Genre : science-fiction
Année : 1964
Durée : 1h43
Synopsis : Pensant être les premiers hommes à poser un pied sur la Lune, une expédition américaine atterrit en 1964 sur le satellite. Les astronautes y découvrent un drapeau anglais et un message relatant une précédente venue d'hommes des dizaines d'années auparavant. Intriguée, l'ONU ouvre une enquête qui débouche chez un vieil homme de l'époque victorienne, Arnold Bedford, interné en maison de retraite, qui leur raconte son aventure.
La critique :
Au fil des années, le nom de Nathan Juran, réalisateur, scénariste et directeur artistique américain, s'est rapidement imposé parmi les honnêtes artisans du cinéma bis. La carrière du cinéaste débute dès les prémisses dès années 1940. Dans un premier temps, Nathan Juran réalise plusieurs westerns notoires, Tulsa (1949), Une Balle dans le Dos (1949) et Quand la poudre parle (1953), qui rencontrent leur public dans les salles obscures.
Mais Nathan Juran voue également une fascination pour le cinéma fantastique et de science-fiction, comme l'attestent les sorties de La légende L'Epée Magique (1953), Jack le tueur de géants (1962), A des millions de kilomètres de la Terre (1957), L'Attaque de la femme de 50 Pieds (1958) et Le Septième Voyage de Sinbad (1958).
Vient également s'ajouter Les Premiers Hommes dans la Lune, sorti en 1964. A l'origine, le film est la seconde adaptation d'une nouvelle de H.G. Wells, la première (First Men In The Moon de Bruce Gordon et J.L.V. Leigh) datant de 1919. En ce sens, on pourrait donc parler d'un remake. Au milieu des années 1960, Neil Armstrong et ses compagnons de fortune n'ont pas encore effectué leurs premiers pas sur l'astre lunaire. A l'époque, les Etats-Unis et la Russie se mènent une bataille spatiale, technologique et cosmologique pour savoir qui atteindra en premier le sol sélénite.
La suite, vous la connaissez. Mais la guerre froide ne se traduit pas seulement par la menace nucléaire et atomique. Elle a déjà lieu dans notre vide intersidéral, celui régi par les mouvements des planètes et des satellites.
Toutefois, peu ou prou de velléités martiales ni de consonance belliqueuse dans Les Premiers Hommes dans la Lune sous l'égide de Nathan Juran. En outre, le cinéaste fait fi de tout contexte politique et/ou idéologique au profit d'une pellicule soignée mais d'une grande ingénuité. De facto, le film de Nathan Juran s'apparente davantage à un hommage appuyéà Le Voyage dans la Lune (George Méliès, 1902). La distribution du long-métrage réunit Edward Judd, Martha Hyer, Lionel Jeffries, Miles Malleson et Norman Bird. Attention, SPOILERS ! Pensant être les premiers hommes à poser un pied sur la Lune, une expédition américaine atterrit en 1964 sur le satellite.
Les astronautes y découvrent un drapeau anglais et un message relatant une précédente venue d'hommes des dizaines d'années auparavant.
Intriguée, l'ONU ouvre une enquête qui débouche chez un vieil homme de l'époque victorienne, Arnold Bedford, interné en maison de retraite, qui leur raconte son aventure. Il est amusant de constater que le film de Nathan Juran annonce malgré lui le scénario de Capricorn One (Peter Hyams, 1977). Non, les Américains ne seraient pas les premiers à avoir foulé le sol de la Lune. Une thèse qui sera soutenue bien des années plus tard par les Russes. Pis, le périple lunaire de Neil Armstrong et Buzz Aldrin ne serait qu'un leurre et un simulacre, savamment orchestrés par la NASA.
Exempt ce petit cours d'histoire voire d'astronomie, Nathan Juran s'adjoint les services et l'érudition de Ray Harryhausen, celèbre pour avoir popularisé la technique de la stop-motion au cinéma.
La première partie du film se distingue par sa goguenardise. Ici, point de discours scientifique ou de longue homélie sur le voyage lunaire. Les futurs explorateurs de la Lune badinent sur le long périple qui les attend. Le long-métrage déploie enfin toute sa virtuosité lorsque le module se pose enfin sur le sol lunaire. Sur place, les astronautres découvrent un monde souterrain peuplé par des sortes d'insectes qui vivent dans la pénombre et à l'abri des radiations mortelles du Soleil.
Plutôt fidèle à l'opuscule original, Les Premiers Hommes dans la Lune surprend par la richesse et la somptuosité de ses décors. Un grand soin a été apportéà la confection des décors et à l'animation des différents extraterrestres. D'une certaine façon, cette vie alien et souterraine n'est pas sans évoquer nos fourmilières terrestres.
Ainsi, certains Sélénites sont voués aux travaux pénibles pendant que leurs supérieurs ratiocinent et essaient de communiquer avec leurs convives humains. Si la stop-motion reste la principale technique utilisée, Nathan Juran fait parfois appel à de vrais acteurs pour endosser des costumes d'insectes. De ce fait, le film se transmute rapidement en pellicule entomologique. Pour nos chers insectes, l'homme est perçu comme un futur colonisateur. La Lune pourrait ainsi devenir un futur empirée terrestre dans les décennies ou les siècles à venir. Sur place, nos explorateur découvrent des galeries parsemées de glaces et de couleurs châtoyantes. A l'instar d'Hergé dans On A Marché sur la Lune, Nathan Juran hypostasie sur la présence d'eau sur nos astre lunaire. Le cinéaste joue les visionnaires et les techniciens avisés dans cette pellicule aussi candide qu'attachante. Tout d'abord réalisé en noir et blanc, le film bénéficiera par la suite de la colorisation. Hélas, le long-métrage se soldera par un bide commercial.
Pendant longtemps, Les Premiers Hommes dans la Lune sera tancé et répudié (injustement) par de nombreux contempteurs, puis se rachètera un regain de popularité au fil des années.
Note : 14.5/20