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Eat The School Girl - Osaka Telephone Club (Meurtres, viols... Satisfaction !)

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Genre : gore, trash, hardcore (interdit aux - 18 ans)
Année : 1997
Durée : 1h01

L'histoire : Deux jeunes apprentis yakuzas sont fortement dépendants à des genres de sexualité déviants et bien précis. L'un est accroc au téléphone rose tandis que le deuxième se déguise en femme et s'adonne à des rapports ultra violents. L'un d'eux est en proie à des visions subliminales où une jeune femme ailée lui ordonne de commettre des viols et des meurtres pour satisfaire ses plus bas instincts. 

La critique :

Ah là, mes amis, on tient du lourd ! Vous êtes régulièrement les témoins privilégiés de mes débordements cinématogaphiques nauséabonds. Donc, vous savez qu'avec moi, c'est no limit dans le mauvais goût, surtout quand celui-ci s'affiche complaisamment sur un écran. Vous voilà donc prévenus pour ce qui va suivre, c'est-à-dire une infâme pellicule japonaise dégoulinante par tous les orifices. Voici Eat the School Girl, un très "beau" spécimen de décadence trash comme seuls nos amis nippons savent en faire.
Clairement, le réalisateur Naoyoki Tomomatsu n'est pas venu là pour rigoler : vomi, déjections, urine, sperme... bref tous les fluides corporels sont à l'honneur dans ce métrage hyper trash mais affligeant de pauvreté artistique. A cette immoralité ostensiblemen étalée, nous ajouterons du gros gore qui tâche pour compléter le tableau. Eat the School Girl affiche donc en même temps que des situations très scabreuses, de la nuditéà profusion et des effets graphiques ultra violents, tandis que le scénario évolue sans complexe à la hauteur d'une cuvette de toilettes ; et que le niveau de compétence cinématographique du "réalisateur" flirte allègrement avec le zéro absolu.

Pourtant, il se dégage une sympathie inexplicable à l'égard de ce métrage. Il est à signaler que Naoyoki Tomomatsu livrera quelques années plus tard avec Stacy, un essai plus que correct, ce qui confirme que le cinéaste n'est pas totalement incompétent. En attendant, en 1997, il débute dans la réalisation et cela se voit. Si quelqu'un parmi vous a vu Eat The School Girl et y a compris quelque chose, qu'il n'hésite pas à me contacter d'urgence. En effet, nous sommes ici en présence d'un film au "scénario" complètement ubuesque, pour ne pas dire totalement idiot.
Attention, SPOILERS ! Tokyo, fin des années 1990. Deux jeunes hommes travaillent en sous main et exécutent les basses besognes d'un bande de yakuzas. Psychologiquement perturbés, l'un passe ses soirées pendu au téléphone rose et l'autre aime se travestir tout en agressant violemment ses conquêtes amoureuses. Le premier va faire la connaissance de l'hôtesse téléphonique qui hante ses nuits depuis des mois et qu'il idéalise.

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Celle-ci s'installe aussitôt chez lui. Mais l'esprit instable du jeune homme commence à défaillir. Et très vite, victime de fantasmes morbides, il ne distingue plus la réalité des visions cauchemardesques au cours desquelles la belle hôtesse se transforme en créature ailée et lui intime l'ordre de commettre des viols et des meurtres. Perdant complètement la raison, l'homme tue sa dulcinée au cours d'un dernier ébat. A son tour, il tombera sous les coups d'un rival et sera accueilli dans l'au-delà par la créature angélique qui a causé sa perte. Voilà, voilà... Vous n'avez rien compris ?
Rassurez-vous, c'est normal... Il est strictement impossible d'entrevoir la moindre bribe intelligible à la trame scénaristique de cet ovni made in Japan. Avouez que le récit est pour le moins tarabiscoté et qu'il y a de quoi se perdre en conjectures quant à une quelconque explication de l'histoire. Pourtant, au sens strictement cinématographique, Eat The School Girl s'apparente sans nul doute au genre pinku, c'est-à-dire la longue lignée des films érotiques nippons qui ont commencéà fleurir à la fin des années 1960.

Mais un pinku extrême, quasi expérimental, que Naoyoki Tomomatsu a fortement pimenté de gore et de déviances outrancières, accouchant ainsi d'une oeuvre hybride, ouvertement putassière. Car le réalisateur n'y va pas avec le dos de la cuillère pour choquer son audience. Petit florilège non exhaustif des hostilités : éjaculation sur des entrailles éviscérées, agression ultra violente d'une fille baignant dans son vomi, lavement anal (avec déversement excrémentiel abondant) après un viol collectif, sodomie au couteau de boucher et j'en passe... Si le film s'arrête juste à la limite de la luxure explicite et que les actes sexuels sont donc simulés, les situations n'en demeurent pas moins répugnantes.
Sur ce plan-là, les amateurs de trash seront certains de trouver leur bonheur. Avec Eat the School Girl, Naoyoki Tomomatsu entame une dérive pornographique dans laquelle il s'engagera par la suite jusqu'à la réalisation de Stacy en 2001. Et pourtant, cette oeuvre abracadabrantesque n'est pas dénuée d'un certain charme.

 

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Si le côté underground et fauché saute aux yeux, on ne peut nier une certain recherche visuelle de la part du réalisateur. Celui-ci semble vouloir perdre le spectateur en même temps que son personnage principal dans un trip hallucinatoire où l'on finit par ne plus distinguer la réalité de la fantasmagorie. Cet état de fait est accentué par un choix de jeu de lumières assez déroutant. En effet, le film oscille sans cesse entre des scènes tournées dans la quasi obscurité (celles de la vie réelle) et des scènes se déroulant sous des flashs aveuglants (celles qui reflètent les visions surnaturelles du "héros"). 
Dommage que le métrage se disperse en cours de route car le début est également prometteur, rappelant (toutes proportions gardées) certains passages épileptiques du cyber punk japonais, en particulier ceux de Rubber's Lover. Ca, c'était pour les rares bons points. Quant aux faiblesses, le film en est tellement truffé qu'il serait trop fastidieux d'en établir la liste. La plus rédhibitoire étant une interprétation d'une indigence patente, comme c'est souvent le cas dans les oeuvres japonaises de bas étage.

Une partie des acteurs surjoue à outrance et l'autre partie est aussi expressive qu'un bonze en pleine méditation. Bref, les interprètes sont unanimement et remarquablement mauvais. Il faudra aussi repasser pour trouver un quelconque message, une quelconque réflexion au propos du réalisateur. Comme je l'indiquais précédemment, Naoyoki Tomomatsu ne s'embarrasse guère de fioritures pour balancer un film bulldozer qui n'a d'autre but de choquer.
Par ce côté gratuit et provocateur, il se rapproche beaucoup d'un autre cinéaste nippon à scandale de cette époque, Tamakashi Anaru, responsable entre autres, du monstrueux Tumbling Doll of Flesh. Sans atteindre les sommets de ce dernier, Eat the School Girl pourra quand même se targuer d'écoeurer et de révulser un public non initié. Il faudra évidemment passer outre un scénario fantôme, un jeu d'acteurs déplorable et une litanie de défauts que l'on pourrait étaler jusqu'au mont Fuji. Si vous arrivez à surmonter ces obstacles, vous aurez le droit de déguster une bonne dose de trash durant 60 minutes de bobines... A défaut de manger l'écolière promise par un titre qui n'a rien à voir avec le film !

Côte :Nanar

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Halloween 2 - 2009 (Réunion de famille)

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Genre: horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année: 2009
Durée: 1h41

L'histoire : Michael Myers est un tueur psychopathe. Depuis ses dix ans, il croupit dans un asile psychiatrique. Devenu adulte, il n’a qu’une obsession : retrouver sa sœur Laurie. Échappé de l’asile, plus sauvage et terrifiant que jamais, Michael entame une traque jalonnée de cadavres

La critique :

En 2007, Rob Zombie tente un pari impossible : réaliser le remake d'Haloween, la Nuit des Masques, de John Carpenter en 1978. Suivant les instigations de l'intéressé, Rob Zombie décide de s'approprier le mythe et le personnage de Michael Myers. Il n'est pas question de réaliser un remake suranné et archaïque reprenant plan par plan le film original.
Inégal, Halloween (2007) est néanmoins pétri de bonnes intentions sans jamais retrouver la force et la fougue de son illustre modèle. Mais peu importe, Rob Zombie s'obstine et réalise une suite, donc Halloween 2, en 2009. Bien que le titre soit identique, ce second chapitre (le neuvième si on compte ses prédécesseurs...) ne partage aucune similitude avec le film homonyme de Rick Rosenthal.

Le précédent opus, réalisé par Rob Zombie, a connu un immense succès aux Etats-Unis. Peu après sa sortie, une suite est déjà envisagée. Dans un premier temps, les producteurs se tournent vers le duo français Julien Maury et Alexandre Bustillo. Mais Rob Zombie s'est engagé pour deux films. Le cinéaste est donc sommé de revenir à la saga Halloween. "Après le premier Halloween, j'étais sincère quand je disais que je ne comptais pas en faire un autre. Je ne voulais plus entendre parler de Michael Myers tellement le tournage m'avait consumé... Mais le temps passe et les choses reviennent à la normale. Après chaque tournée de concerts, c'est pareil, on jure qu'on ne recommencera pas".
Pourtant, Rob Zombie est de retour. En l'occurrence, le réalisateur souhaite ouvrir une nouvelle ère et se débarrasser du carcan d'une saga plutôt inégale et moribonde, incapable de se détacher de l'aura du premier film.

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La distribution d'Halloween 2 réunit Scout Taylor-Compton, Malcolm McDowell, Tyler Mane, Brad Dourif, Danielle Harris, Sheri Moon Zombie, Brea Grant, Angela Trimbur et Margot Kidder. A l'instar du précédent chapitre, Halloween 2 rencontre lui aussi des critiques mitigées de la part de la presse et de la critique cinéma. Mais clairement, Rob Zombie ne cherche pas à faire l'unanimité.
Attention, SPOILERS ! Un an après le massacre d'Halloween, alors que Laurie Strode est toujours traumatisée par sa rencontre avec son grand frère, la ville se prépare à de nouveau fêterHalloween. Michael Myers, plus sauvage que jamais après avoir survécu au cœur de la nature, est de retour chez lui, à Haddonfield, avec la ferme intention de régler une bonne fois pour toutes les affaires familiales qui avaient été laissées en suspens.

Le Docteur Loomis, quant à lui, refuse de croire que son ancien patient ait réussi à survivre. Michael Myers est ainsi prêt à tout pour que les secrets de son passé malsain soient définitivement enterrés, et le massacre peut reprendre de plus belle. Finalement, Halloween 2 version Rob Zombie est l'aboutissement de son prédécesseur. Il aura donc fallu deux chapitres au réalisateur pour cerner toute la complexité de son personnage principal et des protagonistes qui l'entourent.
Rob Zombie est enfin parvenu à s'approprier la saga ! Telle est la leçon à retenir de Halloween 2. Vous pouvez donc oublier les volets obsolètes du passé, le slasher de John Carpenter, ainsi que le remake de 2007. Trash, d'une violence inouïe, crade et volontairement impudent, Halloween 2 tient enfin les promesses annoncées.

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On tient le meilleur chapitre de la saga depuis... Halloween, la nuit des masques ! Enfin, Rob Zombie est devenu le réalisateur de cette nouvelle franchise. Il est le digne épigone de John Carpenter. Oui, Halloween 2 est clairement supérieur au remake de 2007. C'est presque une réussite totale. Pourtant, cette suite ne plaira pas à tout le monde, notamment par son scénario, à priori basique, mais qui révèle peu à peu toutes ses sinuosités tortueuses. Rob Zombie parvient enfin à imposer son croquemitaine psychopathe, Michael Myers, cette figure emblématique qui vient semer la mort et la terreur.
Chacune de ses apparitions se termine dans les effusions sanguinaires. Sur ce dernier point, le film se veut brut de décoffrage. Toutes les victimes de Michael Myers sont sauvagement assassinées.

Mais Halloween 2 ne se résume pas seulement à une succession de séquences peu ragoûtantes. Cette fois-ci, le scénario se focalise sur l'aspect psychologique, ce lien indéfectible et inextricable entre Michael Myers, sa mère décédée et sa soeur, Laurie Strode, encore traumatisée par les événements du premier volet. A travers plusieurs séquences oniriques, Rob Zombie nous transporte dans un périple fantasmatique, où il est question, entre autres, de réunion familiale.
La psychose et la folie latentes de Michael Myers sont plus que jamais liées au passé, à ce meurtre familial, qui l'unit à jamais à sa mère et sa soeur. Si on relève encore quelques séquences superflues (à l'image de ce cheval blanc qui traverse une prairie...), le film peut néanmoins s'appuyer sur une superbe photographie. Halloween 2 se démarque totalement des productions horrifiques actuelles avec une réalisation atypique et personnelle. Bref, il aura fallu presque quarante ans pour que la saga retrouve enfin ses lettres de noblesse !

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Q (Cécile et les garçons)

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Q

 

Genre: érotique, comédie dramatique 
Année: 2011
Durée: 1h47

L'histoire : A la mort de son père, Cécile 20 ans, quelque peu désemparée, cherche un réconfort auprès de ses amies. Ses amours, au hasard de rencontres, ont parfois un goût amer. Alice, incomprise par sa mère, rêve d’une grande histoire d’amour. Mais Matt, le garçon qu’elle voit en cachette, est plutôt volage. Virginie aime profondément son mari mais sa vie intime semble perturbée. Trois histoires et trois destins qui ne devaient pas se rejoindre.   

La critique :

Non, Emmanuelle n'est pas morte. En 1974, Sylvia Kristel, la susdite Emmanuelle, devient la nouvelle égérie de la libération sexuelle. Par la suite, de nombreux films érotiques se focaliseront sur ce désir féminin qui affiche enfin toute sa sensualité et vénusté au cinéma. Histoire d'O, Contes immoraux, Aphrodite ou encore Madame Claude trouveront leurs fans et leur public dans certaines salles indépendantes. A juste titre, l'érotisme des années 1970 semblait totalement périmé.
Pourtant, avec Q, réalisé par Laurent Bouhnik en 2011, le genre fait de nouveau son apparition. En outre, la jolie Déborah Révy remplace la belle Sylvia Kristel. A la seule différence qu'elle ne s'appelle pas Emmanuelle, mais Cécile. Toutefois, le concept reste peu ou prou le même, à savoir cette fascination pour le désir. Mais j'y reviendrai...

Au moment de sa sortie, Q suscite les quolibets et la polémique. En l'occurrence, il suscite surtout les fadaises et les billevesées de la presse en raison de sa médiocrité. Le "scandale" (vraiment un terme à guillemeter et à minorer) est surtout provoqué par l'affiche du film. On y voit une jeune femme nue seulement vêtue d'une cravate.
Son sexe, qui semble fasciner son nouvel énamouré, est caché par le slogan "censuré". Hormis ce menu détail, Q ne risque pas de rester très longtemps dans les annales (sans vouloir faire de mauvais épigrammes...). Certes, le film contient en effet plusieurs séquences non simulées et à caractère pornographique. Fellation, position du missionnaire, saphisme et levrette font partie des inimitiés. Pourtant ici, point d'interdiction aux moins de 18 ans. Q est "seulement" interdit aux moins de 16 ans.

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Par conséquent, le film ne peut être répertorié dans le genre pornographique. Ou alors, il faudrait parler d'un porno "soft", vraiment soft en l'occurrence. Le long-métrage s'apparente davantage à une comédie dramatique sur les thèmes rebattus (mais inépuisables) de l'amour et du désir. Le scénario de Q est à la fois basique et laconique. Attention, SPOILERS !
A la mort de son père, Cécile 20 ans, quelque peu désemparée, cherche un réconfort auprès de ses amies. Ses amours, au hasard de rencontres, ont parfois un goût amer. Alice, incomprise par sa mère, rêve d’une grande histoire d’amour. Mais Matt, le garçon qu’elle voit en cachette, est plutôt volage. Virginie aime profondément son mari mais sa vie intime semble perturbée. Trois histoires et trois destins qui ne devaient pas se rejoindre.

Certes, à l'instar de son affiche impudente, Q se veut lui aussi ambitieux et désinvolte. Hélas, le film ne parvient jamais à toucher sa cible. Encore faudrait-il savoir de quelle cible il s'agit... Car à la fin du film, il est difficile de comprendre les véritables intentions de Laurent Bouhnik. Mise en scène à la fois clinquante, "toc" et prétentieuse, Q explore à sa façon les relations entre les hommes et les femmes.
Visiblement, Laurent Bouhnik a au moins quarante ans de retard. La guerre des sexes est tarabiscotée à travers de nombreuses conversations oiseuses et byzantines. Clairement, on se contrefout de l'histoire de Cécile, interprétée par Déborah Révy, certes aussi charmante que ravissante. Hélas, l'actrice ne parvient jamais à transcender son personnage.

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Le film non plus. Au grand dam de l'actrice, le reste du casting ne fait pas beaucoup mieux. Le scénario se focalise sur plusieurs personnages en quête ou en manque de désir. Lorsque "Phallus" n'est plus "Fascinus". Tel est le propos de Q. Une dialectique vieille comme le monde avec tout un tas de vérités ancestrales et millénaires, ici galvaudées par des saynettes incohérentes, fuligineuses et amphigouriques.
A aucun moment, le personnage de Cécile ne parvient àémouvoir. Par conséquent, on se contrefout de ses aventures érotiques et de la fascination qu'elle exerce sur la belle Alice (Hélène Zimmer), nouvelle complice de l'intéressée. De surcroît, le long-métrage accumule tous les clichés du genre. La série télévisée Hélène et les garçons est de retour... Seule différence : Laurent Bouhnik a pimenté la sitcom de quelques séquences pornographiques. Ensuite, remplacez le prénom Hélène par celui de Cécile et vous obtenez peu ou prou les mêmes conversations.

Vous trouvez que j'exagère ? Sincèrement à peine tant Q tourne en rond sans parvenir à raconter une histoire. Ainsi, les situations les plus rocambolesques s'enchaînent sans aucune logique ni cohérence narrative. Les rapports hommes/femmes sont ici totalement minorés et galvaudés par des dialogues (encore une fois) convenus. Ici point de réflexion ni d'analyse sur cette alliance ou plutôt cette bataille entre masculinité et féminité, cette dissemblance entre les fantasmes du "Phallus" et les désirs de ce clitoris soucieux de séduire. En l'espace de plusieurs décennies, la sexualité a évolué.
La pornographie aussi. Pourtant, toutes ces évolutions sont étrangement euphémisées et oblitérées par ce long-métrage abscon et archaïque. Paradoxalement, Q est aussi le témoignage de son époque, une pellicule vide qui brille surtout par sa cuistrerie et son inanité.

Côte : Navet

sparklehorse2 Alice In Oliver

Femmes de Sade (Un roughie qui a la classe !)

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Genre : pornographique, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 1978
Durée : 1h25

L'histoire : Rocky DeSade, un quinquagénaire à la stature imposante, vient de purger sa peine de prison. Aussitôt sorti, il viole la petite amie de son co-détenu, libéré en même temps que lui. Sa dérive va alors le mener dans les quartiers chauds de San Francisco, où il va agresser plusieurs prostituées. Dans le sex shop tenu par Johnny, DeSade vole une invitation pour une soirée libertine costumée donnée par la haute société. Arrivé sur les lieux de l'orgie, plusieurs de ses victimes le reconnaissent et décident de se venger. 

La critique :

Aujourd'hui, je tiens à vous proposer l'avant dernière chronique consacrée aux roughies sur le blog. Inutile à présent de vous rappeler ce que représentaient, il y a quelques décennies, ces films pornographiques outrageants. On n'en finirait pas d'énumérer la litanie de leurs déviances extrêmes. L'article, fort commenté, de Water Power n'a fait que confirmer le pouvoir d'attraction hors du commun que ces oeuvres ignominieuses exercent encore de nos jours.
Toutefois, Femmes de Sade reste un cas à part dans cet univers de dépravation. Une erreur de casting en quelque sorte. Réalisé par Alex de Renzy, qui par la suite tournera les classiques X-comédies Baby Face et Pretty Peaches, ce film se démarque complètement du genre dans lequel il a été un peu trop vite catalogué. Autant les vrais roughies affichaient un flagrant manque de moyens, des mises en scène à l'emporte pièces et sentaient à plein neez l'underground fauché, autant avec Femmes de Sade, on a droit à un véritable film et des "prestations haut de gamme".é

Non pas que le scénario brille par son originalité débordante (il ne faut pas abuser tout de même !) mais plutôt à cause de crédits mis en oeuvre par la production au service du scénario concocté par Alex de Renzy. On voit que le réalisateur a disposé d'un budget largement supérieur à la moyenne et pour un peu, on se croirait revenu quelques années en arrière, à l'époque du porno chic. Mais n'exagérons rien tout de même. Si Femmes de Sade a été répertorié en tant que roughie, c'est bien qu'il y a une raison.
Trois raisons plus exactement, à savoir trois scènes puissamment hardcore (sur lesquelles je reviendrai), que l'on ne risque pas de retrouver sur un X ordinaire, si tant est que cela existe. Les moyens ont été mis notamment sur le nombre d'acteurs (plus d'une quarantaine) et les costumes magnifiques de la scène finale. Quant au titre, mensonger à souhait, il reflète bien mal le thème du film et n'a que peu de chose à voir (si ce n'est le nom du personnage principal) avec le divin marquis. Le seul et véritable roughie "sadien", celui qui en utilise tous les codes, date de 1975 et s'appelle Defiance of Good.

Mais cela est une autre histoire. Attention, SPOILERS ! Arrivé au terme de sa peine, Rocky De Sade, un colosse quinquagénaire, sort d'une prison californienne. En même temps que lui, son co-détenu retrouve à la fois la liberté et sa petite amie qui l'attend dans une décapotable rutilante. DeSade s'invite de force et monte dans le véhicule du couple. Mais les deux jeunes amoureux sont tellement heureux de se retrouver qu'ils décident de s'accorder une pause caline dans un petit chalet en forêt.
Commençant à trouver le temps long à picoler des bières, DeSade débarque tandis que les tourtereaux sont en pleine action. Il assome le jeune homme et viole brutalement sa fiancée. Puis, sa dérive le conduit dans les rues de North Beach Sex District, le quartier très chaud de San Francisco. Là, errant sur le trottoir au milieu des sex shops et des peep show, il rencontre une jeune prostituée dont il va abuser au cours d'un coït absolument incroyable. L'histoire délaisse alors quelques temps notre géant mal embouché pour s'intéresser à Johnny, le propriétaire d'un sex shop et à sa petite amie, Joyce.

Celle-ci, prostituée occasionnelle, fréquente quelques copines frivoles qu'elle ramène au magasin de Johnny pour tailler le bout de gras, le soir après le "travail". Ce coquin de Johnny laisse alors son esprit vagabonder en rêvant à des situations très érotiques qui le mettraient en scène avec ces jeunes femmes. Un soir, son ami Tony lui remet un paquet d'invitations pour une soirée libertine costumée, organisée prochainement. DeSade fait alors irruption dans le magasin, arrache une invitation des mains de Johnny puis décampe sans demander son compte. Au hasard d'un boulevard, DeSade croise Joyce qui tapinait gentiment.
Il lui propose alors cent dollars pour une passe. Mais le brutal géant va s'appliquer à humilier la pauvre fille au cours d'un jeu sadomasochiste dégradant, sans oublier de la passer sévèrement à tabac. Peu après, arrive le soir de la grande réception où tous les notables libertins de la région se sont donnés rendez-vous. Dans cette orgie festive et psychédélique, DeSade pense passer inaperçu par son déguisement. Mais son imposante stature va vite le trahir.

Reconnus par plusieurs de ses anciennes victimes, il sera enchaîné et outragé avant de périr par asphyxie tandis que la foule chantera et dansera autour de sa dépouille. Femmes de Sade est une oeuvre pornographique de qualité. La photographie est belle, la musique funky entraînante et le montage tout à fait incohérent. On ne peut certes pas crier au génie sur la mise en scène, mais celle-ci a le mérite d'être en totale conformité avec l'objectif premier du film : montrer des corps dénudés en action sans pour autant proposer un vieil étalage de viande, comme c'est trop souvent le cas dans la pornographie.
Ici, le spectateur suit une véritable histoire, parsemée bien sûr de violentes transgressions, mais il n'est pas sans cesse matraqué par une succession ininterrompue de séquences sexuelles. La scène finale, qui ne dure pas moins d'une demi-heure, constitue sans conteste le point culminant du film. Nous avons droit à une somptueuse orgie filmée avec distanciation et jamais agressive visuellement. Les costumes sont superbes et les femmes sont fort jolies, ce qui ne gâche rien.

J'en viens à présent aux fameuses scènes qui ont fait la réputation du film. La première est une auto-fellation que se pratique Ken Turner alias Rocky DeSade. Ce pervers, expert de souplesse, a été réédité bien plus récemment dans Shortbus de John Cameron Mitchell. Les deux suivants interviennent durant la partouze géante. On y voit un dogue allemand surgir dans la pièce principale pour aller lécher goulûment l'entre cuisses d'une des participantes. Quant à la dernière, ele met aux prises DeSade allongé et prisonnier de chaînes, que trois jeunes femmes vont ridiculiser en lui urinant dessus toutes en même temps, avant qu'une autre ne vienne "parachever le travail" en déféquant sur le satyre.
Bref, trois jolis moments de décadence à qui le film doit grandement sa célébrité. Loin des standards ultra formatés de la pornographie actuelle, Femmes de Sade offre un spectacle réellement très agréable. Bien éloignéégalement de l'univers glauque et violent des roughies underground, le film d'Alex Renzy a acquis au fil du temps une patine très chic qui lui fait mériter entièrement son statut de classique du X.

Note :15.5/20

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De Bon Matin (Quand capitalisme rime avec cynisme)

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Genre : Drame (interdit aux -12 ans)

Année : 2011

Durée : 1h31

 

L'histoire : Lundi matin, Paul Wertret se rend à son travail, à la banque où il est chargé d’affaires. Il arrive, comme à son habitude, à huit heures précises, sort un revolver et abat deux de ses supérieurs. Puis il s’enferme dans son bureau. Dans l’attente des forces de l’ordre, cet homme, jusque là sans histoire, revoit des pans de sa vie et les événements qui l’ont conduit à commettre son acte…

 

La critique : 

Cela fait un bon bout de temps que je ne me suis plus atteléà de nouvelles critiques de films en tout genre (je ne suis après tout qu'un pauvre étudiant surmené par le travail..), mais me revoilà aujourd'hui pour une nouvelle critique d'un film qui est passé inaperçu malgré une sortie plutôt récente. Film plutôt polémique et qui nous vient de la douce France perdue depuis un paquet de temps dans la création de films génériques, insipides, témoins de l'époque de la Nouvelle Vague, mais en beaucoup moins bien.
Attention, je ne cherche pas à descendre gratuitement le cinéma français mais on est forcé de dire qu'il a perdu de sa superbe depuis un bout de temps, s'engouffrant dans des comédies populaires absolument ridicules, des comédies dramatiques soporifiques et de tranches de vie dont on se fout royalement. Bien évidemment, on tombe chaque année sur de nouvelles pépites mais on éprouve quand même un sentiment de déception et de nostalgie à l'époque du cinéma de De Funès, Truffaut ou Carné. 

Une de ces nouvelles pépites est justement ce film que je vais vous chroniquer ici : De Bon Matin. Et des films français polémiques et récents, il n'y en a pas beaucoup. Remercions donc Jean-Marc Moutout pour nous apporter un vent de fraicheur sortant des carcans habituels que je viens de dire précédemment. Je pourrais encore développer longtemps sur les causes du déclin du cinéma français mais je ne tiens pas à vous endormir. Donc commençons sans plus attendre.
ATTENTION SPOILERS : Paul Wertret est un employé comme les autres dans une banque comme les autres et mène une vie paisible en compagnie de sa famille. Malheureusement le quotidien de cette famille sans histoire va être bouleversé par une restructuration au sein de l'entreprise et Paul en fera les frais. Sombrant dans une rage intérieure, Paul se prépare à commettre le pire. Nous sommes invités à assister aux événements ayant mené Paul à cet acte. FIN DU SPOILER. 

Comme j'ai l'habitude de le dire dans mes chroniques, nous voici face à un synopsis on ne peut plus attractif, mettant en exergue un employé lambda soumis aux contraintes d'une société gangrénée par le capitalisme sous forme destructrice et privilégiant le rendement à tout prix au mépris de l'être humain. Et l'avantage de ce film fait qu'il est parfaitement ancré dans son époque, témoignage d'une crise financière interminable et d'une économie liberticide et agressive. Le réalisateur met farouchement son doigt sur les conséquences de ce modèle de vie peu orthodoxe, à savoir la misère sociale et la destruction mentale qui en découle. Et Dieu seul sait que ces causes peuvent engendrer des conséquences souvent dramatiques.
Paul, qui a tout donné pour son travail, sera relégué comme paria et méprisé alors qu'il a toujours été irréprochable. Il est d'ailleurs intéressant de souligner que ce film est tiré d'une histoire vraie

La grande force de film est de nous questionner en permanence sur l'acte de Paul Wertret et le réalisateur parvient même à rendre les actes de ce meurtrier compréhensibles. Après tout, dans une époque où les restructurations sont aussi nombreuses que des chrysanthèmes dans un établissement de pompes funèbres, combien d'employés n'ont pas souhaité intérieurement pouvoir exécuter les personnes responsables de leur ruine financière et morale ??
Jean-Marc Moutout affiche donc un souhait se matérialisant en acte réel. Il y a donc derrière ce film une véritable dimension psychologique et morale car chaque personne aura un ressenti différent face à l'acte de notre meurtrier désespéré.

En ce sens, Jean-Pierre Daroussin, qui incarne Paul Wertret, demeure être un choix parfait car au delà de sa brillante interprétation, il a le physique de l'employé lambda et sans histoire. On a ici un film vrai et réaliste où aucune interprétation n'est mauvaise car tout est propice au réalisme et les dialogues demeurent parfaitement naturels et jamais téléphonés. On a cette impression d'assister en vrai aux coulisses des mesures restrictives au sein d'une entreprise. 
D'autre part, le réalisateur instaure, malgré l'issue finale mise en tout début de film conférant donc une mise en scène particulièrement efficace à cette oeuvre, une certaine attraction voire même un climat de tension dans des dialogues quelque peu hostiles entre notre Paul et ses cadres supérieurs. Ceci dit, cette attraction est assez subjective car le film reste assez lent dans sa construction, mais d'un autre côté renforce ce sentiment de réalisme quant au quotidien de Paul.
On a donc affaire ici à une déconstruction chronologique mettant l'accent sur des évènements fortuits mais ayant une importance cruciale dans l'acte qui se produira. Le coeur de Paul sera donc mis à nu à travers cette réflexion intérieure sur ses souvenirs ayant précédé son accès de folie. 

Au niveau esthétique, les décors sont volontairement banalisés et les cadrages tout comme la manière de filmer sont tout à fait classiques. Il n'y a ici aucune prise de risque dans la manière de filmer ou d'aménager les décors du film. Certains me diront que le réalisateur s'est contenté de verser dans le classicisme des drames français. En ce sens, il est vrai que ce drame reste dans sa mise en scène assez sobre mais le tout est rattrapé par une histoire franchement passionnante malgré certaines longueurs que pourraient éprouver quelques spectateurs. D'autre part, le film n'affiche aucune prétention dans ses dialogues. 
En conclusion, Jean-Marc Moutout nous livre ici un drame poignant sur la dureté du travail et notre mode de vie sous le joug du diktat du sacro-saint argent en pointant du doigt les conséquences dévastatrices du capitalisme libéral et outrancier sur l'individu retrouvé abandonné au sein d'une société individualiste, anomique et repliée sur elle-même dans un climat de plus en plus anxiogène mais pas seulement. Comment un homme peut il être désespéré au point d'en arriver au meurtre ?
En ce sens, De Bon Matin est déjà un témoignage de notre époque tout comme La Loi du Marché en ciblant bien le problème central de notre société. Une chronique assez courte mais je ne vois rien d'autre à dire si ce n'est qu'il est bien recommandable sans être toutefois un chef d'oeuvre. 

Ma note : 15/20

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Le Prix du Danger (Running man)

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Genre: action, anticipation (interdit aux - 12 ans)
Année: 1982
Durée: 1h40

L'histoire : Dans une société futuriste, "le prix du danger" est le nouveau jeu d'une chaine de télévision. Un homme doit rejoindre un endroit secret en évitant cinq hommes venus pour le tuer. S'il réussit, il empoche beaucoup d'argent, mais François Jacquemard, nouveau participant, réalise très vite que le jeu est truqué

La critique :

C'est à partir de 1975 qu'Yves Boisset devient célèbre dans le cinéma français avec Dupont Lajoie, un drame sur le racisme ordinaire. Véritable choc au moment de sa sortie, le film déclenche de nombreuses avanies de la part de certaines critiques cinéma. Par la suite, Yves Boisset devient le véritable spécialiste du film polémique. Une tendance qui se confirme en 1982 avec la sortie du Prix du Danger.
Le long-métrage est l'adaptation d'une nouvelle homonyme de Robert Sheckley. A l'instar de la première version de Rollerball (Norman Jewison, 1975) dont il s'inspire en très grande partie, Le Prix du Danger s'apparente à une véritable diatribe contre les jeux télévisés. Thème sur lequel nous reviendrons. En 1987, un autre réalisateur, cette fois-ci américain, Paul Michael Glaser, signe Running Man.

Certes, le film est l'adaptation d'un roman de Stephen King. Pourtant, les producteurs du Prix du Danger le considèrent comme un plagiat et portent plainte contre le fameux Running Man. C'est un long procès qui commence ! Les contempteurs gagnent en première instance, perdent en appel mais gagnent à nouveau en cassation. Il est vrai que l'on relève de nombreuses analogies avec Le Prix du Danger.
La distribution du film réunit Gérard Lanvin, Marie-France Pisier, Michel Piccoli, Bruno Cremer, Andréa Ferréol, Jean-Claude Dreyfuss, Gabrielle Lazure, Catherine Lachens et Jean Rougerie. Pour l'anecdote, c'est Patrick Dewaere qui devait interpréter le rôle de François Jacquemard, le héros principal du film. Hélas, l'acteur décédera peu avant le tournage du film. Il est donc remplacé par Gérard Lanvin.

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Habitué aux rôles viriles, l'interprète n'est pas encore la star qu'il deviendra par la suite. Attention, SPOILERS ! Dans un futur proche, un jeu télévisé intitulé Le Prix du danger fait fureur. Les règles sont simples : un homme doit parvenir à rejoindre un endroit secret en échappant à cinq traqueurs chargés de le tuer. Si le candidat gagne, il se voit attribuer la somme de un million de dollars.
Dans le cas contraire, c'est évidemment la mort au tournant. 
Le tout est filmé et retransmis en direct sur la chaîne de télévision CTV. François Jacquemard fait partie des volontaires et réussit les épreuves de sélection. Au fur et à mesure de l'émission, Jacquemard devient de plus en plus populaire. Vénaux, les dirigeants de la CTV décident de truquer le jeu en faveur du candidat afin de monopoliser l'indice d'écoute. 

Mais Jacquemard ne l'entend pas ainsi et s'insurge contre les producteurs de l'émission. Au moment de sa sortie, Le Prix du Danger déclenche à nouveau le scandale et les anathèmes. Pourtant, Yves Boisset réalise un film visionnaire et annonciateur de toutes ces émissions de téléréalité diffusées à satiétéà partir des années 2000. Jusqu'où la télévision et ces producteurs mercantiles sont-ils prêts à s'avilir pour générer de l'audimat ? Telle est la question posée par Yves Boisset.
Le cinéaste s'ébaudit de ce nouveau phénomène de masse. Le jeu est même apprécié par les ménagères. Nouvel effet de mode, Le Prix du Danger s'adresse avant tout aux prolétaires. Yves Boisset confère à cette pellicule d'action et d'anticipation un discours politique.

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Mieux encore, le jeu aurait des effets bénéfiques sur la population. En effet, depuis sa création, les producteurs constatent une baisse importante du taux de criminalité. Les séquences de meurtre, filmées en direct et plusieurs fois au ralenti, auraient pour conséquence d'atténuer et de minorer les ardeurs psychopathes de nos chers concitoyens.
Encore une fois, le propos du film est volontairement cynique. Yves Boisset est égal à lui-même et s'amuse également avec ses personnages qu'il décortique parfois avec brio. Néanmoins, le long-métrage n'est pas exempt de certaines maladresses. En outre, la mise en scène est loin d'être irréprochable. On se croirait presque dans une pièce de théâtre, dans une sorte de dramaturgie aux effets un peu ringards et datés.

Si Gérard Lanvin est totalement investi dans la peau de François Jacquemard, son personnage est au mieux prosaïque, au pire antipathique. Au grand dam de l'acteur, le reste du casting ne fait pas beaucoup mieux. A l'image de Michel Piccoli, certes d'un cynisme total, mais qui surjoue ce présentateur TV obséquieux et infatué. Même remarque pour Marie-France Pisier, elle aussi peu convaincante dans son rôle.
A la rigueur, seul Bruno Cremer, néanmoins en mode cabotinage, parvient à tirer son épingle du jeu. Souvent violent et déroutant, Le Prix du Danger parvient toutefois à convaincre sur la durée. Le film peut s'appuyer sur de nombreuses séquences d'action solidement troussées. Cependant, Le Prix du Danger a bien souffert du poids des années.
Hélas totalement démodéà l'heure actuelle, le film paie aussi le succès du même Running Man, lui aussi un brin obsolète, qui triomphera dans les salles de cinéma quelques années plus tard.

 

Note : 13/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Magic (Le double "Je" d'Anthony Hopkins)

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Genre : fantastique, thriller
Année : 1978
Durée : 1h45

L'histoire : Corky, un ventriloque timide et effacé, ne rencontre qu'un succès d'estime dans les salles miteuses où il se produit. Un jour, il décide d'introduire la marionnette Fats à ses spectacles. A l'inverse de son créateur, Fats est un personnage vulgaire et vindicatif. Peu à peu, Corky va laisser son automate prendre le dessus sur sa propre personnalité. Et le gentil marionnettiste va se transformer en psychopathe. 

La critique :

Les poupées démoniaques ont souvent été mises à l’honneur par le cinéma fantastique lors de ces trente dernières années. De The Dolls en 1986 au très surfait Annabelle en 2014, en passant par le célèbre Chucky, les réalisateurs s’en sont donnés à cœur joie pour procurer toujours plus de frissons à un public pubère avide de sensations fortes. Magic de Richard Attenborough aurait pu être l’ancêtre de tous ces films. Oui, il aurait pu si le réalisateur anglais avait cédéà la tentation de la poupée infernale, possédée par un quelconque esprit vengeur.
Mais Attenborough n’a pas eu besoin de recourir à des subterfuges grand guignolesques ni à des malédictions d’outre-tombe pour nous faire pénétrer dans l’univers terrifiant de Corky, le marionnettiste assassin. Car Magic n’est ni plus ni moins qu’un voyage sans retour à l’intérieur d’un esprit désaxé qui va perdre peu à peu le sens de toute réalité. Le film utilise avec ingéniosité le ressort du dédoublement de la personnalité, de l’autre « Moi », celui qui est capable des actes les plus abjects.

Attenborough amène progressivement l’action jusqu’à l’instant précis où son interprète principal va basculer irrémédiable dans la schizophrénie. Bien sûr, le personnage de Corky fait d’emblée penser à Noman Bates dans Psychose. Cependant, son état névrosé ne s’accentue et ne s’aggrave qu’au fur et à mesure de l’histoire, contrairement à Bates qui lui, était déjà dérangéà la base. L’introduction d’une marionnette dans le scénario n’a pas pour but de créer le frisson mais plutôt d’accentuer les effets pervers de la situation. Au début maître en total contrôle de son automate, le ventriloque se retrouve soudain à sa merci, complètement dominé par cet objet qui n’a de cesse de le tourmenter dans le peu de lucidité qui lui reste.
Cet objet à qui il s’adresse comme à un véritable interlocuteur sans même s’apercevoir qu’en fait, il ne se parle qu’à lui-même. A ce sujet, la performance d’Anthony Hopkins est comme toujours remarquable. A ses côtés, on retrouve Ann-Margret, actrice américano-suédoise connue notamment pour avoir jouée dans Tommy de Ken Russell ; et Burgess Meredith, qui prouve ici qu’il peut interpréter autre chose que le vieil entraîneur de Rocky. Attention, SPOILERS !

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Corky (Anthony Hopkins) est magicien et ventriloque. Il peine à trouver son public dans les cabarets miteux où il se produit. Devant des salles à moitié vides, ses numéros ne marchent pas fort et découragé, il est tout prêt de laisser tomber son métier. C’est alors qu’un jour, son mentor, le vieux Merlin lui suggère d’introduire un supplément pour donner du piquant à ses spectacles. Ainsi, Corky a l’idée de s’adjoindre une marionnette qu’il baptise du nom de Fats. Et ça marche.
La réussite du duo tient à leur différence. Autant le magicien est d’un naturel timide et effacé, autant sa créature est grossière et agressive. Aussitôt, il est pris en main par Ben Greene (Burgess Meredith), un redoutable impresario que l’âge a rendu avisé. Sous sa tutelle, Corky et son automate rencontrent immédiatement la reconnaissance auprès du public. Il décroche même un contrat pour une émission sur la chaîne NBC et devient une vedette en peu de temps. Mais effrayé par cette soudaine célébrité, il décide de prendre du recul, quitte New York et retourne s’installer dans sa région natale.

Là-bas, il retrouve Pegg, son idylle de jeunesse. Mal mariée et toujours amoureuse de Corky, Pegg projette de partir avec lui. Mais le magicien, de plus en plus possédé par sa marionnette, commence à perdre la raison. Incapable de se séparer de son double maléfique à qui il parle comme à un être humain, Corky change peu à peu de comportement pour basculer définitivement dans la folie. Il tue son impresario qui avait commencéà se rendre compte de ses troubles psychologiques. Puis, il supprime le mari de Pegg avant de se suicider, pour enfin échapper à l’emprise de sa créature.
En 1978, Anthony Hopkins était loin d’être la star qu’il est aujourd’hui. Le Silence des Agneaux n’était pas encore passé par là. Néanmoins, la composition de l’acteur gallois dans ce film mettait déjà en lumière sa nette prédisposition à jouer les rôles de dément et les aliénés en tout genre. Sous le masque de Corky, pointait le sourire carnassier d’Hannibal Lecter. Quant à Richard Attenborough (le réalisateur, pas l’acteur), bien qu’ayant quelques films à son actif à l’époque, il ne connaîtra la gloire internationale que quatre ans plus tard avec Gandhi, récompensé par huit Oscars.

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Magic a donc le mérite de réunir ces deux monstres sacrés du Septième Art, quelques temps avant leur plus grand succès. Adaptation du roman éponyme de William Goldman, Magic est un film comme on n’en fait plus. Aux effets spéciaux grandiloquents, le réalisateur a préféré la carte de l’étude psychologique, l’analyse d’une plongée dans le subconscient destructeur d’un homme prisonnier de lui-même. L’originalité du film tient par la minutie avec laquelle le réalisateur développe le processus d’humanisation de la marionnette. Devenue un autre « Je » et une caricature monstrueuse de son maître, Fats exerce sur Corky une emprise de plus en plus étouffante qui conduira le magicien jusqu’à l’irréparable.
Et cette emprise s’exerce surtout, c’est là le côté original du film, par la parole que la marionnette confisque à son profit. La mise en scène est d’un classicisme absolu, solide, ce qui fait que le film n’a pas trop subi les outrages du temps, contrairement à beaucoup de ses homologues estampillés « seventies ». Avec Magic, Richard Attenborough signe une œuvre remarquable de justesse et d’intelligence. Aidée par des acteurs au meilleur de leur forme, l’histoire se révèle accrocheuse et tient en haleine le spectateur, qui ne sait plus au final qui est qui. Bref, le réalisateur a parfaitement réussi son pari. Un excellent film.

Note : 16/20

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Star Wars 7 : Le Réveil de la Force (Hégémonie hollywoodienne)

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Genre : science-fiction, space opera
Année : 2015
Durée : 2h16

L'histoire : Plus de trente ans après la bataille d'Endor, la galaxie n'en a pas fini avec la tyrannie et l’oppression. Les membres de la Résistance menés par la générale Leia Organa combattent les nouveaux ennemis de la république, dirigés par le leader suprême Snoke. À ses côtés, le jeune Kylo Ren dirige les troupes du Premier Ordre. Dépassés, les résistants ont besoin de Luke Skywalker, le dernier Jedi. Mais celui-ci se cache depuis bien longtemps. La résistance envoie son meilleur pilote, Poe Dameron, sur Jakku pour récupérer une carte qui les mènera à Luke. Mais l'arrivée de Kylo Ren et ses soldats leur complique la tâche.  

La critique :

Depuis le quatrième chapitre, La Guerre des Etoiles (ou Un Nouvel Espoir), quasiment quarante années (38 pour être exact) se sont écoulées. Au fil des décennies, la saga Star Wars est devenue un véritable produit marketing rassemblant des milliers (des millions ?) de fans et de geek à travers le monde entier. Conscient du phénomène, le réalisateur et producteur George Lucas décide en 1999 de relancer les inimitiés via une prélogie. Le premier épisode, La Menace Fantôme, doit présenter les festivités.
Hélas, ce premier volet déçoit unanimement les fans de la première heure et se réduit à un amas de fonds verts. Cette nouvelle saga en forme de préquelle ne répond pas aux attentes. Hormis le troisième opus, La Revanche des Sith, cette nouvelle trilogie laisse les admirateurs pantois. A l'époque, George Lucas jure qu'on ne l'y reprendra pas.

Non, il n'y aura pas de suite au Retour du Jedi, sixième film de la franchise. Qu'à cela ne tienne, en 2012, la société Walt Disney rachète la compagnie Lucasfilm et annonce déjà une nouvelle trilogie et même la sortie d'un septième volet pour décembre 2015. Certes, un tel investissement représente plusieurs milliards de dollars, mais Disney compte sur le merchandesing et le business qui découleront logiquement de cette troisième trilogie. Une logique mercantile et capitaliste.
Pour cette nouvelle trilogie, George Lucas est relégué au rang de consultant. Plusieurs réalisateurs de prestige seront approchés pour signer ce nouvel épisode, donc Star Wars 7 : Le Réveil de la Force ; notamment Steven Spielberg, Quentin Tarantino, Zack Snyder, Brenda Chapman, Brad Bird ou encore Guillermo del Toro. Sans succès. Tous déclinent poliment l'invitation prétextant d'autres projets en cours.

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Parallèlement, J.J. Abrams a fait ses armes et ses preuves avec Star Trek (2009) et Star Trek Into Darkness (2013). Le cinéaste semble être un choix judicieux pour lancer ce septième opus sous les meilleurs auspices. Quant au scénario du Réveil de la Force, c'est le silence absolu. Oui, le film sera bien la suite du Retour du Jedi. Sans plus. Dès lors, Hollywood, Disney et ses nombreux sponsors opèrent une stratégie marketing omnipotente. Rien ne doit filtrer sur le script et les personnages.
Pis, lors de l'avant-première, les journalistes invités sont sommés de se taire. Aucune critique négative, aucune diatribe ne doit transparaître. Star Wars 7 : Le Réveil de la Force doit absolument remporter le pactole. Le long-métrage ne doit pas être contrarié par les esprits chagrins. Les éventuels contempteurs sont priés de rester dans le silence.

Autrement dit, vous êtes obligés d'aimer et même de louanger ce nouveau Star Wars, bon ou pas, quelle que soit finalement sa qualité. Inutile alors de préciser que l'opération marketing autour du Réveil de la Force devient profondément méprisable. Mais peu importe, la stratégie fonctionne et les fans s'amoncellent dans les salles obscures. Le but de la manoeuvre ? Non seulement battre tous les records d'audimat mais que les fans se précipitent plusieurs fois sur leur siège en évitant bien sûr les acrimonies sur le film. Le Réveil de la Force ne doit pas être chapitré ni gourmandé.
Jamais. Une autre vision de la "Force", celle d'une hégémonie hollywoodienne exercée avec ardeur par la puissante firme Walt Disney. Nouveau chapitre, nouvelles tendances. Ou presque...

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Pour ce septième chapitre, toutes les conditions sont réunies pour attirer non seulement les fans mais aussi un public âgé entre 7 et 77 ans. Au niveau du casting, on retrouve évidemment les anciens. Harrison Ford et Carrie Fisher font évidemment partie de cette nouvelle aventure. Les décennies ont passé. Et les acteurs d'autrefois sont devenus des sexagénaires au visage chenu et décati.
Viennent également s'ajouter les nouvelles stars du grand écran : Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac, Adam Driver, et Domhnall Gleeson. Andy Serkis, Max Von Sydow, Anthony Daniels, Warwick Davis, Simon Pegg et Mark Hamill complètent la distribution. Attention, SPOILERS ! Plus de trente ans après la bataille d'Endor, la galaxie n'en a pas fini avec la tyrannie et l’oppression. Les membres de la Résistance menés par la générale Leia Organa combattent les nouveaux ennemis de la république, dirigés par le leader suprême Snoke.

À ses côtés, le jeune Kylo Ren dirige les troupes du Premier Ordre. Dépassés, les résistants ont besoin de Luke Skywalker, le dernier Jedi. Mais celui-ci se cache depuis bien longtemps. La résistance envoie son meilleur pilote, Poe Dameron, sur Jakku pour récupérer une carte qui les mènera à Luke. Mais l'arrivée de Kylo Ren et ses soldats leur complique la tâche.  
Après notre longue diatribe, il est donc temps d'évaluer ce septième chapitre annonciateur d'une nouvelle trilogie. Alors, que vaut concrètement Le Réveil de la Force ? Sur le fond comme sur la forme, ce septième opus est probablement celui qui ressemble le plus àLa Guerre des Etoiles. Le film rompt totalement avec la dialectique politique et souvent sybilline de la prélogie.

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Ici point de complexité ni de conversations oiseuses au profit d'un scénario laconique et quasi enfantin. Sur ce dernier point, Le Réveil de la Force s'apparente à un quasi remake de La Guerre des Etoiles. Le film suit peu ou prou le même schéma narratif, à la seule différence que le jeune héros timoré de Star Wars 4 s'est transmué en figure féminine. Son nom ? Rey.
La jeune femme fougueuse et opiniâtre rencontre par hasard un androïde, BB8, un clone de R2-D2, qui contient lui aussi des plans secrets révélant la cachette de Luke Skywalker. Tiens, tiens... Le scénario du Réveil de la Force est finalement le même que celui de La Guerre des Etoiles. Contre toute attente, la magie opère. Véritable érudit de la caméra, J.J. Abrams contentera non seulement les fans de la première heure mais aussi un public jeune et novice, celui qui n'a pas connu la frénésie des Star Wars de jadis.

C'est aussi la grande "force" (si j'ose dire) de ce septième chapitre, à savoir retrouver ce souffle d'antan, curieusement éludé par George Lucas lors de la dernière trilogie. Plus que jamais, Le Réveil de la Force s'apparente à une film multigénérationnel et donc fédérateur. Un script ingénu, des personnages déjà emblématiques, à l'image de la jolie Daisy Ridley, une succession de rebondissements, des aventures épiques, des batailles spatiales au sein (encore une fois) d'un script qui brille avant tout par sa simplicité. Presque quarante ans après La Guerre des Etoiles, les thématiques sont elles aussi restées identiques. La figure patriarcale ne fait plus autorité.
Elle doit passer le relais à une jeunesse impudente et surtout à des forces plus obscures. Telles sont les failles profondes de Kylo Ren, le nouveau Dark Vador de cette troisième trilogie. Evidemment dans ce déluge d'effets spéciaux et cette multitude d'extraterrestres dolichocéphales, les héros se démènent, courent, se rudoient et emportent avec eux le spectateur qui sera probablement ébaubi par cette nouvelle aventure, il est vrai trépidante. A condition (encore une fois) de fermer les yeux et même les oreilles sur toute la stratégie commerciale et despotique menée par Walt Disney et ses distributeurs. Définitivement non notable donc.

Note : Non notable (pour toutes les raisons évoquées dans la chronique)

sparklehorse2 Alice In Oliver


Sa Majesté des Mouches (Les enfants sauvages)

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Genre : drame, survival, inclassable
Année : 1963
Durée : 1h32

L'histoire : Pendant la Seconde Guerre mondiale, un avion transportant des garçons issus de la haute société anglaise, envoyés par leurs parents en Australie pendant le Blitz, s'écrase sur une île déserte. Seuls les enfants survivent. Livrés à eux-mêmes dans une nature sauvage et paradisiaque, les enfants tentent de s'organiser en reproduisant les schémas sociaux qui leur ont été inculqués. Mais leur groupe vole en éclats et laisse place à une organisation tribale, sauvage et violente bâtie autour d'un chef charismatique. 

La critique :

Professeur d'anglais et de philosophie, William Golding est également écrivain à ses heures perdues. Son oeuvre littéraire se focalise essentiellement sur notre civilisation et le retour à ses instincts les plus primitifs dans des conditions toujours particulières. Sa Majesté des Mouches reste évidemment le roman le plus connu de William Golding. L'oeuvre touche et choque plusieurs générations de cacographes, mais aussi le noble Septième Art. En 1963, le réalisateur et scénariste Peter Brook décide de transposer le livre au cinéma. Essentiellement spécialisé dans le théâtre et la dramaturgie, Peter Brook souhaite réaliser une production indépendante et donc éloignée de l'esprit hollywoodien.
Peter Brook réalise Sa Majesté des Mouches avec une grande économie de moyens.

Pourtant, à l'origine, le film doit être financé par l'illustre Scott Spiegel, producteurs de films pharaoniques, entre autres, Lawrence d'Arabie et Le Pont de la Rivière KwaïHélas, les mois s'écoulent et Scott Spiegel souhaite à nouveau produire une oeuvre standardisée à grands renforts d'effets spéciaux, de publicités et de marketing. Or, Peter Brook préfère réaliser un film qui soit le plus fidèle possible au roman homonyme de William Golding.
Finalement, Scott Spiegel abandonne le projet. Peter Brook doit se résigner et se débrouiller par lui-même. 
Avec sa petite équipe, il repère deux petites îles sur la côte de Porto Rico : Aguadilla et Vieqes deviennent alors les lieux d'un tournage teinté de nombreux rebondissements. Peter Brook doit composer avec un budget impécunier, plusieurs techniciens amateurs et un photographe novice dans le domaine du cinéma.

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Pour la petite anecdote, l'oeuvre originale de Golding connaîtra une seconde adaptation en 1989 sous le nom de L'Île OubliéeLe film de Peter Brook ne réunit pas des acteurs très connus. A la rigueur, seuls James Aubrey et Nicholas Hammond (dans un rôle très secondaire) font figure d'exception. Par conséquent, inutile de citer le reste du casting à moins que les noms de Tom Chapin, Hugh Edwards, Roger Elwin, Patrick Burguete et Roger Allan vous disent quelque chose. Mais j'en doute.
Attention, SPOILERS ! Pendant la seconde guerre mondiale, un avion emmène des enfants anglais vers l’Australie où leurs parents les envoient trouver refuge. Mais l’avion s’écrase sur une île déserte de l’Océan Pacifique et aucun adulte ne sort rescapé de l’accident. Les enfants sont livrés à eux-mêmes.

Ralph et Piggy se rencontrent sur la plage, se demandant s’ils sont les seuls survivants. Ils y trouvent une conque dans laquelle Ralph se met à souffler. De nombreux enfants, attirés par le bruit, se regroupent autour de celui qui devient leur nouveau leader. Un peu plus tard, un groupe en uniforme d'écoliers se joint à eux, groupe mené par Jack qui conteste très vite l’autorité de Ralph.
Pour éviter que la communauté ne se scinde en deux parties, Ralph est nommé dirigeant tandis que Jack devient le chef des chasseurs. Mais très vite, la situation dégénère... 
En l'occurrence, Peter Brook souhaite réaliser un long-métrage qui sorte des conventions habituelles et traditionnelles. C'est probablement pour cette raison que Sa Majesté des Mouches est filmé comme une sorte de documentaire. 

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A travers ce long-métrage, Peter Brook revisite à la fois les mythes de l'enfant sauvage (Victor de l'Aveyron) et de Robinson Crusoé. L'introduction du film se compose essentiellement d'images fixes narrant le périple aérien d'un avion contenant à la fois des adultes et des enfants. Hélas, l'appareil se crashe dans l'immense océan. Par miracle, seuls les enfants survivent. Le film peut enfin commencer.
Peter Brook se concentre alors sur deux personnages essentiels du roman de Golding : Ralph et le bien nommé Piggy. Les deux enfants retrouvent rapidement la trace des autres garçons survivants. Le clan s'organise. Les rapports de force s'installent entre Ralph, auto-proclamé chef de la nouvelle bande ; et Jack, un blondinet à la fois omnipotent et charismatique. Pourtant, très vite, le groupe se scinde en deux.

D'un côté, Ralph représente le côté pacifiste. Nanti d'une conque, le jeune marmot transforme l'énorme coquillage en outil de débat, d'échanges houleux et de communication. De l'autre, Jack, nouvelle figure autocratique et atrabilaire, représente les chasseurs, donc le côté belliciste. En l'espace de peu de temps, probablement quelques semaines, Jack et ses complices se transfigurent en sauvageons vindicatifs, à la recherche d'une "bête" qui hanterait les terres isolées de l'île.
De retour à l'état animal, cette civilisation juvénile redevient archaïque. 
Jack et ses comparses prédatent, glosent, ripaillent, admonestent, invectivent et rudoient Piggy, leur nouvelle cible. Les pulsions les plus barbares et primitives ne doivent plus être réfrénées. Plus jamais. Telle est la dialectique du film de Peter Brook. 

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Ainsi, les hurlements de nos petits sauvages noient littéralement la caméra du cinéaste. Lors d'une nuit de tintinnabulations en tout genre, les garçons attaquent et assassinent par "mégarde" (un terme vraiment à guillemeter...) un autre enfant de la troupe. Ce qui devait être à la base une opération de survie se transforme en boucherie et en dictature meurtrière.
Ralph et Piggy sont condamnés à l'opprobre, à la mort et aux gémonies. Ce n'est pas hasard si l'action du film se déroule pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le film interroge (entre autres) sur la notion de civilisation, mais aussi sur cette barbarie humaine, ce fléau qui semble dicter les lois intrinsèques de notre Humanité. Peter Brook parvient non seulement à retranscrire (magnifiquement) l'opuscule de Golding, mais aussi à se l'approprier. Sur la forme, Sa Majesté des Mouches ressemble à la fois à un conte et à une tragédie grecque version insulaire. Peter Brook réalise un film poignant, tragique, coup de poing et finalement inclassable. Bref, un authentique monument du cinéma !

Note : 18.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

L'Exorciste 3 - La Suite (Forces obscures)

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Genre : horreur, épouvante, thriller, policier (interdit aux - 12 ans)
Année : 1990
Durée : 1h56

L'histoire : Près de vingt ans se sont écoulés depuis les tragiques évènements qui ont failli coûter la vie à la jeune Regan possédée par Satan. Le lieutenant Kinderman, témoin privilégié de cette affaire terrifiante, est depuis toujours resté en éveil non sans raison car le mal rôde toujours. Après une enquête serrée et quelques morts, Kinderman s'aperçoit que les nouveaux meurtres sont l'exacte réplique de ceux commis par un tueur fou mort douze ans plus tôt

La critique :

En 1973, William Friedkin invente une nouvelle forme de terreur au cinéma. Son nom ? L'Exorciste. A l'époque, le long-métrage rompt totalement avec les films de la Hammer (Frankensteins'est échappé, Le Cauchemar de Dracula, La Malédiction des Pharaons...). Frankenstein, Dracula, la momie et le loup-garou sont donc priés de rester dans leurs pénates.
Ces ignobles créatures ont été supplantées par une horreur indicible et contemporaine, le mal qui se tapit au plus profond de notre âme. Et c'est qu'a parfaitement compris William Friedkin, qui s'inspire à la fois d'une histoire vraie et d'un roman écrit par William Peter Blatty. L'Exorciste premier du nom obtient un succès planétaire et devient la nouvelle référence dans le cinéma d'épouvante.

En 1977, John Boorman succède à William Friedkin pour réaliser L'Exorciste 2 : l'Hérétique. Certes ce second chapitre a le mérite de prendre ses distances avec son auguste prédécesseur. Mais le film se solde par un bide commercial. Répudié par les critiques et tancé par les fans du premier volet, L'Exorciste 2 est vouéà l'opprobre et aux gémonies. A son tour, William Peter Blatty peste contre cette suite qu'il juge indigne de son modèle. Il est donc temps de rectifier le tir et même d'oblitérer ce deuxième opus.
Comme un symbole. William Peter Blatty décide de réaliser un troisième chapitre, intituléL'Exorciste 3, la suite en 1990. Comprenez bien : L'Exorciste 3 serait donc la suite de L'Exorciste premier du nom. Ce troisième volet est aussi l'adaptation d'un roman, Legion, paru en 1983 et écrit par le même William Peter Blatty.

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A l'instar de L'Exorciste 2 : l'Hérétique, L'Exorciste 3 se soldera lui aussi par un échec commercial. A nouveau, les critiques et les fans sont mitigés. Reste à savoir si le film est bel et bien la catastrophe annoncée. Réponse dans les lignes à venir. La distribution de ce troisième chapitre réunit George C. Scott, Jason Miller, Ed Flanders, Scott Wilson, Brad Dourif, Ken Lerner, Nicol Williamson et Samuel L. Jackson. Attention, SPOILERS ! Un serial killer, mort il y a des années, revendique crimes après crimes. On retrouve des victimes crucifiées, des têtes et des doigts coupés.
Le démon semble de retour. L'enquête est confiée à Bill Kinderman, qui reste toujours nostalgique du père Damien Karras
, que l'officier croit décédé 16 ans auparavant après s'être volontairement jeté par la fenêtre de la chambre de la petite Regan après un exorcisme.

Après une longue enquête, Bill Kinderman se rend compte qu'un des patients d'un hôpital psychiatrique n'est autre que ledit père Karras qui avait été secouru il y a plus de 15 ans alors qu'il errait. Toutefois, le patient semble être possédé. Presque vingt ans se sont écoulé depuis le premier volet. Autant le dire tout de suite. L'Exorciste 3 ne partage presque aucune similitude avec le film de William Friedkin.
Néanmoins, le but de William Peter Blatty est de retrouver l'esprit démoniaque de la saga. Parmi le casting, seul Jason Miller est de retour. Il interprétait le Père Damien Karras dans le premier chapitre. Quant à l'acteur Lee J. Jacob, hélas décédé en 1976, et qui jouait le lieutenant Kinderman dans le premier film, il est ici remplacé par George C. Scott. Sur ce dernier point, la ressemblance entre les deux acteurs est frappante.

 

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George C. Scott est le parfait sosie de son illuste prédécesseur. En outre, vous pouvez oublier les têtes rotatives, les avanies de la petite Regan MacNeil, les jets de vomi verdâtres ou encore les lits en lévitation. Avec L'Exorciste 3, William Peter Blatty mélange à la fois l'épouvante, le thriller et l'enquête policière. Le lieutenant Kinderman est confrontéà un serial killer, le Gémeau, une variation du Zodiac, un tueur en série américain tristement célèbre.
Or, le psychopathe est décédé depuis belle lurette. Mais de nombreux meurtres ne font aucun doute sur l'identité du tueur. Parallèlement, ces crimes horribles entretiennent un rapport fuligineux avec les événements du premier volet. Certes, L'Exorciste 3 possède un scénario intéressant et même de solides arguments.

Clairement, ce troisième chapitre est largement supérieur à son triste prédécesseur. Hélas, le film de William Peter Blatty peine à convaincre sur la durée. Le scénario est beaucoup trop nébuleux. Même les spectateurs les plus avisés risquent d'être décontenancés par cette histoire alambiquée, à la limite de l'amphigourisme. Ensuite, on relève de nombreuses séquences ubuesques, à l'image de tous ces passages oniriques se déroulant visiblement entre le Paradis et le monde des ténèbres.
Enfin, William Peter Blatty ne parvient jamais (ou presque...) à créer une ambiance anxiogène. Néanmoins, l'interprétation reste plus que correcte, à l'image de George C. Scott, totalement investi dans la peau de ce flic opiniâtre. Vous l'avez donc compris. L'Exorciste 3, la suite est clairement inférieur au film de William Friedkin. Cette fois-ci, la saga ne s'en remettra jamais.
Les épisodes suivants, L'Exorciste : au commencement (Renny Harlin, 2004) et le méconnu Dominion : Prequel to the Exorcist (Paul Shrader, 2005), se solderont eux aussi par un échec artistique et commercial.

Note : 09/20

 

sparklehorse2 Alice In Oliver

La Planète Rouge - The Angry Red Planet (Du "Rouge" et toujours du "Rouge" !)

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Genre : science-fiction
Année : 1959
Durée : 1h10

L'histoire : Une fusée décolle avec un équipage audacieux de quatre astronautes, O'Banion, Iris Ryan, Le Professeur Gettell et le Sergent Sammy Jacobs. Ils sont les premiers hommes dans la course scientifique entre les nations à tenter de se poser sur Mars, voyagent à des millions de kilomètres dans l'espace pour une planète encore inconnue. Mais l'équipe de contrôle sur Terre ne reçoit plus aucune réponse à leurs messages

La critique :

Le nom d'Ib Melchior ne doit pas vous évoquer grand-chose. Pourtant, le réalisateur et scénariste d'origine danoise, décédé par ailleurs en 2015 à l'âge de 97 ans, s'est surtout spécialisé dans l'écriture de séries B fantastiques et de science-fiction. On lui doit notamment Reptilicus : le monstre des mers, Robinson Crusoe On Mars, La Planète des Vampires et La Course à la mort de l'An 2000.
La Planète Rouge (aka The Angry Red Planet) constitue son tout premier film derrière la caméra. Le long-métrage sort en 1959 dans une période d'échauffourées et de Guerre Froide entre la Russie et les Etats-Unis. Le monde entier est terroriséà l'idée d'une nouvelle guerre nucléaire. Quant aux Américains, ils vivent dans l'angoisse d'une invasion communiste. Peur clairement exprimée dans La Planète Rouge, une série B de SF typique de son époque.

La planète Mars a toujours passionné le noble Septième Art. Dès 1950, Kurt Neumann réalise Vingt-quatre heures chez les Martiens. Viennent également s'ajouter Expédition Mars (Lesley Selander, 1951), Les envahisseurs de la planète rouge (William Cameron Menzies, 1953), La guerre des mondes (Byron Haskins, 1953), La Conquête de l'espace (Byron Haskins, 1954), World without end (Edward Bernds, 1956), ou encore L'horreur venue d'au-delà de l'espace (Edward L. Cahn, 1958).
Autrement dit, les Martiens sont hostiles. Leurs intentions sont bellicistes. Ils veulent nous envahir, nous annihiler et nous détruire. Tel est le message à peine déguisé de toutes ces productions de seconde zone. The Angry Red Planet n'échappe pas à la règle.

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La distribution du film ne réunit pas des acteurs très connus : Gerald Mohr, Naura Hayden, Les Traymayne, Jack Kruschen et Paul Hahn. En l'occurrence, le scénario de La Planète Rouge (à ne pas confondre avec le film quasi homonyme sorti en 2000) est de facture classique et plutôt laconique. Attention, SPOILERS ! Une fusée américaine décolle avec un équipage audacieux de quatre astronautes, O'Banion, Iris Ryan, Le Professeur Gettell et le Sergent Sammy Jacobs.
Ils sont les premiers hommes dans la course scientifique entre les nations à tenter de se poser sur Mars, voyagent à des millions de kilomètres dans l'espace pour une planète encore inconnue. Mais l'équipe de contrôle sur Terre ne reçoit plus aucune réponse à leurs messages

The Angry Red Planet un film prophétique ? A l'époque, le cinéma s'ébaudit et fantasme sur ce futur voyage spatial. Aujourd'hui, la fiction devient une réalité. Dans les années 1950, Mars est le sujet de toutes les peurs et paranoias sous-jacentes. Au même moment, des témoins aperçoivent des soucoupes volantes dans notre atmosphère terrienne. Certains évoquent l'existence d'une zone 51 aux Etats-Unis, endroit dans lequel de nombreux OVNI (objets volants non identifiés) sont repérés.
D'autres personnes prétendent carrément avoir été kidnappées et même opérées par d'affreux petits hommes verts. Toutes ces peurs archaïques et symboliques apparaissent évidemment dans un contexte de Guerre Froide et de fin du monde. La planète rouge, qui porte le nom du Dieu de la Guerre dans la mythologie grecque, a toujours fasciné les hommes.

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Dans The Angry Red Planet, il n'est nullement question d'une invasion communiste... pardon... d'une invasion martienne. Grand amateur de séries B, Ib Melchior propulse carrément son modeste équipage (seulement trois hommes et une femme pour un si long voyage ???) sur la planète rouge. En outre, le réalisateur s'attarde assez peu sur le périple spatial, qui se déroule sans ambages.
Le cinéaste va directement à l'essentiel. Le scénario du film expose rapidement les faits. Au moins, le long-métrage nous épargne de longues discussions oiseuses et amphigouriques. Dès les premières minutes, The Angry Red Planet a le mérite de présenter les inimitiés. L'astronaute Iris Ryan est à la fois la seule femme et la seule survivante de ce séjour martien.

Cette fois-ci, c'est une belle jeune femme qui est l'héroïne du film. Elle est le digne épigone de Neil Armstrong. Hélas, son voyage se transforme en cauchemar. Iris Ryan devient alors la narratrice du film. Avec ses trois autres comparses, elle débarque sur une planète rougeoyante. Non, Mars n'est pas une planète désertique. Au contraire, sa surface est imprégnée d'une curieuse végétation.
Malheureusement, la faune locale n'est guère avenante. Dans un premier temps, Iris doit se débarrasser d'une plante carnivore aux rotondités et aux tentacules impressionnantes. Ensuite, et c'est aussi le sommet de "nanardise" du film, c'est un monstre immense et protéiforme qui fait son apparition. 
Comment vous décrire cette créature ? Doté de pattes d'araignée, d'un corps de chauve-souris et de pinces de crabes, l'animal pousse des cris d'orfraie avant d'être aveuglé par les armes de nos scientifiques. 
De retour à leur fusée, nos astronautes sont également épiés puis menacés par un martien. Celui-ci leur transmet un message comminatoire pour les Terriens : clairement, nous ne sommes pas les bienvenus sur leur planète ! Certes, The Angry Red Planet a bien souffert du poids des années. Certes, le film est une série B obsolète et d'une grande ingénuité.
Paradoxalement, malgré (encore une fois) sa "nanardise", par ailleurs involontaire, La Planète Rouge possède un charme indicible et particulier. 
Les amateurs de bisseries et de films de science-fiction des années 1950 devraient logiquement adorer cette petite production bricolée et réalisée avec les moyens du bord. 

Côte :Nanar

 

sparklehorse2 Alice In Oliver

La Mouche Noire (Monstrueuse téléportation)

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Genre : horreur, épouvante 
Année : 1958
Durée : 1h34

L'histoire : Suite à une négligence, un savant se retrouve, le temps d'une expérience, enfermé dans une machine à désintégrer en compagnie d'une mouche. Le résultat de l'expérience qu'il effectuait sur lui-même est qu'il se retouve moitié homme, moitié mouche. 

La critique :

Réalisateur, scénariste et producteur américain d'origine allemande, Kurt Neumann débute sa carrière cinématographique à partir du début des années 1930. Très vite attiré par les genres fantastiques et horrifiques, Kurt Neumann est même pressenti pour tourner L'Homme Invisible et La Fiancée de Frankenstein. Les deux films seront finalement réalisés par James Whale.
Kurt Neumann devra patienter jusqu'au milieu des années 1940. Cette fois-ci, le cinéaste se spécialise dans l'aventure avec Tarzan et les Amazones en 1945 et Tarzan et la chasseresse en 1947. Dès 1950, le réalisateur retourne à son genre de prédilection, la science-fiction, avec Vingt-quatre heures chez les Martiens. Néanmoins, son film le plus notable (et notoire) reste indubitablement La Mouche Noire, sorti en 1958.

A l'origine, le long-métrage est l'adaptation d'une nouvelle de George Langelaan. En 1986, le film de Kurt Neumann est l'objet d'un remake, La Mouche, de David Cronenberg. Aujourd'hui, on connaît davantage le film de Cronenberg, par ailleurs très différent de son modèle, même s'il reprend les grandes lignes du scénario. Mais j'y reviendrai... Au moment de sa sortie, La Mouche Noire terrorise les spectateurs dans les salles obscures. Fort de ce succès, la firme Twentieth Century Fox produira deux nouveaux épisodes : Le Retour de la Mouche et La Malédiction de la Mouche.
La distribution du film réunit Vincent Price, David Hedison, Patricia Owens et Herbert Marshall. Attention, SPOILERS ! Un savant inventeur, André Delambre (David Hedison) a un horrible accident après avoir utilisé une machine servant à la téléportation.

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Durant l'expérience, une mouche est entrée avec lui dans la machine. L'ordinateur fusionne l'homme et l'insecte volatile. Devenu monstrueux, André demande l'aide de sa femme Hélène (Patricia Owens) qui doit retrouver la mouche, repartie dans la nature avec une tête d'humain. Ainsi, il pourra retourner dans l'appareil avec la mouche et tenter de renverser le processus.
Mais Hélène, après d'intenses recherches, ne la retrouve pas. Désespéré, son mari se suicide après avoir détruit sa machine. Hélène est accusée de meurtre et arrêtée par la police. Elle demande l'aide de son beau-frère François Delambre (Vincent Price
) afin de l'aider à prouver qu'elle dit la vérité. Le cinéma d'épouvante s'est toujours passionné pour les savants azimutés.

Cependant, contrairement au Professeur Frankenstein, André Delambre est un scientifique affable, sociable, marié, père de famille et parfaitement intégré dans la société. Le scénario de La Mouche Noire s'inscrit également dans la dynamique des films de science-fiction des années 1950. Un homme est victime des radiations et des exactions de la science moderne.
C'était déjà le script de L'Homme qui rétrécit (Jack Arnold, 1954). Dans La Mouche Noire, Kurt Neumann se focalise davantage sur les expériences menées par André Delambre. 
Pourtant, le réalisateur élude habilement la profusion d'effets spéciaux au profit d'une ambiance anxiogène, qui se transforme peu à peu en huis clos. 

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Kurt Neumann se montre assez laconique concernant les recherches de son éminent professeur. D'ailleurs, à aucun moment, le film n'évoque le terme de "téléportation". En outre, il est plutôt question du transport de la matière dans l'espace. Sur ce dernier point, André Delambre apparaît comme le nouvel Albert Einstein des Temps Modernes. Hélas, cette courbure spatio-temporelle va se retourner contre sa propre chair. Dans un premier temps, c'est une petite coupole qui sert d'expérience.
Ensuite, c'est un félin qui est fourvoyé dans une porte spatio-temporelle. Pourtant, ces nombreuses admonitions ne vont pas décourager le scientifique. Il essaie finalement l'appareil sur lui-même. Le film se transforme alors en tragédie. Certes, La Mouche Noire a bien souffert du poids des années. Pour une fois, l'excellent remake réalisé par David Cronenberg se révèlera supérieur à son modèle.

Néanmoins, La Mouche Noire possède encore un certain charme et devrait ravir les amateurs de films d'épouvante. A moins d'être totalement réfractaire à ce genre de pellicule vieillissante, le spectateur devrait logiquement apprécier cette histoire un brin fuligineuse, tout du moins dans sa première partie. Détail plutôt original : le long-métrage commence par l'assassinat d'André Delambre.
Ensuite, le scénario fonctionne par flash-back. C'est l'épouse (ou plutôt la veuve) Delambre qui expose les faits qui l'ont conduit au meurtre de son mari. Finalement, le même André Delambre est rapidement oblitéré au profit d'un autre acteur charismatique : Vincent Price. Pour une fois, l'interprète joue un personnage normal, à des années lumière de ses rôles habituels au cinéma. 

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L'intrigue se déroule alors dans une maison bourgeoise au sein d'une famille sans histoire. Certes, Kurt Neumann va directement à l'essentiel et vulgarise certains concepts scientifiques au profit d'une enquête policière parfois alambiquée. Ensuite, La Mouche Noire peut également s'appuyer sur plusieurs séquences solidement troussées : la mort du chat de la famille et surtout le visage monstrueux du scientifique qui se dévoile sous les yeux ulcérés et effrayés de sa femme.
Toutefois, le film n'est pas exempt de tout reproche et souffre inévitablement de la comparaison avec le chef d'oeuvre de Cronenberg. La Mouche Noire se montre beaucoup trop lapidaire sur les expérimentations du scientifique. Le long-métrage contient plusieurs scènes assez embarrassantes, notamment la recherche de la mouche scientifique, et bien sûr la conclusion finale, hilarante malgré elle.
Considéré aujourd'hui comme un film culte et un classique du cinéma horrifique, La Mouche Noire justifie néanmoins son visionnage. Le thème de la métamorphose sera repris et amélioré par le même David Cronenberg, lui aussi fasciné par les mutations humaines.

Note : 14/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Run And Kill (Tout ça pour une cuite !)

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Genre : thriller, action (interdit aux -16 ans)
Année : 1993
Durée : 1h30

L'histoire : En rentrant chez lui, un homme tranquille découvre l'infidélité de sa femme. Pour oublier, il se saoule dans un bar et sans s'en rendre compte, commande l'assassinat de son épouse auprès d'un redoutable tueur. Le lendemain, alors qu'il a tout oublié, il se voit réclamer l'argent du contrat par le gangster. Pour sortir de cette impasse et faire face aux gangs lancés à ses trousses, il n'aura pas le choix.

La critique :

Là, nous tenons un très bon film. Si vous vous intéressez un tant soit peu à ce genre cinématographique très particulier que sont les Catégories 3, vous n'êtes pas sans ignorer que le genre est dominé par les deux références absolues que sont The Untold Story et Ebola Syndrome. Pour le reste, c'est un peu comme pour la boîte de chocolats de Forrest Gump... on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Cependant, force est de constater que la catégorie est, la plupart du temps, infestée par d'ignobles navets ou au mieux quelques nanars sympathiques. Run and Kill, réalisé par Hin Sing Tang en 1993, fait donc figure d'exception notable au point de pouvoir soutenir la comparaison avec les références précédemment citées.
Hyper rythmé sans être bourrin, hyper violent sans être insoutenable, doté d'une solide intrigue et bénéficiant d'une interprétation sans faille, ce film hongkongais mérite une place de choix dans votre vidéothèque. Il faut dire que Run and Kill bénéficie de la présence de Kent Cheng, acteur charismatique et véritable icône à Hongkong au même titre que l'autre méga star, Anthony Wong.

Cheng, dont la silhouette enrobée le cantonne souvent à des rôles comiques, sort ici le grand jeu et éclabousse le film de son talent remarquable, en passant de la comédie pure au drame le plus noir en un claquement de doigts. Attention spoilers: Cheung, homme jovial et bien en chair, est propriétaire d'un petit magasin. Le jour de son anniversaire de mariage, tandis qu'il rentre du travail, il trouve sa femme dans les bras d'un bellâtre. Dépité, il erre au hasard dans les rues et atterrit dans un bar où il entreprend de se saouler. Une fois ivre mort, il rencontre alors Fanny, une fille exubérante, à qui il fait part de son désir de vengeance. Celle ci le met en relation avec un tueur avec lequel, involontairement, Cheung passe un contrat sur la tête de sa femme pour le montant astronomique de 800 000 HK$.
Le lendemain, à nouveau lucide, il revient chez lui mais à peine a-t-il franchi le palier que deux inconnus font irruption et abattent froidement sa femme et l'amant de celle ci. Un temps suspecté par la police, Cheung est relâché mais il assiste, impuissant, à l'incendie de son magasin par des truands. Les mafieux le retrouvent peu après et exigent des sommes de plus en plus importantes. 

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Il reçoit inopinément le soutien intéressé d'un autre gang dont fait partie Wah, son voisin. Alors que Cheung reprend quelque peu espoir, les deux groupes, s'affrontent violemment au cours d'une rixe dans laquelle plusieurs membres des deux gangs seront tués. Capturés, Cheung parvient à s'échapper, mais Wah est torturé et succombe à ses blessures. Fung, son frère aîné et psychopathe notoire, tient alors Cheung personnellement responsable de sa mort. En représailles, il enlève la mère et la fille de l'honnête commerçant... Dans ce polar très sombre, le réalisateur explore tous les côtés de l'âme humaine et en particulier les moins reluisants. Haine, vengeance, cupidité et surtout cette culpabilité qui ronge le héros tout le long du film. En effet, Cheung ne cesse de s'en vouloir car sa vie a basculéà la suite d'une beuverie anodine. Un moment d'égarement qu'il croyait sans conséquences mais qui l'entraînera dans une spirale meurtrière irréversible et dans une descente aux enfers cauchemardesque. 

Kent Cheng déploie ici toutes les facettes de son art. Tantôt débonnaire, tantôt fou furieux, l'acteur réalise une grande performance. D'ailleurs, Cheng etait considéré comme un monstre sacré dans le Hongkong cinématographique des années 90 et même s'il s'est fait plus discret depuis, son prestige reste intact dans sa contrée d'origine. Mais Cheng n'est pas le seul à tirer son épingle du jeu. Ses partenaires ne sont pas en reste puisque la distribution comprend aussi les excellents Simon Yam (Une balle dans la tête) et Danny Lee (Dr Lamb), impeccable dans le rôle du flic tenace.
Run and Kill débute sur le ton d'une comédie légère mais, très rapidement, on comprend pourquoi le film appartient à la Catégorie 3. Les dix premières minutes passées, l'ambiance se fait beaucoup plus sérieuse et on bascule soudain dans le thriller noir. Le scénario tient parfaitement la route et le film ne s'égare pas dans ces petits moments de comique ridicule qui ponctuent régulièrement les oeuvres asiatiques.

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La violence, omniprésente, ne donne pas dans les débordements extrêmes sauf dans les dernières minutes qui atteignent un paroxysme malsain que j'ai rarement vu au cinéma. Réalisé en 1993, c'est à dire encore à l'époque de la colonisation anglaise, le film reflète bien cette présence européenne. On remarque, en effet, que le barman de l'établissement où se saoule Cheung est anglais, et que l'endroit est fréquenté par de nombreux non chinois. Avec Run and Kill, Hin Sing Tang relève considérablement le niveau de la Catégorie 3. Ce sous genre, devenu un genre à part entière, a connu ses heures de gloire dans les années 90 avant de sérieusement décliner. Reste que ces films représentant un cinéma outrancier et transgressif sont devenus l'objet d'un véritable culte par les amateurs. 
Moins sanglant que The Untold Story, moins trash que Ebola Syndrome, moins pervers que Daughter of Darkness, Run and Kill ne fait pas pour autant dans la dentelle. Mais sa violence, savamment dosée, n'est jamais gratuite et s'adapte aux nécessités d'un scénario en béton. Pour conclure, adressons nos félicitations au réalisateur qui a su trouver le parfait équilibre entre le thriller survolté et le drame glauque, le tout agrémenté par de nombreuses scènes chocs. Pour cela, Run and Kill me paraît être le meilleur baptême du feu pour ceux qui désireraient se lancer dans la Catégorie 3. Nerveux, désespéré, parfois même hystérique mais tout simplement excellent. 

 

Note : 16/20

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Shaun Of The Dead (Rendez-vous au Winchester)

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Genre : horreur, comédie (interdit aux - 12 ans)
Année : 2004
Durée : 1h39

L'histoire : À presque 30 ans, Shaun ne fait pas grand-chose de sa vie. Entre l'appart qu'il partage avec ses potes et le temps qu'il passe avec eux au pub, Liz, sa petite amie, n'a pas beaucoup de place. Elle qui voudrait que Shaun s'engage, ne supporte plus de le voir traîner. Excédée par ses vaines promesses et son incapacitéà se consacrer un peu à leur couple, Liz décide de rompre. Shaun est décidéà tout réparer, et tant pis si les zombies déferlent sur Londres, tant pis si la ville devient un véritable enfer. Retranché dans son pub préféré, le temps est venu pour lui de montrer enfin de quoi il est capable

La critique :

Edgar Wright débute sa carrière au cinéma en tant que scénariste. Tout d'abord, il écrit et réalise des courts-métrages assez confidentiels. Très vite, Edgar Wright s'accointe et sympathise avec Simon Pegg. Ensemble, ils créent la série télévisée Les Allumés qui cartonne sur Channel 4. Edgar Wright décide de réunir les acteurs de la série pour réaliser son second long-métrage au cinéma, Shaun of the Dead.
Sorti en 2004, le film constitue également le premier épisode d'une trilogie, intitulée Blood and Ice Cream, et sera donc suivi par Hot Fuzz (2007) et Le dernier pub avant la fin du monde (2013). En l'occurrence, Shaun of the Dead est le résultat ou le produit de diverses influences, entres autres les films de zombies. Par exemple, l'intitulé du film est un clin d'oeil àDawn of the Dead, le titre original de Zombie, de George A. Romero.

Doté d'un budget modeste, environ 400 000 euros, Shaun of the Dead cartonne dans le monde entier et rapporte un joli pactole. Le film devient même un véritable phénomène au-delà de ses frontières. George A. Romero applaudit et souligne les immenses qualités du film. Quant aux critiques et à la presse cinéma, elles aussi se montrent unanimement panégyriques.
Avec Shaun of the Dead, Edgar Wright invente un nouveau style : la comédie "zombiesque", un genre qui va littéralement envahir le marché du direct-to-dvd (DTV) par la suite, sans néanmoins retrouver la fougue de cette pellicule horrifique. Hormis Simon Pegg, le long-métrage réunit Nick Frost, Kate Ashfield, Lucy Davis, Dylan Moran, Bill Nighy et Penelope Wilton. 

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Attention, SPOILERS ! À presque 30 ans, Shaun ne fait pas grand-chose de sa vie. Entre l'appart qu'il partage avec ses potes et le temps qu'il passe avec eux au pub, Liz, sa petite amie, n'a pas beaucoup de place. Elle qui voudrait que Shaun s'engage, ne supporte plus de le voir traîner. Excédée par ses vaines promesses et son incapacitéà se consacrer un peu à leur couple, Liz décide de rompre.
Shaun est décidéà tout réparer, et tant pis si les zombies déferlent sur Londres, tant pis si la ville devient un véritable enfer. Retranché dans son pub préféré, le temps est venu pour lui de montrer enfin de quoi il est capable
. Les zombies ont toujours triomphé dans les salles obscures et/ou en vidéo. Toutefois, avant la sortie de Shaun of the Dead, le genre paraît un peu redondant et moribond.

Les productions se ressemblent et racontent peu ou prou la même histoire : une invasion de zombies dans un monde post-apocalyptique ou en déliquescence. La Nuit des Morts Vivants et Zombie restent des références incontournables. Vient également s'ajouter Shaun of the Dead. Cette fois-ci, point de Troisième Guerre Mondiale ni de société en plein marasme.
Le début du film ressemble à une comédie sarcastique et goguenarde qui nous présente le quotidien fastidieux de Shaun (Simon Pegg), un trentenaire sans histoire, qui partage sa vie entre son meilleur ami, Ed (Nick Frost), et son pub favori, le Winchester. Au grand désespoir de Liz, sa petite amie. Dépitée par le comportement immature de Shaun, Liz décide de mettre un terme à leur relation.

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Après vingt minutes de joyeux présentations, le film s'active et prend une tout autre direction. Place désormais aux zombies ! Tout d'abord hilares et légèrement avinés, Shaun et son comparse s'ébaudissent de la situation. Pourtant, très vite, les choses s'accélèrent. Leur colocataire irascible et atrabailaire s'est lui aussi transfiguré en mort vivant. La vie de Shaun va alors prendre un tournant radical.
A la recherche de son ex-fiancée, il va tenter également de sauver sa mère et son beau-père. Le film passe alors d'une situation banale à toute une série d'exploits, toujours réalisés dans la bonne humeur, par ailleurs communicative. Le long-métrage peut en effet s'appuyer sur de nombreuses séquences cultes, entre autres, le fameux lancer de vinyles obsolètes.

Les artistes et les groupes surannés sont priés de s'écraser contre les faciés émaciés de zombies dégingandés ! Au détour de ces séquences souvent jubilatoires, le film opère une critique au vitriol de notre société consumériste. Comme si les zombies devaient sonner le réveil de cet individu roi, étrangement endormi et appâté par une société apathique et indolente.
Comme un symbole, ceux qui sont encore vivants parviennent même à mimer et à se fondre dans la nouvelle population de macchabées pendant une courte durée. Hélas, cette diatribe est rapidement esquissée et éludée par le rappel de ce même capitalisme hédoniste. Ainsi, Shaun et Ed transforment le Winchester en bastion quasi militaire. 
Malheureusement, l'enceinte est promptement envahie par les morts vivants. 

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C'est la séquence clé du film. Shaun of the Dead se transmute alors en comédie "zombiesque"à la fois métronimique et syntonique. Shaun et ses amis battent la mesure en rudoyant plusieurs zombies sous les chants euphoniques de Freddie Mercury et de Queen (Don't stop me now). Vous l'avez donc compris. Shaun of the Dead recèle de trouvailles et impose presque une danse horrifique, comique et endiablée au spectateur. C'est probablement ce dernier point qui explique son immense succès au cinéma.
Néanmoins, le film manque tout de même de sang, de gore, de trash et de tripailles. Encore une fois, il faudra attendre la séquence du bar pour voir quelques boyaux lacérés et tortorés par des zombies affamés. Dommage que certaines morts dramatiques (de personnages pourtant importants) soient rapidement balayées au profit de séquences comiques et horrifiques.
Mais ne soyons pas trop sévères, on tient probablement là le meilleur film de genre de ces dix dernières années. 

Note : 15.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

La Guerre des Mondes - 2005 (Rencontres du 11 septembre)

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Genre : science-fiction
Année : 2005
Durée : 1h52

L'histoire : Ray Ferrier est un docker divorcé et un père rien moins que parfait, qui n'entretient plus que des relations épisodiques avec son fils Robbie, 17 ans, et sa fille Rachel, 11 ans. Quelques minutes après que son ex-femme et l'époux de cette dernière lui ont confié la garde des enfants, un puissant orage éclate. Ray assiste alors à un spectacle qui bouleversera à jamais sa vie

La critique :

Publié en 1898, le roman La Guerre des Mondes d'H.G. Welles reflète à la fois l'angoisse de l'impérialisme et de l'époque victorienne. Quarante ans plus tard, Orson Welles, artiste aux multiples facettes, retranscrit l'opuscule de manière personnelle à la radio et défraye la chronique. Des petits hommes verts seraient déjà sur Terre ! Leur but ? Détruire notre planète ! A la veille de la Seconde Guerre Mondiale, tout le monde fonctionne dans la supercherie ! 
En 1953, en pleine Guerre Froide, Byron Haskins s'ébaudit lui aussi de cette paranoïa ambiante avec un film homonyme (donc La Guerre des Mondes, au cas où vous n'auriez pas suivi...). Le film de Byron Haskins est la parfaite retranscription de plusieurs peurs archaïques et indicibles : la guerre nucléaire et une invasion communiste.

Bienvenue dans la science-fiction des années 1950 ! Mais en l'espace de plus d'un demi-siècle, le contexte politique a changé. 11 septembre 2001 : quatre attentats suicides sont perpétrés aux Etats-Unis et visent des bâtiments symboliques de l'Oncle Sam. L'Amérique connaît probablement sa période la plus noire de son histoire. Le monde entier est sous le choc.
Désormais, plus personne ne scrutera le ciel de la même façon. Telle est la dialectique de La Guerre des Mondes version 2005, réalisé par Steven Spielberg. Sur le fond, le film n'est pas vraiment un remake du chef d'oeuvre de Byron Haskins, mais plutôt une adaptation libre, qui vient confirmer une nouvelle peur contemporaine : le terrorisme. Comme un symbole, Steven Spielberg, réalisateur émérite et accompli, qui a triomphé avec d'autres films de science-fiction, entre autres Rencontres du Troisième Type et E.T. L'Extra-Terrestre, n'est plus ce visionnaire du passé.

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Son regard sur l'avenir a profondément changé. Contrairement àE.T. L'Extra-Terrestre et àRencontres du Troisième Type, deux films de SF exaltant le pacifisme à satiété, La Guerre des Mondes propose une toute autre vision de nos aliens macrocéphales. Cette fois-ci, fini les courses à vélo dans un ciel lunaire. Place désormais à la guerre, à la dépression et à un monde condamnéà la déliquescence.
La distribution du film réunit Tom Cruise, Dakota Fanning, Justin Chatwin, Henry Jane Watson, Miranda Otto, Tim Robbins, Rick Gonzales et Yul Vasquez. Après le tournage, Steven Spielberg déclarera qu'il ne réengagerait plus jamais Tom Cruise pour un film. En effet, durant la promotion, l'acteur glose, pérore et fait surtout l'apologie de la scientologie. Ce qui aura le don d'agacer le réalisateur. 

La polémique gonfle et certaines critiques considèrent presque La Guerre des Mondes comme une oeuvre de propagande à la gloire de la scientologie. Accusation évidemment démentie par Steven Spielberg. Le long-métrage ne contient aucun discours religieux, encore moins scientologique. Attention, SPOILERS ! Ray Ferrier (Tom Cruise) est un père divorcé vivant dans le New Jersey, en banlieue de New York.
Un matin, son ex-épouse lui confie la garde de leurs deux enfants, Rachel (Dakota Fanning) et Robbie (Justin Chatwin), le temps de quelques jours. Mais le soir-même, un orage éclate et déclenche d'étranges phénomènes comme l'arrêt total des véhicules. Bientôt, d'énormes engins mécaniques surgissent de sous terre et désintègrent les êtres humains dans le chaos le plus total.

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Ray et ses enfants pensent trouver refuge chez son ex-épouse, mais celle-ci est déjà partie pour Boston et la maison est inoccupée. Durant la nuit, un Boeing 747 se crashe dans le quartier. Au milieu des débris, une équipe de journalistes leur apprend que des créatures extra-terrestres sont à l'origine des événements et que le monde est déjà en ruines. Ray, Rachel et Robbie décident de se rendre à Boston, traversant une série d'épreuves qui va à la fois les réunir et les séparer.
Depuis Minority Report, le cinéma de Steven Spielberg s'est visiblement radicalisé. Le cinéaste n'est plus ce réalisateur à oscars qui recherche à tout prix la gloire et la célébrité. Dans Minority Report, "Spielby" constatait les effets délétères d'une société américaine obnubilée par le crime.

Dans La Guerre des Mondes, un nouveau fléau s'est peu à peu transmuté. Désormais, les attentats terroristes sont appelés à devenir le quotidien d'un monde en décrépitude. Ici point de héros américain triomphant de vils extra-terrestres. Ray Ferrier est un père de famille divorcé totalement impuissant et condamnéà s'esbigner devant les attaques destructrices des aliens.
Steven Spielberg assure largement le spectacle avec toute une série de déflagrations, ces immenses appareils aux tentacules oblongues qui sourdent de la terre, ne laissant derrière eux que ruines et désolation. Face à cette nouvelle guerre, les populations vivent dans la terreur. L'armée se révèle elle aussi impuissante. Quant aux survivants humains, soit ils sont kidnappés par les machines extra-terrestres, soit ils s'entretuent eux-mêmes.

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Là aussi, point de solidarité. Le discours de Steven Spielberg est résolument pessimiste et d'une noirceur totale. Dans ce monde chaotique condamnéà la paupérisation, c'est le retour aux méthodes expéditives. C'est aussi le témoignage d'un monde qui tourne à l'envers. En outre, notre technologie moderne ne parvient même pas àégratigner les robots-alien.
A partir de là, Steven Spielberg s'approprie le roman d'H.G. Wells. C'est la nature même, cet atome ou plutôt cette bactérie primordiale qui va triompher de cette civilisation hostile et belliciste. Paradoxalement, le film n'est pas exempt de tout reproche, tout du moins de contradictions. Alors que Spielberg nous emmène sur un chemin escarpé, il conclut ce remake de façon surprenante. Bien étrange happy-end que ces retrouvailles familiales dans un contexte martial, rappelant étrangement nos instincts les plus barbares et primitifs. Contre toute attente, le cinéaste euphémise son propos, jusque-là radical.
Dommage car on tenait probablement là le ou l'un des plus grands chefs d'oeuvre du réalisateur...

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver


Calvaire (Les chiens de paille)

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Genre: horreur, thriller, inclassable (interdit aux - 16 ans)
Année: 2004
Durée: 1h30

L'histoire : Marc Stevens est un chanteur itinérant. A l'hospice, le concert est terminé. Celui-ci reprend la route, mais il tombe en panne au milieu de nulle part. M. Bartel, un aubergiste psychologiquement fragile depuis que son épouse Gloria l'a quitté, le recueille. C'est alors que commence le cauchemar de Marc : M. Bartel voit en lui l'incarnation de son ex-femme et tout le village est persuadé que celle-ci est rentrée au pays. 

La critique :

La carrière de Fabrice Du Welz en tant que réalisateur débute en 1999 avec un court-métrage, Quand on est amoureux, c'est merveilleux, qui remporte le grand prix du festival Gérardmer. Un premier essai fort encourageant. En 2004, Fabrice Du Welz réalise son tout premier film, Calvaire, qui reste à ce jour le long-métrage le plus connu du cinéaste.
Par la suite, Fabrice du Welz se fera beaucoup plus discret. En 2008, il signe Vinyan avant plus ou moins de disparaître de la planète "cinéma". Pour Calvaire, le réalisateur s'inspire de plusieurs films : La Traque de Serge Leroy (1975), Un soir, un train d'André Delveaux (1968) et Les Chiens de Paille de Sam Peckinpah (1971).

La distribution de Calvaire réunit Laurent Lucas, Jackie Berroyer, Philippe Nahon, Jean-Luc Couchard et Brigitte Lahaie. Pour la petite anecdote inutile, le nom de Bartel (Jackie Berroyer) est un clin d'oeil au réalisateur Paul Bartel à qui l'on doit Eating Raoul (1982) et La course à la mort de l'an 2000 (1975). Calvaire acquiert une certaine notoriété dans plusieurs festivals, notamment à Rotterdam, où il obtient plusieurs récompenses. Le film choque, estourbit et provoque à la fois le scandale et la polémique. Indubitablement, Calvaire est un film hors norme.
Horreur, thriller, épouvante ou encore un drame, Calvaire est une oeuvre inénarrable et inclassable où règne cette atmosphère de grisaille... Par conséquent, difficile de ranger cet OFNI (objet filmique non identifié) dans une catégorie particulière.

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Certes, le film est plébiscité et louangé par la presse et la critique cinéma. Néanmoins, dans les salles obscures, Calvaire passe relativement inaperçu. Toutefois, au fil des années, le film s'est taillé une certaine réputation sur la Toile et auprès des amateurs de cinéma trash et relativement obscur. Attention, SPOILERS ! Marc Stevens est un jeune chanteur de charme pour personnes âgées qui, après un gala dans un village des Ardennes belges, tombe en panne en pleine forêt et, guidé par Boris, un jeune homme étrange à la recherche de sa chienne Bella, aboutit à l'auberge tenue par Bartel.
Celui-ci voit en Marc une « réincarnation » de son ex-femme Gloria et séquestre, viole, tond et enlaidit Marc afin qu'il ne soit pas une tentation pour les hommes du village proche, un village misérable où ne semblent habiter que des hommes et qui, pour assouvir leurs besoins sexuels, profitent des voyageurs occasionnels ainsi que des animaux qu'ils possèdent. 

La nuit de Noël, alors que Marc et Bartel réveillonnent, les villageois attaquent l'ancienne auberge et tuent Bartel et Boris qui était revenu avec son « chien »— en réalité un veau — dans les bras. Marc parvient à s'enfuir. Poursuivi par les villageois, il assiste à l'enlisement et à la mort de l'un d'entre eux dans des sables mouvants. Dès ses premières minutes, Calvaire a le mérite de présenter les inimitiés.
Marc Stevens, une sorte de ménitrier des villages, chante dans une maison de retraite sous les applaudissements de vieillards décrépits. Alors qu'il tombe en panne avec sa camionnette, il croise la route de Bartel, un homme étrange qui a perdu sa femme (Je renvoie au synopsis). A partir de là, le film enchaîne les saynettes les plus outrancières et amphigouriques.

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Fabrice du Welz nous convie en plein cauchemar et dans une sorte de brume crépusculaire. Pourtant, dans un premier temps, Bartel se montre plutôt courtois et avenant envers son nouveau commensal. Pourtant, très vite, l'accueil chaleureux se transforme en rebuffade. Bartel associe Marc Stevens au retour de sa femme infidèle. Il grime le pauvre jeune homme d'oripeaux féminins, le torture, le crucifie et le viole. Dans Calvaire, la folie ne concerne pas seulement un obscur campagnard, mais une communauté toute entière. Lors d'une promenade champêtre, Stevens rencontre un certain Boris, un homme qui tient des propos confus et nébuleux concernant sa chienne.
Par la suite, Stevens tombe sur de curieux raboteux qui se livrent à des relations sexuelles avec des animaux. Dans Calvaire, on passe ainsi de l'euphorie à la zoophilie.

Oui clairement, Calvaire est un film qui marque au fer rouge. Néanmoins, les émotions des divers protagonistes semblent définitivement l'emporter sur la réalité. A l'image de la séquence se déroulant dans un bar, une sorte de mélange fuligineux entre Massacre à la Tronçonneuse (la scène du repas final) et Les Chiens de Paille avec ces villageois barbares, frustres et vindicatifs.
Dans Calvaire, il est donc inutile de chercher la moindre cohérence ou logique dans les propos des divers protagonistes. Fabrice Du Welz nous convie dans un trip hallucinatoire et totalement déshumanisé. A la rigueur, seul Marc Stevens tire son épingle du jeu. Un propos toutefois à minorer puisque ce dernier est condamnéà gémir sous les supplices et la torture. Ou encore à s'esbigner, à l'image des vingt dernières minutes du film, qui se transforment en survival.
Surréaliste, ésotérique et d'une violence inouïe, Calvaire multiplie les gros plans sur les visages ébaubis et ulcérés de sa bande de loufoques dégénérés. Bref, on tient probablement là le meilleur film d'horreur belge de ces dix dernières années.

Note : 17/20

 

sparklehorse2 Alice In Oliver

Death File Yellow (La mort leur va si bien)

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Genre : shockumentary, trash, death movie (interdit aux - 18 ans)

Année : 2006

Durée : 1 heure

L'histoire : Un documentaire épouvantable de morbidité. La mort dans tous ses états : accidents, meurtres, autopsies. Le tout capturé en found footage et présenté de façon spectaculaire et sur-dramatisé. Du Japon au Bangladesh, de la Thaïlande au Pakistan, des instantanés saisis sur le vif montrant toute l’horreur du moment où l’être humain bascule de vie à trépas.

La critique :

Il y a les sept péchés capitaux, il y a les supposés sept portes de l’enfer, désormais il y aura les sept chroniques apocalyptiques de Inthemoodforgore sur Cinéma Choc. Oui, chers virtuels assujettis, à partir de maintenant et pour sept fois consécutives, vous allez devoir subir mon féroce courroux puisque je vais vous imposer de gré ou de force, les plus indicibles abjections de ma collection. Sept films parmi les plus trash, ignobles et monstrueux qui aient jamais été commis par l’homme. Sept cauchemars sur pellicule, tous plus rares les uns que les autres. Il n’est pas beau ce petit cadeau du Nouvel An ?
Avouez que là, je vous ai vraiment gâtés. 
Et aujourd’hui, nous commençons fort avec Death File Yellow. Réalisé (assemblé serait un terme plus exact) en 2006 par Yôhei Fukuda, ce shockumentary pour le moins douloureux propose une heure durant un spectacle terriblement choquant. Nos amis nippons nous ont prouvéà maintes reprises qu’ils étaient d’aimables fous furieux, fortement secoués de la pulpe.

En effet, des individus capables d’engendrer de telles horreurs ne doivent pas bénéficier de toutes leurs facultés mentales ! Raison de plus pour foncer tête baissée dans leurs délires nauséabonds. Depuis 1962 et le célèbre Mondo Cane, les documentaires ethnologiques ont évolué de façon étonnante. Le sensationnalisme et le consumérisme sociétal aidant, le genre « mondo » a peu à peu dérivé en documentaire choc où les situations montrées à l’écran franchissaient un palier supplémentaire dans la violence. Le shockumentary (pour reprendre le terme exact anglicisé) était né.
Tout d’abord animalier avec au milieu des années 1970, Savage Man Savage Beast et This Violent World, le genre a explosé et s’est fait universellement connaître avec le très controverséFace à la Mort, sorti en 1978. Même si l’on sait aujourd’hui que la plupart des images proposées dans ce film n’étaient que des montages scénarisés, la mode était lancée. Il n’y avait plus qu’à surfer là-dessus.

Ainsi, toute une série de succédanés virent le jour, s’enlisant chaque fois un peu plus dans la médiocrité. Mais les bas instincts du public en réclamaient toujours plus. C’est alors que naquirent les death movies. Et c’est Thierry Zeno, avec Des Morts (aka Of the Dead) en 1979, qui fut le premier à démocratiser la mort réelle à l’écran. Puis, ce type de productions se développa dans les décennies 1990 (Der Weg Nach Eden) et 2000 (Orozco the embalmer, Junk Films).
Et comme souvent, c’est du côté du Japon qu’il faut aller les réalisateurs qui ont fait le choix de montrer, sans aucun artifice et de manière la plus abrupte, le véritable visage de la mort. Attention, SPOILERS ! Avec en arrière-plan des dizaines de crânes empilés les uns sur les autres, un présentateur de télévision prend un ton dramatique pour présenter le documentaire. La première scène nous conduit dans une usine détruite par une explosion. La caméra entre tout de suite dans le vif du sujet et s’attarde sur le travail des secours qui s’affairent à déterrer des cadavres gisant parmi les décombres.

Le deuxième mini reportage présente des victimes décédées par arme à feu, tombées sur des routes ou dans des squats. Puis, le film prend une tournure mondo en nous montrant la célébration d’une fête rituelle de rue, dans une ville japonaise. On y voit des participants s’auto-flageller jusqu’au sang, se lacérer le visage ou même se couper la langue (!), tandis que d’autres dansent en costumes traditionnels tout en allumant des pétards. Mais le point culminant du sordide est atteint lors de la séquence suivante avec la présentation sous toutes les coutures (si j’ose m’exprimer ainsi) d’une autopsie d’un bébé mort-né.
Filmé en gros plan et dans son interminable intégralité, la scène est accompagnée d’une musique lyrique qui détone singulièrement avec l’horreur des images proposées. Le film se termine par la mise à jour et l’alignement méthodique de milliers d’ossements près d’un temple bouddhiste en Thaïlande. Death File Yellow est le dernier opus d’une série de cinq documentaires chocs initialisés en 1998 avec Death File Red.

Chaque épisode de cette franchise est génériquement affublé d’une couleur (red, black, yellow…), ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais strictement rien. Quoiqu’il en soit, ces films, tout à fait introuvables sur le continent européen, mettent nos nerfs et notre estomac à rude épreuve. Dans cet épisode, le sommet de l’ignominie est bien sûr atteint avec l’autopsie de ce bébé mort-né où la caméra ne nous épargne rigoureusement rien du lugubre et long processus, respectéà la lettre par le médecin légiste.
Le voyeurisme approche de son paroxysme lorsque nous sommes soumis aux images de ce petit corps d’une quarantaine de centimètres, malmené, découpé, éviscéré, comme réduit à l’état d’un morceau de viande sur l’étal d’un boucher. 
Une vision difficilement supportable… Toutefois, en dépit de ce passage vraiment hardcore, Death File Yellow se situe quand même un cran en dessous dans l’horreur « pure » des sommets agressifs que constituent Orozco the Embalmer ou Junk Films., tous deux signés par Kiyotaka Tsurisaki.

Quoiqu’il en soit, au fil de ces découvertes toujours plus éprouvantes, on ne peut que constater cette curieuse fascination pour la mort suscitée au pays du Soleil levant et même dans tous les pays de l’Asie du Sud-Est. A croire que les cinéastes japonais ont vraiment le gêne du scabreux dans leur ADN. Death File Yellow n’est pas le documentaire le plus choquant que l’on puisse trouver sur la mort (attention, tout de même !). Il n’en demeure pas moins qu’il dégage une puissance émotionnelle rare et plonge le spectateur dans un malaise indéniable.
Cependant, l’algorithme d’escalade mortifère auquel on assiste depuis plus de cinquante ans, sous un prétexte fallacieux d’information, a quelque chose de profondément dérangeant. Où s’arrêtera la surenchère ? Le très récent Most Disturbed Person On Planet Earth 2 nous a prouvé, il y a peu de temps, que l’avilissement de l’homme est sans limite. A croire que l’abominable réalité des événements dans le monde actuel ne suffit pas encore pour satisfaire les instincts primitifs enfouis en chacun de nous.

Note : ?

 

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L'Echelle de Jacob (Cauchemars morbides)

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Genre : drame, guerre, fantastique, inclassable (interdit aux - 12 ans)
Année : 1990
Durée : 1h52

L'histoire : Jacob Singer, un employé des postes new-yorkaises, est assailli par de nombreux cauchemars durant ses journées. Il voit des hommes aux visages déformés et se retrouve dans des lieux qu'il ne connaît pas. Jacob est victime des flashbacks incessants de son premier mariage, de la mort de son fils et de son service au Vietnam. Jours après jours, Jacob s'enfonce dans la folie en essayant de comprendre ce qui lui arrive avec l'aide de Jezebel, son épouse

La critique :

Producteur et réalisateur britannique, Adrian Lyne accède à la gloire et à la notoriété dès son second long-métrage, Flashdance en 1983. Il enchaîne alors les succès au cinéma avec 9 semaines 1/2 (1986) et Liaison Fatale (1987). En 1990, Adrian Lyne s'investit dans une oeuvre plus personnelle, L'Echelle de Jacob, sans aucun doute son meilleur film.
Paradoxalement, le long-métrage n'obtient qu'un succès d'estime au moment de sa sortie. Les spectateurs ne se précipitent pas spécialement dans les salles. Pourtant, L'Echelle de Jacob est unanimement salué par les critiques et la presse cinéma. Avec Angel Heart d'Alan Parker qui sort la même année, L'Echelle de Jacob impose un nouveau style : le film à twist final.

Au fur et à mesure des années, L'Echelle de Jacob va devenir un véritable phénomène. Certains fans jubilent et parlent même d'un film culte. Aujourd'hui, L'Echelle de Jacob est répertorié parmi les meilleurs thrillers de toute l'histoire du cinéma. Il est classé dans la liste des dix films les plus effrayants de tous les temps par de nombreux sites internet.
Reste à savoir si sa réputation est bel et bien justifiée. Réponse dans les lignes à venir... En vérité, difficile de ranger le long-métrage dans une catégorie particulière. L'Echelle de Jacob se situe à la frontière entre le fantastique, le drame, le film de guerre, l'épouvante et le thriller. La distribution du film réunit Tim Robbins, Elizabeth Pena, Dany Aiello, Matt Craven, Pruitt Taylor Vince, Jason Alexander, Erik La Salle, Ving Rhames et Macaulay Culkin (dont c'est la première apparition au cinéma).

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Attention, SPOILERS ! Jacob Singer (Tim Robbins) est un employé des postes vivant à New York avec une compagne qu’il n’aime pas vraiment. Ce dernier est constamment harcelé par ses souvenirs de la guerre du Vietnam où il fut gravement blessé. Jacob est également hanté par la vie qu’il menait auparavant, lorsqu’il était professeur d’université et heureux père de famille, jusqu’à ce qu’un accident lui arrache la vie de son jeune fils et brise sa vie de couple.
Tandis que les différentes périodes de sa vie se mélangent dans son esprit, Jacob est poursuivi par d’étranges et grotesques apparitions, l’amenant jusqu’aux confins de la folie. En vérité, il est difficile de parler de L'Echelle de Jacob sans révéler les éléments essentiels d'un scénario souvent labyrinthique et nébuleux.

Donc attention, ce qui va suivre révèle les grande lignes de l'intrigue ! L'Echelle de Jacob revisite à sa manière L'Enfer, la première partie de La Divine Comédie de Dante Alighieri, qui se divise elle-même en deux parties : le Purgatoire et leParadis. En outre, L'Echelle de Jacob s'apparente à une allégorie de cette première section. Avant d'exhaler son dernier soupir, un homme, Jacob Singer, est condamnéà (re)vivre plusieurs moments importants de sa vie sous la forme de cauchemars morbides.
Certes, au détour de plusieurs séquences et rebondissements, Adrian Lyne propose une succession de fausses pistes. A l'instar de ses compagnons d'infortune, Jacob Singer a vécu l'enfer au Vietnam. De retour chez lui, il est victime d'hallucinations terrifiantes.

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Les réminiscences de la guerre refont surface, mais Jacob ne parvient pas à comprendre le sens de ses hallucinations terrifiantes. Il est même épié et poursuivi par ce qui semble être une mystérieuse organisation. Ses anciens amis souffrent des mêmes symptômes. Alors folie, cauchemar ou réalité ? Jacob mène sa propre enquête. Hélas, son périple schizoïde se transforme en véritable paranoïa.
Lui et ses anciens comparses du Vietnam auraient été les victimes d'expériences scientifiques pendant la guerre. Le gouvernement et l'armée chercheraient donc àéliminer ces cobayes du passé. Jacob se heurte alors à une sorte de mur incoercible et rédhibitoire. Bref, vous l'avez compris. A l'instar de son héros principal (l'excellent Tim Robbins), le spectateur est lui aussi promené dans une série de dédales fantasmatiques.

Adrian Lyne propose alors une sorte de périple hallucinatoire en forme d'autoscopie mentale. Le spectateur est nûment conviéà sonder le cerveau malade de cet ancien soldat en proie à des délires paranoïdes. Le scénario du film est pour le moins déconcertant. Néanmoins, impossible de ne pas y voir une oeuvre personnelle et (presque) eschatologique. Adrian Lyne nous entraîne dans un huis-clos anxiogène dans lequel il est question évidemment de la mort, de psychasthénie mentale, mais aussi d'un univers onirique en proie à ses propres contradictions et impasses.
Autre thématique abordée par le film : le trauma et ses corollaires avec tous ces soldats confinés dans la solitude, la dépression et l'oubli. Evidemment, la révélation finale, le fameux twist, a le mérite de dissiper les doutes d'un scénario souvent retors et sybillin. Seul petit bémol, Adrian Lyne se montre parfois un peu trop gourmand au niveau de la mise en scène et multiplie les flash-back et les fausses pistes à profusion, ce qui pourra peut-être décontenancer les plus téméraires d'entre vous. 
Mais ne soyons pas trop sévères, on tient là une petite pépite du cinéma fantastique (pas seulement par ailleurs) et une véritable expérience cinématographique.

Note : 16.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Spider Baby (Les enfants de Tod Browning)

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Genre : horreur, épouvante, inclassable (interdit aux - 16 ans)
Année : 1968
Durée : 1h26

L'histoire : Les trois enfants de la famille Merrye sont atteints d’un syndrome de dégénérescence. Leur père est mort. Les trois vivent à la campagne dans une maison isolée, en compagnie d’un chauffeur qui leur sert de tuteur. Jusqu’au jour où ils apprennent l’arrivée d’autres membres de leur famille. Les victimes vont se succéder, à commencer par le coursier qui vient leur annoncer la nouvelle

La critique :

Le nom de Jack Hill ne doit pas vous évoquer grand-chose. Scénariste et réalisateur indépendant, Jack Hill est un élève de Roger Corman. Aux côtés de son auguste professeur, il signe L'Halluciné en 1963. Par la suite, Jack Hill sombrera peu à peu dans l'oubli et la confidentialité jusqu'à disparaître totalement de la planète "cinéma" dès le début des années 1980.
Seul Spider Baby, sorti en 1968, fait figure d'exception. Hormis Lon Chaney Jr, le film ne réunit pas des acteurs très connus. A moins que vous connaissiez les noms de Carol Ohmart, Sid Haig, Jill Banner et Beverly Washburn, mais j'en doute. Petite production fauchée et indépendante, Spider Baby reste un long-métrage assez obscur et confidentiel. Néanmoins, le film va se tailler une certaine réputation au fil des décennies.

Le long-métrage est réalisé un an avant La Nuit des Morts Vivants (George A. Romero) et va inspirer de nouveaux films d'horreur particulièrement sombres, entre autres, Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974). Film précurseur, Spider Baby préfigure, dès la fin des années 1960, une nouvelle forme d'épouvante, cette fois-ci contemporaine. 
Cependant, à l'époque, le long-métrage sort plus ou moins dans l'anonymat. Dans les années 1950 et 1960, ce sont surtout les films de la Hammer qui triomphent dans les salles obscures. En outre, Spider Baby est le digne épigone de Freaks, la monstrueuse Parade (Tod Browning, 1932). Les deux films partagent de nombreuses similitudes. Mais j'y reviendrai... 

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Attention, SPOILERS ! Les derniers descendants de la famille Merrye, trois adolescents, vivent dans un manoir sous la supervision du chauffeur de leur défunt père. Une maladie très rare les affecte, faisant déprécier leur intelligence à un niveau primaire à mesure qu'ils vieillissent. Flairant une occasion en or, des cousins éloignés de la famille se rendent au manoir avec leur avocat dans le but de prendre possession de la demeure et institutionnaliser les adolescents.
Spider Baby se focalise essentiellement sur l'étrange relation qui se noue entre les trois adolescents indociles et Bruno (Lon Chaney Jr), à la fois chauffeur de la famille et père de substitution. Comme je l'ai déjà souligné, le film partage de nombreuses analogies avec Freaks, la monstrueuse Parade.

Envers et contre tout, Bruno joue les éducateurs et tente de refouler les ardeurs criminelles de ces chers adolescents fougueux. Symboliquement, ils sont la lie et les rebuts d'une société consumériste qui les a rejetés et confinés dans l'oubli. Bruno tente alors de les protéger contre ce regard extérieur, ce monde adulte, à la fois inique, xénophobe et fallacieux.
En ce sens, l'histoire de ces éphèbes et de cette figure patriarcale n'est pas sans rappeler le scénario tragique de Freaks. Avant, pendant et après le tournage du film, Tob Browning se comportera lui aussi comme un père auprès de ces êtres ostracisés et répudiés par la société toute entière. 
Hélas, le couperet ne tardera pas à tomber. 

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A l'instar de Tob Browning et de ses acteurs dolichocéphales, Bruno et ses trois adolescents d'infortune sont eux aussi condamnés à l'anonymat, à l'oubli, à la déréliction et à la mort. Mais pour Jack Hill, c'est la société toute entière qui semble vouée à la paupérisation et à la décrépitude. Certes, le cinéaste doit composer avec un budget extrêmement modeste (à peine 65 0000 dollars). 
Pourtant, le réalisateur nous gratifie de plusieurs séquences outrecuidantes. Dans Spider Baby, nos jeunes impubères se fondent totalement dans la nature. Ils symbolisent ce retour à la primauté animale. Le fils aîné chasse et prédate. Sa nouvelle proie, en l'occurrence un chat, est même servi à dîner lors d'un repas frugal. En revanche, peu de séquences se déroulent en extérieur.

Spider Baby s'apparente donc à un huis clos anxiogène qui analyse les comportements de ses divers protagonistes. Condamnés à refouler leurs pulsions les plus archaïques, les trois jouvenceaux ne vont pas tarder à s'attaquer à leurs nouveaux commensaux. Dans un premier temps, c'est Carole Ohmart, en adolescente "arachnide", qui tisse sa toile sur sa victime, un trentenaire poltron, et aussi le narrateur du film. Ensuite, c'est à nouveau l'aîné de la famille qui épie les dessous féminins d'une jolie blondinette. Par conséquent, difficile de ranger Spider Baby dans une catégorie particulière. 
Parfois comique dans certaines situations scabreuses, tantôt éprouvante dans ses meurtres abominables, souvent dramatique dans son propos, Spider Baby est une oeuvre totalement inclassable. Le réalisateur parvient même à rendre ses trois adolescents attachants malgré leurs actes criminels. 
A contrario, le monde adulte est vilipendé par le cinéaste. Finalement, nos héros juvéniles sont les reflets de nos instincts barbares et primitifs, ceux qui sont profondément enfouis dans notre cerveau reptilien.
Ils symbolisent ce miroir de l'horreur, cette âme disgracieuse qui se tapit en chaque être humain. Certes, Spider Baby a bien souffert du poids des années. Filmé en noir et blanc, le long-métrage pourra paraître un peu obsolète aujourd'hui. Néanmoins, le film conserve toujours un charme indéniable, une mélancolie insondable...

Note :16/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Mondo Weirdo : A Trip To Paranoia Paradise (Schizophrénie, vampirisme et menstruations)

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Genre : expérimental, trash, horreur, pornographique (interdit aux - 18 ans)

Année : 1990

Durée : 59 min


L'histoire : Odile, une jeune femme psychologiquement très perturbée, s'identifie à la Comtesse sanglante et moyenâgeuse Elisabeth Bathory. Cependant, durant ses périodes menstruelles, elle rêve de devenir Alice, un double fantasmagorique qui s'adonne à la luxure. Son subconscient va alors la conduire dans une expérience aux frontières de l'horreur et de la folie.

La critique :

Amis blogueurs attention, atterrissage imminent d'un ovni sur Cinéma Choc ! Un véritable film de barges qui a de fortes chances de grimper la température du blog et de secouer votre libido façon shaker. Trips hardcore clairement réalisé sous acides, Mondo Weirdo est l'une des oeuvres les plus étranges que j'ai eu l'occasion de visionner en plus de trente ans de parcours cinéphile. Autant Mondo Weirdo est une oeuvre rare, quasiment introuvable en dvd ou en vhs, autant il bénéficie de larges plages de téléchargement ou streaming via des sites spécialisés.
Tout comme The Baby of Mâcon (dans un tout autre genre), j'ai longtemps attendu avant de me lancer à l'assaut de cette heu... chose. Alors bouclez vos ceintures, il va falloir s'accrocher. Tout d'abord, de quel esprit tordu a pu bien naître l'idée d'un tel film ? Hé bien, de celui de Carl Andersen, un cinéaste allemand inconnu au bataillon et dont le principal fait d'armes aura été de réaliser ce produit délictueux en 1990.

Weird signifie "bizarre", "étrange". Le moins que l'on puisse dire, c'est que le titre va comme un gant à cette oeuvre ultra barrée et furieusement trash. Mondo Weirdo n'est pas un film. En tout cas, il ne reprend en rien les codes cinématographiques classiques. Il faudrait plutôt l'appréhender comme un songe cauchemardesque dans lequel une jeune femme en quête identitaire se débat contre ses propres démons. A la recherche de son autre "moi", elle se lance dans une exploration introspective, aux limites les plus reculées de son subconscient. Cette quête va la mener jusqu'aux confins de l'horreur et de la folie ; et le spectateur avec elle... Carl Andersen a dédié son film à Jean-Luc Godard et à Jess Franco.
Pour ce dernier, on comprend aisément la dédicace puisque la propre fille du réalisateur espagnol est la tête d'affiche de ce moyen métrage. Elle interprète le rôle d'Odile sous le nom de Jessica Franco Manera. Si la filmographie de la jeune femme se limite à trois films et à un seul long-métrage, sa composition dans Mondo Weirdo nous laisse pantois.

A la fois mystique, perverse et désespérée, l'actrice livre une performance de premier ordre. Attention, SPOILERS ! Le film commence par le témoignage d'un narrateur, un certain docteur Rosenberg, qui affirme que cette histoire serait tirée d'un fait réel. Odile, une jeune fille d'une quinzaine d'années, est extrêmement perturbée psychologiquement. Ces perturbations se transforment carrément en névroses démentielles lorsqu'elle se trouve en périodes de menstruations.
Fascinée par la comtesse sanglante moyenâgeuse Elisabeth Bathory, Odile a pour habitude de boire le sang de ses règles. Dans ces instants-là, elle s'invente un double nommé Alice qui va assouvir ses plus violentes pulsions sexuelles et ses fantasmes vampiriques. Dès lors, bienvenue dans un maelstrom d'images chocs et surréalistes qui bombardent sans répit le spectateur par des séquences toutes plus transgressives les unes que les autres. Le scénario (si on peut l'appeler ainsi) suit les divagations sensorielles de cette jeune fille qui expérimente, au fil de ses rencontres imaginaires, toutes formes de plaisirs, toujours intimement liés à l'ultra violence et l'auto mutilation.

Le film est ainsi découpé en autant de tableaux sans aucun rapport les uns avec les autres : logique dans l'illogisme puisqu'il s'agit ni plus ni moins d'un récit chimérique cérébral et non d'une histoire réelle. C'est ainsi que dans son subconscient dérangé, Odile rencontrera un groupe de rock qui joue devant deux lesbiennes en train de faire l'amour, un mannequin qui pleure du sang, des inconnus menaçants qui tentent de l'agresser, un appartement où chaque pièce cache un(e) déséquilibré(e) qui se masturbe frénétiquement, et cela continue jusqu'au générique final...
Lorsqu'on se décide à tenter l'expérience Mondo Weirdo, il est préférable et même fortement conseillé de laisser toute idée de logique de côté. Sans aucun fil narratif et diamétralement opposéà l'univers de la pornographie ordinaire, le film de Carl Andersen nous plonge littéralement dans un monde cauchemardesque, confus et craspec où les personnages traversent, tels des fantômes nus, un delirium tremens hallucinogène dégoulinant de sperme et de sang.

Un voyage aux frontières de la quatrième dimension arty-trash où le réalisateur ne fait pas dans la demi-mesure pour déstabiliser son public Sincèrement, il faut l'avoir vu pour le croire. Mondo Weirdo est une oeuvre si haut perchée qu'à la fin de la projection, on se demande si l'on a réllement vu un film ou si on n'a pas absorbé quelques substances illicites qui, à l'instar de l'héroïne, nous auraient fait voyager vers des paradis paranoïaques et artificiels. Une certitude.
Andersen a placé la barre de la perversitéà des hauteurs rarement égalées : lesbianisme ultra chaud lors de périodes menstruelles, fellation et sodomie homosexuelle, absorption de véritable sang, triolisme vampirique, gore... Certes, les actes sexuels ne sont pas filmés bien longtemps, mais ils n'en demeurent pas moins très explicites. Mondo Weirdo est donc un film pornographique. Mais le réalisateur opère un traitement si expérimental qu'il ne place pas du tout son oeuvre dans une démarche masturbatoire. En fait, c'est tout le contraire.

On se retrouve en présence d'un spectacle absolument indescriptible d'incohérence et d'agressions à la fois visuelles et auditives. Le noir et blanc est uséà l'extrême, les images sont de qualité très aléatoire pour ne pas dire déliquescentes et surtout, la bande son navigue sans cesse entre le punk et le death metal. Cet ensemble confère au métrage une atmosphère étrange, presque irréelle. A ces caractéristiques surprenantes, on ajoutera un jeu d'acteurs qui confère au cinéma muet, le film étant quasiment dénué de tout dialogue. Imaginez un esprit desaxé en total conflit avec lui-même, avec ses peurs les plus enfouies, ses colères les plus contenues, ses fantasmes les plus inavouables.
Carl Andersen a réussi le tour de force de retranscrire sur pellicule ce monde imaginaire de violences impures. A la fois orgie des corps et anarchie de l'esprit, Mondo Weirdo baigne dès la première minute dans une ambiance malsaine et crépusculaire qui perturbe le spectateur autant qu'elle le subjugue. Ultra destroy et unique en son genre, ce moyen métrage germano-autrichien (injustement) méconnu du grand public peut être considéré comme un chef d'oeuvre avant-gardiste dans l'univers parallèle du cinéma expérimental. Un fascinant cauchemar.

Note :18/20

 

tumbling doll Inthemoodforgore



Seconde chronique :

Attention, voila un OFNI (objet filmique non identifié) sur le blog Cinema Choc, une oeuvre expérimentale signée Carl Andersen, qui ne laissera personne indifférent. Son nom : Mondo Weirdo, réalisé en 1990. ATTENTION SPOILERS ! Une voix off se disant psychanalyste présente les événements du film, le tout sur un écran noir entrecoupé de séquences pornographiques en images subliminales.
Une jeune femme nommée Odile a ses règles pendant qu'elle prend sa douche. Elle se livre alors à des jeux onaniques en se caressant puis en se léchant les doigts. Elle se rend dans un bar où un groupe de rock joue pendant que deux femmes font l'amour non loin de la scène.

L'image est découpée en trois parties : sur le premier plan, notre héroine danse sur de la musique, sur le second, c'est un groupe de muisque qui se produit sur scène et sur le troisième, ce sont deux femmes qui coïente ensemble. Le couple rejoint Odile et discute avec elle. Ensuite, c'est un homme à bord d'une camionnette l'emmenera chez lui pour la violer.
Puis, Odile reprend subitement connaissance dans la rue, tout ceci n'était qu'une hallucination. Chez elle, Odile verra une femme se faire massacrer par deux hommes. Les deux bourreaux se rendent chez Odile. La jeune femme se défend et tranche la gorge d'un des deux hommes. Séquence suivante. Odile se rend dans un bar, mais en voulant ramasser un livre, un homme en érection se tient derrière elle.

Odile lui fait une fellation, mais encore une fois, cette scène sexuelle est une hallucination. Ceci se répétera quand notre héroïne croisera une saxophoniste qui, à son tour, se tranchera la gorge. Bref, les séquences paranoïaques s'enchaînent : masturbation dans les toilettes, scarifications, meurtres, vengeance, viol, coïts brutaux, castration d'un pénis, orgie sanglante et nombreuses gorges tranchées font partie des tristes réjouissances. Vous l'avez donc compris.
Mondo Weirdo enchaîne diverses scènes pornographiques, gores et peu ragoûtantes. Les fans du cinéma trash devraient apprécier cette pellicule "hard" et extrême. Le moyen métrage fait penser à ceux de Richard Kern, notamment sur la mise en scène, le coté expérimental, l'image en noir et blanc, la transgression et la musique rock/new wave en fond sonore. A juste titre, Mondo Weirdo est souvent comparéàEraserhead, Tetsuo et Nekromantik. Tragiquement disparu en 2012, Carl Andersen a réalisé d'autres longs-métrages, entre autres Vampyros Sexos ou Killing Mom. Encore une fois, Mondo Weirdo ravira les amateurs de cinéma transgressif, mais laissera les autres sans voix dans ce trip totalement paranoïaque !


Note :15/20

Leatherface1974 Gegeartist

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