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Thirteen (Les vicissitudes de l'adolescence)

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thirteen

Genre : drame
Année : 2003
Durée : 1h35

Synopsis : Après avoir vu Evie et ses copines se "servir" froidement dans une boutique de mode, Tracy vole un sac à main richement garni. L'argent dérobé lui sert de viatique : il n'en faut pas plus que cela pour intégrer la bande, et après quelques plans fringues, Tracy devient la nouvelle protégée d'Evie. Avec les encouragements de son inséparable "mentor", relookée, tatouée, la langue et le nombril percés, Tracy découvre très vite les clés de la popularité et l'art de plaire aux garçons. Constatant chez Tracy les signes de plus en plus nombreux d'une dérive accélérée, Melanie finit pourtant par s'inquiéter et décide vaille que vaille de reprendre sa fille en main. Trop tard peut-être... 

La critique :

Nombreux sont les longs-métrages à avoir abordé les vicissitudes de l'adolescence. Souvent, ces drames (parfois des comédies, voire des comédies dramatiques) brossent le portrait de jeunes éphèbes en déliquescence. Dans ce registre, la réalisatrice, Sofia Coppola, excelle. Un premier film, Virgin Suicides (2000) et un premier chef d'oeuvre. Hélas, l'artiste orfèvre ne réitérera pas de telles prouesses à posteriori. Gus Van Sant adoptera un regard encore plus inique et radical avec Elephant (2003), un drame qui relate un fait divers bien réel, à savoir "la fusillade de l'école secondaire de Columbine de 1999, au cours de laquelle douze étudiants et un professeur ont été abattus par deux adolescents" (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Elephant_(film).
Puis, avec Mysterious Skin (2005), Gregg Araki traite de la pédophilie, un sujet toujours spinescent... Et pour cause...

Dans le film Le Cercle des Poètes Disparus (Peter Weir, 1988), ce sont de jeunes jouvenceaux, épris d'émancipation et de béatitude, qui doivent se colleter avec une autorité revêche et irréfragable, au grand dam de leur professeur de poésie. Evidemment, il serait parfaitement futile et fastidieux de relater tous les longs-métrages qui relatent les travers de l'adolescence. Toujours est-il que cette période, entre autres marquée par la révolte et la dissidence, continue d'inspirer le noble Septième Art. Preuve en est avec Thirteen, réalisé par la diligence de Catherin Hardwicke en 2003.
Oui, je sais ce que vous devez probablement gloser, ergoter et pontifier. Que vient "foutre" un "girl movie" dans les colonnes éparses de Cinéma Choc ? A fortiori, rien du tout... Sauf que Thirteen a écopé d'une interdiction aux moins de 16 ans lors de sa sortie en salles.

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Autant l'annoncer sans ambages. Une telle réprobation paraît plutôt (totalement ?) usurpée. Quant à Catherine Hardwicke, la réalisatrice fait désormais partie des parangons du cinéma hollywoodien. A la fois cinéaste, scénariste et cheffe de décor américaine, l'artiste démiurgique étudie le cinéma et la télévision dans une université prestigieuse. Catherine Hardwicke officie, de prime d'abord, en tant que chef décoratrice et supervise les tournages de films tels que Vanilla Sky (Cameron Crowe, 2001), Mad City (Costa-Gavras, 1997), Tank Girl (Rachel Talalay, 1995), The Newton Boys (Richard Linklater, 1998), Antitrust (Peter Howitt, 2001), Deux Jours à Los Angeles (John Herzfeld, 1996), Tombstone (George Pan Cosmatos, 1993) ou encore Les Rois du Désert (David O'Russell, 1996). 
En l'occurrence, Thirteen constitue sa toute première réalisation.

Toutefois, à l'époque, Catherine Hardwicke n'est pas vraiment une noviciat, loin de là... A posteriori, elle enchaînera avec Les Seigneurs de Dogtown (2005), La Nativité (2006), Twilight - Chapitre I : Fascination (2008), Le Chaperon Rouge (2011), Plush (2013), Ma meilleure amie (2015) et Miss Bala (2019). En outre, c'est la sortie de Twilight - Chapitre 1 : Fascination qui la fera accéder à une certaine notoriété. A l'origine, le scénario de Thirteen est autobiographique et s'inspire de l'adolescence de Nikki Reed, également actrice du film.
On peut légitimement invoquer une histoire vraie qui, par ailleurs, désarçonnera les esprits les plus pudibonds ; notamment pour son discours brut de décoffrage et surtout parce que le métrage aborde - sans fard - les thématiques de l'accoutumance, du désespoir et de la résipiscence.

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Paradoxalement, Thirteen s'arroge toute une pléthore de récompenses, notamment le Prix de la mise en scène (festival de Sundance), le Léopard d'argent (festival de Locarno), ou encore le Prix du jury lors du festival de Deauville (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Thirteen_(film)Reste à savoir si ce drame mérite - ou non - de tels satisfécits. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Hormis Nikki Reed (déjà susdénommée dans nos paragraphes), la distribution du film se compose d'Evan Rachel Wood, Holly Hunter, Jeremy Sisto, Brady Corbet, D.W. Moffett, Kip Pardue, Deborah Kara Unger, Sarah Clarke et Vanessa Hudgens. Attention, SPOILERS ! 
Après avoir vu Evie et ses copines se "servir" froidement dans une boutique de mode, Tracy vole un sac à main richement garni.

L'argent dérobé lui sert de viatique : il n'en faut pas plus que cela pour intégrer la bande, et après quelques plans fringues, Tracy devient la nouvelle protégée d'Evie. Avec les encouragements de son inséparable "mentor", relookée, tatouée, la langue et le nombril percés, Tracy découvre très vite les clés de la popularité et l'art de plaire aux garçons. Constatant chez Tracy les signes de plus en plus nombreux d'une dérive accélérée, Melanie finit pourtant par s'inquiéter et décide vaille que vaille de reprendre sa fille en main. Trop tard peut-être...
A l'aune de cette exégèse, l'interdiction aux moins de 16 ans est - au mieux - incompréhensible. Toutefois, on peut comprendre les circonspections, voire les admonestations autour du film. Catherine Hardwicke ne réalise pas un "girl movie" dans la grande tradition du genre. 

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La réalisatrice porte un regard contristé sur une Amérique qui se délite, emportant avec elle la plèbe, et plus précisément cette middle class américaine. C'est toute l'intelligence de ThirteenCe drame, nimbé par l'insurrection juvénile, n'est pas seulement un film sur une adolescence en déperdition. A travers les pérégrinations de ses deux héroïnes principales (Tracy et Evie), Thirteen observe également le désarroi parental. C'est donc la faillite du patriarcat qui transparaît en filigrane. La figure paternelle a démissionné du domicile et les autres figures masculines ne sont plus que de vulgaires cacochymes. On pourrait presque évoquer un drame misanthrope.
Certes, Catherine Hardwicke fait preuve de bienveillance et de sollicitude à travers les différents portraits de ses protagonistes. Hélas, cette galerie de pantomimes paraît désarçonnée, pour ne pas dire désenchanté... Finalement à l'instar de la mère de Tracy (Melanie, interprétée par Holly Hunter). 
Elle aussi est nimbée par une vie chaotique et surtout par une relation tumultueuse avec sa propre fille. Vous l'avez donc compris, probablement supputé. Sous ses faux airs de "girl movie", Thirteen est beaucoup plus nébuleux qu'il n'y paraît. Seul petit bémol, dommage que le long-métrage se conclut de façon aussi abrupte, ne proposant aucune alternative vers l'avenir ou des cieux plus cléments. Que soit. A ce jour, Thirteen reste bel et bien le meilleur film de Catherine Hardwicke.

Note : 15/20

 

sparklehorse2 Alice In Oliver


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