Genre : horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
Année : 2014
Durée : 1h36
Synopsis : Rusty Nail est de retour... Plus psychopathe que jamais, il vient de trouver ses prochaines proies.
La critique :
Quelques années avant le succès pharaonique de Les Dents de la Mer (1975), Steven Spielberg se distinguera déjà, auprès des yeux éberlués du grand public, avec Duel, un road movie mâtiné de thriller, d'horreur et de fantastique. Dixit les propres aveux du réalisateur démiurgique, le syllogisme de ce téléfilm s'inspire d'une nouvelle éponyme de Richard Matheson, ainsi que d'une réelle mésaventure de l'auteur. Le jour de la mort du Président, John Fitzgerald Kennedy (le 22 novembre 1963), Richard Matheson roule sur les routes de la Californie.
Sans raison apparente, il est pris en chasse par un poids lourd. Le grimaud échappe de peu à une mort certaine puisque le conducteur, dont il ne distingue pas le visage, tente carrément de l'écraser. Richard Matheson retranscrit cette expérience routière et traumatisante à travers un opuscule, sobrement intituléDuel.
Steven Spielberg découvre, stupéfait, la nouvelle. Le cinéaste évoque un suspense "hitchcockien" qu'il décide de transposer en format télévisuel. C'est ainsi que naît la trame narrative de Duel, sorti en 1971. L'histoire ? (1) David Mann, représentant en informatique, doit se rendre à un rendez-vous d'affaires en traversant la moitié de la Californie. Mais la route sera plus dure que prévu. Au volant d'une voiture quelconque, il est amenéà doubler un énorme poids lourd transportant des matières inflammables. Le routier, qui a gonflé le moteur de ce monstre, ne va plus lâcher David Mann, le talonnant, le percutant, zigzaguant devant lui, le guettant après trois arrêts dans des stations-service.
Jamais Mann ne voit le visage du conducteur. Il va devoir trouver une stratégie pour remporter ce duel à mort (1).
Lors de sa diffusion sur les chaînes de télévision américaines, Duel caracole en tête de peloton. Ainsi, ce téléfilm, pourtant promis à une carrière évasive, est exploité dans les salles de cinéma. Le succès mirobolant de ce thriller vrombissant repose, entre autres, sur l'identitéénigmatique de son chauffard. En sus, le spectateur hébété ignore totalement la raison pour laquelle le poids lourd cherche mordicus à seriner et àécraser un automobiliste lambda. La vraie star du film, ce n'est pas Dennis Weaver, un modeste représentant en informatique, ni ce truand de la route, mais bel et bien ce fourgon nanti d'une aura mystérieuse et à la lisière du fantastique.
Bien des années plus tard, Robert Harmon réalisera un vibrant hommage au téléfilm de Steven Spielberg via Hitcher (1986).
Derechef, ce road movie embrasse les précieux atours du genre fantastique avec ce sociopathe écumant les routes, et laissant derrière lui un amas de cadavres. Le forcené s'en prend à un adulescent ingénu et n'aura de cesse de le tarabuster jusqu'à un affrontement final en apothéose. Indubitablement, Une Virée En Enfer, réalisée par la diligence de John Dahl en 2002, emprunte sciemment les rhétoriques concomitantes de Duel et de Hitcher. A défaut d'itérer la tonitruance de ses glorieux antécesseurs, Une Virée En Enfer s'apparente à une série B probe et plutôt recommandable.
Le long-métrage de John Dahl rapporte suffisamment de prébendes et de pécunes pour justifier le tournage d'une trilogie. Une Virée en Enfer 2 (Louis Morneau, 2008, Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2018/07/08/36427508.html) commençait déjà doucement à obliquer vers l'horreur.
Toutefois, rien de neuf au compteur, si ce n'est une nouvelle série B sans grande envergure. Preuve en est. Cette suite soporative n'est même pas exploitée dans les salles obscures et sort directement en vidéo. Corrélativement, le torture porn continue de générer des émules. Ainsi, Détour Mortel (Rob Schmidt, 2003), Saw (James Wan, 2004) et Hostel (Eli Roth, 2006) se sont transmutés en franchises mercantilistes et lucratives. Une Virée En Enfer 3 (Declan O'Brien, 2014) s'achemine à son tour sur ce didactisme. Derrière cette troisième et ultime (?) forfaiture, on retrouve un nom bien connu du cinéma bis : Declan O'Brien.
En tant que metteur en scène, on lui doit notamment Sharktopus (2010), Détour Mortel 3 (2009), Détour Mortel 4 (2011) et Détour Mortel 5 (2012).
Depuis la sortie d'Une Virée En Enfer 3, Declan O'Brien semble avoir subrepticement disparu des écrans-radars. Cependant, depuis le milieu des années 2010, le torture porn n'est plus en verve et ne remporte plus les suffrages unanimes des spectateurs. Après un premier chapitre plutôt probant mais pas inoubliable non plus et une suite sporadique, la circonspection était plutôt de mise à l'aune d'un troisième chapitre. Si l'on se réfère à certains laïus, avis et commentaires essaimés sur la Toile, Une Virée En Enfer 3 remplirait doctement son office. Reste à savoir si ce thriller horrifique mérite ou non qu'on s'y attarde. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique...
La distribution du film se compose de Jesse Hutch, Kirsten Prout, Ben Hollingsworth, Leela Savasta, Jake Manley, Gianpaolo Venuta, Dean Armstrong et Ken Kirzinger.
Attention, SPOILERS ! Clou Rouillé (Rusty Nail) est de retour sur le bitume, plus revanchard que jamais. Un groupe de jeunes Street Racers se rendent à une course, la Road Rally 1000. En chemin, ils vont croiser la route du tueur au camion. Vous l'avez donc compris. Une Virée En Enfer 3 ne brille guère par ses scansions narratives. Derechef, ce troisième opus réitère les élucubrations scénaristiques de Duel et de Hitcher. Toujours la même antienne... Seule dissimilitude avec ses augustes citérieurs, Une Virée En Enfer 3 oblique ostensiblement vers le torture porn...
A tel point que l'on pourrait légitimement invoquer une sorte de Wolf Creek (Greg McLean, 2006) version poids lourd. En tant que torture porn pur et simple, Une Virée En Enfer 3 remplit assidûment la besogne, ni plus ni moins.
Très en forme pour l'occasion, Clou Rouillé se montre toujours aussi fallacieux et ordurier. Au mieux, ses victimes en déveine ne sont que des figures archétypales, évidemment sorties d'une agence de mannequinat. En termes de gore et d'âpreté, Une Virée En Enfer 3 reste probablement le chapitre le plus probant d'une trilogie qui fonctionne par intermittence. Au moins, ce troisième volet se montre légèrement supérieur àUne Virée En Enfer 2. Ainsi, on décèle çà et là quelques supplices savamment fomentés, dont un crâne déchiqueté et deux auto-stoppeurs décharnés en lambeaux. Mais autant l'annoncer sans ambages. A l'instar de ses devanciers, Une Virée En Enfer 3 reste beaucoup trop rudimentaire et conventionnel pour attiser notre appétence sur la durée (à peine une heure et 35 minutes de bobine). In fine, ce troisième épisode paroxystique (tout du moins, en termes de barbarisme) s'adresse exclusivement aux thuriféraires de la trilogie. Par miséricorde, nous accorderons à cette série B adventice une mention passable, ni plus ni moins.
Note : 10/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis de Duel sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Duel_(t%C3%A9l%C3%A9film)