Genre : drame, érotique (interdit aux - 12 ans)
Année : 1995
Durée : 2h11
Synopsis : Sans famille, sans amis et sans argent, Nomi Malone débarque à Las Vegas pour réaliser son rêve : devenir danseuse. A peine arrivée, elle se fait voler sa valise par l'homme qui l'a prise en stop. Perdue dans la ville, Nomi doit son salut à Molly Abrams, costumière au « Cheetah », un cabaret réputé de la ville. Molly lui trouve un job de stripteaseuse dans une boîte où elle fait elle-même quelques extras. Cristal Connors, la vedette du « Cheetah », très attirée par Nomi, la fait engager dans son show où elle gravit rapidement les échelons. Dans les coulisses impitoyables de Vegas, Nomi devient très vite une rivale gênante.
La critique :
La carrière cinématographique de Paul Verhoeven se segmente en trois grandes périodes : une première phase hollandaise (son pays natal), son exil aux Etats-Unis et son retour en Europe. Artiste visionnaire et protéiforme, Paul Verhoeven est marqué, dès l'enfance, par le trauma de la Seconde Guerre mondiale. Certes, à la fin de la guerre, Paul Verhoeven n'est qu'un jeune bambin de sept ans, mais cette hégémonie germanique laisse sur la Hollande des excoriations indélébiles. Que soit. Paul Verhoeven manifeste déjà des prédispositions artistiques, notamment pour la peinture, en particulier pour le surréalisme. Corrélativement, Paul Verhoeven se passionne également pour le noble Septième Art et commence à réaliser plusieurs courts-métrages. Un lézard de trop (1970), Rien de particulier (1961), De Lifters (1962), La Fête (1963), L'infanterie de marines (1965) et Le Lutteur (1970) corroborent sa dilection pour le cinéma.
Parallèlement, Paul Verhoeven travaille pour le monde de la télévision. C'est lors du tournage de la série Floris (1969) qu'il s'accointe et s'acoquine avec l'acteur Rutger Hauer. Déjà, à l'époque, le cinéaste est repéré par plusieurs producteurs. C'est dans ce contexte qu'il signe son tout premier long-métrage, Business is Business (1971). Paul Verhoeven enchaîne alors avec Turkish Délices (1973) et Katie Tippel (1975). Avec ses deux nouveaux films, le cinéaste confirme son engouement pour la nouvelle vague, ainsi que cette effervescence pour le cinéma d'Ingmar Bergman.
Soldier of Orange (1977) sera son premier succès international. Spetters (1980), Le Quatrième Homme (1983) et La Chair et le Sang (1985) clôturent cette première phase hollandaise. Entre temps, le talent de Paul Verhoeven est repéré par Steven Spielberg.
Ce dernier admire et encense un film comme Soldier of Orange. C'est par l'entremise de Steven Spielberg que Paul Verhoeven s'introduit dans le sérail hollywoodien. Son premier film américain s'intitule RoboCop (1988). Pour le réalisateur tempétueux, le tournage du film est un véritable calvaire. En cas d'échec et de rebuffade commerciale, Paul Verhoeven repartira aussitôt dans son pays d'origine. Pourtant, nonobstant des dépassements de délai et de budget imparti, RoboCop (1988) se solde par un succès pharaonique dans les salles. A raison, Paul Verhoeven jubile. L'aventure américaine peut se poursuivre sous les meilleurs auspices. Total Recall (1990), Basic Instinct (1992), Showgirls (1995) et Starship Troopers (1997) ne connaîtront pas forcément les mêmes sortilèges...
Surtout les deux derniers films susmentionnés. Certes, Starship Troopers s'arrogera le statut de film culte au fil des années, mais au moment de sa sortie, le long-métrage est unanimement tancé et anathématisé par des critiques ulcérées.
Que dire alors de Showgirls, soit le film qui nous intéresse aujourd'hui, et qui adopte un ton à la fois parodique et sarcastique ? Non seulement, le film est un fiasco commercial, mais il déclenche les foudres et les anathèmes de la presse spécialisée. A l'origine, le scénario de Showgirls est griffonné juste après le succès faramineux de Basic Instinct. Paul Verhoeven souhaite réaliser une oeuvre dans le sillage et le continuum de Flashdance (Adrian Lyne, 1983), avec davantage d'âcreté et d'irrévérence. Pendant longtemps, Paul Verhoeven auditionnera plusieurs actrices (notamment Denise Richards, Angelina Jolie, Charlize Theron et même Pamela Anderson) pour incarner Nomi Malone, l'héroïne du film. Toutefois, après de nombreux louvoiements et atermoiements, Paul Verhoeven oblique vers Elizabeth Berkley, une quasi inconnue dans le sérail hollywoodien.
Certes, l'actrice a déjàété entrevue dans la série Sauvés par le gong (1989 - 1993), mais à l'époque, personne ne gage sur cette comédienne. Personne... Sauf Paul Verhoeven. Showgirls doit dévoiler le talent de l'actrice sur la scène internationale. Il sera son tombeau, un peu à l'instar d'une Maria Schneider avec Le Dernier Tango à Paris (Bernardo Bertolucci, 1972). Pour Elizabeth Berkley, Showgirls sera son dernier tango à Las Vegas. Triste constat, d'autant plus que l'actrice sera beaucoup plus discrète par la suite, ne tournant plus que dans des productions subsidiaires, et qui plus est dans des rôles subalternes. Pis, la presse se déchaîne à la fois sur le film et la comédienne.
Showgirls est nominé aux Razzie Awards dans 13 catégories, dont ceux du pire film, du pire scénario et hélas de la pire actrice pour Elizabeth Berkley (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Showgirls).
Reste à savoir si Showgirls mérite - ou non - de telles réprobations. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... Hormis Elizabeth Berkley, la distribution du film se compose de Kyle MacLachlan, Gina Gershon, Robert Davi, Glenn Plummer, Alan Richins, Gina Ravera, Lin Tucci, Greg Travis, Al Ruscio, Patrick Bristow et William Shockley. Attention, SPOILERS ! Sans famille, sans amis et sans argent, Nomi Malone débarque à Las Vegas pour réaliser son rêve : devenir danseuse. A peine arrivée, elle se fait voler sa valise par l'homme qui l'a prise en stop. Perdue dans la ville, Nomi doit son salut à Molly Abrams, costumière au « Cheetah », un cabaret réputé de la ville.
Molly lui trouve un job de stripteaseuse dans une boîte où elle fait elle-même quelques extras. Cristal Connors, la vedette du « Cheetah », très attirée par Nomi, la fait engager dans son show où elle gravit rapidement les échelons. Dans les coulisses impitoyables de Vegas, Nomi devient très vite une rivale gênante.
Avant de sortir Showgirls, Paul Verhoeven est au zénith de sa carrière, surtout après les succès concomitants de RoboCop, Total Recall et Basic Instinct. Curieux oxymore que celui de Showgirls. Autrefois vilipendé, le long-métrage est aujourd'hui adoubé et fait même office de film culte. A l'époque, Showgirls déclenche le scandale et la polémique, non pas pour sa dénonciation d'un système lucratif et mercantiliste, mais essentiellement pour ses scènes érotiques. Rien de plus si ce n'est un déchaînement excessif et injustifié. Non, Showgirls n'est pas cette catastrophe cinématographique décriée par des fustigateurs effarouchés.
En outre, c'est un certain Quentin Tarantino qui réhabilite le film. Mieux, l'artiste polymathique évoque l'un des meilleurs films américains de la décennie 1990.
Oui, à l'instar de RoboCop en son temps, Showgirls est une satire d'un milieu essentiellement composé de renégats, de sycophantes et de personnages disparates, voués par ailleurs à disparaître et à péricliter sous le diktat de la compétition forcenée. Sur le fond comme sur la forme, Showgirls s'approxime à un long-métrage profondément misanthrope, une sorte d'allégorie sur la nature humaine. Pourtant, au détour de toutes ces jalousies et de ces félonies, Showgirls est aussi - à contrario - un film profondément humaniste. Encore un curieux paradoxe... Showgirls décrit un univers essentiellement féminin, à la fois régi par les fourberies, la gloire et inévitablement le déclin.
Indiscutablement, Showgirls dégage un vrai côté"Sadien". Ce sadisme est symbolisé par la ville de Las Vegas, une cité tentaculaire et nimbée par le jeu et autres priapismes de circonstance. C'est dans ce monde de sauvageons que la belle Nomi Malone devra se départir et se colleter. Indubitablement, la jolie Elizabeth Berkley ne méritait pas un tel acharnement médiatique. Certes, Showgirls n'est pas exempt de tout grief et n'élude pas certains archétypes habituels. Le long-métrage de Paul Verhoeven aurait probablement gagné en sobriété en écourtant les animosités de vingt bonnes minutes. Showgirls est à l'image de l'univers polymorphe qu'il décrit et sermonne, un univers en perpétuelle mutation.
A défaut de réaliser un long-métrage incontournable, Paul Verhoeven signe un drame parfois poignant, très esthétisé pour l'occasion. Même s'il reste largement perfectible, Showgirls ne méritait pas de telles acrimonies.
Note :13/20
Alice In Oliver