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Rubber (Sans aucune raison, sans aucune explication...)

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rubber

Genre : Horreur, épouvante, fantastique, comédie, inclassable, expérimental 
Année : 2010
Durée : 1h22

Synopsis : Dans le désert californien, des spectateurs incrédules assistent aux aventures d’un pneu tueur et télépathe, mystérieusement attiré par une jolie jeune fille. Une enquête commence. 

 

La critique :

On peut toujours chinoiser, ergoter et même ratiociner sur le cas du cinéma d'horreur à la française. Certes, la sortie de Haute Tension (Alexandre Aja, 2003) a probablement relancé les belligérances, le cinéaste impétueux rappelant justement à la France qu'elle est capable de rivaliser, voire de faire ciller le cinéma d'épouvante hollywoodien. Impression corroborée par Martyrs (Pascal Laugier, 2008), Calvaire (Fabrice du Welz, 2003), Lady Blood (Jean-Marc Vincent, 2009), A l'intérieur (Julien Maury et Alexandre Bustillo, 2007), Sheitan (Kim Shapiron, 2006), ou encore Vertige (Abel Ferry, 2009).
Mais, hormis ses exceptions notables, notre cinéma d'horreur hexagonal reste relativement exsangue, pour le plus grand désarroi des thuriféraires du genre. 
A contrario, le cinéma d'horreur français compte tout de même quelques travers hautement préjudiciables.

Qui se souvient encore d'Humains (Jacques-Olivier Molon, 2008), de La Meute (Franck Richard, 2009), ou encore de Djinns (Hughes et Sandra Martin, 2010), autant de productions falotes et racoleuses qui ont eu surtout le mérite de susciter les épigrammes de nos voisins européens. Nonobstant certaines finauderies matoises, le registre horrifique reste assez mineur, voire confiné dans les affres des oubliettes. Dans l'ensemble, notre cinéma hexagonal se montre plutôt pingre en en termes d'effroi, de gore, voire de trémolos dans la voix. On pouvait donc légitimement se montrer dubitatif devant la sortie de Rubber, réalisé par la diligence de Quentin Dupieux en 2010.
Premier constat, Rubber n'est pas vraiment un film d'horreur dans la grande tradition du genre et louvoie entre le fantastique, l'épouvante, la comédie et le long-métrage ésotérique, voire expérimental.

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En l'occurrence, le cinéma hexagonal s'est toujours montré parcimonieux en termes de longs-métrages amphigouriques, même s'il existe évidemment quelques exceptions notables et éventuellement notoires. Indubitablement, Rubber s'imbrique dans cette dernière catégorie. A la fois cinéaste, scénariste et artiste de musique électronique, Quentin Dupieux est un iconoclaste. Sa carrière cinématographique débute vers l'orée des années 2000 via Nonfilm (2001). A postériori, il enchaînera avec Steak (2007), Wrong (2012), Wrong-Cops (2013), Réalité (2014), Au poste ! (2018), Le Daim (2019) et Mandibules (2020). Certes, Rubber ne bénéficiera pas d'une promotion luxuriante et pour cause... Puisque le film suit les tribulations d'un pneu de voiture !
C'est même l'oriflamme du film ! Une affiche plutôt gonflée par ailleurs... (Oui, je sais...).

Inutile de préciser que Rubber ne se soldera pas par des scores pharaoniques lors de son exploitation (élusive) dans les salles obscures. A contrario, le long-métrage est unanimement encensé et même adoubé par une presse panégyriste. Pour certains laudateurs de Quentin Dupieux, Rubber constituerait carrément le long-métrage le plus éloquent du réalisateur, en tout cas le plus sarcastique et le plus irrévérencieux. Mieux, Rubber s'arrogera plusieurs récompenses, notamment le Grand Prix à la Semaine du cinéma fantastique de Nice (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rubber). 
Reste à savoir si Rubber mérite - ou non - de telles courtisaneries. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... 
La distribution du film se compose de Roxanne Mesquida, Haley Ramm, Stephen Spinella, Thomas F. Duffy, Jack Plotnick, Wings Hauser, Daniel Quinn, Devin Brochu, Remy Thorne, Courtenay Taylor, James Parks et Blake Robbins.

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Attention, SPOILERS ! (1) Une voiture s’avance dans le désert brûlant. Elle s’immobilise, le coffre s’ouvre, un type en sort. Il débite un monologue face caméra, puis repart. De l’autre côté, une bande de spectateurs venus on ne sait d’où. Munis de jumelles, ils sont venus assister à un spectacle, mais de quoi s’agit-il exactement ? Au loin, quelque chose bouge : un pneu, semble-t-il, qui démarre sa route et fait exploser tout ce qu’il trouve : des objets, des animaux, et puis des gens. Une jeune fille passe en décapotable. Notre pneu est amoureux : gare à ceux qui se mettront sur son chemin… (1) (2) Se constitue donc une double intrigue, à la fois celle autour du pneu, et celle autour des spectateurs du pneu (2). Les comédiens cherchent notamment àéliminer leurs spectateurs dans le but de mettre fin à leur travail d'acteurs. A l"aune de cette exégèse, pas besoin d'être clairvoyant ni extralucide pour comprendre que Quentin Dupieux navigue en "roue libre", finalement à l'instar de sa star prédominante, un pneu (gentiment baptisé"Robert" dans le casting du film... Véridique !).

Que faut-il comprendre à travers les pérégrinations de ce pneu malhabilement activé par des trucages mécaniques ? Réponse : pas grand-chose ou alors peu ou prou... Si ce n'est que Quentin Dupieux s'émancipe orgueilleusement d'un cinéma fastidieux, à la fois régenté par l'oisiveté et l'appât du gain. Mutin, Quentin Dupieux refuse obstinément de se laisser guider par la doxa dominante ou de verser dans productions aseptisées et curieusement analogues. Rubber se gausse impérialement de ce cinéma hollywoodien, mais également de ce cinéma français qui s'est laissé dévoyer par la routine et sa série de poncifs habituels. C'est probablement pour cette raison que Rubber s'apparente à un road movie qui bifurque un peu (beaucoup...) dans toutes les directions, à la fois dans l'horreur, la comédie, le fantastique et surtout l'expérimentation (bis repetita).

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Désormais, Quentin Dupieux obliquera vers bon lui semble. Tel semble être le principal leitmotiv de Rubber. L'artiste avait déjàémis ce genre de spéculation dans Steak (déjà susmentionné dans ces lignes...), une comédie qui n'avait pas spécialement laissé des réminiscences impérissables. Avec Rubber, Quentin Dupieux doit également composer avec un budget impécunieux. Pas de stars voluptuaires ni d'effets spéciaux foisonnants et rutilants. Rubber s'achemine définitivement sur ce chemin de liberté et d'outrecuidance, tout en essaimant un scénario alambiqué. Un oxymore... Quentin Dupieux filme les pérégrinations de son pneu avec beaucoup de méticulosité et de componction.
Indiscutablement, Rubber est un film ineffable auquel toute tentative d'explication rationnelle semble vouée à l'échec. C'est même préambule du film.

Un homme anonyme fait face à la caméra et entonne l'homélie suivante : "Il n'y a aucune raison, ni aucune explication". Pour le spectateur désabusé, il faudra donc se contenter de vaches maigres. Avec Rubber, Quentin Dupieux peut au moins s'enorgueillir de revisiter à sa manière la série télévisée La Quatrième Dimension. Un objet (en l'occurrence, un pneu) prend vie, s'énamoure d'une jolie brunette, sème la zizanie autour de lui et explose les faciès de ceux qui ont le malheur de croiser son chemin. 
Malencontreusement, Rubber n'est pas exempt de tout grief. Dans l'ensemble, l'action reste assez redondante, voire tautologique. En outre, Quentin Dupieux aurait été bien avisé d'opter pour un format court-métrage (au mieux moyen-métrage). Mais, pour le reste, Rubber reste un film ineffable et indiscernable, finalement à l'instar de son auteur thaumaturge. On gardera donc un oeil avisé sur Quentin Dupieux...

 

Note : 13.5/20

(1) Synopsis du film sur : https://www.critikat.com/actualite-cine/critique/rubber/

sparklehorse2 Alice In Oliver


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