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Robocop - 1988 (Le "Jésus" américain)

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Genre : science-fiction, action (interdit aux - 12 ans)
Année : 1988
Durée : 1h42

L'histoire : A l'aube de l'an 2000, Detroit est la proie du crime et de la corruption. Pour pallier ce terrible état, les services de police inventent une nouvelle arme infaillible, Robocop, mi-homme, mi-robot, policier électronique de chair et d'acier qui a pour mission de sauvegarder la tranquillité de la ville. Mais ce cyborg a aussi une âme

La critique :

Cinéaste néerlandais, Paul Verhoeven signe son premier succès en 1973 avec l'excellent Turkish Délices. Le réalisateur devient alors le roi de la provocation et de la polémique, statut qu'il confirme avec Le Choix du destin en 1977. Dans les années 1980, Paul Verhoeven décide de s'expatrier aux Etats-Unis. Une fois chez l'Oncle Sam, il confirme son goût pour l'irrévérence, notamment à travers des thrillers sulfureux, Basic Instinct (1992) et le très médiocre Showgirls (1995).
Au milieu des années 1980, la firme Orion Pictures lui propose un script au titre étrange et amphigourique. Son nom ? Robocop. Ou l'histoire d'un policier de Detroit qui se transforme en robot. Dans un premier temps, Paul Verhoeven répudie le scénario qu'il juge grostesque et ridicule.

Puis, le cinéaste décèle dans cette histoire plusieurs sujets et mythes captivants. A travers Robocop, sorti en 1988, Paul Verhoeven y voit aussi l'opportunité de dénoncer la société américaine et un capitalisme à la fois hégémonique et "reaganien". L'idée du film vient d'Eward Neumeier qui a activement participé au tournage de Blade Runner (Ridley Scott, 1982), dans lequel il était aussi question d'androïdes qui se fondent dans notre société humaine.
Le projet est proposéà plusieurs réalisateurs de renom : David Cronenberg et Jonathan Kaplan, qui rejettent poliment l'invitation. Parallèlement, Paul Verhoeven sort du tournage de La Chair et le Sang, un film épique d'une violence inouïe. Passionné par les thèmes de la religion et de sa parfaite antithèse (donc le mal), Paul Verhoeven veut transformer son cyborg en "Jésus" américain.

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Certes, l'idée peut paraître loufoque et extravagante. Mais le cinéaste considère le personnage de Robocop comme le digne épigone de Maria, la femme métallique et mécanique du superbe Metropolis (Fritz Lang, 1927). L'être humain serait-il destinéà se transfigurer en machine ? L'avenir du capitalisme est-il de nous transformer en marionnettes indolentes et appâtées par la technologie ?
Autant de questions qui taraudent Paul Verhoeven. La distribution du film réunit Peter Weller, Nancy Allen, Dan O'Herlihy, Ronny Cox, Kurtwood Smith, Miguel Ferrer et Ray Wise. Pour le rôle de Murphy (aka Robocop), plusieurs acteurs seront envisagés : Rutger Hauer, Michael Ironside et Tom Berenger sont invités à effectuer plusieurs batteries d'essais. Hélas, leur physique ne s'adapte guère au costume conçu par Rob Bottin.

Paul Verhoeven fait alors appel à Peter Weller. L'acteur l'ignore encore. Il vient d'accepter le rôle de sa carrière cinématographique. Pourtant, ce dernier va connaître un tournage houleux et difficile. Il perd plus de dix kilos pour endosser l'armure. Il ne parvient pas non plus à se mouvoir dans ce costume corseté. De surcroît, Paul Verhoeven se fâche avec Rob Bottin, le concepteur des effets spéciaux.
Le réalisateur dépasse le délai et le budget impartis. Les producteurs fulminent. Le tournage de Robocop devient un véritable cauchemar pour le cinéaste. D'autant plus que le film est attendu par la presse... Robocop doit devenir le digne successeur de Terminator (James Cameron, 1984), un autre film de science-fiction (et de robots), sorti quelques années plus tôt. Heureusement, le long-métrage obtient un immense succès dans les salles.

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Le public exulte et certains fans parlent déjà du phénomène "Robocop". Plusieurs suites, un remake, une série télévisée, un dessin animé et des produits dérivés seront réalisés dans la foulée ou plusieurs années après. Paul Verhoeven vient d'inventer un nouveau parangon du héros américain, Alex J. Murphy, alias Robocop. Hélas, ce dernier est condamnéà appliquer une justice inique et expéditive dans une Amérique déboussolée. Attention, SPOILERS ! Abattu sauvagement durant l’exercice de ses fonctions, l’officier Alex Murphy est, dans un futur proche, réanimé en un cyborg mi-homme mi-machine, appareil vivant destinéà endiguer le crime dans la ville de Detroit alors qu’on s’apprête à reconstruire celle-ci entièrement à destination de ses cadres de l’industrie de l’armement.
La police perd le contrôle du robot quand ce dernier, assailli de souvenirs, part enquêter sur sa propre mise à mort.

Certes, en apparence, le scénario de Robocop peut paraître simpliste et laconique. Pourtant, à travers l'histoire de ce policier probe et transmuté en cyborg, Paul Verhoeven signe une véritable diatribe contre un système capitaliste noyé par la corruption. Désormais, la police et la sécurité appartiennent à une société privée, l'OCP, un cartel militaire aux mains de dirigeants fallacieux et autocratiques.
Autrement dit, l'univers de Robocop ressemble étrangement à notre société consumériste, à la fois gangrénée par le crime et l'appât du gain. Les prolétaires se divisent désormais en deux catégories de citoyens : ceux qui tentent de survivre dans cette société en décrépitude et ceux qui se sont fourvoyés dans la drogue et la criminalité. Par conséquent, Robocop est conçu comme un produit sous garantie, surtout comme celui qui doit appliquer les moralines et les vulgates de l'OCP : lutter contre le crime et protéger l'innocent.

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Ce n'est pas un hasard si l'action du film se déroule dans la ville de Detroit, une cité en déshérence et en proie à la paupérisation. Comme un symbole. Robocop doit affronter un autre ennemi robotique : ED 2009, une machine de guerre qui applique une justice aveugle. Sur ce dernier point, Paul Verhoeven fustige, vilipende et se gausse de ce système néo-conservateur, ultra libéral et mercantile.
En parfait justicier de la loi, Robocop va même se retourner contre ses propres créateurs. C'est le retour du mythe de Frankenstein. Lui aussi démembré et sauvagement atrophié par ses propres démiurges, le cyborg se regimbe contre cette logique irréfragable. C'est le thème principal du film : la résurrection. Paul Verhoeven multiplie les symboles christiques et transforme son androïde en "Jésus" américain.

La mort atroce de Murphy se déroule sous les balles, les effusions sanguinaires et presque dans la crucifixion. Pas de résurrection sans sacrifice charnel ni spirituel, semble nous dire Paul Verhoeven, très inspiré pour l'occasion. Dans Robocop, la question identitaire est toujours en filigrane. D'un vulgaire produit fabriqué par l'OCP, Robocop affirme peu à peu son humanité.
Il est et il reste toujours Alex J. Murphy, ce policier et père de famille abattu froidement par quelques mercenaires psychopathes. De retour chez lui, il découvre une demeure en déshérence. Son passé humain ressurgit. "Murphy, c'est vous" claironne Anne Lewis, son équipière. Au détour de plusieurs séquences jubilatoires, Paul Verhoeven s'ébaudit de ses divers protagonistes.
Clairement, le cinéaste réalise une parodie science-fictionnelle à l'humour noir, licencieux et égrillard. Paul Verhoeven affectionne tout particulièrement les prothèses et les effusions sanguinaires. Ainsi, chaque mort se déroule dans les déflagrations et l'indifférence générale. Paul Verhoeven signe un long-métrage totalement désinvolte. Les épisodes suivants, remake y compris, ne retrouveront jamais la force, la fougue, l'humour ni la complexité de ce premier chapitre.
Bref, Robocop version 1988 a bien mérité son statut de film culte et de classique du cinéma. 

Note : 18.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver


You'Re Next (Pauvre invasion)

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Genre : horreur, home invasion (interdit aux - 16 ans)
Année : 2013
Durée : 1h35

L'histoire : La famille Davison est réunie dans sa maison de campagne pour célébrer l’anniversaire de mariage des parents. Alors que chacun commence à laisser éclater ses frustrations et rancoeurs, la maison est prise d’assaut par un groupe de tueurs masqués. La réunion de famille tourne au jeu de massacre, les assaillants tentent de les supprimer un à un. Mais sous ses airs d’innocente petite amie, Erin va s’avérer pleine de ressources.

La critique :

Cela fait déjà plusieurs années, voire même plusieurs décennies, que le genre Home Invasion s'est peu à peu démocratisé au cinéma et/ou par le biais de la video. Les remakes (relativement) récents de La dernière maison sur la gauche (Dennis Iliadis, 2009) et de Funny Games (Michael Haneke, 2008) ont à nouveau marqué les esprits. D'autres productions, plus discrètes, ont connu un certain succès par l'intermédiaire du direct-to-dvd (DTV). C'est par exemple le cas de The Collector et de sa suite, The Collection (Marcus Dunstan, 2009 et 2011), Haute Tension (Alexandre Aja, 2003), A l'intérieur (Alexandre Bustillo et Julien Maury, 2006), Mother's Day (lui aussi un remake, Darren Lynn Bousman, 2010), ou encore de Ils (David Moreau et Xavier Palud, 2005).

Vient également s'ajouter You'Re Next, réalisé par Adam Wigard en 2013. Le film a bénéficié d'une sortie dans les salles obscures et s'est fait connaître en multipliant les festivals, notamment Toronto, Sydney et surtout Gerardmer. Il obtient même plusieurs récompenses : meilleur film, meilleur scénario et le prix du public. You'Re Next est remarqué par les distributions Lions Gate qui décident de racheter les droits du film. Peu à peu, le long-métrage se taille une réputation auprès des spectateurs. 
Le film connaît un certain succès lors de son exploitation au cinéma. Reste à savoir si You'Re Next est bel et bien la claque annoncée. Réponse dans les lignes à venir... Mais la réponse est pour le moins mitigée. Quant à Adam Wigard, sa carrière débute au milieu des années 2000 avec plusieurs courts-métrages (plus ou moins) anonymes.

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Dans les années 2010, il réalise plusieurs productions notoires (tout du moins par l'intermédiaire de la vidéo) : V/H/S et The ABCs of Death. La distribution de You'Re Next réunit Sharni Vinson, AJ Bowen, Amy Seimetz, Barbara Crampton, Wendy Glenn et Rob Moran. En l'occurrence, le scénario du film est à la fois classique et laconique. Attention, SPOILERS !
La famille Davison est réunie dans sa maison de campagne pour célébrer l’anniversaire de mariage des parents. Alors que chacun commence à laisser éclater ses frustrations et rancoeurs, la maison est prise d’assaut par un groupe de tueurs masqués. La réunion de famille tourne au jeu de massacre, les assaillants tentent de les supprimer un à un. Mais sous ses airs d’innocente petite amie, Erin va s’avérer pleine de ressources.

Premier constat : You'Re Next ne renouvelle aucunement le Home Invasion. Ici, tous les ingrédients du film d'horreur à l'ancienne (comprenez le slasher...) sont réunis pour provoquer (éventuellement) quelques sursauts de son siège : une demeure cossue et cloîtrée au beau milieu de nulle part, une forêt isolée et inquiétante, plusieurs personnes (de la même famille) bientôt assaillies par des individus masqués. La suite ? Une série de clichés et de lieux communs hélas habituels et peu éloquents.
Dès lors, You'Re Next n'aura de cesse de tourner (lamentablement) sur lui-même et d'expédier un scénario (encore une fois) conventionnel. Rien de bien génial ni d'exceptionnel pour ce thriller horrifique précédé d'une réputation sulfureuse. A ce script simpliste et parfois amphigourique, s'ajoutent de nombreuses maladresses.

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Si Sharni Vinson montre les crocs (ou plutôt le couteau) et se révèle plutôt à l'aise dans un rôle atypique (celui d'Erin), son personnage ne présente aucun intérêt. A l'image de ce renversement de situation qui intervient vers la moitié du film. La gentille midinette (en apparence) se transmute en "survivaliste", comme le claironne notre jeune héroïne à la complexion famélique, capable néanmoins de résister, d'assaillir et d'exterminer des agresseurs à contrario véloces, musculeux et corpulents.
A partir de là, Erin se transforme en une sorte de McGyver furibonde et vindicative. Hélas, le film a déjà déserté son script pour le moins imbécile. Pourquoi les assassins s'ingénient à poursuivre et à tuer les membres de la famille avec des arbalètes ? Pourquoi ne débarquent-ils pas tout simplement dans la maison avec des armes à feu ?

Dès lors, le long-métrage fait preuve d'une certaine espièglerie (à défaut d'ingéniosité) dans certaines séquences de poursuite (à défaut de tripailles). Néanmoins, rien de bien méchant ni de transcendant au final. Quant aux personnages qui entourent la fameuse Erin, eux aussi sont rapidement évincés par toute une série de rebondissements, la plupart du temps superflus, mais il faut bien remplir la courte durée du film (à peine une heure et 35 minutes de bobine).
Certes, force est de constater que l'on ne s'ennuie jamais. Toutefois, pour l'aspect gore, trash et sanguinaire, You'Re Next est prié de réviser sa copie. Seule l'originalité des masques (assez effrayants, il faut bien le dire) pourra éventuellement provoquer un semblant d'effroi. Bref, You're Next se suit avec un ennui poli. Un succès pour le moins incompréhensible.

Note : 08/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

The Gateway Meat (Faut reconnaître, c'est du brutal !)

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Genre : gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)

Année : 2008

Durée : 1h09

Amis blogueurs, en premier lieu, cette petite parenthèse personnelle si vous le permettez. J’aimerais que vous sachiez que je ne recule devant rien pour essayer de vous offrir le meilleur du gore, du trash et de l’extrême cinématographique. Comme vous le savez (ou pas), chez moi pas de téléchargement, ni de streaming, ni de torrent. Mes sources proviennent de bons vieux dvd, quand ce n’est pas d’authentiques vhs. J’ai besoin de ce contact physique, presque charnel avec l’accessoire. C’est certainement dûà mon grand âge ! Et puis, je suis un collectionneur de longue date.
Forcément, ça biaise un peu les données. Personnellement, je n’ai rien contre les nouveaux modes de consommation audiovisuels et j’ai bien conscience que c’est le seul moyen, pour des jeunes qui n’ont pas encore de revenus, d’accéder à une large palette d’œuvres plus ou moins rares. Cependant, personne ne m’ôtera de l’idée que le fait de posséder un bel objet, longtemps recherché et durement acquis, est mille fois plus jouissif que de procéder à un banal stockage sur une triste clé USB.
Vous comprendrez donc aisément que les films que j’ai l’honneur de vous présenter régulièrement coûtent chers, parfois même horriblement chers. Comme celui dont nous allons parler aujourd’hui, par exemple. 
Peu importe, j’ai une fois de plus cassé ma tirelire afin d’honorer mon « contrat moral » avec Cinéma Choc.

L'histoire : Une famille de satanistes perpétue une tradition ancestrale en essayant d’ouvrir l’une des sept portes de l’enfer. Pour cela, elle s’allie avec un psychopathe incontrôlable. Chacun va alors s’adonner à d’inqualifiables actes de violence sur d’innocentes victimes.

La critique :

Voici donc The Gateway Meat, un terrifiant thriller satanique signé Ron DeCaro assistéà la réalisation par Fred Vogel, le créateur de l’infâme trilogie August Underground. Autant dire que les démons les plus ignobles se sont penchés sur le berceau de cette œuvre outrancière. Le film a d’ailleurs acquis depuis sa sortie en 2008 une très grosse réputation auprès de nombreux fans, notamment sur Internet. Nécrophilie, viols brutaux, déviances extrêmes, sexe explicite et par-dessus tout un étalage démentiel de gore ultra réaliste. The Gateway Meat s’annonçait d’ores et déjà comme une tuerie monumentale. Le verdict ? Réponse à la fin de cette chronique.
Mais déjà, pour vous donner un aperçu, ce film c’est un peu la rencontre ultime entre la très grosse boucherie et des situations extraordinairement malsaines. Autant dire que nous avons à faire ici à une véritable symphonie de brutalité, un concerto trash majeur. Il faut dire qu’avec deux réalisateurs poids lourd du cinéma extrême à la baguette, on était en droit de s’attendre à un déluge d’atrocités.

Pourtant, hormis une première scène écœurante (un homme se découpe un bout de langue et l’introduit dans la bouche d’une femme qui l’arrache avec les dents avant de le déguster goulûment), les trente premières minutes du film se déroulent en mode « cruise control », le temps pour DeCaro de mettre en place son histoire et de présenter en détail les différents protagonistes. Cette première demi-heure écoulée, le réalisateur lâche enfin les chevaux et un infernal tsunami de violence envahit l’écran jusqu’au générique final. Attention, SPOILERS !
L’histoire part du postulat de l’assassinat du Président des Etats-Unis qui aurait été commis en 2006 par un extrémiste religieux (on ne précise pas la religion de l’intéressé). Ainsi, la population américaine, notamment la jeunesse, rejetant en bloc les idéaux d’amour et de paix, s’est réfugiée dans un sectarisme primaire.

 

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Nous faisons alors la connaissance de Markus et de sa petite famille : Lizzy, son épouse aimante et Sophia, leur adorable fillette de cinq ans. Dans son joli pavillon de banlieue, ce petit monde paraît mener une vie normale et harmonieuse. Un léger détail cependant. Ce sont des satanistes complètement dégénérés dont le seul but dans l’existence est de permettre l’ouverture des portes de l’enfer pour faciliter le retour du Diable sur Terre. Pour cela et comme leur maître l’exige, ils devront perpétrer le plus d’abominations possibles en massacrant d’innocentes victimes.
Pour cette mission, Markus s’allie les services de Roland, un tueur psychopathe alcoolique, fidèle compagnon de ses beuveries. Cet homme bedonnant passe l’essentiel de son temps à sniffer des rails de verre pilés ou à faire l’amour à sa femme morte et refroidie (et accessoirement enceinte) depuis longtemps, dont le corps ensanglanté gît toujours sur le lit conjugal. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’association de la famille tarée et du serial killer va faire des ravages…

Avec un scénario aussi épais que le fil à couper le beurre, The Gateway Meat n’a pas pour vocation de se faire apprécier pour la profondeur de son message ni pour ses qualités artistiques. Tourné en underground et à la limite de l’amateurisme, le film de Ron DeCaro représente un immense défouloir dans lequel l’amateur de sensations fortes vient assouvir, sans culpabiliser le moins du monde, ses instincts les plus avilissants. D’autant que DeCaro n’est vraiment pas avare en images chocs et en scènes scabreuses.
En effet, le film regorge de séquences non seulement gorissimes mais aussi de situations malsaines et immorales, propices à installer le spectateur dans un climat de malaise permanent. Le ton extrêmement réaliste utilisé par le réalisateur, l’ambiance poisseuse dans laquelle se déroule la plupart des exactions, la participation d’une fillette à des événements moralement condamnables, les effets spéciaux bluffant, tout cela n’est évidemment pas étranger à l’inconfort notoire que l’on ressent lors de la projection. 
A tel point que l’on a la désagréable impression par instants d’assister à un véritable snuff movie. Les connaisseurs feront remarquer qu’il se dégage de cette œuvre comme un air de déjà-vu.

 

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Surtout et en particulier avec le triptyque August Underground. Eh bien, justement non. Ça serait plutôt le contraire, à vrai dire. Bien que Vogel soit de la partie, The Gateway Meat se démarque nettement du style de l’infâme trilogie. Mis à part des dialogues fleuris qui parsèment le film de « fuck » ou « bitch » (dialogues désormais inhérents au cinéma extrême), tout oppose les August Underground au film de Ron DeCaro. Ce dernier propose des images nettes, quelques plans apaisants (mais oui !) et sa caméra ne donne en aucun cas le tournis. Quant aux acteurs (qui certes ne remporteront pas l’Oscar d’interprétation), ils ne donnent pas dans la surenchère hystérique.
D’ailleurs, comme dans le cinéma underground, tout le monde met la main à la patte par souci d’économie, le réalisateur s’est octroyé le premier rôle du film à l’instar de ses collègues Olaf Ittenbach ou Brian Paulin. Sur le fond et bien que beaucoup de scènes affichent une ultra violence totalement gratuite, The Gateway Meat a le mérite d’établir le constat peu reluisant d’une société américaine et de la jeunesse en particulier, en pleine déliquescence des mœurs.

Le réalisateur cogne (au sens propre comme au sens figuré) d’ailleurs allégrement sur cette jeunesse avachie et léthargique qui se perd dans l’alcool et les substances illicites pour oublier la vacuité de son existence. Bien que traitée trop superficiellement, l’initiative du réalisateur s’avère louable. Rassurez-vous, je n’oublie pas le gore. Impossible en l’occurrence d’énumérer toutes les scènes sanglantes tant elles sont nombreuses.
Retenons tout de même une énorme scarification à la lame de rasoir, un égorgement spectaculaire avec extraction de la langue au travers du gosier sectionné ou encore un homme complètement carbonisé par une pince d’allumage électrique accrochée à son pénis.
Mais les scènes les plus choquantes demeurent sans conteste celles qui piétinent la décence et font voler en éclats toute moralité. Petit florilège : Roland le psychopathe boit amoureusement le sang qui dégouline du cadavre de sa femme ; Sophia (la fillette de cinq ans) se délecte elle aussi du sang des victimes projeté sur les murs ; Markus et son épouse se livrent à un coït frénétique au-dessus d’une baignoire remplie de morceaux humains.

 

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Et pour finir en beauté, il y a ce pervers qui regarde un film pornographique sur son ordinateur portable, film dans lequel on voit un homme introduire sa tête dans le vagin ultra dilaté de sa partenaire ! Quant à la séquence finale où Markus met un revolver dans les mains de sa gamine, puis appuie sur la détente pour dégommer deux victimes, elle se passe de commentaire. Visages tuméfiés, plaies béantes, chairs meurtries, Ron DeCaro ne nous épargne rien et nous accable par une horreur quasi paroxystique.
En se complaisant dans ces situations sordides, le réalisateur n’opère jamais la distanciation nécessaire pour alléger son métrage d’une atmosphère glauque et nauséabonde au possible. Et c’est là finalement toute la force du film. 
Pour une fois, il n’y a pas eu tromperie sur la marchandise. The Gateway Meat est bien la bombe annoncée. De plus, le film s‘avère être une excellente surprise au niveau de la qualité cinématographique, toute proportion gardée évidemment.
Il est bien dommage que Ron DeCaro ait depuis disparu des radars de l’underground (un seul court-métrage, Emancipation en 2011) car ce cinéaste américain avait le potentiel pour aller titiller les maîtres absolus de l’art extrême que sont les réalisateurs japonais. En conclusion et au vu de ses qualités, je pense pouvoir affirmer que ce film s’impose comme la nouvelle référence du cinéma trash américain.

Note :17/20

 

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La Nuit des Morts-Vivants - 1968 (Le chef d'oeuvre de George A. Romero)

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Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 16 ans)
Année : 1968
Durée : 1h36

L'histoire : Chaque année, Barbara et Johnny vont fleurir la tombe de leur père. La route est longue, les environs du cimetière déserts. Peu enclin à prier, Johnny se souvient du temps où il était enfant et où il s'amusait à effrayer sa soeur en répétant d'une voix grave : "Ils arrivent pour te chercher, Barbara."
La nuit tombe. Soudain, un homme étrange apparaît. Il s'approche de Barbara puis attaque Johnny, qui tombe et est laissé pour mort. Terrorisée, Barbara s'enfuit et se réfugie dans une maison de campagne. Elle y trouve Ben, ainsi que d'autres fugitifs. La radio leur apprend alors la terrible nouvelle : des morts s'attaquent aux vivants. 

La critique :

Au début des années 1960, George A. Romero débute sa carrière cinématographique en tournant essentiellement des courts-métrages et des publicités. Parallèlement, il crée sa propre société de production, Image Ten Productions, et décide de réaliser son tout premier long-métrage, La Nuit des Morts-Vivants en 1968. A tort, Night of the Living Dead (le titre original du film) est souvent considéré comme le tout premier film de zombies. En vérité, George Romero n'a rien inventé.
Dès 1932, Victor Haleperin réalisait déjàThe White Zombie avec Béla Lugosi. Pour La Nuit des Morts-Vivants, George Romero s'inspire de deux oeuvres majeures : Carnival of Souls (Herk Harvey, 1962) et Je Suis Une Légende (Sidney Salkow et Ubaldo Ragona, 1964).

Les deux films décrivent une société en plein marasme condamnée à sa propre perte et à la paupérisation. George Romero souhaite lui aussi réaliser un long-métrage à la fois pessimiste, nihiliste, politique et eschatologique. Dans La Nuit des Morts-Vivants, il est donc bien question de la fin du monde, mais pas seulement. C'est avec ce film que le cinéaste va inventer tous les codes inhérents du genre zombie : des êtres affamés qui sourdent de la terre et envahissent nos contrées.
Naguère, ils étaient encore humains. Désormais, ce sont des cannibales qui obéissent à leur pulsions primitives et archaïques. Comme un symbole. Dix ans plus tard, Romero deviendra cet oracle presque prophétique : "Quand il n'y a plus de place en enfer, les morts reviennent sur la terre". Ce sera le script de Zombie.

 

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Pour La Nuit des Morts-Vivants, George Romero doit composer avec un budget impécunier. Tourné en noir et blanc, Night of the Living Dead est donc un film indépendant. Pourtant au moment de sa sortie, le long-métrage obtient un immense succès. Paradoxalement, il scandalise à la fois le public et la presse cinéma. La Nuit des Morts-Vivants devient alors le ou l'un des films les plus rentables du cinéma indépendant. Le film sera donc suivi par de nombreuses suites et/ou succédanés : le fameux Zombie (1978) que j'ai déjà cité, Le Jour des Morts-Vivants (1984), Le Territoire des Morts (2005), Chronique des Morts-Vivants (2008) et Le Vestige des Morts-Vivants (2009).
Un remake homonyme (cette fois-ci en couleur) sera même réalisé par les soins de Tom Savini en 1990.

Pour la petite anecdote, juste avant sa sortie en salles aux États-Unis, le titre original du film, Night of the Flesh Eaters, fut changé en Night of the Living Dead par le distributeur. Le long-métrage de Romero écope d'une interdiction aux moins de 16 ans. Dans les salles de cinéma, le public est terrorisé et pousse des cris d'orfraie devant ses morts-vivants qui surgissent de nulle part, assaillissent et tortorent leurs victimes avec un appétit aiguisé et pantagruélique.
La distribution du film réunit Duane Jones, Judith O'Dea, Karl Hardman, Marilyn Eastman, Keith Wayne et Judith Ridley. Attention, SPOILERS ! Venus se recueillir sur la tombe d’un proche, Johnny et Barbara sont attaqués par un personnage inquiétant. Horrifiée, Barbara voit Johnny se faire tuer et dévorer.

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Elle s’enfuit et trouve refuge dans une petite maison perdue au milieu de la campagne. Elle y trouve Ben, ainsi que d’autres fugitifs. La radio leur apprend alors la terrible nouvelle : des morts s’attaquent aux vivants. Night of the Living Dead provoque une rupture rédhibitoire dans le petit monde de l'horreur et de l'épouvante. A l'époque, ce sont encore les films de la Hammer qui triomphent au cinéma.
Mais le public commense sérieusement à se lasser de ces créatures d'une autre époque : les momies et les vampires sont donc priés de retourner sagement dans leurs sépulcres. Tourné la caméra à l'épaule, un peu à la manière d'un documentaire ultra réaliste, La Nuit des Morts-Vivants choque les spectateurs et suscite les anathèmes de certaines critiques cinématographiques.

Nihiliste, le film se divise en plusieurs parties bien distinctes. Dans la première, George Romero se focalise sur un petit cimetière isolé au beau milieu de nulle part. Cet endroit morbide devient alors le symbole d'une société en décrépitude, impression renforcée par cette imagerie funèbre, lugubre et finalement assez proche du cinéma expressionniste allemand. En ce sens, La Nuit des Morts-Vivants n'est pas sans rappeler Nosferatu (F.W. Murnau, 1922), avec cette créature vampirique et maléfique qui arpentait les rues d'une société moribonde. Cette fois-ci, la malédiction s'est transmutée en contamination.
Désormais, c'est la population humaine qui est condamnée à s'entretuer, se mordre, s'annihiler et même à se dévorer. Dans sa seconde partie, Night of the Living Dead se transforme définitivement en huis clos étouffant, éprouvant et anxiogène.

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Pour la première fois dans un film d'horreur américain, c'est Ben (Duane Jones), un noir américain, qui va diriger les inimitiés. Les zombies ne sont pas ses seuls ennemis. Il doit également affronter la couardise et les atermoiements d'un père de famille. Finalement, les vrais monstres, ce ne sont pas forcément ces morts-vivants en quête de sang et de nourriture, mais ces "freaks"à visage humain.
Ils représentent et préfigurent cette Amérique pusillanime, intolérante, raciste et repliée sur elle-même. Pour Romero, c'est aussi l'occasion de réaliser un film engagé ou plutôt une diatribe à la fois personnelle et politique. Quant à la situation extérieure, le long-métrage se montre volontairement lapidaire. Ce qui renforce cette impression de malaise.
Ici point de monstres romantiques, un peu à la manière des films de la Hammer. 
Les morts-vivants ne font pas de prisonniers. Hommes, femmes vieillards et enfants : tous sont destinés àêtre tortorés, lacérés, dilapidés et donc "cannibalisés". Tout le monde y passe. Tout le monde est condamnéà périr. Le choc ultime intervient dans les dernières minutes de bobine.
Là aussi, George Romero parachève une oeuvre profondément pessimiste et d'une noirceur totale. 
Certes, par la suite, le réalisateur retrouvera cette fougue et cette condescendance, notamment dans Zombie, mais sans jamais parvenir à réitérer la même performance. Que les choses soient claires. 47 ans après sa sortie, La Nuit des Morts-Vivants reste le sommet et la référence absolue du genre. 

Note : 19/20

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Alien, le Huitième Passager (Dans l'espace, personne ne vous entendra crier)

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Genre : horreur, épouvante, science-fiction (interdit aux - 12 ans)
Année : 1979
Durée : 1h56

L'histoire : Le vaisseau commercial Nostromo et son équipage, sept hommes et femmes, rentrent sur Terre avec une importante cargaison de minerai. Mais lors d'un arrêt forcé sur une planète déserte, l'officier Kane se fait agresser par une forme de vie inconnue, une arachnide qui étouffe son visage. Après que le docteur de bord lui retire le spécimen, l'équipage retrouve le sourire et dîne ensemble. Jusqu'à ce que Kane, pris de convulsions, voit son abdomen perforé par un corps étranger vivant, qui s'échappe dans les couloirs du vaisseau

La critique :

Dès son tout premier long-métrage, Les Duellistes en 1977, Ridley Scott obtient déjà la reconnaissance du noble Septième Art. En effet, le métrage est salué et même récompensé au festival de Cannes. Paradoxalement, Les Duellistes se solde par un échec commercial lors de sa sortie au cinéma. Dépité, Ridley Scott a alors pour projet d'adapter un opéra, Tristan et Isolde
Parallèlement, le réalisateur découvre et admire le travail de George Lucas sur Star Wars : La Guerre des Etoiles. Ridley Scott décide à son tour de réaliser un film de science-fiction. Ce sera Alien : le huitième passager, sorti en 1979. Le long-métrage doit être la fois la réponse et l'antithèse de Star Wars. Ambitieux, Ridley Scott veut réaliser un film qui mélange science-fiction, huis clos et horreur.

Ridley Scott l'ignore encore. Mais Alien : le huitième passager va devenir un véritable phénomène et inspirer à la fois plusieurs suites et de nombreux succédanés. Au moment de sa sortie, le long-métrage obtient un immense succès. Même la presse cinéma et les critiques sont unanimement panégyriques. Néanmoins, Ridley Scott décide de laisser la saga en déshérence.
Pas James Cameron qui réalisera une suite, Aliens : le retour, quelques années plus tard. Suivront deux nouveaux épisodes, puis deux ersatz avariés (Alien Vs Predator et Alien Vs Predator : Requiem). A ces films, s'ajoutent de nombreuses séries B dérivées : Alien : la créature des abysses, Evil Aliens, Planète Hurlante ou encore Contamination, pour ne citer que ces exemples.

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Il faudra attendre 2012 pour que Ridley Scott réalise Prometheus. Initialement prévu et/ou conçu comme une préquelle, le film évolue finalement vers une histoire indépendante. A l'origine, c'est Walter Hill qui devait réaliser Alien : le huitième passager. A l'époque, Ridley Scott ne fait pas encore partie des priorités de la 20th Century Fox. D'autres cinéastes seront approchés : Robert Aldrich, Peter Yates et Jack Clayton refusent poliment l'invitation pour des raisons diverses.
Le producteur David Giler a beaucoup apprécié le travail de Ridley Scott sur Les Duellistes lors de sa présentation au festival de Cannes. David Giler décide de faire confiance à ce réalisateur encore méconnu à la fin des années 1970. Ridley Scott accepte évidemment le projet.

Pour le scénario d'Alien, le cinéaste possède plusieurs influences, notamment 2001 : l'Odyssée de l'Espace (Stanley Kubrick, 1968) et Star Wars : La Guerre des Etoiles (que j'ai déjà cité). Vient également s'ajouter une série B de science-fiction et d'horreur beaucoup plus obscure. Son nom ? La planète des Vampires (Mario Bava, 1965) qui raconte le voyage puis l'arrivée d'un équipage d'astronautes sur une planète hostile et peuplée d'extraterrestres aux intentions bellicistes.
Pour Ridley Scott, c'est une révélation. Avec l'aide de son équipe technique et des effets spéciaux, Ridley Scott souhaite concevoir une créature terrifiante, longiligne et dotée de crocs acérés et rétractables. Le monstre doit être à la fois le produit d'une mutation et d'une contamination. Thème sur lequel nous reviendrons.

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La distribution du film réunit Sigourney Weaver, Tom Skerritt, Veronica Cartwright, John Hurt, Yaphet Kotto, Ian Holm et Harry Dean Stanton. Attention, SPOILERS ! Le vaisseau commercial Nostromo et son équipage, sept hommes et femmes, rentrent sur Terre avec une importante cargaison de minerai. Mais lors d'un arrêt forcé sur une planète déserte, l'officier Kane se fait agresser par une forme de vie inconnue, une arachnide qui étouffe son visage. Après que le docteur de bord lui retire le spécimen, l'équipage retrouve le sourire et dîne ensemble. Jusqu'à ce que Kane, pris de convulsions, voit son abdomen perforé par un corps étranger vivant, qui s'échappe dans les couloirs du vaisseau.
La chasse à l'extraterrestre peut commencer. A moins que ce ne soit l'inverse...

Certes, en apparence, le scénario d'Alien : le huitième passager peut paraître simpliste et laconique. Pour réaliser ce futur classique du cinéma d'horreur et de science-fiction, Ridley Scott s'est abreuvé de séries B (voire Z) de SF des années 1950. En outre, le cinéaste devra même supporter les longues séances de "nanardise" de It ! The Terror from beyond Space (Edward L. Cahn, 1958).
Alien : le huitième passager doit aussi symboliser cette rupture rédhibitoire avec Star Wars. Fini le space opera avec ces batailles spatiales et ces sabres lasers ! L'univers ne doit plus être le centre d'une guerre ou plutôt d'une dichotomie entre le bien et le mal, mais un espace étriqué et corseté par une créature à l'aura comminatoire. La grande force du film repose évidemment sur cet extraterrestre de cauchemars.

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Ridley Scott joue avec les nerfs du spectateur et se garde bien de révéler le design et l'étrange complexion de son monstre espiègle. Ce dernier trouve ses origines sur une planète en déshérence, plus précisément dans d'énormes cocons dégageant un épais brouillard et recélant des arachnides aux tentacules oblongues. Un des membres de l'équipage, Kane (John Hurt), est nûment assailli par une ces créatures protéiformes. L'Alien se mute alors en épidémie virale.
Les chasseurs vont devenir peu à peu les chassés. Pis, l'Alien se montre d'une intelligence retorse et redoutable. La créature se mure dans le silence, guette patiemment sa proie, se farde dans des couloirs obliques et labyrinthiques, avant d'apparaître pour ne laisser que quelques gémissements et traces de sang derrière elle.

Mais l'Alien ne se contente pas d'assassiner, de muter et de tortorer. Ses victimes deviennent à leur tour des produits de substitution et surtout de fécondation. Cette fois, le monstre surgit des entrailles. Il ne ressent aucune peur, aucun stress, aucune émotion. Il est la parfaite machine à tuer, cette nouvelle égérie de la guerre que le capitalisme voudrait exploiter à des fins pernicieuses et militaires.
Le scénario du film prend alors une autre tournure. Bien des siècles après notre ère, le monde humain n'a pas tellement changé, semble nous dire Ridley Scott. La priorité n'est donc plus de survivre, mais de rapatrier la créature à ces marchands d'armes, ces margoulins et ces capitalistes à la logique vénale et fallacieuse. Evidemment, le film peut s'appuyer sur de nombreuses séquences de frousse solidement troussées : l'attaque d'un membre de l'équipage sous le regard hébété d'un félin, la mort du capitaine Dallas (Tom Skerritt) dans les coursives vespérales du Nostromo, et bien sûr la conclusion finale.
Bref, on tient là"le" classique du cinéma d'horreur et de science-fiction, en tout cas une nouvelle référence en matière de terreur et de frayeurs.

Note : 19/20

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Le Septième Continent (L'envie de mourir)

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Genre : drame (interdit aux - 16 ans)

Année : 1989

Durée : 1h49

L'histoire : Trois ans de la vie tristement monotone d'une famille bourgeoise au terme de laquelle ces derniers décident d'en finir avec l'existence.

La critique :

Michael Haneke commence sa carrière comme critique de cinéma, puis travaille durant de nombreuses années pour la télévision Allemande, mais c'est au début des années 80 qu'il se fait remarquer avec son premier long métrage, Le Septième Continent.

Disposant de très peu de moyens, le réalisateur choisit de raconter un fait divers lu dans un journal, l’histoire d’une famille, à priori banale, dont les membres choisissent, un jour, de se suicider.

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Avec cette première œuvre, Michael Haneke décide de ne donner aucune justification à cet acte, laissant au spectateur le soin de se faire sa propre opinion sur les éventuelles raisons qui ont poussé le couple à agir ainsi.

« On aurait pu faire un film à partir de l’acte en lui même, comme si ça avait été une libération pour eux. Une œuvre provocatrice, mais ça aurait été un mensonge » expliquera la réalisateur lors d’une interview

Le metteur en scène envisage de raconter les faits par bribes. Trois extraits de journées vécus par la famille entre 1987 et 1989 défilent ainsi sous nos yeux.

Les premières minutes du long métrages sont assez singulière puisqu’on ne voit pas les visages des personnages.

Michael Haneke souhaite ainsi montrer à quel point l’ètre humain est gouverné par ses habitudes à travers des gestes répétés.

Un procédé que le cinéaste répétera à de nombreuses reprises, comme lors de la scène de courses où défilent les chiffres sur un cadran, alternant avec le visage et les mains de la caissière.

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C'est justement dans ce coté"ordinaire" qu'on sent venir la tragédie, l'impression que tout peut basculer à n'importe quel moment. Michael Haneke laisse échapper quelques indices donnant une idée de l'issue du long métrage.

D'abord la gamine qui fait semblant d'être aveugle à l'école, une manière déjà, de se couper du monde autour, puis sa mère qui lui demande si elle s'ennuie. Plus tard, le couple passe en voiture à côté des lieux d'un accident. On peut apercevoir les civières emmenant des corps. Une fois dans le lavomatic, la mère éclatera en sanglots, comme si elle n'en pouvait plus de cette existence sans joie et de la souffrance dont elle avait été témoin.

Réalisé dans un style assez froid qui caractérisera plus tard le cinéma de Michael Haneke, Le Septième Continent est une oeuvre minimaliste, mais, extrêmement efficace, qui fut d'ailleurs interdit de diffusion à la télévision Allemande, ce qui n'a rien d'étonnant quand on visionne cette oeuvre choc, désesperée, sombre et indéniablement marquante.

Note :16/20


 

 

Titi70

 

Old Boy - 2004 (Séquestré pendant 15 ans. Par qui ? Pourquoi ?)

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Genre : thriller, drame, inclassable (interdit aux - 16 ans)
Année : 2004
Durée : 1h59

L'histoire : A la fin des années 80, Oh Dae-Soo, père de famille sans histoire, est enlevé un jour devant chez lui. Séquestré pendant plusieurs années dans une cellule privée, son seul lien avec l'extérieur est une télévision. Par le biais de cette télévision, il apprend le meurtre de sa femme, meurtre dont il est le principal suspect. Au désespoir d'être séquestré sans raison apparente succède alors chez le héros une rage intérieure vengeresse qui lui permet de survivre. Il est relâché 15 ans plus tard, toujours sans explication. Oh Dae-Soo est alors contacté par celui qui semble être le responsable de ses malheurs, qui lui propose de découvrir qui l'a enlevé et pourquoi. Le cauchemar continue pour le héros.  

La critique :

Passionné par la philosophie analytique, Park Chan-Wook délaisse ses premières amours et commence à travailler dans l'industrie du cinéma à partir de 1988. Grand admirateur des films d'Alfred Hitchcock, il s'intéresse évidemment à l'art du suspense, au thriller et à la mise en scène. En 1992, Park Chan-Wook réalise son premier film, Moon is the sun's dream.
Hélas, très vite, Park Chan-Wook doit trouver les finances nécessaires pour continuer son travail d'orfèvre derrière la caméra. Son film suivant (3 Members) n'attire pas spécialement les foules dans les salles. Il craint alors de ne plus pouvoir réaliser. Heureusement, son troisième long-métrage, Joint Security Area, attire plus de cinq millions de personnes dans les salles obscures.

Parallèlement, Park Chan-Wook commence à travailler sur une trilogie qui porterait sur le thème de la vengeance. En 2002, Sympathy for Mister Vengeance déclenche la polémique et les anathèmes en raison de sa violence. Park Chan-Wook devient alors un réalisateur controversé. Statut qu'il confirme avec son film suivant, Old Boy, sorti en 2004. A l'origine, le long-métrage est l'adaptation d'un manga (en huit volumes) de Nobuaki Minegishi et Garon Tsuchiya. 
Old Boy est donc le second volet d'un tryptique sur le thème de la vengeance. Il sera suivi par Lady Vengeance en 2005. Rapidement, Old Boy devient un véritable phénomène, non seulement dans son pays (la Corée du Sud), mais au-delà de ses frontières. Le long-métrage obtient plusieurs récompenses, entre autres, le Grand Prix du Jury au festival de Cannes en 2004. La presse cinéma et les critiques sont unanimement dithyrambiques.

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Reste à savoir si Old Boy est bel et bien l'uppercut annoncé. Réponse dans les lignes à venir. Le film inspire plusieurs remakes : un long-métrage indien, intituléZinda (2005) et l'inévitable remake américain réalisé par les soins de Spike Lee en 2013. Quant à la distribution du film, elle risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Choi Min-Sik, Yu Ji-Tae, Kang Hye-Jeong et Oh Dal-Soo. Mais j'en doute... Attention, SPOILERS !
Alors qu'il s'apprêtait à fêter l'anniversaire de sa fille, Oh Dae-su est arrêté par la police pour ivresse sur la voie publique. Arrivé plus tard, son ami, Joo-hwan, persuade les policiers de le laisser repartir. Mais, sur le chemin du retour, Oh Dae-su est enlevé. Il est ensuite séquestré dans une pièce, sans savoir par qui ou pourquoi, avec pour seul lien avec l'extérieur une télévision, par laquelle il apprend que sa femme a été assassinée, qu'il est le principal suspect du meurtre et que sa fille a été confiée à des parents adoptifs.

Oh Dae-su passe le temps en s'entraînant à boxer contre les murs et en essayant de creuser un tunnel pour s'échapper. Relâché quinze ans plus tard, toujours sans explication, Oh Dae-su se voit confier un téléphone et est contacté par le commanditaire de son enlèvement alors qu'il est dans un restaurant. Après avoir dévoré un poulpe vivant, il s’évanouit et Mi-do, la chef cuisinière, est prise de compassion et le recueille chez elle. Oh Dae-su tente maladroitement d'avoir des relations sexuelles avec elle mais est repoussé par Mi-do, qui lui avoue néanmoins qu'elle est elle aussi attirée par lui.
Nargué par le mystérieux commanditaire de son enlèvement, qui communique par messagerie internet avec Mi-do, Oh Dae-su enquête. Old Boy signe la quintessence d'un réalisateur au sommet de son art.

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La réussite du film tient essentiellement dans la construction de son scénario, à la fois labyrinthique, fuligineux et multipliant les fausses pistes et les points d'interrogation. Résumer Old Boyà un simple film sur la vengeance serait une grave erreur. Finalement, ce thriller percutant est peut-être avant tout un film sur la mémoire et la notion de culpabilité.
Dans un premier temps, le spectateur est conviéà suivre le long calvaire de Oh Dae-su enfermé et claquemuré dans une cellule (je renvoie au synopsis...) pendant quinze longues années. Finalement libéré, il ignore toujours les raisons de cette séquestration. Par qui ? Et surtout pourquoi ? Telles sont les questions qui taraudent le quarantenaire vindicatif. Espiègle, Park Chan-Wook révèle assez vite l'identité de celui qui a détruit la vie de Oh Dae-su.

Mais le supplice n'est pas terminé. Loin de là. A nouveau, le spectateur est invitéà prendre partie pour celui qui a vécu quinze années de (quasi) forçat dans une pièce vermoulue et totalement déconnectée de la vie extérieure. La partie peut enfin commencer. Par la suite, le film révèle un étrange puzzle aux failles multiples et inextricablement liées. Mais à quoi ?  Telle est la (seconde) question qui va poursuivre longtemps le héros du film. S'ensuit alors un jeu de manipulations, de perversions, d'anamorphoses et d'atermoiements. Park Chan-Wook fait durer le plaisir.
Le cinéaste impose au spectateur un montage et une mise en scène à couteaux tirés. Les réminiscences du passé ne tardent pas rejaillir de la mémoire. Retour à l'adolescence. A partir de là, Oh Dae-su va devenir peu à peu une larve, celui que le spectateur doit à présent répudier et pestiférer.

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Pis, nous sommes nûment conviés à prendre partie pour Lee Woo-jin, ce monstre d'intelligence et de cruauté. Les rôles s'inversent. Le film se transmute alors en une sorte de dialectique du maître et de l'esclave. Finalement, c'est un album de diverses photographies qui va faire tomber le couperet aiguisé. Outré et désarçonné, Oh Dae-su choisira de se taire à tout jamais dans le sang, les aboiements, la servitude et surtout sous les quolibets et les rires frénétiques de son bourreau.
Difficile d'en dire davantage sur ce véritable choc cinématographique. Certes, la révélation finale pourra paraître assez amphigourique ou exagérée aux yeux d'un public peu habituéà ce genre de pellicule transgressive. Mais Old Boy ne se résume pas non plus à une mise en scène savamment orchestrée. Le film peut également s'appuyer sur d'excellents acteurs, Choi Min-Sik en tête.

Note :17/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

The Green Inferno (Le dernier monde cannibale)

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Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 2014
Durée : 1h40

L'histoire : Un groupe d'activistes new-yorkais se rend en Amazonie et tombe entre les mains d'une tribu particulièrement hostile.

La critique :

Le genre cannibale a connu son heure de gloire et ses lettres de noblesse entre les années 1970 et 1980. C'est Umberto Lenzi, un grand spécialiste du genre, qui lance les inimitiés avec Cannibalis : Au pays de l'exorcisme en 1972. Suivent Le Dernier Monde Cannibale (toujours Umberto Lenzi en 1977), Emanuelle et les derniers cannibales (Joe D'Amato, 1977) et La Montagne du Dieu Cannibale (Sergio Martino en 1978). Mais c'est surtout la sortie de Cannibal Holocaust, réalisé par Ruggero Deodato en 1979, qui marque définitivement les esprits.
Censuré dans une soixantaine de pays, interdit aux moins de 18 ans, répudié et voué aux gémonies, le film suscite de nombreux quolibets. Pis, Ruggero Deodato est nûment accusé d'avoir réalisé un snuff movie. Si les meurtres d'animaux sont bien réels, les acteurs sont heureusement épargnés.

Toutefois, le cinéaste est sommé de s'expliquer devant les tribunaux. Non, personne n'a été assassinée durant le tournage de Cannibal Holocaust, hormis (encore une fois) plusieurs animaux en déveine. Encore aujourd'hui, le film de Ruggero Deodato reste une référence dans le cinéma trash et extrême. S'ensuivent alors toute une pléthore de productions à tendance anthropophage : La Secte des Cannibales (Umberto Lenzi, 1980), Cannibal Ferox (Umberto Lenzi, 1981), L'esclave blonde (Mario Gariazo, 1985), ou encore Prisonnière de la vallée des dinosaures (Michele Massimo Tarantini, 1985).
Mais vers le milieu des années 80, le genre s'essouffle jusqu'à disparaître plus ou moins totalement du grand écran. Même si on relève quelques exceptions notables. 
En 2012, Eli Roth s'attelle au tournage de The Green Inferno, le remake de Cannibal Holocaust.

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Presque un crime de lèse-majesté tant le film de Ruggero Deodatio semble intouchable. Mais Eli Roth a fait ses preuves et surtout ses armes dans le cinéma d'horreur. Il est le parfait symbole du cinéma gore des années 2000, entre autres avec Cabin Fever (2002), Hostel (2006) et Hostel Chapitre 2 (2007). Sa présence derrière le remake de Cannibal Holocaust n'est pas spécialement rassurante. Eli Roth ressemble davantage à un publicitaire et à un réalisateur marketing.
Encore une fois, il est le parfait reflet d'une génération de cinéastes abreuvés par les remakes, les préquelles, les séquelles, les spin-off et j'en passe. Autant de néologismes pour désigner un cinéma hollywoodien moribond. Eli Roth parachève le tournage en 2013. Mais le cinéaste impudent essuie un camouflet de la part de son distributeur. 

Présenté au Festival de Sitges, le film est jugé trop violent, trop gore et trop trash par ses nombreux contempteurs. Finalement, après avoir trouvé de nouveaux moyens financiers, The Green Inferno sort directement en vidéo. Contrairement à son prédécesseur, la sortie du film reste assez discrète dans l'ensemble. Le long-métrage ne provoque ni le scandale ni la censure (énorme) du Cannibal Holocaust de Deodato. En même temps, comment réitérer la même performance ?
Et surtout, après le générique de fin, peut-on réellement parler d'un vrai remake du fameux Cannibal Holocaust ? Telle est la question en filigrane qui se pose à la fin de ce nouveau film gore, dans la grande tradition des pellicules trash des années 1970 et 1980.

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Autrement dit, et en dépit des apparences, The Green Inferno n'est pas vraiment un remake de Cannibal Holocaust, mais plutôt un film hommage à toutes ces productions outrancières du passé. En revanche, The Green Inferno est un vrai film de cannibales ! La distribution du film réunit Lorenza Izzo, Ariel Levy, Aaron Burns, Daryl Sabara et Kirby Bliss Blanton. Attention, SPOILERS !
Justine est étudiante dans une université de New York. Elle fait la connaissance d'Alejandro, le chef d'un petit groupe de militants sur le campus, qui rêve d'accomplir quelque chose de grand. Il invite son groupe à le suivre jusqu'au Pérou, pour arrêter une compagnie pétrolière qui est sur le point d'exterminer une tribu d'indigènes, en cherchant à d'obtenir les droits du terrain sur lequel vit la tribu, afin de le déboiser. 

Une fois sur place, malgré des tensions, la mission est un succès. Mais sur le trajet du retour leur avion s'écrase en pleine forêt. Les survivants sont alors capturés par une tribu cannibale. Au moins, Eli Roth a le mérite de proposer et de réaliser un film très différent de son modèle. A tel point que l'on se demande pourquoi cette production est estampillé comme le remake de Cannibal Holocaust.
En réalité, les deux longs-métrage partagent assez peu de similitudes. Ici point de snuff movie ni de caméra qui filme les exactions de jeunes reporters transmutés en colonialistes mercantiles, avides et tortionnaires. Point non plus d'animaux dilapidés, disséqués et tortorés par notre petit groupe d'étudiants. Point de sexe au programme ni de viol ou de séquences pornographiques explicites, comme c'était le cas dans le film de Deodato.

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En outre, le remake d'Eli Roth est "seulement" interdit aux moins de 16 ans. En revanche, on retrouve certaines thématiques inhérentes aux films de cannibales des années 1970. A son tour, Eli Roth abhorre et fustige notre civilisation capitaliste et consumériste. Finalement, le monde moderne est au moins aussi sauvage que les susdits anthropophages. L'action pseudo écologiste de nos chers étudiants n'est qu'un leurre. Fidèle à son style, Eli Roth se gausse de ses protagonistes, sans pour autant sombrer dans la grivoiserie putassière, comme c'était (par exemple) le cas dans Hostel.
Certes, la critique du cinéaste aurait sans doute mérité un meilleur développement ou une autre exploitation. Toutefois, Eli Roth s'en sort avec les honneurs. Au moins, The Green Inferno nous propose de sortir de la morosité des films d'horreur actuels.

Si les trente premières minutes sont un peu trop timorées, le reste du long-métrage offre largement son lot de tripailles, d'éviscérations, de tortures et d'énucléations. Parfois, The Green Inferno se transmue en film d'aventure à la beauté ineffable et n'est pas sans rappeler (à certains moments...) La Forêt d'Emeraude (John Boorman, 1985), version gore "craspec" ! Evidemment, si l'on compare le film àCannibal Holocaust, The Green Inferno est immédiatement renvoyé dans ses pénates.
Cannibal Holocaust vainqueur par k.o. dès le premier round. Toutefois, si on prend The Green Inferno pour ce qu'il est réellement, donc un pur film de cannibales, le long-métrage remplit largement son office. Avec néanmoins ses défauts, entre autres, une diatribe assez maladroite du capitalisme et de notre civilisation égotiste. Bref, un remake aussi attachant qu'imparfait !

 

Note : 12.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver


Urban Explorer - Le Sous-Sol de l'Horreur ("The Descent")

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Genre : horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
Année : 2011
Durée : 1h34

L'histoire : L’exploration urbaine: activité clandestine consistant à s’introduire dans des lieux abandonnés, interdits d’accès ou cachés. C’est dans l’objectif de découvrir un légendaire bunker du 3ème Reich que quatre jeunes aventuriers en herbe se rencontrent sur internet et se retrouvent à Berlin. Avec leur guide allemand et une équipe d’autres curieux, ils s’enfoncent dans les entrailles sous-terraines de la capitale allemande. Et les joyeux lurons en auront pour leur compte niveau sensations! Mais si l’aller n’est qu’émerveillement et pure excitation, le retour s’avèrera beaucoup moins sympathique, et surtout bien plus douloureux

La critique :

Toujours la même antienne. Au milieu des années 2000, les sagas Saw et Hostel cartonnent au cinéma et en vidéo. Les fans de films d'horreur exultent. Les producteurs aussi. Le cinéma gore tient enfin ses deux nouvelles "poules" aux yeux d'or. Parallèlement, d'autres films tiennent la dragée haute aux franchises initiées (respectivement) par James Wan et Eli Roth.
C'est par exemple le cas de plusieurs remakes, notamment Massacre à la Tronçonneuse (Marcus Nispel, 2003) et La Colline a des yeux (Alexandre Aja, 2007). Vient également s'ajouter The Descent, réalisé par Neil Marshall en 2007. Avec ce nouveau long-métrage, Neil Marshall invente et établit un nouveau genre, cette fois-ci claustrophobe : le film d'horreur souterrain.

The Descent obtient un succès inattendu dans les salles obscures et inspire de nombreux succédanés, la plupart du temps surannés. C'est par exemple le cas de Catacombes (David Elliot, 2007), The Cavern (Olatunde Osunsanmi, 2005), Stag Night (Peter A. Dowling, 2009) ou encore Slaughter Night (Frank Van Geloven, 2006). On peut donc légitimement parler d'un phénomène "The Descent".
Visiblement, Andy Fetscher a beaucoup apprécié le film de Neil Marshall, un peu trop peut-être. 
En 2011, il réalise Urban Explorer - Le Sous-Sol de l'Horreur. Andy Fetscher est un réalisateur allemand. Urban Explorer constitue son second long-métrage après Bukarest Fleisch. Présenté dans différents festivals, notamment à la première internationale dans la Compétition Méliès, le film n'a pas bénéficié d'une sortie au cinéma. Il faudra donc se contenter d'une sortie discrète en DTV (direct-to-dvd).

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La distribution du film ne réunit pas des acteurs très connus, à moins que les noms de Nathalie Kelley, Brenda Koo, Max Riemelt, Nick Eversmans et Andreas Wisniewski vous disent quelque chose, mais j'en doute... En outre, le scénario de Urban Explorer est de facture classique et plutôt laconique. Attention, SPOILERS ! Un groupe international de quatre explorateurs urbains qui embauchent un guide local, Kris, qui les conduit dans le labyrinthe de tunnels d’évacuation et de fortifications souterraines de la ville.
Lorsque leur guide fait une mauvaise chute, deux des filles du groupe partent chercher de l’aide tandis que Denis, le jeune Américain, reste derrière. Armin, un ancien garde frontière d’Allemagne de l’Est surgit soudain de nulle part.

Désespéré, Denis autorise Armin à les conduire, eux et leur guide inconscient, vers un endroit plus sûr, mais c’est à ce moment-là que Denis se rend compte qu’il vient de commettre la plus grosse erreur de sa vie. Peu ou prou de surprises au niveau du scénario. Vous avez adoréThe Descent ? Alors vous devriez logiquement apprécier cette petite pellicule horrifique sans prétention.
Toutefois, Urban Explorer est plus ambitieux qu'il n'y paraît. Indubitablement, Andy Fetscher sait manier et manipuler une caméra. Le cinéaste et metteur en scène nous gratifie de plusieurs séquences solidement troussées et magnifiquement photographiées. Cependant, sur la forme comme sur le fond, Urban Explorer ne parvient jamais àégaler ni à dépasser son modèle.

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Par conséquent, inutile de rechercher ici la moindre nouveauté. Encore une fois, le scénario suit un cheminement basique. Des étudiants un peu trop curieux se perdent dans les dédales et les longs couloirs labyrinthiques des tunnels de la ville. Ces forfifications oblongues cachent un terrible secret, probablement les prémisses voire même les projets futures de l'armée nazie.
Sur ce dernier point, Urban Explorer se montre plutôt lapidaire. Dans sa première partie, le long-métrage se focalise essentiellement sur ses protagonistes. Hélas, ces derniers ne présentent qu'un intérêt assez relatif : un couple de lesbiennes, un guide blondinet et un jeune couple. En vérité, l'attraction principale d'Urban Explorer se nomme Armin, nouvelle figure disgracieuse de l'horreur et de la terreur.

Au final, le film ressemble à un étrange mixe entre The Descent (que j'ai déjà cité) et Wolf Creek. Dans Urban Explorer, le psychopathe azimuté s'ébaudit lui aussi de ses victimes qu'il torture et dilapide dans sa tannière. Néanmoins, il faudra patienter un long moment (presque une heure) pour voir le clochard au look plébéien assaillir et massacrer nos différents protagonistes. 
Avant cela ? Pas grand-chose... Si ce n'est de longues conversations oiseuses et quelques séquences de frousse qui permettent de maintenir un ennui poli. A aucun moment, Andy Fetscher ne parvient à transcender son sujet. Certes, le film contient quelques séquences plutôt bien ficelées. Toutefois, rien de mémorable non plus. Bref, au risque de me répéter, Urban Explorer n'est qu'un modeste succédané du film de Neil Marshall. En quelques mots : consommable, sans plus.

Note : 10.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Aliens, Le Retour (La guerre est déclarée)

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Genre : horreur, épouvante, science-fiction, action (interdit aux - 12 ans)
Année : 1986
Durée : 2h17

L'histoire : Après 57 ans de dérive dans l'espace, Ellen Ripley est secourue par la corporation Weyland-Yutani. Malgré son rapport concernant l’incident survenu sur le Nostromo, elle n’est pas prise au sérieux par les militaires quant à la présence de xénomorphes sur la planète LV-426 où se posa son équipage… planète où plusieurs familles de colons ont été envoyées en mission de "terraformage". Après la disparition de ces derniers, Ripley décide d'accompagner une escouade de marines dans leur mission de sauvetage... et d’affronter à nouveau la Bête.

La critique :

Suite à l'immense succès d'Alien : le huitième passager de Ridley Scott en 1979, le producteur exécutif, David Giler, envisage rapidement une suite. Mais contre toute attente, la 20th Century Fox y est farouchement opposée. Entre temps, Ridley Scott, occupéà d'autres projets, décide de quitter le "navire". Il faut donc trouver un autre réalisateur digne de nom.
Parallèlement, James Cameron ressort lui aussi du succès du premier Terminator en 1984. Impressionné par le travail du cinéaste, David Giler confie le projet Aliens : le retourà l'intéressé. Toutefois, James Cameron souhaite réaliser une suite très différente de son auguste prédécesseur. Dans un premier temps, il grifonne un premier script qu'il envoie à la 20th Century Fox. Convaincus, les producteurs apprécient cette ébauche de scénario.

Aliens : le retour
ne sera ni un remake ni une séquelle d'Alien : le huitième passager
Cette fois-ci, place à la guerre et aux inimitiés. James Cameron et son équipe s'entourent d'un véritable arsenal militaire. Les armes du film sont donc de véritables équipements militaires, évidemment munis de balles à blanc. La distribution de ce second chapitre réunit Sigourney Weaver (déjà présente dans le premier), Michael Biehn, Carrie Henn, Lance Henriksen, Paul Reiser, Bill Paxton, Jenette Goldstein et Mark Rolston.
Sigourney Weaver apprécie la nouvelle direction portée par ce second volet et accepte de rempiler dans le rôle d'Ellen Ripley, la seule survivante du précédent film. 
Attention, SPOILERS ! Après 57 ans de dérive dans l'espace, Ellen Ripley est secourue par la corporation Weyland-Yutani. Malgré son rapport concernant l’incident survenu sur le Nostromo, elle n’est pas prise au sérieux par les militaires quant à la présence de xénomorphes sur la planète LV-426 où se posa son équipage… planète où plusieurs familles de colons ont été envoyées en mission de "terraformage".

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Après la disparition de ces derniers, Ripley décide d'accompagner une escouade de marines dans leur mission de sauvetage... et d’affronter à nouveau la Bête. Mais une fois arrivés sur place, l'équipe menée par Ripley doit affronter des milliers d'aliens. Plusieurs marines meurent ou disparaissent lors de cette première mission. Très vite, ce qui devait être une opération de sauvetage se transforme en opération de survie. Entre le premier et le second volet, sept longues années se sont écoulées.
Pas pour Ellen Ripley. Presque soixante années de dérive dans l'espace. Premier choc. Un effroyable cauchemar. Telle est la ligne directrice et de départ de ce second chapitre. La déflagration du Nostromo, la mort de ses différents équipiers et le combat avec la créature (un "xénomorphe") ne sont pas de l'ordre du fantasme ni de l'hallucination paranoïde.

C'est donc fébrile et alanguie que Ripley doit raconter son étrange périple devant un équipage dubitatif. Mais le cauchemar n'est pas terminé. Loin de là. Pis, accompagnée par une escouade de "space" marines, elle doit se rendre sur une planète hostile et sauver plusieurs familles de colons. Vaste chimère rétorque James Cameron. Certes, à l'inverse du premier volet, Ripley et ses nouveaux compagnons militaires s'entourent d'une technologie de pointe.
Le réalisateur confère à ce nouveau volet une aura martiale et belliciste. Dotés d'armes de destruction massive et de balles perforeuses, les marines plastronnent et pavoisent. Les aliens n'ont qu'à bien se tenir. A moins que ce ne soit l'inverse... Ripley se montre beaucoup plus circonspecte. 

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Hélas, une fois sur place, les armes et les radars rutilants de notre escouade sont totalement impuissants face aux attaques des créatures, toujours aussi voraces et destructrices. Pis, sous le contrôle avisé d'un sergent inexpérimenté, les marines sont assaillis, kidnappés et annihilés. Fin de la transmission radio. Ulcérée, Ripley décide de prendre les commandes de cette nouvelle aventure.
Les intentions de Cameron sont éloquentes. Cette fois-ci, point d'ambiance claustrophobique. Point de huis-clos étouffant. L'affrontement avec les aliens doit se terminer dans la déflagration la plus totale. A contrario, James Cameron établit parfois plusieurs références et clins d'oeil au premier. Au détour de plusieurs séquences, le cinéaste réalise plusieurs scènes savamment troussées et anxiogènes.

James Cameron renforce le mythe de cet alien belliciste. Dans ce second opus, la créature dolichocéphale se transmute en reine pondeuse et soucieuse de ces nouveaux-nés en pleine éclosion. C'est aussi la grande nouveauté d'Aliens : le retour. Cette fois-ci, les monstres ne se murent pas dans le silence. Au contraire. Ce sont désormais les militaires qui doivent se planquer dans les coursives d'un vaisseau en déshérence. Néanmoins, leurs heures sont comptées avant d'être affreusement déchiquetées ou de servir d'hôtes à des "bébés" aliens qui sourdent de leurs entrailles. 
Grand admirateur du premier film réalisé par Ridley Scott, James Cameron reprend à son compte cette dynamique capitaliste (toujours à des fins mercantiles). Plus que jamais, l'alien se transfigure en arme de destruction massive bien plus performante que toute l'armada déployée par les marines. 

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Ellen Ripley n'est plus cette sauvageonne qui échappe de justesse au courroux de l'alien. Parfois objet de désir dans le film de Ridley Scott, la jeune femme abandonne ici sa petit culotte pour jouer les rôles de mère protectrice. A l'image de la séquence finale. Au volant (si j'ose dire...) d'un robot gigantesque, elle affronte la reine des aliens en personne. Combat qui tient toutes ses promesses.
Toutefois, la lutte ne concerne plus seulement les Aliens. Les joutes verbales et militaires concernent désormais une compagnie aux intentions sournoises et pernicieuses. Ces capitalistes vénaux et fallacieux seraient les véritables monstres de nos "Temps Modernes" et consuméristes. Tel est le propos de James Cameron à propos de ces "avatars" obséquieux et soucieux de sauver coûte que coûte la reine-mère, cette nouvelle égérie de la guerre. Bref, James Cameron parvient à s'approprier le mythe et à le renouveler via un travail d'orfèvre et de maestria.
Très différent de son modèle, Aliens : le retour s'impose comme un épisode à part entière dans une saga toujours aussi éloquente et terrifiante.

Note : 18/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

The Wicked City - La Cité Interdite (La légende des démons)

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Genre : animation, horreur, gore, trash, érotique (interdit aux - 18 ans)
Année : 1989
Durée : 1h22

L'histoire : Notre monde cohabite depuis longtemps avec le monde obscur, peuplé de démons horribles. Bien que l'harmonie et le calme règnent, un groupe de démons anti-pacifistes ont juré de détruire notre monde, estimant qu'ils sont supérieurs aux humains et en aucun cas leurs égaux. C'est dans ce contexte délicat, prémice à une guerre effroyable, qu'il est décidé de renouveler un traité de paix et qui nécessite la signature d'un personnage éminent, le docteur Maiyart, un vieillard bicentenaire aux moeurs dépravées.

La critique :

Hormis les amateurs de mangas, le nom de Yoshiaki Kawajiri ne doit pas vous évoquer grand-chose. Pourtant, la carrière cinématographique de ce réalisateur de films d'animation débute vers le milieu des années 1970. Dans un premier temps directeur de l'animation, il participe à l'élaboration et à la conception de plusieurs séries animées qui deviendront célèbres en France, notamment Jeu, set et match et Conan, le fils du futur. Au cours des années 1980, Yoshiaki Kawajiri travaille même en collaboration avec Katsuhiro Otomo, le futur "papa" d'Akira, un autre manga notoire.
Très vite, Yoshiaki Kawajiri inscrit son nom au palmarès de l'animation japonaise. Statut qu'il confirme en 1989 avec The Wicked City - La Cité Interdite.

Ce long-métrage d'animation va définitivement asseoir sa notoriété. A travers The Wicked CityYoshiaki Kawajiri invente et crée un nouveau style, une sorte de curieux mixe entre le Hentai, la science-fiction, les légendes démoniaques, le gore, le trash et la pornographie. Pour ce qui relève justement de la pornographie, le propos est tout de même à minorer.
Trop souvent caricaturéà une oeuvre extrême et pornographique, The Wicked City ne montre jamais de pénis ithyphallique ni de séquence de pénétration explicite. A tort, The Wicked City est régulièrement assimiléàUrotsukidoji - La légende du démon de Hideki Takayama, qui est conçu et réalisé plus ou moins dans la même période. Dans cet Hentai, on retrouve également cet intérêt pour le sexe, les démons et la violence. .

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Seule différence, et pas des moindres, les séquences de pénétration ne sont plus suggérées mais clairement érigées en gros plans. Contrairement àUrotsukidoji, The Wicked City tente de nous raconter une histoire plus ou moins élaborée. A l'époque, le film d'animation de Yoshiaki Kawajiri est considéré comme une référence et un parangon d'irrévérence et d'obscénités. Attention, SPOILERS ! (1) Notre monde cohabite depuis longtemps avec le monde obscur, peuplé de démons horribles.
Bien que l'harmonie et le calme règnent, un groupe de démons anti-pacifistes ont juré de détruire notre monde, estimant qu'ils sont supérieurs aux humains et en aucun cas leurs égaux. 
C'est dans ce contexte belliciste, prémice à une guerre effroyable, qu'il est décidé de renouveler un traité de paix et qui nécessite la signature d'un personnage éminent, le docteur Maiyart, un vieillard bicentenaire aux moeurs dépravées.

Ce dernier doit ainsi être protégé dans notre monde jusqu'au moment de la signature du nouveau traité et est mis sous la protection de la garde noire, une élite très spéciale, composée de Taki, un humain, et de sa nouvelle partenaire Makie, du monde obscur. 
Ensemble, ils vont devoir défendre coûte que coûte Maiyart contre les démons meurtriers qui ont juré sa perte... Pour finalement découvrir que leur mission n'est peut-être pas ce qu'ils pensaient ! (1)
A travers The Wicked CityYoshiaki Kawajiri développe et déploie un univers à la fois riche, énigmatique, complexe et étrange. Dans un premier temps, le film d'animation se focalise sur cette dialectique indicible entre deux mondes parallèles : celui des humains et celui des démons.

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Cette dichotomie n'est finalement qu'une allégorie entre le bien et le mal, le Yin et le Yang, soit deux notions exaltées par la culture nippone. Paradoxalement, ces deux mondes se ressemblent terriblement. L'univers des humains est décrit comme une société en plein marasme. C'est l'introduction du film. Autrement dit, malgré la technologie et les progrès de la science moderne, l'homme reste un être primitif toujours en proie à ses pulsions les plus archaïques.
C'est aussi sa plus grande faiblesse. Faiblesse que les démons comptent justement exploiter pour assouvir leur soif de domination et de pouvoir. Les deux mondes s'enchevêtrent et se juxtaposent. Comme un symbole. Ces créatures démoniaques arborent un visage humain pour mieux farder un corps en pleine mutation.

Dans un premier temps, le héros de l'histoire, un certain Taki, doit affronter la toile escarpée d'une femme araignée. Tout d'abord aguicheuse et avenante, cet être arachnide déploie tout un tas de subterfuges pour envenimer une proie facile à appâter. La jeune femme dévoile alors un clitoris béat d'où jaillissent des sortes de tentacules oblongues et meurtrières.
Notre société n'est qu'un monde d'apparences, essentiellement composée d'individus aux masques obombrés. Tel est le propos de The Wicked City. Toutefois, le mal et le bien ne sont pas incompatibles. Très vite, Taki, séduit par le côté obscur, s'acoquine, lutine et s'énamoure avec Makie, sa nouvelle partenaire. Cette jolie brune appartient à cette race de démons cruels et bellicistes.
Pourtant, elle n'est pas l'ennemie de Makie ni de la race humaine. Tous deux chargés de protéger un vieillard au comportement libidineux, leur mission consiste justement à réunir deux dimensions à priori opposées. Certes, The Wicked City possède un concept souvent captivant à défaut d'être surprenant. Au bout d'une demi-heure de bobine, difficile de ne pas percevoir les enjeux d'un scénario plutôt basique. Bien sûr, Yoshiaki Kawajiri ponctue souvent son récit de séquences érotiques et de diverses bastons homériques. Hélas, la conclusion finale n'est guère éloquente.
Contre toute attente, Yoshiaki Kawajiri euphémise la noirceur de son récit à travers un étonnant happy-end. Clairement, The Wicked City n'est pas la claque annoncée. Toutefois, cet OAV devrait logiquement ravir les fans de mangas animés. C'est déjà pas mal.

Note : 12/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : http://www.planete-jeunesse.com/fiche-1973-la-cite-interdite-wicked-city.html

Women's Flesh My Red Guts (Very bad tripes)

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women's flesh my red guts

Genre : gore, trash, expérimental, snuff (interdit aux – 18 ans)

Année : 1999

Durée : 50 minutes

L’histoire : Le mal être de la femme japonaise et l’acte suicidaire vu par un des réalisateurs les plus extrêmes qui soit. Deux jeunes femmes souffrant d’une sévère dépression mettent fin à leur jour non sans être infligées auparavant de terribles mutilations.

La critique :

En 1998, Tamakishi Anaru se révélait auprès du cercle intimiste d’amateurs de films extrêmes en réalisant Tumbling Doll Of Flesh, appelé aussi Niku Daruma. Cette œuvre cauchemardesque, qui atteint des sommets horrifiques impensables doublés d’une pornographie outrageante, devint très vite la référence absolue du cinéma trash japonais. Aujourd’hui encore, on ne lui connaît pas d’équivalent (peut-être Juvenile Crime ?) dans l’univers ultra underground nippon.
Ou alors, faut-il aller chercher du côté des GSKD et autres Pain Gate : Scrum (soit de véritables « snuff sexual torture movies »), mais on touche là aux œuvres les plus confidentielles qui existent sur cette planète. Après ce coup d’éclat, Anaru participera à la réalisation collégiale du démentiel Eccentric Psycho Cinema avant de terminer sa très courte carrière en 1999, avec deux œuvres pour le moins barrées : Psycho Suicide Dolls (déjà chroniquée sur ce blog) et Women’s Flesh My Red Guts qui nous intéresse aujourd’hui.

Vu le profil du bonhomme, nous étions en droit à nous attendre au pire et soyez rassurés, le pire est bien au rendez-vous. Women’s Flesh My Red Guts est une boucherie en bonne et due forme. D’une durée limitée, le film se découpe en deux segments puis dans la foulée, le métrage est suivi d’un petit death movie intituléBaroque. Un documentaire qui, d’ailleurs, n’a strictement rien à voir avec Women’s Flesh My Red GutsOn peut penser que le réalisateur a souhaité l’ajouter à son film pour très certainement accentuer l’impression de réalisme et de snuff.
Effet réussi car le moyen métrage initial envoie déjà du lourd question gore, ces quelques minutes supplémentaires d’instantanés réels finissent d’assommer le spectateur et le laissent carrément sans voix tant les images sont insoutenables. Bref, Anaru fait ce qu’il sait mieux le faire, à savoir un « cinéma » de destruction massive, plus proche de l’abattage industriel que du Septième Art.

 

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Attention, SPOILERS ! Le premier segment présente une jeune femme dépressive se livrant à de sévères automutilations dans sa salle de bains. Plusieurs flash-back nous font comprendre que son comportement perturbé est dûà une récente dispute avec son compagnon. Assise sur une cuvette, elle utilise une brosse à dents en guise de sex toy. Puis, saisie de pulsions incontrôlables, elle se récure de plus en plus violemment le vagin jusqu’à se faire saigner abondamment. Continuant dans son jusqu’au-boutisme, elle se sectionne un doigt avec les dents avant de se suicider par étranglement à l’aide d’un foulard.
Le deuxième segment montre une autre jeune femme (interprétée par la même actrice), assise sur un lit et en train de déguster un fruit. Soudain, elle se plante une fourchette dans la cuisse et se coupe la langue. Puis, elle s’ouvre le bas ventre en largeur, comme pour procéder à un cérémonial de hara-kiri, s’éviscère elle-même et se délecte longuement de ses propres organes.

Elle finira elle aussi par se suicider en se plantant un couteau dans le front. Après le film, Tamakishi Anaru nous propose donc un mini documentaire, Baroque donnant à la fois dans le monde et le death movie. Le spectacle bascule alors du côté du réel et de ses innommables atrocités : cadavres démembrés, têtes éclatées, entrailles dispersées, un triste spectacle de désolation et de mort qui rappelle fortement le terrifiant Junk Films de Kiyotaka Tsurisaki. Sur le final, Anaru en rajoute une couche en nous présentant des fœtus morts-nés difformes, monstrueux, siamois…
Un étalage pour le moins malsain de pauvres créatures baignant dans du formol et conservées dans des bocaux au sein d’un quelconque institut médico-légal. Décidément, les pensées sordides du suicide hantent encore et toujours le réalisateur. Déjà dans Psycho Suicide Dolls, il tentait une ébauche d’explication au mal être qui frappe la société nippone (et les femmes en particulier) et à la notable incommunicabilité des habitants de grandes métropoles.

 

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Ici les femmes sont toujours en première ligne mais le contexte est bien plus minimaliste : une salle de bains, une chambre, aucun plan en extérieur. Où sommes-nous exactement ? Nous n’en saurons rien. Mais peu importe que nous n’ayons aucun élément pour tenter de comprendre la motivation de ces actes désespérés ; dans sa folie attentatoire, Anaru se préoccupe comme de la première chaussette de la compréhension de ses œuvres. A la réflexion, il préfère l’action immédiate, choquante et vomitive de préférence. A l’horreur de l’acte suicidaire, il rajoute de l’horreur en prime en faisant précéder le sacrifice ultime par une série d’automutilations, toute plus atroces les unes que les autres. Car Women’s Flesh My Red Guts n’y va pas avec le dos de la cuillère pour écoeurer le spectateur : vagin déchiqueté, langue sectionnée (et de quelle manière !), auto cannibalisme d’entrailles… Le tout affiché bien sûr en très gros plans.

Comme toujours, les effets spéciaux frôlent le surnaturel dans leur qualité et leur réalisme. Mais le film, avant d’être un festival exhaustif de gore, est avant tout une œuvre expérimentale. En effet, le réalisateur procède de façon radicalement différente pour traiter les deux histoires. La première se déroule dans un silence absolu où deux phrases de dialogue, tout au plus, sont prononcées.
Le grain de l’image est sale, délavé, et le récit des flash-back est filmé en noir et blanc. Dans le deuxième, Anaru abuse d’une ultra pixellisation et de procédés visuels en relief, ainsi que d’incessantes sonorités électroniques qui accentuent le côtéétrange du métrage. Ceci dit, une fois de plus, les réalisateurs japonais nous montrent qu’ils n’ont pas d’équivalent en matière de cauchemars filmiques. D’une noirceur et d’une désespérance absolues, Women’s Flesh My Red Guts s’inscrit dans la continuité des œuvres de Daisuke Yamanouchi ou Hisayasu Sato, dont le très curieux Naked Blood mettait en scène lui aussi des jeunes femmes, se torturant elles-mêmes au cours de séquences particulièrement gratinées.

 

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Par-delà cet état de fait, se pose inévitablement la question sur l’utilité de telles réalisations, sinon encore et toujours l’escalade sans fin de la violence des images et de l’extrémisme des situations. Loin, très loin des blockbusters à la mode, ces films totalement inconnus du grand public ont le « mérite » de faire découvrir un autre pan du cinéma, l’ultra underground et ses dérives malsaines.
Condamnées à une totale confidentialité, les démesures cinématographiques de Tamakishi Anaru ont marqué au fer rouge ceux qui ont eu l’occasion de les visionner On reste abasourdis devant ces déviances amorales et cette folie destructrice qui ne peut se concrétiser que dans une profusion de sang, dont l’auteur a fait sa marque de fabrique. Women’s Flesh My Red Guts ne fait pas exception à la règle…

Note : ?

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Alien 3 (Alien prison)

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Genre : horreur, épouvante, science-fiction (interdit aux - 12 ans)
Année : 1992
Durée : 1h55

L'histoire : Seule survivante d'un carnage sur une planète lointaine, Ripley s'échoue sur Fiorina 161, planète oubliée de l'univers, balayée par des vents puissants. Une communauté d'une vingtaine d'hommes y vit. Violeurs, assassins, infanticides, ce sont les plus dangereux détenus de droits communs de l'univers. L'arrivée de Ripley va les confronter à un danger qui sera plus fort qu'eux.

La critique :

Au début des années 1990, David Fincher n'est pas encore la star ni le cinéaste populaire qu'il va devenir par la suite. Il fait ses armes en réalisant principalement des clips musicaux et des spots publicitaires. Il crée sa propre société de production, Propaganda Films. A priori, rien ne le prédestinait à la réalisation d'Alien 3. En outre, David Fincher a la lourde tâche de succéder à Ridley Scott et James Cameron.
Après l'immense succès des deux premiers volets, la 20th Century envisage deux nouvelles suites. David Giler et Walter Hill grifonnent plusieurs scénarios possibles et alternatifs. Dans un premier temps, la Fox retient un premier opuscule qui se focaliserait sur le personnage de Hicks (Michael Biehn), grièvement blessé après les événements du second chapitre.

Ellen Ripley (Sigourney Weaver) serait donc évincée du scénario d'Alien 3 pour mieux réapparaître dans un quatrième et dernier film. La firme souhaite ardemment le retour de Ridley Scott à la réalisation. Il serait également question de tourner le quatrième opus dans la foulée pour des raisons de budget. Mais, occupéà d'autres projets et peu intéressé par le concept d'Alien 3, Ridley Scott décline poliment l'invitation. Sigourney Weaver se manifeste à son tour.
Elle n'apprécie guère son personnage de guerrière dans Aliens : le retour. Ensuite, Ellen Ripley doit rester le personnage central de la saga. David Giler et Walter Hill sont donc priés de revoir leur copie. Le scénario du film est finalement confiéà plusieurs cacographes.

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David Twohy, William Gibson et Eric Red se succèdent et ébauchent un scénario qui retient toute l'attention de la Fox. L'action d'Alien 3 se déroulera dans un immense pénitencier échoué sur une planète désertique. Dans un premier temps, la firme confie la réalisation de ce troisième volet à David Ward. Mais le cinéaste souhaite apporter de nombreuses rectifications à un script qu'il juge peu éloquent.
David Fincher est alors engagé par la Fox. A son tour, il participe à l'écriture du script. Parallèlement, le cinéaste doit commencer le tournage alors que le scénario du film n'est toujours pas finalisé. Bilieux et revendicatif, David Fincher abandonne le long-métrage avant le montage final. La plupart de ses idées ne sont pas retenues par les producteurs.
Ensuite, de nombreuses séquences tournées par le cinéaste sont nûment oblitérées pour des raisons essentiellement pécunières.

Il existe donc une version longue d'Alien 3 avec trente minutes supplémentaires. Suite à cette douloureuse expérience, David Fincher reniera plus ou moins le film. Au moment de sa sortie, les critiques sont assez partagées. James Cameron, réalisateur du précédent chapitre, s'invite aux inimitiés. Il fustige et gourmande un scénario qui a promptement éliminé le personnage de Hicks dans Aliens : le retour.
Un sort qui ne plaît guère à Michael Biehn lui-même, curieusement évincé d'Alien 3. David Fincher doit affronter les anathèmes et les billevesées d'acteurs et de réalisateurs hostiles. De surcroît, le film n'obtient pas spécialement l'enthousiasme dans les salles obscures. Le public ne se précipite pas au cinéma, surtout aux Etats-Unis. A tort, ce troisième opus est souvent considéré comme l'épisode le plus faible de la franchise.

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Or, Alien 3 n'a pas à rougir de la comparaison avec ses augustes prédécesseurs. D'ailleurs, depuis quelques années, le film est réhabilité par les critiques et la presse cinéma. Certains fans tergiversent et évoquent même le meilleur chapitre de la franchise. Hormis Sigourney Weaver, la distribution du film réunit Charles S. Dutton, Charles Dance, Brian Glover, Ralph Brown, Danny Webb, Lance Henriksen et Pete Postlethwaite. Attention, SPOILERS ! 2179. Ellen Ripley et ses compagnons rescapés : Newt, le caporal Hicks et Bishop sont en hyper-sommeil en attendant leur retour sur Terre.
Mais un œuf alien éclot à l'intérieur du vaisseau, ce qui déclenche un court-circuit, puis un incendie. La capsule de sauvetage quitte le vaisseau et s'écrase peu après sur une planète où est installé un pénitencier de haute sécurité.

Ripley est réveillée peu de temps après par le Docteur Clemens, le médecin de la prison, qui lui apprend qu'une fois de plus, elle est la seule survivante de son équipage. Ripley doit donc cohabiter avec des détenus psychopathes et hostiles. Parallèlement, un nouvel Alien refait surface. Ripley et ses nouveaux compagnons d'infortune doivent affronter la créature sans arme ni technologie. 
Ici point de Ridley Scott ni de James Cameron aux commandes. En confiant Alien 3à un débutant, la Fox prend un tournant radical. Fan des deux premiers films, David Fincher souhaite rapidement se détacher de l'ambiance martiale et guerrière d'Aliens : le retour. En outre, le cinéaste préfère revenir à l'ambiance anxiogène et étouffante d'Alien : le huitième passager, sans pour autant réaliser une séquelle ou un remake.

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Alien 3 doit donc posséder ses propres armes et imposer un style, celui de David Fincher en l'occurrence. Rabroué lors du tournage du film, le cinéaste doit insister et (presque) se colleter pour imposer ses idées. L'artiste émérite a du cran et doit plusieurs fois s'empoigner avec la Fox pour réaliser un film à l'ambiance à la fois déroutante et labyrinthique. A l'image de cette immense prison en déshérence, cloîtrée au beau milieu de nulle part, plus précisément sur une planète désertique.
C'est la grande nouveauté d'Alien 3. Désormais, ce ne sont plus des astronautes en mission ou de glorieux space marines qui chassent l'Alien (ou plutôt l'inverse), mais de vulgaires forçats, totalement déconnectés de la réalité. Dans cet univers obombré, les chiourmes au crâne rasé et affublés de codes barres (sûrement un clin d'oeil àTHX-1138 de George Lucas) ont créé leurs propres préceptes.

Ici nul besoin de gardien soldatesque. Seuls un directeur et une sorte de jocrisse du village dictent (comme ils peuvent) les principes d'une prison coupée du monde et de l'Humanité toute entière. Ces prisonniers symbolisent à la fois le crime, l'horreur et cette plèbe répudiée par la société toute entière. La prison et les barreaux ne sont pas des punitions suffisantes. Désormais, ils doivent également affronter le courroux d'une créature xénomorphe. Nouveau changement rédhibitoire dans la saga.
Cette fois-ci, l'Alien n'est pas un "Alien" comme les autres. Il est le produit, le substrat d'une curieuse mutation. Il se déplace à une vitesse fulgurante et il est relié (plus que jamais) à une nouvelle mère pondeuse, à l'identité inattendue... En l'état, difficile d'en dire davantage. Changement de look pour tout le monde, Ripley y compris.

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D'un "obscur objet de désir" dans le premier volet, puis d'une femme guerrière dans Aliens : le retour, la jeune femme se transforme en forçat quasi condamnée à mort et à brûler dans les flammes de l'enfer. Alien 3 contient de nombreuses idées intéressantes. En conflit sur le tournage, David Fincher parvient à transcender son sujet, à s'approprier le mythe et à donner une nouvelle direction à une saga décidément surprenante. La grande force de ce troisième chapitre repose essentiellement dans cette étrange relation qui se noue entre Ripley et la créature dolichocéphale.
Comme un symbole. 
Victime des atermoiements et des incertitudes de la Fox, Fincher décide d'assassiner la franchise par une conclusion finale encore une fois déroutante. Qu'à cela ne tienne, par un habile subterfuge, c'est un réalisateur "frenchy", Jean-Pierre Jeunet, qui ressuscitera la créature et ainsi même Ellen Ripley de leur cocon.

 

Note : 16/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Le Retour de la Mouche (La malédiction de la mouche)

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Genre : horreur, épouvante 
Année : 1959
Durée : 1h17

L'histoire : Philippe Delambre utilise la machine à téléporter de son père défunt et est victime de la même infortune.  

La critique :

Suite à l'immense succès de La Mouche Noire de Kurt Neumann en 1958, la firme Associated Producters décide de financer une suite dans la foulée. Ce sera Le Retour de la Mouche, réalisé par Edward Bernds en 1959. Cinéaste et scénariste américain, Edward Bernds a toujours (plus ou moins) oeuvré dans une certaine confidentialité. Certes, l'artiste a signé de nombreux films, mais aucun n'est véritablement parvenu à s'imposer sur la planète "Hollywood" et au-delà de ses frontières.
Finalement, Le Retour de la Mouche reste probablement son film le plus notoire. C'est dire la qualité (relativement médiocre, il faut bien le dire) de cet artisan du cinéma bis. Essentiellement passionné et spécialisé dans la science-fiction et l'horreur, Edward Bernds accepte le scénario de cette suite sans barguigner.

Autant le dire tout de suite. Vous risquez souvent de lire le mot "mouche" au cours de cette chronique. Donc attention au coup de bourdon ! La distribution du film réunit Vincent Price (déjà présent dans le premier volet), Brett Halsey, John Sutton, David Frankham, Dan Seymour et Danielle de Metz. Le Retour de la Mouche est aussi le second chapitre d'un triptyque.
En 1965, il sera suivi par La Malédiction de la Mouche, cette fois réalisé par les soins de Don Sharp, une figure emblématique du cinéma horrifique. Les studios tiennent enfin une nouvelle créature synonyme d'hurlements, d'effroi et de cauchemars. A savoir cet insecte volatile qui fait partie du sous-ordre des brachycères. Voilà pour le petit cours d'entomologie. Au passage, vous remarquerez que j'essaie de remplir comme je peux une critique qui brille avant tout par sa vacuité et son inanité. A l'image de cette suite moribonde.

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Niveau scénario, peu ou prou de surprises. On prend les mêmes (ou presque...) et on recommence. Vincent Price, toujours en mode cabotinage, accepte de reprendre le personnage de François Delambre, le frère du scientifique affreusement défiguré et transformé en mouche après une terrible expérience. En outre, le scénario du Retour de la Mouche est particulièrement simpliste et laconique.
Attention, SPOILERS ! Quinze ans se sont écoulés depuis les événements racontés dans La Mouche Noire. Le film commence par les funérailles d'une mère toujours tourmentée par la mort mystérieuse de son époux, André Delambre. Son fils, Philippe, décide de reprendre les expériences de son père malgré les avertissements de son oncle François. Mais poussé par les ambitions de son assistant Alan qui convoite ses recherches, il se retrouve avec une tête et les membres d'une mouche.

Sa vengeance envers les gens qui l'ont trahi sera terrible, et il doit découvrir le processus inverse. Après avoir réalisé de nombreuses séries B science-fictionnelles, Edwards Bernds se voit confier une production ambitieuse, tout du moins sur le papier. Le tâcheron élude toute la complexité de son illustre prédécesseur au profit d'un scénario à la fois simpliste et amphigourique.
Ici point de flash-back ni d'enquête policière. Le film reprend sans vergogne les principaux éléments qui ont fait le succès du premier volet. Vous voulez voir des mouches ? Pas de problème ! Peu avare en séquences ubuesques, Edward Bernds réactive l'animal... pardon l'insecte par toute une série de séquences grotesques. Cette fois-ci, c'est le fils du scientifique qui reprend les expériences et les inimitiés, au grand dam de son oncle.

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Sous les précieuses instigations d'un Vincent Price plus absent et transparent que jamais, le jeune homme subit malgré lui les roueries d'un collaborateur vénal et fallacieux. Dans un premier temps, c'est un cinquantenaire qui sert de cobaye à ce nouveau capitaliste des Temps Modernes et qui se retrouve transformé en hamster. Fous-rires garantis !
Il faudra donc patienter 25 petites minutes (guère plus) pour voir le fils Delambre transfiguré en mouche terrifiante. Là encore, point de réflexion sur cette affreuse mutation. Le Retour de la Mouche s'apparente essentiellement à un film de monstre. Plus besoin de cacher le faciès de l'insecte géant sous une serviette. 
La mouche anthropomorphe apparaît souvent... Très souvent... Et ce, pour notre plus grand bonheur !

A cette figure comique... pardon d'épouvante, s'ajoutent quelques séquences sévèrement gratinées. La mouche expérimentale du premier, affublée de la tête du scientifique téléporté, réapparaît et pousse plusieurs cris d'orfraie. "Heeeeeeeeellllllllllpppppppppp meeeeeeeee !" Telle est la longue complainte du volatile. Difficile de ne pas se gausser devant tant de "nanardise" !
Même le célèbre flegmatisme de Vincent Price ne parvient pas à sauver cette production paresseuse de sa médiocrité. Pour le reste du casting, inutile d'en parler. A l'image de Brett Halsey, dans le rôle de Philippe Delambre, totalement inexpressif et monolithique. Condamnéà jouer la mouche vindicative, l'interprète traîne un costume et un masque peu appropriés à son physique malingre et d'asticot anorexique. Certes, l'histoire se focalise parfois sur la psychologie du fils Delambre.
Désormais entomophobique, le scientifique semble être voué au même sort (funeste) et malédiction que son auguste paternel. Parallèlement, 
Edwards Bernds multiplie les fautes de goût dans cette suite aussi vaine que racoleuse. Dépourvu de scénario, Le Retour de la Mouche s'apparente à une parodie involontaire de son illustre modèle. Telle est la recette de ce nanar hors norme.
Et contre toute attente, le film rapportera un joli pactole à son réalisateur. Pas folle la guêpe !

Côte :Nanar

sparklehorse2 Alice In Oliver

Pain Gate : Scrum (Punitions très sévères pour esclaves sadomasochistes)

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Genre : hardcore, trash, extrême (interdit aux – 18 ans)
Année : 2014
Durée : 1h33

L’histoire : Deux jeunes femmes qui subissent du véritable bondage, du SM et de la torture sexuelle non simulée pendant plus de 90 minutes. Voilà l’alléchant programme de la dernière horreur japonaise en date. Etes-vous suffisamment prêts pour affronter cet intolérable spectacle ?

La critique :

Sortez les chaînes, brandissez les cravaches, enfilez vos combinaisons en cuir, il va y avoir du fétichisme dans l’air… Grimpez dans mon donjon pour mieux apprécier le spectacle insoutenable de Pain Gate : Scrum. Pour ma cinquantième chronique sur Cinéma Choc, j’ai voulu frapper très fort. Jusqu’au sang. Avouez donc que vous aimez ça. Fessiers démantibulés, sexes martyrisés, poitrines déstructurées, bienvenue dans l’enfer SM que va vous proposer Pain Gate : Scrum, la dernier bombe japonaise récemment éditée en dvd sur le site très spécialisé Belrose.
Vous n’avez pas eu votre dose suffisante de châtiments avec Eccentric Psycho Cinema ? Pas de problème, vous devriez trouver aisément votre bonheur avec cette perle ultra hardcore de l’underground nippon. 
Autant prévenir tout de suite les âmes sensibles, elles sont priées d’aller faire un (long) tour. Cette chronique ne leur est nullement destinée sous peine de provoquer une série de crises d’apoplexies qui serait bien sûr indépendante de ma volonté.

Oui, Pain Gate : Scrum s’affiche tel un spectacle barbare, scandaleux, presque intolérable pour qui n’est pas un minimum aguerri à ce genre d’œuvres basées uniquement sur la « performance » et donc réalisées sans aucun trucage. L’action se concentre uniquement sur trois personnages (puisque dans ce cas précis, on ne peut décemment pas parler d’acteurs) : deux frêles jeunes femmes et un tortionnaire impassible qui leur fait subir un nombre impressionnants de tortures et d’humiliations en tous genres.
Le « film » est découpé en saynètes ayant chacune d’entre elles un thème expiateur bien précis. Cinq supplices au programme : l’eau, le fouet, les aiguilles, la cire et les gifles. La totalité des situations se déroule dans une sorte de chambre froide où les tubulaires s’entremêlent sans aucune musique, sans aucun dialogue. Un silence intégral cependant sans cesse déchiré par les hurlements des suppliciées.

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Aucun générique, aucune trace d’un quelconque réalisateur, tournage en vidéo. Si ça, ce n’est pas de l’underground… Attention, SPOILERS ! Le supplice de l’eau. Suspendue par les pieds à l’aide d’un carcan, la première jeune femme est progressivement plongée dans un bac d’eau glacée. Le visage puis le buste tout entier demeurent ainsi en immersion totale par à-coups, suivant le processus d’apnée de plus en plus long. Le supplice des aiguilles. Les performeuses sont attachées, les bras en croix.
Le tortionnaire s’applique alors à planter des dizaines d’aiguilles d’acupuncture dans chaque sein. Piqûres d’autant plus sévères que les aiguilles sont enfoncées en profondeur dans la peau. Lorsque les aiguilles sont retirées, une constellation de tâches de sang dégouline sur la poitrine des victimes. Le supplice du fouet. Le bourreau possède à sa disposition tout un attirail de punition.

Fouet, cravache et martinet dont il abuse avec férocité et sans retenue, martyrisant ainsi le dos et le fessier de ces demoiselles. Autant dire que les chairs ont tôt fait de rougir et le sang de couler. Le supplice des gifles. A nouveau suspendue par un treuil, la victime endure de puissantes claques au visage, sur les fesses et les cuisses. En même temps, elle subit un tirage de cheveux, un écartement nasal maousse et une dégustation forcée de son propre tampon hygiénique.
Daisuke Yamamanouchi, le réalisateur de Mu Zan E, a dû apprécier ! Le supplice de la cire. Incontestablement, la séquence la plus éprouvante de la série. 
La participante est tout d’abord entièrement recouverte de cire brûlante provenant d’une bougie en combustion. Mais le plus douloureux survient avec le déversement de cette cire dans son sexe et son anus, lui arrachant d’intolérables cris de douleurs. L’humiliation suprême est atteinte lorsque le satyre introduit la bougie allumée dans le vagin de la malheureuse…

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Comme vous avez pu le constater, cette petite séance de jeux entre amis s’est déroulée dans une  ambiance courtoise et enjouée. Plaisanterie à part, ces jeunes femmes ont été très sévèrement rudoyées dans leur intimité et plus globalement dans leur chair lors de ce tournage que l’on devine extrêmement éprouvant. Au point que les hurlements, les sanglots, les épanchements de morve (désolé pour ce détail) ne pouvaient être feints. Les douleurs étaient si intenses qu’elles n’auraient pu, en aucune manière, être simulées. Il semble d’ailleurs très vraisemblable que les nombreux sévices endurés ont fait basculer, au fil des minutes, le plaisir sadomasochiste des participantes vers un gouffre de souffrances inextinguibles dans lequel elles ne paraissaient plus du tout consentantes.
Et le film continue tout de même, au rythme infernal des coups de boutoir du bourreau. A ce sujet, comment ne pas être tétanisé devant l’implacable détermination de cet homme entre deux âges, totalement impassible derrière ses lunettes de soleil ?

Les performeurs japonais sont vraiment des animaux à sang froid. Intérêt artistique ? Néant, qualité cinématographique ? Zéro absolu, message délivré ? Aucun. A priori indéfendable. Pain Gate : Scrum ne semble mériter au mieux que d’être jeté dans une décharge municipale et au pire d’être brûlé en place publique. Alors, je sais très bien ce que vous allez me dire. Pourquoi diable s’évertuer à proposer de telles horreurs, de plus totalement inutiles ? Essentiellement pour deux raisons.
Tout d’abord parce que, jusqu’à preuve du contraire, ce blog s’appelle Cinéma Choc. C’est-à-dire qu’il a pour vocation première de présenter des films qui sortent de l’ordinaire de par leur rareté, leur singularité mais aussi et surtout, de par leur violence. Et c’est peu dire que la violence et cinéma ont toujours fait bon ménage. En 1903 déjà, Justus D. Barnes pointait son arme face aux spectateurs terrifiés dans les (récentes) salles obscures lors de la projection de L’Attaque du Grand Rapide.

113 ans plus tard, dans une société devenue hélas toujours plus agressive et nihiliste, le cinéma a suivi la même trajectoire, celle de la surenchère. La récente compilation paroxystique Most Disturbed Person On Planet Earth 2 en est certainement le plus triste exemple. La deuxième raison découle de la première. C’est une raison commerciale, économique même. En effet, pour que de tels « films » puissent exister, c’est bien qu’il y a un marché vidéo propice (ne parlons plus de cinéma dans ce cas-là), un circuit qui tend d’ailleurs à sortir de la confidentialité et où les demandes d’un certain public sont toujours plus ciblées, toujours plus trash. On ne peut donc pas fermer les yeux et faire comme si ce côté obscur de la production cinématographique n’existait pas.
Tandis que les actrices ont largement dépassé les limites de leurs souffrances physiques, l’extrémisme de Pain Gate : Scrum nous renvoie à nos propres limites. Limites d’acceptation de la souffrance et de l’indécent voyeurisme dont nous nous rendons coupables. Intolérable et scandaleux dans sa démarche, cet objet filmique infamant ne reflète ni plus ni moins que la décadence morale d’une société qui consomme à outrance et par tous les moyens dont elle dispose, une violence devenue tristement ordinaire.

Note : ???

tumbling doll Inthemoodforgore

Message personnel d'Alice In Oliver :Merci à Inthemoodforgore pour les images. Le film est rarissime et totalement introuvable sur la Toile !

 


The Magdalene Sisters (Enfer monacal)

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Genre : drame (interdit aux - 12 ans)
Année : 2001
Durée : 2 heures

L'histoire : En Irlande, dans le comté de Dublin, en 1964. Lors d'un mariage, Margaret est violée par son cousin. La honte s'abat sur toute la famille. Au petit matin, le curé de la paroisse vient chercher Margaret. Bernadette est pensionnaire dans un orphelinat. En grandissant, devenue jolie, elle suscite la convoitise des jeunes gens du quartier. Considérant que sa nature et son caractère la destinent au pire, la direction de l'orphelinat la confie alors à l'unique institution susceptible de la maintenir dans le droit chemin. Rose, qui n'est pas mariée, vient de donner naissance à un petit garçon. Séparée de son bébé, elle est emmenée au couvent des soeurs de Marie-Madeleine.  

La critique :

On connaît surtout Peter Mullan en tant qu'acteur, beaucoup moins en tant que réalisateur. Vers le milieu des années 1990, l'artiste aux multiples facettes réalise plusieurs courts-métrages. En 1997, il signe son tout premier long-métrage, Orphans. En 2002, Peter Mullan réalise son second film, le plus polémique, The Magdalene Sisters. Le long-métrage s'inspire de faits réels, et plus précisément de l'histoire des couvents de la Madeleine. Dans ces établissements monacaux, des jeunes femmes (orphelines ou alors jugées trop rebelles) sont placées pour expier leurs péchés.
Au moment de sa sortie, The Magdalene Sisters déclenche les foudres et les avanies d'un quotidien pontifical. L'Eglise dénonce un film manichéen, partial et inique.

Face à ses contempteurs, Peter Mullan se défend. The Magdalene Sisters ne serait pas une oeuvre anticléricale, en tout cas "dirigée contre l'Eglise", selon les propres mots du cinéaste. Difficile en effet de ne pas penser le contraire tant le film s'apparente à une diatribe de ces établissements ascétiques et piaculaires. A l'inverse, la presse cinéma jubile. Les critiques sont unanimement panégyriques.
Le film remporte même le Lion d'or à Venise. Reste à savoir si The Magdalene Sisters est bel et bien la claque annoncée. Réponse dans les lignes à venir. La distribution du film réunit Geraldine McEwan, Anne-Marie Duff, Nora-Jane Noone, Dorothy Duffy et Eileen Walsh. Pour la petite anecdote, Peter Mullan effectue une courte apparition dans le film, néanmoins remarquée.

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Attention, SPOILERS ! En Irlande, dans le comté de Dublin, en 1964. Lors d'un mariage, Margaret est violée par son cousin. La honte s'abat sur toute la famille. Au petit matin, le curé de la paroisse vient chercher Margaret. Bernadette est pensionnaire dans un orphelinat. En grandissant, devenue jolie, elle suscite la convoitise des jeunes gens du quartier.
Considérant que sa nature et son caractère la destinent au pire, la direction de l'orphelinat la confie alors à l'unique institution susceptible de la maintenir dans le droit chemin. 
Rose, qui n'est pas mariée, vient de donner naissance à un petit garçon. Séparée de son bébé, elle est emmenée au couvent des soeurs de Marie-Madeleine. Les trois jeunes femmes sont immédiatement confrontées à Soeur Bridget, qui dirige l'établissement et leur explique comment, par la prière et le travail, elles expieront leurs pêchés et sauveront leur âme.

Trois jeunes femmes, trois destins. Clairement, Peter Mullan ne fait pas dans la dentelle. En outre, le réalisateur s'inspire d'un documentaire diffusé sur Channel 4. Profondément marqué, outré, scandalisé et ému par toutes ces jeunes femmes qui ont vécu l'enfer dans ces couvents, le cinéaste dénonce toutes les ignominies ainsi que les principes rigoristes de ces redresseurs de tort.
En l'occurrence, les gardes-chiourmes se sont transfigurés en bonnes soeurs. Chargées d'éduquer ou plutôt de rééduquer des jeunes femmes indociles, les nonnes appliquent leurs règles et leurs préceptes avec parcimonie. Certes, ces établissements ne possèdent pas de barreaux. Pourtant, Peter Mullan décrit un véritable pénitencier avec tout un tas d'humiliations, d'avanies et de billevesées.

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Nos trois éphèbes ne sont plus des femmes, mais des boniches corvéables à merci. Claquemurées dans une petite pièce exigüe et vermoulue, elles doivent partager leur "chambre" (vraiment un terme à guillemeter) avec une dizaine de jeunes filles, elles aussi condamnées à l'opprobre et aux gémonies. Le "pénitencier" monacal se transmute alors en une sorte de secte.
Rose, Margaret et Bernadette sont priées d'oublier leur passé. Privées de leur liberté et même du droit de parole, les trois jeunes femmes tentent de survivre dans un univers cloîtré au beau milieu de nulle part. Par conséquent, difficile de s'évader. Peter Mullan réalise une critique au vitriol de ces couvents (soi-disant) expiatoires. Certes, le film provoque souvent la révolte et la consternation.

A l'image de ses trois principaux protagonistes. Bernadette est probablement le personnage le plus émouvant. Séparée de sa fille, répudiée par sa famille, la jeune femme au physique ingrat sombrera dans l'anorexie, la dépression et la neurasthénie mentale. Fort d'une réalisation à la fois sobre et efficace, Peter Mullan déploie un scénario de facture classique : l'isolement, le portrait éloquent de trois héroïnes, les conditions de détention et l'inévitable évasion.
Paradoxalement, le film parvient rarement à transcender son sujet. Encore une fois, le scénario reste un peu trop basique pour susciter une totale adhésion. Seule la fin horrible de Bernadette surprendra le spectateur. Enfin, Peter Mullan bémolise parfois son propos et choisit la facilité. Conscient de la puissance de son sujet, le cinéaste se défile face à ses contempteurs. Une attitude pour le moins étrange au regard de ce drame qui touche souvent sa cible.

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Je Suis Une Légende - 2007 (Je suis un nombril)

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je suis une légende

Genre : science-fiction, post-apocalyptique 
Année : 2007
Durée : 1h40

L'histoire : Robert Neville était un savant de haut niveau et de réputation mondiale, mais il en aurait fallu plus pour stopper les ravages de cet incurable et terrifiant virus d'origine humaine. Mystérieusement immunisé contre le mal, Neville est aujourd'hui le dernier homme à hanter les ruines de New York. Peut-être le dernier homme sur Terre... Depuis trois ans, il diffuse chaque jour des messages radio dans le fol espoir de trouver d'autres survivants. Nul n'a encore répondu. 

La critique :

A partir des années 2000, Will Smith cherche à varier sa palette d'acteur au cinéma. Il interprète le célèbre boxeur noir américain dans Ali de Michael Mann, puis les bons samaritains moralisateurs dans A la recherche du bonheur de Chris Gardner. Pour la première fois, le public découvre un Will Smith sensible et éploré devant la caméra. L'interprète, toujours aussi pédant et infatué, cherche des personnages complexes et surtout plus diversifiés. En vérité, Will Smith cherche surtout le rôle ou plutôt le film qui fera de lui une star en solitaire, une sorte d'effigie ou d'éloge interminable dédiée à son charisme d'immense acteur du noble Septième Art. Des patenôtres visiblement entendues par Francis Lawrence, réalisateur de Je suis une Légende, sorti en 2007. A l'origine, le long-métrage est le remake du Survivant (Boris Sagal, 1971), lui-même le remake de The Last Man On Earth (connu aussi sous le titre de Je Suis Une légende de Sidney Salkow et Ubaldo Ragona, 1964).

Mais avant tout, le film est l'adaptation d'un roman de Richard Matheson, opuscule (très) librement transposé dans cette version hollywoodienne. Vous pouvez donc oublier toute réflexion sur cette évolution darwinienne et ce processus de sélection naturelle au profit d'un scénario qui se focalise essentiellement sur un homme : Will Smith, cette nouvelle star standardisée par ces capitalistes du cinéma américain. 
D'ailleurs, le titre du film lui-même est sujet à de nombreuses suspicions. La légende en question, est-ce le personnage central, Robert Neville, ou Will Smith lui-même ? Le film n'est-il pas une flagornerie (à peine déguisée) de ce nouveau requin... pardon de ce mastodonte qui tente de noyer (par sa présence) nos écrans depuis plusieurs décennies ? Autant de questions sans réponse. 

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Hormis Will Smith, quelques acteurs apparaissent (furtivement) au cours du film : Alice Braga, Charlie Tahan, Sallie Richardson-Whitfield, April Grace et même Willow Smith, le marmot de Will qui vient carrément s'inviter aux inimitiés. En outre, le long-métrage connaît un vif succès au box-office. A tel point que les producteurs envisagent une suite. Pour le moment, elle n'a pas encore été confirmée...
Et la conclusion finale semble peu appropriée à un éventuel second chapitre... Attention, SPOILERS !
En 2009, un scientifique trouve ce qui semblerait être le vaccin contre le cancer. Cependant, la joie est de courte durée, car ce vaccin tue les humains les moins résistants et fait muter les autres. L'évacuation des survivants sur des bateaux est un échec, personne ne trouvant de remède au nouveau virus qui décime l'humanité.

Néanmoins, un dernier espoir subsiste ; le docteur Robert Neville, officier de l'armée des États-Unis. En plus de ses grandes connaissances en médecine, il est immunisé contre le virus et possède un laboratoire très équipé dans sa maison, il est chargé d'enrayer le virus en trouvant un vaccin. Dernier survivant de la ville de New-York, il occupe ses journées, entre ses différentes expérimentations, à chasser les animaux installés dans la ville, à jouer au golf depuis un porte-avion ou encore àécumer les appartements vides à la recherche de nourriture. Il diffuse de plus, tous les jours, un message exhortant d'éventuels rescapés à venir le rejoindre, sans vraiment y croire.
Bref, le scénario est taillé sur mesure et surtout à la gloriole de Will Smith. Résumons les choses.

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Condamnéà soliloquer et à arpenter les rues désormais désertiques de la ville de New-York, Robert Neville... Pardon... Will Smith n'est pas seulement un scientifique chevronné. Il possède carrément son propre laboratoire. Tout seul, il chasse et prédate des zombies ou des vampires (on ne sait pas très bien non plus). Il possède également sa salle de gymnastique et s'adonne à ses exercices favoris (musculation, golfe et course y compris). Il élabore des vaccins (néanmoins obsolètes), récupère des cadavres, collectionne les dépouilles pour de futures expérimentations, émet des messages radiophoniques, et il est même sur le point de trouver une éventuelle panacée contre cette épidémie !
Et tout cela, je le rappelle, tout seul ! Mais alors absolument tout seul ! Paradoxalement, la première demi-heure du film est plutôt réussie avec cette longue description d'une cité new-yorkaise en déshérence.

Hélas ensuite, ça se gâte ! Très vite, le scénario devient redondant. Will Smith est condamnéà gloser, hypostasier et ratiociner sur sa vie solitaire. Conscient des limites de son script, Francis Lawrence ajoute quelques séquences d'action (plutôt rares) en images de synthèse avariées. Pour une production de ce calibre, difficile de ne pas s'esclaffer devant les looks de clodos des morts-vivants affamés. En désespoir de cause, le réalisateur tente de ponctuer son récit par l'arrivée soudaine d'une veuve et d'un orphelin. En vain. Parallèlement, Will Smith continue son joli numéro de Caliméro (séquence Kleenex) pour mieux farder toute la vacuité d'un scénario amphigourique.
Certes, encore une fois, Francis Lawrence essaie de combler les nombreux vides de cette pellicule science-fictionnelle via une multitude de flash-back. Une chimère. Ici point de réflexion existentialiste ni de questionnement eschatologique. Au risque de me répéter, Will Smith doit absolument noyer le film de sa présence. Toutefois, malgré ses nombreux défauts, Je Suis Une Légende version 2007 n'est pas forcément le pire film de l'acteur. Bien sûr, on déplorera ce côté nombriliste, mais Francis Lawrence signe parfois quelques séquences relativement efficaces.
Pas de quoi se relever la nuit non plus. En l'état, ce long-métrage des années 2000 n'est pas le pire remake produit et réalisé par ces margoulins d'Hollywood.

 

Côte : 08/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Creed - L'Héritage de Rocky Balboa (Septième round)

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Genre : boxe, comédie dramatique, drame
Année : 2016
Durée : 2h13

L'histoire : Adonis Johnson n'a jamais connu son père, le célèbre champion du monde poids lourd Apollo Creed décédé avant sa naissance. Pourtant, il a la boxe dans le sang et décide d'être entraîné par le meilleur de sa catégorie. À Philadelphie, il retrouve la trace de Rocky Balboa, que son père avait affronté autrefois, et lui demande de devenir son entraîneur. D'abord réticent, l'ancien champion décèle une force inébranlable chez Adonis et finit par accepter

La critique :

Sylvester Stallone l'avait pourtant juré. Rocky Balboa, sorti en 2006, devait signer le sixième et ultime chapitre de la saga. Surtout, le film devait racheter la médiocrité d'un Rocky V (John G. Avildsen, 1990) peu éloquent, le seul épisode de la franchise à se solder par un bide commercial dans les salles. Rocky, c'est avant tout une histoire. Une histoire qui ressemble étrangement au parcours chaotique de Sylvester Stallone, entre des débuts timides, puis la gloire et la célébrité (le premier Rocky et ses nombreuses suites), avant de se confire à nouveau vers l'oubli et le déclin (L'expert, Assassins, Arrête ou ma mère va tirer !).
Vers le milieu des années 2000, Sylvester Stallone signe son grand retour avec deux personnages (Rambo et Rocky), qui ont triomphé jadis dans les salles obscures. John Rambo et Rocky Balboa marquent l'avènement d'un acteur que l'on croyait quasiment enterré.

Ou la résurrection des grandes figures du passé, de ces "action men" des années 1970 et 1980. Une autre époque... 
Rocky Balboa marque aussi le dernier combat d'un boxeur vindicatif et revanchard. Encore une fois, Sylvester Stallone se relève et fustige ses contempteurs à travers un film probe et sincère sur la vieillesse, l'oubli et la solitude. Désormais, l'acteur au visage chenu va bientôt fêter ses 70 printemps. Plus question de remettre les gants et de s'empoigner avec des combattants quasi impubères.
Stallone n'a plus la force ni la fougue de naguère. Pourtant, à partir de 2013, le réalisateur, Ryan Coogler, annonce un spin-off de la saga Rocky. Tout le monde s'esclaffe. Ce spin-off signe tout de même le septième volet (ou le septième round) d'une franchise assez inégale et redondante. Surtout, ce septième chapitre s'inscrit dans cette mode rébarbative de tous ces remakes, séquelles et préquelles censés relancer et/ou conférer un nouveau souffle à d'anciennes glorioles du passé. Une chimère.

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Pourtant, Ryan Coogler parvient à convaincre Sylvester Stallone. L'acteur interprétera donc à nouveau son personnage fétiche dans Creed : l'héritage de Rocky Balboa, actuellement dans les salles. Viennent également s'ajouter Michael B. Jordan, Tony Bellew, Andre Ward, Tessa Thompson, Phylicia Rashad, Graham McTavish et Wood Harris. Comme l'indique le titre de ce septième volet, il est donc question ici d'héritage, de transmission et de succession. Attention, SPOILERS !
Adonis Johnson n'a jamais connu son père, le célèbre champion du monde poids lourd Apollo Creed décédé avant sa naissance. Pourtant, il a la boxe dans le sang et décide d'être entraîné par le meilleur de sa catégorie. À Philadelphie, il retrouve la trace de Rocky Balboa, que son père avait affronté autrefois, et lui demande de devenir son entraîneur.

D'abord réticent, l'ancien champion décèle une force inébranlable chez Adonis et finit par accepter. Impossible de ne pas y voir un intérêt commercial. Surtout que Stallone nous a déjà fait le coup dans Rocky V. A la retraite, l'ancien boxeur devenu entraîneur se charge d'aguerrir un combattant opiniâtre. Hélas, le cinquième chapitre se solde par un échec financier et artistique. Stallone est prié de d'excuser auprès des fans de la franchise. Creed : l'héritage de Rocky Balboa reprend donc la formule ingénue de Rocky V. Ce qui a le mérite de provoquer la suspicion et quelques rictus imbéciles.
Plus qu'un spin-off, Creed est avant tout la suite logique de Rocky Balboa. Certes, Rocky IV signait le glas et la mort d'Appolo Creed sous les coups d'un boxeur russe barbare et dopé (sic...). Contre toute attente, l'aura de cette ancienne gloire du passé ressurgit d'outre-tombe.

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Creed est donc un film sur la mémoire, à l'image de toutes ces photographies qui jonchent les vieux murs d'une salle de boxe de Philadelphie. Plus personne ne se souvient ou presque de ces anciennes gloires du passé. Ou la traduction d'une société consumériste qui a volontairement oublié et fustigé son histoire. Tout d'abord rétif, Rocky accepte finalement de reprendre les gants pour entraîner Adonis Creed, donc le fils d'Appolo Creed. Nouvelle thématique : la transmission de la sagesse et du savoir.
Mais aussi ce questionnement philosophique : qui je suis ? Telle est la dialectique d'Adonis, qui refuse tout d'abord de porter le nom de son patriarche, pour à nouveau vêtir le short "USA" et diapré de son père, celui de Rocky premier du nom, puis de Rocky II. L'héritage est en marche.

Surtout, Stallone prend la place de son ami hélas décédé. Coaché par Appolo Creed dans Rocky III, il entraîne désormais le fils. Mais l'objectif n'est pas de retrouver l'oeil du tigre mais plutôt d'aguerrir un boxeur inexpérimenté. C'est la seconde question posée par Adonis : suis-je le digne épigone de mon paternel ? Un héritage lourd à porter pour ce jeune homme obstiné. Après un premier combat facilement remporté, le jeune homme devient la nouvelle star des médias.
Dans un sport voué désormais au fric et aux gémonies, les sponsors cherchent cette nouvelle figure emblématique, capable de soulever les foules. A nouveau, Creed rétablit ce rapport ambigu entre le ring et les cicatrices indélébiles du passé. Soit la thématique essentielle de la franchise. Stallone n'est plus ce guerrier tenace des années 1980.

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Le temps s'est écoulé. Inexorablement. Le visage marqué, les yeux émoussés, l'ancien boxeur veut rejoindre Adrian, Mickey, Appolo et même Paulie parmi les oraisons funèbres. Bref, tous ceux qui l'ont amené au sommet. Pourtant, le vieil entraîneur cancéreux trouve une nouvelle dynamique, un nouvel espoir de vivre en la personne d'Adonis, sa nouvelle famille. Toujours cette question de succession et d'héritage.
Finalement, Ryan Coogler parvient à s'approprier la saga. Mieux, le réalisateur dirige parfaitement ses acteurs. Sylvester Stallone réitère sa performance dans Rocky Balboa et trouve ici le ou l'un des meilleurs rôles de sa carrière. Même remarque concernant Michael B. Jordan, qui livre une excellente performance dans le rôle d'Adonis Creed. Certes, les contempteurs et/ou les esprits chagrins pourront toujours tancer et s'interroger sur le réel intérêt de ce septième round.
Pourtant, contre toute attente, la formule fonctionne... depuis presque quarante ans maintenant. 

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Alien, La Résurrection ("L'Alien" de trop)

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Genre : science-fiction (interdit aux - 12 ans)
Année : 1997
Durée : 1h44

L'histoire : Deux cents ans après la mort de l'officier Ripley, une équipe de généticiens ressuscite la jeune femme en croisant son ADN avec celui d'un Alien. Le cauchemar reprend. A bord de la station Auriga, Ripley donne naissance à un fils qui lui est aussitôt enlevé. Prisonnière, elle s'efforce de renouer avec son lointain passé humain. Bientôt un autre vaisseau rejoint l'Auriga. Parmi l'équipage composé de brutes et de mercenaires, Ripley découvre une belle jeune femme, Call, avec laquelle elle ne tarde pas à se lier d'amitié.

La critique :

Laissée pour morte dans le troisième chapitre, on croyait Ellen Ripley définitivement enterrée. Réponse négative déclare la 20th Century Fox péremptoire. Il faut à tout prix ressusciter le mythe et plus précisément cette figure féminine, plus que jamais connectée à l'Alien. C'est dans cette dynamique que s'inscrit Alien, la Réssurection, sorti en 1997. Pour ce quatrième et ultime chapitre, changement à nouveau de réalisateur, cette fois-ci avec un "frenchy" aux commandes, en la personne de Jean-Pierre Jeunet.
Alien, la Résurrection constitue également sa toute première expérience hollywoodienne. Auparavant, Jean-Pierre Jeunet a déjà signé deux longs-métrages, Delicatessen et La Cité des enfants perdus, deux univers assez éloignés de la saga Alien.

Pourtant, le cinéaste n'était pas forcément le premier choix de la Fox. Dans un premier temps, la firme contacte Danny Boyle, mais très vite le réalisateur abandonne le projet. Même remarque concernant Peter Jackson, qui décline poliment l'invitation. A l'époque, Jean-Pierre Jeunet vient de terminer l'écriture du scénario du Fabuleux destin d'Amélie Poulain (2000).
L'univers du cinéaste intéresse les producteurs hollywoodiens. Dubitatif, Jean-Pierre Jeunet s'interroge sur l'utilité d'un quatrième épisode, puis se laisse finalement convaincre. Quant au scénario d'Alien, la résurrection, il subit lui aussi de nombreuses rectifications. Tout d'abord, Josh Whedon élabore un premier script dans lequel il est question de clonage.

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Le personnage de Newt (la fillette blondinette d'Aliens, le retour) est censée réapparaître. Josh Whedon poursuit cette idée de clonage. Finalement, ce sera le personnage d'Ellen Ripley qui sera ressuscitée pour les besoins de la franchise. Peu convaincue, Sigourney Weaver accepte néanmoins de reprendre une dernière fois ce rôle qui a marqué sa carrière. Viennent également s'ajouter Winona Ryder, Ron Perlman, Dominique Pinon, Raymond Cruz, J.E. Freeman et Brad Dourif.
Attention, SPOILERS ! Deux cents ans se sont écoulés depuis la mort de l'officier Ripley. Une équipe de généticiens ressuscite la jeune femme en croisant son ADN avec celui d'un Alien. Le cauchemar peut recommencer. A bord de la station Auriga, Ripley donne naissance à un fils qui lui est aussitôt enlevé.

Prisonnière, elle s'efforce de renouer avec son lointain passé humain. Bientôt un autre vaisseau rejoint l'Auriga. Parmi l'équipage composé de brutes et de mercenaires, Ripley découvre une belle jeune femme, Call, avec laquelle elle ne tarde pas à se lier d'amitié. Contrairement àAlien 3 (David Fincher, 1992), ce quatrième chapitre se soldera par un immense succès dans les salles.
A l'inverse, les critiques et les fans se montrent beaucoup plus partagés. Sur le fond comme sur la forme, Alien, la résurrection annonce déjà les prémices d'Alien Vs Predator et d'Alien Vs Predator : Requiem, deux séquelles qui brillent avant tout par leur médiocrité et leur inanité. En l'occurrence, Alien, la résurrection ressemble à un étrange mixe entre les trois précédents épisodes.

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A la fois claustrophobique (Alien : le huitième passager et Alien 3) et martial (Aliens, le retour), ce quatrième épisode vise avant tout l'efficacité au profit d'un scénario classique et laconique. Dommage, car cette histoire de clonage aurait sans doute mérité une meilleure exploitation. A aucun moment, on ne retrouve l'univers noir et féérique de Jean-Pierre Jeunet.
Probablement obligé de suivre les directives des producteurs hollywoodiens, le réalisateur français signe une copie en demi-teinte. Ici point de réflexion sur le personnage de Ripley ni sur son étrange relation avec la créature vorace et dolichocéphale. Certes, par moments, le film tente d'explorer les accointances de l'héroïne avec ce monstre de cauchemars. Hélas, Alien, la résurrection se transforme parfois en auto-parodie de lui-même.

Mi-Alien, mi-humaine, Ellen Ripley n'est plus cette figure emblématique du passé. Finalement, le film ressemble étrangement à cette femme dupliquée et se contente de photocopier ses illustres prédécesseurs. Pis, ce quatrième opus propose plusieurs séquences assez médiocres. A l'image de cette partie de basket qui dure dix bonnes minutes et qui ne sert strictement à rien, si ce n'est à admirer les acrobaties et les prouesses d'une Ellen Ripley transformée en saltimbanque.
Même les personnages qui l'entourent ne présentent (presque) aucun intérêt. Certes, parfois, Jean-Pierre Jeunet transcende son sujet via plusieurs scènes d'action solidement troussées. Sans plus. Pas de quoi se relever la nuit. Vous pouvez donc oublier l'ambiance étouffante et anxiogène des précédents chapitres au profit d'une production correcte, avec néanmoins de nombreux signes d'essoufflement.
Contrairement à Ridley Scott, James Cameron et David Fincher, Jean-Pierre Jeunet ne parvient jamais à s'approprier la saga. Bref au final, on ne retiendra pas grand-chose de cet ultime épisode.

Note : 10/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Concrete (Le long supplice de Junko Furuta)

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Genre : horreur, gore, trash, drame, extrême, inclassable (interdit aux - 18 ans)
Année : 2004
Durée : 1h32

L'histoire : Le parcours de l’odieux Tatsuo, depuis ses rixes en salle de classe jusqu’à son intronisation au sein des yakuza, ponctuant les étapes de sa jeune vie par autant de coups portés à sa mère. Vols, racketts, viols… l’escalade aboutit à l’enlèvement de la jeune Misaki, par un Tatsuo désormais flanqué de ses propres hommes de mains, membres du gang juvénile des « Dragon God ». Un « simple » viol dérape en appropriation totale ; Misaki est enfermée chez l’un des membres du groupe, abusée de toutes les façons, battue, humiliée. Sans raison. 

La critique :

Certes, le nom de Junko Furuta ne doit pas vous évoquer grand-chose. Pourtant, son nom reste tristement célèbre au Japon. Novembre 1988, trois garçons âgés respectivement de 16, 17 et 18 ans kidnappent Junko Furuta, une lycéenne de 16 ans. Séquestrée dans une maison, la jeune éphèbe va subir tout un tas d'humiliations, de sévices et de supplices jusqu'à exhaler son dernier soupir après 44 jours de viols et de tortures. Son corps mutilé est caché dans un bidon, puis recouvert de ciment, avant d'être enterré dans un endroit isolé de la ville de Tokyo.
Voilà pour la rétrospective laconique de ce fait divers épouvantable. Evidemment, l'histoire de Junko Furuta va inspirer le cinéma asiatique avec trois films, Concrete-Encased High School Girl Murder Case (Katsuya Matsumura, 1995), un remake sobrement intitulé Concrete (Hiromu Nakamura, 2004) et Juvenile Crime (Gunji Kawasaki, 1997).

Aujourd'hui, c'est le cas de Concrete qui nous intéresse. Le long-métrage est aussi l'adaptation d'un livre de Jôji Atsumi. Par certains aspects, ce fait divers abominable n'est pas rappeler le scénario de Boy A (John Crownley, 2009), lui aussi inspiré d'une affaire de meurtre perpétré par deux marmots sur un gamin de trois ans. Ou le reflet d'une société moderne et en plein marasme : ces enfants déjà criminels qui sombrent dans la psychopathie dès le plus jeune âge.
Le but de Concrete n'est pas forcément de comprendre le geste de ces trois adolescents pervers, mais d'analyser froidement les faits, puis le meurtre de Junko Furuta. Attention, SPOILERS ! Le parcours de l’odieux Tatsuo, depuis ses rixes en salle de classe jusqu’à son intronisation au sein des yakuza, ponctuant les étapes de sa jeune vie par autant de coups portés à sa mère. 

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Vols, racketts, viols… l’escalade aboutit à l’enlèvement de la jeune Misaki, par un Tatsuo désormais flanqué de ses propres hommes de mains, membres du gang juvénile des « Dragon God ». Un « simple » viol dérape en appropriation totale ; Misaki est enfermée chez l’un des membres du groupe, abusée de toutes les façons, battue, humiliée. Sans raison. Ainsi, Concrete fonctionne tel un documentaire nihiliste et ultra réaliste. La première partie du film se focalise essentiellement sur le quotidien de son leader psychopathe, un certain Tatsuo. Cette première section n'est pas forcément la plus éloquente.
Au détour de plusieurs séquences et menus détails, le long-métrage tente d'analyser le comportement de ce jeune homme. Certes, ce dernier rudoie sa mère et sa soeur, morigène et agresse plusieurs lycéennes avec sa petite bande.

Tous ces "micros"événements semblent expliquer la folie latente de ce triste personnage. Soit l'histoire d'un éphèbe, transformé en yakuza, qui ne reçoit plus d'éducation et surtout qui n'a plus de père, à savoir cette figure d'autorité curieusement absente du domicile parental. Hélas, cette première partie ne nous apprend pas grand-chose sur les événements qui vont se dérouler par la suite.
Alors que Tatsuo et ses amis arpentent les rues de la ville en voiture, ils croisent le chemin d'une certaine Junko Furuta. C'est la seconde partie du film. Bienvenue en enfer ! Tout d'abord kidnappée, le jeune femme est emmenée dans une demeure cossue, celle de la mère de Tatsuo. Plusieurs adultes assistent passivement à l'enlèvement de la lycéenne. Par peur d'éventuelles représailles, ils se murent dans le silence.

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Finalement, Concrete ne décrit pas seulement le long processus de déshumanisation de trois voyous perfides et criminels, le film est aussi le miroir d'une société impuissante, indifférente, égotiste et nombriliste. Toutes ces personnes, adultes ou juvéniles, ne sont que les produits d'une société capitaliste et consumériste. Ici point de solidarité, d'humanité, d'échappatoire et encore moins de happy-end.
Certes, durant ses 44 jours de captivité, Junko Furuta tentera à maintes reprises de s'évader. Hélas, elle ne trouvera aucune aide, aucun réconfort ni aucun soutien. Son long supplice ou plutôt sa crucifixion se déroulera dans le silence, la torture et la mort. En ce sens, le calvaire de Junko Furuta a une vraie dimension religieuse et eschatologique, et n'est pas sans évoquer le martyr christique.

Il n'est pas seulement question de la mort et de la fin atroce de cette jeune adolescente, mais du glas de la société nippone toute entière. Tel est le propos ostentatoire de Concrete. Est-il vraiment nécessaire de détailler dans les grandes lignes le supplice de Junko Furuta ? Humiliée, violée, rudoyée, gourmandée, semoncée, vilipendée, narguée, fustigée ou encore étrillée par ses nouveaux bourreaux... Tous ces superlatifs ne sont pas encore assez forts pour décrire les nombreuses avanies subies par la jouvencelle.
Après une nouvelle tentative d'évasion, Junko Furuta doit subir le courroux de ses trois assaillants. Sadiques, les adolescents l'empoignent puis lui brûlent les jambes.
Entre temps, ils la violent à maintes reprises, la pénètrent de divers objets contondants. Ampoule électrique et barre de fer acérée font partie des tristes réjouissances. Agonisante, affamée et déshydratée, Junko Furuta supplie ses bourreaux de lui donner le coup de grâce. 
C'est la troisième et dernière partie du film. De retour à la maison, ils découvrent le corps sans vie de la jeune femme.
Retour à la réalité. Junko Furuta a exhalé son dernier soupir. Désormais, il faut cacher et enterrer la dépouille tuméfiée, brûlée, rudoyée, chapitrée, malmenée... Les "obséques" (si j'ose dire...) de la jeune femme se déroulent sous les railleries et les billevesées de ces psychopathes juvéniles. Encore une fois, le réalisateur, Hiromu Nakamura, choisit de rester à distance du meurtre et de ses différents protagonistes. En résulte une oeuvre d'une noirceur totale, extrêmement choquante et éprouvante.
En l'état, difficile de noter cet électrochoc cinématographique...

Note :?

sparklehorse2 Alice In  Oliver

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