Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 18 ans)
Année : 2011
Durée : 1h10
Synopsis : Mauricio Beccar vient tout juste d'être élu Président de l'Argentine. Une fois au pouvoir, il mutile, supplicie et extermine principalement les dissidents au régime, et plus particulièrement les juifs et les homosexuels. Mais son impérium est contesté par des forces antagonistes. Les anarchistes ont juré la mort de Mauricio Beccar et ont pour dessein de commanditer son assassinat.
La critique :
Certes, lorsque l'on invoque le cinéma d'horreur et d'épouvante, on songe invariablement aux contrées américaines, asiatiques, germaniques, transalpines et même ibériques, mais on évoque rarement les terres latino-américaines. Pourtant, que ce soit le Mexique, l'Argentine, la Colombie, le Chili, le Brésil ou encore le Venezuela, tous ces pays, souvent en disgrâce d'un point de vue économique, se sont montrés plutôt prolifiques et amènes dans le registre horrifique. Les thuriféraires de l'horreur version latino-américaine n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Terror 5 (Sebastiàn et Federico Rotstein, 2019), Ils reviennent... (Issa Lopez, 2019), The House at the End of Time (Alejandro Hidalgo, 2016), We Are The Flesh - Tenemos la Carne (Emiliano Rocha Minter, 2016), Come out and play (Makinov, 2014), Atroz (Lex Ortega, 2015), ou encore Here comes the Devil (Adriàn Garcia Bogliano, 2012) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires.
Certaines de ces pellicules indécentes ont même rencontré les plébiscites et les satisfécits de certains festivals et ont pu s'expatrier à travers nos panoramas occidentaux. C'est par exemple le cas d'Atroz et du nébuleux We Are the Flesh. Pour le dernier film susmentionné, le réalisateur, Emiliano Rocha Minter, s'inspirait de l'Allégorie de la Caverne, tout en renâclant du côté du mouvement Panique. Par certaines accointances, We Are The Flesh n'est pas sans réitérer les traumatismes sexuels, psychiques et identitaires déjà véhiculés par Santa Sangre (Alejandro Jodorowsky, 1989) et J'irai Comme Un Cheval Fou (Fernando Arrabal, 1973), la dimension incestueuse en plus.
Quant àAtroz, le film d'Alex Ortega est souvent répertorié parmi les oeuvres les plus virulentes et viscérales de ces cinq dernières années.
En outre, ce long-métrage issu du cinéma underground reflète, bon gré mal gré, une nation - le Mexique - en proie à la criminalité, la paupérisation et la décrépitude. Triste constat... Face à cette voyoucratie exponentielle, le pays a mis en place un impérium policier, hélas lui-même soudoyé par une mafia omnipotente. Depuis quelques années, le cinéma d'horreur latino-américain s'ingénie à mettre en exergue la décadence et la sénescence d'un continent de plus en plus moribond. L'actualité se charge de nous rappeler cet état de déréliction via l'élection récente du Président Jair Bolsonaro, un édile politique qui se démarque par ses positions controversées.
Au niveau politique, l'Argentine a elle aussi connu des heures difficiles. Pour souvenance, le pays a aussi connu des heures difficiles via une tyrannie militaire, soit un "processus de réorganisation nationale" instauré entre 1976 et 1983.
Evidemment, un tel régime despotique a laissé des traces indélébiles dans l'histoire et le travail de mémoire de la nation argentine. Nonobstant ce régime autocratique, ce pays de l'Amérique du Sud est toujours menacé par cette résurgence de l'absolutisme et de mouvements rigoristes. Tel semble être, par ailleurs, le principal leitmotiv de Sadomaster Locura General, réalisé par la diligence de Germàn Magarinos en 2011. Si le monogramme de Germàn Magarinos ne doit pas vous évoquer grand-chose, le metteur en scène affiche désormais une certaine notoriété dans son propre pays, en particulier auprès des thuriféraires du cinéma underground. Spécialisé dans les séries B (séries Z...) horrifiques et adventices, Germàn Magarinos sévit essentiellement dans le cinéma trash et indépendant.
On lui doit notamment Cannabis Holocaust - Mutant Hell (2001), LSD Frankenstein (2002), Goreinvasion (2004), Un Cadazor de Zombis (2008), Alan Smithee's Nosferatu (2009), ou encore Devil (2011).
Pour l'anecdote superfétatoire, Sadomaster Locura General est aussi sorti sous l'intitulé - quasi éponyme - de Sadomaster 2. Ce long-métrage est donc la suite consécutive de Sadomaster (2005). Ensemble, les deux films forment donc un diptyque transi par les propres désespérances et résipiscences de l'Argentine. On peut donc légitimement parler d'une dystopie politique. Toutefois, Sadomaster Locura General n'a pas vraiment pour velléité d'épouser les rudiments et les linéaments de l'anticipation, en dépit de quelques trucages obsolescents et aux relents science-fictionnels.
La distribution de ce second chapitre risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms d'Ezequiel Hansen, Vic Cicuta, Francisco Pérez Laguna, Leandro De La Torre, Rodrigo Aguirre, Horacio Bazzi, Katerina Caribe et Dany Casco ; mais j'en doute...
Attention, SPOILERS ! Mauricio Beccar vient tout juste d'être élu Président de l'Argentine. Une fois au pouvoir, il mutile, supplicie et extermine principalement les dissidents au régime, et plus particulièrement les juifs et les homosexuels. Mais son impérium est contesté par des forces antagonistes. Les anarchistes ont juré la mort de Mauricio Beccar et ont pour dessein de commanditer son assassinat. Autant l'annoncer sans ambages. A l'aune d'un certain Atroz, déjà notifiéà maintes reprises dans les lignes de cette chronique, Sadomaster Locura General n'a pas du tout les mêmes aspérités. Si le long-métrage de Germàn Magarinos s'accointe et s'acoquine avec le didactisme de la dystopie, il flagorne davantage le gore, les turpitudes, les âpretés, le barbarisme et les ignominies à tous crins.
Sadomaster Locura General n'a donc pas pour apanage de dénoncer l'apathie, puis la défection de l'Argentine sur les plans sociologiques et économiques.
Formellement, Sadomaster Locura General s'approxime à une sorte de splatter movie qui louvoie entre les supplices ad nauseam et les parties de bacchanales. Certes, la pédérastie est proscrite. Pourtant, au détour de certaines saynètes rutilantes, le métrage amalgame sans fard le fétichisme, le sadomasochisme, le saphisme, ainsi que plusieurs séquences de fellation. De facto, c'est donc l'interdiction aux moins de 18 ans qui prédomine. Certes, Germàn Magarinos se montre plutôt philanthrope et ne badine pas avec la barbaque ni la tripaille. Hélas, lors du générique final, c'est la circonspection qui est de mise. Les éléments de la dystopie sont totalement annihilés et phagocytés par un Germàn Magarinos en mode sardonique et égrillard. On peut donc légitimement pester et maronner contre un scénario nébuleux et soporifique qui n'exploite jamais - ou alors peu ou prou - un sujet de départ pourtant prometteur.
Finalement, Sadomaster Locura General est à la hauteur de son oriflamme rutilante. On nous promet une guerre civile, des cyborgs vrombissants, des mafieux goguenards, des voyous vaniteux et obséquieux et un gros film d'action jubilatoire. Or, Sadomaster Locura General est victime de ses propres présomptions et atermoiements. Sur la forme, le métrage de Germàn Magarinos s'avoisine à une sorte de salmigondis filmique qui vient renâcler un peu... beaucoup... énormément... A tous les râteliers. Certes, Sadomaster Locura General propose quelques saynètes tonitruantes, mais ses rares jubilations restent beaucoup trop évanescentes pour convaincre sur une durée pourtant élusive (à peine une heure et dix minutes de bobine). Reste une pellicule licencieuse et inconvenante qui enjôlera peut-être les amateurs les plus patentés de séries Z fauchées comme les blés...
Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout...
Note : 08.5/20
Alice In Oliver