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Earth Vs. The Spider - 1958 ("Tarantula !")

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Genre : horreur, épouvante, science-fiction
Année : 1958
Durée : 1h13

L'histoire : Introduite dans un campus, une araignée géante présumée morte se réveille au son du rock'n'roll. 

La critique :

Que ce soit en tant que réalisateur, producteur ou scénariste, Bert I. Gordon s'est toujours passionné pour les séries B science-fictionnelles, fantastiques et d'épouvante. Certes, Bert I. Gordon n'est certainement pas un grand nom du noble Septième Art, mais il fait partie de ces artisans honnêtes aux multiples influences. En outre, la carrière du cinéaste commence dès 1954 avec une production assez obscure, Serpent Island. Par la suite, Bert I. Gordon enchaîne les bisseries impécunières : Beginning of the End, The Amazing Colossal Man, Attack of the Puppet People et War of Colossal Beast assoient sa notoriété. 
Fervent admirateur du cinéma de Jack Arnold (L'étrange créature du lac noir et surtout L'homme qui rétrécit), Bert I. Gordon se passionne lui aussi pour le gigantisme et son antagoniste, à savoir cette atome primordial et infinitésimal.

En hommage au chef d'oeuvre de Jack Arnold (donc L'Homme qui rétrécit), Bert I. Gordon réalise lui aussi plusieurs films sur d'étranges cas de gigantisme ou de miniaturisation sous l'effet de radiations nucléaires. Nous sommes dans les années 1950, donc en pleine Guerre Froide entre les Etats-Unis et la Russie. Le monde entier vit dans la peur d'une Troisième Guerre Mondiale.
C'est dans ce contexte de paranoïa ambiante que sort Earth Vs. The Spider en 1958. Nanti d'un modeste budget, cette série B doit être la réponse àTarantula !, un autre film réalisé par Jack Arnold en 1955. A l'instar de son illustre modèle, Earth Vs. The Spider va lui aussi marquer les esprits. Le public se précipite dans les salles et pousse des cris d'orfraie devant cette araignée à la taille démesurée.

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En 2001, le long-métrage de Bert I. Gordon fait l'objet d'un remake homonyme (sous la forme d'un téléfilm), cette fois-ci réalisé par les soins de Scott Zielhl. La distribution de cette première version ne réunit pas des acteurs très connus, à moins que les noms de Ed Kammer, June Kenney, Eugene Persson et Gene Roth vous disent quelque chose. Mais j'en doute. Le scénario de Earth Vs. The Spider est plutôt simpliste et laconique. Attention, SPOILERS !
Jack Flynn disparaît mystérieusement près d'une grotte isolée au beau milieu de la nature. Sa fille, Carol, part à sa recherche en compagnie de son fiancée, Mr. Kingman (Ed Kammer). Arrivés dans la fameuse caverne, ils trouvent un endroit rempli de dépouilles humaines, puis le cadavre du père de Carol.

C'est sans compter sur l'arrivée soudaine d'une araignée géante. Epouvantés, Carol et son énamouré se précipitent au poste de police. Tout d'abord dubitatifs, le sergent et son équipe se rendent à leur tour dans la tannière de l'arachnide. Le cauchemar ne fait que commencer... Vous l'avez donc compris. Le scénario n'est pas spécialement le gros point fort de Earth Vs. The Spider.
Surtout, il n'est qu'un copier-collé ou une photocopie de Tarantula ! (que j'ai déjà cité). D'ailleurs, pour les effets spéciaux du film, Bert I. Gordon utilise la même technique, à savoir une véritable araignée (évidemment) filmée en gros plan pour donner une impression de grandeur. Contrairement au film de Jack Arnold, Bert I. Gordon ne fournit aucune explication sur les incroyables rotondités de son araignée à l'appétit aiguisé.

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De surcroît, le réalisateur confère à son arachnide une aura énigmatique, maléfique et cosmologique. Ce monstre, cette créature à huit pattes semble être le produit ou le résultat du néant, de ce mal, de ce vide indicible, qui surgit de nulle part. Comme un symbole, l'animal se cache dans une tannière, un endroit obombré et emblématique qui sépare notre réalité pragmatique et un autre univers, celui des limbes de l'Enfer. Il ne s'agit pas seulement de vaincre une araignée géante, mais de détruire cette menace invisible, cette pulsion archaïque et primitive qui semble être à l'origine de notre instinct profondément animal, celui qui guide nos actions barbares et guerrières.
Encore une fois, ce n'est pas un hasard si le film se déroule dans un contexte de guerre froide et de radiations nucléaires.

Earth Vs. The Spider se situe dans la lignée de La Mouche Noire, de Kurt Neumann en 1958, un autre classique du cinéma d'épouvante. Plus que jamais, l'homme se retrouve ici confrontéà son propre miroir et donc à sa propre monstruosité. Telle est la dynamique ostentatoire de tous ces films horrifiques. En l'occurrence, Bert I. Gordon parvient parfois à transcender son sujet.
Dans un premier temps laissée pour morte, l'araignée géante est exposée dans un musée. Hélas, par la suite, l'animal se réveille, déclenchant l'hystérie et la panique générales. Certes, au risque de me répéter, le scénario de Earth Vs. The Spider suit un cheminement assez classique : la découverte de l'araignée, sa capture, son réveil puis la destruction d'une ville... 
Toutefois, cette série B se suit sans déplaisir. Les amoureux du cinéma bis et des vieilles pellicules horrifiques devraient logiquement trouver leur compte.

Note : 12.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver


La Mémoire du Dragon (La légende de Bruce Lee)

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Genre : biopic, arts martiaux
Durée : 3h55
Année : 2011

L'histoire : Le parcours exceptionnel de Bruce Lee, de ses années d’apprentissage à son triomphe planétaire, de ses débuts à Honk Kong à son arrivée aux Etats-Unis, de sa jeunesse à sa mort tragique, illustrant la légende de combats plus vraies que nature. 

La critique :

Est-il encore nécessaire d'évoquer l'illustre carrière de Bruce Lee, hélas décédé en 1973 à l'âge de 32 ans ? Plus de quarante ans après sa mort, le petit dragon reste toujours la référence du film d'arts martiaux. Souvent imité mais jamais égalé. Peu de temps après son décès, les producteurs fangeux et mercantiles créent et inventent un nouveau genre : la bruceploitation.
Non Bruce Lee n'est pas mort. Contre toute attente, la supercherie fonctionne. Des pseudos sosies aux noms pittoresques (Bruce Li, Bruce Le ou encore Bruce Ly) sont censés remplacer le Petit Dragon dans des productions souvent douteuses : Le jeu de la mort 2, Bruce contre-attaque, The Clones of Bruce Lee ou encore Les 6 épreuves de la mort sont autant de films qui tentent de ressusciter le mythe.

Ce filon juteux s'épuise vers le milieu des années 1980. En 1993, Rob Cohen réalise un biopic, Dragon : l'histoire de Bruce Lee. Hélas, et à juste titre, cette biographie irénique est jugée peu éloquente par les fans et la presse cinéma. La vie mouvementée du Petit Dragon serait-elle inadaptable au cinéma ? En 2010, Raymond Yip signe Bruce Lee, Naissance d'une légende.
A nouveau, le film essuie un camouflet de la part des critiques peu enthousiastes envers ce biopic. En 2008, Li Wenqi décide de consacrer une mini série télévisée à la gloriole de l'acteur chinois. Cette série est connue à la fois sous le nom de La Mémoire du Dragon et de La Légende de Bruce Lee. Dans un premier temps, Li Wenqi réalise une première série de 50 épisodes de 45 minutes (La légende de Bruce Lee).

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Cette fois-ci, la presse se montre unanimement panégyrique et salue le travail du cinéaste. Qu'à cela ne tienne, Li Wenqi décide de condenser les épisodes de la série à travers un téléfilm de 185 minutes environ. Bienvenue dans La Mémoire du Dragon ! La distribution de ce téléfilm réunit Danny Chan Kwok Kwan, Michelle Lang, Ray Park, Michael Jay White, Gary Daniels et Mark Dacascos.
Dans ce casting, on retrouve de nombreuses figures mythiques de films d'action et d'arts martiaux. Quant à Danny Chan Kwok Kwan, il est chargé d'interpréter l'illustre Petit Dragon. Un rôle pour le moins difficile, le piège étant de sombrer dans la caricature. L'acteur est évidemment choisi pour sa ressemblance frappante avec l'artiste martial. En l'occurrence, contrairement à toutes ces anciennes stars de la Bruceploitation, Danny Chan Kwok Kwan est le vraie sosie de Bruce Lee.

En outre, l'interprète ne se contente pas d'imiter et/ou de reprendre les fameuses mimiques du Petit Dragon. Danny Kwan Kwok Chan s'approprie totalement le personnage. Lui aussi est un artiste accompli et émérite dans les disciplines du Taekwendo et du free fight. Est-il le digne épigone de Bruce Lee ? La réponse est heureusement positive. Sur ce dernier point, La Mémoire du Dragon se révèle largement supérieur au très médiocre Dragon, l'histoire de Bruce Lee.
Quant au scénario, peu ou prou de surprises puisqu'il s'agit de revisiter le mythe, sa vie, son parcours et sa mort. Attention, SPOILERS ! L'histoire exceptionnelle de Bruce Lee, de ses années d’apprentissage à son triomphe planétaire, de ses débuts à Honk Kong à son arrivée aux Etats-Unis, de sa jeunesse à sa mort tragique, illustrant la légende de combats plus vraies que nature.

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Contre toute attente, le réalisateur, Li Wenqi, choisit d'illustrer la vie du Petit Dragon en se focalisant sur les principaux événements de sa vie. Le téléfilm commence sur un tournoi de karaté organisé aux Etats-Unis et réunissant les meilleurs combattants du moment. Pour Bruce Lee, c'est l'occasion ou jamais de faire triompher sa discipline, le Jeet Kune Do, un art martial que le Petit Dragon veut imposer au monde entier, une technique ultime et de parfaite osmose entre le corps et l'esprit.
Au grand dam de ses contempteurs, des maîtres chinois eux aussi installés et expatriés chez l'Oncle Sam. Les arts martiaux asiatiques doivent rester l'apanage des disciples de Shaolin. Telle est la dynamique principale de La Mémoire du Dragon.

A partir de là, cette mini série télévisée se divise en deux parties bien distinctes. La première se résume à une sorte de parcours initiatique. Tout d'abord danseur de tango, Bruce Lee est injustement rudoyé par quelques camarades de lycée. Vindicatif, il s'entraîne tous les jours et reçoit l'enseignement d'un maître spécialisé dans le kung-fu. Rapidement, Bruce Lee montre des capacités étonnantes et multiplie les acrobaties les plus insensées.
Non seulement le jeune élève est doué mais il se montre particulièrement opiniâtre. Devenu à son tour un artiste martial accompli, il fait néanmoins preuve d'arrogance. Ce qui a le don d'agacer ses nombreux contempteurs. Très vite, Bruce Lee devient l'adversaire à battre, celui qui doit être à humiliéà tout prix.

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Hâbleur, le jeune homme défie plusieurs maîtres d'arts martiaux en combat singulier. Il triomphe toujours (mais souvent difficilement) de ses augustes adversaires. En l'occurrence, La Mémoire du Dragon n'est pas spécialement dithyrambique avec cet homme à la fois rogue, tenace et vénal. Après avoir longtemps subi les anathèmes et les billevisées des producteurs aux Etats-Unis, Bruce Lee compte bien s'accaparer et triompher du petit monde d'Hollywood. Lui aussi devient une sorte de capitaliste spécialisé dans les bourre-pifs. Le téléfilm évoque rapidement les tournages de ses films les plus populaires.
Sur ce dernier point, Li Wenqi se montre plutôt timoré et élusif. Il préfère privilégier la psychologie de son personnage principal. Certes, on relève parfois quelques anachronismes. Cependant, cette mini série possède de solides arguments, entre autres l'extraordinaire performance de Danny Chan Kwok Kwan, et de nombreuses combats homériques. Bref, on tient là une adaptation de qualité, celle qui rend enfin hommage à l'aura, à la pugnacité et au charisme du Petit Dragon.

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Blood Freak (Le dindon héroïnomane)

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Genre : horreur, épouvante, inclassable
Année : 1972
Durée : 1h26

L'histoire : Herschell un motard, rencontre une jeune femme catholique qui lui propose de venir chez elle. Il y fait la connaissance de la soeur de cette dernière qui lui trouve un emploi dans une ferme d'élevage de dindes tenue par son père, un savant fou. Le scientifique et son acolyte vont transformer Herschell en monstre dinde qui va s'attaquer aux dealers et aux consommateurs de drogues. 

La critique :

Le nom de Steve Hawkes (de son vrai nom Steve Sipek) ne doit pas vous évoquer grand-chose. Normal, l'acteur a surtout joué dans des séries B (voire Z) de seconde zone. On le connaît surtout pour avoir interprété le rôle de Tarzan dans d'obscures productions espagnoles. En 1972, avec la collaboration d'un certain Brad F. Grinter, Steve Hawkes se retrouve à la fois devant et derrière la caméra de Blood Freak. Nanar totalement méconnu en France, Blood Freak est devenu un film culte et un sujet (de quasi) vénération aux Etats-Unis. Que les choses soient claires.
On tient là un véritable OFNI (objet filmique non identifié) du noble Septième Art. Toutefois, la question reste la suivante : à ce niveau d'idiotie et de médiocrité, peut-on encore réellement parler de cinéma ?

Aux côtés de Plan 9 from outer Space, Robot Monster et autres Turkish Star Wars, Blood Freak figure parmi le panthéon des nanars, donc les films les plus nullissimes de l'histoire du cinéma. Rappelons un peu les faits. En 1969, Dennis Hopper réalise un road movie qui va profondément marquer la culture aux Etats-Unis. Son nom ? Easy Rider, soit l'histoire de motards indociles et libertaires qui partagent la même passion pour les substances illicites. Visiblement, Steve Hawkes et Brad F. Grinter ont beaucoup apprécié le chef d'oeuvre de Dennis Hopper. Un peu trop peut-être.
A leur tour d'exalter leur goût immodéré pour la cocaïne, la "sniffette" et l'héroïne dans ce fameux Blood Freak ! Toutefois, sur le fond, ce nanar improbable se veut terriblement ambitieux.

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Le but de Steve Hawkes et son comparse est de réaliser un film préventif sur la nocuité et les effets délétères de ces produits ilicites. Certes, par la suite, de nombreux longs-métrages porteront plus ou moins sur la même thématique. Des films tels que More (Barbet Schroeder, 1969), Requiem For A Dream (Darren Aronofsky, 2001) ou encore Moi, Christiane F., 13 Ans, Droguée, Prostituée... (Uli Edel, 1981) tenteront à leur tour d'alerter sur les dangers de toutes ces poudres hallucinatoires.
Mais aucun d'entre eux n'est le digne épigone de Blood Freak. A lui tout seul, le film de Steve Hawkes constitue la véritable panacée contre les différentes formes de toxicomanie. Vous désirez décrocher ? A tout jamais ? Alors regardez Blood Freak

Nanti d'un budget impécunier, Blood Freak rapporte un joli pactole à ses auteurs. En l'état, difficile de dire à quoi ressemble cet OFNI. Film d'horreur, slasher, drame, comédie ou encore un long-métrage préventif... A moins que ce ne soit une oeuvre totalement inclassable et inénarrable... Oui, Blood Freak est un curieux mélange hétéroclite entre ces différents styles.
Quant au scénario, il est pour le moins fuligineux et pittoresque. Donc merci de bien suivre les longues lignes qui vont suivre ! Attention, SPOILERS ! Herschell, un motard, rencontre une jeune femme catholique qui lui propose de venir chez elle. Il y fait la connaissance de la soeur de cette dernière qui lui trouve un emploi dans une ferme d'élevage de dindes tenue par son père, un savant fou.

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Le scientifique et son acolyte vont transformer Herschell en monstre dinde qui va s'attaquer aux dealers et aux consommateurs de drogues. S'ensuit alors une longue escalade dans la violence avec des meurtres et du ketchup en guise d'effusions sanguinaires. Tout d'abord, Blood Freak, c'est un look ringard avec des couleurs disparates et bigarrées. Bienvenue dans les années 1970 !
Essayez d'imaginer un trentenaire blondinet avec des bacchantes de vingt à trente centimètres, des favoris, une chevelure hirsute et un léger strabisme, gloser et pérorer longuement devant la caméra. Le jeune homme disserte et déclame sur le sort de son ami transformé en dindon criminel et machiavélique. Puis c'est au tour de la fiancée d'Herschell de nous servir une longue homélie sur le sort funeste de son énamouré.

La "belle" (vraiment un terme à guillemeter et à minorer) interroge son fiancé sur leur avenir conjugal. Que vont dire les autres, plus précisément leurs amis et leur famille respective ? Et puis, si ils ont des enfants, vont-ils ressembler eux aussi à leur père disgracieux, donc à des petits dindons ? Autant de questions passionnantes. La longue litanie de la jeune femme dure au moins dix bonnes minutes !
Fous-rires garantis ! Viennent également s'ajouter des doublages en français d'une rare médiocrité. Entre temps, le film est régulièrement coupé par l'apparition impromptue d'un narrateur anonyme. A travers plusieurs circonlocutions, ce dernier tente d'expliquer tout le mystère qui nimbe cette étrange métamorphose. Toutefois, ce narrateur n'est guère éloquent, fume le cigar puis semble presque victime d'hémoptysies !

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En réalité, il est difficile de raconter le scénario de Blood Freaks tant le film s'apparente lui aussi à un délire et à une sorte de périple hallucinatoire. Enfin, comment ne pas évoquer la fameuse séquence de transformation d'Herschell en dindon monstrueux ? Alors qu'il visite une ferme, le jeune homme se focalise sur les gémissements des animaux, en particulier les gloussements des dindons.
Pris de convulsions, Hershell pousse à son tour de nombreuses tintinnabulations. A son réveil, son visage s'est transformé en celui d'un affreux volatile. A partir de là, Blood Freak prend la forme d'un slasher. Steve Hawkes multiplie les meurtres complètement "nazebroques". Mal filmé, dénué de toute narration plausible, cohérente et/ou compréhensible, Blood Freak accumule toutes les erreurs possibles en matière de montage, de mise en scène et de réalisation. Une sorte d'antithèse du cinéma.
Ou alors la quintessence d'une autre forme d'art : l'anti-cinéma !

Côte :Nanar

sparklehorse2 Alice In Oliver

Les Evadés de la Planète des Singes (Retour au XXe siècle)

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Genre : science-fiction
Année : 1971
Durée : 1h38

L'histoire : Cornélius et Zira parviennent à retourner vers le passé, et débarquent au 20e siècle à Los Angeles. Ils y subissent les mêmes tourments que Taylor sur la "planète des singes", et découvrent petit à petit quels événements conduiront à la fin de la civilisation humaine et à la domination simienne

La critique :

Après un second épisode (Le secret de la planète des singes) particulièrement décevant, la saga simienne se poursuit. La franchise continue de rapporter un joli pactole à la Twentieth Century Fox. Avant même la sortie du second volet, un troisième chapitre est déjà annoncé par les producteurs mercantiles. Charlton Heston n'est plus de la partie. Comme un symbole, son personnage (Taylor) est nûment assassiné par les singes dès le deuxième film. Le glas de la saga ?
Paul Dehn griffonne un premier script dans lequel il est question à nouveau d'un voyage dans le temps, idée évidemment retenue par la Fox. Don Taylor est choisi par la firme pour réaliser Les Evadés de la planète des singes, sorti en 1971. Le cinéaste est essentiellement spécialisé dans les séries télévisées.

On lui doit néanmoins quelques films notoires, entre autres, L'Île du Docteur Moreau (1977), Damien : la Malédiction 2 (1978) et Nimitz retour vers l'enfer (1980). Don Taylor fait donc partie de ces honnêtes artisans du noble Septième Art. Il est également chargé de redonner un peu de "tonus" ou plutôt de vigueur à une franchise moribonde, surtout après l'échec artistique (mais pas financier) du Secret de la planète des Singes. La distribution de ce troisième opus réunit Roddy McDowall, Kim Hunter, Bradford Dillman, William Windom, John Randolph, Eric Braeden et Natalie Trundy.
En outre, Don Taylor réalise probablement l'épisode le plus éloquent de la saga, probablement àégalité avec La Conquête de la planète des singes, cette fois-ci réalisé par les soins de J. Lee Thompson en 1972.

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A l'instar des précédents chapitres, Les Evadés de la planète des singes bénéficie d'un budget modeste (deux millions de dollars). Le film obtiendra à nouveau un joli succès dans les salles obscures. Retour aux affaires sérieuses. En l'occurrence, l'objectif de Don Taylor est de revenir à l'essence même de la franchise. Sur la forme, Les Evadés de la planète des singes reprend le même concept que La Planète des SingesSeule différence, et pas des moindres, Don Taylor et son scénariste bouleversent les codes de la saga. Cette fois-ci, ce sont les singes qui débarquent dans notre époque contemporaine !
Attention, SPOILERS ! 
Pour échapper à l'anéantissement de la Terre, le Docteur Milo, Zira et Cornélius s'échappent à bord de la navette spatiale du Capitaine Taylor. Ils se retrouvent alors sur Terre en 1973.

Peu de temps après leur arrivée, le Docteur Milo meurt dans un tragique accident, sous le regard hébété de Zira et Cornélius. Leurs premiers jours sur la planète se passent bien et les humains les accueillent en leur faisant découvrir leur monde. Malheureusement, leur présence ne tarde pas à déranger. Certains humains se sentent menacés. Le couple se trouve dans une situation d'autant plus critique que Zira est enceinte. Cependant, ils bénéficient de l'aide de certaines personnes comme Armando, le propriétaire d'un cirque qui les cache quelques heures.
Zira met au monde son bébé chimpanzé et décide avec son mari Cornélius de l'appeler Milo en hommage et souvenir de leur ami le Docteur Milo.

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Indubitablement, Les Evadés de la planète des singes possède un concept à la fois intéressant et mutin. Dès les premières minutes du film, Don Taylor et son équipe se chargent de faire revenir Cornélius et Zira, les deux singes "stars" du premier volet, cette fois-ci dans notre époque moderne. Laissés en filigrane dans le précédent chapitre, les deux tourtereaux sont les véritables héros de ce nouveau succédané.
Le voyage dans le temps n'est donc qu'un prétexte à des retrouvailles entre chimpanzés et humains, deux races hélas destinées à se néantiser. Le long-métrage se divise en trois parties bien distinctes. Dans la première, Don Taylor adopte un point de vue pacifiste. Certes, le gouvernement américain accueille leurs deux nouveaux commensaux avec quelques suspicions et réticences. Pourtant rapidement, Cornélius et Zira sont choyés et même adulés par la population.

Ils bénéficient carrément d'une chambre de luxe dans un hôtel cossu. Devenus de véritables nababs et les nouveaux phénomènes des journeaux, le couple doit néanmoins se justifier devant une commission américaine. C'est la seconde partie du film, cette fois-ci beaucoup plus belliciste. Légèrement avinée, Zira révèle malgré elle le sort futur des humains : la servitude, l'esclavage, la lobotomie et diverses expérimentations somatiques et scientifiques.
Hagards, certains membres de la commission décident d'alerter les plus hautes autorités. Il faut éliminer la future progéniture des deux énamourés. C'est la troisième et dernière partie du film, un peu plus tendue et surtout "couillue" (si j'ose dire). C'est aussi le principal défaut des Evadés de la planète des singes. Certes, encore une fois, ce troisième volet possède un certain potentiel.
Hélas, Don Taylor se contente de ponctuer un récit pourtant prometteur de détails et de longueurs superflus. Cependant, le film propose encore plusieurs séquences solidement troussées, entre autres, la scène d'interrogatoire. Toutefois, il manque à ce troisième chapitre cette once d'action et de folie qui aurait pu faire la différence. Défaut qui sera par ailleurs comblé dans l'épisode suivant : La Conquête de la planète des Singes.

 

Note : 13.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Prometheus (La recherche de nos origines pourrait mener à notre fin)

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Prometheus

Genre : science-fiction (interdit aux - 12 ans)
Année : 2012
Durée : 2h03

L'histoire : Une équipe d’explorateurs découvre un indice sur l’origine de l’humanité sur Terre. Cette découverte les entraîne dans un voyage fascinant jusqu’aux recoins les plus sombres de l’univers. Là-bas, un affrontement terrifiant qui décidera de l’avenir de l’humanité les attend. 

La critique :

Après l'immense succès d'Alien : le huitième passager (1979), Ridley Scott s'était pourtant juré de ne plus retourner vers la créature dolichocéphale. Pourtant, avec ce premier volet, le cinéaste a marquéà la fois le cinéma de science-fiction et d'horreur. Par la suite, ce seront trois nouveaux chapitres qui seront réalisés, puis deux succédanés (Alien Vs. Predator et Alien Vs. Predator : Requiem).
En attendant la sortie hypothétique (et de plus en plus probable) d'un Alien cinquième du nom, les producteurs mercantiles veulent relancer la franchise. La Twentieth Century Fox contacte Ridley Scott pour réaliser une préquelle d'Alien : le huitième passager. Dans un premier temps, l'intéressé donne son accord, mais seulement en tant que producteur. C'est un certain Carl Erik Rinsch qui est censé réaliser ce nouveau projet, baptiséPrometheus.

Plusieurs scénaristes sont contactés pour écrire le script de ce nouvel opus. Après toute une série d'atermoiements, Prometheus n'est plus envisagé comme une préquelle, mais comme un film indépendant de la franchise. L'idée séduit Ridley Scott qui accepte finalement de réaliser Prometheus en 2012. Pendant le tournage, le cinéaste s'empoigne avec la Fox concernant l'interdiction du film.
En raison de son énorme budget (environ 250 millions de dollars), la firme souhaite un long-métrage tout public alors que Ridley Scott mise sur une classification "PG-13", en ajoutant des androïdes et plusieurs séquences violentes voire barbares. La Fox somme le cinéaste de revoir sa copie et de calmer ses ardeurs. La distribution du film réunit Noomi Rapace, Michael Fassbender, Charlize Theron, Idris Elba, Guy Pearce, Logan Marshall-Green, Sean Harris et Patrick Wilson.

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Plusieurs actrices seront envisagées pour le rôle d'Elizabeth Shaw (finalement interprétée par Noomi Rapace) : Natalie Portman, Anne Hathaway, Gemma Arterton et Abbie Cornish. Mais Ridley Scoot veut une héroïne très différente de celui d'Ellen Ripley. Paradoxalement, les deux personnages partagent de nombreuses similitudes. Peu avant la sortie du long-métrage, Ridley Scott se montre particulièrement panégyrique. Prometheus serait carrément le meilleur film de science-fiction de ces vingt dernières années. Le cinéaste annonce un scénario à la fois complexe, ambitieux et prometteur.
Les fans de la saga Alien jubilent. Prometheus est-il la claque annoncée ? Réponse dans les lignes à venir. En l'occurrence, les critiques et la presse cinéma sont plutôt mitigées. 

Attention, SPOILERS ! Dans un passé lointain, un vaisseau extraterrestre arrive sur Terre Un être humanoïde y est déposé et s'y sacrifie en absorbant un liquide noir sous l'effet duquel son corps se désagrège, répandant son ADN dans un cours d'eau. En 2089, les archéologues Elizabeth Shaw et son compagnon Charlie Holloway découvrent, sur l'île de Skye en Écosse, une peinture préhistorique figurant un humanoïde désignant six étoiles, peinture quasi-identique à des représentations picturales découvertes chez d'autres civilisations datant d'autres époques.
En 2093, une expédition scientifique est organisée par la société Weyland, qui envoie dix-sept membres à bord du vaisseau Prometheus, jusqu'à une lune lointaine appelée LV-223, censée être l'endroit indiqué sur les images. 

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Le voyage dure deux ans pendant lesquels l'androïde David 8 surveille le vaisseau alors que l'équipage est en biostase. Nouvelle mode, nouvelles moeurs dans le cinéma. Après avoir exploité les remakes à satiété, Hollywood se focalise désormais sur les préquelles. Toutefois, Prometheus ne serait pas vraiment une préquelle d'Alien : le huitième passager, même si les deux films sont intimement liés. Beaucoup de bruit pour rien. C'est finalement ce bon vieil adage : "Ou tout ça, pour ça"...
Tel est le terrible constat lors du générique de fin de Prometheus. Contre toute attente, le scénario est plutôt classique et laconique. Finalement, le script se résume à un vieillard décati qui souhaite recouvrir la vie éternelle. Quant aux origines de la vie terrestre, elles se trouveraient dans une contrée lointaine, à des millions d'années-lumière de notre étoile-mère, plus précisément chez nos illustres ancêtres, en l'occurrence des extraterrestres.

Une expédition spatiale s'organise. Premier bémol : après plus de deux ans de voyage intersidéral et de cryogénisation, nos chers explorateurs sont enfin avisés de leur mission (???). Une chimère. A partir de là, le film accumule les maladresses et les approximations. Indubitablement, Ridley Scott n'est plus ce réalisateur érudit du passé. Vous pouvez donc oublier tout climat d'angoisse, de terreur, d'effroi et de malaise au profit d'un blockbuster standardisé, certes de facture honnête, mais qui ne parvient jamais (ou presque...) à transcender son sujet.
Bien sûr, au détour de plusieurs séquences (solidement troussées), Ridley Scott propose plusieurs pistes de réflexion intéressantes. Sans plus. 
Pas de quoi se relever la nuit. En vain, on attend patiemment ce chaînon manquant entre cette phylogenèse et cet Alien vorace, fallacieux et destructeur.

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Point de réponse de la part de nos chers démiurges, peu affables et magnanimes en l'occurrence. Pis, désormais leurs intentions sont bellicistes. Pourquoi ? Comment ? Pour quelles raisons ? Autant de questions sur lesquelles Ridley Scott se montre particulièrement élusif. Plus de deux heures de pellicule pour une absence presque totale de réponse. 
Il faudra donc attendre la sortie d'un second chapitre, donc Prometheus 2, prévu en 2017. A moins que cette suite soit à nouveau prorogée voire même oblitérée. Une nouvelle mode à Hollywood. Un constat pour le moins frustrant et décevant. A l'image finalement du scénario de Prometheus. Evidemment, le film possède tout de même quelques arguments : le jeu tout en finesse de Noomi Rapace, très convaincante dans le rôle de cette scientifique hâve et opiniâtre ; et une mise en scène suffisamment énergique pour maintenir un certain intérêt ou plutôt un ennui poli (vous choisirez).

 

Note : 11/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

L'Armée des Morts (L'heure de l'Apocalypse a sonné)

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Genre : horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
Année : 2004
Durée : 1h40

L'histoire : Personne ne peut expliquer comment tout cela est arrivé, mais ce matin, le monde n'est plus qu'un immense cauchemar. La population de la planète se résume désormais à une horde de morts vivants assoiffés de sang et lancés à la poursuite des derniers êtres humains encore en vie. Après avoir miraculeusement réussi à s'échapper de son quartier, Ana Clark se barricade avec un petit groupe de survivants dans un centre commercial. André et sa femme enceinte, Michael et Kenneth, officiers de police, vont tout faire pour rester vivants. Alors que dehors, la situation est de pire en pire, à l'intérieur, il faut aussi faire face aux peurs et aux démons de chacun

La critique :

En 1978, George A. Romero réalise un futur grand classique du cinéma d'épouvante : Dawn of the Dead, rebaptiséZombie lors de sa sortie en France. Film d'horreur à la fois politique et engagé, Zombie essuie un camouflet au moment de sa sortie et doit affronter les foudres et les avanies de la censure. Les fans de films d'horreur exultent et s'arrachent le film dans les vidéos clubs.
Interdit aux moins de 18 ans, Zombie devient le nouveau film de référence, celui qui va dicter la grande mode des morts-vivants affamés et carnassiers au cinéma. Le long-métrage influence et inspire de nombreux succédanés. Souvent imité mais jamais égalé. Fervent admirateur du film original, Zack Snyder décide de réaliser un remake. Ce sera L'Armée des Morts, sorti en 2004.

La distribution du film réunit Sarah Polley, Ving Rhames, Jake Weber, Mekhi Phifer, Ty Burrell, Michael Kelly, Kevin Zegers et Jayne Eastwood. Comme un symbole, Tom Savini, le célèbre collaborateur de George A. Romero, apparaît furtivement dans le film, en l'occurrence sous le costume d'un shérif. Enorme succès au moment de sa sortie, L'Armée des Morts reçoit des critiques plutôt enthousiastes.
Pour une fois, un remake serait-il le digne égone de son illustre modèle ? Réponse dans les lignes à venir. Attention, SPOILERS ! Personne ne peut expliquer comment tout cela est arrivé, mais ce matin, le monde n'est plus qu'un immense cauchemar. La population de la planète se résume désormais à une horde de morts vivants assoiffés de sang et lancés à la poursuite des derniers êtres humains encore en vie.

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Après avoir miraculeusement réussi à s'échapper de son quartier, Ana Clark se barricade avec un petit groupe de survivants dans un centre commercial. André et sa femme enceinte, Michael et Kenneth, officiers de police, vont tout faire pour rester vivants. Alors que dehors, la situation est de pire en pire, à l'intérieur, il faut aussi faire face aux peurs et aux démons de chacun.
Certes, L'armée des morts partage de nombreuses analogies avec le film de Romero. A contrario, on relève aussi un certain nombre de divergences. Evidemment, le centre commercial est à nouveau le substrat et le socle d'un scénario qui prend volontairement ses distances avec la copie originale. Dans Dawn of the Dead, les zombies étaient devenus des êtres à la fois affamés et apathiques. Surtout, ils était les reflets de ces supers consommateurs encore avilis par leurs pulsions hédonistes.

La longue marche vers l'industrie consumériste symbolisait ce dernier réflexe égotiste. Dans L'armée des morts, point de réflexion ou d'allégorie sur notre société inhibée et indolente. Cette fois-ci, les morts-vivants courent, sautent, empoignent et tortorent leurs victimes. Le centre commercial ne représente plus ce capitalisme vénal et forcené. Comme une évidence.
Pour Snyder, il s'agit avant tout de transformer la diatribe du passé (donc le film original) en blockbuster violent, énergique et spectaculaire. Finalement, L'Armée des morts ressemble étrangement au produit dénoncé par Zombie lui-même. Zack Snyder réalise un remake à la fois hollywoodien, calibré et consensuel. Cette nouvelle version est le parfait reflet de notre époque actuelle et d'un cinéma à la fois calibré et standardisé.

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Paradoxalement, la version de Snyder possède de solides arguments. Dans l'ensemble, cette nouvelle copie reste assez fidèle à l'esprit du film original. Dès les premières minutes, le long-métrage a le mérite de présenter les inimitiés. Ana Clark (Sarah Polley) est l'héroïne du film. Assaillie par son mari et sa fille transmutés en zombies, elle parvient à s'évader de sa demeure.
L'Armée des Morts débute dans l'Apocalypse, la conflagration, la souffrance et la douleur. Viennent alors s'ajouter une multitude de personnages, pas toujours éloquents, il faut bien le dire. A l'image de ce couple qui attend patiemment la naissance de leur future progéniture. Hélas, la parturiente est mordue par un mort vivant. La séquence émotion se transforme en bain de sang avec un moutard déjà grognard, lui aussi transfiguré en zombie.

Quant au papa hagard, il se mute également en défenseur de la veuve et de l'orphelin avant d'être à son tour assassiné. Ce n'est pas forcément la séquence la plus convaincante du film. Loin de là. Sans compter cette vieille dame décatie et particulièrement plantureuse, elle aussi transformée en zombie affamée. La scène confine alors à l'autoparodie. A contrario, Zack Snyder propose plusieurs saynettes solidement troussées. A elles seules, les vingt dernières minutes, en particulier l'évasion finale, justifient le visionnage de ce remake. Intense, l'opération se déroule dans les déflagrations, les balles et même les coups de tronçonneuse. Un festival de gore qui ravira les amateurs du genre.
Comme un symbole, les ultimes minutes sont filmées caméra à l'épaule, à la manière d'un documentaire, donnant un peu plus de vigueur et de fougue à cette pellicule plutôt réussie dans l'ensemble.

Note : 14/20

Carcinoma (L'ultime chef d'oeuvre d'un géant du cinéma trash)

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Genre : horreur, trash, extrême (interdit aux – 18 ans)
Année : 2014
Durée : 1h24

Synopsis : Dorian est un homme sans histoire, employé dans une usine de composte. Un jour, une  grosseur se déclare au niveau de son ventre. Verdict : un cancer du côlon, le carcinome. Dès lors et à mesure que son état physique se délite, son comportement change radicalement et son esprit sombre dans une démence autodestructrice qui va le conduire à sa perte.

La critique :

Mais qui est donc Art Doran ? Serait-ce un nouveau venu sur la scène underground dont on n’aurait jamais entendu parler et qui aurait surgi comme par enchantement ? Pas du tout. Au contraire, il s’agit d’un cinéaste allemand très connu et unanimement considéré par les spécialistes comme le plus grand réalisateur du cinéma extrême de ces dix dernières années. Vous voyez évidemment de qui je veux parler.
Marian Dora a donc connu récemment quelques déboires avec la justice de son pays comme en a eu un certain Olaf Ittenbach en 1992, lors de la sortie de son ultra violent The Burning Moon. Le cas de Marian Dora est plus épineux car le terrible réalisme de ses œuvres insinue un malaise certain dans les esprits et s’attire immanquablement les foudres de la sacro-sainte censure. Jugés trop radicaux (notamment en raison de meurtres réels d’animaux), certains de ses films furent tout simplement privés  de distribution.

A la suite de cela, Marian Dora jugea bon de changer de pseudonyme, pour un temps en tout cas. C’est donc Art Doran qui revient sur le devant de la scène, quatre ans après son dernier film, Reise Nach Agatis, qui provoqua chez les fans (dont votre serviteur), une certaine déception tant le réalisateur les avait précédemment habitués à atteindre des sommets vertigineux dans la morbidité.
Carcinoma, sorti en toute discrétion en 2014, allait donc servir de révélateur sur la perte (ou pas) d’inspiration du génial teuton. Disons-le tout net, le réalisateur n’a non seulement rien perdu de son talent, mais de plus, il signe ici ce qui est certainement à ce jour, son meilleur film. En effet, Carcinoma réunit à lui tout seul les « qualités » entrevues dans les œuvres précédentes de l’auteur : le mysticisme trash de Melancholie Der Engel, l’horreur épidermique de Cannibal et la dépravation abjecte de Debris Documentar.

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Mais quel scénario se cache derrière ce titre quelque peu nébuleux ? Le carcinome (ou épithélioma) est un type de cancer qui affecte la peau et les muqueuses, et qui se développe à partir d’un tissu épithélial. Merci Wikipédia ! N’ayant pas fait d’études de médecine, je ne m’étendrai pas outre mesure sur un domaine qui dépasse largement mes compétences. Mais le fait est que le film de Art Doran traite donc du thème difficile de la maladie et de ses conséquences pathologiques.
Chez un autre réalisateur que lui, le sujet aurait pu sembler lourd, rébarbatif même. Carcinoma, c’est tout le contraire. Le film est une symphonie morbide, un feu d’artifice trash que seul un maître de l’art outrancier peut orchestrer et rendre sublime. Attention, SPOILERS ! Victime d’un cancer du côlon, appelé aussi carcinome, Art Doran gît sur un lit d’hôpital.

Au fil du générique, défilent des photos des jours anciens, de son enfance jusqu’à aujourd’hui. Il se remémore les événements qui l’ont conduit à cette situation. Dorian travaillait dans une usine de déchets. Sa femme et lui coulaient des jours heureux dans leur belle maison, jusqu’à ce que cette tumeur abdominale n’apparaisse. Dorian change. Tandis qu’il s’affaiblit et que sa tumeur grossit, son caractère bascule dans la perversité la plus malsaine. Ainsi, par le biais de son meilleur ami qui est gay, il fréquente les catacombes de la ville où, se livrant à des jeux sadomasochistes, il se fait fouetter violemment par un jeune éphèbe sur sa plaie toujours plus suppurante.
Il force également sa compagne à pratiquer la scatophilie. Après un séjour traumatisant à l’hôpital, la maladie de Dorian est diagnostiquée. C’est un carcinome. Dès lors, son univers s’écroule et sa vie se transforme en cauchemar.

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A mesure que son corps décrépit et tombe inéluctablement en dégénérescence, son esprit lui aussi vacille jusqu’à sombrer dans une totale folie autodestructrice. Tout au long du film, l’histoire nous ramène par flash-back à la confession à laquelle il se livre auprès d’un prêtre que le récit de ses exactions perturbe à outrance. Puis, sa femme, ne pouvant plus supporter sa déchéance, le met dehors et il se réfugie chez sa mère sénile et impotente. C’est là, dans une chambre glauque, qu’il va rendre son dernier soupir tout en continuant de se mutiler au niveau de ses nombreuses ecchymoses, qui ont envahi son corps tout entier. Carcinoma est une œuvre à l’atmosphère sale, poisseuse, comme imprégnée de moisissures.
Le réalisateur sait plus que tout autre instaurer un contexte oppressant tout à fait propice à faire plonger le spectateur dans un climat anxiogène. Le spectateur qui au fur et à mesure des événements, se laisse immerger par un profond malaise en même temps que le personnage principal lui, sombre dans la folie.

Dans cet environnement suffocant, l’âme de Dorian, pareille à cette usine de déchets où il travaille, s’altère au point de dégénérer irréversiblement. Ce pourrissement intérieur s’accentue en même temps que la maladie se propage à l’extérieur sur son corps. Les réalisateur utilise les deux dimensions pour établir un parallèle entre la décrépitude physique et l’avilissement spirituel.
Marian D… Pardon, Art Doran possède un style unique et inimitable. L’ultra stylisation des décors naturels, les images aux couleurs automnales et délavées, la musique grandiloquente : tous ces éléments participent, de film en film, à sa signature artistique. Carcinoma ne déstabilisera pas son public qui se retrouve en terrain connu. Ainsi, nous avons toujours droit à ces levers de soleil inondés de poésie (avec des perles de rosée se déposant sur la caméra) et à ces envolées musicales lyriques qui contrastent toujours autant avec la répugnance des scènes filmées, comme toujours avec un réalisme d’une méticulositéà couper le souffle.

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Car avec ce géant du cinéma extrême, autant vous dire que la qualité des effets spéciaux tient de l’irréel. Effets spéciaux dantesques au service de séquences morbides terriblement graphiques, dont l’horreur n’a d’égale que la transgression. Car le film qui se complaît dans une atmosphère nauséabonde va très loin dans l’abjection visuelle, avec notamment de nombreux déversements excrémentiels, des plaies béantes sidérantes de vérité et bien sûr, cette impressionnante scène scatologique réelle.
Le point culminant du film reste cependant sa fin avec la mort de Dorian, baignant dans les déjections et le sang, en proie à d’atroces souffrances tandis que la caméra s’attarde en même temps sur l’agonie (difficilement à supportable à visionner) d’un lapin étouffé par le propre serpent de l’agonisant. Le rapprochement entre la mort de cet animal et celle du pécheur étouffé par le poids de ses fautes est évident.

Sur ce point, nombreuses sont aussi les références religieuses. Ainsi, c’est après un coït sauvage avec sa femme (dans lequel s’est immiscé le serpent du couple) que Dorian voit l’apparition des premiers symptômes de son mal. Le symbole biblique du jardin d’Eden est flagrant. L’œil maçonnique (ou ce qui lui ressemble) revient lui aussi souvent au cours de l’histoire. Il représente même l’affiche du film.
Sur la forme, on remarquera une évolution notable dans le style du réalisateur. Les plans sont brefs, les flash-back nombreux, le scénario est complexifié, comme si Art Doran voulait semer le trouble dans l’esprit du spectateur, en même temps que celui-ci suit le personnage principal dans sa descente aux enfers. Une évolution notable sans être un profond bouleversement à ses fondamentaux.
Avec Carcinoma, Art Doran envoie un message fort à la concurrence, Reise Nach Agatis n’a été qu’un instant de faiblesse passagère et le cinéaste n’a rien perdu de son incroyable puissance de déflagration. Ce n’est donc pas encore aujourd’hui que ce géant de l’underground trouvera un rival à sa (dé)mesure.
Preuve en est ce dernier film que je n’hésiterai pas à qualifier de chef d’œuvre du cinéma extrême. Incommensurablement glauque, nihiliste au –delà de l’imaginable, mais beau. Horriblement beau.

Note :18.5/20

tumbling doll Inthemoodforgore

RoboCop 2 (Il est de retour pour protéger l'innocent)

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Genre : science-fiction, action (interdit aux - 12 ans)
Année : 1990
Durée : 1h50

L'histoire : RoboCop lutte avec sa coéquipière contre Cain, un homme à la tête d'une organisation très dangereuse faisant le commerce d'une nouvelle drogue appelée le Nuke. Le groupe de malfrats met un jour l'homme-machine en pièces et la personne en charge de le réparer travaille en réalité au profit de l'organisation. Elle le reprogramme intentionnellement mal et crée même un RoboCop 2, plus puissant, dans lequel elle implante le cerveau de Cain, après que celui-ci ait été blessé lors d'une attaque du premier RoboCop. 

La critique :

Qui aurait parié sur l'immense succès du premier Robocop, réalisé par Paul Verhoeven en 1988 ? Chef d'oeuvre d'humour noir et d'irrévérence, ce film d'action et de science-fiction fustige les années Reagan et revisite le mythe de la créature de Frankenstein à travers les yeux d'Alex J. Murphy, transformé en cyborg quasi invincible. En outre, Paul Verhoeven ne voit pas l'intérêt de réaliser une suite.
La 20th Century Fox se tourne vers d'autres cinéastes. Tim Hunter et Nils Gaup déclinent poliment l'invitation. Irvin Kershner est choisi pour réaliser RoboCop 2, sorti en 1990. Tous les espoirs sont permis. Par le passé, le cinéaste est parvenu àériger la saga Star Wars vers des contrées plus chevaleresques et mélodramatiques avec L'Empire contre-attaque, soit l'épisode préféré des fans.

Irvin Kershner va-t-il renouveler la même performance avec RoboCop 2 ? La réponse est hélas négative. Cependant, cette suite reste le dernier chapitre valable de la saga. Par la suite, l'androïde cybernétique connaîtra des jours difficiles avec un troisième opus décevant (pour être gentil...), une série télévisée peu éloquente et un remake en dents de scie.
Dans un premier temps, Edward Neumeier, scénariste du premier film, griffonne un premier script. Mais l'opuscule est rejeté par la Fox. La firme fait appel à Walon Green et à Frank Miller pour écrire le scénario de RoboCop 2. En outre, le script connaît de nombreuses rectifications. La distribution du film réunit Peter Weller, Nancy Allen, Tom Noonan, Dan O'Herlihy, Belinda Bauer, Felton Perry et Gabriel Damon.

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Attention, SPOILERS ! RoboCop lutte avec sa coéquipière contre Cain, un homme à la tête d'une organisation très dangereuse faisant le commerce d'une nouvelle drogue appelée le Nuke. Le groupe de malfrats met un jour l'homme-machine en pièces et la personne en charge de le réparer travaille en réalité au profit de l'organisation. Elle le reprogramme intentionnellement mal et crée même un RoboCop 2, plus puissant, dans lequel elle implante le cerveau de Cain, après que celui-ci ait été blessé lors d'une attaque du premier RoboCop. Sur la forme, ce RoboCop deuxième du nom s'apparente à une honnête série B.
Plus d'action, plus de sang, plus de robots... au détriment d'un scénario peu éloquent, il faut bien le dire. Mais j'y reviendrai. 
Certes, les fans du premier auront plaisir à retrouver le justicier métallique.

Pourtant, Irvin Kershner ne parvient jamais à transcender son sujet. En l'occurrence, le cinéaste se contente de marcher dans le sillage de son auguste prédécesseur. Dès l'introduction (une publicité), le ton est donné. Un vulgaire larron meurt dans une nouvelle voiture de haute technologie. Les cambrioleurs sont priés de quitter leur siège sous peine d'être électrocutés !
On retrouve donc l'humour noir, licencieux et désinvolte du premier chapitre. 
Hélas, le scénario de Robocop 2 est pour le moins amphigourique et fuligineux. Clairement, Walon Green et Frank Miller tergiversent. Le script du film ne se résume qu'à une baston homérique entre deux machines de guerre. Viennent également s'ajouter quelques menus détails pour le moins agaçants. 

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Cette fois-ci, Robocop doit se colleter et s'empoigner avec un génie de la drogue, un certain Cain, une sorte de gourou à la fois vénal et despotique. Puis, au détour de certaines séquences superflues (l'amnésie de RoboCop qui se transfigure en moralisateur glossolalique), Irvin Kershner perd le fil de son sujet. Pis, le nouvel ennemi du cyborg se transmute lui aussi en machine monstrueuse et accroc au Nuke, le nouveau fléau de la ville de Detroit.
A aucun moment, Irvin Kershner ne parvient à s'approprier son justicier métallique. Ici point de réflexion sur cette dynamique identitaire, ni sur ce "Jésus" américain qui s'insurge contre ses propres démiurges. Pourtant, les premières minutes du film sont plutôt convaincantes. Assailli par ses souvenirs du passé, Robocop tarabuste son ex-femme.

Une chimère. Encore une séquence qui ne mène nulle part. Par la suite, c'est un jeune blondinet de 12 ans qui vient contrarier la psyché du cyborg. De par son âge, cet éphèbe indocile pourrait être le fils de Murphy... Encore une piste escarpée et esquivée par Irvin Kershner, peu inspiré pour l'occasion. Paradoxalement, le cinéaste confère à cette suite une ambiance assez décomplexée.
Probablement conscient de l'inanité et de la vacuité de son scénario, le réalisateur signe plusieurs séquences solidement troussées. 
A l'image de cette scène de démembrement, reléguant à nouveau RoboCop à un vulgaire produit sous garantie. Une des rarissimes bonnes idées de cette suite. Et pourtant, la magie fonctionne encore... Par instants... Et surtout lors des séquences d'action, d'une redoutable efficacité. Sur la forme, RoboCop 2 ressemble surtout à un hommage à son illustre prédécesseur. 
Parfois, on retrouve l'esprit égrillard et désinvolte de son modèle. A l'image de toutes ces publicités jubilatoires. Bref, une suite correcte mais pas transcendante (encore une fois...). Que dire de plus ?

Note : 12/20

 

sparklehorse2 Alice In Oliver


Les Autres (Tôt ou tard, ils vous trouveront...)

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Genre : horreur, épouvante, fantastique (interdit aux - 12 ans)
Année : 2001
Durée : 1h45

L'histoire : En 1945, dans une immense demeure victorienne isolée sur l'île de Jersey située au large de la Normandie, vit Grace, une jeune femme pieuse, et ses deux enfants, Anne et Nicholas. Les journées sont longues pour cette mère de famille qui passe tout son temps àéduquer ses enfants en leur inculquant ses principes religieux. Atteints d'un mal étrange, Anne et Nicholas ne doivent en aucun cas être exposés à la lumière du jour. Ils vivent donc reclus dans ce manoir obscur, tous rideaux tirés. Un jour d'épais brouillard, trois personnes frappent à la porte du manoir isolé, en quête d’un travail. Grace, qui a justement besoin d'aide pour l'entretien du parc ainsi que d’une nouvelle nounou pour ses enfants, les engage. Dès lors, des événements étranges surviennent dans la demeure.  

La critique :

Alejandro Amenabar est un artiste (hispano-chilien) aux multiples facettes : réalisateur, producteur, scénariste, écrivain, monteur, acteur et même compositeur. En tant que cinéaste, on lui doit notamment quelques films notoires, entre autres, Mar Adentro, Ouvre les yeux, Agora et Tesis. Vient également s'ajouter Les Autres (2001), probablement son film le plus populaire.
On ne compte même plus les films ayant pour thématique la maison hantée : Poltergeist (Tobe Hooper, 1982), Beetlejuice (Tim Burton, 1988), Evil Dead (Sam Raimi, 1981) ou encore Amityville, la maison du Diable (Stuart Rosenberg, 1979), pour ce citer que ces exemples... D'ailleurs, la plupart de ces classiques de l'épouvante seront "remakés" par Hollywood. Dans toutes ces oeuvres, il est souvent question d'une malédiction et surtout de la mort qui viennent s'inviter aux inimitiés.

Un thème souvent présent dans la filmographie d'Alejandro Amenabar. Par exemple, dans Mar Adentro, le scénario se focalise sur le combat d'un homme tétraplégique pour mourir. Plus que la mort, il est aussi question du travail de deuil et de son processus d'acceptation. Telles sont les thématiques principales de Les Autres, mais pas seulement. En outre, le long-métrage d'Alejandro Amenabar possède de solides références, notamment Les Innocents (Jack Clayton, 1961) et La Maison du Diable (Robert Wise, 1963), deux autres films de fantômes et donc de maison hantée.
La distribution du film réunit Nicole Kidman, Fionnula Flanagan, Christopher Eccleston, Alakina Mann et Eric Sykes. Au moment de sa sortie, Les Autres obtient des critiques unanimement panégyriques.

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Le film reçoit même plusieurs récompenses, entre autres, celui du meilleur film d'horreur de l'année 2001 ou encore le prix de la meilleure actrice pour Nicole Kidman. Reste à savoir si Les Autres mérite un tel enthousiasme. Réponse dans les lignes à venir. Attention, SPOILERS ! En 1945, dans une immense demeure victorienne isolée sur l'île de Jersey située au large de la Normandie, vit Grace, une jeune femme pieuse, et ses deux enfants, Anne et Nicholas.
Les journées sont longues pour cette mère de famille qui passe tout son temps àéduquer ses enfants en leur inculquant ses principes religieux. Atteints d'un mal étrange, Anne et Nicholas ne doivent en aucun cas être exposés à la lumière du jour. Ils vivent donc reclus dans ce manoir obscur, tous rideaux tirés. 

Un jour d'épais brouillard, trois personnes frappent à la porte du manoir isolé, en quête d’un travail. Grace, qui a justement besoin d'aide pour l'entretien du parc ainsi que d’une nouvelle nounou pour ses enfants, les engage. Dès lors, des événements étranges surviennent dans la demeure. Avec Les Autres, vous pouvez oublier les effets spectaculaires, les têtes rotatives, les jets de vomi verdâtre, les apparitions incongrues de spectres maléfiques ou encore les murs qui saignent, un peu à la manière des films d'épouvante des années 1970. Alejandro Amenabar mise avant tout sur une ambiance obombrée et des jeux de lumière.
Dès son introduction, le long-métrage s'apparente à un huis clos étouffant et anxiogène se déroulant dans la pénombre, et plus précisément dans une immense demeure bourgeoise.

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Certes, Les Autres repose essentiellement sur son twist final, mais pas seulement. Sur la forme, le film s'apparente à un savant mélange entre Les Innocents (que j'ai déjà cité) et un suspense hitchcockien. En outre, difficile d'évoquer le scénario du film sans révéler ses zones d'ombre. On pourrait presque parler d'une nouvelle variation de l'Allégorie de la caverne. En ce sens, Les Autres a une vraie dimension platonicienne. Le long-métrage se transforme en un jeu de piste labyrinthique dévoilant peu à peu ses secrets. Dans un premier temps, le métrage se focalise essentiellement sur ses trois principaux personnages : Grace (Nicole Kidman), une veuve éplorée, et ses deux enfants, Anne et Nicholas.
Gravement malades, les deux marmots ne doivent en aucun cas être exposés à la lumière du jour.

A partir de là, les trois protagonistes doivent se murer dans le silence et la pénombre. Une façon comme une autre de fuir et de se protéger de la réalité extérieure. Réalité qui ne va pas tarder à ressurgir à travers les yeux médiumniques d'une vieille femme à la peau décatie... Peu à peu, les murs de la demeure deviennent oppressants et comminatoires. A cela s'ajoutent trois domestiques au comportement énigmatique. Puis ce sont des bruits mystérieux qui viennent tarabuster notre petite famille. 
La maison serait-elle hantée par un esprit diabolique ? Au fil de l'intrigue, Alejandro Amenabar dissémine plusieurs pistes de réflexion, notamment ce livre des morts à l'imagerie particulièrement morbide. En l'occurrence, le cinéaste nous propose une Allégorie de la Caverneà la logique inversée. 

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Grace et ses deux enfants symbolisent ces ombres rattrapées par une réalité refoulée. La clé du mystère se trouve dans les réminiscences du passé. Par la suite, ce sont ces fameux spectres qui s'ébaudissent de nos trois protagonistes. Comme une évidence. La lumière doit être dévoilée, à l'image de ces rideaux qui révèlent une vérité crépusculaire.... Peu à peu, ces "fantômes" vont se transformer en âmes bien vivantes. En l'état, difficile d'en dire davantage.
Dénué d'effets spectaculaires et doté d'un scénario à la fois retors et espiègle, le film fonctionne parfaitement sur la durée. Il peut également s'appuyer sur l'excellente performance de ses acteurs, Nicole Kidman en tête. 
Quant aux amateurs du genre, ils s'amuseront à revoir le film plusieurs fois afin de repérer les différents indices distillés par Alejandro Amenabar.
Bref, on tient là l'un des derniers grands classiques de "maison hantée" de ces quinze dernières années, un long-métrage qui repose essentiellement sur une dialectique (encore une fois) inversée.

Note : 16/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Der Weg Nach Eden (Requiem pour cadavres exquis)

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Genre : shockumentary, trash, death movie (interdit aux – 18 ans)
Année : 1995
Durée : 1h20

Synopsis : Dans une morgue de Budapest, le réalisateur Robert-Adrian Pejo suit le quotidien du médecin légiste Janos Keseru. De la maladie et de la vieillesse jusqu’au décès et à l’autopsie des corps, le cinéaste retrace le parcours final de la destinée humaine. Entre dissections, éviscérations et découpages de cadavres, ce documentaire choc s’interroge également sur l’hypothèse d’une vie après la mort, tout en illustrant l’évidente précarité de l’être humain et de sa condition corporelle.

La critique :

Allez, encore un petit Death Movie pour la route. Celle qui mène tout d’abord au cimetière et puis après… L’âge avançant, l’idée de la mort se fait en toute logique de plus en plus présente dans l’inconscient. Mais comme je ne suis pas égoïste, je tenais à vous faire partager mes angoisses existentielles au travers d’un documentaire bien glauque de derrière les fagots. Froid comme l’enfer et tranchant comme le scalpel, Der Weg Nach Eden est une œuvre qui remue l’estomac par son abrupte réalité.
Extrêmement rare, ce film est, même sur internet, difficilement accessible. D’ailleurs, il reste préférable que de telles productions soient vouées à la plus totale confidentialité, ne serait-ce que pour maintenir un semblant de santé mentale chez le spectateur lambda qui tomberait dessus par hasard. A ma connaissance, Der Weg Nach Eden est le seul death movie européen réalisé dans les années 1990.

Avant lui, Le Poème de Bogdan Barkowski (disponible sur la compilation Cinema of Death) en 1986, avait déjà marqué les esprits. Plus récemment, le terrible segment « Frülhing » dans le Blue Snuff signé Marian Dora en 2009, ravivait le genre en le portant à son paroxysme. Ne parlons pas évidemment des apocalyptiques productions japonaises, propices àébranler les spectateurs les plus endurcis.
Loin de proposer 90 minutes de boucherie continue, ce documentaire, à l’instar d’Orozco The Embalmer, s’intéresse au quotidien d’un praticien de la mort. Ici, il ne s’agit pas d’un embaumeur mais d’un médecin légiste, le docteur hongrois Janos Keresu. D’une rigueur toute germanique, la réalisation est carrée, sans fioriture, chirurgicale au sens propre comme au sens figuré. Pejo s’attelle à décrire dans les moindres détails le déroulement chronologique d’une journée de travail du médecin.

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Même si le métrage est interrompu par des passages plus légers, intimement liés à la vie privée du médecin, l’atmosphère n’en demeure pas moins lourde comme une chape de plomb. Glaciale est également l’ambiance mortifère de cette morgue perdue dans la nature aux alentours de Budapest qui, de l’extérieur, ressemble un peu à ces vieilles bâtisses hantées que l’on voyait dans les films gothiques anglais des années 1960. Attention, SPOILERS ! Budapest, 1995.
Robert-Adrian Pejo pose sa caméra dans les pas du Docteur Janos Keseru, un médecin légiste qui pratique à la morgue située dans l’agglomération de la capitale hongroise. En suivant au plus près la journée de travail du légiste, le réalisateur nous rend compte de l’atroce banalité des actes pratiqués sur les cadavres. Cette banalité ressort d’autant plus que l’on voit le légiste discuter avec ses collègues de travail, manger un hamburger ou recevoir la visite de sa fille.

Bref, un homme normal qui exerce un métier qui ne l’est pas du tout. Les trente premières minutes du documentaire nous présentent l’homme ainsi que son environnement familial qui ne se démarque en rien des règles sociales de base. On voit notamment les enfants jouer au badminton, madame s’affairer dans la cuisine ou encore monsieur laver sa voiture. Bref, tous les poncifs sur le foyer bourgeois sont réunis.
L’ordinaire fait place à l’horreur quand nous pénétrons dans cette morgue, qui fait également office d’institut, et que nous découvrons en quoi consiste la véritable activité du docteur Keseru.
Dans les blocs, des corps décharnés sont allongés sur des tables en attente d’être autopsiés. Dissections, éviscérations, sutures, il est bien là le quotidien si particulier de cette fonction que Keseru pratique avec un zèle jamais pris en défaut. Le documentaire ne se contente pas de présenter des morts. Car avant cela, le réalisateur propose un cheminement logique en nous montrant des vieillards et infirmes arrivés au terme de leur parcours terrestre.

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Pour eux, la prochaine étape sera la dernière. Le film se poursuit sur une note plus légère n effectuant quelques flash-back sur les vacances du docteur Keseru (on le voit notamment en Egypte avec sa famille) et s’achève carrément dans la spiritualité, quand celui-ci procède à la dispersion des cendres de l’un de ses proches dans un parc splendide et baigné de soleil. La fin quelque peu mystique de ce documentaire réchauffe légèrement l’ambiance austère et monolithique qui règne à l’écran 90 minutes durant. Pejo termine sur une note d’optimisme puisque ces cendres qui volent aux quatre vents deviennent l’expression métaphorique de l’âme du défunt s’en allant sur le « chemin du Paradis ».
Ceci dit, Der Weg Nach Eden reste avant tout un death movie. C’est-à-dire qu’entre les trente premières minutes plutôt calmes et les vingt dernières quasiment spirituelles, le documentaire balance pendant une bonne demi-heure, des images à la limite du soutenable.

Sans tomber dans le sensationnalisme, mais avec un souci du détail aigu, Robert-Adrian Pejo filme les opérations avec une rigueur glaçante : épluchage de visage, découpage de boîte crânienne, débitage de cervelles, ouverture de cage thoracique avec éviscération totale des organes… Autant dire que le visionnage de ce film est fortement déconseilléà l’heure de la digestion. Cependant, malgré sa froideur et son côté« documentaire de la nuit sur Arte », Der Weg Nach Eden se démarque de ses monstrueux congénères par sa thématique sous-jacente, le questionnement sur une hypothétique vie après la mort.
Bien que la bande son en hongrois et les sous-titres en allemand (double peine) ne facilitent pas la compréhension, on devine que le réalisateur se questionne tout en ne négligeant pas la possibilité d’un après surnaturel. En fait, ces corps désossés, ces chairs découpées au scalpel, ne seraient que la partie immergée de l’entité humaine, dont le principal constituant, l’âme, se trouverait autre part, dans un ailleurs. Au final, Robert-Adrian Pejo délivre un documentaire plus mystique que l’on aurait pu penser au premier abord. Cela n’enlève rien, cependant, à l’épouvantable morbidité des images qui émaillent le film, et qui ne sauraient être recommandées aux personnes impressionnables.
Sans atteindre les extrémités infernales des shockumentaries nippons, Der Weg Nach Eden n’en représente pas moins un spectacle d’une grande agressivité visuelle, mais qui a toutefois le mérite de nous faire réfléchir à l’incommensurable fragilité de notre condition humaine.

Note :13.5/20

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Maîtresse (La jeune femme et le "putain")

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Genre : drame, érotique (interdit aux - 16 ans)
Année : 1976
Durée : 1h52

L'histoire : Un jeune provincial, cambrioleur d'occasion, visite l'appartement d'une jeune femme rencontrée le jour même. Il y découvre une trappe menant à un autre appartement inoccupé ainsi que la profession de sa nouvelle amie, maîtresse.  

La critique :

Dès 1969, Barbet Schroeder s'impose comme un réalisateur polémique et controversé avec son tout premier long-métrage, More. Avec ce drame, Barbet Schroeder s'inscrit déjà dans le mouvement hippie. Tendance qu'il confirme avec son film suivant, La Vallée (1972). A l'époque, le cinéma suit l'évolution des moeurs. En 1974, Gérard Depardieu tourne Les Valseuses de Bertrand Blier, une comédie dramatique à la fois grivoise et goguenarde. Avec Les Valseuses, Depardieu devient un acteur emblématique et générationnel.
En compagnie de Miou-Miou et de Patrick Dewaere, il devient également le symbole de cette France indocile et moribonde qui fustige les années de Gaulle et Pompidou. Après l'immense succès des Valseuses, l'interprète déjà ventripotent enchaîne les tournages.

En 1976, il apparaît dans cinq longs-métrages : Barocco (André Téchiné), 1900 (Bernardo Bertolucci), Je t'aime moi non plus (Serge Gainsbourg), La Dernière Femme (Marco Ferreri) et Maîtresse. Ce dernier film fait partie des illustres inconnus dans la filmographie de l'acteur. Lorsque Depardieu rencontre Barbet Schroeder... Hormis Gérard Depardieu, ce drame réunit Bulle Ogier, André Rouyer, Nathalie Keryan et Tony Taffin. Attention, SPOILERS !
Fraîchement arrivéà Paris, Olivier (Gérard Depardieu) rejoint un copain qui l’embauche pour vendre des livres en faisant du porte-à-porte. Dans un vieil immeuble, ils viennent en aide à Ariane (Bulle Ogier), qui a des problèmes de plomberie, et qui leur apprend que l’appartement du dessous est inoccupé. 

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Ils reviennent pour le cambrioler et découvrent qu’il est en fait le « donjon » d’une dominatrice professionnelle, se retrouvant prisonniers... d’Ariane, descendue de son logement par un escalier amovible. Elle les libère en contrepartie d’un service très particulier rendu par Olivier lors d’une séance avec un client. Commence alors une idylle entre lui et Ariane...
En l'occurrence, Barbet Schroeder signe un film complexe qui s'inscrit à la fois dans le cinéma de la Nouvelle Vague et dans un contexte de libération sexuelle. Dans Maîtresse, il est bien question d'une sexualité débridée, entre autres, de sadomasochisme, de tortures et d'urophilie. Conspué et moriginé au moment de sa sortie, le film sort (plus ou moins) dans l'indifférence générale.

Confiné et relégué aux oubliettes, Maîtresse pâtit du succès d'Emmanuelle (Just Jaeckin, 1974). Dans le film de Barbet Schroeder, point de décors paradisiaques ni d'atermoiement sur la psychologie des protagonistes. Le long-métrage relate avant tout l'histoire d'amour impossible entre Olivier, un jeune paumé, et Ariane, une adepte du sadomasochisme.
A l'instar de Salo ou les 120 Jours de Sodome (Pier Paolo Pasolini, 1975), Barbet Schroeder revisite à sa manière cette dialectique du maître et de l'esclave. Par certains aspects, Maîtresse n'est pas sans rappeler La maman et la putain (Jean Eustache, 1973). Pour Schroeder, il s'agit de comprendre et d'analyser les relations entre les hommes et les femmes. Lorsque le sexe féminin s'ouvre aux fantasmes et au désir sexuel... 

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Libérée du joug masculin, Ariane joue les dominatrices et s'ébaudit du sexe masculin, de ce phallus en détumescence. Dans Maîtresse, les hommes ne sont pas seulement bafoués et humiliés. Ils sont aussi tancés, brocardés et ridiculisés. Dans la première partie du film, Barbet Schroeder nous convie dans un huis clos étouffant et anxiogène. Tout d'abord, il y a Olivier, un petit larron sans envergure qui s'éprend de la belle Ariane. Aveuglé par le magnétisme, la volupté et la vénusté de cette femme, Olivier se laisse transporter dans un monde érotique et fantasmagorique.
Dans Maîtresse, le sadomasochisme devient un jeu de domination et d'assouvissement total. Fallacieuse, manipulatrice et machiavélique, Ariane invite son nouveau partenaire dans des jeux d'humiliation et de torture. 

Comment posséder et désirer cette femme à la fois dominatrice, vénale et cupide ? Olivier enquête sur les cachotteries de son énamourée. A aucun moment, Barbet Schroeder ne pose de diagnostic ni de jugement sur la psychologie de son duo libidineux. Le réalisateur confère à son film une ambiance souvent déroutante, limite lénifiante. Ici, peu de séquences en extérieur.
La plupart du temps, le film s'apparente à une dramaturgie et à une guerre des sexes impitoyable. Le long-métrage se veut indocile, cru et brut de décoffrage. A l'image de cette scène se déroulant dans un abattoir. Plus que jamais, le sexe est reliéà la mort. La romance entre Olivier et Ariane doit se finir dans la violence et la déréliction. Tel est le propos nihiliste de Barbet Schroeder.
Clairement, Maîtresse ne plaira pas à tout le monde et s'adresse à un public particulièrement averti. Paradoxalement, le long-métrage ne sombre jamais dans la vulgarité. Au contraire, ll se dégage même de cette oeuvre particulière, presque inclassable, une amertume, une grande mélancolie. 

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Sunset Boulevard -Boulevard du Crépuscule (Le boulevard d'une star déchue)

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Genre : Drame, Romance

Année : 1950

Durée : 1h50

 

Synopsis : Norma Desmond, grande actrice du muet, vit recluse dans sa luxueuse villa de Berverly Hills en compagnie de Max von Meyerling, son majordome qui fut aussi son metteur en scène et mari. Joe Gillis, un scénariste sans le sou, pénètre par hasard dans la propriété et Norma lui propose de travailler au scénario du film qui marquera son retour à l'écran, Salomé. Joe accepte, s'installe chez elle, à la fois fasciné et effrayé par ses extravagances et son délire, et devient bientôt son amant. Quand son délire se transforme en paranoïa et qu'elle débarque au milieu des studios Paramount pour convaincre Cecil B. DeMille de tourner à nouveau avec elle, Gillis commence à prendre ses distances...

 

Critique : 

Bonjour à tous ! Je vous ai manqué n'est ce pas ? Bon, trêves de bavardages car aujourd'hui me revient la tâche d'analyser l'un des plus grands chefs d'oeuvre de toute l'histoire du cinéma qui est, comme vous l'aurez remarqué, Sunset Boulevard ou "Boulevard du Crépuscule" en français. Sunset Boulevard c'est avant tout un film qui aura marqué toute une génération au moment de sa sortie, c'est aussi toute une constellation de récompenses et de critiques lui vouant quasiment un culte. Pour résumer, il recevra 11 nominations aux Oscars et en gagnera 3 mais beaucoup plus prestigieux encore, ce qui est à mes yeux la récompense la plus grande offerte à un film, il a été inclus dans la première sélection de films pour faire partie du National Film Registry. Ajoutez à cela le fait qu'il est toujours classé dans l'American Film Institute et toujours très bien placé (la 16ème place pour le top 100 de l'année 2007).
En gros, on obtient ici un des plus grands classiques du cinéma. Je ne vais pas laisser durer le suspense plus longtemps puisque je partage entièrement le culte fait autour de ce film, à tel point qu'il s'agit de l'un de mes films préférés. 

Le petit bonhomme caché derrière cette réalisation n'est autre que Billy Wilder, à qui l'on doit déjà quelques très grands films, à savoir Assurance sur la MortLe Gouffre aux Chimères (dont je ferai également les éloges dans ma 2ème prochaine chronique), ainsi que Certains l'Aiment Chaud et Sept Ans de Réflexion mettant en scène la superbe Marilyn Monroe. Pour vous montrer un peu la taille du CV du bonhomme, sachez que Certains l'Aiment Chaud sera classé premier dans l'American Film Institute dans la liste des films les plus drôles du XXème siècle, tandis qu' Assurance sur la Mort est considéré par Woody Allen comme le plus grand film jamais réalisé. Billy Wilder est assurément un réalisateur qui marquera, non pas seulement son époque, mais également les époques à venir. En quelque sorte, l'Hollywood que nous ne retrouverons sans doute plus jamais. Ce film, ainsi que bien d'autres étant des témoignages de l'époque du grand Hollywood qui s'évertuait à faire des métrages de qualité avec des acteurs de talent. Mais bon, arrêtons d'être nostalgiques et revenons-en au film. 

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ATTENTION SPOILERS : Tout commence par une séquence d'ouverture nous présentant une scène de crime avec un corps flottant dans l'eau d'une piscine d'une mystérieuse villa avec une voix off de narrateur nous expliquant brièvement la situation. S'ensuit alors un flashback où nous suivons Joe Gillis, écrivain raté et criblé de dettes essayant d'échapper à 2 agents venus pour lui saisir son automobile. Une course-poursuite s'engage, un pneu éclate et Gillis parvient à se cacher lui et sa voiture dans l'allée d'une villa semblant abandonnée mais tenue par Norma Desmond, actrice du cinéma muet déchue, qui lui promettra une grosse somme d'argent pour résoudre son problème de dette en échange de l'écriture du script du prochain film marquant son retour au grand écran. FIN DU SPOILER. 

Nous voilà ainsi plongés dans la plus pure ambiance 50's où le cinéma parlant a complètement remplacé le cinéma muet d'autrefois. Le réalisateur nous lâche ici, comme j'ai l'habitude de le dire, un synopsis très attirant où se mêlera drame et romance. En effet, au fur et à mesure du scénario, Gillis va finir par devenir l'amant de Norma mais uniquement dans un but financier afin de résoudre ses dettes. Wilder nous met donc en scène un personnage égoïste et vénal, parfaite représentation du capitalisme où le besoin pécunier passe avant tout sentiment ou respect.
On pourrait donc déceler ici une critique du capitalisme moderne se heurtant à une Norma superbement interprétée par Gloria Swanson qui trouvera ici la consécration de sa carrière. Elle représente ici le symbole même de la fin d'une époque, star déchue autrefois adulée et maintenant oubliée. Voici une belle critique d'Hollywood n'hésitant pas à briser des carrières avec ses stars jetables mais pas seulement, car en effet la société en prend aussi pour son grade avec sa faculté d'être anesthésiée par les modes et tendances du moment. Sunset Boulevard, au delà d'un scénario très efficace, est une véritable diatribe sur une société où la consommation, la mode et l'argent sont devenus des fers de lance guidant un peuple. Ca ne vous rappelle pas une certaine époque dans laquelle nous vivons ? 

Mais attention, au delà du personnage principal incarné par William Holden, Norma n'est pas non plus à sauver vu qu'elle est non pas seulement hantée mais obnubilée par la gloire et la célébrité. Malgré sa tristesse et sa solitude, Norma n'en demeure pas moins ravagée intérieurement par le narcissisme que procure la gloire, un sentiment humain restant ancréà des degrés différents en chacun de nous.  Voilà pourquoi Sunset Boulevard est aussi intemporel car justement, ce qu'il dénonce est toujours d'actualité et de manière beaucoup plus présente qu'avant.
On soulignera d'ailleurs l'intelligence du récit à ne pas nous embarquer dans des leçons de morale à 2 sous pour nous dire que l'argent c'est pas bien et que la mode c'est moche. Ici rien de tout ça, Wilder reste amplement objectif et nous livre un récit entièrement neutre où on sera plus que confrontéà toute la cupidité de la (future) société occidentale. Et rappellons que ce film a maintenant 66 ans au compteur. 

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Outre le fait de nous livrer une critique virulente toute en subtilité, Wilder sait travailler son film et du mieux possible. La photographie est tout simplement somptueuse avec ces plans sur la ville de Los Angeles et sur cette villa toute aussi déchue que sa propriétaire. Il arrive à donner une certaine âme à cette maison où le luxe cotoie une grande tristesse et mélancolie. On évolue ici dans une tragédie s'éclaircissant tout doucement en une lueur d'espoir pour Norma croyant avoir trouvé l'amour.
Même si sa personnalité reste très narcissique, la véritable cause de sa tristesse demeure être la solitude. Sentiment qu'elle ne pouvait éprouver auparavant et qui s'adresse à elle comme une claque dans la figure. Il ne fait aucun doute que Wilder a su travailler brillamment ses personnages en leur créant une personnalité torturée. Et quand les personnages principaux offrent une excellente interprétation, c'est le jackpot !!

Si une atmosphère optimiste se mettra en place dans un premier temps, le réalisateur nous induira vite en erreur en basculant son récit dans la dernière partie du film où s'installeront désormais une tension omniprésente, une instabilitéémotionnelle forte et une froideur de plus en plus persistante. Sunset Boulevard parvient à retourner ses spectateurs comme une crêpe en basculant dans les dernières minutes du film dans la folie la plus totale. Une tension que j'irai qualifier de similaire aux plus grands Hitchcock, un gage donc de très grande qualité. 

 

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C'est également à ce niveau que Sunset Boulevard excelle dans la qualité, c'est qu'il est imprévisible. L'intrigue n'est en rien stéréotypée et on ne devine pas directement la fin. Plus encore, l'attraction lors de la projection est permanente. Il faut vraiment le vouloir ou ne pas avoir dormi depuis 2 jours pour s'emmerder devant ce film. On peut également rajouter quelques séquences emblématiques comme le célèbre tango entre Gillis et Desmond, l'introduction du début étant clairement un clin d'oeil au superbe mouvement du film noir mais également la dernière séquence chaotique du film. Sunset Boulevard peut également se targuer de contenir quelques répliques également devenues cultes. Je citerai "Je suis une grande ! Ce sont les films qui sont devenus petits !"

En conclusion, Billy Wilder nous livre ici un véritable joyau cinématographique, un chef d'oeuvre appeléàêtre toujours voire de plus en plus d'actualité dans son propos où se rajoute un travail technique, sonore et esthétique proche de la perfection et le tout superbement interprété. Comme dirait Georges Clooney : "What else ?". J'ai vraiment essayé de chercher ne fut ce qu'un petit point négatif mais en vain, je n'ai rien trouvé si ce n'est qu'on a encore envie que le récit se poursuive. Je ne peux que remercier ce réalisateur pour ce film. 

 

Note : 20/20 

 

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La Chair et le Sang (Violence, sexe, mort et religion)

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Genre : action, épique, historique, aventure (interdit aux - 12 ans)
Année : 1985
Durée : 2h06

L'histoire : Au XVIème siècle, une bande de mercenaires, s'estimant lésés par un seigneur, enlèvent et violent la promise de son fils avant de semer la terreur dans son château. 

La critique :

Paul Verhoeven appartient à cette catégorie des réalisateurs controversés et provocateurs. En 1973, son second long-métrage, Turkish Délices, asseoit sa notoriété au-delà de ses frontières (la Hollande). Repéré par les producteurs hollywoodiens, Paul Verhoeven est conviéà s'expatrier du côté de l'Oncle Sam. Il commence alors à signer des films de plus en plus virulents.
C'est par exemple le cas de La Chair et le Sang, sorti en 1985. Il s'agit d'un film important dans la carrière de Paul Verhoeven. Très vite, La Chair et le Sang devient la nouvelle référence et acquiert le statut de film culte. Malgré des critiques presque unanimement panégyriques, Paul Verhoeven fustige et répudie son septième long-métrage. En effet, le cinéaste n'est guère convaincu par le résultat final.

A contrario, La Chair et la Sang devient le nouveau film "phénomène" auprès des amateurs de la période médiévale. Certains parlent même d'un "médiéval réaliste", un terme toutefois à guillemeter et à minorer en raison de ses nombreux anachronismes (visiblement volontaires). La distribution réunit Rutger Hauer (l'acteur fétiche de Paul Verhoeven), Jennifer Jason Leigh, Tom Burlinson, Jack Thompson, Brion James et Susan Tyrrell. La Chair et le Sang marque aussi la toute première apparition de Jennifer Jason Leigh au cinéma. Une expérience pour le moins difficile dans le rôle de cette jeune femme à la fois chaste et pudibonde. Néanmoins, cette logique va s'inverser au cours du scénario du film.
Mais j'y reviendrai... La Chair et le Sang préfigure également la suite de la période hollywoodienne de Paul Verhoeven.

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A travers La Chair et le Sang, le cinéaste aborde déjà ses thèmes de prédilection : la mort, la religion, le sacrifice et le martyr christique... Autant de thématiques qui deviendront les apanages de Robocop en 1988. Attention, SPOILERS ! En 1501, alors que la peste bubonique ravage l’Europe Occidentale, des mercenaires menés par le capitaine Hawkwood assiègent une place forte pour le compte du Seigneur Arnolfini.
Au terme de la bataille, Arnolfini refuse de les payer et de leur laisser violer et piller à tout va comme il le leur avait promis. Guidé par Martin et un ecclésiastique illuminé qui croit voir des signes partout, les mercenaires enlèvent Agnès, la promise de Steven, le fils d’Arnolfini, et assiègent un château pour y vivre en communauté. Steven se lance à leur poursuite.

En l'occurrence, difficile de répertorier La Chair et le Sang dans une catégorie particulière : film d'aventure, film épique, film historique, film médiéval... La Chair et le Sang s'inscrit dans une étrange dialectique, à la fois fuligineuse et indicible. Il ne s'agit pas non plus d'une production hollywoodienne ni néerlandaise. Le long-métrage est tourné en Espagne dans des conditions éprouvantes.
Pour Paul Verhoeven, La Chair et le Sang est un film de transition. Le réalisateur nous convie dans une époque violente, presque eschatologique, à la fois marquée par la guerre, la peste et la mort. A l'inverse, Paul Verhoeven euphémise parfois son propos en transformant cet univers martial et belliciste en une histoire d'amour quasi féérique. C'est la première partie du film.

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Agnès (Jennifer Jason Leigh) préfigure à la fois cette pruderie et cette pureté. La belle est promise à Steven, un vaillant chevalier, et aussi le fils d'Arnolfini (je renvoie au synopsis). Hélas, leur dilection est contrariée par l'arrivée impromptue de Martin, un mercenaire. Ce guerrier est la parfaite antithèse de Steven. Grivois, licencieux, frusque et ripailleur, le blondinet longiforme multiplie les agapes, les grivèleries et les banquets plantureux avec sa petite bande de dégénérés.
Trahi par Arnolfini, Martin se venge et kidnappe Agnès. Honnie et vouée aux gémonies, la jeune femme se regimbe contre ses tortionnaires. C'est la seconde partie du film. La jolie princesse, à priori chaste et timorée, va se transfigurer en femme manipulatrice et perverse.

Contre toute attente, elle offre entièrement son corps et son âme à Martin. Celui-ci se transforme alors en prince immaculé et vêtu d'oripeaux d'albâtre, au grand dam de ses compagnons d'infortune. 
La Chair et le Sang se transmute alors en triade amoureuse aux dynamiques complexes. Mais pas seulement. Sur le fond, le film s'apparente à une véritable diatribe contre les préceptes religieux.
A nouveau, Paul Verhoeven oppose ses deux guerriers principaux. D'un côté, Martin et ses séides symbolisent cette insubordination anticléricale. A contrario, Steven représente la probité, la rectitude stricte et la bravoure, soit autant de valeurs exaltées par la religion. 
Encore une fois, Paul Verhoeven intervertit les dynamiques par l'arrivée inopinée de la peste. Le malheur, la malédiction et la mort sonnent le glas de la troupe guidée et commandée par Martin.

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Les contempteurs sont appelés à expier et à mourir dans la solitude, l'effroi, la terreur et la douleur. Dans La Chair et le Sang, tous les personnages sont victimes d'un destin cruel, à l'image de ce jeune marmot qui exhale son dernier soupir dans les bras de sa maternelle. Face à ces forces irrépressibles et irréfragables, les personnages s'empoignent, souffrent et vocifèrent.
A aucun moment, Paul Verhoeven ne juge ou ne s'apitoie sur ses héros. D'ailleurs, peu ou prou de personnages homériques dans La Chair et le Sang. Le cinéaste multiplie les déflagrations à un rythme haletant et époustouflant. Hélas, le film sortira dans l'indifférence générale. 
Cependant, il connaîtra la gloire et la postérité (si j'ose dire...) au fil des années. Bref, on tient là un nouveau chef d'oeuvre de Paul Verhoeven. Par la suite, la guerre n'aura plus lieu sur des terres désolées, mais dans un corps mutilé et transfiguré en machine, celui d'Alex J. Murphy, alias Robocop.

Note : 17/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

La Bombe - The War Game (L'Âge atomique)

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Genre : documentaire, anticipation (interdit aux - 12 ans)
Année : 1965
Durée : 1h50

L'histoire : Une bombe atomique soviétique s'abat en Angleterre. A partir de cette hypothèse faite dans le contexte de la guerre froide, Peter Watkins imagine les conséquences immédiates de l'attaque, l'éventualité et les conditions d'une survie. 

La critique :

Réalisateur britannique, Peter Watkins fait du documentaire-fiction sa spécialité. La guerre, la propagande et la critique des médias de masse deviennent ses sujets de prédilection à travers plusieurs longs-métrages, toujours tournés sous la forme de documentaire, notamment La Bataille de Culloden (1964), Privilège (1967), Punishment Park (1971) ou encore The Trap (1975).
Vient également s'ajouter La Bombe (aka The War Game), réalisé en 1965. Le film sort dans un contexte de Guerre Froide entre la Russie et les Etats-Unis. Le monde vit dans la terreur d'une éventuelle Troisième Guerre Mondiale. Désormais, les batailles ne se déroulent plus dans les tranchées, mais dans les déflagrations et les radiations nucléaires.

L'Humanité a franchi un pas supplémentaire vers le précipice et la décadence. Sommes-nous condamnés à nous annihiler ? Telle est la question posée par Peter Watkins. A l'origine, La Bombe doit être conçu comme une simulation crédible d'une attaque nucléaire lancée sur l'Angleterre. Sur les instigations du gouvernement britannique, Peter Watkins s'attelle à la tâche.
Mais, contre toute attente, le résultat final dépasse les espérances. Pour le gouvernement britannique, The War Game doit prendre l'apparence d'un documentaire de propagande, réaliséà l'effigie et à la gloire de leur armée et de leur puissance militaire. Or, Peter Watkins tient à réaliser un documentaire fiction particulièrement réaliste et alarmiste. Le gouvernement somme le cinéaste de revoir sa copie, mais Peter Watkins refuse. 

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Honni et voué aux gémonies, le réalisateur doit se résoudre à quitter sa terre natale. Censuré et banni, The War Game ne sortira pas sur le sol britannique. A contrario, le film obtient plusieurs récompenses, notamment un Oscar et le prix spécial au festival de Venise. Par la suite, La Bombe va inspirer et influencer de nombreux succédanés, entre autres, Le Jour d'Après (Nicholas Meyer, 1983) et Threads (Mick Jackson, 1984). Ces deux ersatz science-fictionnels seront eux aussi réalisés dans un contexte de guerre des missiles. Plus que jamais, le monde est menacé d'extinction.
Il faut à tout prix alerter les gouvernements sur les dangers d'une guerre nucléaire. C'est ce que tente de faire Peter Watkins à travers ce moyen-métrage d'une durée de 48 minutes.

Produit par la BBC, The War Game pose le postulat d'une hypothétique Troisième Guerre Mondiale. A partir de là, quelles seraient les conséquences immédiates de cette bombe atomique ? Ses corollaires sur les survivants, les cadavres et la population ? Pour la réalisation de La Bombe, Peter Watkins s'inspire de données et d'images recueillies sur plusieurs sites et lieux de bombardements : Nagasaki, Hiroshima, Dresde, Darmstadt et Hambourg sont des exemples tristement célèbres. 
La première partie du moyen-métrage s'apparente à une enquête journalistique. Caméra à l'épaule, Peter Watkins est le narrateur du film et aussi celui qui vient interroger une population vivant à la fois dans l'ignorance et la terreur. Plusieurs habitants sont tarabustés de questions : par exemple, en quoi consiste une attaque nucléaire ? 

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A la grande surprise du (faux) journaliste, la plupart d'entre eux ignorent la réponse. Hélas, quelques minutes plus tard, les premières conflagrations commencent. Les dépouilles faméliques et carbonisées s'amoncellent. Dépassée, l'armée doit à la fois gérer la panique au sein de la ville et entasser les morts. Ce sont donc des camions qui transportent les corps.
Pas le temps de les enterrer. Pas le temps de relever les identités. Pas le temps de prévenir les familles. Les dépouilles sont déposées dans des fossés puis littéralement incendiées. Pour contenir les éventuelles insubordinations, le gouvernement met en place une junte militaire, une sorte de dictature implacable et irréfragable. Ainsi, les rares contempteurs sont nûment arrêtés puis fusillés en place publique.

Dans cette société en déliquescence, Peter Watkins poursuit son travail d'investigation. Le cinéaste s'interroge sur le devenir des mères, des enfants et plus largement des populations. Dans La Bombe, il existe cet étrange paradoxe. Certes, d'un point de vue technologique et scientifique, l'homme a créé des armes de destruction massive. Bienvenue dans "l'Âge atomique" !
A l'inverse, d'un point de vue émotionnel et surtout pulsionnel, nous sommes retournés ou plutôt restés à l'Âge de pierre. A partir de là, Peter Watkins réalise un véritable brûlot antimilitariste. 
Personne n'est épargnée. Pour le cinéaste, il n'est pas question d'encenser l'héroïsme britannique ou de flagorner la politique de son gouvernement. Tourné en noir et blanc, La Bombe s'immisce carrément dans le quotidien de populations bombardées, exténuées, néantisées, sacrifiées, tétanisées et exterminées au nom de la guerre nucléaire. Tourné en noir et blanc et (encore une fois) caméra à l'épaule, La Bombe se veut être le plus réaliste possible. En résulte un documentaire-fiction effrayant et coup de poing.
Bref, une raretéà découvrir de toute urgence !

Note : 17.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Gummo (Adolescence en déliquescence)

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Genre : drame (interdit aux - 16 ans)
Année : 1997
Durée : 1h35

L'histoire : Après le passage d'une tornade, plus rien ou presque, ne subsiste à Xenia, Ohio. C'est là que Tummler et Solomon, deux ados mal dans leur peau, traînent leur désoeuvrement à longueur de journée. Leur passe-temps favori ? Tuer des chats pour les revendre au boucher du coin. Pendant ce temps, un "bunny boy" traverse la ville tel une ombre fantasmagorique...

La critique :

Bien avant de commettre Spring Breakers, sorte d'étron survitaminé pour post pubères énervés, Harmony Korine avait réalisé en 1997, Gummo, son premier film. S'inscrivant dans la mouvance du nouveau cinéma indépendant américain, et suivant la lignée d'un Larry Clark, Korine s'intéresse lui aussi, à une jeunesse aux abois. Quelques années auparavant, à l'âge de vingt ans à peine, il avait déjà signé le scénario de Kids, oeuvre puissante et nihiliste dans laquelle son mentor décrivait le quotidien d'adolescents totalement à la dérive. Gummo, c'est déjà une affiche.
Celle du profil d'un gamin à tête de rat. Faut-il y voir la volonté de choquer ? Assurément. Et il faut reconnaître que par bien des côtés, Gummo se révèle malsain, destabilisant et parfois voyeur. Mais ne retenir que cet aspect de l'oeuvre serait bien réducteur. Ce film, c'est aussi une sacrée claque dans la gueule, un film beau sur un monde laid. Un voyage introspectif dans l'univers d'une adolescence ravagée sur fond de drogue, d'inceste et de désespérance. Le réalisateur ne prend pas de gants pour faire le constat de quarante années d'échec social, et nous présente les rejetons maudits d'un pays qui les a largués sur le bord de la route. 

La distribution réunit Jacob Reynolds, Nick Sutton, Jacob Sewell, Chloé Sevigny (déjà vue dans Kids) et Darby Doherty. Attention Spoilers: Dans la ville dortoir et dévastée de Xenia, le quotidien de Tummler et Solomon n'a rien de passionant. Sur leur vélo, ils errent sans but précis sinon de tuer des chats au fusil à plomb (où de ramasser ceux déjà morts) afin de se faire quelques dollars en les revendant à un boucher. Tummler est grand, dégégandé et rêve de faire du stand-up. 
Solomon est petit, malingre et a une tête de rat. Un mini freak en somme. Complètement livrés à eux mêmes par des parents inscrits aux abonnés absents, Tummler et Solomon (dont la mère n'a pas la lumière à tous les étages), sniffent de la colle et fréquentent régulièrement une jeune voisine que son père prostitue. Dans ce bled oublié des dieux, trou du cul absolu du monde, où chaque trottoir sent la pisse, les enfants de 10 ans parlent comme des charretiers en cassant des voitures, les filles se scotchent les mamelons, un nain black s'interroge sur son identité sexuelle, une attardée mentale récite l'alphabet en chantant... tandis qu'un étrange garçon coiffé d'oreille de lapin, joue de l'accordéon ou urine en haut des ponts sur les bagnoles qui passent. Des êtres bizarres dans un monde qui n'a plus grand chose d'humain.

 

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Certaines scènes restent en mémoire comme celle où les deux "héros" martyrisent le cadavre d'un chat suspendu, celle où ils tirent sur une vieille femme agonisante pour vérifier si elle est bien morte (!) ou encore lorsque Solomon déguste des spaghettis dans une baignoire immonde. Pas facile de résumer ce film! Il n'y a pas réllement de scénario dans Gummo. Plutôt une succession de scènes, indépendantes les unes des autres, sans véritable fil conducteur. Korine saisit une conversation, une dispute, une bagarre; les petits moments d'un quotidien dérisoire, d'une existence au point mort.
Le style est décousu et saccadé, volontairement presqu'amateur. Le cours du récit est fréquemment interrompu par des passages tournés en vidéo, style reportage, où des inconnus livrent leurs états d'âme à la caméra.

Et pourquoi donc ce titre de Gummo ? En fait, il s'agit d'un hommage à Gummo Marx, le moins connu de la fatrie comique des années trente. Gummo, c'était un peu l'oublié de la bande, le laissé pour compte, celui dont on ne parlait jamais. Les petites gens de Xenia sont tous des Gummo. Sans avoir pu  prendre en marche le train la croissance économique, ils se sont vus bannis par une société américaine bien pensante qui ferme les yeux pour oublier, à tout prix, leur existence.
Parfois très proche du documentaire, le film est un instantané de ces vies broyées, un témognage sans concession sur la déliquescence d'une Amérique malade, gangrainée de l'intérieur. Autant adulé au Japon qu'il est détesté aux Etats Unis (et on comprend pourquoi...), Gummo ne peut laisser indifférent. Sans aller jusqu'à le qualifier de chef d'oeuvre, nous tenons là indéniablement, un sacré bon film.

Note : 16,5/20

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RoboCop 3 (Martyr filmique)

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Genre : science-fiction, action 
Année : 1993
Durée : 1h45

L'histoire : Dans un futur proche, la multinationale OCP décide de construire Delta City sur les ruines du vieux Detroit. Un groupe d'habitants irréductibles refuse de quitter les lieux. Pour les convaincre, OCP décide de reprogrammer Rococop, policier d’élite fabrique a partir de l'officier Murphy. Mais le docteur Lazarus, chargé de l'entretien de Robocop, refuse d'effacer la mémoire de Murphy

La critique :

Contre toute attente, RoboCop 2 n'a pas renconté le succès escompté. Irvin Kershner, réalisateur du film, est logiquement évincé par les producteurs. Ces derniers souhaitent financer un troisième chapitre très éloigné des deux précédents épisodes. RoboCop doit désormais s'adresser au jeune public. Autrement dit, RoboCop 3 doit prendre la forme d'un divertissement familial.
Orion Pictures fait donc appel aux services de Fred Dekker pour réaliser RoboCop 3, sorti en 1993. Au fil des années, Fred Dekker s'est imposé comme le véritable spécialiste des séries B horrifiques et science-fictionnelles. On lui doit notamment Monster Squad (1987), Extra Sangsues (1986) ou encore un épisode de la série télévisée Les Contes de la Crypte (1990).

Frank Miller est lui aussi appelé aux renforts pour écrire le scénario de RoboCop 3. Mais le célèbre cacographe reste assez décontenancé par le traitement de RoboCop 2, dont les producteurs n'ont pas retenu l'intégralité du scénario. A nouveau, Frank Miller est trahi par Orion Pictures. Son script est en partie modifié et déformé pour l'occasion. Hagard, l'auteur de comics décide de quitter la planète Hollywood vers des cieux et des horizons plus cléments, avant de revenir en 2005 dans Sin City
La distribution de RoboCop 3 réunit Robert John Burke, Nancy Allen, Rip Torn, John Castle, Jill Hennessy, CCH Pounder, Robert DoQui et Remy Ryan. Cette fois-ci, Peter Weller ne reprend pas le costume (en latex) du célèbre justicier métallique. En effet, l'acteur n'a guère apprécié les choix opérés sur RoboCop 2.

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A l'instar de son prédécesseur, RoboCop 3 se soldera à nouveau par un échec commercial. Le film est à la fois conspué, tancé et chapitré par la presse cinéma et les fans de la saga. A raison, il est souvent considéré comme le pire épisode de la franchise, remake y compris. En outre, il préfigure la réalisation d'une série télévisée, elle aussi destinée à séduire et à flagorner le jeune public.
Lorsque le martyr christique d'Alex J. Murphy (dans le premier opus) se transmute en martyr "filmique". Tel est le terrible constat de RoboCop 3, soit le volet de trop. En l'occurrence, le scénario du film est à la fois laconique et amphigourique. Attention, SPOILERS ! L'OCP a été rachetée par une firme japonaise qui veut des résultats. L'OCP souhaite bâtir la ville de Delta City, sur les ruines de Détroit.

Pour cela, elle a engagé des agents, nommés Rehabs. Contrairement aux discours officiels, les Rehabs font partir les citoyens de Détroit sans ménagement. Les habitants de Détroit décident de s'opposer aux groupes de Rehabs. Pour lutter face aux insurgés, l'OCP décide de reprogrammer RoboCop. RoboCop 3... Ou comment ruiner définitivement une saga ?
Telle est la recette appliquée (hélas avec assiduité) par Fred Dekker, complètement à côté de son sujet... Premier constat : le scénario du film. A aucun moment, cette histoire de citoyens chassés de leurs pénates par l'armée ne parvient à retenir l'attention. Pourquoi la mairie ne propose-t-elle pas tout simplement de les reloger ? Une question évidemment éludée par Fred Dekker, peu inspiré pour l'occasion. 

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A cela, s'ajoutent de nombreuses fautes de goûts, limite impardonnables. RoboCop n'est plus ce justicier torturé du passé, mais plutôt un produit estampillé"Walt Disney", étrangement assagi et absent de ce troisième épisode. Pis, le robot se transmue en assistante sociale qui vient défendre la veuve et l'orphelin. Quant à la psyché d'Alex J. Murphy, elle est ici oblitérée au profit d'un androïde promptement confiné aux oubliettes. Gravement touché suite à une opération de police, RoboCop est réparé et remis en état par... une jeune éphèbe de douze ans ! On croit rêver !
Au programme, un cyborg devenu presque secondaire, une populace qui se regimbe contre l'autorité policière et une jeune gosse génie de l'informatique. En presque vingt minutes de bobine, Fred Dekker a déjà assassiné sa machine. 

Hélas, le glas ne fait que commencer. Faute d'idées et de véritable scénario, le cinéaste ajoute quelques gadgets inutiles à son robot, entre autres, un lance-flamme puis une sorte d'aéroplane technologique. Même les séquences d'action ne sont guère éloquentes. Fini les publicités grivoises, cet humour noir et licencieux au profit d'un divertissement incroyablement poli et surtout fastidieux.
Désormais, RoboCop ne tire même plus sur ses assaillants. Le cyborg a échangé son flingue contre de longues conversations oiseuses. Un oxymore. Vous pouvez donc oublier cet univers capitaliste, spécieux, vénal et presque eschatologique, décrit par Paul Verhoeven dans le premier chapitre. A aucun moment, le remplaçant de Peter Weller, un certain Robert John Burke, ne parvient à transcender son personnage.

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De surcroît, RoboCop est confrontéà un nouvel ennemi cybernétique : un robot ninja ! Evidemment, la machine est une construction nippone, plus exactement "made in Japan". Sur ce dernier point, Fred Dekker élude toute diatribe de ce capitalisme mercantile désormais attiré par les marchés asiatiques. La franchise s'est définitivement transformée en nanar.
Nanti d'un budget impécunier, le film accumule les ellipses et les approximations. Même la mort d'Anne Lewis (la seule surprise de ce troisième chapitre) est expédiée en deux petites minutes (chronomètre en main). En 2014, José Padilha tentera de ressusciter le mythe par un remake. Une chimère. 
Beaucoup de contempteurs accuseront le cinéaste d'avoir assassiné la saga. A tort. Le meurtre s'est produit en 1993 et il se nomme... Robocop 3 !

Côte :Nanar

sparklehorse2 Alice In Oliver

Les Evadés (Même à Shawshank on n'enferme pas l'espoir...)

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Genre : drame 
Année : 1994
Durée : 2h20

L'histoire : En 1947, Andy Dufresne, un jeune banquier, est condamnéà la prison à vie pour le meurtre de sa femme et de son amant. Ayant beau clamer son innocence, il est emprisonnéà Shawshank, le pénitencier le plus sévère de l'Etat du Maine. Il y fait la rencontre de Red, un Noir désabusé, détenu depuis vingt ans. Commence alors une grande histoire d'amitié entre les deux hommes.  

La critique :

L'univers fantastique et horrifique de Stephen King a toujours inspiré le noble Septième Art. Que ce soit Carrie au bal du Diable, Shining, Dead Zone, Cujo ou encore Simetière, pour ne citer que ces exemples. Mais le célèbre grimaud n'a pas seulement oeuvré dans l'épouvante. On relève tout de même des opuscules plus personnels, notamment Stand By Me et La rédemption de Shawshank.
Ce dernier livre va être à nouveau l'objet d'une adaptation cinématographique avec Les Evadés de Frank Darabont en 1994. Avec ce film, le cinéaste va devenir le véritable spécialiste des adaptations des romans de Stephen King au cinéma. Par la suite, il réalisera La Ligne Verte (1999) et The Mist (2007). Certes, au fil des années, Les Evadés va s'octroyer le statut de film culte et même de classique du cinéma.

Pourtant, au moment de sa sortie, le long-métrage se solde par un bide commercial. A l'inverse, il obtient des critiques unanimement panégyriques. La distribution du film réunit Tim Robbins, Morgan Freeman, Bob Gunton, Clancy Brown, William Sandler, James Whitmore, Gil Bellows et Mark Rolston. Dans un premier temps, Frank Darabont présente à Stephen King un court-métrage adapté de sa nouvelle Chambre 312. Impressionné, l'écrivain exalte les qualités du cinéaste.
Le réalisateur décide alors de tourner Les Evadés. Le personnage d'Andy Dufresne suscite les convoitises de Tom Cruise et d'Harrison Ford. Mais Frank Darabont opte pour le charisme de Tim Robbins. Certes, à l'origine, le film s'inspire d'une nouvelle de Stephen King. Pourtant, au niveau de sa tonalité et de ses influences, Les Evadés n'est pas sans rappeler un autre grand film de prison et d'évasion, L'Evadé d'Alcatraz (Don Siegel, 1979).

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Attention, SPOILERS ! 1947. Andy Dufresne, un banquier américain, est jugé coupable du meurtre de sa femme et de l'amant avec qui elle le trompait. Pour ce double meurtre, il est condamnéà subir deux peines de prison à vie consécutives, et se retrouve emprisonné dans le pénitencier fédéral de Shawshank, dans l'État du Maine. Le directeur de la prison, Samuel Norton, un homme ambitieux et pétri de valeurs religieuses traditionnelles, est épaulé par un gardien-chef brutal et sans pitié, le capitaine Byron Hadley, qui ne craint pas de recourir à une violence aveugle afin de faire respecter la discipline.
Visiblement, Frank Darabont est passionné par l'univers carcéral. Quelques années après Les Evadés, il tournera La Ligne Verte, un autre film de prison, à la fois dramatique et fantastique.

Dans Les Evadés, point de lumière énigmatique et fluorescente ni de prisonniers aux pouvoirs extravagants. Le film se divise en plusieurs parties bien distinctes. Dans la première, le long-métrage se focalise sur un univers carcéral et atrabilaire qui applique des principes religieux et rigoristes. Finalement, sur la forme, Shawshank n'est qu'une variation de la prison d'Alcatraz : un directeur à la fois dévot et despotique, un garde-chiourme au comportement soldatesque et plusieurs portraits de divers prisonniers claquemurés dans des cellules vétustes et exigües. 
Les Evadés fonctionne comme une sorte de roman déployé sur une longue pellicule (deux heures et vingt minutes de film tout de même). Le long-métrage s'ingénie à décrire le parcours escarpé d'un innocent, injustement condamné pour un meurtre qu'il n'a pas commis. 

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Certes, le scénario est à la fois classique et laconique. Pourtant, la magie opère. A aucun moment, le long-métrage ne sombre dans une soupe mélodramatique ou moralisatrice. Frank Darabont évite intelligemment tous ces écueils au profit d'un récit à la fois retors et espiègle. Le parcours d'Andy Dufresne s'apparente, dans un premier temps, à une sorte de martyr christique.
C'est la seconde partie du film. Poursuivi, malmené, morigéné et même violé par  une bande de prisonniers libidineux, Andy Dufresne est régulièrement battu et rudoyé. Parallèlement, il s'accointe et sympathise avec Red (Morgan Freeman), un autre chiourme condamnéà perpétuité. Les années passent. Frank Darabont humanise son récit. Andy Dufresne devient peu à peu un oracle au sein de cet univers carcéral.

C'est ainsi qu'il s'attire la confiance de plusieurs matons et même du directeur de la prison. C'est la troisième section du film. Après avoir rendu de grands services financiers et fiscaux à Shawshank, Andy Dufresne devient à la fois ce contrôleur des impôts et ce bibliothécaire érudit et avisé. Il prend même sous son aile un jeune prisonnier. Mais la vérité ne va pas tarder à rejaillir des murs de Shawshank.
Andy Dufresne est innocent. "Réellement innocent", une gaudriole qui se transforme peu à peu en combat pour faire triompher la vérité. Le récit progresse et se transforme en ode pour la liberté. 
C'est la quatrième et dernière partie du film. L'évasion peut enfin commencer... Dès lors, Frank Darabont décrit un long processus de creusage pendant plus d'une quinzaine d'années avec un petit taille pierre (à peine quelques centimètres). 

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Comme un symbole. Ce sont des posters ou plutôt des affiches de film qui vont farder cette astucieuse évasion au nez et à la barbe de toute l'administration de Shawshank. Mais Les Evadés, ce n'est pas seulement l'histoire ou le portrait de divers prisonniers. C'est aussi cette quête existentialiste. A maintes reprises, lors de conversations à priori triviales et oiseuses, Andy et Red dissertent, professent, hypostasient et ratiocinent sur leur vie à l'extérieur du pénitencier. Une chimère.
Tout du moins aux yeux harassés de Red. Toute évasion est impossible. A l'extérieur de cet enfer, la rédemption est vouée à l'opprobre et aux gémonies. A l'image de cet ancien forçat qui choisit de se pendre. En prison, ils sont des personnages importants. Dans la réalité, ils ne sont que des reclus pestiférés et répudiés par la société toute entière. Mais même à Shawshank, on n'enferme pas l'espoir. Un rêve qui se transforme en Empyrée terrestre.
Son nom ? Zihuatanejo, une petite ville du Mexique qui vient sonner le toxin de la révolte et de la liberté pour Andy Dufresne. Certes, les esprits chagrins pourront éventuellement pointer certaines approximations, ellipses et facilités. Par exemple, comment Andy Dufresne a-t-il pu s'évader sans attirer la moindre suspicion durant sa (très) longue incarcération ?
Mais peu importe, encore une fois, la magie fonctionne. Et Frank Darabont signe le ou l'un des meilleurs films de genre. Tout simplement.

Note : 17.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Hostel (Inspiré de faits réels !)

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Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 2006
Durée : 1h35

Synopsis : Deux étudiants américains, Paxton et Josh, ont décidé de découvrir l'Europe avec un maximum d'aventures et de sensations fortes. Avec Oli, un Islandais qu'ils ont rencontré en chemin, ils se retrouvent dans une petite ville de Slovaquie dans ce qu'on leur a décrit comme le nirvana des vacances de débauche : une propriété très spéciale, pleine de filles aussi belles que faciles... Natalya et Svetlana sont effectivement très cools... un peu trop, même. Paxton et Josh vont vite se rendre compte qu'ils sont tombés dans un piège. Ce voyage-là va les conduire au bout de l'horreur. 

La critique :

Passionné par les films d'horreur et biberonné (si j'ose dire) par les grands classiques du cinéma gore (entre autres, Massacre à la Tronçonneuse, Cannibal Holocaust et La Colline A Des Yeux), Eli Roth signe son tout premier long-métrage, Cabin Fever, en 2002. Un premier film et déjà un premier succès, tout du moins en vidéo. Eli Roth attise les convoitises d'illustres réalisateurs hollywoodiens et obtient les faveurs de Quentin Tarantino, très impressionné par la fougue du jeune cinéaste.
C'est donc sous l'égide de Tarantino qu'Eli Roth réalise Hostel en 2006. Le film est également produit par Chris Briggs, Mike Fleiss, Daniel S. Frisch, Philip Waley, Boaz Yakin et Scott Spiegel. Dès le départ, Eli Roth engage une vaste campagne publicitaire. Le scénario de Hostel serait inspiré d'une histoire vraie et plus précisément de faits réels.

Contre toute attente, la supercherie fonctionne. Il est donc question ici de vacances meurtrières se déroulant dans un pays de l'Est (plus précisément la Slovaquie) et se terminant dans la peur, la mort, les tortures, les cris et le sang. En vérité, Eli Roth s'inspire d'un site internet thaïlandais proposant à ses futurs clients la possibilité de torturer et tuer quelqu'un pour dix mille dollars.
Parallèlement, Eli Roth est choqué par la diffusion sur internet d'une vidéo montrant la décapitation de Daniel Pearl, un journaliste américain kidnappé puis odieusement assassiné par des membres d'Al-Qaïda. Eli Roth déclare alors péremptoire : "Aucun film d'horreur, aussi réaliste soit-il, ne pourra jamais retranscrire la violence et l'ignominie de tels actes". Ce sera le sujet de son second long-métrage, donc Hostel. Le film sort deux ans après Saw de James Wan.

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Les deux métrages préfigurent le retour et surtout l'avènement du torture porn au cinéma. Par la suite, Saw et Hostel vont engendrer de nombreux succédanés, la plupart du temps avariés et eux aussi inspirés (soi-disant) de faits réels : The Human Centipede (Tom Six, 2009), Captivity (Roland Joffé, 2007), Frontière(s) (Xavier Gens, 2007), Seed (Uwe Boll, 2007), A l'intérieur (Alexandre Bustillo et Julien Maury, 2007) ou encore Grotesque (Kôji, Shiraishi, 2009) sont autant de tortures porn plus ou moins réussis. Nanti d'un budget relativement modeste, Hostel va connaître un immense succès, que ce soit dans les salles ou en vidéo. Le film sera suivi par deux nouveaux épisodes, donc Hostel, Chapitre II (toujours réalisé par Eli Roth en 2007) et Hostel, Chapitre III (Scott Spiegel, 2011).

La distribution de Hostel premier du nom réunit Jay Hernandez, Derek Richardson, Eythor Gudjonsson, Barbara Nedeljakova et Jennifer Lim. 
A noter également l'apparition furtive (mais néanmoins remarquée) de Takashi Miike dans le rôle d'un riche homme d'affaires. Attention, SPOILERS ! Deux étudiants américains, Paxton et Josh, ont décidé de découvrir l'Europe avec un maximum d'aventures et de sensations fortes. Avec Oli, un Islandais qu'ils ont rencontré en chemin, ils se retrouvent dans une petite ville de Slovaquie dans ce qu'on leur a décrit comme le nirvana des vacances de débauche : une propriété très spéciale, pleine de filles aussi belles que faciles... 
Natalya et Svetlana sont effectivement très cools... un peu trop, même. Paxton et Josh vont vite se rendre compte qu'ils sont tombés dans un piège. Ce voyage-là va les conduire au bout de l'horreur. 

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Vous l'avez donc compris. Le scénario de Hostel ne brille pas vraiment par sa complexité. Néanmoins, le film possède un concept intéressant et un certain potentiel. C'est probablement ce qui explique la présence de Quentin Tarantino derrière la production du film. En hommage au réalisateur, Eli Roth établit une étrange connivence avec un bref extrait de Pulp Fiction.
Cependant, la comparaison s'arrête bien là. Certes, désormais, Hostel est auréolé du statut de film culte, tout du moins, dans la catégorie "torture porn". Est-ce une réussite ou un grand chef d'oeuvre pour autant ? Loin de là, même si le long-métrage possède aussi de solides arguments. Clairement, Eli Roth ne fait pas dans la finesse. Ainsi, la première partie du film, assez grotesque il faut bien le dire, s'apparente à un teen movie version American Pie, à l'humour grivois et égrillard.

Surtout, Hostel ancre son scénario dans une trame assez classique, à savoir le destin de trois étudiants dépassés par les événements qui surviennent. Par la suite, de nombreux tortures porn reprendront peu ou prou le même scénario. Il faudra donc patienter une bonne demi-heure et supporter les nombreuses insanités des trois principaux protagonistes avant d'entrer dans le vif du sujet.
En revanche, la seconde partie du film est nettement plus intéressante. Cette fois-ci, finis les rires sarcastiques et les goguenardises pour céder à une ambiance macabre et eschatologique. Plongés malgré eux dans l'antre de la nouvelle famille de Leatherface, nos trois jeunes étudiants sont condamnés à subir les tortures et les supplices de bourreaux psychopathes et despotiques.
L'organisation sadique et criminelle inventée par Eli Roth se déploie enfin sous une caméra ensanglantée. Le long-métrage peut s'appuyer sur plusieurs séquences gores solidement troussées. Dès lors, le film parvient enfin à transcender son sujet. Il était temps... Toutefois, force est de constater que le film n'exploite pas vraiment tout son potentiel. Hostel n'est donc pas le film extrême décrié voire même louangé par son affiche érubescente. En l'état, Hostel s'inscrit dans la continuité de Cabin Fever, à savoir une série B horrifique de facture honnête, tout à fait consommable, à condition de fermer les yeux (et les oreilles) sur sa première partie soporifique. Bref, un torture porn sympathique mais surestimé.

Note : 12/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Snuff 102 ("Muzan-E")

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Genre : horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 2007
Durée : 1h45

L'histoire :Une journaliste enquête sur les snuff movies mais finit par se faire kidnapper par un tueur. Pour elle et deux autres jeunes femmes, le calvaire commence sous l'oeil de la caméra. 

La critique :

Le snuff movie est un sous-genre cinématographique pour désigner toutes ces vidéos ou pseudos légendes urbaines censées relater des faits authentiques par le biais d'une caméra amateur. Mondo Cane (Franco Prosperi, Gualtiero Jacopetti et Paolo Cavara, 1962), Face à la Mort (John Alan Schwartz, 1978) et Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1981) sont autant de témoignages d'un nouveau phénomène : le zapping de l'horreur, de la mort et de l'impudicité, soit les nouvelles sensations extrêmes vendues et exaltées par notre sociétéégotiste et consumériste.
Peu à peu, le cannibalisme, les lubricités et la nécrophilie se démocratisent en vidéo. Sur la Toile, les fans du cinéma trash jubilent. A Serbian Film (Srdjan Spasojevic, 2010) et Philosophy Of A Knife (Andrey Iskanov, 2009) deviennent les nouveaux phénomènes du cinéma extrême.

Vient également s'ajouter Snuff 102, réalisé par Mariano Peralta en 2007. Très vite, cette pellicule argentine suscite les anathèmes et les billevesées de la critique et de la presse cinéma. Lors du festival du film de Mar del Plata, Snuff 102 provoque plusieurs malaises lors de sa projection, et même un arrêt cardiaque. Ulcérés, plusieurs spectateurs portent plainte et participent malgré eux à la popularité du film.
Snuff 102 devient la nouvelle égérie (si j'ose dire) du cinéma trash, gore et extrême. Certains fans parlent même du film le plus choquant jamais réalisé. Le long-métrage est banni et interdit dans une soixantaine de pays. Au mieux, il écope d'une interdiction aux moins de 18 ans. Pourtant ici, point de séquences pornographiques. Reste à savoir si Snuff 102 mérite (ou non) le titre du film le plus barbare (et/ou choquant) de toute l'histoire du cinéma.

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Hélas ou heureusement (vous choisirez), la réputation outrancière de cette pellicule est pour le moins usurpée. Certes, Snuff 102 s'adresse à un public particulièrement averti, mais il reste largement inférieur, en termes d'insanités, àPhilosophy of A Knife, à toutes les excentricités gores asiatiques et plus récemment, à un certain Most Disturbed People on Planet Earth 2.
Sur la forme, Snuff 102 ressemble à un remake à peine déguisé de Muzan-E (Daisuke Yamanouchi, 1999), dont il reprend peu ou prou le même scénario. Attention, SPOILERS ! Une journaliste enquête sur les snuff movies et interroge un expert en la matière. Elle découvre alors un univers cruel et étrange. Jusqu'au jour où elle tombe sur des vidéos tournées par un psychopathe. Celui-ci a kidnappé trois jeunes femmes.

Le calvaire commence sous l'oeil de la caméra. A l'instar de Muzan-E, il est aussi question d'une journaliste qui s'intéresse de près à un nouveau phénomène : le snuff movie. Ou plus précisément toutes ces vidéos qui circulent sur la Toile. C'est la première partie de Snuff 102. La jeune femme fait appel aux services d'un expert pour étudier tous ces films en diffusion libre sur le net.
Devant son ordinateur, la journaliste découvre l'horreur : la "célèbre" décapitation d'un homme par une horde de barbares terroristes, un singe affreusement torturé et toutes une série d'éviscérations dans les cris, la mort, l'horreur et la terreur. Le film pointe alors cette étrange dissemblance. 
Certes, d'un côté, la journaliste exècre et répudie ce genre de vidéos répugnantes et extrêmes. De l'autre, elle ne peut s'empêcher de mater ces spectacles lubriques, turpides et obscènes. Un oxymore. 

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Parallèment, l'émergence de ce nouveau genre répond à une demande, à un manque et plus précisément à un vide sociétal et existentiel. Très vite, la reportrice tombe sur de nouvelles vidéos toujours plus trash et violentes. Elle assiste béate à des snuff movies tournés par un maniaque de l'opinel. Le tueur retient prisonnière trois femmes qu'il torture et supplice à satiété.
Sur ce dernier point, Mariano Peralta se montre particulièrement généreux. Au menu des tristes réjouissances : découpage de doigts au sécateur, viol à répétition, énucléation d'un oeil et rires frénétiques font partie du menu fretin. Hélas, le concept a aussi ses limites. D'une durée d'une heure et 45 minutes environ, Snuff 102 multiplie les longueurs superflues. Les conversations oiseuses entre la journaliste et le critique cinéma ne sont guère passionnantes et ralentit souvent le rythme du film.

Surtout, leurs dialogues byzantins n'apportent aucune réflexion sur le thème de prédilection du film. Sur ce dernier point, Mariano Peralta varie les plaisirs. On passe ainsi de séquences tournées en noir et blanc à des scènes de tortures en couleur. Pourquoi ce choix ? Difficile de trouver une explication logique et/ou rationnelle. Niveau tortures, le long-métrage se montre particulièrement inégal.
C'est par exemple le cas lorsque le tueur plante des clous dans les tétons d'une jeune femme. 
Aucune effusion de sang au programme... Même remarque pour certaines atrocités commises sur les victimes. Le snuff se transforme presque en autoparodie avec toutes ces prothèses censées représenter des corps démembrés, dilapidés et dilacérés...
Visiblement, Mariano Peralta doit composer avec les moyens du bord. Toutefois, le cinéaste possède un certain talent pour la mise en scène et opte pour un long-métrage underground, distillant un certain malaise par d'habiles procédés. Notamment une ambiance anxiogène et étouffante. La tension devient cette fois-ci bien réelle et palpable. 
Bref, avec Snuff 102, Mariano Peralta tergiverse entre la fiction et la réalité. Cet OFNI (objet filmique non identifié) n'est pas forcément le film le plus choquant ou barbare jamais réalisé. Mais il délivre tout de même (en tout cas parfois) l'uppercut annoncé. 

Note : 12/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Vol Au-Dessus D'Un Nid De Coucou (La liberté, c'est l'esclavage)

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Genre : drame (interdit aux - 12 ans)
Année : 1975
Durée : 2h10

L'histoire : Rébellion dans un hôpital psychiatrique à l'instigation d'un malade qui se révolte contre la dureté d'une infirmière.  

La critique :

A la fois scénariste, réalisateur et professeur de cinéma, Milos Forman débute sa carrière derrière la caméra dès 1963. Il signe tout d'abord des courts-métrages. D'origine tchécoslovaque, il s'expatrie aux Etats-Unis et réalise une comédie dramatique, Taking Off (1971). Quatre ans plus tard, il adapte un roman de Ken Kesey sur les milieux psychiatriques. Vol au-dessus d'un nid de coucou va asseoir définitivement sa notoriété. Dans un premier temps, l'opuscule est porté au théâtre et plus précisément sur la scène de Broadway. Michael Douglas joue le rôle principal, celui de Randle P. McMurphy.
Lui aussi est séduit à l'idée de transposer à la fois le roman et la pièce sur grand écran. Il devient le producteur du film. Pour interpréter McMurphy, Milos Forman pense immédiatement à Jack Nicholson, mais l'acteur est déjà sur le tournage d'un autre film.

Plusieurs interprètes sont alors approchés, notamment James Caan, Marlon Brando et Gene Hackman. Mais Milos Forman insiste et se tourne à nouveau vers Jack Nicholson. Viennent également s'ajouter Louise Fletcher, Will Sampson, Brad Dourif, Dannu DeVito, Christopher Lloyd, Scatman Crothers, Vincent Schiavelli, Peter Brocco et Michael Berryman.
Pour le rôle de l'infirmière Ratched, plusieurs actrices sont également envisagées : Faye Dunaway, Jeanne Moreau, Geraldine Page, Anne Bancroft, Ellen Burstyn, Angela Lansbury ou encore Jane Fonda. Finalement, c'est Louise Fletcher qui est engagée pour interpréter cette femme retorse, séditieuse et presque machiavélique. Certes, le film va connaître un immense succès à sa sortie. Il obtient même plusieurs Oscars : meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario.

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Pourtant, Ken Kesey, l'auteur du livre original, n'apprécie guère les libertés d'un scénario qu'il juge grotesque et amphigourique. Pantois, il refusera toujours de regarder le film. Pour la petite anecdote, Angelica Huston, la compagne de Jack Nicholson à l'époque, effectue une (très) courte apparition dans le long-métrage. Mais son nom n'est pas mentionné dans le générique. Attention, SPOILERS !
Randle P. McMurphy se fait interner pour échapper à la prison alors qu'il est accusé de viol sur mineure. En attendant qu'on évalue sa santé mentale, il assiste aux séances thérapeutiques de l'infirmière en chef, l'autoritaire et cynique Mademoiselle Ratched, dont il cherche à révolutionner les règles. Le tempérament furieux et jovial de McMurphy entraîne bien vite les autres internés à prendre conscience de la liberté qu'on leur refuse.

Mais bientôt il comprend qu'en entrant volontairement dans l'établissement il a peut-être lui-même perdu cette liberté pour toujours. Il semble se lier d'amitié avec certains des internés, surtout avec le « chef », un colosse Indien qui lui restera fidèle en amitié jusqu'au bout et qui n'apparaît pas comme un fou dangereux. McMurphy, lui, apparaît comme impulsif, pouvant devenir parfois violent.
Il entraîne les autres pensionnaires à la rébellion et les amène à la désobéissance. Malgré quelques crises de violence et surtout de nerfs de la part des internés et l'intransigeance de l'infirmière, tout se passe à peu près bien jusqu'au moment où deux drames se jouent. A juste titre, Vol au-dessus d'un nid de coucou va s'imposer comme un véritable classique du noble Septième Art. Le film est souvent considéré comme une dénonciation ou une diatribe de la psychiatrie des années 1970.

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Un leurre. A l'époque, ce domaine si particulier de l'univers médical (ou plutôt mental) a déjà instauré les préceptes de l'auguste Docteur Pinel. La folie ne doit plus être enfermée mais libérée de ses chaînes. Sur le fond, Vol au-dessus d'un nid de coucou s'apparente davantage à une allégorie sur le milieu carcéral, ici transformé en centre d'aliénation mentale. Plus exactement, cet hôpital psychiatrique est lui aussi une allégorie sur les régimes communistes et staliniens.
En vérité, Vol au-dessus d'un nid de coucou ressemble à une variation du ministère de la pensée dans le roman 1984 (George Orwell, 1948). Autrement dit, la liberté c'est l'esclavage. Tel est le propos alarmiste de Milos Forman. Par le passé, lui-même a fui ce régime autocratique et atrabilaire. Mais Big Brother peut désormais s'immiscer dans les murs d'un asile psychiatrique.

Cet établissement n'a qu'un seul objectif : enfermer la pensée, détruire tout sentiment de révolte et finalement d'humanité. Tel est le fil rouge (c'est le cas de le dire) et conducteur du scénario du film qui oppose une autorité irréfragable et irrépressible, incarnée par Miss Ratched et ses ouailles (donc le personnel de l'asile) ; et un nouveau patient, Randle McMurphy, qui se regimbe contre ce pouvoir hégémonique. Très vite, Randle conteste et fustige les pratiques à l'intérieur de l'établissement.
Pour parvenir à instaurer une discipline de fer et quasi soldatesque, Miss Ratched et ses séides médicamentent, rudoient, sermonnent et admonestent leurs patients. 
Même les émissions diffusées à la télévision sont réglémentées. Ce petit monde indocile, celui qui a été répudié par la société, doit être à tout prix coupé de la réalité. 

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Certains d'entre eux ont sombré dans la dépression ou la psychasténie mentale. D'autres ont choisi de se murer dans le silence. A l'image du grand chef indien, coi, flegmatique et incroyablement figé. Pourtant, cet immense colosse va être réveillé par les joutes verbales de McMurphy. Reprendre le mouvement pour revenir à la vie... Un autre message du film symbolisé par une partie de basket pour une fois remportée par les patients ! Mais la présence de cet indien est forte en signification.
Il préfigure nos racines ancestrales, notre rapport primaire à la nature. La société moderne, dictatoriale et consumériste nous a coupés de nos propres origines. Mais dans ce petit univers réglementé, verrouillé et claustré de la réalité, il n'y a pas de place pour la révolte et la liberté de pensée. Rétif, McMurphy convie quelques unes de ses copines dans une partie de débauche et d'alcool au sein de l'hôpital (et avec la complicité du gardien). La fête se transforme à nouveau en répression.
Cette fois-ci, le film prend une autre tournure, beaucoup plus dramatique. McMurphy l'ignore encore. Mais il va bientôt endosser les oripeaux de Winston Smith, le héros de 1984. Dans ce monde régenté et cloîtré par des barreaux, toute insubordination doit être annihilée et néantisée. Le verrou mental et comminatoire peut définitivement se refermer, à l'image de l'affiche du film.

Note : 17.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

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