui, La Planète des Vampires reste tapie dans la pénombre et dans les affres de l'anonymat, il n'en demeure pas moins une oeuvre proéminente pour plusieurs générations de cinéastes. Ridley Scott n'est pas le seul à plébisciter La Planète des Vampires. Nicolas Winding Refn cite régulièrement le métrage de Mario Bava parmi ses films de science-fiction et d'horreur favoris. Mais le long-métrage pâtira d'une mauvaise publicité au moment de sa sortie et écopera carrément d'une interdiction aux mineurs, ce qui équivaut à une interdiction aux moins de 16 ans.
Toutefois, n'ayez crainte... Le film est classé tout public aujourd'hui et ne mérite pas de telles réprobations. La Planète des Vampires est aussi l'adaptation d'une nouvelle, Una notte di 21 ore, de Renato Pestriniero. La distribution du film se compose de Barry Sullivan, Norma Bengell, Angel Aranda, Evi Marandi, Franco Andrei, Federico Boido et Stelio Candelli.
Attention, SPOILERS ! Les vaisseaux spatiaux Argos et Galliot s’approchent d’une planète inconnue dont provient un mystérieux signal. Soudain, l’Argos est pris dans une force d’attraction magnétique faisant perdre connaissance à tous les membres de l’équipage, à l’exception du commandant Mark qui parvient à effectuer les manœuvres nécessaires à l’atterrissage. Après que le vaisseau ait touché le sol, Mark a cependant la surprise de voir ses compagnons saisis par une rage homicide, dont ils n’ont plus aucun souvenir une fois qu’ils sont revenus à leurs esprits.
L’atmosphère extérieure s’avérant respirable, les astronautes se mettent en route pour rejoindre le Galliot qui s’est posé non loin, mais en arrivant, ils constatent que tous les membres de l’équipage se sont entretués.
Les deux vaisseaux étant hors d’usage, les survivants se retrouvent donc coincés sur cette étrange planète, désormais convaincus qu’il s’y tapit une force invisible vouée à les mener à leur perte… Autant l'annoncer de suite. La Planète des Vampires se segmente en deux parties bien distinctes. La première, la moins passionnante par ailleurs, se polarise sur le périple spatial de notre petit équipage. Durant cette section lénifiante et fastidieuse, La Planète des Vampires s'apparente à un petit film de science-fiction sans envergure et de facture conventionnelle.
En revanche, lorsque nos astronautes débarquent sur une planète à priori esseulée, le film arbore de nouvelles aspérités narratives. Difficile de ne pas songer à Planète Interdite (Fred M. Wilcox, 1956) via cette impression de morcellement qui tuméfie un paysage mortuaire, digne des limbes de l'enfer.
Un gros effort a donc été déployé au niveau des effets spéciaux et visuels, absolument bluffants pour l'époque. On comprend mieux pourquoi Ridley Scott cite La Planète des Vampires comme principal bréviaire référentiel. Parcimonieux, Mario Bava opte pour ce sentiment de folie et de paranoïa qui s'empare de la psyché de chaque protagoniste. Ainsi, chaque membre de l'équipage disparaît sans sourciller, mais réapparaît quelques instants après avec tout un autre visage, celui d'un démon qui se nourrit des fêlures de notre esprit primitif et archaïque.
Notre intelligence reptilienne se doit de ciller sous la seule force de l'hypnose ou d'une autre source d'énergie à caractère ineffable. A l'instar de Fred Wilcox avec Planète Interdite, Mario Bava avait déjà compris et cerné toutes les rugosités d'un univers épars et recelant de secrets insondables.
A travers La Planète des Vampires, Mario Bava réalise la parfaite antithèse de Le Voyage dans la Lune (Georges Méliès, 1902) via un agrégat de paysages cauchemardesques, de brumes elles aussi titanesques et l'apparition de morts-vivants claudicants. Néanmoins, le film de Mario Bava n'est pas exempt de tout reproche. A juste titre, les contempteurs pourront pester et clabauder après une interprétation indigente, ce qui est hélas fortement préjudiciable à la qualité du film. Flanqué de comédiens médiocres, La Planète des Vampires souffre inévitablement de la comparaison avec d'autres classiques proverbiaux. On en revient toujours et encore àAlien : le huitième passager...
Cependant, La Planète des Vampires mérite largement qu'on s'y attarde, ne serait-ce que pour ses thématiques sagaces, ses innovations techniques et son atmosphère "délicieusement" putrescente. Comprenez bien : si l'interprétation n'était pas aussi apathique, la note finale aurait aisément plafonnéà deux, voire trois points supplémentaires...
Note :15/20
Alice In Oliver
Jusqu'à la Garde (Schismogenèse complémentaire)
Genre : drame, thriller
Année : 2017
Durée : 1h34
Synopsis :Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive.
La critique :
Il faut se rendre sur le site SensCritique et en particulier sur le lien suivant : https://www.senscritique.com/liste/Tous_les_sous_genres_du_DRAME_Familial/1855557 pour déceler la liste foisonnante et exhaustive (64 films tout de même !) des drames relatant des conflits parentaux et/ou familiaux ; une systémique dont le cinéma dramaturgique s'est accaparé depuis plusieurs décennies, mais qui s'est encore accentué avec la mort du Patriarcat et l'avènement du consumérisme depuis l'orée des années 1970.
Les thuriféraires de ce registre cinématographique ne manqueront pas de notifier des longs-métrages tels que Festen (Tomas Vinterberg, 1998), Virgin Suicides (Sofia Coppola, 1999), Mommy (Xavier Dolan, 2014), Little Miss Sunshine (Jonathan Dayton et Valerie Faris, 2006), Le premier jour du reste de ta vie (Rémy Bezançon, 2008), ou encore C.R.A.Z.Y. (Jean-Marc Vallée, 2005) parmi les références pléthoriques et éventuellement notoires.
Parfois, le drame familial se pare d'une certaine truculence. Impression corroborée par des comédies dramatiques telles que Juno (Jason Reitman, 2007), La Famille Bélier (Eric Lartigau, 2014), Mon père ce héros (Gérard Lauzier, 1991), ou encore par le diptyque formé par La Gloire de Mon Père et Le Château de ma Mère (Yves Robert, 1990). Indubitablement, Jusqu'à la Garde, réalisé par les soins de Xavier Legrand en 2017, relève à la fois de la tragédie maritale et familiale et n'est pas sans évoquer, par certaines accointances, les thématiques déjà déployées par Kramer contre Kramer (Robert Benton, 1980) en son temps. Or, depuis le film de Robert Benton, les dynamiques matrimoniales ont encore évolué pour se transmuer en divorces de masse.
Toutefois, Jusqu'à la Garde n'a pas vraiment pour velléité d'aborder cette thématique sociologique.
Par certaines assonances, le film n'est pas sans évoquer le cinéma d'Ingmar Bergman avec Scènes de la vie conjugale (1974). Corrélativement, cela fait aussi plusieurs années que certains contempteurs crient à l'agonie, voire à la dernière absoute, d'un cinéma français à la dérive et engoncé dans des comédies subalternes. Attention à ne pas minorer cette nouvelle vague représentée à la fois par des artistes tels que Julia Ducournau (Grave en 2016) et bien sûr Xavier Legrand, des cinéastes émérites qui viennent apporter leur pierre soyeuse à l'édifice !
Xavier Legrand a démarré sa carrière cinématographique en tant que comédien et s'est à la fois illustréà la télévision et au cinéma. En tant que comédien, on a pu notifier sa présence dans Les Amants Réguliers (Philippe Garrel, 2005), Les Mains Libres (Brigitte Sy, 2010), Camus (Laurent Jaoui, 2010), ou encore Tiger Lily, 4 femmes dans la vie (Benoît Cohen, 2012).
En 2012, Xavier Legrand signe son tout premier court-métrage, Avant que de tout perdre, qui s'arroge de nombreuses récompenses, entre autres le César du meilleur court-métrage deux ans plus tard. Pour Xavier Legrand, il faudra faire preuve de longanimité et patienter encore quelques années avant de réaliser son tout premier long-métrage. Ce sera Jusqu'à la Garde. Certes, le film ne bénéficie pas d'une grande exploitation ni d'une large diffusion dans nos salles obscures, dépassant péniblement les 350 000 entrées (373 768 entrées pour être précis, merci Wikipédia !).
Que soit. Le film est unanimement plébiscité par une presse dithyrambique qui auréole Xavier Legrand de flagorneries. En sus, Jusqu'à la Garde s'octroie le Lion d'argent de la meilleure mise en scène, le prix du Jury lors du festival international du film de Saint-Jean-De-Luz, ainsi que le prix du public lors du Festival Premiers Plans d'Angers (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jusqu%27à_la_garde).
Reste à savoir si le long-métrage mérite de telles idolâtries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Léa Drucker, Denis Ménochet, Thomas Gioria, Mathilde Auneveux, Mathieu Saïkaly et Florence Janas. Attention, SPOILERS ! (1) Miriam Besson et Antoine Besson ont un fils de onze ans, Julien. Le couple est en plein divorce. La mère veut protéger son fils et l’éloigner de son père qu’elle accuse de commettre des actes de violence sur leur enfant. Elle demande donc, lors du jugement, la garde exclusive de l’enfant d’autant plus que le fils ne veut plus revoir son père. Malgré les arguments de Miriam et une lettre de Julien, la juge en charge du dossier accorde une garde partagée et contraint l’enfant à passer un week-end sur deux avec son père.
Otage pris en tenaille entre une mère qui l’oblige à mentir et un père qui se sert de lui pour se rapprocher de son ex-femme et dont le comportement est des plus inquiétants, Julien va alors tout mettre en œuvre pour éviter que le pire n'arrive (1).
Vous l'avez donc compris. A l'aune de cette exégèse, Jusqu'à la Garde apparaît comme une dramaturgie à la fois systémique et amphigourique qui mérite une analyse sourcilleuse et précautionneuse. Sur le blog Ciné Borat, l'auteur avait raison de stipuler une oeuvre protéiforme qui oscille, in fine, entre le drame familial, le thriller, le huis clos (dans ses dernières minutes) et l'horreur du quotidien (Source : http://nicoc.canalblog.com/archives/2018/08/31/36648805.html).En vérité, Jusqu'à la Garde se pare d'une introspection sur cette schismogenèse complémentaire qui façonne les dynamiques familiales et conjugales. Ce principe de la schismogenèse complémentaire est notamment utilisé en systémique familiale pour mieux cerner et comprendre la spirale infernale de la violence conjugale. Vétilleux, Xavier Legrand se garde bien de juger ses deux principaux protagonistes et convie le spectateur à devenir le témoin d'une situation toxique et à priori inextricable.
Ainsi, Jusqu'à la Garde fonctionne, dans sa première partie, comme un documentaire qui scrute et analyse les fabulations d'un patriarche privé en partie de ses enfants lors d'une procédure de divorce. Le temps d'un film (soit une heure et 35 minutes de bobine environ), le couple Besson se dissout et devient, le temps de quelques semaines voire de plusieurs mois, le théâtre violent et réactif de règlements de compte entre un ex-époux qui s'estime lésé et une femme que l'on imagine violentée par le passé. Mais la violence conjugale revêt plusieurs formes et démontre derechef son hétéroclisme.
Plus que l'histrionisme et la théâtralisation excessive, la violence conjugale se manifeste aussi par le harcèlement, les non-dits, les silences, les tabous, les regards furtifs et craintifs, ainsi que ses relations non verbales qui se nouent ou se dénouent entre les divers protagonistes.
Dès lors, Xavier Legrand signe un drame étrangement opaque. Paradoxalement, c'est cette même opacité qui confère à cette tragédie familiale cette horreur mortifère qui peut tarabuster, à tout moment, un quotidien à fortiori monotone. Indiscutablement, la figure paternelle, incarnée par Denis Ménochet, taraude longtemps après le visionnage du film. En mode hébéphrénique, l'acteur peut se parer d'une certaine bonhommie pour ensuite se transfigurer en démon agresseur. A moins que ce dernier ne soit la figure symbolique d'un patriarche délesté de ses droits et qui fulmine en catimini retrouvant, le temps d'un divorce, ses réflexes archaïques de transgresseur et de prédateur.
On sait aujourd'hui que la violence conjugale ne se résume et ne se caricature pas au syndrome de Stockholm, ainsi qu'au schéma réducteur du bourreau et de son emprise sur la victime, thèse soutenue par le film... et les médias... Encore une fois, un tel long-métrage interroge et requiert une analyse sourcilleuse. De facto, je tiens donc à m'excuser humblement pour la frugalité de cette chronique. Pas de note non plus en conséquence...
Note :?
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jusqu%27à_la_garde
E.T. L'Extra-Terrestre (Rencontres du troisième type, seconde partie)
Genre : science-fiction, fantastique
Année : 1982
Durée : 2 heures
Synopsis :Une soucoupe volante atterrit en pleine nuit près de Los Angeles. Quelques extraterrestres, envoyés sur Terre en mission d'exploration botanique, sortent de l'engin, mais un des leurs s'aventure au-delà de la clairière où se trouve la navette. Celui-ci se dirige alors vers la ville. C'est sa première découverte de la civilisation humaine. Bientôt traquée par des militaires et abandonnée par les siens, cette petite créature apeurée se nommant E.T. se réfugie dans une résidence de banlieue. Elliot, un garçon de dix ans, le découvre et lui construit un abri dans son armoire. Rapprochés par un échange télépathique, les deux êtres ne tardent pas à devenir amis. Aidé par sa soeur Gertie et son frère aîné Michael, Elliot va alors tenter de garder la présence d'E.T. secrète.
La critique :
Inutile de procéder à l'exégèse de la carrière cinématographique de Steven Spielberg. Toutefois, rappelons que le réalisateur, scénariste et producteur américain a toujours affirmé sa dilection pour les objets volants non identifiés (OVNI), et en particulier pour les petits hommes verts. Après la sortie de Les Dents de la Mer (1975) qui n'a rien à voir avec les aliens et qui signe surtout le tout premier grand succès commercial de "Spielby", le cinéaste décide de se tourner vers des productions un peu plus féériques, truculentes et enfantines. Impression corroborée par les sorties de 1941 (1980) qui essuie une rebuffade au box-office américain et Les Aventuriers de l'Arche Perdue (1981).
Mais c'est surtout la sortie de Rencontres du Troisième Type (1977) qui marque une rupture fatidique et rédhibitoire dans la filmographie de Steven Spielberg.
Le film sort dans un contexte de bouleversement sociologique, idéologique et sociétal dans le petit monde occidental. Alors que l'Amérique de l'Oncle Sam doit se colleter successivement avec le scandale du Watergate, puis le conflit (voire le bourbier...) de la guerre du Vietnam, Spielberg prône des jours plus cléments pour les Etats-Unis, via une production science-fictionnelle et résolument pacifiste. Mieux, nos chers visiteurs communiquent essentiellement via des ondes sonores et musicales. En outre, Steven Spielberg va réitérer ces dynamiques magnanimes, affables et bienveillantes avec E.T. l'Extra-Terrestre, sorti en 1982. On peut donc voir le film comme la suite logique et intrinsèque de Rencontres du Troisième Type, même si le film se pare de nouvelles assonances pour l'occasion.
D'ailleurs, le projet de réaliser E.T. L'Extra-Terrestre démarre pendant le tournage de Rencontres du Troisième Type.
Amène, François Truffaut exhorte son ami de longue date à réaliser un film d'extraterrestre dont les enfants seraient les héros proéminents (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/E.T._l%27extra-terrestre). La requête de François Truffaut est évidemment ouïe par Spielberg qui s'attelle aussitôt à l'écriture du script. Pour l'anecdote, le scénario de E.T. L'Extra-Terrestre a des velléités autobiographiques. Ne supportant la séparation puis le divorce de ses parents, Steven Spielberg s'invente un ami imaginaire et provenant d'une exoplanète. Le long-métrage se doit donc d'édifier et de flagorner les thématiques de l'enfance et de l'innocence. A contrario, Steven Spielberg oblique vers une autre direction et souhaite une production un peu moins guillerette.
Ainsi, le metteur en scène et scénariste prévoit l'arrivée inopinée d'aliens venant terroriser la population d'une petite communauté.
Heureusement, "Spielby" se ravise et opte, in fine, pour le blockbuster enjoué et doucereux. Que soit. Le cinéaste orfèvre reprendra ce didactisme belliqueux avec le remake éponyme de La Guerre des Mondes en 2005. Au moment de sa sortie, E.T. L'Extra-Terrestre devient la nouvelle égérie du box-office américain. Le succès est même international. Le film assoit définitivement la notoriété et l'avènement du metteur en scène sur le cinéma hollywoodien. Le film s'arroge également moult récompenses, notamment plusieurs Oscars (meilleure musique originale pour John Williams, meilleur mixage, meilleur son et meilleurs maquillages, entre autres).
Mieux, le métrage s'inscrit durablement dans la culture populaire américaine et va influencer de nombreux épigones, eux aussi à caractère pacifiste.
Une parodie, Mac et Moi (Stewart Raffill, 1988), sera même produite quelques années plus tard et fera les beaux jours du site Nanarland. En un sens, on peut percevoir E.T. l'Extra-Terrestre comme cet intercesseur qui vient annoncer les premières prémisses de la fin de la Guerre Froide. Vous l'avez donc compris. En l'espace de trois décennies (36 ans maintenant...), E.T. l'Extra-Terrestre s'est octroyé le statut de film culte, voire même de classique du cinéma science-fictionnel. Reste à savoir si le long-métrage mérite (ou non) de telles flagorneries.
Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose d'Henry Thomas, Dee Wallace, Drew Barrymore, Peter Coyote, Pat Welsh, Robert MacNaughton, C. Thomas Howell et Erika Eleniak.
Attention, SPOILERS ! Une soucoupe volante atterrit en pleine nuit près de Los Angeles. Quelques extraterrestres, envoyés sur Terre en mission d'exploration botanique, sortent de l'engin, mais un des leurs s'aventure au-delà de la clairière où se trouve la navette. Celui-ci se dirige alors vers la ville. C'est sa première découverte de la civilisation humaine. Bientôt traquée par des militaires et abandonnée par les siens, cette petite créature apeurée se nommant E.T. se réfugie dans une résidence de banlieue. Elliot, un garçon de dix ans, le découvre et lui construit un abri dans son armoire. Rapprochés par un échange télépathique, les deux êtres ne tardent pas à devenir amis.
Aidé par sa soeur Gertie et son frère aîné Michael, Elliot va alors tenter de garder la présence d'E.T. secrète. Certes, à juste titre, E.T. L'Extra-Terrestre est souvent perçu comme la filiation logique et inhérente au cinéma de George Lucas, d'autant plus que le film sort dans la foulée de La Guerre des Etoiles (George Lucas, 1977) et de L'Empire Contre-Attaque (Irvin Kershner, 1981).
E.T. L'Extra-Terrestre se pare évidemment de nombreuses allusions au cinéma de Lucas, à savoir un cinéma protéiforme qui encense et flagorne celui de Georges Méliès en son temps avec Le Voyage dans la Lune (1902). Plus qu'un blockbuster, E.T. L'Extra-Terrestre se pare d'un véritable bréviaire au cinéma adoubé, déifié et adulé par Georges Méliès lors des premiers balbutiements du noble Septième Art. Par affection pour cet auguste démiurge, Steven Spielberg surnomme parfois son visiteur "d'homme de la lune". Par déférence, nous ne vous ferons pas l'offense d'ânonner et de ratiociner sur cette fameuse saynète entraînant Elliot et son nouvel acolyte roulant en bicyclette sous les "feux follets" des étoiles, et en particulier de l'astre sélénite.
Encore une fois, l'hommage à Méliès est prégnant, voire évident.
Là oùRencontres du Troisième Type jouait davantage avec nos nerfs et avec certaines lois amphigouriques de la physique, E.T. L'Extra-Terrestre se montre beaucoup moins métaphysique dans ses rhétoriques. Le film s'adresse, de facto, au jeune public et vise essentiellement un audimat compris en 3 et 83 ans (je viens d'inventer la tranche d'âge...). Ce divertissement émérite se nimbe également d'une introspection sur nos illusions et nos peurs enfantines. Le spectateur avisé remarquera l'absence du père, ainsi que le désarroi de la matriarche dans la famille d'Elliot.
Chez Spielberg, les fêlures familiales et parentales sont toujours en rémanence et en réminiscence. L'arrivée impromptue de la créature dolichocéphale réveille les passions dans une famille jusqu'ici amorphe. Mais bientôt, ses pouvoirs de thaumaturge provoquent chez Elliot et ses ouailles une affection infrangible.
Pour Spielberg, le problème tient toujours et essentiellement dans le prisme de la communication. Pas seulement entre l'extraterrestre et le monde humain, mais entre les Terriens eux-mêmes. Même nos chers visiteurs ont toutes les peines du monde à retrouver leurs fidèles subordonnés. "Téléphone... Maison..." claironne en boucle notre créature au cou longiligne. Nonobstant certaines apparences sémillantes et enfantines, E.T. L'Extra-Terrestre n'est pas aussi jovial qu'il n'y paraît. Lorsque l'alien est subrepticement atteint de sénescence, le film devient plus âpre et dévoile le visage mercantile d'une oligarchie militaire et scientifique. Vous l'avez donc compris.
E.T. L'Extra-Terrestre représente à la fois la quintessence du blockbuster et du divertissement intelligent comme Hollywood savait en réaliser à la pelle durant les années 1980. Personnellement, je préfère amplement la facette plus sombre de Spielberg ; question de goût et de couleur, argueraient benoîtement les contempteurs... Bien des années plus tard, Steven Spielberg changera sa vision du ciel pour adopter un regard belliciste suite aux attentats terroristes du 11 septembre 2001.
Note :16/20
Alice In Oliver
Hurlements (La marque du loup-garou)
Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 1981
Durée : 1h31
Synopsis :Une série de meurtres effroyables terrorise la population de Los Angeles. Une jeune journaliste de télévision mène sa propre enquête.
La critique :
Comme nous l'avions déjà indiqué lors de la chronique de Le Loup-Garou de Londres (John Landis, 1981), il faut se rendre sur le site SensCritique, et en particulier sur le lien suivant : https://www.senscritique.com/liste/Loup_Garou/139330, pour trouver la liste foisonnante et exhaustive des films de loup-garou. A travers ce classement abondant, les thuriféraires de ce registre fantastique et horrifique ne manqueront pas de notifier certains classiques incontournables, entre autres La Nuit du Loup-Garou (Terence Fisher, 1961), La fille du loup-garou (Henry Levin, 1944), La malédiction du loup-garou (Nathan Juran, 1973), la tétralogie Underworld, ou encore la franchise Twilight qui mélange carrément vampirisme et lycanthropie sentimentale.
Corrélativement, les laudateurs n'omettront pas de stipuler Hurlements, réalisé par les soins de Joe Dante en 1981, parmi ce bréviaire référentiel.
On oublie souvent de le dire et de le notifier. Mais avant de devenir le producteur, le cinéaste, le monteur et le scénariste émérite que l'on connaît, Joe Dante fut le jeune disciple de Roger Corman, le pape du cinéma bis. Durant les années 1970, Joe Dante est donc formé par le studio New World Pictures sous l'aval et la prodigalité de Roger Corman. Sous les précieuses instigations du producteur opportuniste, il signe ses tous premiers longs-métrages vers le milieu des années 1970, notamment The Movie Orgy (1975) avec la complicité de Jon Davison et Hollywood Boulevard (1976) avec la collaboration d'Allan Arkush. En l'occurrence, son premier succès commercial arrivera deux ans plus tard via le bien nommé Piranhas (1978), une série B en hommage à Roger Corman, son auguste mentor. Selon le propre aveu de Steven Spielberg, ce long-métrage horrifique est le seul à pouvoir rivaliser avec l'hégémonie imposée par Les Dents de la Mer, sorti en 1975.
A fortiori, tous les radars sont positifs et annoncent une carrière prolifique pour ce réalisateur talentueux. Après la sortie d'Hurlements, Joe Dante corroborera tous les espoirs placés en lui avec Gremlins (1984), son plus grand succès commercial. En outre, le metteur en scène ne réitérera plus une telle prouesse lucrative. Il enchaînera pourtant avec Explorers (1985), L'Aventure Intérieure (1987), Les Banlieusards (1989), Gremlins 2 : la nouvelle génération (1990), Panic sur Florida Beach (1993), Small Soldiers (1998), ou encore Burying the Ex (2014), son dernier film en date.
A l'instar d'autres réalisateurs du cinéma hollywoodien, Joe Dante est un cinéaste nostalgique qui affectionne tout particulièrement les vieilles pellicules du passé. Sur la forme, Hurlements est une sorte d'hommage aux films de la Hammer, notamment La Nuit du Loup-Garou (précédemment mentionné), ainsi qu'à certains classiques "lycanthropiques".
Par certaines accointances, Hurlements n'est pas sans rappeler la tonalité lugubre et méphitique de La Maison de Frankenstein (Erle C. Kenton, 1944) et de La Maison de Dracula (Erle C. Kenton, 1945). Par ailleurs, le public ne s'y trompera pas et plébiscitera le film d'épouvante de Joe Dante. Même les critiques et la presse se montrent unanimement panégyriques et louangent les prouesses visuelles du film, notamment en termes de maquillages et d'effets spéciaux. Sur ce dernier point, Hurlements s'arrogera plusieurs récompenses éminentes, entre autres le prix de la critique lors du festival international du film fantastique d'Avoriaz en 1981.
Aujourd'hui, Hurlements peut s'enorgueillir d'appartenir aux classiques de la lycanthropie au cinéma et fait donc office de film culte.
Succès pharaonique oblige, ce premier chapitre se transmutera en une franchise fastidieuse et interminable composée de huit longs-métrages (une octalogie). Reste à savoir si ce tout premier film de la série mérite de telles flagorneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Dee Wallace, Patrick MacNee, Dennis Dugan, Christopher Stone, Belinda Balaski, Kevin McCarthy, John Carradine, Slim Plickens et Dick Miller. A noter aussi l'apparition élusive de Roger Corman : qui s'en étonnera ? Mais ne nous égarons pas et revenons à l'exégèse du film !
Attention, SPOILERS ! (1) Los Angeles. Karen White est une journaliste qui se retrouve traquée par un tueur en série nommé Eddie Quist. En coopération avec la police, elle prend part à un piège pour capturer Eddie en acceptant de le rencontrer dans un cinéma porno.
Alors que Quist force la journaliste à regarder une vidéo de viol, il est tué par les forces de l'ordre. Karen est traumatisée et souffre d'amnésie. Son thérapeute, le docteur George Waggner, décide de l'envoyer avec son mari Bill dans un centre isoléà la campagne où ses patients prennent du repos, "La Colonie".L'endroit est rempli de personnes étranges, dont une nymphomane sensuelle nommée Marsha qui tente de séduire Bill. Ce dernier, résistant aux avances de la jeune femme, est bientôt attaqué et mordu par un loup-garou sur un chemin. Changé, Bill revient vers Marsha et accepte d'avoir une relation sexuelle avec elle. Durant leur étreinte, leurs corps se métamorphosent.
Bientôt, Karen est confrontée au secret du docteur Waggner : "La Colonie" est le repaire de loups-garous pouvant se métamorphoser à volonté sans pleine Lune... (1)
Certes, Hurlements doit en grande partie sa réputation d'oeuvre proéminente grâce à la componction de ses concepteurs, notamment Rob Bottin qui agence les effets spéciaux du film. A l'instar de Le Loup-Garou de Londresà la même époque, Hurlements peut s'enhardir de plusieurs saynètes de transformation majeures qui ne manqueront d'estourbir durablement les persistances rétiniennes. Toutefois, que ce soit sur la forme ou sur le fond, Hurlements se révèle largement supérieur au métrage putride et ténébreux de John Landis. Il serait particulièrement réducteur de résumer Hurlementsà un agrégat de références que le film cite néanmoins avec une certaine rectitude.
Tout le mérite provient d'un script perspicace qui renouvelle un genre souvent rébarbatif et se résumant, la plupart du temps, à une chasse aux lycanthropes et/ou à un homme affublé d'une terrible malédiction.
A l'époque, Hurlements se pare d'une allégorie sur les dérives sectaires qui s'emparent des phénomènes médiatiques. Ainsi, tout commence par une enquête sur un tueur en série tristement notoire. Mais les choses s'accélèrent lorsque Karen White est subrepticement éprise de pudibonderie, au grand dam de son époux, Bill, qui lutine et s'acoquine avec une belle sauvageonne. Cet adultère éphémère lui coûtera cher, condamnant le mari volage à se métamorphoser lui aussi en une créature carnassière. Ainsi, la tension monte crescendo jusqu'à une conclusion finale en apothéose.
Jusqu'ici, la transformation en lycanthrope était perçue comme une malédiction. Ici, elle correspond à l'avènement d'une oligarchie irréfragable et composée d'éminents personnages, qu'ils soient des policiers ou encore des édiles politiques. Hurlements signe également les rémanences et les réminiscences de cet instinct primitif. Alors que Bill est victime d'une nouvelle forme de métempsychose, le transformant en redoutable chasseur et prédateur, sa femme se claustre dans une pruderie expiatoire. Vous l'avez donc compris. Hurlements se nimbe d'une forte tension sexuelle via l'allitération de nos pulsions libidineuses. Seul petit bémol, pour le spectateur avisé, il faudra faire preuve de longanimité et patienter une petite heure avant que le film n'adopte son rythme de croisière.
Toutefois, rien de grave. On tient probablement ici le ou l'un des tous meilleurs films de genre. De surcroît, Hurlements n'a pas trop pâti de cette obsolescence, souvent inhérente aux productions estampillées "années 1980".
Note :16.5/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hurlements_(film)
Cockneys Vs Zombies (Série de braquages et de pérégrinations dans un Londres "zombifié")
Genre : horreur, comédie horrifique (interdit aux - 12 ans)
Année : 2012
Durée : 1h28
Synopsis :Deux frangins de l’East End londonien décident de braquer une banque afin de sauver de la destruction la maison de retraite de leur grand-père, et éviter ainsi que ses amis et lui ne soient envoyés loin de leur quartier chéri, qu’ils n’ont jamais quitté. Mais quand des promoteurs immobiliers véreux déterrent un caveau ancestral, les morts se réveillent et tout l’est de Londres se retrouve rapidement infesté de zombies. Réfugiée dans la maison de retraite, la petite équipe se retrouve en compagnie de vieux durs-à-cuire prêts à en découdre. Entre Cockneys et Zombies, l’affrontement s’annonce sanglant…
La critique :
Toujours la même ritournelle... Dans le petit monde étriqué des zombies décrépits, les productions tergiversent entre le discours idéologique et sociétal via une critique acerbe de nos réflexes hédonistes et consuméristes, la série Z gore et dégingandée ou la comédie truculente qui lutine parfois avec la noirceur et le nihilisme de la série télévisée The Walking Dead. La première catégorie est représentée par une bonne partie de la filmographie de George A. Romero, le célèbre démiurge de la trilogie des Morts (La Nuits des Morts-Vivants en 1968, Zombie en 1978 et Le Jour des Morts-Vivants en 1985). Pour Romero, les morts-vivants symbolisent à la fois la faillite et le déclin d'une société capitaliste, globalisée et ravagée par ses tropismes eudémonistes.
Impression corroborée par ses trois derniers films en date, Le Territoire des Morts (2005), Chronique des morts-vivants (2008) et Le Vestige des Morts-Vivants (2009).
Hélas, avant d'exhaler son dernier soupir en 2017 à l'âge de 77 ans, George A. Romero n'était plus ce réalisateur impudent de naguère. Mais le cinéaste iconoclaste peut partir et reposer en paix. Il laisse derrière lui une filmographie plutôt prestigieuse. Ses zombies claudicants et anthropophages ont inspiré de nombreux épigones, le premier et pas des moindres se nomme Shaun of The Dead (Edgar Wright, 2004). Cette production britannique est pensée, conçue et ratiocinée à la fois comme une parodie et un hommage au cinéma horrifique de Romero.
Toutefois, le film d'Edgar Wright partage peu d'accointances avec Zombie et ses nombreux succédanés. A travers les péripéties de Shaun et de ses fidèles acolytes, Edgar Wright semonce et vilipende un territoire britannique atone qui tente d'oublier son quotidien morose dans un bar contristé de la banlieue de Londres.
Son nom ? Le Winchester. Hâbleur, Edgar Wright réalise une comédie horrifique tonitruante qui estourbit durablement les persistances rétiniennes. Il n'en faut pas davantage pour inspirer et engendrer moult avatars du même acabit. Ainsi, des films tels que Black Sheep (Jonathan King, 2008), Bienvenue à Zombieland (Ruben Fleischer, 2009), Dead Snow (Tommy Wirkola, 2009), Doghouse (Jake West, 2009), Dead Heads (Brett et Drew Pierce, 2012), ou encore Fido (Andrew Currie, 2006) sont autant de tentatives, peu ou prou éloquentes, d'exhumer le genre "zombie" de son état d'apathie.
Vient également s'agréger Cockneys Vs Zombies, réalisé et coproduit par les soins de Matthias Hoene en 2012. Et devinez quoi ? Cockneys Vs Zombies s'auréole à son tour du monogramme de comédie horrifique britannique.
Le film de Matthias Hoene marche donc dans le sillage et le continuum de Shaun of The Dead. Cette série B espiègle pourra-t-elle détrôner la couronne hiératique du film d'Edgar Wright ? Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Mais comme nous l'avons déjà indiqué, de nombreuses productions, peu ou prou analogiques, ont tenté de faire ciller l'hégémonie de Shaun of the Dead. Une hérésie. Il faut se rendre sur le site IMDb et en particulier sur le lien suivant : https://www.imdb.com/name/nm2775497/ pour déceler quelques informations élusives sur Matthias Hoene.
A fortiori, Cockneys Vs Zombies constitue son tout premier long-métrage. Depuis la sortie de cette bisserie impécunieuse, Matthias Hoene s'est montré plutôt timoré puisqu'il a réalisé un autre film, The Warriors Gate (2016), ainsi qu'une vidéo, Rusty Pipes pour le groupe Eels.
Sinon, rien de plus. Pour le reste, Cockneys Vs Zombies n'a évidemment pas bénéficié d'une exploitation dans les salles dans nos contrées hexagonales. A l'instar de toutes ces séries B (séries Z...) désargentées, Cockneys Vs Zombies est donc condamnéàécumer les bacs à dvd et à disparaître subrepticement des écrans radars. A contrario, le long-métrage s'est distingué dans divers festivals et s'est octroyé"le prix du public au Toronto After Dark Film Festival ainsi qu'au festival de cinéma fantastique et d'horreur de San Sebastian" (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cockneys_vs_Zombies).
Sur la Toile et les réseaux sociaux, Cockneys Vs Zombies s'est arrogé des torrents de flagorneries de la part des thuriféraires de pitreries "zombiesques". Reste à savoir (encore une fois...) si Cockneys Vs Zombies mérite de telles courtisaneries...
La distribution du film ne réunit aucune vedette proverbiale, à moins que vous connaissiez les noms d'Harry Treadaway, Rasmus Hardiker, Michelle Ryan, Alan Ford, Georgia King, Ashley Thomas, Jack Doolan et Tony Gardner ; mais j'en doute... Attention, SPOILERS ! Deux frangins de l’East End londonien décident de braquer une banque afin de sauver de la destruction la maison de retraite de leur grand-père, et éviter ainsi que ses amis et lui ne soient envoyés loin de leur quartier chéri, qu’ils n’ont jamais quitté. Mais quand des promoteurs immobiliers véreux déterrent un caveau ancestral, les morts se réveillent et tout l’est de Londres se retrouve rapidement infesté de zombies.
Réfugiée dans la maison de retraite, la petite équipe se retrouve en compagnie de vieux durs-à-cuire prêts à en découdre.
Entre Cockneys et Zombies, l’affrontement s’annonce sanglant… A l'aune de cette exégèse, difficile de ne pas ressentir la moindre empathie pour cette production humble et avenante qui n'a aucune prétention, même pas celle (finalement...) de contrarier l'omnipotence de Shaun of the Dead dans la catégorie des comédies "zombiesques", un genre toujours en expansion... dans l'univers corseté des cadavres putrescents... En l'occurrence, il faudrait davantage évoquer une comédie sénescente. A travers les braquages, les tribulations et les pérégrinations d'Andy et de sa bande, Matthias Hoene nous propose une petite introspection sur le troisième âge et leur sentiment de solitude, voire de résipiscence, dans une société soudainement atomisée, atrophiée et surtout envahie par des morts-vivants carnassiers.
Matthias Hoene a le mérite d'étayer ses divers protagonistes, même si certains n'échappent pas aux stéréotypes habituels.
Indubitablement, le cinéaste noviciat mise sur les séquences d'action et se montre plutôt magnanime en termes de gore, de viscères et de tripailles. Roublard, le metteur en scène britannique nous offre, avec beaucoup de mansuétude, une multitude de saynètes pittoresques qui devraient ravir les laudateurs du genre. Toutefois, nonobstant certaines apparences et son immense philanthropie, Cockneys Vs Zombies n'en demeure pas moins assez redondant, voire rébarbatif sur sa durée élusive (même pas une heure et demie de bobine). En sus, le scénario reste beaucoup trop stéréotypé et conventionnel pour susciter entièrement l'adhésion.
C'est à peine si on ne devine pas dans quel ordre certains protagonistes vont être décimés, voire tortorés par des zombies évidemment affamés. In fine, en dépit de certains débordements gore, le film se montre curieusement policé. Ainsi, Matthias Hoene élude de massacrer ses personnages les plus proéminents. Même notre public du troisième âge s'en sortira indemne. Mieux, le prologue final se conclut dans la bonhommie et sous les risettes circonstanciées. On croit fabuler...
Mais ne soyons pas trop vachard. Pour une production de cet acabit, Cockneys Vs Zombies remplit largement son office. Par pure miséricorde, nous lui accorderons donc une mention "assez bien", ni plus ni moins.
Note :12.5/20
Alice In Oliver
Quart d'Heure Insolite : la physique du film « Interstellar »
Il y a quelques temps, le blog Cinéma Choc vous avait déjà proposé une vidéo sur le film Interstellar (Christopher Nolan, 2014). Aujourd'hui, le site vous propose une nouvelle vidéo insolite sur ce chef d'oeuvre de la science-fiction, intitulée "Quart d'Heure Insolite : la physique du film «Interstellar», et disponible sur le lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=EBScRTFDVDw
Il s'agit d'une "mini-conférence donnée le 15 décembre 2014 à la bibliothèque universitaire du Bourget-du-Lac, à l'université Savoie Mont Blanc, par Richard Taillet, enseignant-chercheur en physique".
Room - 2015 (Chambre "platonicienne")
Genre : drame
Année : 2015
Durée : 1h58
Synopsis :Jack, 5 ans, vit seul avec sa mère, Ma. Elle lui apprend à jouer, à rire et à comprendre le monde qui l’entoure. Un monde qui commence et s’arrête aux murs de leur chambre, où ils sont retenus prisonniers, le seul endroit que Jack n'ait jamais connu. L’amour de Ma pour Jack la pousse à tout risquer pour offrir à son fils une chance de s’échapper et de découvrir l’extérieur, une aventure à laquelle il n’était pas préparé.
La critique :
Il faut se rendre sur le site SensCritique et en particulier sur le lien suivant : https://www.cinetrafic.fr/liste-film/4684/1/la-violence-conjugale pour déceler la liste foisonnante et exhaustive (79 films tout de même) des oeuvres traitant de la violence conjugale et/ou familiale au cinéma. Encore récemment, c'est le film Jusqu'à la Garde (Xavier Legrand, 2017) qui a suscité la polémique et les anathèmes pour son traitement spinescent de la schismogenèse complémentaire, à savoir un ensemble de stratégies psychologiques et complexes entraînant les deux conjoints (ou les deux époux) dans une forme de dépendance, de soumission et de contraintes conjugales.
Avec le temps qui passe, ce concept, inhérent à toute forme de violence conjugale et/ou familiale, conduit irrémédiablement à une impasse et dans une spirale de peur ; toutes ces fêlures révélant finalement la nocuité et la toxicité de la sphère maritale.
De nombreuses dramaturgies ont abordé ces rhétoriques factieuses et pernicieuses. Les cinéphiles les plus avisés citeront aisément des oeuvres telles que Scènes de la vie conjugale (Ingmar Bergman, 1974), Un havre de paix (Lasse Hallström, 2013), Une Histoire Banale (Audrey Estrougo, 2013), C'est pas de l'amour (Jérôme Cornuau, 2013), L'Emprise (Claude-Michel Rome, 2014), Darling (Christine Carrière, 2006), ou encore La Couleur Pourpre (Steven Spielberg, 1985) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires.
Vient également s'agréger Room, réalisé par les soins de Lenny Abrahamson en 2015. Le cinéaste irlandais est un nom bien connu du cinéma indépendant britannique. Il débute sa carrière cinématographique dans le réseau publicitaire avant de s'acheminer vers son premier long-métrage au milieu des années 2000.
Ce sera Adam § Paul (2004), inconnu au bataillon et inédit dans nos contrées hexagonales. Lenny Abrahamson enchaîne alors avec Garage (2007), What Richard Did (2012) et Frank (2014). Garage marque les prémisses de sa notoriété sur les terres irlandaises puisque le film s'arroge maintes récompenses et obtient plusieurs IFTA, soit l'équivalent des Césars en France. What Richard Did va même devenir le plus grand succès irlandais et installe durablement Lenny Abrahamson à une place soyeuse et confortable. A contrario, le succès ne dépasse pas vraiment les terres irlandaises.
Que soit. La sortie de Room un an plus tard va intervertir cette didactique. A ce jour, Room reste l'oeuvre la plus proverbiale de son auteur émérite. A l'origine, le métrage est l'adaptation d'un opuscule éponyme d'Emma Donoghue.
Le roman s'inspirait déjà d'un fait bien réel et en particulier de l'affaire Fritzl qui a défrayé la chronique en Autriche. Il s'agit d'un cas d'inceste révélé en 2008. " A 42 ans, une autrichienne, Elisabeth Fritzl, déclare qu'elle a été emprisonnée, violée et physiquement agressée par son père, Josef Fritzl, pendant 24 ans" (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Fritzl). A l'instar des précédentes oeuvres de Lenny Abrahamson, Room s'octroie toute une pléthore de récompenses et se distingue dans de nombreux festivals. Ainsi, le long-métrage obtient le titre de meilleur film indépendant lors du British Independant Film Awards en 2015, ainsi que le VIFF Award du meilleur film canadien lors du festival international du film de Vancouver en 2015. Quant à Brie Larson, qui incarne le rôle de Joy "Ma" Newsome, la comédienne s'arroge l'Oscar de la meilleure actrice.
Toutefois, d'autres actrices seront auditionnées pour ce rôle, notamment Emma Watson, Rooney Mara, ou encore Shailene Woodley (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Room_(film,_2015), mais c'est bel et bien Brie Larson qui leur sera préférée. Au niveau du casting, viennent également s'ajouter Jacob Tremblay, Joan Allen, William H. Macy, Sean Bridgers, Tom McCamus et Amanda Brugel. Attention, SPOILERS ! (1) Joy (Ma) et son fils, Jack, vivent enfermés à Akron, dans l'Ohio, dans la « Room », le seul « monde réel » que l'enfant n'ait jamais connu. Ils y partagent un lit, des toilettes, une baignoire, une armoire, la télévision et une cuisine rudimentaire.
Dans cette pièce à la porte verrouillée en permanence, avec un velux comme seule fenêtre, Ma, du mieux qu'elle le peut, assure l'éducation et la sécurité de son fils, qui sont ses priorités.
Ils sont approvisionnés régulièrement par "Vilain Nick" (Old Nick), qui visite la chambre quand il le veut tandis que Jack se cache dans l'armoire. Il est persuadé que "Room" est le monde, et que ce qu'il se passe dans la télé n'est pas la réalité. Alors que Jack vient de fêter ses 5 ans, Ma décide de lui expliquer qu'il existe un monde à l'extérieur de ces murs et comment elle est arrivée dans la pièce... (1) A l'aune de cette exégèse, impossible de ne pas songer à l'affaire Natascha Kampusch, une jeune femme de nationalité autrichienne (tiens, tiens...), séquestrée durant huit longues années par un forcené. Toutefois, cette relation "imposée" débouchera sur un syndrome de Stockholm avéré.
Contre toute attente, Natascha Kampusch s'éprend de son ravisseur, sans doute un réflexe archaïque de survie. En outre, le cas de Joy dans Room ne s'achemine pas du tout sur le même didactisme.
Contrairement à Natascha Kampusch, Joy vit sa claustration comme un séjour forcé dont elle ne peut se départir. Mais la présence de Jack, qui vient de fêter son cinquième anniversaire, change cette dialectique à priori infrangible. Depuis sa naissance, le jeune bambin n'a vécu que dans une seule et unique pièce. Le monde extérieur lui est totalement inconnu. De facto, la réalité devient la source d'un imaginaire enfantin. C'est toute l'intelligence de Room. La première partie du film est de loin la plus aboutie et la plus captivante en se parant des velléités modernes de l'Allégorie de la Caverne. Le temps de plusieurs années, la pièce régentée par le géôlier devient une chambre "platonicienne".
Comment éduquer un enfant, lui apporter de l'amour et de la bienveillance dans un monde falsifié, étriqué et engoncé entre quelques murs ?
Telle est la question qui se pose en filigrane tout au long de cette première section. En l'occurrence, c'est le vélux étroit d'une fenêtre qui permet à Jack de fantasmer une réalité curieusement obscure ; une réalité habitée par des ombres, cette fois-ci bien réelles. Les 45 premières minutes du film s'apparentent donc à un huis clos ténébreux et anxiogène. Pour se sortir de cette tanière étouffante, Joy devra jouer de malice et de roublardise et prendre son tortionnaire à son propre piège. En l'état, difficile d'en révéler davantage. En revanche, lorsque Jack et Joy parviennent à s'extirper de leur cellule, le long-métrage perd un peu de sa sagacité et suit un cheminement beaucoup plus conventionnel.
Néanmoins, la question de la reconstruction et de l'émancipation, qui plus est dans un monde bien réel et agencé par les remords et la culpabilité, est judicieusement questionnée. Cette introspection est abordée, derechef, avec une certaine perspicacité et ne cède jamais à l'écueil du drame sirupeux et empreint de morosité. Cependant, Room est parfois victime de longueurs un brin rébarbatives et fastidieuses, donnant parfois cette curieuse impression de tourner autour de ses nombreuses interrogations laissées en suspens. Malicieux, Lenny Abrahamson laisse le soin au spectateur de subodorer l'état de décrépitude de ses deux principaux protagonistes.
Le subterfuge est aisé, la démonstration un peu moins. Heureusement, le film de Lenny Abrahamson peut escompter sur la précellence de son casting, en particulier sur son duo principal formé par Brie Larson et de son jeune comparse, Jack Tremblay, lui aussi étonnant de véracité.
Note :14.5/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Room_(film,_2015)
Les films à venir sur Cinéma Choc
Comme l'indique le titre de ce nouvel article, voici sans plus attendre les films à venir dans les prochains jours, prochaines semaines et prochains mois sur Cinéma Choc. Pour chaque film, j'ai précisé quel serait l'intitulé de la chronique entre parenthèses.
Black Past (Déchaînement des ténèbres)
Dans la Brume (Sortir du brouillard...)
En Eaux Troubles (Jason Statham Vs. Mégalodon)
Halloween 4 : Le Retour de Michael Myers (Retour à la nuit des masques)
Hellraiser : Judgment ("Jugement et rédemption pour ceux qui ouvrent la boîte maléfique")
I Am Divine (L'histoire vraie de la plus belle femme du monde)
Ils (Les enfants tueurs de Bucarest)
Insomnia (De la brume naquit le désespoir) : chronique de Taratata
The Nightmare - 2015 (Paralysie du sommeil)
The Road To Guantanamo (Torture made in USA)
Robowar - 1989 (Toute ressemblance avec Predator serait purement fortuite)
Septic Man (Bienvenue dans les égouts de la ville !)
The Stuff (Le yaourt nous tuera tous !)
The Ultimate Torture Of Kaname Flower (Tohjiro explore les mystères insondables du bondage et de la gravitation !)
Un Justicier dans la Ville 2 (Crime et châtiment à l'américaine)
Waterworld (Un naufrage digne du Titanic)
We Are Monsters - 2015 (Day of the woman, seconde partie)
X-Men : Le Commencement ("Mutants et fiers de l'être !")
12 Monkeys - Saison 1 ("Nous ne pouvons pas prédire l'avenir, mais nous pouvons au moins nous y préparer")
13 Jeux de Mort (13 jeux de massacre)
The Ultimate Torture Of Kaname Flower (Tohjiro explore les mystères insondables du bondage et de la gravitation !)
Genre : trash, extrême, hard, pornographie (interdit aux - 18 ans)
Année : 2018
Durée : 2h17
Synopsis : Après la série des Vomit Enema Extasy, le réalisateur pornographique extrême, Tohjiro, abandonne l'émétophilie pour se polariser sur le bondage et ses sursauts gravitationnels à travers une série d'exactions, de contorsions et de positions toujours plus fantaisistes et décadentes. Telle est la rhétorique satyriasique de The Ultimate Torture of Kaname Flower !
La critique :
Pour ceux et celles qui suivent quotidiennement l'actualité de Cinéma Choc (soit trois ou quatre personnes dans le monde, tout au plus...), ils doivent probablement se souvenir des chroniques de Vomit Enema Extasy et de Vomit Enema Extasy 2, par ailleurs prodiguées par les soins d'Inthemoodforgore, un auteur éminent du blog. Grâce (ou à cause... vous choisirez...) de l'érudition de ce cacographe orfèvre, nous faisions connaissance avec un certain Tohjiro, un cinéaste asiatique (plus précisément nippon) spécialisé dans la pornographie extrême.
Le metteur en scène se distinguait, entre autres, par ses infamies sur ses pellicules en se polarisant sur des saynètes de scatologie et d'émétophilie particulièrement éprouvantes, même pour le public averti et amateur de sensations extrêmes.
Lors de ses récentes découvertes, Inthemoodforgore continuait à nous enquérir de ces dernières trouvailles iconoclastes. Petite piqûre de rappel. Le 2 juillet 2018, le chroniqueur publiait le Top 200 des films trash, extrêmes et scandaleux (Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2018/07/04/36515562.html) sur Cinéma Choc. Quelques mois plus tard, il appose un nouveau commentaire dans lequel il fait preuve de bienséance en nous proposant la dernière atrocité... pardon... en nous proposant le dernier long-métrage de Tohjiro en date ; à savoir The Ultimate Torture Of Kaname Flower, sorti en 2018 via le support vidéo.
Depuis plusieurs années, le fameux Tohjiro s'est imposé comme le nouveau parangon, quasi hégémonique, d'une pornographie exorbitante, malaisante et forcément déviante ; soit le nouvel apanage de la pornographie actuelle.
Une façon comme une autre de rameuter un public toujours plus exigeant en termes d'insanités, d'ignominies et d'exactions étayées sur pellicules, ici sur une durée académique de deux heures et 17 minutes de bobine. A contrario, les laudateurs de ce cinéma extrémiste argueront, probablement à raison, cet aspect cérémonieux et artistique. C'est une autre façon d'appréhender la pornographie et ses consécutions de bacchanales diligentées par un Tohjiro toujours aussi vétilleux. De l'autre, les contempteurs pourront, sans doute à raison, toujours ergoter et chapitrer sur les obscénités et les perversités déversées sur grand écran. En outre, ce n'est pas la première fois que Tohjiro affirme et affine sa dilection pour le bondage et le sadomasochisme.
Vers le milieu des années 1990, celui qui est consacré et déifié comme "le génie de la pornographie asiatique" a déjà signé plusieurs métrages nimbés par le fétichisme et la dépravation.
Pour le reste, les films de Tohjiro s'acheminent toujours peu ou prou sur la même obédience, à savoir une jeune femme nymphomane (une performeuse) qui subit, sans barguigner, les roueries satyriasiques de ses tortionnaires. Encore une fois, The Ultimate Torture of Kaname Flower ne déroge pas à la règle. Cette fois-ci, Tohjiro se débarrasse du carcan scatologique et émétophile pour se polariser davantage sur le bondage. Le site Wikipédia définit le bondage "comme une pratique sadomasochiste qui consiste à ligoter son partenaire dans le cadre d'une relation soumis/domination" (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bondage). Cette pratique ritualisée et antédiluvienne se drape d'autres consonances au Pays du Soleil Levant et renvoie à l'aspect messianique via la crucifixion.
Que les esprits les plus réfractaires se rassérènent !
Dans The Ultimate Torture of Kaname Flower, vous ne verrez point de crucifixion ! Enfin, presque... Néanmoins, Tohjiro convoque à la fois les supplices et les supplications de la victime via le phénomène de la gravitation ! C'est le grand retour des tortures de l'Inquisition pratiquées sur grand écran. Les historiens avisés évoqueront notamment l'influence et la prégnance du christianisme sur le monde asiatique, en particulier sur le Japon. La plupart de ces techniques de torture consistent à ligoter la victime de manière à relier ses coudes et ses avant-bras à ses chevilles.
Inutile de préciser qu'une telle position, pour le moins fantaisiste, est extrêmement douloureuse ! The Ultimate Torture of Kaname Flower s'inspire de cette didactique à la fois algique et schématique. Pour le reste, difficile de procéder à l'exégèse d'une telle pellicule et pour cause...
Puisque le dernier métrage en date de Tohjiro ne contient aucun synopsis et repose sur une litanie d'abjections procédées et appliquées sur une belle demoiselle. Attention, SPOILERS ! The Ultimate Torture of Kaname Flower se segmente en plusieurs supplices bien distincts. La première torture arbore une jeune femme asiatique bâillonnée et ligotée sur un appareil boisé. Ses deux mains sont apposées sur le sol et maintiennent le reste du corps dans une étrange attraction gravitationnelle. Dès lors, le supplice perpétré semble obéir à un étrange rite traditionnel.
Comme de coutume dans le bondage, les avant-bras sont reliés aux membres inférieurs et l'extrémité de la cavité capillaire est attachée aux chevilles. La jeune adulescente agonise et attend benoîtement son trépas. C'est alors qu'un bourreau anonyme pénètre dans la pièce exigüe.
La jeune femme est successivement rouée de coups, puis martelée par une sorte de foulard. A posteriori, ce sont ses phalanges apposées sur le sol qui sont molestées à plusieurs reprises par un tortionnaire grimé en samouraï. La séquence se poursuit via l'arrivée inopinée de deux hommes entièrement dévêtus qui copulent "joyeusement" (si j'ose dire...) avec l'adulescente. Le premier impose une fellation, ainsi que son pénis ithyphallique, dans la cavité buccale de la victime. La saynète se conclut par quelques éructations et une éjaculation faciale en apothéose.
Le deuxième bourreau s'abreuve de la cavité anale de la jeune femme via plusieurs doigtés et un cunnilingus langoureux. Evidemment, la séquence se terminera sur quelques cris d'orfraie et par cette symbiose orgasmique entre la victime et ses tortionnaires.
En l'état, difficile d'en dire davantage... Certes, on pourrait encore pinailler longuement et continûment sur les atrocités des actes sexuels diligentés tout au long de ce métrage pornographique. Par exemple, la suite des animosités se centre sur une autre jeune femme saucissonnée et contorsionnée dans tous les sens. Cette fois-ci, la gravitation relie la victime à une succession de cordes et de chaînes activées mécaniquement par une poulie. La hardeuse effarouchée culmine les fesses en l'air à 150 centimètres du sol (environ) et démontre ainsi une prestesse étonnante.
S'ensuivent toute une série d'agapes et de priapées. Retors, Tohjiro filme en gros plan le visage tuméfié de sa performeuse estourbie par de telles extravagances, pour le moins éprouvantes. A contrario, le visage des bourreaux reste curieusement monolithique.
Ils n'ont finalement qu'un rôle mineur, voire subsidiaire, dans ces assujettissements forcés (et forcenés...). Le cinéma de Tohjiro rime invariablement avec la pornographie paroxystique. Paradoxalement, c'est ce même paroxysme qui permet à la jeune femme érotomane et consentante d'atteindre la quintessence et le point culminant de l'orgasme. Un oxymore. Pourtant, cette béatitude, à la fois orgasmique et jubilatoire, fait office ici de catharsis libidineux et charnel. Pour parvenir à la félicité sexuelle, la personne dominée se doit de subir et d'accepter les pires turpitudes sexuelles, le bondage s'imbriquant dans les mystères insondables de la gravitation. Entre traditions séculaires, avilissement et perversion, Tohjiro nous gratifie encore de son imagination débordante.
Certes, à raison, les commentateurs du blog semonceront (ou non) la note en mode interrogatif, mais sincèrement, je ne vois pas comment on peut émettre la moindre annotation envers cette bizarrerie déviante et pornographique.
Note :?
Alice In Oliver
Black Past (Déchaînement des ténèbres)
Genre : horreur, gore, trash, extrême, expérimental, underground (interdit aux - 18 ans)
Année : 1989
Durée : 1h25
Synopsis :Tommy, un jeune lycéen, vient d'emménager avec sa famille dans une nouvelle demeure. Lors d'une visite approfondie du grenier, le jeune homme aperçoit un vieux coffre mystérieusement fermé par une chaîne. Pris de curiosité, Tommy décide de l'ouvrir et découvre à l'intérieur un étrange miroir qu'il accroche aussitôt dans sa chambre. Un geste qui aura d'horribles conséquences car le miroir possède un pouvoir maléfique qui va entraîner la mort et le chaos au sein de la demeure familiale.
La critique :
Le nom d'Olaf Ittenbach rime invariablement avec le cinéma trash et extrême allemand. En outre, le metteur en scène germanique, à la fois scénariste, parfois acteur et spécialiste des effets spéciaux, est un véritable autodidacte qui s'est façonné une réputation dans le milieu underground dès son tout premier long-métrage, à savoir Black Past, sorti en 1989. C'est ce tout premier essai qui va donc faire l'objet d'une chronique dans nos colonnes aujourd'hui. Mais Olaf Ittenbach peut s'enorgueillir d'une filmographie foisonnante et exhaustive. Les thuriféraires du cinéaste allemand n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que The Burning Moon (1992), Premutos : Lord of the Living Dead (1997), Legion of The Dead (2001), Beyond the Limits (2003), Garden of Love (2003), ou encore Chain Reaction (2006) parmi ses films les plus notables et éventuellement notoires.
A ce jour, Dard Divorce, réalisé en 2007, reste l'ultime révérence d'Olaf Ittenbach. Depuis, peu ou prou de nouvelles de l'intéressé qui semble avoir disparu dans la pénombre et les affres des oubliettes, pour le plu grand désarroi de ses laudateurs originels. Vous l'avez donc compris. Le monogramme d'Olaf Ittenbach fait désormais partie des parangons éminents du cinéma trash germanique. Autant l'annoncer de suite, Black Past fait office à la fois d'oeuvre auteurisante et estudiantine qui n'a pas vraiment (du tout...) pour velléité de flagorner un large public.
En quelques mots : bienvenue dans le cinéma underground et extrême ! Au moment de sa sortie, Black Past ne bénéficiera évidemment pas d'une exploitation et/ou d'une distribution dans les salles obscures.
En sus, Olaf Ittenbach doit se débattre et se colleter avec la censure qui récuse et admoneste une oeuvre gore et horrifique qu'elle juge fourbe, obscène et sataniste.
Il n'en faut pas davantage pour édifier le long-métrage aux yeux énamourés des amateurs du cinéma underground. Black Past s'auréole alors d'une réputation d'objet filmique non identifié (OFNI) et devient cette pellicule rarissime qu'il faut à tout prix dénicher, quitte à dépenser l'intégralité de ses émoluments. De surcroît, Black Past se nimbe de l'ultime réprobation via une interdiction aux moins de 18 ans, et s'adresse donc aux amateurs de tripailles et d'exactions sanguinolentes. Reste à savoir si le film mérite de telles acrimonies et justifie (ou non) sa réputation sulfureuse.
Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Hormis la présence d'Olaf Ittenbach qui incarne le rôle principal (celui de Tommy), la distribution du film risque de ne pas vous évoquer grand-chose à moins que vous connaissiez les noms d'Andrea Arbter, André Stryi, Susanne Nebbe, Sonja Berg, Ivo Tischler et Alfons Siglechner ; mais j'en doute...
Attention, SPOILERS ! (1) Tommy, un jeune adolescent, tout ce qu'il y a de plus ordinaire : il ne s'entend pas avec ses parents (ni avec sa soeur d'ailleurs), il compulse des magazines érotiques, se fait tabasser à l'école, est amoureux d'une camarade de classe, et écoute du Hard-Rock. Bref, rien d'exceptionnel. Mais sa vie va basculer lorsqu'en fouinant dans le grenier, il découvre un journal intime et un miroir. D'après le journal, ce miroir est censé posséder des pouvoirs maléfiques. Tommy n'y croit pas et l'accroche dans sa chambre. Sa petite amie, Petra, lui rend visite le lendemain soir.
Tommy la laisse seule dans sa chambre. Quelques minutes plus tard, la jeune fille descend tel un zombie et sort de la maison. Fait étrange, elle est écrasée par une voiture. Tommy l'a suivie et a assistéà sa mort. Il est désespéré, mais elle revient à la vie.
Petra va essayer de le tuer. Il parvient à s'en débarrasser en la découpant en petits morceaux. Mais le miroir ne laisse pas Tommy tranquille. Lors d'un rêve, il se retrouve dans la salle de bain. Sur l'évier, il trouve deux lames de rasoir qu'il utilise pour se lacérer le corps (1). A l'aune de cette exégèse, il serait bien réducteur de condenser Black Pastà une oeuvre sataniste. A fortiori, Olaf Ittenbach n'a pas de telles aspérités. Cependant, le metteur en scène germanique ne badine pas avec les effets trash et les transgressions ad nauseam. Vous affectionnez tout particulièrement le gore et les parties de barbaque ? Alors, Black Past devrait logiquement flagorner vos instincts les plus primitifs.
En l'occurrence, ce tout premier film estudiantin doit composer avec un budget impécunieux. On vogue ici en pleine série Z (au mieux série B) nantie de moyens faméliques.
A priori, l'essentiel (l'intégralité...) du budget a été dépensé dans les maquillages et les effets spéciaux du film, certes très impressionnants pour l'époque... Je dis bien "pour l'époque"... Car si Black Past a écopé d'une interdiction aux moins de 18 ans en son temps (presque trente ans maintenant), le film d'Olaf Ittenbach souffre désormais d'une certaine obsolescence et paraît joliment désuet à l'aune d'oeuvres beaucoup plus modernes et nanties d'un budget bien plus conséquent. Pour le reste, Black Past se segmente en deux parties bien distinctes.
La première et la moins captivante par ailleurs se polarise sur la vie lycéenne et monotone de Tommy. Le jeune éphèbe est un adolescent sans histoire. Hélas, Tommy est régulièrement gourmandé, semoncé et rudoyé par ses camarades de classe.
Heureusement, ses oaristys amoureux avec Petra lui permettent de phagocyter ce quotidien atone et morose... Jusqu'au jour où la "belle" (c'est un bien grand mot...) décède brutalement. Corrélativement, Tommy découvre une sorte de grimoire dans son grenier (je renvoie au synopsis) qui fait basculer le jouvenceau dans les ténèbres. C'est la seconde partie de Black Past. Dès lors, bienvenue en enfer et dans une série d'agapes et de priapées qui renvoient immanquablement à l'Apocalypse ! Toutefois, Olaf Ittenbach a une vision très personnelle de la fin des temps et livre une oeuvre eschatologique particulièrement âpre et sanglante. Magnanime, le réalisateur s'appesantit lourdement sur des cadavres putrescents qui sourdent de leurs sépulcres, des actes gratuits d'anthropophagie, des créatures ensanglantées qui surgissent elles aussi de nulle part, ainsi qu'une multitude d'exactions chirurgicales avec des intestins, des boyaux et des viscères qui ressortent généreusement des corps mutilés des divers protagonistes. Bref, tout un programme de joyeusetés ensanglantées !
Mais Black Past, en dépit de son aspect amateuriste, permet déjà d'apprécier le style véhément, indécent et tonitruant d'Olaf Ittenbach. Impression corroborée par la sortie de Burning Moon quelques années plus tard. Nous voici devant un premier essai qui mérite au moins les encouragements.
Note :12/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : http://www.sueursfroides.fr/critique/black-past-138 (chronique d'André Quintaine du 22 décembre 2009)
Insomnia (De la brume naquit le désespoir)
Genre : Policier, thriller
Année : 2002
Durée : 1h58
Synopsis :
Will Dormer, un policier expérimenté et désabusé, est envoyé en Alaska pour enquêter sur le meurtre sordide d'une adolescente. Lui et ses hommes montent une embuscade et repèrent le tueur, mais celui-ci parvient à s'enfuir. Will le prend en chasse mais le perd de vue dans l'opaque brouillard. Il voit une ombre qui pointe une arme à feu et tire. Lorsqu'il s'approche du corps, il découvre qu'il vient de tuer Hap, son partenaire. Instinctivement, il prend le pistolet qu'a auparavant laissé tomber le tueur dans sa fuite et le place près de Hap pour dissimuler sa culpabilité. Walter Finch, le meurtrier, a vu faire Will. Il le menace de le dénoncer s'il ne ferme pas rapidement le dossier en accusant l'ancien petit ami de la victime d'être responsable des deux meurtres. Will ne peut laisser Walter s'en tirer aussi facilement. Cependant, l'absence de sommeil l'empêche d'avoir les idées claires.
La critique :
Actuellement, Christopher Nolan s’est hissé en quelques années parmi les parangons du cinéma hollywoodien y voyant une sorte de poule aux œufs d’or à deux facettes. Une facette capable d’apporter des rentrées financières, de l’autre une facette qui parvient à offrir de la qualité pour séduire autant le profane que le cinéphile. Comme pour Scorsese et Fincher actuellement, il est celui qui parvient à combiner intelligemment le divertissement et le film d’auteur. De fait, il se fera connaître d’emblée avec son premier long-métrage, du nom de Following qui fut acclamé et remporta de nombreuses récompenses. Ces dithyrambes permettront à Nolan de se lancer sur un terrain plus ambitieux avec le projet Memento. Là encore, l’acclamation est totale, encore plus gargantuesque vu que certaines critiques le classeront parmi les meilleurs films des années 2000.
Devenu la nouvelle coqueluche de Hollywood, il sera approché par Steven Soderbergh en personne pour la réalisation du thriller psychologique qui fera l’objet de notre intérêt aujourd’hui. J’ai nomméInsomnia, sorti en 2002. Une fois n’est pas coutume, la presse exalte, louant les qualités foisonnantes ce nouveau cru, qui, pour la petite information, est le remake du film norvégien éponyme réalisé par Erik Skjoldbjaerg (à vos souhaits !!). De fait, il remporte le London Film Critics Circle Awards pour le réalisateur britannique de l’année. Nombre de nominations suivront dans la foulée.
Cependant, Insomnia a ce syndrome du film méconnu, alors que son réalisateur est reconnu internationalement. Il est vrai que Inception, Interstellar et sa trilogie Batman seront systématiquement ressortis quand on cite les classiques. Moi-même, je dois bien avouer ne pas avoir découvert le cinéaste avec ce titre. Que peut-on-en dire de plus ?
ATTENTION SPOILERS : Will Dormer, un policier expérimenté et désabusé, est envoyé en Alaska pour enquêter sur le meurtre sordide d'une adolescente. Lui et ses hommes montent une embuscade et repèrent le tueur, mais celui-ci parvient à s'enfuir. Will le prend en chasse mais le perd de vue dans l'opaque brouillard. Il voit une ombre qui pointe une arme à feu et tire. Lorsqu'il s'approche du corps, il découvre qu'il vient de tuer Hap, son partenaire. Instinctivement, il prend le pistolet qu'a auparavant laissé tomber le tueur dans sa fuite et le place près de Hap pour dissimuler sa culpabilité. Walter Finch, le meurtrier, a vu faire Will. Il le menace de le dénoncer s'il ne ferme pas rapidement le dossier en accusant l'ancien petit ami de la victime d'être responsable des deux meurtres.
Will ne peut laisser Walter s'en tirer aussi facilement. Cependant, l'absence de sommeil l'empêche d'avoir les idées claires.
Pour ce thriller, Nolan a de réelles ambitions et cherche à se démarquer du polar classique en optant pour une approche différente. Pourtant, on ne peut pas dire que le schéma narratif est riche d’originalité. Un inspecteur se rendant dans une petite bourgade frappée d’un meurtre sauvage et dont le meurtrier reste insaisissable. On a vu mieux dans l’absolu mais, néanmoins, l’appréciation se fait très vite sentir lorsque nous voyons cet hélicoptère survolant ces superbes paysages enneigés. A défaut de choisir des grandes cités, le réalisateur va préférer l’Alaska. Un lieu pour les amoureux de la nature où la tranquillité, le contact avec les animaux et les éléments sont palpables, et, à côté, la pollution tant visuelle que respiratoire et auditive semblent n’avoir jamais existé. Sans vouloir dériver la chronique dans une atmosphère typée Ushuaïa Nature, choisir un tel cadre fut judicieux.
Le calme apparent n’est qu’une façade. Là où la mégapole créait l’oppression et l’obscurité par ses ruelles propices aux pires choses possibles, l’Alaska symbolise l’ouverture et l’évasion. En brisant ce ressenti inconscient, Nolan bouscule d’emblée les codes établis. Mieux encore, il met en scène un inspecteur à la personnalité torturée, hanté par un passé pas très intègre, si je puis dire. Renfermé sur lui-même, froid comme le blizzard, il a bien du mal à susciter une certaine sympathie de notre part.
Il est le personnage rêvé pour servir de cobaye face à l’un des éléments censés être le plus rassurant : la lumière. Vous devez sans doute déjà avoir entendu parler du fameux soleil de minuit. Un phénomène se produisant aux alentours du solstice d’été aux hautes latitudes situées au-delà des cercles polaires arctique et antarctique. Ceci dit, la ville de Nightmuteen, où se déroule l’histoire, est située plus de 6 degrés au-dessous du cercle polaire arctique. Donc si le soleil de minuit n’est pas d’actualitéà cet endroit du globe, la nuit blanche est bien réelle. Le soleil disparaît sous l’horizon mais laisse subsister une lumière crépusculaire durant toute la nuit.
Dans ces conditions, il ne faut pas avoir un QI de plus de 200 pour se douter qu’un événement aussi majestueux soit il peut avoir des conséquences très dérangeantes pour un être humain non habituéà cela. Vecteur d’insomnies, ce soleil omniprésent déstabilise mentalement Will Dormer. Les idées vacillantes, le caractère de plus en plus irritable font qu’une inévitable plongée mentale sera à craindre. Celle-ci ne mettra d’ailleurs pas longtemps avant de se produire lorsque Will commettra l’irréparable en tuant son coéquipier accidentellement dans une brume opaque. Désappointé par un tel acte qui, à coup sûr, compromettra une carrière déjà empreinte de polémique, il maquillera la scène pour faire croire qu’il a été tué par ce mystérieux tueur de l’ombre. Egoïsme primaire et déshumanisation totale, Will s’éloigne de toute intégrité possible et semble bien loin de la notion même des forces de l’ordre régie sous la bannière de l’honneur.
Mettre à jour la vérité, promouvoir la justice et démêler le vrai du faux, autant d’éthique balayée d’un revers de main juste par pur but opportuniste. Après coup, Will se montre de plus en plus perturbé. Hanté par le spectre de son acolyte, désormais macchabée, ses nuits n’en seront que plus cauchemardesques, amplifiant l’insomnie. Will refuse de voir la vérité en face. Il refuse de se dire qu’il a bafoué la mémoire de Hap en mentant. Il mettra tout sur le compte de Walter Finch et décidera de se lancer dans une vendetta pour tenter de se racheter un ersatz de conscience qu’il ne retrouvera plus jamais.
Walter, lui, l’a vu et est motivé par le fait de devenir le chat et Will la petite souris qu’il torturera mentalement. Ravagé par tant de malheurs tombant sur sa tête, il se rend bien compte qu’il n’a plus aucune carte en main. Quant à l’assassin en question, il est une sorte de double de Will puisque lui aussi est incapable de vouloir faire face à ces actes. Sous couvert d’une intrigue policière qui aurait pu être, à première vue, bancale, Nolan développe une dimension philosophique sur la condition humaine malmenée et finalement peureuse, lâche quand il s’agit de répondre de ses actes.
Dans un jeu malsain s’opérant entre nos deux protagonistes, les événements sont admirablement bien jugulés. Aucun des deux n’est à sauver, si ce n’est que l’un a la police derrière lui. Insomnia ne choisit pas la carte de la révélation finale mais révèle vite le vrai visage du tueur. Un choix pour le moins judicieux, à l’instar de I Saw The Devil qui fonctionnait, dans l’absolu, selon le même principe. Ceci n'empêche aucunement le suspense et l'attraction de s'installer pour ne quitter le spectateur qu'au générique de fin. Un générique de fin loin des traditionnels happy-end à deux sous que beaucoup de cul-bénis ont l'habitude de nous sortir pour ne pas "choquer" un public trop habitué aux trames mielleuses. Sans monter dans des rythmes furieux, la brume opaque perturbe et la chute mentale opérée par celle-ci n'en sera que plus plaisante à y assister.
Clairement, aucun des deux n'en sortira totalement indemne. Là est toute la conséquence du mensonge et de la lâcheté. Tôt ou tard, le karma vous rattrape et vous fait payer durement ce que vous avez causé. Encore une fois, difficile de ne pas y voir un point de vue presque biblique.
Nolan a su soigner son visuel avec érudition. Le territoire de l'Alaska, aussi majestueux que froid, ne nous a jamais paru aussi sombre. Le travail sur les lumières joue, bien sûr, beaucoup et on en déduira vite une image quelque peu obscure, loin de toute forme de chaleureux. Insomnia ne lésine pas sur les plans très aérés de toutes ces forêts et montagnes s'étendant à perte de vue. La bande sonore aux tonalités glaciales apporte de la consistance à un récit torturé. Pour terminer sur l'interprétation des personnages, Al Pacino crève sans sourciller l'écran dans le rôle de ce policier dépassé par la situation. Sa détérioration mentale s'accompagne d'une altération physique. Cernes, teint du visage très blanc, yeux vitreux auxquels s'ajoutent confusion, angoisse et paranoïa. Rarement un tel résultat n'aura été aussi époustouflant à l'écran. Un grand bravo aux maquilleurs d'avoir fait un boulot de titan !
On sera comblé de la présence de la belle tête d'ange de Robin Williams dans la peau de ce tueur psychopathique et vicieux. Ayant tout sauf l'aspect physique d'un serial-killer, il bouscule les conventions par le biais d'une interprétation géniale. Si je n'ai pas tout vu de sa filmographie, je me risque à dire qu'il trouve son rôle le plus noir. Enfin, Hilary Swank se débrouille correctement sans toutefois arriver à la maestria des deux principaux acteurs.
Si Christopher Nolan est très fréquemment cité par les cinéphiles en devenir ou simplement les profanes, on en est bien à avouer qu'Insomnia n'est pas celui dont on parlera le plus, à défaut de ses productions récentes. Pourtant, autant dire que ce long-métrage remplit toutes les conditions pour se hisser parmi ses oeuvres les plus probantes. Eloigné d'une forme de divertissement qu'il acquerra dans le futur, le réalisateur accouche d'un récit bien plus mature, plus profond, plus lugubre, même plus pervers dans sa finalité. Il est vrai que si les dernières productions du cinéaste sont tout ce qu'il y a de plus recommandable, peu peuvent prétendre à atteindre un niveau d'intelligence que Insomnia possède.
Nombre de thématiques bénéficient d'une excellente analyse (insomnies, lâcheté, justice personnelle sous fond de cas de conscience, égoïsme, déshumanisation et j'en passe) qui passionnera à n'en point douter l'amateur de thrillers. Un cru on ne peut plus plaisant qui vous fera poser un regard neuf sur cet élément météorologique qui est la brume. Qui pourrait croire qu'un tel désastre découlera d'une simple brume ?
Note :17/20
Halloween 4 : Le Retour de Michael Myers (Retour à la nuit des masques)
Genre : horreur, slasher, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 1988
Durée : 1h30
Synopsis :Comme la loi le prévoit, Michael Myers est transféré dans un hôpital normal après dix ans passés dans un hôpital psychiatrique pour fous criminels. Le docteur Loomis, persuadé que Michael va pouvoir enfin reprendre ses meurtres sanglants, part à sa recherche. Mais la ronde des meurtres a déjà commencé et Michael est en route pour la ville d'Haddonfield qui se prépare à fêter Halloween.
La critique :
Retour sur une saga proverbiale, celle consacrée à la fête d'Halloween et à son croquemitaine au masque d'albâtre, le terrible et sinistre Michael Myers. Petite piqûre de rappel. Le boogeyman pouvait légitimement remercier John Carpenter, son auguste démiurge. En 1978, le maître de l'épouvante réalise Halloween, la nuit des masques, un slasher qui confronte un forcené, évadé de l'hôpital psychiatrique, à des étudiants libidineux. Seule la timorée Laurie Strode fait figure d'exception et symbolise, à contrario, cette pruderie ostentatoire. La belle effarouchée devra se hâter, lutter et se démener pour échapper aux coups de semonce de Michael Myers.
Son psychiatre, le docteur Loomis, recherche activement le tueur échevelé, craignant un massacre ensanglanté. La suite corroborera ses impressions mortifères.
Bien que criblé de balles, le boogeyman disparaît subrepticement dans la nature. Succès commercial oblige, John Carpenter rempile pour une suite, Halloween 2, qu'il produit histoire de s'assurer de la déférence du nouveau réalisateur en place. Peu enclin à se fourvoyer dans une franchise mercantile, le metteur en scène cède ce second chapitre aux soins de Rick Rosenthal en 1981. Opportuniste, ce dernier se contente d'ânonner la formule de son illustre épigone. Peu ou prou de surprises au programme. Pis, Halloween 2 n'établit pas les scores espérés par les producteurs, mais rapporte suffisamment de pécune et de prébendes pour se transmuter en une franchise fastidieuse et moribonde. Dépité, John Carpenter aspire à obliquer vers de nouvelles directions spinescentes.
Ce sera Halloween 3 : la nuit du sorcier (Tommy Lee Wallace, 1982).
La franchise décide d'évincer son célèbre croquemitaine au profit d'un film d'épouvante sur fond de sorcellerie, de dérives sectaires et de robots sociopathiques. Si la nouvelle formule paraît, de prime abord, incongrue voire amphigourique ; Halloween 3 a au moins le mérite de renâcler vers de nouvelles aspérités fantastiques. Ulcéré par ces directions iconoclastes, le public tance et abhorre un épisode qu'il juge au mieux digressif. L'audimat hagard réclame béatement le retour de Michael Myers. Sa requête sera évidemment ouïe par les producteurs fallacieux via un inévitable quatrième épisode, soit Halloween 4 : le retour de Michael Myers, et réalisé par les soins de Dwight H. Little en 1988. Halloween 4 a donc pour vocation de faire oublier le désastre financier de son devancier.
En outre, ce quatrième opus va remplir doctement son office puisqu'il se solde par un certain succès commercial lors de sa sortie en salles.
Cependant, John Carpenter n'est plus de la partie, visiblement bien conscient des cachexies narratives de ce quatrième volet. Il est alors suppléé par Dwight H. Little, un cinéaste spécialisé dans les séries B et le cinéma d'action. Les thuriféraires du réalisateur (mais enfin, qui sont-ils ?) citeront aisément Le fantôme de l'opéra (1989), Désigné pour mourir (1990), Rapid Fire (1992), Sauvez Willy 2 : la nouvelle aventure (1995), Meurtre à la Maison-Blanche (1997), ou encore Anacondas : à la poursuite de l'orchidée de sang (2004) parmi ses oeuvres notoires et notables ; bref rien de vraiment transcendant ni d'enthousiasmant dans cette filmographie erratique.
Pour le tournage d'Halloween 4, Dwight H. Little et ses producteurs s'accointent avec Jamie Lee Curtis, la star des deux premiers films.
Mais l'actrice vaque à d'autres projets cinématographiques et réfute poliment l'exhortation. La distribution du film se compose alors de Donald Pleasence, George P. Wilbur, Danielle Harris, Ellie Cornell, Beau Starr, Sasha Jenson, Michael Pataki et Kathleen Kinmont. Attention, SPOILERS ! (1) Dix ans après avoir ravagé la petite ville de Haddonfield lors de la nuit d'Halloween, le psychopathe Michael Myers est dans le coma, toujours sous haute surveillance dans un hôpital psychiatrique fédéral. La nuit où il doit être transféré dans un hôpital d'État, Michael Myers parvient à s'échapper en tuant les infirmiers.
Décidéà le rattraper, le docteur Loomis suit une piste jonchée de cadavres qui le conduit tout droit à Haddonfield. Cette même ville où habite Jamie Lloyd, la fille de Laurie Strode et la nièce de Michael Myers, avec sa famille d'adoption, les Carruthers, qui s'apprêtent à fêter Halloween (1).
Peu ou prou de surprises au programme à l'aune de ce quatrième épisode. Les intentions de Dwight H. Little et de ses producteurs sont évidemment louables avec cette volonté d'exhumer Michael Myers de son sépulcre. Halloween 4 se doit de renouer avec le didactisme d'Halloween : la nuit des masques. On se souvient déjà qu'Halloween 2 s'acheminait lui aussi sur les mêmes rhétoriques. Pas question d'interférer sur une formule à priori gagnante, à défaut d'être probante. En l'occurrence, Halloween 4 fait figure au mieux de séquelle du slasher de John Carpenter.
Malicieux, Dwight H. Little psalmodie le même schéma narratif. Seule dissimilitude, les inimitiés se déroulent dix ans après le premier film. Pour le reste, la formule reste quasiment analogique. Michael Myers est transféré dans un nouvel hôpital mais parvient àéchapper à la vigilance de ses gardes.
Pour le criminel écervelé, c'est l'occasion ou jamais de perpétrer un nouveau massacre dans la ville d'Haddonfield. En catimini, le docteur Loomis fulmine et enjoint les autorités policières à sérieusement s'activer. Ces dernières sont justement sur le qui-vive. A travers cette courte exégèse, vous avez eu l'impression de lire le scénario d'Halloween, la nuit des masques ? Rassurez-vous, c'est normal ! Si Jamie Lee Curtis n'est plus de la partie, elle est hélas remplacée par une jeune éphèbe en la personne de Jamie Lloyd, interprétée par l'insupportable Danielle Harris.
Halloween 4 est donc principalement victime des jérémiades et des pleurnicheries de l'actrice. Quant à Donald Pleasence, l'interprète gesticule et se hâte dans tous les sens pour porter le film sur ses épaules frêles et graciles.
En dépit du nombre pléthorique des forfaitures (plus d'une dizaine commise par Michael Myers tout de même...), Halloween 4 suit un cheminement beaucoup trop classique et conventionnel pour susciter l'adhésion sur sa durée élusive (à peine une heure et demie de bobine). Curieux que ce slasher anomique ait pu illusionner le public en son temps, d'autant plus que ce quatrième volet se montre plutôt avaricieux en termes de nouveautés ou d'éventuel apport quant à l'historique de Michael Myers. In fine, Halloween 4 n'élude pas les archétypes habituels et nous gratifie de quelques saynètes de meurtre assez funambulesques.
Mais enfin, comment Michael Myers parvient-il à faire exploser une station-service juste en volant une camionnette ???
Pour le public désappointé, il faudra faire preuve de longanimité et patienter presque vingt longues années avant d'entrevoir un Michael Myers beaucoup plus soyeux et décortiqué par la caméra avisée de Rob Zombie, à travers un remake (Halloween en 2007) à la fois éponyme et réellement officiel.
Note :08/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Halloween_4
SAGA ALIEN : Comment évolue une mythologie cinématographique ? (La Critique Masquée)
En Eaux Troubles (Jason Statham Vs. Mégalodon)
Genre : horreur, action
Année : 2018
Durée : 1h54
Synopsis :Au cœur de l’océan Pacifique, le sous-marin d’une équipe de chercheurs a été attaqué par une créature gigantesque qu’on croyait disparue : le Mégalodon, un requin préhistorique de 23 mètres de long. Le sauveteur-plongeur Jonas Taylor doit risquer sa vie pour sauver les hommes et les femmes prisonniers de l'embarcation… et affronter le prédateur le plus terrible de tous les temps.
La critique :
Selon le propre aveu de Steven Spielberg, aucun film d'agression animale, en particulier à consonance aquatique, n'est en mesure de faire vaciller l'hégémonie de Les Dents de la Mer (1975). A la rigueur, seul le bien nomméPiranhas (Joe Dante, 1978), une modeste série B impécunieuse, serait apte à contrarier l'omnipotence de Jaws (soit le titre original de Les Dents de la Mer). Depuis, les productions horrifiques à versant aquatique se sont multipliées en coalisant squales, ophidiens, crocodiliens et autres poissons féroces et voraces. Ainsi, les thuriféraires du genre citeront aisément des films tels que Solitaire (Greg McLean, 2007), Black Water (Andrew Traucki et David Nerlich, 2007), Open Water (Chris Kentis, 2004), Le Crocodile de la Mort (Tobe Hooper, 1977), The Reef (Andrew Traucki, 2011), ou encore Primeval (Michael Katleman, 2007) parmi les oeuvres notables et éventuellement notoires.
Ce registre cinématographique s'est même nimbé d'une certaine truculence via d'étonnantes rotondités paléontologiques. Impression corroborée par les productions SyFy, Nu Image ou encore Asylum qui ont fait des requins et autres créatures sous-marines gargantuesques leurs principaux leitmotivs. En outre, c'est la sortie de Peur Bleue (Renny Harlin, 1999) qui sonne le tocsin des monstres sous-marins et préhistoriques sur le cinéma horrifique. Plus c'est gros, plus c'est bon, tel semble être l'apanage des requins et autres poissons du même acabit depuis presque deux décennies maintenant.
On ne compte même plus les DTV (direct-to-video) horrifiques qui arborent des requins et autres reptiliens sur leur affiche harangueuse, pour le plus grand désarroi de certains cinéphiles. A fortiori, En Eaux Troubles, réalisé par les soins de Jon Turteltaub en 2018, s'achemine peu ou prou dans cette même rhétorique.
Seule dissimilitude et pas des moindres, En Eaux Troubles bénéficie d'une distribution massive dans les salles obscures et semble promis à une belle carrière commerciale. A l'instar de Les Dents de la Mer, The Meg (titre original du film) s'inspire à son tour d'un opuscule, Meg : A Novel of Deep Terror de Steve Alten. A l'origine, le projet de réaliser En Eaux Troubles remonte à 1997, soit l'année de publication du roman originel. De prime abord, c'est la firme Walt Disney Studios qui souhaite s'accaparer du sujet. Mais le scénario est rectifié, corrigé puis prorogéà maintes reprises.
Le script échoit même entre les mains d'Eli Roth, le réalisateur d'Hostel (2006). Toutefois, les producteurs souhaitent une production tout public et non un film gore qui verse allègrement dans les diverses érubescences.
C'est dans ce contexte que le long-métrage échoue à Jon Turteltaub. Le nom de ce cinéaste rime invariablement avec les productions enfantines, doucereuses et sirupeuses puisqu'on lui doit, entre autres, Ninja Kids (1992), Rasta Rockett (1993), Phénomène (1996), Benjamin Gates et le trésor des templiers (2004), Benjamin Gates et le livre des secrets (2008), ou encore L'Apprenti Sorcier (2010). Autant dire que l'on tient un véritable tâcheron en la matière et que l'on peut, de facto, craindre le pire pour cette nouvelle production d'agression sous-marine.
Derechef, En Eaux Troubles avalise le succès des requins et autres monstres aquatiques sur le cinéma horrifique puisque le film culmine au box-office américain. Même les critiques et la presse se montrent plutôt affables et clémentes envers cette production dispendieuse et nantie d'un budget de 130 millions de dollars.
Certes, ce n'est pas En Eaux Troubles qui risque de contrarier la suprématie de Les Dents de la Mer, mais le film s'apparente à une production probe, cohérente et en déférence vis-à-vis des codes inhérents du genre. La distribution du long-métrage se compose de Jason Statham, Li Bingbing, Winston Chao, Jessica McNamee, Ruby Rose, Rainn Wilson, Cliff Curtis et Robert Taylor. Attention, SPOILERS ! (1) Jonas Taylor est un ancien capitaine de la Marine et un plongeur spécialisé dans les eaux profondes. Il est recruté pour plonger dans l'océan Pacifique, pour sauver une équipe de scientifiques coincée dans l'épave d'un submersible attaqué et endommagé par un requin préhistorique de vingt mètres de long, connu sous le nom de Mégalodon.
Engagé par un océanographe chinois, Taylor devra surmonter ses peurs et affronter une seconde fois le prédateur qu'il a auparavant rencontré lors d'une expédition pour sauver des hommes et des femmes piégés dans les profondeurs de l'océan (1).
Production horrifique à tonalité aquatique, la comparaison avec Les Dents de la Mer fait désormais office de catalyseur chimérique. Sauf catastrophe sous-marine et cinématographique, le film d'horreur de "Spielby" n'est pas prêt de céder sa couronne hiératique à ses concurrents pourtant apoplectiques. Seule particularité d'En Eaux Troubles, le long-métrage est le résultat d'une coalition entre producteurs américains et chinois. En sus, le film ne s'inspire pas seulement de Jaws, mais vient également renifler du côté d'Abyss (James Cameron, 1989) via cette introspection de la faune sous-marine et de tréfonds inconnus de l'homme. C'est d'ailleurs la première partie de The Meg.
Malicieux, Jon Turteltaub subodore l'existence putative d'une vie extrémophile. Hélas, cette dernière n'est ni cellulaire ni microbienne.
Au contraire, elle s'auréole même d'extravagance et de gigantisme en convoquant les aléas et les rémanences de la Préhistoire via la rémanence d'un Mégalodon. Sa taille ? 25 mètres ! Pour capturer un tel animal, Jason Statham et son escouade devront redoubler d'efforts et se montrer particulièrement intrépides, tout en mettant leur propre vie en danger. C'est la seconde partie du film, hélas de facture beaucoup plus conventionnelle. Cette fois-ci, le métrage adopte son rythme de croisière tout en se montrant plutôt philanthrope lorsqu'il s'agit de dévoiler la complexion proéminente de son requin à l'appétit pantagruélique. Dommage que Jon Turteltaub n'ait pas étayé davantage cet affrontement titanesque entre l'homme et l'animal, un peu à la manière d'un Moby Dick.
Mais le film de Jon Turteltaub n'a pas de telles aspérités littéraires et préfère lutiner avec le blockbuster homérique qui vise continûment l'action à satiété et la surenchère.
De même, nous n'aurons pas non plus de réflexion sur cet univers silencieux, à la fois immense et infinitésimal masqué par le vide et notre propre méconnaissance. N'est pas Steven Spielberg qui veut. En l'occurrence, Jon Turteltaub opte pour les saynètes d'action ad nauseam et pour un blockbuster grimé en bisserie opulente. Malencontreusement, le métrage est victime de ses propres frilosités. Certes, le carnage humain a bien lieu, mais les flots d'hémoglobine sont les grands absents de cette production régentée et agencée pour flagorner un large audimat.
Pas question d'effaroucher le grand public ni d'imiter les affabulations sanguinolentes de Jaws en son temps, une production pourtant plantureuse qui n'hésitait pas à sacrifier ses touristes sur l'autel d'un capitalisme captieux et pernicieux. En outre, En Eaux Troubles est son parfait antagoniste, soit cette production qui confédère Américains et Chinois pour amasser des pécunes et des bénéfices. Seule petite consolation, Jon Turteltaub réalise ici probablement son meilleur office, ce qui n'était pas trop difficile non plus. Pour le reste, The Meg s'apparente à une production finalement bienséante qui tergiverse entre l'horreur, l'action et le fantastique, et qui devrait logiquement ravir un public peu exigeant en termes de qualités cinéphiliques. Les autres y verront une oeuvre sans grande fulgurance en dépit de certaines apparences et de son requin à la taille cyclopéenne. Allez, par miséricorde, nous lui accorderons une mention "assez bien". C'est très (trop ?) généreux.
Note :12/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/En_eaux_troubles_(film,_2018)
Maryland (Brain damage)
Genre : Drame, thriller (tout public avec avertissement)
Année : 2015
Durée : 1h38
Synopsis :
De retour du combat, Vincent, victime de troubles de stress post-traumatique, est chargé d’assurer la sécurité de Jessie, la femme d'un riche homme d'affaires libanais, dans sa propriété« Maryland ».
Tandis qu'il éprouve une étrange fascination pour la femme qu'il doit protéger, Vincent est sujet à des angoisses et des hallucinations. Malgré le calme apparent qui règne sur « Maryland », Vincent perçoit une menace extérieure.
La critique :
Ces temps-ci, j'ai pu chroniquer, à plusieurs reprises, des métrages issus de mon pays natal : la Belgique. Un cinéma n'intéressant, paradoxalement, pas spécialement les profanes belges, visiblement trop gavés aux films hollywoodiens. Néanmoins, quand on s'y intéresse, on peut voir à quel point la profondeur est importante et l'ambition élevée. Je citerai volontiers le film culte Loft s'étant hérissé parmi les thrillers les plus émérites du XXème siècle. Citons aussi Bullhead ayant pu s'enorgueillir d'une flatteuse réputation, sans parler de l'oeuvre choc Black. Et cette liste ne pourrait se clôturer sans parler du film choc Calvaire ayant durement marqué les persistances rétiniennes, bien qu'il soit une coproduction. Cela sera aussi le cas de la petite pellicule d'aujourd'hui du nom de Maryland.
Une coproduction également franco-belge. Une co-production entre les mains de Alice Winocour, une réalisatrice fraichement débarquée dans le monde impitoyable du cinéma. En 2011, elle sortait son premier long-métrage, Augustine, qui mettait en scène un professeur étudiant l'hystérie sur une jeune adolescente de 19 ans. Pour cette première réalisation, les critiques seront très positives, voyant en elle une cinéaste à haut potentiel.
Quatre ans plus tard, c'est donc Maryland qui sera l'oeuvre phare qui déterminera si oui ou non l'érudition de Winocour est un bien fondé. Le métrage aura l'honneur d'être présenté dans la section "Un certain regard" du prestigieux Festival du Film de Cannes, sans toutefois faire suffisamment mouche. Si cette petite anicroche n'est pas du genre à interpeller, la problématique sera que, malheureusement, les critiques se montreront globalement mitigées ou tout du moins partagées. Alors que certains saluent l'exploit, d'autres calment vite le jeu. On est clairement dans le genre de pellicule bien casse-couille à chroniquer. Le genre que l'on aimera ou non, et ce sans demi-mesure.
Pourtant, tout est en place pour séduire le cinéphile amateur de thriller psychologique, voyant en son instinct naturel l'idée qu'il passera un moment tout à fait plaisant. Alors que le dernier film belge que j'ai chroniqué, L'étrange couleur des larmes de ton corps, s'apparentait à une véritable farce indigeste, est-ce que Maryland saura rattraper le tout et finaliser un cycle belge en beauté ? Réponse juste en-dessous.
ATTENTION SPOILERS : De retour du combat, Vincent, victime de troubles de stress post-traumatique, est chargé d’assurer la sécurité de Jessie, la femme d'un riche homme d'affaires libanais, dans sa propriété« Maryland ». Tandis qu'il éprouve une étrange fascination pour la femme qu'il doit protéger, Vincent est sujet à des angoisses et des hallucinations. Malgré le calme apparent qui règne sur « Maryland », Vincent perçoit une menace extérieure.
Voilà typiquement le genre de thriller qui va me faire foncer comme une balle de fusil devant l'écran. N'officiant pas dans des études de psychologie, je n'ai jamais caché mon intérêt depuis plusieurs années pour le thriller psychologique. Un genre sombre qui ne plaît pas à tout un chacun mais passionnant quand il est bien réalisé. Là est tout le challenge car nous savons bien que la sauce peut vite mal tourner quand il y a un couac dans la narration ou la mise en scène. Alors, quand le sujet du SSPT (syndrome de stress post-traumatique) est traité, tous les compteurs sont au vert pour que j'enclenche la lecture. Car oui, la guerre n'est pas une pathétique romance héroïque comme la propagande américaine nous semble le faire croire, elle est avant tout un chemin de mort et de chaos où aucune âme n'en sort indemne. « Je voulais faire un film qui soit une expérience sensorielle, entièrement du point de vue d’un seul personnage. ». C'est en ces mots qu'elle s'adressera lors de la projection, le tout suivi de « Mais c’est aussi une histoire d’amour un peu étrange, vous verrez ».
C'est dans ce très court paragraphe ce qui déterminera si oui ou non Maryland sera une réussite. Revenons-en au cas des âmes torturées par les atrocités de la guerre, Vincent est un de ceux-là qui fut pris dans le bourbier de l'Afghanistan. Malgré sa carrure impressionnante, cela ne l'a pas empêché d'être marqué fortement par ce qu'il a vécu. Tel un ouvrier envoyéà la casse, l'armée le somme de se mettre au repos et de quitter le champ de bataille, ce que Vincent refuse de voir comme une évidence. Pourtant, si lui est persuadé d'être guéri, il y a de quoi être dubitatif. Toujours pris dans le fantasme de la menace, il a du mal à s'extirper de son passé torturé. Il entend des choses que personne n'entend ou est sujet à de troublants visions. Un premier aperçu tout simplement génial, qui plus est quand se rajoutera la scène où il partira du bâtiment de l'armée, traversant un dédale de soldats fantomatiques qui ne retrouveront jamais leur(s) membre(s).
Soulignant l'évidence que la guerre n'est pas un festival d'héroïsme manichéen, Winocour s'illustre brillamment dans un premier temps. Reconverti en garde du corps, il sera embauché par un riche homme d'affaires libanais pour surveiller sa femme et son enfant. Au cours d'une soirée, Vincent est toujours en compagnie de ses propres démons intérieurs. Méfiant, froid, les gros plans le suivent avec en toile de fond une musique rythmée. L'impression que quelque chose va péter retombe tout aussi vite. La réalisatrice fait mouche en nous intégrant dans l'esprit de Vincent ressemblant à une bulle opaque. Elle nous prend à notre propre jeu en nous faisant croire que quelque chose de grave va se passer alors que tout est parfaitement normal. Dans cette première partie, autant dire que Maryland exploite amplement son potentiel, nous tenant en laisse. Enfin, on le croyait.
La suite des hostilités verra Vincent évoluer dans un huis clos qui, malgré ses grands espaces (un manoir avec des hectares de terrain) se montrera étouffant. Alors qu'il y aurait eu matière à développer la sauvagerie mentale du récit, ses thématiques et à se jouer du cinéphile, Winocour préférera jouer la carte du conventionnel, faisant retomber comme un soufflet la tension accumulée. Vincent commencera à développer une sorte d'attirance envers Jessie qu'il tentera de réfréner. Renfermé sur lui-même, il se refuse à parler et à se confier. Leur relation se fera par des jeux de regard que nous ne savons pas vraiment comment interpréter.
En soi, l'idée n'est pas mal du tout. Vincent désire-t-il vraiment Jessie ? Cherche-t-il du réconfort voyant en Jessie son objet d'apaisement mental ? Ces deux questions méritent d'être posées. Mais comme je le disais, le conventionnel prend le relais et Maryland se transmue d'expérience sensorielle malsaine à expérience en manque de consistance. Premier point qui horripilera : un diagnostic clinique trop peu approfondi, restant en surface, alors que ce n'était pas la complexité qui manquait. De quoi sérieusement calmer les curieux de cet affreux trouble mental. Si Vincent ne pourra s'extirper d'une pression omniprésente dans la seconde partie, autant avouer que le tout s'essouffle vite.
A cela se rajoute la problématique d'opter pour un choix de scénario conventionnel. En d'autres termes, l'apparition d'une menace bien réelle symbolisée par des agresseurs semblant en vouloir au mari. Cet acte trouvant son paroxysme dans la scène de la voiture transformera vite la villa en véritable piège emprisonnant psychologiquement Vincent, plus alerte que jamais. Mais justement pourquoi choisir la carte du réel ?
N'aurait-il pas été infiniment mieux de prendre le parti de l'esprit déstructuré de Vincent plutôt que la réalité extérieure ? N'aurait-il pas été plus efficace de faire en sorte que tout se passe dans l'esprit de l'ancien soldat, persuadé que ce qui se passe est réel alors que tout n'est que le fruit de son imagination ? C'est pourtant bien ce que l'on en attendait. Un film dupant en beauté son spectateur. En vain... Dans cette maison truffée de caméras de sécurité, la protection ne sera pas assurée. Vincent pourra enfin évacuer toute sa violence interne en tuant avec une férocité inimaginable ses ennemis, le tout sous le regard désemparé de Jessie. La fin prêtant à moult interprétations aura cependant ce mérite de rehausser un résultat en dent-de-scie qui aura bien du mal à cerner exactement sur quoi s'embarque le film. Drame paranoïaque ? Histoire d'amour insensée ? Voire même des tonalités d'épouvante ?
Winocour a beau dire que le film s'embarque dans le cauchemar et le fantastique mais on a bien du mal à la croire tant le résultat se montre terre-à-terre. La mise en scène en pâtira car si elle est fluide, elle ne s'accorde pas avec ce que l'on était en droit d'attendre. La tension ne prend pas assez à la gorge. La brutalité n'est pas suffisamment bien exploitée. Ok le film se regarde poliment mais tout l'apparat en est quelque peu faussé ou du moins bien trop gentil. Preuve en est que Marylandécopera d'un simple avertissement. Un comble pour ce qui était censé retranscrire l'horreur psychologique d'après-guerre.
Au moins, on se rattrapera avec un visuel plutôt ravissant sur cette villa labyrinthique, la plage et les lieux environnants. L'ensoleillement de certains décors n'écartant en rien une confiance ou un simple réconfort qui pourrait s'ancrer dans l'âme de Vincent. Bon point à préciser et que j'ai déjà préalablement cité, ce sont les gros plans traduisant le stress et l'anxiété permanents du soldat. La bande son se montre aussi de qualité, la réalisatrice ayant voulu transmettre un doute sur ce qu'il entend, jouant avec une réalité distordue. Un essai bien rendu. Pour finir, l'interprétation des acteurs rehaussera le niveau, surtout celle de Matthias Schoenaerts parvenant toujours à imposer son charisme avec aisance.
A l'instar d'Henry Fonda ou d'Humphrey Bogart, on pourrait le catégoriser comme une "gueule". Dans la peau de son personnage, il retranscrit les angoisses indicibles de son anti-héros, sa froideur si persistante, sa rancune difficilement enfouie, sa violence torrentueuse, quand bien même elle éclate sur des personnages tout sauf hostiles (l'enfant du couple, son meilleur ami). Diane Kruger jouera aussi correctement son rôle. Pour le reste, rien qui ne vaille la peine de s'y atteler.
Avec tout ça, difficile que de ne pas avoir un fort arrière-goût arrivé au générique de fin alors que tout le cahier de charges était propice à créer un véritable chef d'oeuvre marquant durablement les persistances rétiniennes. Si Winocour gère bien son entrée de jeu et opte avec grand intérêt pour un Vincent jamais relax, elle en vient vite à user son concept de manière inattendue. Balayage trop superficiel du SSPT, le choix du conventionnel (pour toucher un plus large public ?), un manque de couilles dans la réalisation (encore une fois, je renvoie au simple "avertissement"). S'il faut saluer son ambition qui devrait être un exemple pour chaque réalisateur, la jeune femme ne parvient pas à transcender son sujet pour interpeller son spectateur, voire même le choquer. Maryland est timide dans son approche et cet état de fait de vouloir faire ressentir ne s'impose pas sur le long terme.
Une déception de taille mais que je noterai de manière particulièrement indulgente car, encore une fois, je salue le courage et la prise de risque de cette Winocourà avoir attaqué de front une pathologie atrocement peu mentionnée dans le cinéma.
Note : 11/20
I Am Divine (L'histoire vraie de la plus belle femme du monde)
Genre : documentaire, biopic
Année : 2013
Durée : 1h26
Synopsis :Enfant, Harris Glenn Milstead était attiré par tout ce qui touchait au féminin. Il aimait les comédies musicales et subissait des intimidations à l’école. À la maison, il jouait à se déguiser en puisant dans la garde-robe de sa mère. Sa rencontre avec le réalisateur John Waters a tout changé. Ce dernier fit du travesti aux formes pour le moins généreuses la star de ses films chocs tels que Pink Flamingos et Female Trouble. Faisant fi des idées préconçues à propos de la beauté et des convenances, Divine (son nom de drag-queen) incarna le symbole absolu du marginal devenu égérie underground. Son engagement total dans l’expression de soi a joué un rôle précurseur dans la promotion des notions de liberté et de reconnaissance. Mort en 1988 à l’âge de 42 ans, Divine n’a cessé de se fondre dans un univers mêlant drogues, travestissement et autodérision. Brouillant les frontières entre son personnage et lui-même, il a révolutionné la culture pop. Des légions de marginaux l'en remercient.
La critique :
Bienvenue dans le cinéma trash et underground, entre autres, dans ce cinéma indépendant et impécunieux diligenté par les soins de John Waters dès la fin des années 1960, via Mondo Trasho (1968) ! La carrière cinématographique du cinéaste rogue et iconoclaste démarre vers le milieu des années 1960 avec plusieurs courts-métrages, notamment Hag in a black leather jacket (1964), Roman Candles (1966), Eat your makeup (1967) et The Diane Linkletter Story (1969), par ailleurs inconnus au bataillon et inédits dans nos contrées hexagonales.
Tout au long de sa filmographie impudente, John Waters n'a jamais caché sa dilection pour le trash, l'outrecuidance et les parties d'agapes et de priapées sur fond de saphisme, de travestisme et d'aspérités transgenres.
A l'instar de Tod Browning en son temps et avec Freaks, la monstrueuse parade (1932), John Waters affectionne tout particulièrement les marginaux, les asociaux et ces personnalités aux étonnantes adiposités qui entravent les normes et les codes d'une société patriarcale, encore engoncée dans ses préceptes ecclésiastiques. Mais, entre la fin des années 1960 et l'orée des années 1970, la société occidentale connaît des mutations importantes et rédhibitoires. La jeunesse en dissidence se regimbe contre l'autorité parentale via le mouvement hippie.
Les femmes revendiquent leur émancipation et ne souhaitent plus être assujetties à une vie de servitude et de claustration. En plein chamboulement, le capitalisme va ouïr ces diverses requêtes et transmuter la société occidentale en une corporation égotiste, hédoniste, consumériste et globalisée par les directives de nouvelles oligarchies opulentes.
Opportuniste, John Waters a déjà cerné l'impact, ainsi que la proéminence de tous ces bouleversements sociologiques, politiques, idéologiques et sociétaux. C'est dans ce contexte et contre l'avis de ses émules qu'il arbore le comédien Divine comme sa nouvelle égérie espiègle. Pour les spectateurs avisés de l'époque, prière d'oblitérer toutes ces figures blondinettes, aguichantes et d'une rare vénusté. Divine préfigure à la fois les rotondités, l'irrévérence, l'homosexualité et une figure transsexuelle qui harangue tous les dogmes d'une société dite "normative".
Telle est, par ailleurs, la rhétorique de I Am Divine, un documentaire réalisé par les soins de Jeffrey Schwarz en 2013. Attention, SPOILERS ! Enfant, Harris Glenn Milstead était attiré par tout ce qui touchait au féminin.
Il aimait les comédies musicales et subissait des intimidations à l’école. À la maison, il jouait à se déguiser en puisant dans la garde-robe de sa mère. Sa rencontre avec le réalisateur John Waters a tout changé. Ce dernier fit du travesti aux formes pour le moins généreuses la star de ses films chocs tels que Pink Flamingos et Female trouble. Faisant fi des idées préconçues à propos de la beauté et des convenances, Divine (son nom de drag-queen) incarna le symbole absolu du marginal devenu égérie underground. Son engagement total dans l’expression de soi a joué un rôle précurseur dans la promotion des notions de liberté et de reconnaissance.
Mort en 1988 à l’âge de 42 ans, Divine n’a cessé de se fondre dans un univers mêlant drogues, travestissement et autodérision.
Brouillant les frontières entre son personnage et lui-même, il a révolutionné la culture pop. Des légions de marginaux l'en remercient.Indubitablement, un tel documentaire ne pouvait que susciter notre curiosité, ainsi que notre extatisme puisque Divine, alias Harry Glenn Milstead de son vrai nom, symbolise à lui tout seul toute une faction du cinéma underground. Le film de Jeffrey Schwarz revient donc sur la vie tonitruante et mouvementée d'Harry Glenn Milstead. A fortiori, rien ne prédestinait le jeune adulescent de l'époque à embrasser une carrière cinématographique.
Affublé des oripeaux d'enfant de choeur, le jeune homme entreprend une éducation catholique et à l'abri de la tentation du péché. En outre, il connaît une scolarité difficile et subit ponctuellement les railleries et les billevesées de ses subordonnés.
Au collège, il lutine et s'acoquine avec une jeune camarade de classe avec qui il aura une relation amoureuse éphémère. Corrélativement, Harry Glenn Milstead affirme et avalise ses tendances féminines. Ses parents acceptent, bon gré mal gré, ses tropismes saphistes. Harry commence même à enfiler des oripeaux féminins et à se grimer de perruques et de porte-jarretelles dans des concours arbitraires et qui restent codifiés par les règles de la bienséance. Justement, Harry enfreint ostentatoirement toutes ces doctrines rigoristes pour arborer une tenue largement dépoitraillée et laissant entrevoir ces imposantes rotondités. C'est dans ce contexte qu'il s'accointe et sympathise avec John Waters, un autre histrion du cinéma trash. Ensemble, les deux amis fantasques tourneront six longs-métrages au total : Mondo Trasho (précédemment mentionné), Multiple Maniacs (1970), Pink Flamingos (1972), Female Trouble (1974), Polyester (1981) et Hairspray (1988).
Dans Multiple Maniacs, Divine subit les assauts répétés et libidineux d'un homard géant aux satyriasis infrangibles. Mais la polémique grondera avec Pink Flamingos, une production indépendante et désargentée dans laquelle Divine se délecte des coprophagies d'un canidé. La saynète impudique n'est pas simulée. A l'époque, John Waters ne cache aucunement sa dernière toquade. Cette séquence peu ragoûtante a justement pour vocation de courroucer les critiques et le public dubitatifs. Mission réussie en l'occurrence puisque Pink Flamingos devient l'une des nouvelles égéries du midnight movie, soit les films diffusés à minuit dans certaines salles de cinéma aux Etats-Unis.
Contre toute attente, Divine et John Waters deviennent des figures à la fois insolentes et populaires. Impression corroborée par la sortie de Female Trouble, puis par Polyester.
Mais le véritable succès commercial se nommera véritablement Hairspray, une comédie musicale qui propulse Divine au sommet de la gloire. A juste titre, John Waters et son comédien fétiche exultent. Enfin, leur style atypique est reconnu aux yeux du grand public. L'impertinence vient de triompher du capitalisme et des dogmes contraignants de la planète Hollywood, tout du moins, c'est ce que croient ingénument John Waters et son plus fidèle prosélyte. Conjointement, Divine a cessé ses activités nocturnes et a renoué des relations pérennes avec ses géniteurs.
Le comédien arbore désormais la première page de certains magazines gays et/ou féminins. Mieux, l'acteur s'est acheté une bonne conduite et ne consomme plus de substances illicites. En revanche, Divine se sustente de graisses et de mets peu recommandables, une recette insalubre qui rend fébrile son physique disgracieux et finalement vacillant.
Alors qu'il doit participer au tournage de la série télévisée Mariés, deux enfants, Divine décède d'un infarctus du myocarde (comprenez une crise cardiaque) dans la suite de son hôtel. Le diagnostic médical est sans appel. A cause de sa vie de débauche et de ses excès pantagruéliques, Divine a payé cher son accoutumance pour la nourriture et les mets plantureux. On tient donc là un documentaire souvent passionnant et exhaustif, avec des velléités de biopic. En outre, le film de Jeffrey Schwarz permet réellement de comprendre et de cerner la personnalité protéiforme de Divine. Hélas, ce documentaire n'est pas exempt de tout reproche.
Le principal et le plus surprenant concerne justement son aspect ultra conventionnel, un comble pour un film censé nous éclairer sur l'une des icônes du cinéma underground ! In fine, le portrait prodigué par Jeffrey Schwarz manque singulièrement de nuance. En résumé, Divine était une personne à la fois amène, joviale, affable, courtoise et aux antipodes de la femme trash et peu farouche décriée dans Pink Flamingos et ses nombreux épigones. On pourra donc légitimement maronner et clabauder après certains manques lacunaires. Par exemple, on aurait apprécié que le documentaire se polarise davantage sur la facette aboulique et neurasthénique de ce personnage à la fois truculent et histrionique.
Note :12.5/20
Alice In Oliver