Genre : horreur, épouvante, slasher (interdit aux - 12 ans)
Année : 2015
Durée : 1h23
Synopsis : Martyrisé par ses camarades, Lincoln, un adolescent forçat, invoque par mégarde Moira Karp, une jeune fille de 17 ans qui fut poussée au suicide pour des raisons similaires. Elle se lance alors dans une croisade sanglante pour venger celui qui l’a ressuscitée, mais Moira devient vite incontrôlable…
La critique :
Depuis ses tous premiers ânonnements, le slasher s'est emparé de la terreur adolescente. Ainsi, les franchises les plus rentables et les plus lucratives se polarisent presque exclusivement sur de jeunes éphèbes en péril et menacés par des forces comminatoires et inexpugnables. De son côté, Halloween, la nuit des masques (John Carpenter, 1978) se centrait sur le cas de Laurie Strode, une adulescente bientôt victime des assauts répétés et frénétiques de Michael Myers. Par chance, cette dernière échappera de justesse à l'opinel acéré du croquemitaine.
A contrario, ses congénères, qui copulent et batifolent impunément, ne sont seront pas épargnés par le courroux du sociopathe écervelé. John Carpenter affine cette dichotomie en insistant sur la prétendue pudibonderie de son héroïne.
La saga Vendredi 13, amorcée par Sean S. Cunningham dès l'orée des années 1980, est un peu moins nébuleuse. Cette fois-ci, les martialités se déroulent à la lisière de Crystal Lake. Derechef, des adolescents sont tarabustés pendant leurs vacances par un mystérieux psychopathe. En l'occurrence, c'est une matriarche bilieuse et revêche qui se tapit derrière le faciès du croquemitaine. La femme chenue et acariâtre peut couler des jours paisibles puisque son fils, Jason Voorhees, assurera la relève ; étrillant des étudiants avec une rudesse exacerbée.
La franchise A Nightmare On Elm Street proposera de nouveaux émois juvéniles via l'activité onirique qui se transmute subrepticement en cauchemars, puis en meurtres sanglants proférés dans notre réalité quotidienne.
Ainsi, dans Les Griffes de la Nuit (1984), Wes Craven crée et invente une créature fantasmagorique (Freddy Krueger) et intrinsèquement reliée au passéénigmatique d'Elm Street. Une décennie plus tard, l'auteur démiurgique réinventera le slasher sous le masque encapuchonné de Ghost Face, un maniaque vouéà une terrible dualité et qui n'est pas sans rééditer l'altérité de Norman Bates dans Psychose (Alfred Hitchcock, 1960). C'est ainsi que naît le concept de Scream (1996). Depuis, le slasher s'est plutôt engoncé dans des scénarios exsangues et faméliques même si on note, çà et là, quelques exceptions notables. Récemment encore, It Follows (David Robert Mitchell, 2015, Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2015/03/29/31797173.html) se parait des rudiments et des linéaments du slasher pour seriner derechef des adolescents en déveine.
A l'instar d'Halloween, A Nightmare On Elm Street et Vendredi 13, It Follows mettait à nouveau la sexualité en exergue provoquant, bon gré mal gré, quelques cris d'orfraie inopinés.
Désormais, les thuriféraires de slashers recherchent assidument cette production aventureuse et iconoclaste susceptible de terroriser. Une requête visiblement ouïe par Some Kind Of Hate, réalisé par la diligence d'Adam Egypt Mortimer en 2015. Il faut se rendre sur le site IMDb et en particulier sur le lien suivant : https://www.imdb.com/name/nm4008890/ pour glaner et déceler quelques informations élusives sur ce cinéaste encore noviciat.
Adam Egypt Mortimer a donc débuté sa carrière cinématographique vers le milieu des années 2000, essentiellement des courts-métrages, entre autres Breaking Benjamin : So Cold (2004) et Emmy Rossum : Falling (2007).
Par la suite, il enchaînera avec Holidays (2015) et Daniel Isn't Real (2019). Some Kind Of Hate constitue donc la toute première réalisation d'Adam Egypt Mortimer, en lui souhaitant - évidemment - une filmographie éloquente et fructueuse. Le long-métrage est issu du circuit du cinéma indépendant et n'a pas bénéficié d'une sortie dans les salles obscures. C'est donc par l'entremise des festivals et du support vidéo que le film va tenter de générer (ou non) de nouveaux émules. D'une façon générale, Some Kind Of Hate peut s'enhardir d'une réputation plutôt flatteuse sur la Toile et les réseaux sociaux, avec néanmoins quelques pointes de pondération.
Si les laudateurs de slashers et de films d'horreur décèlent chez ce metteur en scène un certain potentiel, les contempteurs vilipendent et morigènent contre une production d'épouvante lambda et un peu trop conventionnelle.
La distribution de ce slasher se compose de Noah Segan, Grace Phipps, Sierra McCormick, Spencer Breslin et Ronen Rubinstein. Attention, SPOILERS ! Martyrisé par ses camarades, Lincoln, un adolescent forçat, invoque par mégarde Moira Karp, une jeune fille de 17 ans qui fut poussée au suicide pour des raisons similaires. Elle se lance alors dans une croisade sanglante pour venger celui qui l’a ressuscitée, mais Moira devient vite incontrôlable… Sur la forme comme sur le fond, Some Kind Hate flirte à la fois avec l'épouvante, le slasher et le paranormal. Roublard, Adam Egypt Mortimer opte davantage pour le slasher et on stipulera, par ailleurs, quelques références matoises à ses augustes épigones.
A contrario, le long-métrage s'éloigne sciemment du didactisme imposé et régenté par Halloween et sa floraison de succédanés.
Ainsi, Some Kind Of Hate s'apparente à un huis clos étouffant et anxiogène se déroulant dans une sorte de pénitencier de redressement, et destinéà réprimander "docilement" des jouvenceaux dissidents et/ou en échec scolaire. Ce slasher claustre et claquemure ses héros d'infortune quelque part dans le désert et sous un soleil de plomb. De facto, la première segmentation du film n'est guère passionnante et se focalise sur des protagonistes archétypaux. Par exemple, on se gausse éperdument du cas de Lincoln, tarabusté par ses camarades de classe par le passé.
Non, Some Kind of Hate ne prendra pas la forme d'une dramaturgie solennelle sur le harcèlement scolaire. En outre, c'est plutôt la vendetta expéditive qui émaille cette série B adventice. Ainsi, durant presque 45 minutes de bobine, Adam Egypt Mortimer plante le décor.
Le metteur en scène effectue de brillants contrastes entre une lumière aveuglante et une pénombre qui s'empare peu à peu de l'établissement pénitentiaire. Via Some Kind of Hate, Adam Egypt Mortimer aborde le sujet tumultueux de l'adolescence, une période âpre qui conduit vers un cheminement identitaire en déliquescence. Sur ce dernier point, ce slasher, mâtiné de paranormal et d'apparitions démonologiques, aurait mérité un bien meilleur étayage. Pour le reste, il faudra, en l'occurrence, se contenter de nombreux verbiages souvent fastidieux par ailleurs, mais l'interprétation se montre suffisamment probante pour maintenir l'appétence sur une courte durée (à peine une heure et vingt minutes de bobine). Puis, le long-métrage part enfin à l'aventure en dévoilant le visage ensanglanté de son croquemitaine atrabilaire. Ce dernier revêt les oripeaux d'une adulescente naguère ostracisée, gourmandée et finalement assassinée par ses pairs.
Par mégarde ou presque, Lincoln réveille les instincts meurtriers de la belle. Déchaînée, le fantôme hargneux se regimbe contre ses anciens oppresseurs. C'est la seconde partie de Some Kind of Hate. Dès lors, le cheminement oblique vers un certain classicisme et ne surprendra guère les spectateurs lambda que nous sommes. Même en termes de gore, d'effroi et de barbaque, Some Kind of Hate se montre étrangement timoré et préfère jouer la carte de la suggestion. Certes, via sa mise en scène clinique, vétilleuse et presque chirurgicale, le film peut prétendre à flagorner certains néophytes. Même les cinéphiles avisés subodoreront les qualités indubitables d'Adam Egypt Mortimer derrière la caméra. D'un point de vue stylistique, Some Kind of Hate se situe au-dessus de la moyenne habituelle.
Hélas, le long-métrage n'est pas exempt de tout grief. Nonobstant ses interminables facondes, surtout durant sa première segmentation, Some Kind of Hate souffre d'un rythme erratique et d'un croquemitaine un peu trop pusillanime pour satisfaire notre soif d'effroi et d'hémoglobine. Mais ne soyons pas trop vachard. Pour un tout premier essai, ce slasher mérite au moins la moyenne, voire un petit point supplémentaire.
Note : 11/20
Alice In Oliver